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  • il y a 1 jour
Olivier Andriès, directeur général et administrateur de Safran, était l'invité de Laure Closier dans Good Morning Business, ce jeudi 16 octobre. Ils sont notamment revenus sur le choix de Safran d'investir au Maroc et sur le budget 2026, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:007h44 sur BFM Business et sur AMC Live. Notre invité ce matin c'est Olivier Andriès.
00:04Bonjour, vous êtes le directeur général et administrateur de Safran.
00:06Vous êtes aussi président du JIFAS, le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales,
00:11depuis juillet 2025. Vous avez annoncé lundi un investissement de 350 millions d'euros au Maroc,
00:18120 millions pour la création d'une usine de maintenance et 200 millions d'euros
00:22pour la création d'une unité d'assemblage finale des fameux moteurs d'avion LIP.
00:26Pourquoi ce choix du Maroc ? Est-ce qu'il y a une résonance avec la France ? Est-ce que vous y étiez mieux accueilli ?
00:33Alors le Maroc est un pays absolument stratégique pour Safran. Nous y sommes depuis 25 ans.
00:39Nous avons développé progressivement nos activités au Maroc depuis 25 ans.
00:44Aujourd'hui nous avons 5000 salariés au Maroc. Nous avons des talents extraordinaires au Maroc.
00:50un personnel qui est absolument engagé, enthousiaste, au meilleur niveau de performance opérationnelle.
00:59Et nous sommes très bien accueillis au Maroc. Alors effectivement, c'est poser la question pour nous
01:03d'augmenter notre capacité d'assemblage de moteurs d'avion dans un contexte où effectivement
01:10nos clients avionneurs sont en train de monter en cadence. Airbus, mais également Boeing que nous servons.
01:15Et donc dans ce cadre-là, nous devions investir aussi dans de nouvelles capacités d'assemblage de moteurs.
01:23Et nous avons une stratégie depuis quelques années de résilience.
01:26C'est-à-dire que nous ne souhaitons pas, au niveau de notre chaîne d'approvisionnement,
01:31être dépendants d'une source unique ou de points de défaillance uniques.
01:37Donc nous avons une stratégie d'avoir au minimum des doubles sources pour l'ensemble de nos activités.
01:42On l'a fait dans le domaine des nacelles d'avion, où nous avons deux sites qui fabriquent les nacelles d'avion
01:50des Airbus A320 Néo. Nous avons le site du Havre en France et nous avons le site de Casablanca au Maroc
01:56qui est monté en puissance très fort et qui a une performance extraordinaire.
02:00Et donc, nous avons décidé de faire la même chose sur l'assemblage des moteurs.
02:05On devait investir. On avait le choix entre investir, continuer d'investir et d'étendre nos activités sur le site de Villaroche
02:14ou bien d'investir en dehors de France sur un autre site.
02:17Et on a décidé de le faire hors de France, hors de France donc au Maroc, pour avoir effectivement cette double source.
02:26C'est très important ce que vous nous dites. Ce sont des sortes d'usines jumelles.
02:29Au cas où, en France, c'est trop compliqué de produire, vous seriez empêché dans votre gestion du risque.
02:35Ça dépend que de la France.
02:37Gestion du risque, nous avons pris une décision au niveau mondial sur l'ensemble de notre chaîne d'approvisionnement.
02:43Et c'est vrai également de nos activités.
02:44De ne pas, unique, pas confier à des aléas un peu hors de notre contrôle
02:48qui nous amèneraient à nous empêcher de livrer à nos clients.
02:52Et de quoi vous avez peur en France ? C'est quoi l'aléa en France ?
02:56C'est une politique générale. C'est une politique générale qui s'applique également à la France.
03:02Alors le Maroc était un choix évident parce que le Maroc est un pays qui est plein de talents,
03:08qui est en pleine dynamique.
03:10Sous l'impulsion du roi, il y a une vraie dynamique industrielle.
03:13Il y a des infrastructures qui sont très modernes.
03:16Il y a des talents, des écoles d'ingénieurs qui sont formidables.
03:19Et puis, il y a un environnement macroéconomique stable.
03:23Donc le Maroc était un choix évident pour nous.
03:26Nous avons 5000 personnes aujourd'hui.
03:27Nous allons encore recruter 2000 personnes dans les 5 ans qui viennent au Maroc.
03:32L'accueil, c'est très important pour vous.
03:34C'est très accueil.
