- il y a 4 heures
Le musicien multi-instrumentiste Yann Tiersen revient d'une tournée un peu particulière. Il a navigué avec son équipe, à bord de son voilier Ninnog, de la Bretagne aux confins du Svalbard, une invitation à repenser le rôle de l’art dans un monde confronté au dérèglement climatique.
Retrouvez "La terre au carré" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre
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NewsTranscription
00:00Musique
00:01L'invité au carré aujourd'hui
00:20Yann Tiersen, musicien
00:21France Inter
00:23La Terre au carré
00:26Mathieu Vidal
00:29Cette maison est la plus ancienne du village
00:31ou tout au moins de ce que sur Wesson
00:33on appelle un village, c'est-à-dire un hameau
00:35J'aime aussi en donnant son adresse
00:37usée du terme lieu dit
00:39puisqu'il n'y a pas sur Wesson de nom de rue
00:41Le pays ne s'est pas retranché
00:43dans son nom, ni l'histoire de la rue
00:45dans une plaque d'émail bleu
00:46Tant de choses sur cette île sont préservées
00:49de la dénomination, de l'écrit et de l'inscrit
00:51Juste confiées à l'oralité
00:53si bien qu'une parole seule
00:55échangée sous la pluie les perpétue dans les secrets
00:57La maison se tient sur une sorte de petite bute
01:00et s'élève humble comme une cabane
01:01et solide comme un menhir
01:03Son crépit blanc a depuis longtemps été moucheté de lichens
01:06et raturé de grisailles
01:07Il est devenu cendre, nuage, poussière
01:10orage et suie
01:11mais les fenêtres et la porte sont entourées
01:13d'un bleu estival invincible
01:15Devant la maison, un quadrillage de murs bas
01:17isole des lopins dont on voit encore
01:19les sillons de pommes de terre violettes
01:21mais où les orties, la bourrache, le fenouil sauvage
01:24les fougères, les hortensias
01:26se battent avec les fusains et les roses
01:28pour brouiller les cartes cadastrales
01:30Ce village du nord de Lille
01:32est composé de sept maisons simples et fières
01:34qui se défendent contre le vent du large
01:35et se protègent des embruns qui s'envolent de la grève
01:38et saupoudrent de sel les bleus
01:40des encadrements et les blancs défraîchis des crèches
01:43Chaque fois que je ferme la porte de cette maison
01:45et que le continent m'appelle vers ses vanités
01:47je médite sur le retour
01:49ainsi revenant au point de départ
01:51je raccommoderai le temps
01:53comme s'il y avait deux vies séparées
01:55celle de Lille et celle du continent
01:57deux temps parallèles sans interruption
01:59et tous les habitants ici
02:01vivent cette étrange expérience
02:02Partir, c'est se donner la possibilité de revenir
02:05et c'est la seule raison de partir
02:08Olivier Py, habité Oessan, 2021
02:13Bonjour Yann Thierssen
02:18Bonjour
02:19Est-ce que pour vous aussi la seule raison de partir de Ouestan
02:21où vous habitez, c'est de vous donner la possibilité d'y revenir ?
02:26Je n'ai pas l'impression de partir
02:28j'emmène toujours la maison avec moi
02:30De quelle façon ?
02:32Dans mon cœur
02:34Et voilà pour moi
02:39Ouestan c'est une communauté
02:41c'est ma vie
02:44c'est l'école
02:45c'est la réalité journalière
02:50c'est l'escale où je travaille
02:53où on fait des concerts
02:54et je ne peux pas vraiment partir
02:59et c'est aussi la mer
03:02et la mer c'est
03:03pour moi
03:04la mer c'est la continuité liquide
03:06qui lie toutes les terres du monde
03:09C'est pas une frontière
03:11Oh non
03:12Justement
03:13C'est au contraire
03:13Quand on navigue
03:14on se rend compte
03:17de l'absurdité
03:18de la frontière
03:21que c'est complètement irréel
03:23et absurde
03:24Il n'y a pas deux temps parallèles
03:25entre l'île et le continent pour vous ?
03:28Non
03:28puisque l'île
03:29elle est reliée par la mer
03:34que l'île
03:35c'est aussi un laboratoire
03:38c'est un territoire aussi
03:42c'est une communauté
03:44c'est du bon sens
03:45c'est vivre ensemble
03:49c'est travailler ensemble
03:51et c'est s'écouter
03:54dialoguer, débattre
03:56dans un monde
03:57où plus ça va
03:58plus on est
03:58il y a de la propagande partout
04:01et où c'est difficile de débattre
04:03et où on est
04:04on s'enferme dans nos bulles
04:09Donc il y a encore des espaces de rencontres
04:12à Ouessant par exemple ?
04:13Oui je pense que
04:13bien sûr
04:14bien sûr
04:15et il y a les rencontres
04:18les événements
04:20les moments où on se voit
04:21et puis
04:22toutes les
04:24les choses
04:28ce qu'ils font
04:28la société
04:29les métiers
04:30il y a une proximité
04:32c'est une chance énorme
04:34et je trouve que
04:35c'est pas
04:36quelque chose
04:38en voie de disparition
04:38ce serait plutôt
04:39un laboratoire
04:40pour que l'avenir
04:40ressemble à Ouessant
04:41avec le continent
04:42parce que voilà
04:44comme on n'est pas nombreux
04:46combien d'habitants
04:48à Ouessant ?
