- il y a 2 jours
Dans cette interview exclusive sur TV5 Monde, Jean-Jacques Debout se confie sans détour sur Johnny Hallyday, Sylvie Vartan et Laeticia. Entre souvenirs intimes, vérités méconnues et anecdotes inédites, l’artiste revient sur les liens complexes et sincères qui unissaient ces icônes de la chanson française. Un témoignage rare et émouvant pour tous les passionnés de Johnny.
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MusiqueTranscription
00:00Il a connu tout le monde, il a été l'ami de Johnny, de Mérine, de qui vous voulez évidemment,
00:11Chantal Goya, avec qui il a composé des plus belles chansons, Sylvie Vartan, Jean-Jacques Debout.
00:16La couleur des fantômes est publiée chez Talent Edition, c'est votre vie Jean-Jacques.
00:19Oui.
00:20Quelle vie, on va entendre les boutons dorés, ça a été le début comme ça, d'une aventure incroyable.
00:24Oui, mais oui. Et puis j'ai surtout failli mourir à l'âge de cinq semaines.
00:32J'étais né cour de Vincennes et puis ma pauvre maman m'a amené à l'hôpital Trousseau.
00:38Et là, on lui a dit mais non, il n'y a pas de chirurgien pour l'opérer, il n'y a qu'un chirurgien allemand
00:44qui est là en exclusivité pour les Allemands qui se font tirer dessus dans la rue.
00:50Et l'infirmière qui était aussi interprète a été voir le professeur Brett, il s'appelait,
01:00et elle lui a expliqué que j'étais dans un cas désespéré, puisque j'avais cinq semaines, j'étais un nourrisson.
01:08Et gentiment, il a dit je vais le voir, je vais l'ausculter.
01:13Et il a fait venir ma mère et il lui a dit madame, si je n'opère pas votre enfant tout de suite,
01:21je crains que je ne pourrai plus rien faire pour lui.
01:26Et si à minuit il se met à pleurer, ça voudra dire qu'il sera sauvé.
01:30Et sinon, s'il ne pleure pas à minuit, ça voudra dire que je ne pourrai plus rien faire pour lui.
01:34Et à minuit pile, je me suis mis à pleurer.
01:36C'est magnifique. Écoutez Les Boutons Dorés, Jean-Jacques Debout.
01:52C'est le premier grand succès. Mais comment vous arrivez là ?
01:56Vous commencez, vous êtes coursier aux éditions à Homme-Breton.
01:59Vous croisez Yves Montand, vous lui donnez des conseils sur la chanson.
02:02Je suis allé rencontrer Charles Trenet. Ça va très vite.
02:06C'est-à-dire que M. Breton, Raoul Breton, m'avait demandé de porter les deux petits formats à Yves Montand,
02:15qui à l'époque habitait dans l'île de la Cité.
02:20Il habitait dans une ancienne librairie.
02:23Et puis j'ai été sonné pour amener les petits formats, puisque ça y est, j'étais coursier avec mon petit vélo Solex.
02:30Et puis la porte s'ouvre et je vois Yves Montand devant moi.
02:37Et il me dit « Ah, vous venez de la part de Raoul Breton, rentrez, rentrez. »
02:42Et il me dit « Ça tombe bien, mon pianiste Bob Castella est là, on va pouvoir voir la chanson. »
02:48Alors il prend les deux formats et puis il les donne à son pianiste.
02:52Et puis il me dit « Si vous voulez bien, je vais essayer de vous la chanter.
02:57Vous allez me dire ce que vous en pensez ».
02:59Moi, qui avais une admiration sans borne pour mon temps,
03:03que j'avais vu quand même trois, quatre fois au Théâtre de l'Étoile dans ses récitals,
03:08et qui m'impressionnait beaucoup,
03:09je me dis « C'est quand même bizarre qu'il me demande mon avis pour chanter le chant des partisans ».
03:16Et puis il commence, il fait « Amis, entends-tu le vol noir des corbeaux dans la plaie ? »
03:24Je lui dis « Écoutez, monsieur Montand, cette chanson vous va comme un gant. »
03:28Alors il a pris un petit papier, puis il a remercié Raoul Breton d'avoir les petits formats.
03:33Et puis il lui a dit « Votre petit coursier me dit que cette chanson me va comme un gant,
03:38alors je vais la mettre à mon répertoire et je vais l'enregistrer le plus vite possible. »
03:43Merci Raoul Breton, Yves Montand.
03:45Incroyable, on va entendre une autre chanson, une autre voix.
03:47Évidemment, vous en parlez beaucoup dans ce livre.
03:49Et cette chanson, vous racontez son histoire.
03:52Évidemment, c'est « D'où viens-tu, Johnny ? »
03:54Pour moi, la vie va commencer. Écoutez.
03:58En revenant dans ce pays, là où le soleil est le vent, là où mes amis...
04:07C'est Johnny. Mais évidemment, Johnny, d'abord, vous le rencontrez devant un jukebox, quoi.
04:12C'est un gamin, c'est un gamin. Vous le traînez à l'Olympia au concert de Gene Vincent.
04:16Oui, parce que c'était son idole, Gene Vincent.
04:19Et il avait entendu que j'allais chanter en première partie de Gene Vincent
04:24dans une émission d'Europe 1 qui s'appelait « Musicorama ».
04:30Et forcément, il se doutait bien que Gene Vincent allait répéter, que j'allais le voir.
04:36Et j'ai amené Johnny.
04:38On est tombé sur Bruno Cocatrix, qui était là.
04:40Le patron de l'Olympia.
04:41Oui, avec son cigare.
04:43Et je lui ai présenté Johnny.
04:45Je lui ai dit « Bruno, je vous présente un jeune qui va sûrement chanter un jour ».
04:49Alors, il lui a dit « Quand vous aurez fait votre premier disque, vous viendrez me voir.
04:52Je vous trouverai toujours une place à l'Olympia ».
04:55Et puis, il y avait assis devant sa loge.
04:58Il était sur une chaise.
04:59Les bras croisés comme ça.
05:01Il attendait.
05:02Et c'était Gene Vincent.
05:03Alors, Johnny a été le voir tout de suite.
05:05Et puis, ils ont parlé.
05:06Ils ont sympathisé.
05:08Ils sont allés chez Mimi, le petit café qui faisait partie où allaient les artistes,
05:13boire un verre ensemble avec Gene Vincent.
05:15Et il est devenu comme ça, ami avec Gene Vincent, mais en dix minutes.
05:20Incroyable.
05:21La chanson qu'on entend encore, c'est évidemment...
05:24Elle va sceller votre amitié formidable.
05:35Alors, vous l'avez déjà racontée, Jean-Jacques.
05:37Vous l'aurez racontée dans ce livre.
05:38C'est évidemment la composition de cette chanson avec un piano dans un hôtel.
05:43L'hôtel de France.
05:44Il ne faut pas faire de bruit parce que les clients sont énervés.
05:47Et vous jouez ça.
05:48Alors, le film, il y avait Abel Gans.
05:50Vous racontez quelque chose de...
05:52C'est Abel...
05:52Non, c'est...
05:53Réventura était le producteur.
05:57Et il avait décidé de prendre Abel Gans pour faire la mise en scène.
06:01C'est un grand cinéaste qui avait fait Napoléon.
06:03Voilà.
06:03Et alors, Johnny, quand il a vu Abel Gans, qui avait des grands cheveux blancs,
06:07qui ressemblaient comme ça à Léo Ferré,
06:09il avait plus d'âge, il avait l'air de sortir d'une autre planète.
06:15Et Johnny me dit, mais qui c'est, ce vieux-là ?
06:17Alors, je lui dis, t'es fou.
06:19Je lui dis, c'est Abel Gans.
06:20Mais il me dit, qu'est-ce qu'il a fait ?
06:22Ben, je lui dis, il a fait Napoléon.
06:24Napoléon, c'est le plus grand chef-d'œuvre.
06:27Il s'est joué aux États-Unis, s'est joué au Japon,
06:29s'est traduit dans toutes les langues du monde entier.
06:32Tu te rends pas compte ?
06:34Le Napoléon d'Abel Gans, c'est un des plus grands classiques
06:37avec notre film Les Enfants du Paradis.
06:40Alors, il me dit, ah bon, bon ?
06:42Ah, mais je vais tourner avec lui ?
06:44Ben, je lui dis, oui, c'est lui qui va être le metteur en scène.
06:47Et puis, on s'est mis à rire.
06:49Et là, Réventura nous a regardés.
06:51Puis, il a dit, mais qu'est-ce qui vous fait rire à ce point-là ?
06:53Alors, je dis, Raymond, j'appelais Raymond Réventura.
06:58Raymond, on parle d'une fille qu'on a connue ensemble.
07:01Je pouvais pas lui dire qu'il était en train de se moquer d'Abel Gans.
07:05Enfin, il s'en moquait pas, mais il savait pas qui c'était.
07:08Quand vous lui dites qu'il a tourné Napoléon, qu'est-ce qu'il voulait dire, Johnny ?
07:11Oui, alors je lui dis, tu te rends pas compte ?
07:12Il a tourné, Napoléon.
07:14Et là, Johnny me dit, ah bon ?
07:17Mais tu crois qu'il l'a connue ?
07:19Alors là, c'est là où je me suis mis à rire avec lui, du vrai.
07:24Et puis, mais ça paraissait pas bizarre.
07:27C'était normal qu'il demande ça dans sa tête.
07:30Parce qu'il voyait l'âge de cet homme.
07:34On lui dit, il a tourné Napoléon.
07:36Et c'était normal.
07:40À 16 ans, il avait 16 ans et demi.
07:43Alors après, vous allez partir en tournée ensemble.
07:45C'est incroyable.
07:46Raconter comment un jour Johnny, il assure pas les concerts parce qu'il a un problème avec son producteur.
07:50Et c'est vous qui vous prenez des canettes de bière dans la figure.
07:52Tout, tout, tout.
07:53Et Johnny, il rigole.
07:55Ça le fait rigoler.
07:56Ça faisait rire.
07:57Alors je l'appelais au téléphone le soir parce que je savais où il était.
08:01Il était rue de la Tour des Dames chez sa tante.
08:03Et je lui disais, dis donc, tu te rends compte que le public paie pour te voir.
08:09Pour l'instant-là, moi, on me demande de faire durer mon tour de chant parce que l'organisateur à Marseille sait très bien que tu viendras pas.
08:21Et pendant ce temps-là, moi, je me prends des canettes de bière dans la figure.
08:24Je me prends de tout.
