- il y a 2 mois
À l’occasion de l’exposition consacrée à Johnny Hallyday, Læticia Hallyday accorde une interview exclusive à Maxime Switek dans l’émission 22H Max sur BFMTV. Elle revient sur la préparation de cet hommage, sur la mémoire de Johnny et sur la façon dont elle continue à faire vivre son héritage à travers cette exposition événement.
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00:00Bonjour Laetitia. Bonjour. Comment ça va ? Très bien, merci. Je suis très heureuse de vous accueillir dans l'exposition.
00:06On est quasiment chez vous, là. Oui, je me sens chez moi. Je me sens à la maison.
00:10Je vais vous faire une confidence tout de suite, pardon. Je viens de prendre une énorme claque.
00:14Parce que je viens de voir l'exposition, j'ai eu la chance de la visiter en avant-première.
00:18Une énorme claque parce qu'il y a toute l'énergie de Johnny et une énorme claque aussi parce que tout est très émouvant.
00:23Comment est-ce que vous avez fait pour choisir tous les objets qui sont ici ?
00:27Merci beaucoup. Ça me touche de partager avec vous votre ressenti.
00:33C'est vrai qu'il y a une âme dans cette exposition. C'est un voyage merveilleux dans sa vie.
00:38Et me replonger dans cette vie qui n'est quand même pas une vie ordinaire, me replonger dans tous ses souvenirs.
00:44Avec mon équipe, on a travaillé pendant deux ans pour créer cette exposition.
00:49J'en ai rêvé. Je suis allée au bout de mon rêve pour lui.
00:53J'ai senti qu'il m'accompagnait aussi dans ce voyage.
00:55Et la recherche de rassembler tous ces objets personnels, c'était...
01:01J'avais commencé il y a très très longtemps, il y a plus de 20 ans.
01:04Parce que dans notre maison à Marne-la-Coquette, j'avais créé un musée au dernier étage.
01:09Johnny en était très très fier. Au début, c'était vraiment un jeu.
01:11J'avais besoin de le surprendre.
01:14Et c'est difficile de le surprendre.
01:16Il a tout vécu, tout eu, et comment le surprendre et comment encore l'émerveiller.
01:22Et je me suis amusée à travailler sur ce musée à Marne-la-Coquette.
01:28Et j'ai rassemblé des costumes qu'il n'avait pas.
01:32D'abord, Johnny était quand même un grand conservateur.
01:34C'était un artiste qui conservait beaucoup de choses de toute sa vie.
01:39Et donc, ça a été quand même très facile pour moi.
01:42Et puis, quand on a commencé à travailler sur ce projet, j'étais très très bien entourée.
01:50Et ça a été très émouvant.
01:52Parce que c'est se replonger dans toute une vie.
01:55Une partie de la vie de Johnny que je ne connaissais pas.
01:57Une partie de ma vie avec lui.
01:58Donc, c'est très émouvant.
02:00C'est un voyage.
02:02C'est encore apprendre.
02:03J'ai appris encore à le connaître à travers ce travail.
02:07J'ai encore appris beaucoup, beaucoup de choses de lui.
02:09Et j'espère que les visiteurs qui viendront visiter l'expo continuera à apprendre de lui.
02:15Parce que ce n'est quand même pas une vie ordinaire.
02:17Vous dites qu'il y avait des moments rudes.
02:20Vous lui avez dit.
02:22Là, c'est trop rude pour moi.
02:25Oui, il y a eu des moments compliqués.
02:27Mais en même temps, ça m'a fait grandir.
02:30Ça m'a appris beaucoup aussi sur moi.
02:32Ça m'a appris sur mes propres démons.
02:35Que j'ai connus avant de...
02:36J'ai lutté contre des démons, moi aussi.
02:39Lesquels ?
02:40Une adolescence fragile et torturée.
02:43Je voulais mourir.
02:45Et donc, je faisais du mal à mon corps.
02:47Parce que je ne voulais plus...
02:48J'en ai déjà parlé.
02:52Mais je pense que si je n'avais pas connu ce passage de ma vie,
02:56je n'aurais pas pu vivre avec un être comme lui.
02:59Je pense que je n'aurais pas tenu.
03:01Je n'aurais pas tenu parce que c'est extrêmement...
03:04On s'oublie.
03:06Il faut s'oublier.
