Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier
La série BFM Business « Les théoriciens de l’économie » revient sur les théories économique de grand penseurs du XXème siècle, Friedrich von Hayek, John Maynard Keynes, et Karl Heinrich Marx.

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Seule l'Angleterre libérale tolère sa présence sur son territoire.
00:08Il choisit la ville de Londres pour vivre son exil.
00:12Nous sommes en 1849.
00:18Cet homme, c'est Karl Marx.
00:21Étonnamment, ce penseur incroyablement dangereux peut peut-être nous aider à comprendre le marasme dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui.
00:30Karl Marx est surtout connu pour être le père du communisme.
00:35Mais vous seriez surpris d'apprendre que la plupart de ses écrits traitent du capitalisme.
00:40Aujourd'hui, ses idées sur le sujet commencent à trouver un écho au cœur même des affaires internationales.
00:47Son analyse est assez exacte et explique en grande partie l'état de l'économie actuelle.
00:53L'argument principal de Marx contre le capitalisme, c'est qu'il est fondamentalement injuste.
01:03Et aujourd'hui, ses idées sur l'inégalité ont plus de résonance que jamais.
01:08Marx a instauré un sentiment d'urgence.
01:11Pour lui, les choses ne peuvent rester ce qu'elles sont indéfiniment.
01:15Vous allez découvrir dans ce documentaire la vie et les théories révolutionnaires de trois hommes extraordinaires.
01:25John Maynard Keynes, Karl Marx et Friedrich Hayek.
01:29Tous ont vu le monde changer de façon spectaculaire et ont compris que le sort des nations reposait sur le pouvoir de l'argent.
01:36Mais ces trois hommes ont des idées radicalement différentes sur la façon d'exercer ce pouvoir.
01:40Aujourd'hui, les enjeux pourraient difficilement être plus importants.
01:47De tous les grands penseurs qui ont analysé le capitalisme, Marx a l'idée la plus radicale, s'en débarrasser.
01:53En 1989, la réputation de Karl Marx vole en éclats.
02:14Pour la plupart d'entre nous, la chute du mur de Berlin marque la fin du marxisme.
02:19Des millions de personnes ont rejeté les horreurs d'un état policier violent et répressif.
02:25Et comme les pays communistes se réclamaient de Marx, ces idées furent rejetées elles aussi.
02:33Marx a fini par être associé de façon indélébile au régime communiste.
02:40Parce que ces derniers agissaient en son nom.
02:45Cette association était donc extrêmement prégnante.
02:50En fait, c'est plus eux qui se réclamaient de Marx que lui qui se réclamait d'eux.
02:55Mais ces dernières années, quelque chose d'étrange est arrivé.
03:02C'est comme si la crise financière mondiale avait ramené Marx d'entre les morts.
03:06Ce qui nous intéresse, ce ne sont pas ses idées sur le communisme,
03:09mais ses théories sur le capitalisme, qui pour lui, étaient vouées à l'échec.
03:14Ses prédictions seraient-elles en train de se réaliser ?
03:17Quand tout allait bien, Marx était le cadet de nos soucis.
03:28Mais maintenant que le monde occidental est en crise,
03:30ses idées suscitent un regain d'intérêt au sein même de l'établissement économique.
03:36Depuis un ancien économiste du FMI...
03:39Marx a raison sur certains points.
03:42Notamment quand il dit que les inégalités de revenus peuvent être source de tension.
03:50En passant par celui qui a vu la crise de 2008 arriver,
03:54il a compris que dans certaines situations,
03:58le capitalisme et la mondialisation peuvent mener à la crise économique.
04:04Sans oublier un économiste d'une des plus grandes banques du monde.
04:08Il est difficile de convaincre les habitants de Chelsea ou de Chainsford
04:11que la pensée de Marx est pertinente.
04:13Mais en réalité, elle vaut la peine qu'on s'y intéresse.
04:20L'idée principale de Marx est que le capitalisme est fondamentalement instable.
04:25Il a dit que nous irions de crise en crise
04:27et que la société deviendrait de plus en plus inégalitaire.
04:34Pour Marx, le monde est divisé entre les patrons et les travailleurs.
04:38Ils pensent que ces deux catégories seront toujours en désaccord
04:41et que cette lutte des classes est synonyme de crise.
04:46Pour dégager des bénéfices,
04:48les patrons donnent à leurs ouvriers le plus faible salaire possible.
04:52La crise survient quand les travailleurs n'ont pas assez d'argent
04:54pour acheter ce que les patrons essayent de leur vendre.
04:57Les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale
04:59ont semblé contredire cette théorie.
05:01Des années de croissance et de stabilité
05:04ont permis aux prolétaires d'obtenir une plus grande part du gâteau.
05:07Mais cette époque est révolue.
05:11Marx dirait que cette crise est due au fait
05:14que le citoyen lambda n'a pas assez d'argent à dépenser.
05:19Et pourquoi ?
05:20Parce que les dernières décennies ont été marquées
05:22par une grande redistribution des richesses
05:24au profit du capital et au détriment du travailleur.
05:27Et pour Marx, il est impossible de faire machine arrière.
05:37Le capitalisme va provoquer des crises de plus en plus importantes
05:40puis finira par imploser.
05:46Pour Marx, ça n'est pas compliqué.
05:48Les crises sont les manifestations des défauts fondamentaux du capitalisme
05:52ou comme il les appelle, de ces contradictions.
05:57Sa solution à la crise
06:01est, bien sûr, l'abolition du capitalisme.
06:06Afin de comprendre la vision marxiste
06:08de la situation dans laquelle nous nous trouvons,
06:10nous devons d'abord appréhender le monde actuel
06:12à travers les yeux de Marx.
06:18Le plus féroce critique du capitalisme
06:21est né à Trèves,
06:22une vraie ville de cartes postales
06:24située au sud de l'Allemagne actuelle.
06:25Marx est un jeune homme dynamique et fougueux
06:31aux cheveux hirsutes.
06:33On le surnommait le sanglier
06:35ou le mort,
06:36en référence à son apparence physique.
06:42Il avait plein d'idées
06:43et adorait les débats.