08:26Ça va pas pouvoir durer comme ça.
08:28Je peux pas.
08:29Et il m'a dit, je te promets que demain, je viens.
08:32Le lendemain, c'était Marseille.
08:35Et là, c'était de la folie.
08:37Les bancs volaient en l'air.
08:40Et là, je n'ai même pas pu chanter.
08:43Quand je suis rentré sur scène pour chanter justement Les Boutons Dorés, c'était Johnny, Johnny.
08:49Alors là, je prenais tout dans la figure, mais tout.
08:52Les bancs cassés en deux, il me les envoyait sur la scène et tout.
08:55Et lui, je le voyais.
08:57Il était arrivé dans les coulisses.
08:59Il arrivait de Paris, là.
09:00Et il riait, il riait, il riait.
09:03Mais il tenait...
09:04Et je lui dis, alors je sors de scène.
09:07Je lui dis, tu sais, tu vois, je peux pas continuer de chanter.
09:10Et il me disait, mais si, il faut que tu retournes.
09:12Ah, je lui dis, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non.
09:15Alors finalement, il y a le présentateur est arrivé.
09:19Puis il a dit, dix minutes d'entracte.
09:22Et après, vous aurez Johnny Hallyday.
09:25Alors là, ça a été...
09:26Et puis là, enfin, enfin, il est venu chanter.
09:30Oui, écoutez celle-là de chanson.
09:32Deux amis pour un amour.
09:34Vous dites d'ailleurs, dans le livre, que cette histoire, cette chanson raconte votre histoire avec Johnny.
09:40On va dire les choses, c'est qu'au fond, vous en passiez pour Sylvie Vartan.
09:43Ah oui.
09:44Quand même.
09:45C'était même plus.
09:46Il vous l'a piqué.
09:47Il vous l'a piqué.
09:48Bon, il me l'a piqué, oui.
09:49Mais en même temps, on ne force pas les gens à aller avec quelqu'un.
09:54Oui, non, mais il a été malin.
09:55Il a été malin.
09:56Vous ne l'avez pas montré tout de suite.
09:57Non, mais la veille, il m'avait même dit, pas du mal, mais il m'avait dit, tu m'aurais donné à moi les chansons que tu lui fais.
10:03Tu verrais, j'en aurais vendu plus qu'elle.
10:05Alors moi, je me disais, il ne doit pas la trouver formidable.
10:08Mais je ne pensais pas que le lendemain, il allait tomber amoureux d'elle.
10:12Et puis, moi, je l'ai pris.
10:16C'est-à-dire que j'avais compris que je n'avais plus rien à faire dans la tournée.
10:20Alors, j'ai fait sortir ma voiture de l'hôtel de Noailles qui était sur la Cannebière.
10:26Et puis, à l'époque, il n'y avait pas d'autoroute pour rentrer à Paris.
10:29Alors, je suis rentré à Paris.
10:30J'avais laissé une lettre à Sylvie, une lettre à Johnny.
10:33Comme quoi, je trouvais que c'était mieux que Sylvie prenne ma place dans la tournée.
10:39Et pour Johnny, c'était plus pratique de l'avoir à côté de lui.
10:43C'est sûr.
10:44Et puis, Stark m'avait appelé.
10:47Moi, j'étais arrivé à 4 heures de l'après-midi à Paris.
10:51Et puis, ma mère me dit, j'ai eu Johnny Stark au téléphone qui veut que tu prennes un avion
10:55parce que tu as ton nom sur les affiches à Marseille.
10:58Sinon, il te fait un procès.
10:59Et puis, j'ai eu Stark que j'ai appelé au téléphone.
11:03Je lui ai dit, non, non, je n'ai plus le moral.
11:06Moralement, je ne pourrais pas assumer.
11:08Je ne reviens pas.
11:10Il faut demander à Sylvie.
11:12De toute façon, bon, tu vas voir mes nouvelles et tout.
11:16Et puis, finalement, Sylvie m'a remplacé.
11:18Et puis, huit jours après, je vois François en première page.
11:24Johnny qui offre une montre avec des brillants à Sylvie.
11:28Et il y avait marqué Sylvie et Johnny se fiancent à Genève où ils étaient.
11:36Ils chantaient au théâtre de Genève.
11:37Cette chanson, l'écoutez, là.
11:38C'est vrai qu'elle raconte vraiment votre histoire,
12:02qui est incroyable alors.
12:03Parce que derrière, évidemment, Sylvie et Johnny forment ce couple mythique.
12:07Oui, oui.
12:08Vous, vous connaissez Marlène Dietrich.
12:11Mais très bien.
12:12Vous la rencontrez.
12:14Elle, presque, elle aussi devient amoureuse de Johnny, quelque part.
12:17Elle était.
12:18Amoureuse de Johnny.
12:19Il lui plaisait beaucoup.
12:21Oui.
12:22Ah oui, oui, oui.
12:23Elle me disait, alors, que fait votre ami Johnny ce soir ?
12:28Alors, je lui dis, si vous voulez, Marlène, on va lui téléphoner.
12:31Alors, je l'appelais.
12:32Et puis, je lui disais, ne quitte pas, je te passe, Marlène.
12:36Ah bon, bon, bon.
12:37Alors, elle lui disait, voulez-vous venir manger dans ma cuisine ce soir ?
12:43Je vais vous faire un bœuf Grosselle.
12:46Oh, vous êtes formidables, Marlène.
12:48Venez.
12:48Alors, merci, merci.
12:50Alors, il venait.
12:51Puis il venait toujours avec un petit bouquet de fleurs.
12:53Et puis, je me souviens, il cogne à sa porte Avenue Montaigne, où elle habitait, parce que ça avait été un problème pour elle.
13:03Elle voulait absolument être Avenue Montaigne pour pouvoir voir l'endroit où elle avait vécu pendant la guerre avec Gabin.
13:12Ils étaient restés huit ans ensemble, les Gabins.
13:16Et puis, alors, Johnny cogne.
13:18Et puis, il arrive avec son petit bouquet de fleurs.
13:21Et puis, elle lui dit, toutes les femmes disent que vous êtes beaux, mais moi, je ne vous trouve pas beaux.
13:29Merci pour vos fleurs.
13:30Alors, je vois Johnny qui se décompose.
13:33Et puis, elle lui dit, non, je vous trouve joli, mais je ne vous trouve pas beaux.
13:37Vous comprenez ?
13:38Et puis, elle prend les fleurs.
13:40Et puis, lui, il m'a regardé.
13:43Puis, on a eu le fou rire.
13:44Parce que Marlène, elle avait une façon aussi de faire la cour.
13:47Et elle lui faisait la cour, carrément.
13:49Oui.
13:50D'ailleurs, ça rendait jalouse Sylvie Vartan.
13:54Drôlement.
13:54Vraiment.
13:55Mais oui.
13:55Elle lui parlait de ses fringues.
13:58Elle disait à Johnny, Marlène disait à Johnny, Sylvie n'est pas bien habillée.
14:03Mais non.
14:03Et puis, après, Johnny disait à Sylvie, arrête de te mettre ces fringues-là.
14:07Alors, ça ne peut pas lui faire plaisir.
14:09Il avait dit à Marlène, vous comprenez, quand elle rentre dans une boutique de fringues,
14:14ils veulent tous lui vendre tout ce qu'ils ont.
14:16Alors, à la fin, elle met n'importe quoi.
14:19Elle ne sait plus quoi se mettre.
14:20Parce que Marlène avait dit, oui, c'est très bizarre, comment on peut mettre un pantalon blanc en soie blanche, avec un pull angora rose.
14:32J'ai envie de prendre des ciseaux et de couper partout dans le pull.
14:36Marlène était un peu…
14:37Oui, mais Sylvie s'est vengée.
14:39Qu'est-ce qu'elle lui a dit à propos de ce film, le noir et blanc ?
14:41Oui.
14:42Un jour, Sylvie, c'était à la route Mandarine, en face de l'hôtel des Beaux-Arts.
14:47Et Sylvie lui a dit, dites-moi, Marlène, à l'époque, quand vous tourniez vos grands films à Hollywood,
14:59qu'est-ce qu'on vous mettait ? Vous aviez une couleur de peau très pâle, vous aviez une poudre spéciale, tout ça ?
15:10Et puis je voyais que Marlène, ça ne lui plaisait pas trop.
15:12Mais enfin, c'était sa façon aussi de lui répondre.
15:15Comment vous vous maquillez dans vos vieux films en noir et blanc.
15:16Oui, comment vous vous maquillez dans vos vieux films en noir et blanc.
15:19Ça fait toujours plaisir. Parlez juste une seconde encore de Marlène, parce que vous êtes le petit coursier,
15:25vous amenez une lettre de Marlène à Gabin.
15:28C'est-à-dire que j'avais été au cours Simon avec Marie-Josénat.
15:33Et Marie-Josénat, tout d'un coup, se retrouve dans un film où elle fait la fille de Jean Gabin,
15:39dans le film Rue des Prairies, de Gilles Grangier.
15:43Et alors, à l'époque, Marlène cherchait un moyen pour pouvoir faire passer une lettre à Gabin
15:49qui ne voulait plus entendre parler d'elle, ni la voir, ni rien du tout, ni entendre rien.
15:54Et alors, moi, j'ai Marie-Josénat, qui était ma grande amie,
15:59et je lui dis, tu ne peux pas me trouver une place au moment où vous faites la pause pendant le film,
16:05car je voudrais remettre une lettre à Jean Gabin, de la part de Marlène.
16:11Et puis, elle me rappelle deux jours après, elle me dit, bah, écoute, viens jeudi,
16:18et vers une heure de l'après-midi, on s'arrête, et je te garde la place à côté de moi,
16:24il sera en face de toi.
16:26Je préviens Marlène, elle lui rédige une lettre,
16:29et cette folle de Marlène, elle met pour M. Jean Gabin de la part de Marlène Dietrich,
16:36ce qu'elle n'aurait jamais dû mettre.
16:38Et alors, à un moment, Gabin me parle, il me dit,
16:43il me dit, ah, je t'ai vu à la télé chanter ta chanson, là, sur les orphelins,
16:51« Ah, moi, quand j'étais jeune, tu sais, je faisais du tour de chant,
16:54ça m'aurait plu une chanson comme ça. »
16:56Et là, moi, je me dis, c'est le moment de lui remettre la lettre.
16:59Et je lui dis, M. Gabin, j'ai une lettre à vous remettre.
