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  • il y a 9 minutes
Pour leur survie, Juan Pablo Escobar et sa famille se retrouvent obligés de changer d’identité. N’étant plus les bienvenues dans leur pays natal, ils quittent la Colombie. Nouvelles identités, nouveaux pays, les milliardaires se retrouvent appauvris.

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📚
Éducation
Transcription
00:00A 4 ans, papa m'a offert ma première moto.
00:14A 11 ans, j'en avais déjà 27.
00:18Que 27.
00:23Mon père était l'un des hommes les plus riches de la planète.
00:25Il s'en occupait bien, jouait avec lui.
00:32C'était un papa normal, un papa aimant.
00:36Juan Pablo était un enfant qui ne portait pas deux fois les mêmes vêtements.
00:40Il portait chaque jour une montre différente.
00:44Comme on dit aujourd'hui, c'était un enfant roi.
00:49Mon père était le chef de la plus grande organisation criminelle de l'histoire.
00:59Je m'appelle Juan Pablo.
01:01Je suis le fils de Pablo Escobar.
01:04Cette phrase, je ne l'ai jamais dite à personne.
01:07Il faut que vous le sachiez.
01:08Héritier de Pablo Escobar.
01:15Quelle est la vie du fils du plus grand narcotrafiquant de l'histoire ?
01:19Quand tu nais Escobar, tu n'as droit ni au bonheur, ni à la tranquillité.
01:25Comment grandit-on au cœur de l'Empire Escobar ?
01:29Ce gamin n'a pas eu d'enfance.
01:32Dès son plus jeune âge, ce gamin a grandi entouré de mitraillettes,
01:36de cocaïne, de prostituées,
01:39de sacs pleins de billets, de millions de dollars,
01:42d'avions, de bateaux, de voitures de luxe.
01:45Une enfance de riches, bouleversée à l'âge de 16 ans par la mort de son père.
01:50L'information du jour, la mort du narcotrafiquant Pablo Escobar.
01:54Le 2 décembre 1993 est un jour très triste pour notre famille.
02:02Menacée de mort.
02:04Toutes les armes de la Colombie étaient pointées sur moi.
02:07Trahison, exil.
02:09Comment Juan Pablo Escobar et sa famille vont connaître la descente aux enfers ?
02:13Passer de riche à pauvre en un instant,
02:16personne ne s'y est jamais préparé.
02:18Nous devions quitter le pays d'une manière ou d'une autre.
02:24On allait d'une cachette à l'autre.
02:27Des témoignages exclusifs.
02:29Famille, garde du corps, repenti,
02:33jusqu'au rivau historique de Pablo Escobar.
02:37Mon père était l'ennemi juré de son père.
02:39Secret de famille, révélation.
02:43Il est clair que mon père voulait se suicider.
02:45J'ai beaucoup de preuves.
02:46Archives familiales inédites.
02:54Documents historiques.
02:56Voici l'histoire de Juan Pablo Escobar.
03:06C'est un héritage qu'on ne souhaite à personne.
03:08Le destin incroyable de l'héritier du plus grand baron de la drogue.
03:28Mon père était six pieds sous terre.
03:30On avait très peur.
03:35C'est à ce moment-là que les choses sont devenues terribles.
03:41Tout le monde voulait que l'on règle ses dettes.
03:43Tout le monde exigeait quelque chose.
03:46La famille Escobar a dû donner un bon paquet de millions de dollars.
03:49Victoria a dû aller à Cali pour rencontrer les chefs du cartel.
03:59J'ai passé des heures à pleurer sur la route en me rendant à ces réunions.
04:06J'étais convaincu que je ne reviendrai pas en vie chez moi.
04:08Depuis la mort de Pablo Escobar,
04:30les réunions s'enchaînent entre la mère de Juan Pablo et les ennemis de son père.
04:34Les chefs du cartel de Cali exigent d'être dédommagés financièrement.
04:40Mais ils veulent avant tout la tête de Juan Pablo,
04:43fils héritier de leur grand rival.
04:47La dernière réunion qu'on a faite avec les cartels
04:51pour parler du sort de Juan Pablo
04:53a été particulièrement traumatisante.
04:58Je savais que la mort m'attendait.
05:00J'étais venu dans cette ville pour une seule chose.
05:05J'étais décidé à mourir,
05:07à mettre un point final à ma vie,
05:09à 16 ans.
05:12Quand ils sont partis pour Cali,
05:15moi, je n'y suis pas allée.
05:18Je me souviens qu'il m'a laissé un testament.
05:22On savait que les membres du cartel de Cali
05:25jetaient leurs victimes dans des broyeurs à canne à sucre.
05:27Ça, c'est le bâtiment où j'ai dû venir négocier ma vie.
05:49On a pris l'ascenseur.
05:51Quand les portes se sont ouvertes,
05:58au quatrième ou cinquième étage,
06:02dans un profond silence,
06:05il n'y avait Pacho Herrera,
06:08Miguel Rodriguez en Réjuela,
06:12Tchépé Santa Cruz, Londoneo,
06:14trois des quatre grands chefs du cartel de Cali.
06:17Quand Juan Pablo Escobar se rend à Cali
06:20devant les chefs du cartel,
06:22il a tout juste 17 ans.
06:28Comment ça va, mon ami ?
06:29Très bien, et toi ?
06:31Trois décennies plus tard,
06:35il y retourne pour un rendez-vous
06:36qu'il n'aurait jamais imaginé.
06:38Comment tu vas ?
06:45Bien.
06:46Et ta mère ?
06:46Grâce à Dieu, il te va bien.