06:45Après un verre ou deux,
06:47il aimait se livrer à des discussions philosophiques profondes
06:49sur la nature du Christ,
06:51le romantisme allemand
06:52et la politique.
06:56Au fil de ses études,
06:58Marx remarque que le monde est divisé
06:59entre ceux qui détiennent les moyens de production,
07:02les capitalistes,
07:03et ceux qui n'ont rien,
07:04les ouvriers.
07:06Pour lui, c'est la tension entre ces deux classes
07:08qui conditionne le fonctionnement de la société.
07:10La base de la pensée marxiste,
07:15c'est le matérialisme.
07:17Si on supprime la religion,
07:19l'idéologie,
07:20la politique,
07:21c'est le rapport de l'homme avec le matériel,
07:23son besoin de nourriture,
07:25d'avoir un toit au-dessus de la tête,
07:27qui détermine la plupart de ses interactions.
07:29Ce qu'il y a d'unique chez Marx,
07:35c'est qu'il ne considérait pas uniquement l'économie
07:38comme une sphère spéciale,
07:39mais comme le principe structurant de la totalité sociale.
07:43Cette vision de l'économie
07:49et de la manière qu'elle a de façonner nos idéologies
07:52est aussi pertinente aujourd'hui qu'à l'époque de Marx.
07:58Si ce n'est plus qu'à son époque.
08:06Pour nous, il s'agit peut-être d'une économie moderne complexe
08:09dans laquelle nous avons tous à gagner ou à perdre.
08:11Mais pour les marxistes, rien n'a vraiment changé.
08:15Selon eux, la société est toujours largement divisée,
08:19avec d'un côté les prolétaires qui triment,
08:22et de l'autre, les capitalistes, ou bourgeois,
08:25qui les exploitent et font tout pour gagner toujours plus d'argent.
08:32Dans le monde de Marx,
08:34un capitaliste qui ne cherche pas à générer un maximum de profit
08:37sera forcément remplacé par un autre.
08:41Le système serait donc totalement voué à l'échec.
08:47Une idée qui est loin de faire l'unanimité.
08:52Il se trompait sur toute la ligne
08:54quand il disait que le capitalisme n'était qu'une phase
08:57et qu'il portait en lui les germes de sa propre destruction.
09:01C'est fou !
09:02Tout est périssable, si on attend assez longtemps.
09:07Même la Terre finira par être absorbée par le Soleil.
09:10Et bien sûr, quand on parle de capitalisme,
09:13on sous-entend liberté individuelle et droit de propriété.
09:17Se pourrait-il qu'il disparaisse un jour ?
09:19À certains endroits, c'est déjà le cas.
09:20Donc la réponse est oui, probablement.
09:22Mais pour l'instant, je ne vois aucun signe de tout cela.
09:24On est en droit de penser que l'effondrement du capitalisme
09:29semble peu probable.
09:31Comment la recherche du profit pourrait être si désastreuse
09:34alors qu'elle a permis tant de choses incroyables ?
09:39Il n'y a qu'à voir la façon dont le capitalisme nous nourrit.
09:44Nous pouvons manger des fruits frais venant des quatre coins du monde.
09:50Nous avons le choix entre des centaines et des centaines de céréales différentes.
09:54Nous ne manquons de rien et tout est consommable sans risque.
10:00Ce ne sont pas aux gouvernements que nous devons cette incroyable abondance
10:04et la technologie dont elle dépend,
10:06mais aux capitalistes et à leur course au profit.
10:08Ils n'ont pas agi dans notre intérêt,
10:13mais pour s'enrichir.
10:17À première vue,
10:18l'idée de Marx selon laquelle la recherche du profit
10:20causera la perte du capitalisme
10:22semble donc absurde.
10:25Le profit évoque souvent la vénalité.
10:27C'est un mot un peu fort.
10:29Mais ce que Marx n'a jamais compris,
10:31c'est que sans profit, il n'y a pas de progrès.
10:35La recherche du profit est essentielle.
10:37Après tout, c'est simplement un moyen de faire progresser la société
10:41par des gens qui essaient d'améliorer leurs propres conditions.
10:47En termes économiques,
10:49le marxisme n'est pas d'une grande utilité de nos jours
10:51parce que Marx avait tort sur de nombreux points essentiels
10:54et sans fondation solide,
10:56toute construction finit par s'écrouler.
11:03Lorsqu'on voit à quel point la recherche du profit
11:05a façonné et enrichi notre planète,
11:08on comprend pourquoi Marx a perdu la cote.
11:11Mais nous aurions tort de le mettre à l'index.
11:14Certes, il parlait beaucoup de lutte des classes,
11:16de misère, de chaos.
11:18Mais il ne pensait pas que tout était à jeter dans le capitalisme.
11:22Loin de là.
11:22Ce bar à cocktail du quartier londonien de Soho
11:31abrite un passé révolutionnaire.
11:35Autrefois connu sous le nom de Red Lion Pub,
11:38c'est ici qu'en 1847,
11:40une réunion communiste clandestine
11:42dont la portée a traversé les âges a eu lieu.
11:44C'est au cours de cette réunion
11:48qu'il est confiée à Karl Marx
11:49et à son acolyte Friedrich Engels
11:52la rédaction de l'un des pamphlets
11:53les plus incendiaires de tous les temps,
11:56le manifeste du Parti communiste.
11:57« Engels rédige un certain nombre de versions,
12:03mais pour accélérer les choses,
12:05Marx décide de prendre le projet en main
12:07et met au point la version finale du texte.
12:10Le manifeste aurait très bien pu être rédigé en comité,
12:12mais il a été écrit par un seul homme.
12:15Et c'est ça qui est beau.
12:17Si l'œuvre dégage une telle énergie,
12:19un tel brio et une telle passion,
12:21c'est parce que sa rédaction finale
12:22est le fruit du travail d'un seul et même auteur,
12:25Karl Marx.
12:27L'œuvre est surtout connue
12:34pour son appel à la révolution,
12:35mais elle contient également des passages
12:37perspicaces et admiratifs sur le capitalisme.
12:44Ce qu'il y a de surprenant,
12:47c'est que dans cet essai à la gloire du communisme,
12:50on trouve beaucoup de bonnes analyses du capitalisme
12:53teintées d'une certaine admiration.