17:01Il regarde la lettre, et puis il voit ce que je viens de vous dire,
17:06pour M. Gabin, de la part de Marlène Dietrich,
17:09et tout d'un coup, il change de tête, il dit,
17:12« Ah, c'est encore la chleu qui me poursuit ! Ah, putain de merde ! »
17:17Et puis, il prend l'enveloppe, et il en fait une boulette de papier,
17:21qu'il met dans le cendrier en verre qui était en face de son assiette,
17:26il sort son briquet avec une grande mèche comme ça,
17:28qu'il sentait l'essence, et il met le feu à la boulette de papier,
17:32sans lire la lettre, bien entendu.
17:34– Incroyable, c'est vrai.
17:35– Et alors, le soir, moi, je suis retourné voir Marlène,
17:38où j'avais rendez-vous au Plaza Athénée pour prendre un verre avec elle,
17:42parce qu'elle voulait savoir ce qui s'était passé.
17:44Et alors, il me dit, « Alors, qu'est-ce qu'il a dit de ma lettre ? »
17:47Je lui dis, « Il l'a mise à l'intérieur de sa veste sans la lire. »
17:51Il ne pouvait pas la lire devant les gens.
17:53Et je ne pouvais pas lui dire non plus qu'il l'avait brûlée.
17:56Et elle m'a dit, « Alors, j'aurais peut-être de ses nouvelles. »
18:01En fait, dans la lettre, elle lui demandait de venir l'avoir chantée à l'Olympia
18:06pour voir ce qu'elle voulait lui montrer, ce qu'elle était devenue.
18:11Et elle voulait l'embrasser une dernière fois avant de quitter la terre.
18:15C'était ça.
18:16– C'est beau.
18:16– Mais ce n'était pas pour remettre ça du tout avec lui.
18:19– On va entendre, oui, une chanson qui s'appelle « Nos doigts se sont croisés ».
18:23– Jean-Jacques, tellement de chansons.
18:26Cette chanson est magnifique parmi d'autres, une de vos chansons.
18:28Mais si on reparle de Johnny, il y avait des moments terribles au fond.
18:32Quand un jour, il regarde par la fenêtre et il voit son père sur un banc, comme un clochard.
18:37– Pas comme un clochard, qui était clochard le pauvre.
18:40– Il vous dit quoi à ce moment-là, Johnny ?
18:41– Il me dit, « Regarde, c'est mon père, j'ai honte. »
18:44Alors je lui dis, « Ben non, t'as pas à avoir honte. »
18:46Oui, il me dit, « Si, il me suit partout, partout où je vais. »
18:51Il se met sur un banc pour me montrer qu'il a loupé sa vie, qu'il a…
18:55Tu comprends, c'est dur de voir son père comme ça.
18:58Et puis finalement, il avait réussi à faire rentrer son père chez Vogue comme magasinier.
19:05Et puis au bout de trois jours, Vogue l'ont appelé, les disques Vogue,
19:10pour lui dire qu'il prenait les disques du magasin
19:13pour les vendre sur le trottoir en face de chez eux, rue d'autres villes.
19:17Alors évidemment, ils ont viré son père.
19:20Et puis c'était ça, tout le temps, tout le temps, tout le temps.
19:22– Ouais, ouais, et Johnny, écoutez, ça c'est nos doigts se sont croisés, comme l'amitié.
19:27– Voilà, et alors une chose, c'est par exemple que Johnny avait du succès avec les femmes.
19:45Vous nous révélez une histoire avec Janis Joplin, star américaine, et il se passe des choses.
19:52– Parce que j'avais accompagné à Londres où il m'enregistrait une chanson.
19:57Et dans le studio à côté, il y avait Mick Jäger qui était là et qui faisait des maquettes.
20:07Et je lui dis, il y a Mick Jäger dans le studio d'à côté.
20:10Ah bon ? Je lui dis, oui, oui.
20:13Et puis moi, je suis passé deux ou trois fois et j'ai réussi à...
20:17Je suis rentré et j'ai dit bonjour à Mick Jäger.
20:20Et je savais qu'il parlait un peu français parce qu'il était venu assez souvent.
20:25Il connaissait bien la France.
20:27Et je lui ai demandé comment il allait et tout ça.
20:30Et je lui ai dit qu'il y avait un grand chanteur français, Johnny Hallyday,
20:37qu'il l'admirait, qu'il était un grand admirateur.
20:39Et Mick me dit, si nous allions dîner avec lui ce soir quand il aura fini son enregistrement,
20:47on va aller à Porto-Bellerode où il y avait un français qui avait un restaurant qui s'appelait Les Artistes Assoiffés.
20:54Et dans ce restaurant, il y avait une scène.
20:56Et à côté de Johnny, le hasard a fait qu'il y avait Janis Joplin.
21:00Et pendant tout le dîner, il n'arrêtait pas de parler à Janis Joplin,
21:04ce qui, elle, était émerveillée de le voir.
21:07Puis il était avec ses cheveux blonds et tout.
21:09Puis il lui plaisait.
21:11Alors ils sont montés après sur la petite scène.
21:13Ils ont fait un buff.
21:15Ils ont chanté pendant une heure et demie, tous les deux.
21:17Et puis ils sont rentrés après à l'hôtel Mayfair ensemble.
21:20– Oui.
21:21– Voilà.
21:22– Et voilà.
21:22Mais vous dites que Johnny faisait croire qu'il allait à Londres
21:26pour se faire faire des chaussures sur mesure pour aller retrouver Janis Joplin.
21:30– Oui.
21:31– Non mais…
21:32– Elle était très amoureuse de lui, vous dites.
21:33– Ah oui, mais complètement.
21:35Ah mais oui, complètement.
21:37Alors elle voulait même venir vivre à Paris,
21:40se trouver un petit appartement à Paris pour le voir plus souvent.
21:44et puis à la fin, ça ne plaisait pas à Johnny Stark qui était son agent.
21:52Il s'est dit, s'il y a une romance avec Janis Joplin,
21:56on n'en sortira jamais et tout.
22:01Et puis Stark était un petit peu jaloux
22:03quand une fille tournait trop autour de Johnny.
22:06Parce qu'il aimait bien avoir la main sur Johnny
22:08et en faire un peu ce qu'il voulait.
22:10– Oui.
22:10Vous avez dit un jour dans une interview que c'est dur pour…
22:14enfin que Johnny vous avait dit,
22:16c'est dur de vivre avec une artiste, je ne peux plus.
22:20J'ai fait Nathalie Baye, Sylvie Vartan, je ne peux plus.
22:23– Non, non, il ne m'avait pas dit Sylvie Vartan.
22:25– Mais Sylvie Vartan vous en a voulu, Jean-Jacques.
22:27– Elle m'en veut toujours puisqu'on est fâchés.
22:29– Vous êtes fâchés toujours.
22:31– Oui, à cause de ça.
22:32Mais ce n'était pas vraiment ça qu'il m'avait dit.
22:35Il m'avait dit, je ne crois plus au mariage d'artiste.
22:38Alors je lui dis, qu'est-ce que tu entends par ça,
22:41par les mariages d'artistes ?
22:44– Non, toi, c'est exceptionnel, avec Chantal,
22:48ça fait plus de 50 ans que vous êtes mariée,
22:50mais je ne sais pas comment vous avez fait.
22:52Il me dit, moi, je n'y suis jamais arrivé.
22:54Parce que j'ai eu dans ma vie, tu le sais bien,
22:58une chanteuse, évidemment, ça voulait dire que c'était Sylvie.
23:02Il me dit, après, j'ai été avec une comédienne,
23:05c'était forcément Nathalie Baye.
23:06Mais alors, elles n'étaient jamais là.
23:09Ou elles partaient en tournée,
23:10ou elles prenaient l'avion très tôt le matin.
23:12Alors moi, je ne savais pas quelle chemise je devais mettre.
23:15Je ne savais plus quelles étaient les chaussettes
23:17qu'il fallait que je mette.
23:19Je ne savais plus où étaient mes chaussures.
23:20Je ne savais plus rien.
23:21Et un jour, il me dit, j'ai compris qu'il me fallait
23:24une femme qui ne soit pas artiste
23:26et qui ait le temps de s'occuper de moi.
23:29Donc il va trouver Laetitia.
23:30Mais pourquoi elle vous en veut, Sylvie, de ça ?
23:32Parce que vous avez fait tellement de choses ensemble.
23:34Elle m'en veut parce que j'ai répété
23:36ce que m'avait dit Johnny.
23:37Elle a pris ça pour elle,
23:39alors que ce n'était pas du tout pour elle.
23:40Au contraire, moi, ce que je sais,
23:42c'est qu'il adorait Sylvie.
23:44La preuve, c'est qu'il n'a jamais voulu divorcer.
23:48Et moi, je me souviens de lui,
23:50dans le bureau de Paul Lombard,
23:51quand Lombard lui a demandé
23:53de signer le papier pour divorcer.
23:55Il n'a pas voulu le signer.
23:57Il s'est mis à pleurer.
23:58Il ne voulait pas divorcer.
24:00Il adorait Sylvie.
24:01Alors, je peux vous le dire.
24:03Moi, il me faisait assez de confidence.
24:05Je savais tout ça.
24:07Mais ce n'était pas contre Sylvie,
24:10l'histoire des mariages d'artistes.
24:12Oui, mais là, vous dites dans le livre,
24:13je ne veux plus entendre parler de Sylvie.
24:14Je ne veux plus entendre ses chansons.
24:16Parce qu'elle a appelé Chantal.
24:17Elle lui a dit, je m'aperçois que Jean-Jacques est un traître.
24:19Il m'a flingué en racontant ça
24:21à la télévision et tout,
24:23alors que je ne cherchais pas du tout
24:25à flinguer Sylvie.
24:26Donc, vous aimeriez vous réconcilier avec Sylvie ?
24:29Oui, je lui ai fait dire du reste
24:32par quelqu'un qui la connaît bien
24:33que je l'embrassais
24:34et que je m'en excusais.
24:37Je n'ai pas fait exprès de raconter ça
24:39pour me fâcher avec elle.
24:40Oui, on adore Sylvie.
24:42Mais bien sûr.
24:43Mais je voudrais dire quand même,
24:45c'est elle qui vous invite,
24:46si on peut appeler ça un invité,
24:48aux obsèques de Johnny.
24:49On n'a pas pensé même à vous inviter.
24:51Non, non, non.
24:52Ni Jean-Marie Perrier.
24:54Ah, mais Jean-Marie Perrier, le prouve,
24:56ce n'est pas lui qui pouvait inviter ou ne pas inviter.
24:58Oui, mais lui, il n'était pas invité.
24:59Il n'était pas invité.
