Dans cette émission de C l’hebdo diffusée sur France 5 le 16 décembre 2023, Laeticia Hallyday se livre en toute intimité. Elle revient avec émotion sur sa vie auprès de Johnny, les souvenirs marquants et la façon dont elle perpétue son héritage aujourd’hui. Un moment rare, sincère et émouvant pour les fans du rocker et de sa famille.
00:00Parce que vous dites carrément que mes enfants m'ont donné vie et je me demandais, est-ce que vous pensez que le fait d'avoir été stérile fait de vous aujourd'hui une meilleure mère ?
00:09En tout cas, je ne sais pas si c'est une meilleure mère. Je dis toujours, je ne sais pas si j'avais été une mère biologique dans la facilité de mettre un enfant au monde.
00:19Ça a été tellement compliqué pour moi, c'était tellement un long chemin. Pour Johnny aussi, parce qu'on est deux, c'est un parcours à deux.
00:25Et c'était beaucoup d'abnégation pour lui aussi, parce qu'on a fait beaucoup d'allers-retours à l'hôpital.
00:32J'ai eu dix années de fécondation in vitro. Là aussi, on passe d'espoir en désespoir et ça vous anéantit, ça vous a mis un genou à terre.
00:44Et puis, j'avais l'impression que Johnny m'en voulait de ne pas pouvoir lui donner cet enfant.
00:48Parce que lui, il est tellement passé à côté de sa vie avec la paternité, il voulait se réparer.
00:56Et peut-être, à travers ça, demander pardon aussi à ses enfants biologiques de ne pas avoir été un père exemplaire, comme il aurait voulu être.
01:05Mais c'est parce que c'est la vie, parce qu'on ne peut pas réécrire le passé.
01:09Mais il avait un besoin, dans cette vie-là, d'être un père.
01:16Pour peut-être, vous certainement, réparer tellement de choses.
01:19Il en a été un.
01:20Voilà, il a été. Et puis, l'arrivée des enfants a tellement bouleversé notre vie, la mienne et la sienne.
01:26Et en tout cas, oui, je dis toujours que mes filles m'ont redonné vie.
01:33Elles m'ont réappris de nouveau à trop trouver ma place dans la vie.
01:37Parce que quand on traverse ces dix années de stérilité, quand on comprend qu'on ne pourra pas donner cet enfant biologique à l'être qu'on aime.
01:46Et qui est dans une telle attente, c'est aussi... On s'en veut à soi-même.
01:52Donc, on sombre. J'ai sombré. J'ai sombré dans une dépression silencieuse.
02:01Évidemment, parce que comme j'étais toujours dans l'abnégation, je pleurais sur mon oreiller la nuit.
02:07J'en parlais très peu. Mais c'était une souffrance.
02:12Une souffrance de... Et puis après, une renaissance, une résurrection.
02:17Et mes filles, elles sont toute ma vie.
02:21Aujourd'hui, si je ne les avais pas, je ne sais pas si j'aurais survécu au départ de mon mari.
02:26Je ne sais pas. Le monde s'est arrêté de tourner.
02:29Puis elles, elles ont vécu quelque chose.
02:31Puisqu'elles m'ont vu sombrer quand Johnny est parti.
02:34Et elles n'ont pas vécu leur deuil tout de suite.
02:37Parce que leur deuil, c'était... Il est venu bien après.
02:41Elles m'ont tellement vue malheureuse. Elles m'ont tellement vue un genou à terre.
02:45À ne pas vouloir sortir de mon lit.
02:48À plus...
02:49À prendre dépression.
02:50Oui. J'ai vraiment sombré.
02:52Et elles, leur combat, c'était de sauver leur maman.
02:54Elles n'étaient pas en âge de sauver leur maman.
02:56C'était à moi de sauver mes enfants.
02:58Et elles m'ont portée. Elles m'ont soutenue.
03:01Elles ont vécu des choses qu'elles n'auraient pas dû vivre à leur âge.
03:05Mais elles ont été fortes et résilientes.
03:08Et elles n'ont rien lâché pour que je puisse m'en sortir.
03:12Et puis, elles ont commencé leur deuil quand j'avais décidé que j'allais continuer à vivre.