12:55L'attitude de Marx à l'égard du capitalisme est très ambigüe.
13:02Il en était très fasciné.
13:04Il ne s'en est jamais caché.
13:05Il était parfaitement conscient qu'il s'agissait du système le plus productif
13:09et le plus dynamique de l'histoire de l'humanité.
13:11Il était impressionné de voir à quel point le capitalisme
13:17était un moteur pour le progrès,
13:20capable de balayer les vieilles coutumes et traditions
13:22pour en créer de nouvelles.
13:25Et ce qui est intéressant,
13:26c'est que les marxistes modernes les plus brillants
13:29partagent ce sentiment.
13:30A vrai dire, Marx a bien compris que la recherche du profit
13:37permettrait de réaliser des choses incroyables.
13:43C'est elle qui l'a première à prouver
13:44ce que peut accomplir l'activité humaine.
13:47Elle a créé bien plus encore que les pyramides d'Égypte,
13:50les aqueducs romains et les cathédrales gothiques.
13:52Du jour au lendemain,
14:01les gens ont eu accès à des choses
14:02venant de l'autre bout du monde
14:03de façon totalement inédite.
14:05Et Marx a bien compris l'impact d'un tel bouleversement.
14:10Poussé par le besoin de déboucher toujours nouveau,
14:13la bourgeoisie envahit le globe entier.
14:17Il lui faut pénétrer partout,
14:19s'établir partout,
14:20créer partout des moyens de communication.
14:22Elle crée un monde à son image.
14:28Mais s'il y a un inconvénient.
14:31La société bourgeoise moderne
14:33ressemble au sorcier
14:34qui ne sait plus dominer
14:36les puissances infernales qu'il a évoquées.
14:40Dès lors,
14:41la bourgeoisie produit avant tout
14:43ses propres foussoyeurs.
14:47Sa chute et la victoire du prolétariat
14:50sont également inévitables.
14:52Si Marx trouve le capitalisme si brillant,
14:55pourquoi pense-t-il qu'il soit voué à l'échec ?
14:58La réponse réside dans la façon
14:59dont le capitalisme traite les travailleurs.
15:02Pour comprendre son analyse des crises,
15:10nous devons d'abord appréhender le capitalisme
15:12au travers de son regard.
15:14Les capitalistes du 19e siècle
15:16ont peut-être créé bien plus encore
15:18que les pyramides d'Égypte.
15:20Mais ils ont également obligé
15:22leurs mains d'œuvre
15:22à endurer de terribles conditions de travail
15:25et des salaires de misère.
15:26On peut surestimer l'horreur
15:29de l'industrialisation européenne.
15:33Par exemple, en 1829, à Liverpool,
15:37l'espérance de vie était de 28 ans.
15:41Jamais elle n'avait été aussi basse
15:42depuis la peste noire.
15:43La révolution industrielle
15:47a donc eu un impact désastreux
15:49sur l'espérance de vie
15:50des grandes villes d'Europe,
15:52comme Hambourg, Berlin,
15:54Manchester, Liverpool,
15:57Birmingham et Londres.
16:01C'était une époque
16:02de changement révolutionnaire
16:03qui a eu des conséquences dévastatrices
16:06sur les conditions de vie
16:07de la classe ouvrière
16:08des années 1820 et 1830.
16:13pour leurs standards de vie.
16:14Chez les historiens,
16:18Marx est considéré
16:19comme l'analyste prééminent
16:20du capitalisme
16:21du milieu du 19e siècle.
16:23C'est le premier homme,
16:27et peut-être même le dernier,
16:30à avoir véritablement compris
16:31l'importance des rapports
16:32de production
16:33dans ce système capitaliste
16:34d'Europe occidentale
16:35du milieu du 19e siècle.
16:40La question est de savoir
16:42si cette analyse
16:42est toujours pertinente
16:43aujourd'hui.
16:46Les déplorables conditions
16:47de travail de l'époque victorienne
16:49ont clairement façonné
16:50la pensée économique de Marx.
16:53A son époque,
16:54salaire minimum pour les prolétaires
16:56signifiait profit maximum
16:57pour les patrons,
16:59et ceux qui décidaient
17:00de mieux payer leurs mains d'œuvre
17:01finissaient généralement
17:02par faire faillite.
17:03Dans le système marxiste,
17:10tout le monde a droit
17:11au minimum vital.
17:12Il s'agit d'une valeur flexible.
17:15Ce que nous considérons
17:16comme le minimum vital
17:17aujourd'hui
17:18ne correspond peut-être pas
17:20à ce que Marx avait en tête
17:21au milieu du 19e siècle.
17:24Mais quoi qu'il en soit,
17:25les salaires ne dépasseront
17:26jamais cette valeur.
17:27Il pensait qu'il y aurait
17:30toujours une pression
17:32à la baisse sur les salaires
17:33qu'ils finiraient
17:34par être réduits
17:34au minimum vital.
17:36Pas plus bas,
17:36sinon les travailleurs mourraient.
17:39Mais en réalité,
17:40ça a été le contraire.
17:41Les salaires n'ont pas
17:42cessé d'augmenter
17:43d'année en année,
17:44de décennie en décennie.
17:51Marx se trompait.
17:53Il pensait que la situation
17:54dégénérait tellement
17:55que les travailleurs
17:56finiraient par renverser
17:57le système.
18:00Or, au moment même
18:01où il écrivait,
18:02les réformateurs
18:03commençaient à se débarrasser
18:04des pires pratiques
18:05de l'emploi.
18:06Le capitalisme,
18:07c'est plutôt adouci
18:08qu'endurci.
18:10Mais l'idée selon laquelle
18:11les intérêts divergents
18:12des patrons et des travailleurs
18:13déboucheraient sur des crises,
18:14elle,
18:15semble beaucoup plus pertinente.
18:20Pour Marx,
18:21la raison dernière
18:22de toutes les véritables crises
18:24reste toujours
18:25la pauvreté
18:25et la limite imposée
18:26à la consommation
18:27des masses.