25:00Mais vous, c'est Sylvie Vartan qui vous...
25:02Sylvie qui a pensé à Jean-Marie Perrier
25:04et elle a pensé à moi
25:05parce qu'elle savait qu'on était
25:06des vieux amis de Johnny.
25:08Et j'étais un petit peu étonné
25:11de voir que Laetitia,
25:14finalement, elle s'en foutait.
25:15Mais Laetitia, de toute façon,
25:16elle n'a jamais eu pour les anciens amis de Johnny.
25:21Elle les a au contraire écartés toujours.
25:23Non, mais vous dites carrément
25:24que vous n'avez jamais aimé,
25:26vous dites que je n'ai jamais aimé cette fille.
25:27Je n'ai jamais compris pourquoi il aimait cette fille.
25:28Je ne pouvais pas l'aimer.
25:30Mais elle savait m'appeler
25:32pour me demander des places
25:34pour venir au Palais des Congrès
25:35voir mes spectacles.
25:37Et puis pendant ce temps-là,
25:38huit jours après,
25:39elle fêtait l'anniversaire de Johnny
25:40sur une péniche sur la scène.
25:43Elle invitait toutes ses amies à elle.
25:45Et les vrais amis de Johnny,
25:47elle ne les invitait pas.
25:48Alors j'en avais déduit
25:50que c'était une fille intéressée.
25:51C'est tout.
25:51Je dis ce que je pense.
25:53Et donc je n'étais pas en extase
25:55devant sa façon de vivre
25:56et puis devant sa façon de penser.
25:58et il m'était arrivé de le dire.
26:01Johnny, il savait très bien
26:02que je n'étais pas un grand fan.
26:03– Mais qu'est-ce qu'il vous répondait ?
26:04– Il me disait, moi, je n'y peux rien.
26:07Qu'est-ce que tu veux ?
26:08Elle s'occupe bien de moi.
26:09Voilà ce qu'il me disait.
26:10Elle s'occupe bien de moi,
26:11de mes affaires, de mes chemises.
26:13– Oui.
26:13– Oui.
26:14– Alors je lui disais,
26:15ben écoute, ce n'est pas grave.
26:17Parce que moi, je fêtais toujours
26:18mes anniversaires avec lui.
26:19Enfin les siens.
26:21Depuis ses débuts.
26:23– Oui.
26:23– Donc je ne comprenais pas.
26:25Tout d'un coup, elle arrive dans sa vie
26:26et puis tout d'un coup,
26:28on ne voit plus les amis
26:30qu'il avait depuis le début.
26:32Elle a un peu chassé ses amis
26:34de la première heure, comme on dit.
26:36et quel intérêt ?
26:38Je ne sais pas.
26:40Mais du reste, la preuve,
26:43c'est qu'aux obsèques,
26:45elle ne m'invite pas.
26:45Bon, ben ce n'est pas grave.
26:48S'il n'y avait pas eu Sylvie,
26:49je n'aurais pas pu aller aux obsèques.
26:51– C'est la veille de la disparition de Johnny.
26:56Vous recevez un coup de fil
26:57et on vous dit,
26:59quelqu'un vous dit,
27:01c'est fini, Johnny va mourir.
27:03– Oui.
27:03– Et vous le saviez,
27:05parce que, lorsque la dernière fois,
27:06vous l'avez vu aux obsèques de Mireille d'Arc,
27:09il vous l'a dit lui-même.
27:10– À Saint-Sulpice.
27:11– Il vous l'a dit lui-même.
27:12– Ben, il m'a pris par le coup comme ça
27:14et puis il m'a dit,
27:15« Ah, mon Jean-Jacques,
27:17je crois bien que c'est la dernière fois
27:19qu'on s'embrasse. »
27:21Alors je lui ai dit,
27:21« Oh ben non, je lui ai dit, écoute. »
27:23Et puis je trouvais qu'il n'avait pas
27:25une mauvaise mine.
27:25Enfin, il n'avait pas une mine resplendissante.
27:28Mais en plus, il venait d'arrêter ses rayons.
27:32Il venait de dire à son médecin
27:34qu'il arrêtait les rayons,
27:35qu'il arrêtait tout.
27:37Et puis j'ai bien vu,
27:39quand il s'est levé à la fin,
27:41où il a été vers Alain Delon,
27:42qui était en larmes,
27:44il a eu un petit peu de mal pour se lever.
27:49Et puis après,
27:50ils sont partis tous les deux avec Alain
27:51pour éviter d'avoir les photographes.
27:54Ils sont allés dans la sacristie,
27:56qui était sur le côté.
27:57Et c'est la dernière fois que je l'ai vu.
27:59– Oui, oui.
28:00– Mais au fond,
28:01il avait fait passer un message,
28:03et on vous le rapporte.
28:04Il a dit,
28:05« Je vais mourir
28:07et je veux que personne ne m'emmerde.
28:09Je veux être seul. »
28:11– Oui, oui.
28:12– Là, il a vraiment dit ça, Johnny.
28:13– Oui, oui.
28:14Enfin, je pense qu'il l'a dit.
28:16Parce qu'il l'a dit à...
28:18Il l'a dit au médecin qu'il le suivait
28:21et qu'il allait jusqu'à chez lui,
28:24qu'il l'accompagnait chez lui,
28:26qu'il se doutait bien
28:26qu'il allait partir bientôt.
28:30Et il lui avait dit,
28:31« Je veux mourir tout seul
28:32et je veux que personne ne soit là.
28:37Je veux partir tout seul. »
28:39Comme je suis arrivé un jour,
28:42j'étais seul,
28:43et je voulais partir tout seul.
28:45– Oui.
28:45– On va entendre une chanson
28:46qui est tellement synonyme
28:48des jours heureux.
28:49C'est votre rencontre, évidemment,
28:50avec Chantal,
28:52que vous allez baptiser Goya,
28:54parce qu'il y avait un tableau au mur,
28:57un Goya,
28:58et Luis Mariano,
28:59vous racontez, c'est formidable.
29:01Écoutez la première chanson
29:02que vous avez écrite pour elle.
29:03– Adieu les jolis foulards,
29:05adieu tous les madrasses,
29:07si ce n'est qu'un au revoir,
29:09on se retrouvera.
29:11J'emporterai dans mon cœur
29:13un peu de ce pays.
29:15– Quelle belle histoire
29:17que vous racontez
29:17avec Chantal Goya,
29:19cette rencontre,
29:19vous vous perdez,
29:22mais c'est tellement beau.
29:23– Je l'ai rencontré une fois
29:25grâce à Edie Barclay,
29:27qui m'avait amené
29:27dans une soirée
29:28chez Albert de Barge.
29:30Albert de Barge
29:32était le propriétaire
29:34de l'Epiclub,
29:36qui était une boîte
29:36à Montparnasse,
29:38qui commençait à avoir du succès,
29:40et qui était tenue
29:41par le fameux Jean Castel.
29:42Et là,
29:47j'avais rencontré Chantal,
29:50et puis je lui avais dit
29:52« Demain,
29:54Edie Barclay fait une fête
29:55pour un ami à lui
29:56qui va se fiancer,
29:59et ça serait bien
30:01si vous voulez venir. »
30:03Alors je l'ai emmené,
30:05et puis Barclay avait fait mettre,
30:07il aimait faire ça,
30:08Edie Barclay,
30:09il avait fait mettre une scène,
30:10puis il avait fait venir
30:11des musiciens,
30:12il avait fait venir
30:13Henri Salvador,
30:14Michel Legrand,
30:15puis moi,
30:16il m'avait demandé
30:17de chanter une chanson.
30:19Alors j'avais chanté
30:19« Les boutons dorés »
30:20au piano,
30:21et pendant que je chantais,
30:22je voyais une très jolie fille
30:25avec une robe rouge cerise,
30:28et je ne pensais même plus
30:30à ma chanson,
30:31je regardais qu'elle.
30:32Et puis à la fin de la chanson,
30:34je suis allé lui parler,
30:35et je lui ai dit
30:36« Écoutez,
30:36je ne sais pas qui vous êtes,
30:37mais en tout cas,
30:38je pense qu'on se mariera un jour,
30:40vous serez célèbre à 30 ans,
30:42on aura deux enfants,
30:44et un jour,
30:44vous chanterez à l'Opéra de Paris. »
30:46Alors elle m'a dit
30:46« Ben dites donc,
30:47vous êtes un sacré dragueur,
30:48parce qu'avant que je chante
30:50à l'Opéra de Paris,
30:51je ne suis quand même pas
30:51Maria Callas quand même,
30:53vous vous foutez de moi et tout. »
30:54Je lui ai dit
30:55« Non, non, non,
30:55je vous promets. »
30:56Et puis tout est arrivé,
30:58mais il n'y avait toujours pas eu
30:59l'Opéra de Paris,
31:01et un jour,
31:01quand Jacques Chirac
31:02est devenu Premier ministre,
31:05il a fait le Noël de Matignon,
31:09du personnel de Matignon
31:11à l'Opéra de Paris,
31:12et il a demandé à Chantal
31:14de venir faire son spectacle
31:16à l'Opéra de Paris
31:17pour les gens de Matignon.
31:20Oui, écoutez celle-là encore.
31:22Ça va être la première chanson,
31:31évidemment,
31:32il y aura tellement de succès,
31:33vous allez monter
31:34le soulier qui vole,
31:35personne n'y croit,
31:36vous allez faire un triomphe,
31:37vous allez faire des choses
31:38extraordinaires,
31:38bon, c'est une aventure
31:39extraordinaire.
31:40Bon, il y a des passages
31:41que vous racontez
31:43un peu dans ce livre,
31:44quand même.
31:45Bon, on ne va pas revenir
31:46sur cette émission de télévision
31:48dans laquelle Chantal
31:49a été, vous dites,
31:51par un animateur
31:52un peu scrupuleux,
31:54un agent qui l'a trahi
31:55et qui va...
31:56On vous enferme
31:57dans les coulisses
31:58avec une bouteille de whisky.
32:01Oui, mais...
32:01Parce que c'était...
32:03C'était la personne
32:06qui s'occupait d'elle.
32:07Ça s'appelait
32:07le jeu de la vérité.
32:09Oui.
32:09Et alors,
32:11il mourait d'envie
32:12de s'occuper
32:13donc de Patrick Sabatier,
32:15pour dire le nom.
32:16Je parle de l'agent de Chantal.
32:20Et puis,
32:21Sabatier, lui,
32:22voulait faire,
32:23comme on dit,
32:23un buzz
32:24parce qu'il avait...