04:48800 l'hiver
04:49800
04:49et l'été évidemment
04:51enfin l'été
04:52qui s'allonge de plus en plus
04:53mais
04:53de plus en plus de monde
04:55aussi sur l'île
04:56aujourd'hui ?
04:57Oui
04:57après le tourisme
04:58après le tourisme
04:58qui change
04:59avec les
05:00les
05:00les
05:01les
05:01les grandes différences
05:03les gens qui ont
05:04plus en plus d'argent
05:05les autres qui ont
05:05moins en moins
05:06le bateau qui est
05:08de plus en plus cher
05:08dans un tourisme
05:09qui
05:09des gens qui sont
05:11de plus en plus riches
05:11donc qui sont
05:12souvent de plus en plus cons
05:14Ah bon ça va avec pour vous ?
05:16Oui
05:16enfin ça peut en tout cas
05:19non bien sûr
05:20je ne sais pas
05:20ça ne va pas
05:21enfin
05:22après
05:24le confort
05:26c'est jamais très
05:27c'est pas synonyme
05:29d'ouverture
05:30donc on s'enferme
05:32un peu
05:32quand on a trop de confort
05:33Enfin on peut être riche
05:34c'est pas con quand même
05:35non ?
05:36Oui oui
05:36mais alors notre époque
05:37en ce moment
05:38on ne nous apprend vraiment pas ça
05:39et puis on est de plus en plus riche
05:40et quand on est extrêmement riche
05:43c'est déjà
05:44de prioriser tant d'argent
05:45ce n'est pas une preuve d'intelligence
05:47déjà
05:47Amélie Poulain vous a rendu riche
05:49quand même
05:49Yann Diersen
05:50Oui mais
05:51c'est un moyen
05:54et puis alors
05:55si c'était à refaire
05:56c'est
05:58oui quoi
05:59si c'était à refaire
06:00vous pouvez finir votre phrase
06:01parce que la suite m'intéresse
06:03Non je suis mal à l'aise
06:04on ne va pas parler d'Amélie Poulain
06:05Non mais le si c'était à refaire
06:07est intéressant quand même
06:08Je ne sais pas
06:10si c'est quelque chose
06:11qui a apporté beaucoup
06:12de positif
06:14alors si
06:15il y a plein de choses
06:15justement
06:16peut-être l'aspect financier
06:17qui m'a permis
06:18d'avoir
06:20de l'argent
06:22pour créer
06:22pour des projets
06:23pour acheter l'Escal
06:25pour en faire un studio
06:25Escal c'est l'ancienne discothèque
06:27de Wesson
06:28qui vous sert maintenant
06:29de studio d'enregistrement
06:30qui est vraiment dans Wesson
06:32dans le village
06:32Oui
06:33et évidemment
06:34de pouvoir faire des tournes
06:37à la voile aussi
06:38donc voilà
06:38et d'essayer
06:40d'inventer d'autres choses
06:45ou d'être un peu
06:45en dehors du système
06:46donc oui
06:46le confort financier
06:48c'est bien sûr
06:48j'ai énormément de chance
06:51et j'en suis extrêmement conscient
06:52Et ça vous a pas rendu con ?
06:57Je sais pas
06:58peut-être
06:59Vous êtes de Brest
07:02Yann Tchersen
07:03donc en face
07:04de l'autre côté
07:05sur le continent
07:05Wesson s'est arrivé quand
07:07en fait
07:08dans votre histoire
07:09vous exactement ?
07:10Moi Wesson
07:11c'est plutôt des choses
07:12assez personnelles
07:12c'est que mon papa
07:13est mort quand j'étais assez jeune
07:14et j'ai cristallisé
07:17tous mes souvenirs
07:18de cette
07:19de souvenirs
07:21il y a à Brest
07:23et à Wesson
07:23où j'ai des images
07:24comme ça
07:25Ils vous ont emmené
07:25souvent là-bas ?
07:26Oui
07:26c'est ce que je m'en rappelle
07:28donc après
07:29adolescent
07:30j'ai recherché ça
07:31je suis allé à Wesson
07:32j'ai fait mon
07:33troisième album là-bas
07:35Le phare
07:35en le moment de maison
07:36après j'ai refait
07:38les retrouvailles
07:40où là j'ai rencontré
07:41des amis
07:41et j'ai posé
07:43mes valises
07:45On va écouter d'ailleurs
07:46un extrait du phare
07:48c'est monochrome
07:49avec la voix de Dominique A
07:51enregistrer donc cet album
07:52à Wesson
07:53à l'époque d'ailleurs
07:54en 97
07:55il n'y avait pas de studio
07:56d'enregistrement
07:57il a été fait où cet album ?