18:28Pour faire simple,
18:30si les travailleurs
18:30ne sont pas assez payés,
18:32ils n'auront pas assez
18:32d'argent à dépenser
18:33dans les magasins
18:34et l'économie s'effondrera.
18:36Pour certains,
18:37cette idée permet
18:37de bien comprendre
18:38la crise actuelle.
18:39en quoi les théories de Marx
18:57peuvent-elles expliquer
18:58le marasme dans lequel
18:59nous nous trouvons ?
19:00Pour le comprendre,
19:04regardons les 40 dernières années
19:05à travers le prisme marxiste.
19:07sur Marx TV,
19:08une chaîne de télévision fictive,
19:10cette crise n'est autre
19:11qu'une bonne vieille lutte
19:12des classes
19:12à la mode des années 1970.
19:16Au cœur du conflit,
19:17les salaires.
19:19Les capitalistes
19:19veulent payer moins,
19:20les travailleurs
19:21gagner plus.
19:22Dans les années 1970,
19:28les puissants syndicats
19:29se sont battus
19:29pour le maintien des salaires.
19:31Mais dans les années 1980,
19:33les capitalistes décident
19:34de contre-attaquer.
19:40Marx aurait dit
19:41que Margaret Thatcher
19:42et Ronald Reagan
19:43ont agi dans le seul intérêt
19:44des patrons capitalistes.
19:46Leurs gouvernements
19:49ont supprimé
19:50tous les obstacles
19:51visant à limiter
19:51les baisses de salaires
19:52pour le plus grand bonheur
19:53des entreprises.
19:54Sur Marx TV,
20:14les capitalistes
20:15ont gagné
20:15dans les années 1980.
20:18Depuis,
20:18rien n'a pu les arrêter.
20:20La garantie
20:20d'un bon salaire
20:21et la sécurité
20:22de l'emploi
20:22dont les travailleurs
20:23ont pu bénéficier
20:24jusque dans les années 1970
20:26ne sont plus qu'un souvenir.
20:28La pression sur les salaires
20:29a semé les graines
20:30de la crise
20:30que nous traversons actuellement.
20:34C'est bien joli,
20:35mais quelle est la part
20:36de vérité là-dedans ?
20:38Nous savons
20:38que la vision marxiste
20:39de l'histoire
20:40a raison sur un point,
20:41du moins en ce qui concerne
20:42la Grande-Bretagne
20:43et les Etats-Unis.
20:44Au cours des dernières années,
20:46les très hauts revenus
20:47n'ont cessé d'augmenter
20:48et tous les autres
20:49de diminuer.
20:51En Angleterre,
20:51les revenus réels
20:52n'ont pas évolué.
20:53ou ont diminué
20:54pendant une bonne partie
20:55de la décennie
20:56qui a précédé la crise.
20:57Aux Etats-Unis,
20:58cette tendance
20:59dure depuis les années 1970.
21:05Aux Etats-Unis,
21:06le salaire médian
21:07des travailleurs
21:08à temps complet
21:08de sexe masculin
21:09stagne depuis
21:10un peu plus de 30 ans.
21:13Il n'a jamais augmenté.
21:15Aujourd'hui,
21:16les revenus des ménages
21:17sont les mêmes
21:17qu'il y a 15 ans.
21:19Seuls,
21:19les plus hauts revenus
21:20ont augmenté.
21:22Il y a 20 ans,
21:27la part de revenus
21:28des plus riches
21:29aux Etats-Unis
21:30était d'environ
21:3112%.
21:32contre près de 23%
21:38aujourd'hui.
21:39C'est de 23%.
21:40Au Royaume-Uni,
21:48si les choses
21:49ne sont pas allées
21:49si loin,
21:50les inégalités
21:51vont néanmoins
21:52bon train.
21:56Mais ce n'est pas là
21:57une stratégie délibérée
21:58des cupides capitalistes.
22:00Nous devons admettre
22:01qu'il y a
22:01de plus grandes forces
22:02à l'œuvre.
22:02Premier coupable,
22:09les nouvelles technologies.
22:16Les machines
22:16remplacent progressivement
22:17le travail manuel.
22:19La faible demande
22:20en main-d'œuvre
22:20a accru la compétition
22:22sur le marché de l'emploi.
22:23Par conséquent,
22:25les patrons
22:25peuvent se permettre
22:26de proposer
22:27de plus bas salaires.
22:28Mais le facteur
22:32le plus significatif,
22:33c'est peut-être
22:34la mondialisation.
22:37Avec l'abaissement
22:38des barrières douanières,
22:39le monde des affaires
22:40internationales
22:41a eu accès
22:41à une gigantesque
22:42réserve de main-d'œuvre
22:43bon marché.
22:45Des millions
22:47et des millions
22:48de nouveaux travailleurs
22:49ont fait leur arrivée
22:50sur le marché.
22:51En Chine,
22:52en Inde,
22:53dans d'autres régions
22:54d'Asie,
22:55dans des pays
22:56d'Amérique du Sud
22:57comme le Brésil,
22:58et ce processus
23:01a transformé
23:02le rapport capital-travail
23:03à l'échelle planétaire.
23:09La concurrence mondiale
23:10a mis la pression
23:11sur certains métiers,
23:13en particulier
23:13ceux que l'on peut
23:14exercer à distance.
23:17Par exemple,
23:20un analyste
23:21peut très bien
23:21être basé
23:22aux Philippines
23:23ou à Bombay
23:23pour faire un travail
23:25qui coûterait
23:26beaucoup plus cher
23:26à New York.
23:27La main-d'œuvre
23:36des pays riches
23:36se retrouve en concurrence
23:38avec une armée
23:39de réserve
23:39de plusieurs milliards
23:40de travailleurs.
23:43Je pense que
23:44les pays émergents
23:45sont largement
23:46en faveur
23:46de cette nouvelle donne
23:47parce qu'elles profitent
23:49à presque tous.
23:51Dans les pays
23:51industrialisés,
23:52c'est moins évident.
23:53ceux qui avaient
23:54un faible salaire
23:55se retrouvent
23:56avec des salaires
23:57encore plus bas
23:58par rapport
23:58à ceux
23:59qui ont prospéré.
24:00C'est ça le problème.
