00:00Il a fallu du temps pour le faire. Bon, d'abord, je ne suis pas historien de formation, donc j'ai eu un métier qui me prenait beaucoup.
00:09Et c'est depuis ma retraite, mais enfin, en ayant accumulé beaucoup de choses, j'ai pu consulter toutes les archives du Général Salan, 30 mètres linéaires que j'ai eues chez moi,
00:18celle du Général Schall que j'ai récupérée, j'ai celle de mon père, bien entendu. Donc tout ça, ça donne beaucoup de travail.
00:25J'ai quelque chose à vous dire qui est lié à l'actualité toute chaude. Le Général Schall se rend le 26. Il est transféré à Paris à la maison d'arrêt de la santé.
00:42Le 27, il écrit une lettre à Michel Debray, Premier ministre. Je résume, je vais beaucoup plus vite.
00:48Il a fallu me mettre à poil devant quelques surveillants. Je ne peux pas bouger un pied sans voir apparaître l'œil du surveillant du service dans le judas.
01:00La lumière électrique m'empêche de dormir. Je ne peux pas pisser tranquillement. Ceci n'est digne ni de vous ni de moi.
01:07Il paraît que je suis au secret et que je ne pourrai voir aucun membre de ma famille. Qu'en pensez-vous ?
01:12Faites-moi donc fusiller, mais ne crachez pas déjà sur le cadavre. Je vous envoie mes salutations. Signé Schall.
01:19Et ça, c'était d'une cellule. Non, il croyait être fusillé. Vraiment.
01:25Vous pensez ?
01:26Ah oui, il était persuadé qu'il serait fusillé.
01:29Bon, Schall Salanjouo-Zeller, je le répète, c'est le cartaron de Généraux avant le putsch.
01:34Vous êtes donc vous-même Bernard Zeller. Vous êtes le fils d'André Zeller.
01:40Et vous écrivez d'ailleurs dans votre livre, au lendemain de l'armistice, on est en 40, un choix est à faire pour André Zeller.
01:47Rester ou non dans l'armée, il s'est engagé pour se battre et n'a pas réfléchi à ce que serait l'après-guerre, ni politique ni sien, ni sain-syrien.
01:55Son avenir dans cette institution est incertain, car les postes de responsabilité sont pratiquement tous attribués aux diplômés des grandes écoles,
02:02avec une préférence pour les polytechniciens en ce qui concerne l'artillerie.
02:05Pour Raoul Salan, la question de sauve-pas, il a été reçu au concours de Saint-Cyr.
02:08Il s'est engagé pour 8 ans au titre de l'école militaire, où il a suivi une formation d'une petite année entre août 17 et juin 18.
02:15Parce qu'évidemment, c'est l'armistice de 18, dont on parle.
02:19Oui, non, mais c'est tout le parcours.
02:20Alors, on va écouter évidemment le fameux passage du général de Gaulle, et vous allez me dire, au fond, la motivation qui nous paraît folle de ces quatre généraux de vouloir renverser le pouvoir.
02:33Écoutez ce que dit le général de Gaulle, c'est un des extraits les plus célèbres.
02:39Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie par un prononciamento militaire.
02:46Les coupables de l'usurpation ont exploité la passion des cadres de certaines unités spéciales,
02:57l'adhésion enflammée d'une partie de la population de souche européenne,
03:05égarée de crainte et de mythe,
03:08l'impuissance des responsables submergés par la conjuration militaire,
03:16Ce pouvoir a une apparence.
03:20Un carteron de généraux en retraite,
03:24il a une réalité.
03:27Un groupe d'officiers, partisans,
03:30ambitieux et fanatiques.
03:34Ce groupe et ce carteron
03:37possèdent un savoir-faire limité et expéditif,
03:45mais ils ne voient et ne connaissent la nation et le monde que déformés.
03:55Le général de Gaulle a mis son habit militaire ce jour-là,
03:58je crois que c'est la seule fois où il déclenche l'article 16 de la Constitution,
04:01mais qu'est-ce qu'il pouvait espérer ?
04:07– D'abord, une petite remarque.
04:09Un des généraux au savoir-faire expéditif est limité.
04:13Il a nommé le général Salan délégué général en Algérie le 6 juin 1958.
04:18Il a rappelé mon père qui était passé en deuxième section
04:21pour être chef d'état-major de l'armée de terre le 1er juillet 1958.
04:25Il a nommé le général Jouot en octobre 1958 chef d'état-major de l'armée de l'air.
04:31Et il a nommé le général Chahal commandant en chef en Algérie à la fin de 1958.
04:37Alors, des généraux au savoir-faire expéditif est limité.
04:41Je trouve ça un peu étonnant puisqu'il les a tous nommés au plus haut poste de l'armée.
04:46Deuxième point, pourquoi ?
04:48Pourquoi ?
04:49Ils s'étaient tous engagés au nom de la France,
04:52pas à leur nom propre, de ne pas abandonner les populations musulmanes
04:57auxquelles de Gaulle à Beaune avait dit
04:59« Venez à la France, elle ne vous trahira pas.
05:03L'armée sera la garante. »
05:06Bon, donc ils s'étaient engagés.
05:08Qu'est-ce que ça veut dire pour un militaire ?
05:09Ça veut dire envoyer des hommes qui vont se faire tuer et qui vont tuer.
05:14Ce n'est pas plus drôle de tuer l'ennemi que de se faire tuer ses propres troupes.
05:19Bon, et qu'est-ce qu'ils voyaient ?
05:22Ils voyaient que l'Algérie allait être livrée au FLN.
05:26Or, l'Algérie livrée au FLN, De Gaulle l'avait dit avant,
05:30ça sera le massacre généralisé.
05:32Et ça a été le massacre généralisé.
05:35Donc ils ont tenté une opération de la dernière chance.
05:38Ils savaient très bien qu'ils n'avaient que très peu de chances de réussir.
05:42Ça vous pensez ?
05:43Ah oui, oui.
05:44Mais ça c'est écrit avant ?
05:46Ils le disent avant ? Il y a des conversations avant ?
05:48Qui éteillent cela ?
05:49De la dernière chance ?
05:50Oui.
05:50Ah oui, oui.
05:52Entre eux, avant de partir.
05:53Vous dites, ils pensaient, ils savaient qu'ils n'avaient aucune chance.
05:56Le poutch va durer 5 jours.
05:57Non, non, il y avait peu de chances.
05:5910% de chances, 20% de chances.
06:00Le poutch va durer 5 jours.
06:0221 avril, bon.
06:04Mais l'enjeu était tellement important,
06:07c'est un peu le pari de Pascal,
06:09l'enjeu était tellement important
06:10que 10% de chances avec un enjeu très important,
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