03:18Parce que je n'avais pas le choix et qu'ils ne reviendraient pas.
03:20C'est à quel moment que vous avez repris le dessus ?
03:22Combien de temps après la mort de Johnny ?
03:24Huit mois après.
03:27En été.
03:30Il y a eu tout l'hiver qui était quand même très compliqué.
03:33Puis il y a eu toutes les histoires de familles qui se sont mélangées à tout ça.
03:39Les incompréhensions, les malentendus qui sont installés dans ce chemin-là.
03:44Les abandons des amis qui n'étaient plus là.
03:46Les faux amis.
03:48Vous avez fait le tri.
03:49Oui. Le deuil m'a permis de mettre de la hiérarchie dans mes amis.
03:53Et je pense que tout le monde devrait faire ça.
03:55Parce que sinon, on passe à côté de notre vie.
03:57Et moi, souvent, je n'osais pas dire non.
04:00Je n'osais pas faire de la peine.
04:02Et en fait, on est responsable des déceptions.
04:06J'en veux à personne.
04:08Juste, je me dis que je suis responsable des attitudes et de la médiocrité humaine, parfois.
04:13Parce qu'on laisse trop des choses toxiques s'installer dans nos vies.
04:18Et le deuil m'a appris.
04:19Les abandons, les trahisons m'ont appris à mettre de la hiérarchie dans ma vie.
04:23Ça permet de faire un peu de ménage et de remettre l'essentiel à sa place.
04:27Quand vous parlez de ce moment difficile, il y a eu ce qu'on a appelé l'affaire Johnny Hallyday.
04:30Il y a quelques jours, David Hallyday a publié une autobiographie, Meilleur album.
04:34Où justement, il refuse d'en parler.
04:35C'est publié aux éditions du Cherche Midi.
04:37Il était l'invité de cet avou il y a quelques semaines.
04:40Il est revenu sur le moment des obstacles.
04:43Ce qui est difficile, c'est comme une naissance, en fait.
04:46C'est un moment tellement privé.
04:47Quand on a des caméras partout,
04:50sauf que la différence entre une naissance et la fin de vie, c'est la souffrance, en fait.
04:54C'est toutes ces choses-là.
04:55Et puis quand on a aimé quelqu'un, c'est déjà d'une violence inouïe de perdre quelqu'un dans ces conditions.
05:00Avec des caméras partout, c'est un peu compliqué de commencer à faire son deuil.
05:06Dans le livre, il écrit « Quelle anomalie, quelle aberration, quelle folie que de voir la mort de son père
05:10devenir un spectacle entre deux coupures publicitaires.
05:13Rien, pas même l'hommage qu'il prétend de relayer, ne parvient à cacher l'obscénité du procédé. »
05:19Est-ce que ça vous choque ?
05:21Non, pas du tout. Je comprends absolument.
05:23Puis chacun vit son deuil à sa manière.
05:25Je comprends très bien les paroles de David qui me touchent.
05:29Mais en même temps, son papa n'était pas quelqu'un d'ordinaire.
05:33Ce n'était pas un être ordinaire.
05:35Sa carrière, sa vie, c'était impossible de ne pas le partager avec les fans.
05:41C'était impossible que ses funérailles ne soient pas à la hauteur de toute sa vie.
05:48Il fallait partager.
05:49Comme Johnny a partagé sa vie avec les fans, il fallait des funérailles comme celle de Johnny.
05:56C'est un cri d'amour.
05:57Il y avait plus d'un million de personnes dans les rues.
05:59Plus de 20 millions de personnes devant leur poste de télévision.
06:03À part Victor Hugo, il n'y a aucun artiste en France qui a eu des funérailles
06:09à la hauteur de l'amour que Johnny a donné à son public.
06:12Le public lui a bien rendu.
06:15Je revois les images.
06:17Je suis bouleversée.
06:18Je suis heureuse d'avoir pu partager ce moment avec tous ses fans
06:25et tous les gens qui ont parcouru sa vie.
06:27Lui, ça l'a rendu triste.
06:29Il s'est senti dépossédé.
06:30Il dit qu'il y a des moments dans sa vie où Johnny a été sous l'influence
06:32de personnes proches qui l'encourageaient à me mettre de côté.