03:34Mais oui, vous aviez fait la une quand vous aviez parlé des mairies écolo
03:37dans lesquelles vous ne vouliez pas vous implanter justement
03:40parce que vous étiez en partie mal accueillis.
03:43C'est fondamental ?
03:44C'est-à-dire qu'il faut une véritable politique d'attractivité ?
03:47Ça fonctionne pour vous faire venir et que vous faites des choix clairement en lien avec ça ?
03:50On fait des choix en fonction des conditions d'accueil, effectivement, des talents, des infrastructures, etc.
03:57Donc c'est un choix global qui est totalement objectif, évidemment,
04:01et qui nous amène régulièrement à investir en France,
04:05comme on a pris ces décisions il y a encore quelques temps,
04:08notamment pour la quatrième usine de freins carbone que nous avons décidé de faire en France.
04:12Vous investissez toujours en France ?
04:14Bien sûr, mais nous prenons aussi des décisions d'investir hors de France.
04:17Alors aujourd'hui, dans la politique globale d'accueil de la France,
04:20il y a 10 milliards d'impôts supplémentaires selon le MEDEF
04:22qui vont arriver dans le budget de 2026.
04:24Un obus dans le pied selon Patrick Martin.
04:27Comment vous regardez aujourd'hui ces débats budgétaires pour 2026
04:31à l'Assemblée nationale et avec nos politiciens de manière générale ?
04:34Alors globalement, on a tendance à oublier en France,
04:37on a tendance à oublier qu'avant de redistribuer, je dirais, la valeur,
04:43il s'agit d'abord de la créer.
04:45Et donc il y a un véritable objectif
04:48qu'un certain nombre de pays dans le monde,
04:50d'ailleurs la plupart des pays dans le monde ont parfaitement compris,
04:52qui est d'avoir une politique accueillante vis-à-vis des investisseurs
04:56qui créent de la valeur.
04:58Et donc il ne faut jamais l'oublier,
04:59parce qu'avant, encore une fois, de redistribuer,
05:01il faut d'abord veiller à avoir une politique
05:04qui consiste à, comment dire, favoriser la création de valeurs.
05:09Et la France a tendance un peu ces derniers temps
05:11à oublier ça et à vivre un peu dans une bulle.
05:14Donc c'est un peu triste à voir,
05:16d'avoir un personnel politique qui est plus préoccupé
05:18de sa survie à court terme que de l'intérêt profond du pays.
05:21Mais concrètement, pour une entreprise comme Safran,
05:23quand on rogne sur l'apprentissage,
05:25quand on remet un petit coup de surtaxe d'IS,
05:30quand on revient sur les baisses des aides, entre guillemets,
05:33aux entreprises, qu'est-ce que ça a comme conséquence directement pour vous ?
05:37Ça impacte négativement l'attractivité de la France
05:40pour un investisseur, qu'il soit non français ou qu'il soit français.
05:45Sur la politique commerciale, Donald Trump a redit,
05:48nous sommes en guerre commerciale, l'a redit cette nuit,
05:50vous vous êtes plutôt préservé parce que vous êtes dans l'aéronautique
05:53et donc vous n'êtes pas directement touché par les droits de douane au quotidien.
05:58Qu'est-ce que ça change quand même dans votre activité aujourd'hui ?
06:01Alors les tarifs et l'arrivée des tarifs nous amènent effectivement
06:04à revoir complètement l'organisation de nos flux de pièces
06:09et de marchandises à travers le monde et de les optimiser.
06:12Donc nous sommes, et c'est vrai de l'ensemble des entreprises,
06:15on est tous devenus des experts des douanes
06:18et de la manière d'optimiser nos flux.
06:21Alors on a, quelque part, on a de la chance,
06:25c'est pas que de la chance, mais effectivement,
06:27l'aéronautique bénéficie d'une exemption.
06:30Alors pourquoi ? C'est pas un cadeau.
06:32C'est tout simplement que les États-Unis et l'administration Trump
06:37ont compris que ça servait leurs besoins au fond
06:39et que l'industrie aéronautique américaine
06:42est fortement dépendante également de composants,
06:46de pièces, d'équipements qui viennent d'Europe.
06:49Donc les flux transatlantiques dans l'aéronautique
06:51sont très importants, sont significatifs
06:53et l'intérêt bien compris de l'industrie nord-américaine aéronautique
06:58et l'industrie européenne aéronautique
07:00était de conserver cet accord qui date de 1979,
07:05d'éviter des droits de douane entre l'Union européenne et l'aéronautique.
