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  • 7 weeks ago

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00:00Et place à l'analyse. Bonjour Soulouf Ranjanza, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:04Vous êtes professeur d'histoire à l'université Toa Masna à Madagascar.
00:08Ces jeunes, ils l'ont dit, ils sont excédés par la corruption, les coupures d'eau, d'électricité.
00:13Selon vous, l'arrivée de l'armée au pouvoir, elle peut, dans l'immédiat, améliorer leur quotidien ?
00:20Je pense que tout le monde est excédé, pas seulement les jeunes.
00:24Bon, les jeunes ont favorisé l'expression de tous ces mécontentements.
00:31Quant au fait que l'armée, je pense qu'il faut parler plutôt des forces armées,
00:37mais les forces armées ne constituent pas un tout homogène.
00:42C'est une histoire, en fait, de chaînes de commandement.
00:47Donc, dans l'immédiat même, je ne pense pas que ceux qui sont en charge de Madagascar en ce moment
00:56puissent étancher cette soif de liberté.
01:02Enfin, liberté, oui, mais de toutes ces revendications
01:06qui secouent l'ensemble de nombreuses couches de la société mal cachée.
01:12On a peur que les nouveaux hommes forts du pays s'éternisent au pouvoir.
01:16On entend parler d'une transition possible de deux ans.
01:21C'est ce à quoi le leader, le colonel Michael, André Anirine, s'est engagé à faire.
01:31Bon, mais comme il n'y a pas de garde-fous, on ne sait pas.
01:37N'oublions pas que Ratzuel lui-même avait promis,
01:40lorsque les militaires l'ont porté au pouvoir,
01:44d'organiser les élections dans les six mois à venir.
01:48Il était resté en fait quatre ans au pouvoir,
01:52sans élection, sans aucune base légale, mettons.
01:58L'armée pourrait donc s'installer durablement au pouvoir.
02:04On ne sait pas, il faut être prophète pour comprendre ça,
02:10mais ils ont quand même promis de constituer un gouvernement
02:16avec 18 ministères et un certain nombre d'institutions
02:19dans lesquels les civils et surtout les représentants de la Gêne-Z
02:26seront représentés.
02:29Je pense que là où les choses vont se jouer,
02:34c'est dans la collecte des désidératas de tous les malgaches.
02:42Et ces désidératas vont ensuite alimenter les réflexions
02:50sur la mise sur pied d'une nouvelle constitution,
02:57des choses comme ça à l'échelle nationale.
03:01Donc dans quelle mesure les militaires vont se livrer
03:06à ce genre d'exercice en l'espace de deux ans ?
03:10On ne peut pas prédire ce genre de choses.
03:16Et puis vous avez tous les politiciens professionnels
03:21qui sont à l'affût derrière les militaires.
03:27La récupération politique, elle est déjà en cours à Madagascar ?
03:32C'est un peu trop tôt pour le dire,
03:35parce qu'il faut d'abord que les nouvelles autorités
03:42sont en train d'essayer de contrôler à fond
03:49la chaîne de commandement pour neutraliser la gendarmerie,
03:54entre autres, qui a été quand même l'élément des forces armées
03:59et qui a été le plus chouchoutées par l'ancien régime.
04:05Donc on est dans une période de pacification,
04:09à la fois au sein des forces armées,
04:13mais aussi de pacification dans la société,
04:15parce qu'il ne faudrait pas que la nécessaire lutte contre l'impunité
04:26se transforme en acte de vengeance envers des individus isolés
04:33et leurs familles surtout.
04:35Et on l'a appris hier, l'armée a dissous le Sénat
04:37ainsi que la haute cour constitutionnelle,
04:40mais l'armée laisse travailler pour l'instant l'Assemblée nationale.
04:43Elle continue donc ses travaux.
04:45Pourquoi ce choix ?
04:46Parce que d'abord, je pense que c'est un souci
04:54de ne pas rentrer dans une rupture anticonstitutionnelle.