24:01cette analyse
24:08trouve même écho
24:09chez le dirigeant
24:10de la plus grande
24:10puissance au monde.
24:11Pour Marx,
24:38la cause profonde
24:40de la crise actuelle,
24:41ce sont les faibles salaires.
24:42même en mettant de côté
24:46toutes les questions
24:46de morale et de justice
24:48en termes d'efficacité
24:49économique,
24:51cette distribution
24:52extrêmement inégale
24:53des revenus
24:54et des richesses,
24:55au détriment
24:56des travailleurs
24:57dont les salaires baissent
24:58et au profit du capital
24:59dont les bénéfices augmentent,
25:02eh bien,
25:02cette distribution inégale
25:03a un impact négatif
25:04sur l'économie
25:05parce qu'elle tend
25:07à réduire
25:08la demande agrégée
25:09en diminuant
25:10les revenus
25:10de ceux
25:11qui seraient enclins
25:12à dépenser plus.
25:17Vers la fin
25:17du XXe siècle,
25:19ce problème
25:19a pu être résolu,
25:20temporairement bien sûr.
25:22La solution ?
25:23La carte de crédit.
25:24Il y avait de plus en plus
25:28d'inégalités,
25:29de plus en plus
25:29d'inquiétudes.
25:32C'en était trop
25:32pour la population.
25:34Les démocraties
25:35sont très douées
25:36pour mettre la pression
25:37à leurs dirigeants politiques
25:38et les contraindre
25:39à venir en aide
25:40ou laisser pour compte.
25:42Selon moi,
25:43il aurait mieux valu
25:43se concentrer
25:44sur l'éducation
25:45et la formation.
25:46Au lieu de ça,
25:47on a opté
25:48pour une solution
25:48à plus court terme,
25:49le crédit.
25:50Grâce au crédit
25:54à la consommation,
25:55les gens peuvent
25:56continuer à dépenser
25:57même s'ils n'ont pas d'argent.
26:00L'économie
26:01se maintient à flot
26:02et les capitalistes
26:03continuent à faire
26:04des profits.
26:06Comme nous le savons,
26:07c'est allé bien au-delà
26:08des cartes de crédit.
26:09Ce qui a précipité
26:10la crise,
26:11ce sont les milliards
26:12de crédits hypothécaires.
26:14Les gens pensaient
26:15que la valeur
26:16de l'immobilier
26:16ne cesserait jamais
26:17d'augmenter.
26:18Ce qu'il y a de magique
26:22avec les prêts immobiliers,
26:23c'est que si le prix
26:24de votre maison
26:25augmente
26:25et que votre emprunt
26:26a comme gage
26:27la valeur de votre bien,
26:28vous n'avez pas l'impression
26:30de vous endetter.
26:33Mais bien sûr,
26:34c'est une illusion.
26:36Les États-Unis
26:36sont massivement touchés.
26:38Comme nous le savons,
26:39les capitalistes du pays
26:40devenaient de plus en plus riches.
26:48Mais pas question
26:51de dépenser
26:52leur trop-plein d'argent.
26:53Plus que jamais
26:54à l'affût du profit,
26:55ils octroient
26:56des prêts
26:56de plus en plus risqués.
26:58Ces emprunts
26:58portent un nom bien familier.
27:04Les subprimes.
27:05Comme les revenus
27:11de la plupart
27:11des Américains
27:12stagnaient,
27:13voire déclinaient,
27:14on leur a dit
27:15ne vous faites pas de billes,
27:16continuez à dépenser
27:17comme si vos revenus
27:18allaient augmenter.
27:21Et ils ont suivi
27:21ce conseil à la lettre.
27:24Qui allait s'y opposer ?
27:27Les banques
27:27qui gagnaient de l'argent ?
27:28Les ménages
27:29qui s'achetaient des maisons ?
27:30Les politiciens
27:31dont la cote de popularité
27:32grimpait ?
27:33Tout le monde
27:34y trouvait son compte
27:35jusqu'à ce que
27:36tout s'effondre.
27:39Les subprimes,
27:40c'est l'étape finale
27:42de la solution
27:42à la dette
27:43face au manque
27:45de marché.
27:48En essayant
27:51d'échapper
27:52aux crises
27:52nées du manque
27:53de demandes
27:54effectives
27:55sur le marché,
27:56on finit
27:58par créer
27:59une crise
27:59du crédit
28:00à la place.
28:01et l'étape finale
28:04de ce processus,
28:05ce sont
28:06les subprimes.
28:12Et nous savons
28:13tous
28:13comment ça s'est terminé.
28:15Avec le recul,
28:16ça semble évident.
28:18Prêter à des gens
28:19qui n'en ont pas
28:19les moyens
28:20est tout
28:20sauf une solution durable.
28:22L'éclatement
28:23de la bulle immobilière
28:24a mis en péril
28:25les plus grandes banques
28:26de la planète.
28:27Et notre monde
28:28est tellement
28:29interconnecté
28:30qu'au lieu
28:30de se confier
28:31aux seuls Etats-Unis,
28:32la crise s'est propagée
28:33et a infecté
28:34le système tout entier
28:35causant une récession mondiale.
28:45Le capital,
28:47quand il est confronté
28:48à un problème,
28:49il cherche généralement
28:50à le déplacer.
28:53Il le déplace
28:54vers un autre secteur
28:55ou une autre zone géographique.
28:57N'importe quelle région
28:58du monde
28:58en difficulté économique
28:59essaiera
29:00de se décharger
29:01sur une autre.
29:04De même,
29:04s'il y a un problème
29:06dans le système bancaire,
29:08on s'arrangera
29:08pour que ça devienne
29:09celui du gouvernement.
29:12Et si c'est le gouvernement
29:13qui est en difficulté,
29:14il tentera
29:15d'extraire
29:15la richesse
29:16de la population
29:17à grand renfort
29:18de taxes
29:18et de politiques
29:19d'austérité.
29:23Voilà un récit
29:24extraordinaire
29:25que beaucoup
29:26auraient du mal
29:27à croire.
29:28Le marxisme
29:29ne fonctionne pas,
29:30mais comme c'est
29:31une belle histoire,
29:31on y revient sans cesse.