07:08Mais qu'est-ce que vous avez réorganisé du coup ?
07:10Quand vous dites qu'on a réorganisé les flux,
07:13qu'est-ce que ça a changé ?
07:14Par exemple, typiquement, dans certains cas,
07:18nos pièces fabriquées dans un pays donné,
07:22à destination d'une compagnie aérienne hors des États-Unis,
07:25donc dans un autre pays,
07:26passées de temps en temps par les États-Unis
07:28avant d'être redispatchées auprès des compagnies aériennes.
07:31Donc par exemple, nous envoyons des pièces de rechange
07:36vers les États-Unis pour qu'ensuite se soient dispatchées
07:40sur l'ensemble du continent nord-américain ou sud-américain.
07:43Donc là, on se dit que ce n'est pas la peine de passer par les États-Unis
07:46pour ce genre de logistique.
07:49Autant envoyer les pièces directement.
07:50Dans une demi-heure, on recevra Voltaéro.
07:52Ils essayent de réfléchir à l'avenir de l'aérien.
07:55Ils veulent créer un avion électrique notamment.
07:58Il y avait des tests qui étaient prévus.
07:59Ils voulaient doter leurs avions des futurs moteurs hybrides de chez vous, Safran.
08:03Ils sont en redressement judiciaire à cause notamment de leur actionnaire.
08:07Il nous expliquera ça tout à l'heure.
08:09Le patron Voltaéro, il dit que les industriels français ne nous suivent pas.
08:12On n'aime pas l'industrie en France.
08:14Il est un peu dans un compte à rebours très important.
08:17Il a deux mois pour trouver 2 millions d'euros.
08:19Qu'est-ce que vous lui dites ?
08:21Est-ce que ça vous touche ?
08:23Est-ce que vous avez envie d'investir dans ce type de projet ?
08:27Alors bien sûr, ça nous touche.
08:30Nous avons des contacts avec Voltaéro.
08:32Il y a beaucoup de projets dans le domaine de ce qu'on appelle
08:35les nouvelles mobilités aériennes.
08:37Il y a des centaines de projets de par le monde.
08:40Donc dans cette multitude de projets, il y a des projets qui iront jusqu'au bout
08:44et qui réussiront et d'autres projets qui malheureusement n'iront pas jusqu'au bout.
08:49Nous, nous avons développé effectivement un moteur électrique
08:52qui est le premier moteur électrique certifié dans l'aéronautique.
08:57Donc beaucoup d'entreprises et de start-up nous appellent pour équiper
09:02leur projet de plateforme de nos moteurs électriques.
09:05Évidemment, ce n'est pas notre vocation d'investir dans cette multitude de projets
09:10partout dans le monde.
09:12Donc on est très sollicité au niveau de nos équipements.
09:14Ça ne fait pas de nous un investisseur dans l'ensemble de ces différents projets.
09:18Dernier point sur Martin Sion qui part chez Alstom
09:22après avoir remis au carré, si on peut dire, Ariane Group,
09:25co-entreprise de Safran et d'Airbus.
09:28C'est quoi le bilan de Martin Sion chez Ariane Group ?
09:32C'est un très bon bilan. Martin est une personne qui est arrivée chez Ariane Group
09:38il y a deux ans maintenant, plus de deux ans, dans un moment qui a été difficile.
09:43Il fallait réussir le premier vol d'Ariane 6 qui a été fait en 2024.
09:51C'était l'an passé, donc premier vol réussi, puis deux vols commerciaux qui ont été réussis.
09:56Donc Martin a un très bon bilan sur Ariane Group.
09:59C'est une personne qui avait une connaissance profonde de l'industrie spatiale.
10:04Il avait, comme on dit, un background important dans ce domaine.
10:08Il a effectivement été formé à l'école Safran en management.
10:12Le fait qu'on exporte certains de nos cadres est plutôt...
10:16Ça arrive assez souvent.
10:17...une bonne reconnaissance de la formation qu'on peut avoir chez Safran.
10:23Vous avez un nom de successeur ou pas aujourd'hui ?
10:26On y travaille avec Airbus, c'est une question d'actualité.
10:30De chez Safran peut-être, puisque vous êtes...
10:32De chez Safran et Airbus, puisque c'est une filiale commune entre Airbus et Safran,
10:36c'est une décision que nous allons prendre conjointement avec Guillaume Fauri,
10:41le président directeur général d'Airbus.
10:43Merci beaucoup, Olivier Andréa, d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.

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