07:58J'avais remmené
07:59tout mon matériel
08:01avec moi
08:01j'ai toujours travaillé
08:02un peu en home studio
08:03avant d'avoir la chance
08:05et les moyens
08:06d'avoir un vrai studio
08:09j'ai toujours été
08:12assez indépendant
08:13au niveau enregistrement
08:14donc j'étais venu
08:15avec des magnétos
08:17et tout ça
08:18et après
08:19les voix
08:20les batteries
08:20on les a fait ailleurs
08:21mais l'album s'est construit
08:22là-bas
08:23Il a quelle place d'ailleurs
08:23dans votre discographie
08:25pour vous
08:25cet album le phare
08:26troisième album
08:27donc pour l'album
08:28de l'envol aussi
08:28quand même ?
08:29Ouais
08:29il est hyper important
08:30parce que c'est la première fois
08:31que j'ai eu un album
08:34qui a eu du succès
08:35je me souviens très bien
08:36de la tournée
08:37où j'ai commencé à tourner
08:38devant des salles vides
08:40et l'album est sorti
08:42et les salles se sont remplies
08:43c'était incroyable
08:44et le premier concert
08:46où j'ai vécu ça
08:48je crois que c'était
08:48à Cherbourg ou Havre
08:50je ne me rappelais plus
08:50mais j'ai vraiment cette image
08:52d'une salle pleine
08:54mais je ne savais pas
08:55ce que c'était
08:55je débutais
08:57donc mes deux premiers albums
08:59c'était plus confidentiel
09:00Qu'est-ce qu'on éprouve
09:02quand on voit
09:02vraiment les salles se remplir
09:04quand on sent le public
09:05vibrer avec vous
09:06en nombre
09:07du bonheur
09:09j'étais content
09:10c'est un truc qu'on n'oublie pas
09:11ah non
09:11troisième album
09:13donc Le Phare
09:15vous qui êtes née à Brest
09:17qui avez grandi à Rennes
09:18dans laquelle
09:19ces deux ambiances musicales
09:21et humaines
09:21se sont bien côtoyées
09:23en fait
09:24entre les deux villes
09:26vous aviez
09:26deux façons de vivre
09:27Rennes c'est mon adolescence
09:29c'est les trances musicales
09:30c'est tous les concerts
09:33que j'ai vus
09:34après Brest
09:37c'est une ville
09:38que j'aime profondément
09:40et je trouve
09:40c'est une ville fascinante
09:41qui est
09:44une espèce de
09:47enfin c'est une ville ouvrière
09:48c'est une ville
09:48qui vit
09:49qui reste
09:50authentique
09:52qui est pleine
09:53de surprises
09:55je trouve
09:56on ne s'ennuie jamais
09:57à Brest
09:57je compare Brest
09:58toujours un peu à Berlin
09:59tout le monde rigole
10:00mais je trouve
10:01qu'il y a plein d'endroits
10:03comme ça
10:03si on ne connait pas
10:04on ne sait pas
10:05et puis on rentre
10:06et puis c'est plein de vie
10:06il se passe toujours un truc
10:07tous les jours
10:08de la semaine
10:09et
10:10et votre rapport
10:13à la langue bretonne
10:13alors c'est aussi
10:14quelque chose
10:15de très important
10:15vous dites
10:16c'est un mode d'emploi
10:16de l'environnement
10:17oui
10:18c'est ma femme
10:20Amy Kinkis
10:21qui a
10:22une belle histoire
10:25par rapport au breton
10:26et moi je l'ai suivi
10:27qui avait sa grand-mère
10:30qui sur la fin de sa vie
10:31avait Alzheimer
10:32et du coup
10:32ne parlait plus que breton
10:33et que
10:34et elle
10:36elle a voulu
10:36réapprendre le breton
10:38grâce à
10:41à cause de ça
10:41et
10:42et moi je l'ai suivi
10:43c'était toujours
10:44une chose que je voulais faire
10:45apprendre cette langue
10:46et
10:48et quand j'ai fait cette formation
10:50on ne la parlait pas
10:50dans votre famille
10:51au départ ?