06:35Est-ce que vous voyez de qui il parle quand il dit ça ?
06:38Non, pas du tout.
06:39Je pense que...
06:41Après, c'est un ressenti.
06:44Je sais que j'ai passé 23 ans de ma vie avec mon mari.
06:48On rassemblait.
06:49Il y a eu un album merveilleux où David était venu s'installer à la maison.
06:59Ils se sont retrouvés.
07:00Ils ont appris à se connaître aussi parce qu'ils sont passés à côté de leur vie plusieurs fois.
07:04Il y a beaucoup d'actes manqués dans leur vie parce que Johnny n'arrivait pas à dire les choses.
07:09Il était un peu lâche aussi, mon mari.
07:11Je pense que David a beaucoup souffert aussi de ces non-dits, de ces mots qu'ils n'ont pas réussi à se dire.
07:19Jusqu'à la fin, il dit qu'il voulait lui remettre une lettre d'adieu et qu'il la remet la veille de la mort de Johnny.
07:27Sauf qu'ensuite, il apprend qu'elle ne lui a jamais été remise.
07:30Je ne sais pas du tout.
07:31Est-ce que vous comprenez la douleur qu'il a aujourd'hui de ne pas avoir pu dire au revoir à son père ?
07:39Pourtant, il était là.
07:41Mais après, je sais qu'il y a un jour où Johnny ne voulait voir personne.
07:44Et David a eu des mots assez durs parce que je me suis sentie concernée.
07:50Mais en fait, moi, je n'ai jamais empêché son fils de voir.
07:54La porte était ouverte.
07:55Il pouvait rentrer s'il voulait.
07:58Mais la lettre, je ne sais pas si elle lui a été remise ou pas.
08:02Mais en tout cas, je pense que non.
08:04On a tous vécu ce moment ensemble pour l'accompagner.
08:11D'abord, Johnny, on ne savait pas qu'il allait partir.
08:14On n'a jamais vécu les dernières heures comme si ça allait être les dernières.
08:18Johnny, lui, il pensait qu'il allait vivre.
08:25Moi, je pensais qu'on allait passer Noël, on allait passer Nouvel An.
08:28Parce qu'à chaque fois, ils sont sortés.
08:29Je savais qu'on n'allait pas gagner cette guerre.
08:32Mais je pensais qu'on pouvait prolonger sa vie.
08:35Encore quelques années, quelques mois de plus, quelques semaines de plus.
08:38Jamais j'aurais cru qu'il partirait un 5 décembre.
08:42Jamais, jamais.
08:45Mais je comprends ce que dit David sur le...
08:48Chacun vit son deuil à sa manière.
08:50Et c'est la force de l'amour aussi qui nous sauve.
08:55Et les souvenirs qu'on a avec les êtres qu'on aime.
09:01Il a des mots très beaux, en tout cas, vis-à-vis de ses sœurs, Jade et Joy.
09:04Il dit, je voudrais qu'elles soient sûres de l'amour que je leur porte
09:06et qui n'est pas une affection de principe.
09:08Ma porte leur est ouverte.
09:09Si un jour elles le veulent, je serai là pour elles.
09:11Ça, c'est une phrase qui va vous toucher.
09:12C'est très touchant de l'entendre dire
09:14parce que ça fait 6 ans qu'on n'a pas de nouvelles.
09:17Et les filles, mais Jade et Joy, on souffre beaucoup.
09:206 ans sans nouvelles.
09:216 ans de promesses qui ne sont pas tenues.
09:236 ans de silence, d'abandon.
09:29C'est difficile.
09:31Donc on peut dire des choses sur des plateaux de télé,
09:33mais ne pas être responsable de ses actes dans la vie,
09:38ça, c'est un peu dur.
09:40C'est un peu dur.
09:42Parce que ça fait 6 ans qu'elles s'en sentent nouvelles.
09:46Donc elles en souffrent beaucoup.
09:47Parce que quand c'est deux petites filles
09:48qui avaient besoin d'un frère et d'une sœur,
09:51et dans ce chemin, ce long chemin de deuil,
09:56elles se sont senties seules
10:00de ne pas être accompagnées par un frère et une sœur.
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