29:33Les bas salaires
29:34n'ont joué aucun rôle
29:35dans la crise.
29:36Les responsables
29:36sont les gouvernements
29:37et les banques centrales
29:38qui ont inondé
29:39le marché
29:39avec des crédits
29:40et de l'argent
29:41bon marché.
29:42Tout ça parce que
29:42les politiciens
29:43n'acceptent pas
29:44que la récession économique
29:45mette des gens
29:45au chômage.
29:46à un certain degré,
29:49je pense que ça a pu
29:50creuser l'endettement
29:50qui a frappé
29:51la population
29:52pendant la crise
29:52et ainsi contribuer
29:54à l'intensifier.
29:56Mais ce n'est pas
29:56une cause sous-jacente.
29:58C'est un facteur contextuel
29:59qui n'a fait qu'aggraver
30:00légèrement la situation.
30:03Mais l'idée
30:03selon laquelle
30:04le faible niveau
30:05des salaires
30:05a contribué
30:06à la crise
30:06gagne du terrain
30:07dans des sphères
30:08auxquelles
30:08on ne s'attendrait pas.
30:09Je me trouvais
30:12exactement ici.
30:14Ça devait être
30:15le week-end
30:16avant que Lehman
30:16fasse faillite.
30:19D'habitude,
30:20c'est un peu bruyant
30:22mais là,
30:22on aurait pu entendre
30:23une mouche voler.
30:25Il régnait
30:25un silence de mort.
30:27On pouvait presque sentir
30:28que le système
30:29financier mondial
30:30était gelé.
30:32C'était une pensée
30:33plutôt effrayante.
30:36Ça m'a rappelé
30:36beaucoup de choses
30:37que j'avais lues
30:37et étudiées
30:38dans ma jeunesse
30:39à l'époque
30:39où je lisais
30:40Marx pour le plaisir.
30:43J'ai posté
30:44un article
30:44sur le site
30:45d'une agence de presse
30:46qui a été
30:47le plus commenté
30:48pendant plusieurs semaines.
30:51Mais il y a
30:53beaucoup de gens
30:54qui n'acceptent pas
30:55qu'une idée socialiste
30:56ou marxiste
30:56puisse être prise au sérieux
30:58par le grand public.
31:02J'ai reçu
31:03beaucoup de lettres
31:03d'insultes
31:04venant des États-Unis.
31:06On m'accusait
31:07d'être un clone
31:08d'Obama.
31:09Donc, je pense
31:11que beaucoup
31:11de ces réactions
31:12négatives
31:13venaient de gens
31:14qui avaient déjà
31:15une idéologie
31:16bien tranchée.
31:19Mais les défenseurs
31:20de Marx
31:21ne sont pas forcément
31:22prêts à le suivre
31:22jusqu'au bout.
31:23à mon avis,
31:26personne ne croit
31:27sérieusement
31:28que tout cela
31:28est dû
31:29à la dictature
31:30du prolétariat.
31:33Je pense que Marx
31:34nous a permis
31:35de bien cerner le problème.
31:36Mais étant donné
31:37l'environnement
31:38dans lequel nous nous trouvons,
31:40nous devons trouver
31:40d'autres solutions.
31:43Mais Marx
31:44est catégorique.
31:45La crise
31:45est inéluctable.
31:47Si les capitalistes
31:48ne cherchent pas
31:49le profit avant tout,
31:50ils feront faillite.
31:51alors pourquoi
31:53choisirait-il
31:54de donner aux travailleurs
31:55une plus grosse part
31:55du gâteau ?
31:57Marx dirait
31:59qu'il faut trouver
32:00des moyens
32:01de sortir de la crise
32:02qui vont au-delà
32:03du rétablissement
32:04de la puissance
32:05de la classe capitaliste.
32:08Et c'est là
32:10que la révolution
32:11entre en jeu.
32:16Mais qui se révolte
32:17contre qui,
32:18au juste ?
32:19Pour Marx,
32:20le monde était divisé
32:21entre les prolétaires
32:22et les capitalistes.
32:23Mais aujourd'hui,
32:24cette distinction
32:25est loin d'être aussi nette.
32:26Certains patrons
32:27travaillent à leur compte
32:28et certains travailleurs
32:29détiennent des parts
32:30de leur entreprise.
32:32Dans la société moderne,
32:34qu'il s'agisse
32:34des téléphones portables
32:35ou des plans de retraite,
32:36nous avons bien trop
32:37d'intérêt en jeu
32:38dans le système
32:38pour envisager
32:39une révolution armée.
32:42Si le capitalisme
32:43survit,
32:43c'est parce que,
32:44fondamentalement,
32:45ça fonctionne.
32:46C'est un vecteur
32:47de progrès
32:47qui pousse les gens
32:48à avancer.
32:49Il fait appel
32:50à un sentiment naturel,
32:52l'envie d'évoluer,
32:53d'essayer d'agir
32:54pour offrir
32:54un meilleur futur
32:55à nos enfants.
32:56Le capitalisme
32:57profite à bien plus
32:58de gens
32:59qu'il ne nuit à d'autres.
33:00C'est ça la raison
33:01de sa longévité.
33:04Mais qu'en est-il
33:05des déçus du capitalisme ?
33:07Qu'est-ce que Karl Marx
33:08aurait à leur proposer ?
33:09Étonnamment,
33:10malgré toutes ses critiques
33:11sur ce système,
33:12il ne fournit
33:13aucune piste
33:14pour une autre solution
33:15plus juste.
33:15Vers la fin de sa vie,
33:24Marx semble apprécier
33:25les choses
33:26comme elles sont.
33:27Lui qui a toujours
33:28été pauvre,
33:29en 1856,
33:30il a assez d'argent
33:31pour s'installer
33:32dans les faubourgs
33:32de Londres.
33:40Le jeune Trublion
33:41semble leur faire partie
33:42de l'establishment.
33:45Il passait des journées
33:46à se promener
33:47dans le parc
33:48d'Amstead Heath,
33:48à écrire des lettres,
33:52à lire le Times,
33:53à s'occuper
33:54de ses finances,
33:56à s'inquiéter
33:56de ses filles
33:57et du prix
33:57de leurs leçons
33:58de piano.