10:52euh
10:52non
10:53bah non non
10:55euh
10:56des
10:57des
10:57des
10:58des
10:58des arrières-grands-parents
11:00que je n'ai pas connus
11:00mais du côté de mon père
11:01j'ai une famille
11:02qui vient du
11:03de Belgique
11:04c'est du côté de ma mère
11:06ma famille est bretonne
11:07mais du côté de mon père
11:08c'est des
11:08lointaines origines norvégiennes
11:11qui sont
11:11descendues en
11:13en
11:13en Belgique
11:14euh
11:15voilà
11:17et donc du coup
11:18euh
11:18après avoir
11:19euh
11:20fait cette formation
11:22d'un an
11:23en breton
11:23ce qui m'a ce qui m'a frappé
11:25c'était justement
11:27que l'environnement s'ouvrait
11:28je comprenais les lieux
11:30euh
11:31je comprenais la signification
11:33de
11:33de
11:34de
11:35des endroits
11:36des
11:36des
11:37des amers aussi
11:38le nom des rochers
11:39enfin
11:39et
11:40c'est
11:41c'est
11:41ça m'a fait prendre conscience
11:44de l'importance
11:45des langues minoritaires
11:47dans le sens de
11:49de partie intégrante
11:50de l'écosystème
11:51comme je disais
11:52comme un mode d'emploi
11:53de l'environnement
11:53ouais
11:54et je pense qu'on a
11:55la chance
11:56d'avoir des langues
11:57internationales
11:57on peut communiquer
11:58avec tout le monde
11:59euh
12:01que ce soit
12:01l'espagnol
12:02l'arabe
12:02l'anglais
12:02et
12:03et
12:03et il y a ces langues
12:05euh
12:06qu'on a
12:07tous côtoyées
12:09et qui sont
12:09pour moi
12:10une prise
12:12de conscience
12:13de l'environnement
12:13et pas du tout
12:14une espèce
12:16de retour
12:17en arrière
12:17un truc
12:17traditionnel
12:19de
12:19c'est plutôt
12:21tourné vers l'avenir
12:22c'est dans le sens
12:23de préserver
12:24le savoir
12:25et
12:26et les racines
12:27mais dans le sens
12:28les racines qui font pousser
12:29pas les racines
12:30qui
12:30qui font régresser
12:31qui font régresser
12:32il faut aller dans le sens inverse
12:33et à Ouessant
12:34on parle breton
12:35beaucoup ou pas d'ailleurs
12:36non non pas beaucoup
12:38on a parlé
12:38il y a
12:39un breton de Ouessant
12:40et
12:41après
12:43après non
12:45c'est le
12:47enfin
12:47si il y a plein de gens
12:49qui parlent breton
12:49il y a aussi
12:50beaucoup de la nouvelle génération
12:51qui apprend le breton
12:52c'est une langue assez dynamique
12:53au collège d'Oessant
12:54par exemple
12:55on enseigne le breton
12:56non
12:57non
12:57à l'école
12:59au collège
12:59non
13:01mais après
13:02il y a plein de jeunes
13:03qui ont fait des formations
13:04puis c'est marrant
13:04parce que le breton
13:06revient par la jeunesse
13:06en ce moment
13:07et c'est assez chouette
13:10de voir ça
13:10par l'activisme aussi
13:11et
13:12c'est bien
13:14une langue
13:15elle est faite
13:15pour être vivante
13:16Yann Tiersen
13:17vous avez réalisé
13:18deux tournées
13:19à la voile
13:20au rythme du vent
13:21et des marées
13:21c'est un autre rapport
13:22à la scène
13:23que vous avez imaginé
13:24on va en parler
13:26dans un instant
13:26puisque vous êtes
13:27notre invité
13:28au carré
13:28et on en discute
13:29juste après
13:30Yamey
13:31dans 10 ans
13:31j'ai rêvé de quelque chose
13:55quelque chose
13:57d'autre
13:58que
13:58charbonné
13:59pour les autres
14:00moi je visais
14:03et j'étais seul
14:05face à mes choix
14:06tu devrais faire
14:08un vrai bon char
14:09qui visait
14:10là tu ferais quelque chose
14:12ils n'ont que des regrets
14:19ils cherchent nos roues
14:19pour leurs bâtons
14:21ça m'appelle beaucoup
14:24mon frère
14:24finissez pas par y croire
14:26non
14:27le vrai son laisse
14:30on va faire
14:30pour nous
14:31c'est pas juste
14:31à plat
14:32tu me verras pas
14:35à ta faite
14:36de là où tout
14:37peut se faire
14:38on verra bien
14:40dans 10 ans
14:41si j'peux pas
14:43les choses en gros
14:43moi j'ai trop hâte
14:46si ma foi
14:46et je voudrais bien
14:48que ce soit demain
14:49on aura la vie
14:52qu'on veut
14:52de mieux et de rage
14:55oh
14:56oh
14:58oh
15:30C'est parti !
16:00C'est parti !
16:30C'est parti !
17:00C'est parti !
17:02C'est parti !
17:04C'est parti !
17:06C'est parti !
17:08A l'occasion d'une nouvelle tournée à la voile, racontez-nous comment cette idée est née au départ ?
17:14Alors l'idée, le Svalbard c'est au nord de la Norvège et c'est l'endroit sur Terre où le changement climatique est le plus rapide.
17:26Il y avait cette envie de se confronter à la réalité et d'y aller à la voile, parce que justement, pas se parachuter là-bas, mais de prendre le temps de monter tout au nord et d'être dans cet élément-là, de sentir ce qui se passe.
17:47C'est parti !
17:49C'est parti !
17:51C'est parti !
17:53C'est parti !
17:55C'est parti !
17:57C'est parti !
17:59Il y a beaucoup de scientifiques, d'essayer d'interviewer les scientifiques sans biais, sans leur parler du changement climatique.
18:13Je suis très mauvais intervieweur, de toute façon, donc l'idée c'était plus de leur dire « qu'est-ce que vous faites ? C'est quoi votre domaine de recherche ? » et de voir ce qui se passe.
18:25Et du coup, avec ça, d'avoir de la matière pour faire un espèce, je mets 10 000 guillemets, parce que je n'ai pas la prétention de faire ça, mais d'essayer de faire une espèce de journalisme musical après, avec cette matière, et de voir ce qui se passe.
18:40Alors c'était assez incroyable, parce que j'ai rencontré des scientifiques complètement différents.
18:48Ça allait du Norvégien hyper spécialiste, très sérieux, d'étudiante qui étudiait aux Etats-Unis, d'un Irlandais qui étudiait les oies.
19:00Et en fait, quasi tous les scientifiques que j'ai interviewés, au milieu de la discussion, ils se sont fondus en larmes.