06:49Mon nom est Miguel Andrés Rodriguez Moreno,
06:52je suis le fils de Miguel Rodriguez-Réjuela,
06:54le chef du cartel de Cali
06:55dans les années 80-90.
06:58Mon père a été l'ennemi numéro un
07:00de son père,
07:01Pablo Escobar.
07:03La vérité, c'est qu'à chaque fois
07:09que je viens à Cali,
07:12je repense à cette réunion
07:13que j'ai eue avec ton père,
07:15avec Pacho Herrera
07:16et Tchépé Santa Cruz.
07:17Dans le salon à gauche,
07:37il y avait ma grand-mère,
07:38mes tantes
07:38et mon cousin Nicolas.
07:44Ils semblaient à l'aise
07:45comme s'ils appartenaient
07:46au cartel de Cali.
07:48Sereins.
07:49Ils souriaient
07:49comme s'ils étaient chez eux.
07:53J'ai su que la famille
07:55de mon père
07:55s'était alliée à ta famille
07:57quand je suis arrivé
07:59à cette réunion
07:59et je les ai tous retrouvés
08:02dans l'appartement.
08:05Je me suis dit
08:05c'est pas possible.
08:06Ma grand-mère a livré mon père.
08:08Je n'en croyais pas, messieurs.
08:11La trahison est totale
08:13pour Juan Pablo Escobar.
08:14Depuis la mort de son père,
08:17deux clans s'affrontent
08:18dans la famille.
08:20D'un côté,
08:21sa grand-mère,
08:21Hermilda,
08:23la mère de son père.
08:25De l'autre,
08:25sa mère, Victoria.
08:27Mais ce que Juan Pablo
08:28n'aurait jamais pu imaginer,
08:30c'est que sa grand-mère
08:31a rejoint le camp
08:32des ennemis jurés
08:33de son père,
08:34le cartel de Cali.
08:36Elle est prête
08:36à sacrifier Juan Pablo,
08:38son propre petit-fils,
08:40pour de l'argent.
08:40On a su pendant cette réunion
08:46qu'il y avait d'autres ennemis
08:47à rajouter à la liste
08:49des ennemis de mon père,
08:50ma propre famille.
08:51C'est Pacho Herrera
09:00qui a commencé la réunion
09:02en déclarant
09:02« Nous sommes ici
09:05pour parler des biens
09:06de Pablo Escobar. »
09:10Tout le cartel de Cali
09:12était assis dans les fauteuils,
09:13en face.
09:15De notre côté,
09:16nous étions trois.
09:19Ma mère,
09:20notre avocat
09:21et moi.
09:25On lui disait
09:26« Votre père est un assassin.
09:28Votre père a menacé
09:29nos familles.
09:31Nous avons le droit
09:32à un dédommagement
09:33pour cette guerre
09:34qui nous a coûté
09:35beaucoup d'argent. »
09:36La famille Escobar
09:38a dû donner
09:38un bon paquet
09:39de millions de dollars.
09:40Beaucoup de propriétés
09:42pour, en contrepartie,
09:44ne pas être assassinés.
09:46C'est le prix
09:47qu'ont dû payer
09:47Escobar et sa famille
09:48à leurs ennemis
09:49pour avoir la vie sauve.
09:56Ma mère parlementaire,
09:59l'avocat parlementaire,
10:00et moi,
10:01je ne disais rien.
10:03Je me souviens
10:03que je suis resté comme ça,
10:05tout le temps,
10:06dans cette position.
10:07Parce que je savais
10:08que dans cette réunion,
10:09je ne pouvais rien dire,
10:10que je devais me taire.
10:14Sans hésiter une seconde,
10:16ma grand-mère Hermilda
10:16a dit à Miguel
10:17qu'elle voulait
10:18toutes les propriétés.
10:20Comme si elle lui disait,
10:22« Avant de le tuer,
10:23prenez-lui ses biens. »
10:25Cette réunion a été écœurante,
10:40mais pas à cause
10:40des gens du cartel de Cali,
10:41à cause de ma propre famille,
10:44qui était là
10:44pour demander nos têtes.
10:45« Je dois dire
10:53que c'est ton père
10:54qui nous a défendu
10:55des griffes
10:55de ma propre famille,
10:57celle de ma grand-mère
10:58et de mes oncles présents.
11:01Je pense qu'il a dû avoir
11:03la nausée
11:04en voyant
11:05quelles étaient
11:05les relations
11:06au sein de la famille Escobar. »
11:08La réunion a duré
11:18environ une heure et demie,
11:20deux heures.
11:26Ils lui ont dit
11:27« Approchez, jeune homme,
11:29on va vous écouter. »
11:31Et Juan Pablo a parlé
11:32de ses intentions,
11:34de son engagement.
11:36Il voulait seulement
11:37nous protéger.
11:38nous offrir
11:39une vie digne
11:40et pouvoir rester
11:41à nos côtés.
11:45À un moment donné,
11:48Don Chepe m'a dit
11:49« Mon garçon,
11:51ne t'inquiète pas.
11:51Il ne t'arrivera rien
11:53si tu ne te mêles pas
11:54du traqueteo. »
11:56C'est comme ça
11:56qu'on appelle
11:56le trafic de drogue
11:57ici en Colombie.
12:04J'étais tellement
12:05dans une situation extrême
12:07que j'en suis arrivé
12:07à leur dire
12:08« Aidez-nous.
12:10Je ne sais pas
12:10combien d'avions
12:11vous sortez d'ici
12:12chargés de cocaïne.
12:13Je pèse 100 kilos.
12:15Mettez-moi à la place
12:15de 100 kilos de cocaïne
12:16et je quitterai le pays.