32:26Il était en pourparler
32:27pour entrer
32:29sur la fameuse chaîne
32:30qui allait s'appeler
32:31La 5
32:31de Berlusconi.
32:33Et il avait demandé
32:34pas mal d'argent
32:35à Berlusconi
32:36pour quitter
32:37TF1,
32:39à l'époque,
32:40pour aller
32:41sur La 5.
32:42Mais pour aller
32:42sur La 5,
32:44Berlusconi lui avait dit
32:45je veux bien vous donner
32:46ce que vous me demandez
32:47mais prouvez-moi
32:48que vous faites de l'écoute.
32:50Donc,
32:50il fallait qu'il fasse
32:51un scandale
32:53ou un buzz
32:54pour faire l'écoute
32:55qui cherchait...
32:55Vous dites,
32:56elle a été piégée.
32:57Bah oui,
32:57c'est un piège.
32:58Et vous,
32:59on vous avait enfermé
33:00avec une bouteille de whisky.
33:01Ah, moi,
33:01il m'avait enfermé
33:02dans le sous-sol,
33:03dans une loge
33:03avec une bouteille de whisky
33:04et une bouteille de coca
33:06et fermé à clé,
33:08je ne pouvais plus sortir
33:09parce qu'il s'était dit
33:10le connaissant un peu
33:12puis comme il est un petit peu
33:13brut de décoffrage,
33:14il est capable
33:15de monter sur la scène
33:16et puis de se battre
33:19avec sa bâtiée.
33:20Et elle était tombée
33:20dans leurs mains.
33:21Oui,
33:22mais ce qui est incroyable,
33:23c'est qu'après,
33:25vous allez repartir
33:26et Chantal va
33:27ré-avoir du succès
33:29à l'international,
33:30à l'étranger.
33:31Oui, partout.
33:31Qui est fou,
33:32c'est qu'au fond,
33:32vous êtes débattants
33:33tous les deux.
33:34Oui,
33:34on avait été arrêtés
33:35cinq ans quand même.
33:36Oui.
33:37Oui,
33:37mais enfin bon,
33:38c'est des choses
33:39qui peuvent arriver.
33:40Oui.
33:41Aujourd'hui,
33:41je ne leur en veux plus,
33:42c'est fini,
33:43la colère est passée.
33:45Il y a un passage
33:46sur votre deux mois
33:47de prison,
33:47Jean-Jacques.
33:49Mais c'est drôle,
33:50au fond.
33:51Vous dites,
33:51c'était deux mois
33:52à la santé
33:52pour me refaire la santé.
33:54Vous allez un soir
33:56avec des intermittents
33:57du spectacle,
33:58boire et boire
33:59des bouteilles de rosé
34:00qui mieux mieux.
34:01Vous allez...
34:01Mais non,
34:02c'était pas pour boire.
34:02Vous allez emboutir
34:03l'arrière d'une voiture
34:04de police.
34:05Non,
34:05c'était pas pour boire
34:06tellement.
34:07C'était le rendez-vous,
34:09c'est une brasserie
34:10qui se trouve
34:11derrière le lion
34:12d'en faire Rochereau.
34:14Oui.
34:14Et puis,
34:15je vois des garçons
34:16qui arrivent en colère
34:17et puis ils me disent,
34:19vous êtes Jean-Jacques Debout ?
34:20Je leur dis oui.
34:22Alors,
34:22ils me disent,
34:23nous,
34:26on est des intermittents
34:27du spectacle,
34:28on va prendre la route,
34:30on part à Avignon
34:31pour arrêter
34:32le festival d'Avignon.
34:34Alors,
34:34je leur dis,
34:35écoutez,
34:36moi,
34:36si j'étais que vous,
34:37j'irais plutôt
34:38voir le ministre
34:39de la Culture
34:40pour lui expliquer...
34:41Vous bavardez longtemps
34:43et puis une bouteille,
34:44il y en a,
34:45tu n'en as.
34:45Ben voilà,
34:46puis comme le patron
34:46était gentil
34:48et c'était un copain,
34:49il nous ramenait
34:49des bouteilles,
34:50des bouteilles,
34:51des bouteilles de monce.
34:51Et puis en plus,
34:52vous aviez le 4x4,
34:54on va dire,
34:54de Chantal,
34:55vous connaissiez mal
34:56ce véhicule.
34:56Il avait des vitesses automatiques.
34:58Bon,
34:58ben enfin,
34:58vous vous retrouvez,
34:59vous rentrez dans une manuelle de police
35:01et puis c'est parti.
35:03C'est parti pour deux mois de prison.
35:04Avenue René Coty,
35:05il y a un quart de police,
35:08un panier à salade
35:09qui pile devant moi
35:10et là,
35:11j'avoue que je ne savais plus
35:13si j'allais en avant
35:14ou en arrière.
35:15Et je pile
35:16avec le frein,
35:18forcément,
35:19pour arrêter le 4x4
35:20mais le 4x4
35:21fait encore un dernier petit bond
35:22et là,
35:23il démolille
35:25l'arrière du quart de police.
35:26Alors,
35:26le patron de la prison
35:27vous dit,
35:28qu'est-ce qui vous arrive,
35:29monsieur Debout ?
35:30Vous avez de la chance.
35:31Il y a une cellule bien calme
35:32au fond
35:33qui vient de se libérer.
35:33On va vous mettre là.
35:35Et puis vous,
35:35vous vous mettez à lire
35:36des bouquins.
35:37Par contre,
35:38il vous dit,
35:38évitez de sortir
35:39parce que les autres prisonniers,
35:41quand ils vous voient,
35:41ils chantent.
35:42Ils chantent,
35:42c'est vrai ?
35:43Mais dès qu'il me voyait,
35:44il se mettait à chanter
35:45Le Lapin
35:46ou Bécacine,
35:48c'est ma cousine
35:48en arabe.
35:49Ah bon ?
35:50Il me disait,
35:50Bécacine,
35:52c'est ma cousine.
35:53Montre-toi,
35:54Debout,
35:54Debout.
35:55Alors,
35:55on m'avait demandé
35:56de ne pas me montrer
35:57parce qu'à la santé,
35:59il y a le même bâtiment
36:01devant vous
36:03avec les autres prisonniers
36:04qui chantaient
36:06chacun dans leur langue.
36:08Et alors,
36:09ça faisait un brouhaha terrible.
36:12Et au bout d'un moment,
36:13le directeur
36:15de l'étage
36:16où j'étais,
36:16j'étais au deuxième étage,
36:18m'avait demandé
36:18de ne plus paraître.
36:21Il y avait un VIP,
36:22c'était Alfred Sirven
36:23qui était à côté.
36:24Oui, c'était mon voisin.
36:25Dans l'affaire Elf,
36:27qui était votre voisin.
36:28Oui, c'était très gentil.
36:29Alors,
36:30il faisait pousser
36:31des oignons
36:32dans sa cellule
36:32et le soir,
36:34il me faisait porter
36:35une petite soupe,
36:36une petite soupe chinoise
36:37qu'il faisait
36:38avec ses oignons,
36:39avec des vrais oignons.
36:41Alors,
36:42je lui avais envoyé
36:43une carte
36:43pour le remercier
36:45de sa gentille intention.
36:48Et puis,
36:48je lui avais mis
36:49dorénavant
36:49ce quartier
36:50via IP.
36:51On pourrait l'appeler
36:52le plaza atténué.
36:55Et quand il est mort,
36:56sa femme m'a dit
36:56qu'il avait toujours
36:57gardé la carte
36:58à l'intérieur
36:59de son restaurant.
37:00Alors,
37:01vous ne voulez pas
37:01que Chantal
37:02vienne vous voir
37:03à la prison ?
37:04Ah ben non.
37:04Mais il paraît
37:05que sa réaction,
37:06c'était de dire
37:06au moins Jean-Jacques
37:07en prison,
37:08je sais au moins
37:08où il dort ce soir.
37:09Ben oui,
37:10elle disait parce que
37:10des fois,
37:11elle ne savait pas
37:12toujours où j'étais.
37:13Alors,
37:14elle disait au moins,
37:15là,
37:15je sais où il est,
37:16je sais où il est.
37:17Oui,
37:18ce qui est fou.
37:18j'ai des problèmes
37:20aussi avec mon avocat
37:21parce qu'il y a un livre
37:23que je voulais lire
37:24depuis longtemps
37:24qui s'appelait
37:25Voyage au bout
37:26de la nuit
37:26de Céline.
37:27Et je n'avais jamais
37:28le temps vraiment
37:29de le finir,
37:30ni de le commencer,
37:31ni de le terminer.
37:32Et là,
37:32pour une fois,
37:34la dame qui venait
37:36nous proposer des livres
37:37dans les cellules,
37:39elle l'avait.
37:40Alors,
37:40elle me l'avait amené
37:41et j'étais à la moitié
37:42du livre,
37:43mais je voulais le terminer.
37:44Vous vous dites,
37:44non,
37:45je veux rester encore
37:45en prison,
37:46je n'ai pas fini de lire.
37:46Ben voilà,
37:47alors,
37:48le maton m'avait dit
37:50vous allez aller voir
37:51le directeur,
37:52il est très en colère,
37:53vous allez vous expliquer
37:54avec lui,
37:54normalement,
37:55vous devez sortir
37:56demain matin
37:56à 7h.
37:58Alors,
37:58j'avais été le voir
37:59et je lui avais dit
38:00est-ce que vous ne pouvez
38:00pas me laisser 8 jours
38:01que je termine au moins
38:02voyage au bout de la nuit.
38:04Il m'a dit,
38:04vous ne vous foutez pas
38:05de moi, non ?
38:06Il m'a dit,
38:06vous savez que nous sommes
38:07voisins avec Sainte-Anne
38:08et si ça continue,
38:09je vais vous envoyer
38:10à Sainte-Anne.
38:11Dès que vous sortez,
38:12un qui vous a envoyé
38:13des messages sans arrêt,
38:14c'était Johnny.
38:15Et dès que vous sortez
38:15de prison,
38:16il organise une grande soirée
38:18et il adore que vous racontiez
38:20votre séjour à la prison.
38:21Alors ça,
38:22il est plié de rire.
38:25Parce qu'il avait le restaurant
38:27Le Balzac à l'époque
38:28et il avait préparé
38:30un déjeuner
38:31sachant que j'allais sortir.
38:33Et c'est Robert Ménard
38:34qui m'a amené,
38:35lui avec sa voiture
38:36et qui m'a emmené là-bas.