19:10Certains ont fondu en larmes, certains avaient un chat dans la gorge, et c'était incroyable de voir ça.
19:15Parce que c'était vraiment, justement, par rapport à la destruction de la planète, par rapport aux espèces qui meurent, par rapport à leur champ d'expertise,
19:23et de voir que tout se casse la gueule, de voir l'absurdité.
19:28Par exemple, au Svalbard, même au Svalbard, nous, on était assez tôt, et on était assez hauts.
19:33Donc à des moments, on était le seul voilier là-bas.
19:36Et il y avait des gros bateaux de croisière, avec des touristes.
19:41À Niallessoun, cette station scientifique, où il n'y avait que des scientifiques, trois fois par jour.
19:46Et là, on était tout seul dans le port.
19:48À un moment, on se retrouvait face à un building, et il y avait 300 touristes qui venaient,
19:54avec leur ciré Eli Hansen, floqué expédition arctique.
20:01Et en sachant que ça finançait la recherche, qui justement documentait le mal et la pollution de ces bateaux de croisière.
20:13Donc c'est l'absurdité, et de voir ces gens fondre en larmes et être émus par le dommage,
20:25par ce que j'appelle la colonisation des cultures, la colonisation de la nature, pour le profit,
20:37et qui mène à la destruction.
20:38Et là, on le voit, les glaciers se retirent de 500 à 700 mètres par an.
20:45C'est vertigineux.
20:48C'est l'accélération, évidemment, dans cette région du monde,
20:50qui est vraiment un des témoins les plus vifs, effectivement, du réchauffement climatique.
20:54Et vous qui avez, Yann Thiersen, rencontré des scientifiques au Svalbard.
20:58On va écouter Romain Tessanrec.
21:01Il est enseignant-chercheur à Toulouse, au Centre de recherche sur la biodiversité et l'environnement.
21:04Donc il bosse aussi au Svalbard.
21:07Voilà l'histoire qu'il vous a racontée, et ça commence avec un chant d'oiseaux.
21:10Je vais vous faire écouter un son.
21:11Donc c'est un chant d'oiseaux.
21:24C'est le Ho-ho de Kouaï.
21:25C'est une espèce d'hawaï.
21:28Et ça a été enregistré par un scientifique.
21:31En fait, quand il l'a enregistré, il a enregistré le chant du dernier mâle de l'espèce.
21:37C'est-à-dire, c'est en 83, donc ce son-là, naturellement, vous ne l'entendrez plus jamais.
21:42Parce que l'espèce s'est éteinte.
21:43Et en fait, il attend la réponse d'une femelle, qui ne viendra jamais, puisqu'il est seul sur la planète.
21:50Et pour moi, ça, c'est plus frappant que de dire, il va faire plus 4 degrés en 2050.
21:55Romand Tessanrec.
21:58Donc vous avez, entre guillemets, interviewé Yann Tiersen, Rosalbard.
22:03Justement, on a eu une grande discussion.
22:04Enfin, un roman qui disait qu'il a passé son temps, justement, à se tirer la sonnette d'alarme.
22:09Que personne n'écoute.
22:11Et que là, justement, tout son domaine de...
22:14Il disait, il faut créer de l'émotion.
22:16Et justement, voilà, ça, c'est un exemple flagrant, parce que ça nous touche.
22:23Et que...
22:24Parce qu'effectivement, les chiffres...
22:25Enfin, personne ne les écoute, déjà.
22:27Et personne ne les scientifie.
22:29Ils se sont épuisés de ne pas être reliés, d'avoir cette propagande.
22:34Là, on est dans la post-vérité.
22:36Donc personne n'en a rien à foutre de...
22:37Pardon, mais de la vérité.
22:40De ce qui se passe, en fait.
22:42Tout le monde est...
22:43Et c'est épuisant.
22:44Et la réaction à ça, c'est de se dire, peut-être qu'encore, on peut créer de l'émotion
22:50pour qu'il y ait une prise de conscience
22:54ou qu'on essaye de participer à la prise de conscience.
22:58C'est quoi votre rapport, vous, à l'émotion, justement, en tant que musicien ?
23:01Parce que c'est une idée que vous avez critiquée aussi.
23:04L'émotion ?
23:05Ouais.
23:06Le fait de pouvoir, comme ça, rendre un public...
23:10Agir sur un public par le biais de l'émotion.
23:12Ah bah oui, si on s'en sert comme outil de manipulation, c'est un double tranchant.
23:20Après, la musique, c'est justement un langage.
23:26D'ailleurs, c'est l'émotion qui sort en musique.
23:31Après, justement, c'est faire attention.
23:33Moi, ce qui m'intéressait, ce que j'aimerais faire avec ce que j'ai collecté là-bas,
23:39c'est justement avoir un côté soit assez froid musical et de l'émotion qui passe par la parole
23:46et forcément pas l'illustrer, parce que là, ce ne serait pas élégant.
23:52Ou l'inverse, avoir l'émotion et un compte-rendu scientifique assez froid
23:57pour justement créer l'émotion, mais sans manipuler les gens, évidemment.
24:02Et il y a l'idée de documenter aussi cette tournée en voilier.
24:08C'était la deuxième que vous faisiez.