12:17Je ne reviendrai plus jamais.
12:19Je vous promets
12:20que je ne reviendrai plus jamais. »
12:23Miguel m'a dit
12:23quelque chose
12:24qui ressemblait à
12:25« Mon garçon,
12:26ne t'inquiète pas.
12:27On ne va pas vous tuer.
12:28Mais on va vous condamner
12:29à être pauvre.
12:30Si vous nous cachez
12:32une seule pièce de monnaie,
12:34on vous tue. »
12:40Et me voici aujourd'hui.
12:41Ce que je vis depuis,
12:42ce sont des heures en plus.
12:43« À mesure que les heures
13:01passaient
13:02et qu'on s'éloignait
13:03de Cali,
13:04je revenais à la vie.
13:07Mais je l'ai vraiment compris
13:08au moment où Juan Pablo
13:10a passé la porte
13:11de l'appartement.
13:13Nous voulions fuir à Bogotá.
13:20Nous ne voulions pas
13:21rester une seconde
13:22de plus à Cali.
13:31De retour à Bogotá,
13:33Juan Pablo et sa famille
13:34retrouvent leur appartement
13:35dans le quartier aisé
13:36de Santa Ana.
13:38Mis sous surveillance
13:39par le cartel de Cali,
13:41ils sont désormais
13:42confrontés
13:42à de nouvelles pressions.
13:46Les hommes de main,
13:47les employés,
13:49tous ceux qui ont servi
13:50Pablo Escobar
13:51se manifestent.
13:52Ils exigent eux aussi
13:54leur part du gâteau.
13:55quand nous sommes revenus
14:00à Santa Ana,
14:01je savais que tous les jours,
14:03les ennuis allaient frapper
14:04un autre port.
14:06Comme ces bandits
14:07enragés
14:08qui menaçaient
14:09de nous tuer avant les autres.
14:12C'était tous les jours
14:13la même chose.
14:13Et nous,
14:14sans un sou,
14:14on leur disait
14:15« Vous êtes intéressés
14:16par une Mercedes ? »
14:18« Oui, je la prends. »
14:20« Alors allez-y,
14:21prenez-la.
14:21On vous paye avec ça. »
14:25« Vous voulez une Jaguar ? »
14:27« C'est d'accord.
14:27On vous paye avec la Jaguar. »
14:30« Vous voulez une moto ? »
14:31« J'en ai 10,
14:32j'en ai 15,
14:3320 motos. »
14:34« Laquelle vous voulez ? »
14:37Tout le monde se servait.
14:39Moi, je ne m'y opposais pas.
14:46On n'a jamais vraiment pu compter
14:47combien d'argent
14:48on leur a donné.
14:51Mais si je fais une estimation
14:53de tout ce qu'on a donné,
14:55ce n'est pas moins
14:55de 200 millions de dollars environ.
15:01Passer de riche
15:08à pauvre
15:09en un instant,
15:11personne ne s'y est jamais préparé.
15:14C'est comme gagner au loto.
15:17On est très pauvre
15:18et du jour au lendemain,
15:19on devient millionnaire.
15:23Personne n'est préparé
15:24à devenir millionnaire.
15:26Ni l'inverse.
15:26Jusqu'à la mort de son père,
15:33Juan Pablo a connu
15:34une vie de milliardaire.
15:36Une vie de faste
15:37et de luxe.
15:38Dont le symbole
15:39le plus éclatant
15:40est Napoles.
15:42Une immense hacienda
15:43où Pablo Escobar
15:44ne se refuse rien.
15:47Le plus grand
15:47narcotrafiquant
15:48du 20e siècle
15:49y organise
15:50des fêtes extravagantes.
15:52Y invite ses amis,
15:54ses maîtresses
15:54et y gère
15:56toutes ses affaires.
16:08La villa Napoles
16:09a été le projet personnel
16:11de mon père.
16:12C'était son rêve à lui.
16:15Avoir accès
16:15à toute cette jungle,
16:17être le propriétaire
16:18de tout cela.
16:21Vous ne pouvez pas imaginer
16:22ce qu'était Napoles
16:23du vivant de mon père.
16:24C'était un rêve,
16:28un paradis.
16:30J'y ai vécu
16:31les meilleurs moments
16:32de ma vie.
16:33Napoles a fini
16:36par être une propriété
16:37d'environ 3000 hectares.
16:4027 lacs artificiels.
16:43Il a créé un zoo
16:44avec 1200 espèces
16:46venant du monde entier.
16:47quand nous étions petits,
16:55nous avions 7 ans
16:57à peu près.
16:58Juan Pablo
16:59m'a invité
16:59dans sa ferme,
17:01la sienne d'Anapolis.
17:02Il me racontait
17:03que dans la propriété,
17:05il y avait des éléphants,
17:06des girafes.
17:07Ce n'était pas très commun.
17:08mon père,
17:16avant Steven Spielberg,
17:19rêvait déjà
17:19de posséder
17:20son propre Jurassic Park.
17:21Il a très vite engagé
17:24un artiste
17:25pour ainsi dire
17:26recréer les dinosaures.
17:31Il a fait fabriquer
17:31grandeur nature,
17:32des structures
17:33très lourdes,
17:34en acier et en béton
17:35représentant
17:36tous ces animaux préhistoriques.
17:37De ses premiers pas
17:43jusqu'à la mort
17:44de son père
17:44en 1993,
17:47Juan Pablo
17:47a toujours connu
17:48la sienne d'Anapolis,
17:50sa deuxième maison.
17:53Anniversaire,
17:54Halloween,
17:56fêtes en tout genre.