03:07Si on ne s'oublie pas dans une vie avec Johnny,
03:09si on n'est pas dans l'abnégation,
03:11on ne peut pas survivre.
03:12Mais ça, pardon, c'est quelque chose que
03:14ceux qui nous regardent là peuvent avoir du mal à comprendre.
03:17De dire, comme vous le dites...
03:18C'est des choix de vie.
03:19Oui, mais d'accepter d'être soumise.
03:21C'est un mot qui est très, très fort.
03:23D'accepter d'être dans l'ombre, d'être soumise.
03:25Tout le monde ne comprend pas forcément ça.
03:28Non, mais je peux comprendre que les gens aussi...
03:31Mais c'était ma vie et c'était quelque chose comme ça.
03:33J'étais élevée aussi dans le don de soi.
03:34J'étais élevée à l'ancienne.
03:38Et je pense que ma survie,
03:42le pouvoir m'en sortir, c'était aussi aider les autres.
03:45En faisant du bien, je me faisais du bien à moi.
03:47Donc je pense que c'était
03:50un instinct de survie
03:52donné pour mieux recevoir
03:55et mieux s'accepter, mieux s'aimer.
03:58Comprendre les démons des autres
04:00pour peut-être soigner ses propres démons,
04:02ses propres failles,
04:03ses propres traumatismes.
04:06Donc comprendre les démons de Johnny,
04:07c'est aussi réparer les miens.
04:10Se réparer tous les deux, se sauver.
04:12Je pense qu'on s'est sauvés.
04:13Moi, je serais plus de ce monde
04:13si je n'avais pas connu mon mari, lui non plus.
04:15A l'époque, quand on s'est connus,
04:18on était très fragiles.
04:20On n'acceptait pas l'amour.
04:24C'est trop compliqué pour nous.
04:26Dans l'exposition, il y a une toile,
04:28un collage qui a été fait par un des fans de Johnny,
04:32absolument,
04:33où il y a toute la famille.
04:35Oui, absolument.
04:36Et c'est une toile qui était dans notre cuisine
04:37pendant 20 ans.
04:38Absolument, absolument.
04:39Pendant 20 ans.
04:40Et vous la mettez ici.
04:43Il faut qu'on parle de la famille, évidemment.
04:44Sur cette toile-là, toute la famille est réunie.
04:46Et je ne sais pas si vous avez vu,
04:48en arrivant ici à Porte de Versailles,
04:51juste à côté de la Porte de Versailles,
04:53il y a de grandes affiches
04:54pour les concerts de David.
04:56De David, j'ai vu, j'ai vu.
04:56Vous avez vu ça.
04:57D'espoir, en plus,
04:58on n'avait plus tellement de choses.
05:00J'ai vu, j'ai vu.
05:01Là aussi, c'est un signe.
05:03Voilà, c'est des signes.
05:04Absolument, c'est des signes.
05:05Mais ce tableau, il est magnifique.
05:08Il y a les amis aussi.
05:11Il y a Carlos.
05:13Il y a...
05:14Je crois qu'il y a
05:15Eddie Barquet.
05:17Il y a plein de gens
05:18qui ont fait partie de la vie de Johnny,
05:21qui font encore partie de sa vie,
05:23qui sont là.
05:24Donc c'est touchant.
05:26Toute la famille, encore une fois.
05:28David, Laura,
05:29on sait que c'est compliqué.
05:30On ne va pas rentrer dans les détails
05:31des histoires d'héritage.
05:33Mais qu'est-ce que vous espérez,
05:37vous, aujourd'hui ?
05:39Qu'est-ce que vous espérez,
05:40notamment pour Jade et Joy ?
05:41On sait qu'elles ont raconté
05:42ces derniers temps
05:43à quel point elles étaient malheureuses
05:44de ne plus avoir de contact
05:46avec David et Laura.
05:47Qu'est-ce que vous pouvez dire,
05:48aujourd'hui ?
05:49Qu'est-ce que vous espérez ?
05:50J'espère qu'ils viendront voir l'exposition.
05:53Vous les avez invités ?
05:54Ils sont invités, oui, bien sûr.
05:55Bien sûr, oui.
05:57Mais j'espère qu'ils viendront
05:59et qu'ils vont être aussi touchés que nous.
06:02Mais j'espère que, oui,
06:03que l'avenir sera beaucoup plus heureux
06:07que tout ce qu'on vient de vivre
06:09et que ça aurait pu se passer autrement.