38:37Ce qui est fou,
38:38c'est quand même vous raconter,
38:39je ne sais que vous avez
38:40connu Jacques Mérine
38:41dans votre enfance
38:42et votre copain.
38:43Oui,
38:43je serais la messe
38:44avec lui au collège de Juillis.
38:46Jacques Mérine,
38:47l'ennemi public numéro un.
38:48Et alors qu'il est recherché
38:50par toutes les polices de France,
38:52vous,
38:52vous savez
38:53où il est caché
38:54au marché aux puces
38:55ou je ne sais où.
38:57Oui,
38:57il allait voir
38:57un marchand aux puces
39:00et je le voyais
39:02dans l'arrière-salle.
39:03Mais surtout,
39:05c'est quand Barbara
39:06m'a emmené chanter
39:07avec elle à Montréal,
39:08il a vu mon nom
39:10sur le parvis du théâtre,
39:12il a marqué Barbara
39:13et Jean-Jacques Debout.
39:15Et il a dit à son homme
39:16demain en passant en voiture,
39:18tiens,
39:18tu vois,
39:19c'est lui qui s'appelle Debout,
39:20c'était mon copain de collège,
39:22je servais la messe
39:23avec lui à Juillis,
39:24je m'emmerde tellement ici
39:25dans cette ville,
39:27tiens,
39:28on va l'enlever ce soir
39:30et j'ai envie de lui parler,
39:31j'ai envie de le voir
39:32et c'est comme ça
39:34qu'ils m'ont enlevé.
39:34– Et il vous a demandé
39:36si vous pouviez avoir
39:37des autographes.
39:38– Oui,
39:39enfin après…
39:41– Jacques Mérine,
39:42il voulait un autographe
39:43de Michel Drucker.
39:44– De Michel Drucker
39:45et de Michel Sardou.
39:46– Oui,
39:47c'était…
39:47– C'était ses deux idoles.
39:49– Oui,
39:49alors vous le faites
39:50rencontrer Johnny,
39:52ça c'est pas connu quand même,
39:54Johnny rencontre Mérine.
39:56– Parce que Johnny m'avait dit
39:57il a l'air drôle
39:58ton copain Mérine,
39:59alors je lui ai dit
39:59bah tu sais,
40:00il en a fait toutes les couleurs,
40:01je lui racontais ce qu'il faisait
40:03au collège de juillet
40:04quand il était gosse
40:05et ça faisait rire Johnny.
40:08Et puis un jour,
40:09bah je savais qu'à 5h,
40:11j'avais rendez-vous
40:12avec lui au puce
40:13chez un marchand
40:15et j'avais amené Johnny
40:18avec moi
40:18qu'il l'a rencontré.
40:20Alors là,
40:20il était devenu tourouquin,
40:21il avait une perruque rousse,
40:23il avait une barbe rousse.
40:26– Mais Johnny savait
40:27que c'était
40:27l'ennemi public numéro un ?
40:28– Bah oui,
40:29je l'avais prévenu.
40:29– Oui.
40:30– Ça lui plaisait,
40:32ça lui plaisait d'aller…
40:33– Lui,
40:33il était content
40:34de rencontrer Johnny.
40:36– Oui.
40:36– Du reste,
40:37il m'a envoyé des lettres après
40:39dans lesquelles
40:41il me mettait
40:42« Surtout,
40:43n'oublie pas
40:43d'embrasser Johnny,
40:45ton ami Johnny,
40:46de ma part,
40:48passe-lui
40:48la bise des voyous
40:49de ma part »
40:50et la dernière lettre
40:52qu'il m'a écrite,
40:53du reste,
40:53il m'a carrément prévenu
40:55que c'était la fin
40:56où il me met ainsi,
40:58tu vois,
40:59mon cher Jean-Jacques,
41:00tu as vécu
41:01une vie d'artiste
41:03accompagnée de 45 tours
41:06et moi de 6'35.
41:08Je t'envoie la bise
41:08des voyous,
41:09Jackie,
41:11peut-être là-haut,
41:12au ciel,
41:12je te reverrai,
41:13Jackie.
41:14– Oui.
41:14– Et ça a été
41:15sa dernière lettre
41:16et un mois après,
41:18je me trouvais à New York
41:19par hasard
41:19et je mettais la télévision
41:21puisque ça m'amusait
41:22de regarder la télévision.
41:24je me préparais
41:25pour aller à Broadway
41:26voir une comédie musicale
41:28et tout d'un coup,
41:29la télévision
41:29s'est mise à parler
41:31en français,
41:32chose qui arrive
41:33très rarement
41:34à New York
41:35et c'était pour annoncer
41:37que le GIGN
41:43venait d'abattre
41:44chaque mérine
41:45à la porte de
41:46« La porte de Clignancourt ».
41:49– Oui,
41:50on entend une chanson
41:50qui rappelle
41:51les émissions
41:52de Marietti
41:53et Gilbert Carpentier
41:54et dans ça,
41:55c'est Sylvie
41:56« Comme un garçon »
41:57vous lui écriez.
41:58– Ah oui.
41:59– C'est une chanson
41:59formidable.
42:00– C'est quand
42:01on était plus fâchés.
42:03Je l'écris
42:03« Comme un garçon ».
42:04– Écoutez quelques instants.
42:05– Pourtant
42:07je ne suis qu'une fille
42:12– Alors,
42:13vous rencontrez tout le monde,
42:15vous racontez aussi.
42:15– Tiens,
42:16Marlène Dietrich,
42:16c'est vrai qu'elle vous a dit
42:17« J'ai été l'amant
42:19du président
42:21des Etats-Unis
42:22et de son père ».
42:23– Elle m'a dit
42:23« J'ai été l'amant
42:24du père et du fils ».
42:25– Ah oui,
42:26donc de John Fitzgerald
42:27et de son père.
42:29– Oui, oui.
42:29Et moi je lui ai dit
42:30« Il aurait pu manquer aussi
42:31que vous soyez
42:32la maîtresse du Saint-Esprit »
42:33parce qu'on m'avait dit
42:34« Du père, du fils ».
42:35Alors je lui ai dit
42:36« Il ne manque plus
42:36que le Saint-Esprit ».
42:37– Alors là,
42:38dans ce livre
42:38on parle de Carlos,
42:39on parle de Joe Dassin,
42:40on parle des années
42:41Carpentier évidemment.
42:42– Bah oui.
42:42– Mais Barbara,
42:43tiens un mot,
42:44un jour Barbara et Johnny,
42:46ils s'entendaient bien,
42:46elles s'occupaient de lui.
42:47– Barbara était tombée
42:48folle amoureuse de Johnny.
42:50– Encore ?
42:50– Mais oui.
42:51Alors elle me disait
42:52« Mais où il est ce Johnny ? »
42:54Alors je lui disais
42:55« Mais il est dans le studio
42:56à côté rue des Dames,
42:58ça appartenait
42:59à la même maison de disques
43:00dans laquelle
43:01enregistrait Barbara ».
43:03Et alors j'avais été
43:05la chercher
43:05et puis elle s'était mise
43:08au piano
43:09et puis elle lui avait chanté
43:10« Les souvenirs d'enfance ».
43:12Et puis je le voyais
43:13et puis les souvenirs d'enfance,
43:15ça lui rappelait aussi
43:16un peu son enfance à lui.
43:18Et il était très très ému
43:20et à un moment,
43:22il a dit « Ça se fête ».
43:23Alors il avait fait amener
43:24du whisky avec du coca
43:27et tout
43:27et puis il n'arrêtait pas
43:29de lui demander
43:29qu'elle lui chante des chansons.
43:32Et puis à un moment,
43:34il lui dit
43:34« Est-ce que vous pouvez
43:37me chanter le nègre noir ? »
43:39Alors elle lui a dit
43:41« Johnny, je crois
43:42qu'il serait temps
43:42d'aller te coucher maintenant. »
43:46On préfère
43:47l'aigle noir, nous.
43:48C'est vrai que…
43:49Mais personnage
43:50que c'est cette Barbara.
43:51Elle était formidable.
43:52Vous êtes très proche d'elle.
43:54Ah bah oui,
43:54j'ai écrit six chansons
43:55avec elle.
43:57Et on a écrit ensemble
43:59une chanson
43:59pour Marlène Dietrich
44:01que Marlène a traduite
44:02elle-même en allemand
44:03et en anglais
44:04qui s'appelle
44:04« C'est trop tard ».
44:06Tiens,
44:07si on reparle
44:07une seconde
44:08de Joséphine Bakker,
44:08vous lui écrivez
44:09une chanson
44:09qu'elle devait chanter
44:10et elle est morte.
44:11Elle l'a chantée,
44:12elle l'a répétée.
44:14Elle l'a chantée
44:14deux soirs
44:15et elle devait
44:17l'enregistrer
44:18la semaine suivante
44:19et elle a fait
44:21un AVC
44:22et elle est morte
44:23avant de pouvoir
44:24l'enregistrer.
44:26Mais j'ai une bande
44:27où on l'entend
44:28chanter la chanson
44:29qui s'appelait
44:30« Au revoir
44:30mais pas adieu ».
44:31Oui,
44:31mais quand vous dites
44:32quand elle a été rentrée
44:33au Panthéon,
44:34vous dites
44:34« La France se moquait d'elle. »
44:36à ce moment-là.
44:36Vous êtes très mécontente
44:37de la façon dont la France
44:38a traité Joséphine Bakker.
44:40Oui,
44:40parce que quand elle avait
44:41les 1000 ans
44:42dès qu'elle avait adopté
44:43ses enfants,
44:46elle n'avait plus de quoi
44:48payer les loyers
44:49et elle a été virée
44:51avec les...
44:54La police,
44:55enfin la police,
44:56les gendarmes,
44:57les gendarmes du coin
44:59sont venus,
45:00ils l'ont tirée
45:00par les cheveux,
45:01elle était dans la cuisine,
45:04ils l'ont virée
45:04carrément,
45:05mise à la porte
45:06et j'ai trouvé
45:07qu'avec ce qu'elle avait fait
45:09pendant la guerre
45:10quand elle était entrée
45:12dans la défense
45:18de la France,
45:18enfin,
45:19elle a connu Jean Moulin,
45:21elle a connu tout ça
45:21et j'ai trouvé
45:23que la France,
45:24en souvenir
45:24de tout ce qu'elle avait fait,
45:25aurait pu quand même
45:26avoir un petit geste.
45:27un mot sur Bébel,
45:31Belmondo,
45:32vous racontez une bagarre
45:34avec Johnny,
45:34tiens encore,
45:35mais là,
45:35une vraie bagarre,
45:36non mais ils se battent au sang.