17:58Toutes les occasions
17:58sont bonnes
17:59pour s'y rendre
17:59en hélicoptère
18:00avec sa famille
18:01et ses amis.
18:05Nous recevions
18:06très souvent
18:07des invités
18:07venant du monde entier.
18:11Napolé,
18:11c'était comme un hôtel.
18:16Nous étions habitués
18:17à tout ça.
18:22On ne se rendait pas compte
18:24qu'il y avait
18:24mille ou deux mille
18:25personnes
18:25pour s'occuper de nous.
18:30Les fêtes
18:30avec Juan Pablo
18:31enfant,
18:32c'était surtout
18:33des fêtes de famille.
18:34des fêtes d'anniversaire
18:39avec des clowns,
18:41des animateurs.
18:42« Allez,
18:44Juan Pablo,
18:45viens ! »
18:49« Hé,
18:50si t'as plus d'amis,
18:51ne t'inquiète pas,
18:52parlons-en.
18:53Nous, les clowns,
18:54nous aimons beaucoup
18:54les enfants
18:55et on joue avec eux. »
18:57« J'ai été invité
18:59à ses anniversaires
19:00et à sa première communion.
19:04Je m'appelle
19:05Felipe Arango,
19:06je suis un ami
19:07de Juan Pablo
19:08depuis mes cinq ans.
19:12Il a invité
19:12mon père,
19:13ma mère et moi.
19:14C'était très étrange
19:20car nous étions
19:22face à un dilemme.
19:24Que pouvons-nous
19:25lui offrir ?
19:27Que peut-on offrir
19:28à un petit garçon
19:29qui a absolument tout ?
19:32Quand nous sommes arrivés
19:41à la porte de la propriété,
19:44nous avons vu
19:45des chariots
19:45pleins de cadeaux,
19:47des encyclopédies,
19:49des chiots de race.
19:51Il n'y avait plus de place
19:52pour mettre tous les cadeaux.
19:55Et nous,
19:56on n'avait qu'un petit paquet
19:57car nous n'avions pas
19:58les mêmes moyens
19:59que les autres invités.
20:02Mes anniversaires
20:09étaient très bizarres
20:10parce qu'au jeu
20:12de la piñata,
20:13il tombait plus de dollars
20:14que de bonbons.
20:21Quand tu es un enfant,
20:22ce que tu veux,
20:23c'est ramasser les bonbons.
20:25Tu t'en fiches de l'argent.
20:29Mais eux,
20:30les adultes,
20:30arrivaient et disaient
20:31« Pousse-toi,
20:33je veux mes 100 dollars ».
20:34Donc la piñata,
20:35censée être un jeu
20:36pour enfants,
20:37se transformait
20:37en bousculade
20:38entre adultes
20:39pour de l'argent.
20:41Et nous,
20:41les enfants,
20:42on finissait en larmes
20:43parce que ce qui nous intéressait,
20:44c'était les bonbons.
20:45« Je vais peigner cet enfant,
20:56si je veux,
20:57peigner celui qui fête son anniversaire,
21:00coiffer un peu le papa. »
21:06Pour moi,
21:06quand j'étais adolescent,
21:08Napoles représentait
21:09un endroit
21:11où tout était possible.
21:16J'ai même rêvé
21:17de faire venir
21:17Michael Jackson
21:18pour qu'il chante
21:19quelques heures
21:19pour les fêtes.
21:21J'ai donc proposé
21:21à mon père
21:22de faire venir
21:22quelqu'un de spécial
21:23pour le Noël suivant.
21:25Il m'a dit
21:25« Mais qui ? »
21:26Je lui ai répondu
21:27« Pourquoi pas faire venir
21:28Michael Jackson ? »
21:33Il m'a dit
21:33que c'était sûrement très cher.
21:35Il m'a demandé
21:35combien cela pouvait coûter.
21:37J'ai répondu
21:37que ce n'était sûrement pas donné.
21:39Peut-être un, deux, trois
21:41ou même dix millions de dollars.
21:42Combien il coûtait ?
21:43Je ne sais pas.
21:45Ce à quoi il a répondu
21:46« Pas de problème.
21:48Si je l'invite,
21:48je suis prêt à mettre
21:49un million,
21:50dix millions.
21:51En revanche,
21:52lui, s'il veut quitter Napoles,
21:53il devra me payer
21:53soixante millions de dollars
21:55pour que je le laisse repartir. »
21:58Il voulait bien engager
21:59Michael Jackson,
22:00mais pas pour qu'il chante,
22:01pour le kidnapper.
22:03C'était ça
22:04la mentalité
22:05de Pablo Escobar.
22:10Napoles,
22:11c'est le royaume
22:12d'Escobar.
22:15Ils y règnent
22:16en maître.
22:17Aucune autre règle
22:18que les leurs
22:19ne s'y appliquent.
22:20Juan Pablo
22:21peut réaliser
22:22tous ses caprices
22:22et ses moindres désirs
22:24deviennent réalité.
22:27Juan Pablo
22:28était un enfant
22:29qui ne mettait pas
22:29deux fois
22:30les mêmes vêtements,
22:31les mêmes baskets.
22:31il portait chaque jour
22:33une montre différente.
22:34Oui,
22:40comme on dit aujourd'hui,
22:42c'était un enfant roi.
22:45Fais-moi voir
22:46que je regarde.
22:48Alors, ça dit quoi ?
22:50Enfant
22:50Juan Pablo Escobar.
22:52Ce gamin n'a pas eu
22:56d'enfance.