06:12Tout ce que vous venez de vivre,
06:13c'est le silence ?
06:14Le silence, oui.
06:15Le silence, l'abandon,
06:17les malentendus,
06:18les incompréhensions.
06:19Donc, j'espère que le temps fera son œuvre
06:23et que Jade et Joy retrouveront la paix
06:28avec leurs frères et leurs sœurs.
06:32Mais c'est un coup de téléphone
06:34qui est difficile à passer ?
06:36Ils ne l'ont jamais fait, oui,
06:37depuis six ans.
06:38Donc, c'est dur.
06:39Pour elles, c'est dur.
06:40Et vous, vous ne vous sentez pas de le faire ?
06:42Ils nous ont bloqués.
06:44Donc, on ne peut pas téléphoner.
06:46Vous ne pouvez pas téléphoner ?
06:46Ah non, non, on envoyait des messages.
06:48Non, non, on ne peut pas téléphoner.
06:49Aujourd'hui, si vous voulez téléphoner
06:50directement à David, c'est impossible ?
06:52Non.
06:53Oui, c'est impossible.
06:54Et puis, ils ont aussi
06:55le numéro de téléphone
06:56et ils ne l'ont pas fait.
06:57Donc, c'est douloureux pour Jade et Joy.
07:00Mais j'espère que les choses vont s'apaiser,
07:03que les blessures vont s'apaiser aussi
07:06et que l'avenir sera beaucoup plus doux
07:10et dans le pardon aussi.
07:12Parce que c'est une question de pardon aussi.
07:15Pour mes filles, c'est pardonner l'abandon.
07:18Mais en même temps, c'est l'histoire
07:19de la vie de Johnny.
07:21C'est l'histoire aussi.
07:22Jade et Joy ont été des petites filles abandonnées.
07:25Mais j'espère que les choses vont s'apaiser, oui.
07:27Visiblement, les fans ont envie que ça s'apaise.
07:29Ils ont envie d'un PN.
07:30Oui, j'espère aussi.
07:32Vous aussi.
07:33Mais tout ça est très personnel
07:34et chacun vit son deuil à sa manière aussi.
07:36Je peux comprendre.
07:37Mais ce qui se passe là depuis 6 ans,
07:41ces malentendus, ces incompréhensions,
07:43comme vous le dites,
07:44c'est aussi parce que Johnny n'avait pas réglé
07:46ce sujet-là avant de partir ?
07:47Oui, il nous a laissé beaucoup d'emmerdes.
07:50Il vous a laissé.
07:51Il m'a laissé beaucoup d'emmerdes, oui.
07:52Mais je pense qu'il disait que j'étais capable
07:54aussi de surmonter tout ça.
07:57Mais oui, puisqu'il est parti,
07:59il n'a pas réglé des choses.
08:02Mais c'est lui.
08:02Ça lui ressemble ?
08:03Ça lui ressemble.
08:05Mais c'est dommage.
08:07Moi, j'ai passé 23 ans de ma vie avec lui.
08:09En 23 ans, il aurait pu régler
08:10certaines choses qu'il n'a pas faites.
08:13Vous l'enguelez là-dessus encore ?
08:15Vous l'enguelez encore là-dessus ?
08:16J'accepte de porter tout ça aussi.
08:20Mais une belle-mère n'a toujours pas le bon rôle.
08:23Ce n'est pas toujours facile.
08:25Même si on essaie de rassembler,
08:28on ne peut pas réparer les histoires du passé.
08:31C'est compliqué.
08:32Même si on veut le faire,
08:33on ne peut pas répasser l'enfance
08:35de certaines personnes.
08:37Mais vous l'enguelez ?
08:38Les rendez-vous manqués.
08:40Vous l'engueulez, Johnny, là-dessus ?
08:41Encore aujourd'hui ?
08:42Oui, j'en ai voulu.
08:42Tu aurais pu m'aider là-dessus ?
08:43J'en ai voulu.
08:44Maintenant, non.
08:45De toute façon, je vais toujours tout pardonner.
08:48Et je pardonnerai toujours tout.
08:49Mais oui, j'en ai voulu.
08:51J'en ai beaucoup voulu.
08:52On sait qu'à sa mort,
08:55il y a toutes ces histoires d'héritage,
08:57de dettes aussi.
08:58Les emmerdent, comme vous dites.