34:01À bien des égards,
34:02on peut dire
34:02que Marx menait
34:03une vraie vie de bourgeois.
34:07Marx ne voulait pas
34:08précipiter la révolution.
34:10Pour comprendre pourquoi,
34:11penchons-nous
34:11sur sa vision
34:12de l'histoire.
34:18Toutes les grandes
34:19entreprises de l'humanité,
34:21depuis la préhistoire,
34:23aux sociétés
34:23esclavagistes
34:24de la Rome
34:25et de la Grèce antique,
34:27jusqu'au féodalisme
34:28des rois
34:29et des seigneurs,
34:31ont été remplacées
34:32les uns
34:33après les autres
34:33par notre système
34:34capitaliste
34:35de patrons
34:36et de travailleurs.
34:39Incroyablement injustes,
34:41mais également
34:41incroyablement productifs.
34:46Pour Marx,
34:47ce n'est qu'une fois
34:48que nous aurons tiré
34:49le maximum du capitalisme
34:50que nous pourrons
34:51nous permettre
34:52de faire la révolution.
34:53comme il le dit,
34:58la dernière heure
34:59de la propriété privée
35:00capitaliste
35:01a sonné.
35:02Les expropriateurs
35:03sont expropriés
35:04à leur tour
35:04pour être remplacés
35:06par...
35:08plus ou moins rien.
35:12Marx ne propose
35:12aucune autre solution.
35:14Plutôt fâcheux.
35:15Marx n'était pas du genre
35:19à donner un guide
35:19en cinq étapes
35:20intitulé
35:21« Comment passer
35:21du capitalisme
35:22au communisme
35:23avec des instructions
35:24sur la façon
35:25de procéder ».
35:27C'est à nous
35:27de trouver.
35:28Lui est juste là
35:28pour nous permettre
35:29d'élargir nos horizons.
35:32Y a-t-il une autre option
35:34que le capitalisme ?
35:36Aucune idée.
35:37Évidemment,
35:38tout est possible.
35:39Le silence éternel,
35:40la famine,
35:41la fin du monde.
35:41mais une solution concrète,
35:43je ne sais pas.
35:44Il n'y a rien
35:45qui me vienne à l'esprit
35:46et je ne vois pas
35:47l'intérêt.
35:48C'est comme se demander
35:48s'il y a une alternative
35:49autant qu'il fait.
35:51Je pense que
35:53s'il avait vécu
35:54dix ans de plus
35:55et qu'il avait explicité
35:57sa vision
35:57d'une république
35:58socialiste,
36:00il aurait épargné
36:01au monde
36:02pas mal de tracas.
36:03Sans aucune piste
36:13de sa part,
36:14nous savons tous
36:15ce qu'il s'est passé.
36:18Il n'y a pas eu
36:18de révolution
36:19dans le riche pays développé
36:21comme Marx l'avait prédit,
36:23mais dans l'une des nations
36:24les plus pauvres du monde.
36:28Certes,
36:29la Russie soviétique
36:30dépasse de loin
36:30le marxisme,
36:31mais il s'agit néanmoins
36:33d'une tentative
36:33pour essayer quelque chose
36:34d'autre
36:35et nombreux sont ceux
36:36qui ont tiré
36:37une leçon de cet échec.
36:39A vrai dire,
36:40il y a différentes formes
36:41de capitalisme.
36:42Certains ont une démocratie
36:44un peu plus sociale,
36:45d'autres sont plus proches
36:46du laissé-faire
36:47et il existe
36:47un continuum entre eux.
36:50Mais face à la grande question,
36:51vous préférez un système
36:52communiste ou capitaliste ?
36:54Les avis sont
36:55plus ou moins unanimes.
36:57Il y a des versions
36:59plus humaines du capitalisme
37:01et d'autres plus barbares.
37:03Mais je ne pense pas
37:04qu'il existe
37:04d'alternatives systématiques
37:06au capitalisme.
37:07Y en aura-t-il un jour ?
37:09Oui, je pense.
37:10Après tout,
37:11rien n'est éternel,
37:12absolument rien.
37:13Et le capitalisme
37:14ne fait pas exception
37:15à la règle.
37:15Mais tous ceux qui cherchent
37:20une solution plus juste
37:21que le capitalisme
37:22savent qu'ils ne peuvent pas
37:24répéter ce qui s'est passé
37:25à l'est du mur de Berlin.
37:27Dictature,
37:28oppression politique
37:29et des millions de vies brisées.
37:31De 1945 à 1989,
37:43c'était le principal centre
37:45de détention provisoire
37:46des prisonniers politiques
37:47de l'Allemagne
37:47de l'Est communiste.
37:49Aujourd'hui,
37:50c'est un mémorial.
37:51Des endroits comme celui-ci
38:05expliquent peut-être
38:07pourquoi même
38:08les plus féroces critiques
38:09du capitalisme
38:09envisagent rarement
38:11de le remplacer sérieusement.
38:18C'est la même chose
38:20chez tous les protestataires européens.
38:23Je suis allé en Espagne
38:24et en Grèce
38:25en posant toujours
38:26la même question.
38:27Qu'est-ce que vous voulez ?
38:30Je n'ai entendu
38:31aucune proposition concrète.
38:35Seulement des réponses
38:36purement morales du genre
38:37« L'argent devrait servir le peuple
38:39et pas l'inverse. »
38:42Ma foi, je suis sûr
38:42que même Hitler
38:43et tous les autres
38:44auraient été d'accord avec ça.
38:48On aurait pu penser
38:49qu'avec l'implosion
38:50du secteur bancaire
38:51au cœur des systèmes
38:52capitalistes américains,
38:53britanniques et autres,
38:55il y aurait eu
38:56un énorme regain d'intérêt
38:57pour le marxisme
38:58et l'extrême gauche.
39:02Eh bien, pas vraiment.
39:05C'est assez surprenant,
39:07mais pas pour me déplaire.
39:08Mais si le souvenir
39:12de cet endroit
39:13finit par s'estomper,
39:15pourra-t-on envisager
39:16un autre système
39:17que le capitalisme ?