22:59Dès son plus jeune âge,
23:01ce gamin a grandi
23:01entouré de mitraillettes,
23:03de cocaïne,
23:05de prostituées,
23:07de sacs pleins de billets,
23:08de millions de dollars,
23:09d'avions,
23:10de bateaux,
23:10de voitures de luxe.
23:13Cet enfant a mûri
23:13trop tôt,
23:14trop vite.
23:15A 11 ans,
23:20je sortais déjà
23:21en boîte de nuit.
23:22Je rentrais chez moi
23:22à 4 heures du matin.
23:28C'était un garçon
23:30très sollicité
23:31par les jeunes filles
23:32de la haute,
23:33comme on dit.
23:35Il avait plein
23:35de petites amies,
23:37de copines.
23:38Avec les filles,
23:44c'était vraiment
23:44un beau parleur.
23:47Et ses propositions
23:48étaient parfois
23:49limites.
23:52Une fois,
23:53je l'ai même entendu
23:54dire à ses gardes
23:55du corps,
23:56pourquoi vous ne mettez
23:56pas cette fille
23:57dans le coffre
23:58de la voiture ?
23:59Des choses
24:00dans ce style.
24:03Oukilay,
24:04c'était le fils
24:04de Pablo Escobar.
24:05C'était comme
24:06si Dieu arrivait.
24:07Medellín,
24:08à l'époque,
24:08était à ses pieds.
24:10Il n'avait pas besoin
24:10de dire je suis.
24:11Tout le monde
24:12savait qui il était.
24:15La plupart des filles
24:16que je connaissais
24:16venaient
24:17car j'étais le fils
24:19du patron.
24:21C'était plus
24:22elles qui venaient
24:23me chercher,
24:24qui étaient intéressées.
24:25Pas l'inverse.
24:27Elles s'en fichaient
24:28de mon âge.
24:29Bien sûr,
24:29il était le fils
24:30de Pablo Escobar.
24:31Toutes les filles
24:32de mon âge
24:32voulaient être sa copine,
24:34voulaient sortir avec lui.
24:35C'était pareil
24:36avec son père.
24:37J'ai toujours vu
24:49mon père tel
24:50qu'il était.
24:51Un type infidèle,
24:52un petit voyou
24:53avec les femmes,
24:54un séducteur,
24:55qui voulait tout le temps
24:57rencontrer des femmes.
24:59Même s'il savait très bien
25:00que la seule personne
25:01qu'il aimait
25:01et qui s'intéressait
25:02vraiment à lui,
25:04c'était ma mère.
25:05J'ai eu une conversation
25:09très courte
25:10mais assez directe
25:10avec elle
25:11sur ce que signifie
25:12être la femme d'eux
25:12et sur son rapport
25:14avec les autres femmes,
25:15ses maîtresses.
25:15Elle m'a dit
25:18Pablo n'avait qu'un seul amour,
25:21moi.
25:22Il sortait avec plein de femmes
25:23mais il n'en aimait qu'une,
25:25moi.
25:27Impressionnant.
25:27Impressionnant.
25:28Regarde le lit de Pablo.
25:51Regarde.
25:51Il est là-bas,
25:52le lit de Pablo.
25:54Sur ce rocher là-bas,
25:55le plat,
25:56c'était là où il avait
25:57ses aventures romantiques.
26:02Raconte-moi comment
26:03tu as connu mon père.
26:05Quand l'as-tu rencontré
26:06la première fois ?
26:08Je l'ai connu
26:09quand il est venu
26:09dans les années 80
26:10ici à Rio Claro
26:12et à Napoles en 1980.
26:14Quand il a su que j'étais magicien,
26:16il m'a invité à la villa.
26:18J'étais le magicien officiel
26:20et tout le monde m'appréciait.
26:21Comment tu t'appelles ?
26:23Francisco ?
26:24Tu es veuve, célibataire ou mariée ?
26:27Très bien.
26:32Nous allons montrer à ce garçon
26:33que nous avons un petit sac
26:34avec rien dedans.
26:39Le magicien était chargé
26:41de distraire mon père à Napoles.
26:43Mais nous aussi,
26:44ses enfants
26:45et ses amis mafieux.
26:47Voilà,
26:48à la une,
26:48à la deux,
26:50à la trois.
26:51Regardez,
26:51je n'ai rien dans la main.
26:53On regarde très rapidement
26:54un peu partout
26:55et il n'y a plus rien.
26:59Les souvenirs les plus forts
27:00que j'ai à Napoles
27:01sont les moments
27:02que nous avons partagés
27:03en famille,
27:06avec mon père.
27:08Allez, allez,
27:08à qui le tour ?
27:09Vas-y,
27:10vas-y,
27:11c'est pas.
27:11Allez, j'y vais.
27:12Allez, j'y vais.
27:31C'était des moments
27:36très heureux
27:36à Napoles.
27:55Pour sa famille,
27:57la mort de Pablo Escobar
27:58est synonyme
27:58d'un changement
27:59de vie radical.
28:00L'argent ne coule plus
28:02à flot
28:02et les menaces
28:04sont permanentes.
28:06Isolés,
28:07reclus dans l'appartement
28:08de Santa Ana,
28:10sans aucune perspective
28:11d'avenir,
28:12les Escobar
28:13se résignent
28:13à quitter la Colombie.
28:18Une fois les accords
28:19conclus avec les ennemis
28:20de Pablo,
28:21nous devions quitter
28:22le pays,
28:22d'une manière
28:23ou d'une autre.
28:26Chaque matin,
28:27avant même
28:27de prendre
28:28notre petit déjeuner,
28:29la question revenait.
28:30Comment faire pour quitter
28:31le pays ?