08:59Elles en sont où, les emmerdent,
09:00de ce point de vue-là ?
09:01On avance un pas après l'autre.
09:03On avance.
09:05Il y a plusieurs...
09:07C'est plusieurs étapes.
09:08Et je me suis engagée à rembourser la dette
09:10qu'a laissée Johnny.
09:12C'est une dette fiscale compliquée,
09:15vertigineuse.
09:15C'est vertigineux à quel point ?
09:17C'est vertigineux.
09:18C'est une dette qui est énorme,
09:21qui est colossale,
09:22et qui...
09:23Donc, je suis bien entourée
09:26et on avance,
09:28mais c'est pas...
09:29Mais aujourd'hui,
09:30vous avez fait un tiers du chemin,
09:31la moitié du chemin ?
09:32Ouais, un tiers du chemin,
09:33mais c'est un combat au quotidien.
09:35Donc, il y a une partie
09:36des discussions
09:39qui se font avec les États-Unis,
09:42puisqu'on a payé une grosse somme
09:44aux États-Unis d'impôts.
09:46et la France réclame
09:48ces impôts.
09:49Donc, c'est les États-Unis
09:50et l'Amérique
09:51à s'entendre.
09:53Quand Johnny est parti,
09:54ça faisait 10 ans
09:55qu'on vivait aux États-Unis.
09:56Donc, on était résident fiscal
09:58aux États-Unis.
09:58On a payé une grosse somme
09:59aux États-Unis.
10:00Et la France réclame,
10:02l'administration fiscale française
10:03réclame cette somme.
10:05C'est des dizaines
10:05de millions d'euros ?
10:06C'est combien ?
10:07Oui.
10:07C'était 33 au départ.
10:10D'accord.
10:11Donc, j'ai remboursé une partie.
10:13Et puis...
10:14Il en reste 20.
10:15Il en reste...
10:16Il y a une partie aux États-Unis.
10:19Donc, ça, c'est les échanges
10:20avec l'administration fiscale américaine
10:23et l'administration fiscale française.
10:25Donc, je pense qu'ils vont réussir
10:27à s'entendre.
10:28Et ça, c'est une partie
10:31qui reste quand même importante.
10:34Et puis, il y a la partie française,
10:37la dette fiscale.
10:39Donc, je rembourse.
10:41Qu'est-ce que vous dites
10:41à Bruno Le Maire,
10:42à Emmanuel Macron ?
10:43Aidez-nous là-dessus,
10:44sur ce sujet-là.
10:45Oui, j'avance.
10:46En tout cas, j'ai déjà remboursé
10:49une partie.
10:49Puis, les discussions continuent.
10:51Je pense que l'avenir
10:52sera quand même apaisé
10:54et qu'on arrive à trouver
10:55à s'entendre.
10:56Petit à petit,
10:57on arrive à s'entendre.
10:58Mais c'est un long chemin pour moi.
11:01Mais j'essaye d'en être
11:02à la hauteur aussi,
11:03de rembourser cette dette.
11:04Johnny ne m'a pas laissé
11:05un fardeau pour moi.
11:08Ce n'est pas simple.
11:09Ce n'est pas facile au quotidien.
11:12C'est beaucoup de nuits
11:13sans sommeil.
11:14Encore aujourd'hui ?
11:15Encore aujourd'hui.
11:16Encore aujourd'hui, mais on avance.
11:19On avance avec...
11:21J'essaye d'être digne de ça.
11:23Je me suis engagée
11:24à rembourser la dette.
11:25On a démarré l'interview
11:27sur Laetitia qui dit
11:29« J'accepte d'être soumise,
11:30j'étais dans l'ombre, etc. »
11:32Et là, vous qui gérez tout,
11:35les enfants, la dette,
11:37les emmerdes,
11:37la famille qui est un peu compliquée, etc.
11:40Je n'ai pas le choix.
11:41On n'a pas le choix.
11:42On n'est pas là pour se victimiser.
11:44On est là pour avancer.
11:45La vie, elle n'est pas facile
11:46pour tout le monde.
11:48Et puis le fracas du monde aujourd'hui,
11:50on vit dans un tel chaos
11:51que je n'ai pas le droit
11:52de me plaindre.
11:53Johnny ne m'a pas appris
11:54à me plaindre.
11:55Donc je dois accepter.
11:57C'était comme ça.