45:38Non,
45:38c'était l'ouverture
45:39du New Jimmy's,
45:40une boîte
45:41qui avait monté Régine,
45:43la plus jolie boîte
45:45de Régine,
45:46c'est le New Jimmy's.
45:47Et là,
45:49il y a
45:50Bébel,
45:52Belmondo
45:53est invitée,
45:54Régine avait invité
45:55toutes les personnalités
45:57qu'elle connaissait
45:58pour l'ouverture
45:59du New Jimmy's.
46:01Et puis,
46:01il y avait Johnny,
46:02évidemment.
46:03Et à un moment,
46:04Johnny est assis
46:05à côté de Belmondo
46:06et il dit,
46:07mais ça,
46:08c'est tout Johnny,
46:09il dit à Belmondo,
46:11dis-moi,
46:13dans les bagarres,
46:14j'ai vu tous tes films,
46:16mais dans les bagarres,
46:17tu te fais doubler
46:17dans les bagarres
46:18parce que le grand truc
46:19de Jean-Paul,
46:21c'était toujours de dire
46:21qu'il ne se faisait
46:22jamais doubler,
46:23même quand il sautait
46:24du ciel
46:24à accrocher
46:25à un hélicoptère.
46:27Et alors,
46:27il lui dit,
46:27tu te fais doubler ?
46:29Et Belmondo
46:31lui dit,
46:31ben non.
46:32Bon,
46:32puis ils avaient tous
46:33les deux
46:34un petit peu picolé
46:35quand même.
46:36Et puis,
46:37Belmondo,
46:37il lui dit,
46:38comment je me fais doubler ?
46:39Mais ça ne va pas,
46:40non ?
46:40Ben,
46:41sors dehors,
46:41tu vas voir
46:42si je me fais doubler.
46:43Et Johnny lui dit,
46:44chiche.
46:45Et puis,
46:45ils sont sortis tous les deux.
46:47Ils se sont arrachés
46:48les vêtements,
46:49les chemises,
46:49les trucs.
46:51Johnny lui avait griffé
46:52la joue.
46:53Ah ben,
46:53il saignait,
46:54vous racontez.
46:54Mais oui,
46:55mais non,
46:55non,
46:55non,
46:55il se battait par terre.
46:58Alors,
46:58il y avait Juliette Gréco,
46:59je me souviens.
47:00Il y avait François Sagan
47:01qui était dehors,
47:02qui criait au secours
47:03et tout.
47:04Ça a été terrible.
47:05Ah oui.
47:06Ils se sont bien battus
47:07pendant plus d'un quart d'heure.
47:08Qui avait le dessus ?
47:09Ben,
47:09elle faisait de la boxe.
47:11Qui avait le dessus ?
47:12Je ne peux pas dire.
47:13Je sais qu'à un moment,
47:15Johnny est tombé par terre.
47:16Bebel avait mis Johnny par terre.
47:19Mais Johnny avait réussi
47:20à lui attraper une jambe
47:21puis il l'a déstabilisé.
47:23Ce qui fait que Belmondo
47:24est tombé aussi en arrière.
47:26Bon,
47:27enfin,
47:27c'était terrible.
47:28Et puis,
47:28le videur de chez Régine
47:30est arrivé.
47:31Et puis là,
47:31il les a séparés
47:32tous les deux.
47:34Et puis,
47:34Bebel a pris un taxi.
47:37Il est rentré en taxi
47:37chez lui.
47:38Johnny aussi.
47:39De toute façon,
47:39ils n'avaient plus de vêtements.
47:41Oui.
47:42Oui,
47:42oui.
47:43Tout était déchiré.
47:44Tout était...
47:45Et alors,
47:45huit jours après,
47:46ils se sont réconciliés
47:47à la maison de l'Alsace
47:49où ils ont mangé
47:51pendant deux heures
47:52de la choucroute
47:53à n'en plus finir
47:53et à boire des bières
47:55à la maison de l'Alsace.
47:56Et ils y allaient régulièrement
47:57le dimanche soir
47:58et ils étaient devenus
47:59les deux meilleurs amis du monde.
48:01Quelle merveille
48:01que Belmondo
48:02Écoutez,
48:03redevient Virginie
48:03une de vos plus belles chansons,
48:05Jean-Jacques.
48:06Vous avez connu
48:06tout le monde.
48:08Vous buvez le thé
48:09dans son château
48:10avec Mick Jagger.
48:11Pour raconter ça.
48:12Oui, oui, mais c'est vrai.
48:12Buvez le thé.
48:13Oui.
48:14Il vous dit,
48:14tiens,
48:14il y a mon fils
48:15qui apprend le français
48:16en écoutant
48:17dans votre spectacle
48:20pour Chantal.
48:21Oui,
48:21Chantal lui avait fait cadeau
48:22d'une vidéo
48:24tournée au Palais des Congrès
48:26qui s'appelait
48:28Le mystérieux voyage
48:29de Marie-Rose.
48:30Et il voulait
48:33faire apprendre le français
48:35à son petit garçon
48:36qui a 4 ans
48:37et il lui a montré
48:38la vidéo
48:39et c'est comme ça
48:40que son petit garçon
48:41s'est mis à parler.
48:42Ah, vous buvez le thé
48:42avec Mick
48:43et vous dites,
48:44alors il a une vie
48:46très tranquille.
48:47Oui, il vit
48:48avec ses 3 jardiniers.
48:49Il ne pense qu'à planter
48:51des arbres
48:51et des fleurs.
48:54Il n'aime que les arbres,
48:55les fleurs.
48:56Il a aussi une salle
48:58de musculation
48:59où il danse
49:00et comme sa femme
49:02était danseuse étoile
49:04au ballet de New York,
49:06elle danse aussi
49:06et puis il se promène
49:09avec son fils.
49:10Alors là,
49:11il met une casquette
49:13avec des lunettes noires
49:14pour pas qu'on le reconnaisse
49:15trop dans Amboise.
49:18Il habite en Amboise
49:18en face du château d'Amboise.
49:19C'est fou.
49:20Ça, c'est des souvenirs
49:21formidables dans le bouquin.
49:23Michael Jackson,
49:25vous rencontrez
49:26de gamins
49:26à l'Olympia
49:28en Poulisse.
49:29Oui, quand il était enfant
49:30dans les Jackson 5
49:32avec ses frères et sœurs.
49:34T'es un gosse.
49:35Oui, je prenais
49:36dans mes bras
49:38et puis je le montais
49:40sur une table de bistrot
49:41et puis je lui disais
49:42fais-nous des claquettes,
49:43fais-nous des claquettes.
49:44Sylvie, elle l'adorait.
49:45Sylvie,
49:46dès qu'elle arrivait
49:47à l'Olympia,
49:48elle allait le voir jouer,
49:50le voir chanter
49:50parce qu'il était fascinant.
49:53Il nous fascinait.
49:54Et il faisait
49:55tout ce qu'on lui demandait.
49:56Et Ray Charles,
49:57grand copain avec vous.
49:58Oui, ben lui,
50:00il était avec une amie à moi,
50:02Anne Grégory.
50:04Et puis Anne savait
50:05que j'avais une admiration
50:07sans borne pour Ray Charles.
50:09Et puis il enregistrait
50:12près de Montmartre,
50:13dans un petit studio
50:14près de la butte Montmartre.
50:15et puis un jour,
50:18j'y avais été
50:18et puis il m'avait demandé
50:20de jouer du piano.
50:22C'était Anne
50:23qui lui avait dit
50:24que je composais des chansons
50:25et il voulait m'entendre
50:26jouer du piano.
50:28Et dès que je me suis mis
50:28à jouer du piano,
50:29il riait,
50:30il ne pouvait pas
50:32s'arrêter de rire.
50:33Et alors il disait
50:34« Ah ! »
50:35Et il m'avait surnommé
50:36le Français.
50:37Il disait que je jouais
50:38comme un Français,
50:39mais ça l'amusait.
50:40Il était content.
50:41Et puis alors là,
50:42il a commandé des pizzas,
50:43des trucs à côté.
50:44– Quel souvenir !
50:45Samy Davis Junior
50:46un jour sur la scène,
50:47il vous fait la surprise,
50:49il se met à chanter
50:49du Chantal Goya,
50:51« Pondy Panda ».
50:51– Oui,
50:52il était venu passer
50:53son anniversaire
50:54dans une maison
50:56qu'on avait rue du Bac.
50:57Il était venu
50:58avec son orchestre
50:59et puis Patrick Guéran Hermès
51:02qui était son grand copain
51:03et on avait fêté
51:06son anniversaire.
51:07Et là,
51:09il avait demandé à Chantal
51:10ce qu'elle faisait,
51:11ce qu'elle chantait.
51:12alors elle lui avait dit
51:13« Je chante ».
51:15Et puis elle lui avait passé
51:17un petit peu de la vidéo
51:18où on la voit
51:19dans « Pondy Panda ».
51:20Et puis il lui a fait
51:21repasser deux,
51:22trois fois la séquence
51:23de « Pondy Panda ».
51:25Et le lendemain,
51:26il chantait au Théâtre
51:27des Champs-Élysées
51:27pour l'UNICEF.
51:29Alors on était invités,
51:31on y va,
51:32on était au premier rang
51:33pour le regarder.
51:34Et à un moment,
51:35pendant qu'il chantait
51:36« New York, New York »,
51:37il fait arrêter
51:38tout l'orchestre
51:39et il fait « Pondy Panda »,
51:42« Petit ourson de Chine »,
51:43« Pondy Panda ».
51:45Et puis tout d'un coup,
51:46il reprend « New York, New York ».
51:48Le public se demandait
51:49ce qui se passait.
51:50Les gens comprenaient rien.
51:51– C'est fou.
51:51Alors Stevie Wonder,
51:52on ne va pas parler
51:53de tout le monde,
51:54mais vous les rencontrez tous.
51:55– Stevie Wonder, oui,
51:55je les rencontre
51:56parce que j'étais ami aussi
51:57avec son agent.
51:59Et quand j'ai fait
52:00un spectacle
52:00au Théâtre du Châtelet,
52:02il fallait que je trouve
52:03des acteurs à New York.
52:05J'ai été en chercher au Canada,
52:07j'ai été en chercher partout.
52:09Et il fallait passer
52:10des auditions à New York
52:12et je ne savais pas
52:12où m'adresser,
52:13je ne savais pas où aller.
52:15Et Stevie Wonder,
52:16gentiment,
52:17m'a dit d'appeler son agent.