24:09Il y a eu les îles Ferroé en 2023 et donc là, le Svalbard en 2025.
24:14Avec aussi cette idée sur place, parce que vous avez emporté un peu d'instruments, de matériel sur le voilier.
24:19Oui, beaucoup.
24:19De toute façon, je faisais une tournée aussi normale.
24:23Après le Svalbard, je descendais la Norvège.
24:26Avec l'idée aussi, c'est de faire des concerts gratuits, de faire des concerts improvisés.
24:31Parce que moi, tout mon combat, je pense qu'on est immergé dans un ultra-libéralisme
24:37et dans un capitalisme qui détruit la planète, qui la détruit depuis tout le temps.
24:41Et en fait, ce système, pour moi, il nous mène dans le mur.
24:46Et donc, c'est de...
24:48Et le modèle des grandes tournées, justement, ça incarne cette idée-là aussi ?
24:52Moi, je me suis rendu compte dans les grandes tournées
24:54qu'en fait, on vit de plus en plus dans un monde de services et de prestataires.
25:01Prestataires qui sont là pour le profit.
25:02Et qu'à un moment, dans une salle, on va arriver dans une salle...
25:04Alors, en France, on a encore la chance.
25:06Pour l'instant, ça ne va pas durer, peut-être.
25:08J'espère que ça durera.
25:09On a encore un service public, on a encore des subventions.
25:12Mais dans les autres pays, en fait, on va arriver dans une salle
25:15qui va être louée, comme on louerait un Airbnb par un promoteur
25:18qui a gardé un catalogue d'artistes.
25:19Après, il va y avoir le prestataire du bar, le prestataire du catering,
25:22le prestataire du son, le prestataire...
25:24Et personne ne communique.
25:26Alors, il y a des humains.
25:27Tous, ils sont humains.
25:28Tous, c'est des travailleurs.
25:29Tous, on peut communiquer avec.
25:30Mais des fois, on ne les voit même pas.
25:32Et le problème, c'est que ça va jusque là.
25:35L'autre fois, justement, j'ai passé les douanes.
25:37Il y a des prestataires qui vont fouiller le van.
25:41Il n'y a plus de...
25:42Voilà, tout devient privé.
25:44Et le but du privé, c'est de gagner de l'argent.
25:46Donc, en fait, tout ça, c'est...
25:50Tout est biaisé par l'argent.
25:53Et voilà...
25:54Et vous en avez eu ras-le-bol d'alimenter ça ?
25:56D'alimenter ça.
25:57C'est que je...
25:58Moi, ce n'est pas ça.
25:59Je ne fais pas de la musique pour ça.
26:00Alors, on parlait de...
26:02C'est vraiment pas mon but.
26:03Vous étiez dans le système, forcément.
26:05Bah oui.
26:05Donc, c'est de partager.
26:06Moi, c'est de me retrouver,
26:07de pouvoir partager avec le public.
26:09Parce que des fois, les salles, par exemple,
26:10ne peuvent même pas rencontrer le public
26:11parce qu'ils sont foutus dehors.
26:12Donc, c'est de partager avec les gens,
26:15de partager avec les...
26:16Et du coup, comment faire ?
26:17Eh bien, faire des concerts.
26:18Et peut-être, justement,
26:19faire des concerts gratuits.
26:20Parce que là, bon,
26:21s'il n'y a plus d'argent en jeu...
26:24Mais après, c'est compliqué aussi.
26:26Parce que des fois, faire des concerts gratuits...
26:27Bah alors, si on fait des concerts payants à côté,
26:29les mecs, ils vont râler.
26:30Ils vont se dire, ah bah, attends...
26:31Oui, puis il faut se le permettre
26:32pour les artistes aussi
26:32de faire des concerts gratuits.
26:33Voilà.
26:33D'où l'intérêt d'avoir un peu d'argent.
26:36Un peu d'argent, exactement.
26:38Mais c'est fascinant.
26:40Et ce qui est fascinant aussi,
26:41c'est qu'on ne se rend pas compte
26:45aussi que dans certains...
26:46Alors ça, c'est autre chose.
26:47Mais dans certains concerts que je fais,
26:48si les concerts sont gratuits,
26:50bah par exemple,
26:50on va être moins bien accueillis.
26:52Et c'est inconscient.
26:53C'est pas du tout...
26:53Il n'y a pas du tout de malveillance là-dedans.
26:55Mais si j'ai un concert
26:56où je suis payé un peu...
26:57Là, la tournée en Norvège,
26:59c'était vraiment des petits concerts.
27:00Je suis payé un peu,
27:01bah je vais avoir des bières
27:03et un catherine,
27:04enfin un petit truc...
27:04Enfin, un petit truc à manger.
27:07Si c'est gratuit,
27:08bah non.
27:09Et pourtant, l'accueil,
27:10il va être génial.
27:11Et c'est inconscient.
27:12C'est que c'est pas du tout
27:13de la malveillance,
27:14comme je l'ai dit.
27:15C'est juste,
27:15on se rend pas compte
27:16comme quoi c'est devenu une valeur
27:18et qui est la valeur centrale
27:20dans l'inconscient collectif.
27:23On va aller au Texas Bar,
27:24Yann Thierssen.