11:57C'était sa vie.
11:58Ce n'était pas lisse.
12:00Donc ça continue aujourd'hui.
12:02C'est toujours bien rock'n'roll.
12:03Et en même temps,
12:05s'il m'a laissé
12:06toutes ces emmerdes,
12:07c'est qu'il sait
12:07que je peux les affronter
12:09et les surmonter.
12:10Jadette Joy, j'y reviens.
12:11Elle s'en peut partout
12:12dans cette exposition.
12:14En photo,
12:15il y a visiblement
12:15certains objets
12:16qui leur appartiennent aussi
12:17et que vous avez laissés.
12:19On les a vus pour la première fois
12:20ou quasiment donner des interviews.
12:22C'était les premières interviews
12:23qu'elles ont données.
12:24C'est la preuve
12:24qu'elles parlaient
12:25et qu'on les entendait parler.
12:26Vous avez eu la trouille ?
12:28Oui, c'était leur choix.
12:31Oui, évidemment,
12:31comme le cœur d'une maman.
12:34Je les ai tellement protégées,
12:35mes filles.
12:36J'ai tellement essayé
12:37de les protéger,
12:38de les élever
12:40en leur transmettant
12:41des jolies valeurs.
12:43L'éducation,
12:44c'est tellement important.
12:45Et puis pour moi,
12:45j'y attache beaucoup d'importance.
12:46Elles disent
12:47que je suis une maman sévère.
12:49C'est vrai que Johnny
12:51avait toujours le bon rôle
12:52et moi, j'avais le mauvais rôle.
12:53Mais il en faut bien
12:53dans la famille.
12:54Oui, oui, oui.
12:55On connaît tous ça.
12:56Oui, je suis une maman
12:56assez sévère,
12:57mais c'est pour les protéger.
12:59Et puis,
13:00j'ai voulu en faire
13:01des belles personnes
13:02tourner vers les autres
13:03qu'elles soient tolérantes aussi
13:05avec la vie,
13:06avec les autres.
13:07Parce qu'elles ont grandi
13:09dans la lumière.
13:11On les a toujours vus grandir.
13:13Johnny n'a jamais caché
13:14nos enfants.
13:15Parce que c'était sa vie
13:16qu'il partageait tout
13:17avec son public
13:18et qu'il était heureux.
13:20C'était une autre forme
13:21de paternité pour lui.
13:23Il a enfin fait la paix
13:24avec ses démons
13:25quand Jade est arrivée.
13:26il a pu pardonner
13:27à ses parents.
13:29Et il s'est réparé aussi
13:30à travers cette adoption.
13:32Et mon rôle à moi
13:33c'était de les protéger.
13:34Et puis depuis quelques temps,
13:36depuis quelques années,
13:37depuis que leur papa est parti,
13:38il n'est plus là
13:39pour les protéger.
13:40Donc elles sont victimes
13:41quand même
13:42de beaucoup de jugements.
13:43Ce qui est normal,
13:44c'est Johnny aussi.
13:46Il y a une vraie violence
13:47contre elle.
13:49Il y a des choses
13:50très violentes
13:50qui sont dites
13:51sur les réseaux notamment.
13:54C'est la génération.
13:55Cette génération
13:56des réseaux sociaux,
13:57c'est compliqué.
13:58Elles sont victimes
13:59de harcèlement,
14:00de menaces de mort
14:00tous les jours,
14:01de racisme.
14:03Donc elles en souffrent beaucoup.
14:04Et elles avaient besoin
14:05de s'exprimer,
14:06de parler,
14:07de mettre des mots,
14:08de verbaliser certaines choses.
14:10C'est leur vie.
14:10Personne n'a vécu leur vie.
14:12Donc il n'y a qu'elles
14:12qui peuvent expliquer
14:14ce qu'elles ont vécu.
14:14L'amour pour leur papa,
14:16le papa qu'il était,
14:17ce qu'elles ont vécu,
14:18comment elles avancent
14:19dans la vie,
14:21leur état d'âme,
14:23leur souffrance,
14:24leur joie,
14:25leur bonheur.
14:26C'était important pour elles.
14:29C'est une étape.
14:30Moi, j'étais...
14:31Elles ont grandi.
14:32J'étais pas...
14:34J'étais pas rassurée.
14:36Mais en même temps,
14:37c'est juste parce que
14:37je veux les protéger.