28:33J'ai fait le tour
28:37des ambassades
28:37du monde entier
28:38et toutes me disaient
28:40qu'elles ne pouvaient pas
28:40m'accorder de visa
28:41parce que nous étions
28:43des Escobars.
28:45chaque jour,
28:49nous devions penser
28:51à des scénarios
28:52pour quitter le pays.
28:56En parlant
28:57avec notre avocat,
28:59nous sommes arrivés
29:00à la conclusion
29:00que si nous changions
29:01de nom
29:02pour un nom
29:03plus commun,
29:05nous pourrions
29:07passer la frontière.
29:07un jour,
29:14notre avocat
29:14est arrivé
29:15et nous a dit
29:16« J'ai trouvé
29:17une vieille loi
29:18qui permet
29:20à tout Colombien
29:21de modifier,
29:23changer,
29:24prendre un autre nom. »
29:27On a fait ce changement
29:29d'identité,
29:30entre autres,
29:32parce qu'ils avaient
29:32tellement d'ennemis
29:33qu'ils pouvaient être
29:34poursuivis
29:35dans n'importe quel
29:36pays du monde.
29:38Et aussi parce qu'avec
29:38un nom pareil,
29:39il leur était impossible
29:40de prendre un avion.
29:42Aucune compagnie au monde
29:43ne les aurait acceptés.
29:45Ça a l'air exagéré,
29:47mais c'est la vérité.
29:49Le représentant
29:50de l'état civil
29:51est arrivé chez nous
29:52avec des passeports vierges,
29:53non plastifiés,
29:55sans nom,
29:55sans photos,
29:56sans ton pouls,
29:58sans rien.
30:00On s'est assis
30:01avec Juan Pablo
30:02et André Les
30:03pour décider
30:06de comment
30:06on pourrait s'appeler.
30:11Celui-ci,
30:12non,
30:13pour telle raison.
30:14Celui-ci,
30:14alors,
30:15non,
30:15il ressemble
30:15trop à ce nom-là.
30:17Finalement,
30:18on a mis 20 minutes
30:19en tout et pour tout
30:20pour trouver nos noms.
30:24Ils ont laissé Juan
30:25devant Sébastien
30:26pour rappeler
30:27le Juan de Juan Pablo.
30:33Je me souviens
30:34que je lisais des noms.
30:36Notre avocat
30:37était à côté de moi.
30:41Je ne sais plus
30:42si c'est lui
30:42qui a proposé
30:43André Les
30:44ou moi qui l'ai trouvée.
30:46En tout cas,
30:46il m'a dit
30:47« Parfait,
30:48Marianne Relès,
30:49c'est parfait. »
30:52L'avocat a dit
30:55« Donnez-moi
30:56un annuaire
30:57que je commence
30:57à regarder.
30:59Vous devez avoir
31:00un nom de famille
31:00très aristocratique
31:01dans ce pays
31:02pour que personne
31:04ne vous embête,
31:05pour ne pas être
31:06n'importe qui
31:07et qu'on vous respecte. »
31:12Et nous avons passé
31:14une soirée
31:14à jouer
31:15à comment
31:16nous allions nous appeler.
31:17Ensuite,
31:21il m'a dit
31:22« Tu vas t'appeler
31:23Maria Isabel ? »
31:25Et on a choisi
31:26le nom
31:26de Santos Caballero,
31:28très aristocratique
31:29en Colombie.
31:37Ce qu'on a dû faire
31:38dans un premier temps,
31:40c'est s'entraîner
31:40pour ne pas répondre
31:41à notre nom.
31:44Sébastien était
31:45un maître d'école
31:46insupportable.
31:47Il nous testait
31:48tout le temps.
31:51Dans les pires moments,
31:53à table,
31:54au lit.
31:58Insupportable.
32:07« Toute ta vie,
32:07on t'a appelé
32:08Juan,
32:09ou Juan Pablo.
32:12Et puis du jour
32:12au lendemain,
32:13tu dois t'entraîner.
32:14Si on crie ton nom
32:15dans la rue,
32:15tu dois continuer
32:17à marcher,
32:18comme si de rien n'était.
32:26Je crois que
32:27changer d'identité
32:27fut l'occasion
32:31d'être une nouvelle personne.
32:32Ce changement de nous
32:41était notre unique chance
32:43de gagner notre liberté.
32:49Grâce à leur nouvelle identité,
32:52l'adolescent Juan Pablo Escobar,
32:53sa mère,
32:54sa sœur
32:54et sa compagne
32:55peuvent enfin fuir
32:57la Colombie.
32:58Mais l'empreinte laissée
32:59par le père
33:00est tenace.
33:02Aucun pays n'accepte
33:03de les accueillir.
33:05À une exception près,
33:07le Mozambique,
33:09à 12 000 kilomètres
33:11de Bogotá.
33:12quand on a parlé
33:19de partir au Mozambique,
33:21c'était évidemment
33:22une proposition
33:23qui n'était pas
33:24sans contrepartie.
33:27Ils attendaient
33:27de cette famille
33:28qu'elle leur donne
33:29de l'argent,
33:30voire plus.
33:31Le Mozambique demandait
33:39un million de dollars
33:40et nous n'avions pas d'argent.
33:42J'ai alors apporté
33:43de quoi payer
33:44mon droit à l'exil.
33:46J'ai pris des montres
33:48et des bijoux
33:48pour les donner
33:49aux autorités du Mozambique
33:50et pouvoir rester.
33:52Je leur ai dit
33:53nous n'avons plus d'argent.
33:55Voilà ce que l'on peut
33:56vous donner.
33:56La vérité,
34:02c'est qu'on ne connaissait
34:03pas le Mozambique.