27:25C'était Oswald Bar
27:26donc en mai dernier.
27:28Donc, comme son nom l'indique,
27:30le bar du...
27:31Le Texas Bar, c'est ça ?
27:32C'est un petit lieu où vous avez joué ?
27:33Non, non.
27:34Le Texas Bar,
27:35c'est un refuge
27:36qui est connu
27:38Oswald Bar
27:39justement en arrivant bateau.
27:40Et alors dans ce refuge,
27:42ça s'appelle le Texas Bar
27:44parce que chacun amène une bouteille.
27:47Ah oui, il n'y a pas de bar en fait.
27:48Non, bah il y a un bar du coup
27:50parce qu'il y a du gin,
27:51de l'aquavite,
27:52de plein de choses.
27:54Et chaque navigateur,
27:55enfin chaque bateau
27:56qui fait escale au Texas Bar
27:58amène sa bouteille
27:59et du coup, voilà.
28:01Et donc vous avez joué là-bas ?
28:02On a joué là-bas
28:03et on a fait...
28:04J'ai improvisé, oui,
28:05devant ce...
28:06C'est au milieu de nulle part.
28:08Il y avait combien de personnes
28:09dans le public ?
28:10Il n'y a personne.
28:10Là, il n'y avait personne.
28:11Il n'y avait personne.
28:12Il n'y a personne.
28:12Il y a les oiseaux
28:13au nord du Svalbard.
28:15Le dernier village habité
28:16de la Terre,
28:17au nord,
28:18c'est Nial et Soun,
28:19justement la station scientifique
28:21dont on parlait.
28:22Donc après,
28:22il y a des refuges,
28:23il y a des scientifiques
28:25en expédition,
28:26mais voilà.
28:27Et alors quand il n'y a personne,
28:28vous jouez quand même ?
28:29Bah oui,
28:29c'était l'idée.
28:30C'était justement
28:31de s'immerger
28:32dans cette nature
28:32qui est incroyable.
28:34Là, quand on entend ça,
28:37il faut imaginer quoi
28:37comme image ?
28:38Alors pour les auditeurs
28:39et auditrices
28:39qui nous écoutent là,
28:40on est donc au Svalbard,
28:42le nord.
28:43Il y a une petite cabane
28:44en bois,
28:45donc avec plein d'alcool
28:46à l'intérieur.
28:47Et il y a moi qui joue,
28:53Colline qui me filme
28:54et Anna et Lucie
28:55qui sont là
28:56à faire le guet
28:56avec un fusil
28:57parce qu'il y a des ours.
28:59Et devant,
29:00il y a des montagnes,
29:02plus loin,
29:03il y a un glacier
29:04et il y a Ninoc
29:05qui mouille au bas de tout ça.
29:07Et il neige un peu.
29:09Et on le verra d'ailleurs
29:10sur des images
29:11puisque vous avez beaucoup tourné.
29:12D'ailleurs,
29:12les Wessantins
29:13verront ces images
29:14le 18 octobre prochain ?
29:16Ah non,
29:16c'est demain ça.
29:17Ah c'est demain ?
29:18Demain, on fait une projection
29:19des images
29:20qu'on fait un petit peu
29:20notre soirée diapo.
29:22À quel endroit ?
29:23À l'Escale.
29:24À l'Escale donc,
29:24à Wessant.
29:25Oui,
29:25et le samedi d'après,
29:27c'est mon premier concert.
29:28Je pars en tournée
29:28et c'est le premier concert
29:29à l'Escale aussi à Wessant.
29:30Donc c'est en deux phases
29:31pour ceux qui passent
29:32par Wessant.
29:33Donc demain
29:33et le 18.
29:35Yann Thierssen,
29:37en avril dernier,
29:38vous avez sorti un album
29:39on va dire en deux phases
29:40Rattling from a Distance
29:42et The Liquid Hour.
29:44Il y a deux temps justement,
29:45deux contrastes finalement,
29:47deux visages dans cet album.
29:48Qu'est-ce que vous voulez raconter ?
29:49Parce que là,
29:49on est encore sur le terrain
29:50finalement du militantisme
29:51aussi d'une certaine manière.
29:53Oui,
29:54alors il y avait deux,
29:55il y a un album de piano.
29:56En fait,
29:57cette idée d'album,
29:58elle est née
29:58de la tournée précédente
30:00qu'on avait fait à la voile
30:02avec Kinkis
30:04et qu'on avait fait
30:05dans les pays en Irlande
30:07et qu'on était monté
30:09jusqu'au ferroir.
30:09et j'ai joué à Cork
30:12dans une église
30:13et le promoteur local
30:16qui est quelqu'un de génial,
30:17normalement,
30:17moi j'avais divisé ma tournée,
30:19soit je jouais du piano,
30:20soit je faisais un concert
30:22plutôt électro.
30:23En fait,
30:23il m'a dit,
30:23j'ai à l'église,
30:24j'avais prévu de jouer du piano.
30:25Il me dit,
30:25ah non,
30:26non,
30:26non,
30:26non,
30:26non,
30:26moi je veux les deux.
30:27Ah bon ?
30:28Ah super,
30:29bon.
30:29Et du coup,
30:30j'ai fait les deux
30:30et ça marchait vraiment bien.