52:18Et c'est là
52:19où il m'a trouvé
52:20une salle de répétition
52:22qui était
52:23la fameuse salle
52:24de l'Apollo
52:25où il y avait
52:26les plus grands concerts
52:27de rock à l'époque.
52:29Voilà, j'ai connu tout ça.
52:29– Qu'incroyable, tiens.
52:31Parce que dans tous
52:33ses souvenirs,
52:33évidemment, Jean-Jacques,
52:34il y a des anecdotes.
52:35Puis il y en a
52:36qu'on aime rappeler,
52:38c'est par exemple
52:38Mouloudji.
52:39Vous faites un très beau portrait
52:41de Marcel Mouloudji,
52:43oublié malheureusement
52:44un peu trop aujourd'hui,
52:45mais qui était
52:45un grand séducteur.
52:47Et alors,
52:48il vous demandait,
52:49vous alliez téléphoner
52:50à sa femme
52:51en imitant sa voix
52:53parce que M. Mouloudji
52:55avait rencontré une fille
52:57et ne voulait pas
52:57rentrer chez lui.
52:58– Voilà, il y avait
53:00une fille qui était
53:01un mannequin
53:02très, très joli,
53:03une très jolie rousse
53:04avec des taches
53:05de rousseur magnifiques
53:07qui étaient au Flore,
53:09au Café de Flore.
53:10Et Mouloudji aimait
53:11beaucoup aller se balader
53:12au Café de Flore
53:13où il rencontrait
53:14Roger Blain,
53:17Jean-Louis Barrault.
53:20Mouloudji avait commencé
53:22comme comédien.
53:24C'était avant tout
53:25un grand comédien.
53:26et puis,
53:28il avait effectivement
53:31beaucoup de charme
53:32et il y a des femmes
53:33qui succombaient
53:34à son charme.
53:36Et voilà pas
53:36que ce jour-là,
53:37je lui présente
53:38Avis Dickinson
53:39et il lui parle
53:42et je comprends très vite
53:45qu'il lui demande
53:46où elle dînait le soir
53:47et elle lui dit
53:49rien de spécial.
53:50Il lui dit
53:51si vous voulez,
53:52je vous invite.
53:53On peut dîner
53:54au petit Saint-Benoît
53:55en bas de la rue Saint-Benoît
53:56et puis on a été dîner
54:00en bas de la rue Saint-Benoît
54:01puis là,
54:02on est tombé
54:03sur des amis à lui
54:05et puis sur
54:07cette femme
54:09qui avait écrit
54:10l'amant.
54:11Sur Marguerite Duras.
54:12Mais oui,
54:13et Marguerite Duras,
54:14elle en pinçait
54:15pour Mouloudji.
54:16Ah oui,
54:16elle aussi.
54:17mais j'avais compris ça.
54:18Ah oui.
54:18Dès que je les ai vus,
54:20j'ai vu comment
54:21elle le regardait.
54:23Elle lui disait
54:23oh mon cher Mouloudji,
54:26j'ai un roman,
54:27vous seriez formidable
54:28dedans et tout.
54:30Alors il disait
54:30oh vous savez,
54:31je ne tourne plus beaucoup.
54:32puis les producteurs
54:35disent que je porte malheur
54:36dans les films
54:37alors on ne veut plus m'engager.
54:39Alors oh oui,
54:40mais il ne faut pas écouter
54:41les producteurs.
54:42Elle disait
54:42moi je vais vous engager,
54:44vous allez voir.
54:45Elle par contre,
54:46elle s'était...
54:48On voyait
54:50qu'elle ne voulait pas
54:51quitter Mouloudji
54:52comme ça.
54:53Et puis il me dit
54:55est-ce que tu peux
54:55prévenir ma femme Lola ?
54:58On va dîner ensemble
54:59avec le mannequin
55:01et Marguerite Dura.
55:03Il voulait rester
55:03au petit Saint-Benoît.
55:04Il ne voulait pas rompre
55:06l'ambiance de la soirée.
55:08Comment vous avez fait alors ?
55:09Parce qu'il allait l'imiter Mouloudji.
55:11Alors j'avais son téléphone
55:12et j'ai appelé Lola,
55:13sa femme.
55:14Et alors je lui ai dit
55:15allô Lola,
55:17c'est Mouloud.
55:18Alors écoutez,
55:20j'ai rencontré un copain.
55:23Je vais dîner en bas
55:25avec lui.
55:26Parce que quand il parlait,
55:27il chantait en même temps.
55:28Il chantait.
55:30Il chantait comme ça.
55:31Oui, oui.
55:31Même quand il jouait
55:32avec le Mouloudji,
55:33il a joué comme ça.
55:33L'amour, l'amour.
55:35C'est ça.
55:37Et Lola lui dit
55:39à un moment,
55:40elle dit
55:40bon bah écoute,
55:42je connais Roger Blain,
55:44il va te faire rentrer
55:45à pas d'heure.
55:47Bon bah alors,
55:48écoute, à ce soir,
55:49mais t'as,
55:49je ne vais pas rentrer trop tard.
55:50Puis elle a raccroché.
55:51Moi je suis redescendu,
55:52je lui ai dit
55:53écoute, j'ai eu Lola.
55:54bah elle a cru
55:57que c'était toi
55:58et elle a dit
55:58qu'il ne fallait pas
55:59rentrer trop tard
56:00et ne pas te laisser embarquer
56:03par Roger Blain.
56:04Que de souvenirs
56:06dans ce bouquin.
56:07Vous allez vous régaler
56:08à tout ça.
56:09Il y en a encore
56:09plein, plein.
56:10On ne peut pas tous
56:10les raconter.
56:11Tiens, une histoire
56:12avec Rubinstein,
56:14l'immense pianiste.
56:15Vous allez vous marrer.
56:18Qui est absolument étonnant.
56:20Qui est quand même dingue
56:21parce que quand on revient
56:22à ce qu'on disait au début,
56:23vous n'êtes pas mécontent
56:25d'avoir pleuré
56:26à votre naissance
56:27pour avoir vécu
56:27tout ça derrière.
56:28Jean-Jacques.
56:29Ah non.
56:29La vie a été...
56:31Ben, la vie n'a pas toujours
56:33été drôle
56:34comme pour tout le monde
56:35mais j'avoue
56:37qu'elle m'a fait vivre
56:39des moments inoubliables
56:41qui sont dans le livre.
56:43Oui.
56:43Tiens, on va se finir
56:45avec un truc
56:45complètement inattendu.
56:47Captain Flamme.
56:48Alors, vous racontez
56:49que quand vous enregistrez
56:50ce générique,
56:52eh bien, il y a un chien
56:53dans le studio.
56:54Oui.
56:54C'est fou, ça ?
56:55C'est-à-dire,
56:56il y avait un chanteur
56:56qui s'appelait Richard Simon
56:58et ce Richard Simon
57:00était surtout
57:01quelqu'un
57:01qui fait...
57:03qui était choriste
57:04et il avait un chien
57:06mais le chien
57:08ne voulait jamais
57:09le quitter
57:09et j'avais choisi
57:12Richard Simon
57:13pour chanter
57:13la chanson
57:14et pendant
57:16qu'il chantait,
57:18on entendait
57:19boum,
57:20boum,
57:21boum.
57:22C'est-à-dire,
57:22le chien faisait des bombes
57:23pendant qu'il chantait
57:24Capitaine Flamme,
57:26on l'enregistrait
57:26et le chien
57:29cognait son museau
57:30dans le micro.
57:31Alors, à chaque fois,
57:32ça faisait
57:32boum,
57:33boum.
57:34Alors,
57:35l'ingénieur du son,
57:36il me dit
57:37mais comment on va faire,
57:37comment on va faire ?
57:38Mais je lui ai dit
57:39on va mettre du synthétiseur
57:40comme si le Capitaine Flamme
57:42tirait des coups
57:43de revolver au moment
57:43où ça fait boum
57:44et c'est ce qui a donné
57:46tout le chic
57:47à la chanson.
57:48C'est ce que les gosses
57:49aimaient beaucoup.
57:49Ça dépendait d'un chien.
57:51Oui.
57:51Jean-Jacques.
57:51Ça a été ça.
57:53Une aventure
57:54que la vie
57:54de Jean-Jacques Debout.
57:56La couleur des fantômes
57:57publiée chez Talent Édition.
58:00Merci beaucoup,
58:01beaucoup,
58:01beaucoup,
58:02Jean-Jacques.
58:02Il faut se précipiter là-dessus.
58:03Capitaine Flamme
58:04nous attend.
58:05C'est ça,
58:06votre vie ?
58:06Oui.
58:07L'aventurier,
58:07aventurier.
58:08Tiens,
58:08vous êtes un aventurier.
58:10Ah,
58:10c'est ce que disait Charles Trenet.
58:11Ah oui,
58:12disait ça de vous.
58:12Non,
58:13il m'appelait
58:13le bourlingueur des étoiles.
58:14Oui,
58:15le bourlingueur des étoiles.
58:16Oui,
58:17parce que j'avais écrit
58:17une chanson
58:18qui s'appelait
58:19le bourlingueur des étoiles.
58:21Alors,
58:21il m'avait dit
58:21le bourlingueur des étoiles.
58:22Alors,
58:23des fois,
58:23il m'appelait
58:23et il me disait
58:24mais qu'est-ce que tu fais ?
58:25Où es-tu ?
58:26Alors,
58:26je lui disais
58:27mais je chante,
58:28je chantais dans un cabaret
58:30ce soir.
58:31Il me dit
58:31mais non,
58:32mais non,
58:32rejoins-moi
58:33chez Lippe.
58:35Viens chez Lippe
58:36pour,
58:36on va dire,
58:37des bêtises.
58:38Ça va être plus drôle
58:39que d'aller dans ton cabaret
58:40où tu chantes.
58:41Dis-leur
58:42que tu iras demain
58:43et puis,
58:44parce que lui,
58:45il était un peu
58:46aussi dans les étoiles
58:47de Charles.
58:48Oui.
58:49Et puis,
58:50je le rejoignais finalement.
58:52Je me suis fait mal voir
58:53à un moment
58:54dans un cabaret
58:56parce que finalement,
58:57ils avaient appris
58:58que je leur disais
58:59que j'étais malade
59:00et en réalité,
59:00j'allais rejoindre
59:02Charles Trenet
59:02pour dîner chez Lippe
59:04avec lui
59:04pour justement
59:05dire des bêtises.
59:06Bourlingueur des étoiles.
59:08Merci Jean-Jacques.
59:09Merci à vous.
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