34:04À l'époque,
34:05il n'y avait pas Internet.
34:06La seule chose
34:07que nous avions trouvé
34:08dans un calendrier
34:09étaient quelques lignes
34:10indiquant
34:11colonie portugaise,
34:13guerre civile,
34:15rien d'autre.
34:16C'est tout ce qu'on savait.
34:22Et le lendemain,
34:23nous sommes partis.
34:24Nous avons pris la route
34:27pour l'aéroport.
34:31Et nous sommes partis
34:33au Mozambique.
34:40Sur ce vol,
34:41nous étions avec notre avocat,
34:43avec sa femme
34:43et sa fille.
34:48On a atterri
34:49en fin d'après-midi.
34:51Je me rappelle
34:51avoir regardé
34:52par le hublot
34:53et avoir vu
34:54des routes en terre
34:55et une ville
34:57qui n'en était
34:57pas vraiment une.
35:10Personne ne peut imaginer
35:11aujourd'hui
35:12comment était Maputo
35:13en 1994.
35:15Il n'y avait rien.
35:16C'était l'un des pays
35:17les plus pauvres du monde.
35:18nos bagages
35:27ont été égarés.
35:28On avait juste
35:29de se comporter
35:30sur nous.
35:39La délégation
35:40du gouvernement
35:41du Mozambique
35:41nous a reçus
35:42et nous a emmenés
35:44dans le salon présidentiel.
35:45Je me souviens
35:47du tapis rouge
35:48du salon
35:48et du fauteuil rouge
35:50du président
35:50recouvert
35:51d'une couche
35:52de poussière.
35:54Ils n'avaient pas
35:55ouvert cette pièce
35:56depuis longtemps.
35:58Je ne sais pas
35:58depuis combien d'années.
36:01En tout cas,
36:01ils l'ont rouvert
36:02pour nous.
36:05C'est là
36:05que je me suis rendu compte
36:06que nous arrivions
36:07dans un endroit
36:08très compliqué.
36:09Ils s'imaginaient
36:16qu'une jolie
36:16petite maison
36:17les attendait
36:18pour s'y installer
36:19un certain temps.
36:21En fait,
36:21ils sont tombés
36:22sur une maison
36:22qui sentait le fauve.
36:24C'était horrible.
36:25Elle était vraiment
36:25inconfortable.
36:28On venait
36:28de vivre
36:29deux ans enfermés.
36:30La maison
36:30avait des barreaux
36:31partout,
36:32aux fenêtres,
36:32aux balcons.
36:33Eux étaient ravis.
36:34Ils nous disaient
36:35« Regardez,
36:35vous serez en sécurité ici. »
36:39Un matin,
36:48une employée
36:49est partie acheter
36:50à manger
36:50et elle est revenue
36:52les mains vides.
36:56On lui a demandé
36:57« Tu es allé au supermarché ? »
36:58Et elle nous a dit
36:59« Oui, j'y suis allé. »
37:01« Le supermarché était ouvert ? »
37:02Je lui ai demandé.
37:02Elle m'a répondu
37:03« Oui, il était ouvert. »
37:04« Alors pourquoi
37:05tu n'as pas rapporté
37:05de nourriture ? »
37:06« Parce qu'il n'y en avait pas. »
37:09« Mais tu as pris de l'argent ? »
37:11« Oui, mais il n'y avait
37:11pas de nourriture. »
37:12« L'argent ne m'a servi
37:13à rien. »
37:18Puis nous avons entendu
37:21la femme de l'avocat
37:22arriver.
37:23Je me souviens juste
37:25qu'elle a traversé
37:25le couloir en criant
37:26« Venez !
37:28Venez avec nous !
37:29Rejoignez-nous à l'hôtel !
37:30Il y a des glaces !
37:31Là-bas,
37:32il y a des glaces ! »
37:34Une glace, pour elle,
37:37c'était synonyme
37:38de civilisation.
37:41Voilà où nous en étions.
37:46C'était sa façon
37:47de nous dire
37:48« Votre maison est pourrie ! »
37:52« Nous sommes donc allés
37:55à l'hôtel. »
37:56J'ai été surpris.
37:58L'hôtel était
37:58extrêmement luxueux.
38:00J'ai dit
38:01« Ici, au moins,
38:02on peut rester. »
38:04Nous avons demandé
38:05le prix.
38:0610 000 dollars
38:07la semaine.
38:10Pour l'époque,
38:11c'était inenvisageable.
38:13On ne pouvait pas
38:14se payer un endroit
38:14pareil pour une semaine.
38:16En moins de trois jours,
38:19l'Eldorado Promis
38:20se transforme en cauchemar.
38:22La famille de Juan Pablo Escobar
38:24passe de l'inhabitable
38:25à l'inabordable.
38:26Une situation insupportable
38:28pour le nouveau chef de famille.
38:31Alors j'ai dit à ma mère
38:32« Soit on s'en va d'ici,
38:34soit je me suicide.
38:35Qu'est-ce qu'on fait ?
38:36Moi, je ne reste pas ici. »
38:39Alors j'ai réfléchi
38:40pour nous sortir de là.
38:43Je ne savais pas comment.
38:44J'ai demandé de l'aide
38:45à notre avocat
38:46pour qu'il nous trouve
38:47des billets d'avion
38:48pour repartir.
38:50Il s'est mis
38:51très en colère contre moi.
38:54« Tu écoutes toujours
38:55ton petit prince. »
38:58L'avocat s'est emporté.
39:01Tous ses efforts pour rien.
39:03Elle lui a rétorqué
39:04« C'est mon fils.