05:03C'est une forme de légalité,
05:06puisque après tout, quels que soient les modes d'élection,
05:10il y a eu beaucoup de fraudes, on le sait,
05:12de ces députés, ce sont des gens qui ont été élus
05:16dans leur circonscription.
05:19Donc quelque part, ils représentent,
05:22ils ramènent les voix de leurs électeurs.
05:28Et d'ailleurs, ce sont eux qui ont voté
05:30la déchéance du Razzuel,
05:36du président André Razzuel.
05:39Et cette crise politique malgache,
05:42elle rappelle celle de 2009,
05:43une crise qui avait porté à l'époque au pouvoir
05:45un certain André Razzuel.
05:47Regardez ces images, on en parle juste après.
05:52Scène d'émeute, pillage,
05:55et l'armée qui prend le contrôle,
05:56et des images qui rappellent la situation actuelle
06:00à Madagascar,
06:01mais qui date pourtant de 2009.
06:03A l'époque, et comme aujourd'hui,
06:05de nombreux manifestants crient leur colère
06:07sur la situation dans le pays.
06:10Face à la pression populaire,
06:12l'armée finit par lâcher le président de l'époque,
06:15Marc Ravalmanan.
06:17Les militaires prennent le pouvoir,
06:19avant de le cédérer ensuite à cet homme,
06:21André Razzuel,
06:22le maire de la capitale jusque-là,
06:24et meneur de la contestation.
06:25Et aujourd'hui, le président destitué par l'Assemblée.
06:29A tous les peuples et les gouvernants
06:32de nos pays amis et partenaires,
06:37bailleurs de fonds,
06:38résidents à Madagascar ou ailleurs,
06:41qui nous regardent aujourd'hui,
06:43sachez que nous voulons le changement
06:45dans la façon de gérer notre pays
06:47avec une nouvelle vision.
06:49Une transition qui, déjà à l'époque,
06:52s'était faite grâce au CAPSAT,
06:54le corps d'armée des personnels
06:55et des services administratifs et techniques.
06:58Il s'agit d'une unité militaire spécifique,
07:00basée près de la capitale,
07:02où sont par exemple stockées les armes.
07:04Les militaires de cette unité
07:05ont donc un rôle clé dans le pays,
07:07et ils le prouvent une nouvelle fois aujourd'hui.
07:09Si en 2009, ils avaient rapidement cédé le pouvoir,
07:12cette fois-ci, ils pourraient contrôler le pays
07:14plus longtemps, pour au maximum deux ans,
07:16avant l'organisation d'élections.
07:19Vous êtes toujours avec nous,
07:21le nouvel homme fort du pays,
07:23le colonel Ranzanirin.
07:24Que sait-on de lui ?
07:25Il était peu connu des malgaches ?
07:29Oui, il était le chef de la région militaire
07:37dans le sud de Madagascar.
07:39Il a été suspecté d'avoir organisé un coup d'État
07:44avec un certain nombre d'officiers.
07:47Je pense que ce sont ceux qui ont rejoint le camp
07:50quand il a lancé l'appel.
07:53Et pour le neutraliser,
07:56il a été nommé dans ce corps le Capsat,
08:01qui est une espèce de voie de garage
08:03et qui empêche les grands officiers
08:07d'avoir sous leur commandement
08:11des hommes de troupe.
08:13Donc, c'est un peu pour le neutraliser.
08:16Le Capsat a toujours eu cette fonction
08:18de voie de garage.
08:20Donc, il y a plein de militaires
08:22qui sont mécontents,
08:23qui sont là-dedans.
08:26Ce qui explique sans doute le fait
08:28que c'est de là qu'est venu
08:32le vent de la rébellion
08:34du côté des forces armées.
08:36Merci beaucoup,
08:37Souleau-Ranziani,
08:39d'avoir accepté aujourd'hui
08:40l'invitation de France 24.
08:42Merci infiniment.
08:43Merci.
08:44Merci.
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