39:19Ou ne sera-t-on
39:19jamais capable
39:20d'oublier la leçon
39:21de ce qui s'est passé ici ?
39:24Si on supprime
39:25le libre marché,
39:26les gens n'auront plus
39:27la possibilité
39:28d'échanger librement
39:29avec les autres,
39:30d'acquérir les produits
39:31dont ils ont envie
39:31et de sacrifier
39:32ceux qui leur plaisent le moins.
39:33On les prie
39:35de la possibilité
39:36de s'enrichir
39:37et d'améliorer leur vie.
39:39Ça fait partie
39:40de la nature humaine.
39:42Pour Adam Smith,
39:43le désir d'améliorer
39:44sa propre condition
39:45est un principe fondamental.
39:47En leur refusant
39:48cette opportunité,
39:49on va à l'encontre
39:50de la nature humaine.
39:52On les force
39:53à se comporter différemment
39:54de la façon
39:54dont ils auraient
39:55spontanément agi.
39:59Chercher une autre option
40:00que le capitalisme
40:01revient à dire
40:02que le capitalisme
40:03est un système
40:03et pas une réalité.
40:05C'est penser
40:06que la nature humaine
40:07peut être changée.
40:11C'est ni plus ni moins
40:12de l'utopisme.
40:15Et le problème
40:16avec les utopies,
40:17c'est que le seul moyen
40:18de s'en approcher,
40:20c'est dans le sang.
40:21Mais elles ne se réalisent jamais.
40:24J'ai un slogan
40:26quand nous, gauchistes,
40:27sommes accusés
40:27d'être des utopistes.
40:29La seule véritable utopie,
40:31c'est penser
40:31qu'avec quelques changements
40:32superficiels,
40:33les choses peuvent rester
40:34telles qu'elles sont
40:35ad vitam aeternam.
40:36qu'elles sont aujourd'hui.
40:38Karl Marx s'éteint en 1883.
41:01Sur sa tombe,
41:02son collaborateur
41:03et ami de toujours,
41:03Friedrich Engels
41:05déclare
41:06son nom et son oeuvre
41:07vivront dans les siècles.
41:11Son nom a vécu
41:12pendant la majeure partie
41:13du XXe siècle,
41:14souvent pour les mauvaises raisons.
41:17Cependant,
41:17nombreux sont ceux
41:18qui aujourd'hui
41:19pensent encore
41:19que le capitalisme
41:20n'est pas la seule option
41:21qui s'offre à nous.
41:22Marx a réuni des analyses
41:27économiques concrètes
41:28avec un certain
41:29espoir d'émancipation.
41:33Le message est toujours
41:34aussi beau.
41:35Peut-être que vous,
41:36les gens ordinaires,
41:37avez une chance.
41:41Franchement,
41:42je ne suis pas du genre
41:43à faire des éloges,
41:44mais si je devais rendre
41:45hommage à Marx,
41:46je le comparerais
41:48à son personnage
41:49préféré
41:50de la mythologie grecque,
41:53Prometheus,
41:56qui a fait cadeau
41:57du feu aux mortels.
42:02Comme lui,
42:04Marx a donné
42:04aux citoyens
42:05du monde entier
42:06le feu nécessaire
42:07pour transformer
42:07leur vie
42:08à jamais.
42:09Pour transformer
42:10leur vie
42:10pour toujours.
42:16Mais qu'en est-il
42:22de ceux
42:22qui sont moins
42:23enclins à la révolution ?
42:25Pour Marx,
42:27si le capitalisme
42:28ne fonctionne pas
42:28pour tout le monde,
42:30il ne fonctionne
42:30pas du tout.
42:37Il y a eu
42:40des changements
42:40significatifs
42:41en termes
42:41d'inégalité
42:42et de distribution
42:43des revenus
42:43qui nous poussent
42:44à nous interroger
42:45sur les bénéfices
42:46des développements
42:47de la production
42:48et de la prospérité
42:49que nous avons connus.
42:51On ne peut pas
42:51se permettre
42:52de penser
42:52que les bienfaits
42:53d'une économie
42:53de marché
42:54et la prospérité
42:55qu'elle engendre
42:56seraient possibles
42:57sans un engagement
42:58collectif
42:59pour le maintien
42:59du système.
43:01Et pour cela,
43:02les gens doivent croire
43:03qu'au bout du compte,
43:04tout le monde
43:04sera gagnant.
43:08On dirait
43:09que les mauvais côtés
43:10du capitalisme
43:11que l'on a pu voir
43:11au 19e siècle
43:13sont en train
43:14de réapparaître
43:15au 20e
43:16et au 21e siècle.
43:21Bien sûr,
43:22aujourd'hui,
43:22les conditions
43:22de santé
43:23sont bien meilleures
43:24et le niveau
43:25de vie
43:25beaucoup plus élevé.
43:30Néanmoins,
43:31les choses
43:31ne sont pas
43:32ce qu'elles devraient être
43:33et n'évoluent pas
43:34comme elles le devraient.
43:35nous devons trouver
43:42un moyen
43:43de créer
43:43des emplois
43:44diversifiés
43:45avec des salaires
43:47raisonnables
43:48sans pour autant
43:50aller à l'encontre
43:51des lois fondamentales
43:52de la concurrence.
43:56Karl Marx avait raison
43:57de dire
43:58que le capitalisme
43:59était intrinsèquement
44:00instable
44:00et souvent injuste.
44:02Keynes et Hayek
44:03l'ont compris eux aussi,
44:04mais Marx fut le premier.
44:06Et contrairement à eux,
44:08il ne pensait pas
44:08qu'il faille trouver
44:09un moyen
44:09de s'en accommoder.
44:11Selon lui,
44:11le capitalisme
44:12se remettrait des crises
44:13et se réinventerait.
44:15Mais un nouveau système
44:16plus convaincant
44:16finirait par apparaître
44:17et le capitalisme
44:18s'effondrerait.
44:20Les théories de Marx
44:21sont pertinentes
44:22à bien des égards.
44:24Mais sur ce point,
44:25il semblerait
44:26qu'il se soit
44:26lourdement trompé.

Recommandations