14:38Mais elles grandissent.
14:39Elles ont...
14:40Jade a 19 ans.
14:41Toujours il y a 15 ans,
14:42ce n'est plus des petites filles.
14:43On a l'impression
14:43que c'est des petites filles
14:44souvent.
14:44qui entend des jugements
14:46sur elles.
14:46Et on a l'impression
14:47que c'est des petites filles.
14:47Mais ce n'est plus
14:48des petites filles.
14:49C'est des jeunes adultes
14:50avec des rêves,
14:51avec des envies,
14:52avec...
14:53Mais vous avez entendu
14:54aussi, pardon,
14:54les critiques
14:55qui ont pu vous être
14:57adressées ces dernières semaines
14:58au moment où
14:59elles ont pris la parole
15:00en disant
15:00« Mais regardez
15:01ce que fait Laetitia. »
15:02Laetitia met ses filles
15:04en avant,
15:05notamment pour porter
15:06un certain nombre
15:07de choses
15:08contre David
15:08en parlant de leur tristesse,
15:10de l'abandon,
15:11etc.
15:11de la part de David.
15:13Il y a eu ces critiques-là aussi.
15:14Qu'est-ce que vous répondez
15:15à ça ?
15:15Je suis tellement habituée.
15:18Je suis tellement habituée.
15:20C'est l'histoire
15:20de ma vie
15:21avec Johnny.
15:21et j'ai appris
15:23à accepter les critiques
15:24et les jugements.
15:26Mais j'essaie
15:27que ça ne m'atteigne pas.
15:29Mais l'essentiel
15:30pour mes filles,
15:31c'était de pouvoir
15:32s'exprimer,
15:34que les gens
15:34apprennent
15:35à les connaître aussi.
15:36Elles sont comme elles sont.
15:38Et elles ont vécu
15:39des souffrances.
15:40Elles sont personnelles.
15:41Elles les expriment
15:42aujourd'hui.
15:43C'est ce qu'elles ont vécu.
15:44Personne ne les a vécues
15:45à leur place.
15:47Et je suis fière d'elles.
15:49Je suis fière.
15:49Ce n'est pas facile.
15:50Moi, je ne sais pas
15:50si à leur âge,
15:50j'aurais eu la force
15:52de parler devant des caméras
15:54et d'exprimer
15:55des états d'âme
15:57ou des rêves
15:58ou là où elles en sont
16:00dans leur vie aujourd'hui.
16:02Je ne sais pas
16:02si j'aurais eu la force
16:03de faire ça à leur âge.
16:04Mais je suis très fière
16:05de ces jolies personnes
16:07qu'elles sont.
16:08Je suis très fière
16:09de mes filles.
16:09Et je vois vos yeux
16:10qui brillent un peu,
16:11un peu plus
16:12que pendant le reste
16:13de l'interview
16:13quand vous parlez d'elles.
16:14Oui.
16:15Non, mais c'est mes filles.
16:17C'est la chair de mon âme.
16:18Je suis toute seule
16:21à les élever.
16:21C'est dur, ça.
16:24C'est dur, oui.
16:25C'est dur
16:25et en même temps,
16:26c'est la vie.
16:27C'est comme ça.
16:28Je continue
16:29de me nourrir
16:30de Johnny.
16:31Je continue
16:31à partager des choses
16:32avec elle.
16:33On en parle beaucoup.
16:34Ça nous fait du bien.
16:35Le confinement
16:36nous a fait du bien.
16:37C'est paradoxal,
16:38mais on s'est retrouvées
16:39toutes les trois.
16:40Le monde s'est arrêté
16:42de tourner.
16:42On s'est retrouvées
16:43toutes les trois
16:43et ça a été une étape
16:45aussi de notre deuil.
16:47On s'est fait du bien
16:48toutes les trois.
16:50Je reviens à l'exposition.
16:51La dernière étape
16:52de l'exposition,
16:53c'est le moment
16:55de la disparition
16:55de Johnny.
16:56Je disais,
16:56il y avait le bureau
16:57où effectivement,
16:58il a vécu
16:58ses derniers instants
16:59et puis il y a
17:00les obsèques
17:00à la fin.
17:03Et quand on voit
17:04les personnes
17:04qui visitent l'exposition,
17:06on s'arrête tous
17:06à ce moment-là
17:07et on se tait
17:10et il y a quelque chose
17:11d'absolument dingue
17:12sur ces images.