39:05Et s'il ne veut pas
39:06rester ici,
39:07on s'en va. »
39:13On a quitté l'hôtel
39:14à toute vitesse.
39:15On est arrivé à temps
39:16pour prendre l'avion
39:17et on est parti.
39:19Bien sûr,
39:19les autorités mozambiquaines
39:20ne s'attendaient pas
39:21à ce qu'on quitte le pays
39:22au bout de 72 heures.
39:25L'expérience du Mozambique
39:27se solde par un échec cuisant.
39:29À 17 ans,
39:31Juan Pablo est plus que jamais
39:32déterminé à mettre
39:33sa famille à l'abri
39:34et lui offrir
39:35une vie paisible
39:36et anonyme.
39:37Sous une nouvelle identité,
39:59les escobards décident
40:00de poser leur valise
40:01à Buenos Aires,
40:02en Argentine.
40:03une ville moderne,
40:08pleine de promesses
40:09et d'opportunités.
40:16Ce qui nous a incités
40:17à venir ici,
40:19c'est que tous les touristes
40:19qui arrivent dans ce pays
40:21ont un permis
40:22de séjour de trois mois
40:23pour rester sur le territoire.
40:25Je me suis dit,
40:31pour nous qui sommes habitués
40:32à vivre au jour le jour,
40:34trois mois,
40:36c'est inimaginable.
40:39Ça nous a redonné
40:40beaucoup d'espoir
40:41d'être arrivés ici.
40:44On a ressenti
40:45une joie immense.
40:48J'avais un sentiment
40:48de paix absolue.
40:50Pour nous,
40:56ces trois mois
40:57de séjour temporaire
40:58représentaient une éternité.
41:11À partir de ce moment,
41:13j'ai commencé à avoir
41:14une autre vie.
41:17Je pouvais étudier,
41:18j'avais des possibilités
41:19de carrière,
41:19j'avais des opportunités nouvelles.
41:23Nous avons reçu
41:24les aides de la famille,
41:26des côtés de ma mère,
41:28ce qui m'a permis
41:29d'étudier.
41:32Avant même
41:33ces études d'architecture,
41:34j'ai dessiné des maisons
41:35et construit des maquettes.
41:36Je savais que c'était
41:37ma voie.
41:41À Buenos Aires,
41:43Juan Pablo Escobar,
41:44alias Sébastien Marocín,
41:46peut enfin goûter
41:46au plaisir d'une vie normale.
41:49Il est maintenant majeur,
41:51étudie
41:51et se fait des amis.
41:55Mais il doit vivre
41:56avec ses secrets.
41:57J'ai connu Sébastien en 1995
42:07à l'université
42:08où nous étudions ensemble.
42:10C'est comme ça
42:11que nous sommes devenus amis.
42:19On lui a demandé
42:20pourquoi il était là
42:21et il nous a raconté
42:22qu'il était là
42:23pour ses études.
42:24on lui a posé des questions
42:25sur sa famille
42:26et il nous a raconté
42:27que son père
42:28était un producteur de café
42:29qui avait une exploitation
42:30et qui avait eu
42:31un accident mortel
42:32tué par une machine.
42:34Et au fil du temps,
42:37il a intégré
42:38notre groupe d'amis.
42:39c'était compliqué
42:41de faire semblant
42:42d'être une famille normale.
42:45En société,
42:46les gens te demandent
42:47qui tu es,
42:48d'où tu viens.
42:50On s'est donc inventé
42:51une autre vie
42:52pour répondre
42:53de manière naturelle
42:54aux questions
42:55qu'on nous posait.
42:56Les trois mois
43:06de séjour autorisés
43:07en Argentine
43:08se transforment
43:09pour les Escobards
43:10en années.
43:11Mais vivre
43:12sous une autre identité
43:13a un prix.
43:14Toute la famille
43:15doit redoubler d'efforts
43:16pour ne pas être démasquée.
43:18Quand on sortait
43:21dans la rue
43:21et qu'on voyait
43:22un policier,
43:23on changeait
43:24de trottoir
43:25parce qu'on était terrorisés.
43:27On imaginait
43:28qu'on nous avait reconnus
43:29et qu'on allait
43:31avoir des problèmes.
43:35Quand tu nais Escobard,
43:38tu n'as pas le droit
43:39au bonheur
43:40ni à la tranquillité.
43:42C'est comme si
43:43on n'avait aucun droit.
43:45En tout cas,
43:48c'est ce que je me suis dit
43:49le 16 novembre 1999.
44:02L'accusation
44:04de la justice argentine
44:05fut comme un tremblement
44:07de terre.
44:09Les charges retenues
44:10sont falsifications
44:11de documents publics,
44:12usages de faux
44:13et blanchiment d'argent.
44:15Je suis resté
44:1945 jours
44:20en prison.
44:22Ma mère
44:23y a passé
44:24un an
44:25et huit mois.
44:27Plusieurs milliards
44:28de dollars
44:28ont été blanchis
44:29par la veuve
44:30de Pablo Escobar Gaviria.
44:31A ma cinquième visite
44:35en prison,
44:36Juan Pablo
44:37m'a demandé
44:37en mariage.
44:40Quand le pape François,
44:42qui à l'époque
44:43était cardinal,
44:44nous a donné
44:45la permission
44:45de les marier,
44:47ça a été pour moi
44:48une joie immense.
44:51J'ai préparé
44:52un marteau,
44:52un tournevis
44:53et une corde.
44:53et je suis parti
44:55avec l'idée
44:56d'assassiner
44:58Juan Pablo.
44:59Juan Pablo.
44:59Au.
44:59Sous-titrage MFP.
45:29Sous-titrage MFP.
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