17:13Six ans après,
17:14ces images sont toujours
17:15aussi dingues.
17:16Incroyable.
17:17Ce cri d'amour,
17:18ça dépasse l'entendement
17:19ces funérailles.
17:20C'est bouleversant
17:21de les revoir
17:22encore aujourd'hui
17:23et de se dire
17:24que comment un artiste
17:26comme lui
17:26a plus déchaîné
17:28des passions
17:29et tant d'amour
17:30et de gens
17:32dans les rues,
17:32des gens devant
17:34leur écran de télévision
17:35qui ont assisté
17:35à ces funérailles.
17:36C'est un moment unique,
17:38historique.
17:39C'est un héros.
17:41Johnny, c'est la France.
17:42Johnny, il fait partie
17:44de la vie des Français.
17:45Il y a une part de nous
17:46dans son histoire.
17:48Donc, ces funérailles,
17:49elles ne sont pas ordinaires
17:50non plus,
17:50comme l'était sa vie.
17:52Et j'arrive
17:54à les regarder maintenant
17:55mais j'ai eu beaucoup de mal
17:56à revoir ces images.
17:58Beaucoup, beaucoup de mal.
18:00J'arrive à les regarder.
18:01Évidemment, je suis très émue
18:02mais je peux aujourd'hui
18:04regarder sans fondre en larmes.
18:10C'est quoi la prochaine étape
18:11pour vous ?
18:11Et dans votre mission
18:13de défendre l'héritage
18:15de Johnny,
18:15qu'est-ce qu'il y aura
18:16après cette exposition ?
18:17Et dans votre vie
18:18plus personnelle,
18:20c'est quoi les prochaines étapes ?
18:22Il y a plein de projets.
18:25Il y a une comédie musicale.
18:26Une comédie musicale, oui.
18:27On a commencé à travailler.
18:28Et puis une école de musique.
18:31Une école de musique.
18:33Ça, c'était un grand rêve.
18:34Je travaille dessus
18:34depuis deux ans maintenant.
18:36Où ça ?
18:37Alors, vous êtes curieux ?
18:40Oui, forcément.
18:41En France,
18:42mais pas à Paris,
18:44en province.
18:45Une école Johnny Alidé.
18:46Une école Johnny Alidé, oui.
18:48Une école Johnny Alidé.
18:49Je cherche dans quelle ville
18:51de province ça pourrait...
18:53Je ne sais pas si vous allez trouver
18:54mais en tout cas,
18:54c'est continuer à transmettre
18:55sa musique, son oeuvre
18:57et puis donner la chance
18:59à des jeunes artistes
19:00qui ne le savent pas
19:02et qui vont le devenir
19:03et de leur donner la chance
19:05de pouvoir apprendre
19:06et se nourrir
19:09de différentes cultures musicales.
19:12Pour bientôt.
19:14Pour bientôt.
19:16Mais c'est des jolis projets.
19:18On est animés par cette passion.
19:21C'est lui qui nous pousse,
19:23qui me pousse vers ça aussi.
19:24Je me sens poussée
19:26par ce besoin
19:28de construire des projets
19:29et de faire des choses
19:30et de continuer à le faire vivre.
19:32Et vous, la prochaine étape
19:33pour vous, perso ?
19:34Au-delà des vacances
19:35avec les filles ?
19:36Au-delà des vacances
19:37avec mes filles, oui.
19:38Là pour Noël ?
19:39Peut-être travailler sur moi.
19:40Je vais peut-être réussir
19:41à faire un travail sur moi,
19:43accepter d'être heureuse
19:45sans culpabiliser.
19:47D'être heureuse.
19:47Il y a toujours ça.
19:48Et d'être en vie.
19:49D'être en vie, oui.
19:52Quand il est parti,
19:53j'aurais préféré partir à sa place,
19:54ce qui est fou.
19:55Ça me paraît de fou,
19:56mais oui.
19:57Oui, oui.
19:59Accepter d'être heureuse sans lui.
20:00Accepter d'être amoureuse aussi.
20:03Se faire du bien.
20:04C'est compliqué pour moi.
20:06Merci, Laetitia.
20:06Merci beaucoup.
20:07Merci beaucoup
20:08d'avoir accordé
20:09cette interview à BFM.
20:10Merci beaucoup.
20:10Merci beaucoup.
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