30:33Il y avait un espèce
30:34de contraste énorme
30:35entre les deux
30:35mais qui du coup
30:36rendait
30:39tout très simple
30:41et très évident.
30:43Donc une partie
30:44plus contemplative.
30:45Oui,
30:45au piano
30:46et puis la partie électro.
30:48Voilà.
30:49Et du coup,
30:49je me suis dit,
30:49tiens,
30:50mon prochain album,
30:51je vais faire un double album
30:51et il y aura une partie
30:52où je vais faire que du piano.
30:54Je ne vais même pas avoir
30:55de field recording
30:55comme je faisais avant.
30:57Ça va être que du piano,
30:57vraiment,
30:58vraiment,
30:59juste enregistré
31:00et je vais travailler
31:01justement les morceaux.
31:03Et la deuxième partie,
31:03ça va être plus électro.
31:05Et voilà.
31:07Donc il y a ce premier album
31:08qui est très contemplatif
31:10mais qui est aussi
31:11une réflexion
31:12sur être en mer
31:13et comme en mer,
31:14on n'a pas de pression sociale
31:15et c'est une réflexion
31:16sur l'identité.
31:18Quand on est là,
31:19en quart,
31:20au milieu de la nuit,
31:21on est seul face à la mer
31:22et on n'a plus...
31:24On est seul face à soi-même
31:26donc on réfléchit
31:26sur qui on est.
31:28Et donc cet album,
31:29c'est vraiment
31:30là-dessus une espèce
31:30d'introspection
31:31et de méditation
31:32pour se créer,
31:35pour voir qui on est.
31:37Et le deuxième album...
31:39The Liquid Hour,
31:40donc le deuxième...
31:41Enfin, deuxième album.
31:41La deuxième partie
31:42de l'album,
31:43pardon,
31:43parce que c'est un seul album.
31:45Alors là,
31:46c'est construit
31:47pendant les élections européennes
31:50et les législatives
31:51qui ont suivi.
31:52C'est un album,
31:53du coup,
31:54comme il était électronique,
31:55je n'avais pas de micro
31:56et j'ai passé mon temps
31:57à écouter des podcasts.
31:59J'avais Blast qui passait.
32:01J'ai écouté...
32:02Et c'est un album
32:03de révolte
32:04mais qui est vraiment
32:06infusé
32:07avec l'actualité
32:08et la réaction
32:10et comment réagir
32:12face au fascisme
32:14et comment...
32:15Enfin, c'est à la propagande
32:16des...
32:18Voilà,
32:18puisque les médias
32:19sont rachetés.
32:20Comment faire face à ça ?
32:22Et la révolte,
32:23l'énergie,
32:24et c'est un album
32:25assez jubilatoire en fait.
32:26Et puis,
32:27j'étais aussi à Ouessant.
32:27Il y avait plein de manifs.
32:29À Ouessant ?
32:29Non, justement.
32:30À Ouessant,
32:31oui, il y en avait bien sûr.
32:32Mais j'étais à Ouessant
32:34dans mon studio
32:35en train de travailler
32:35et j'avais envie
32:36d'être avec la foule
32:38et du coup,
32:39c'était ça aussi.
32:40Et du coup,
32:41j'avais cette idée
32:42de faire une espèce
32:43de fanfare
32:44mais avec un instrument
32:44électronique
32:46qui s'appelle
32:47l'ondioline.
32:48Pardon,
32:48je parle beaucoup.
32:49Et c'est bien l'invité
32:50qui parle.
32:51L'ondioline
32:51qui est un instrument
32:52des années 30
32:53et pour moi,
32:54ça évoquait la fanfare.
32:55Et moi,
32:55la fanfare,
32:56ça évole pour moi
32:57les mouvements révolutionnaires
32:58et les révoltes passées
33:00et du coup,
33:02aussi peut-être
33:03un espoir
33:08pour les révoltes futures
33:09et j'avais envie
33:09d'avoir cette fanfare
33:11et d'y aller à côté
33:12comme ça très...
33:13Vous dites,
33:13c'est la bande-son
33:14de notre soulèvement.
33:15J'aimerais.
33:16Une bande-son
33:17à mettre dans son casque
33:18en allant manifester,
33:19par exemple,
33:20ou quand on ne peut pas
33:20parce qu'on est à Ouessant
33:21à l'escale,
33:22avoir l'impression d'y être.
33:23Si je ne pouvais pas manifester
33:24comme j'aurais voulu,
33:25j'ai fait ça.
33:26Yann Tiersen,
33:27le dernier titre d'ailleurs
33:28de cette deuxième partie,
33:30c'est un titre
33:30qui s'appelle Dolores.
33:32À qui fait-il référence ?
33:33On va l'écouter dans un instant
33:35juste pour situer
33:35qui est Dolores.
33:36C'est Dolores Ibaruri
33:37et alors c'est un titre
33:38qui est né d'un poste.
33:40C'est qu'à un moment,
33:41voilà,
33:41j'ai fait un poste...
33:42C'est une politicienne espagnole.
33:43Ben oui,
33:45j'ai fait un poste
33:46avec Nopasaran
33:47et la photo
33:49de Dolores Ibaruri.
33:52Et en fait,
33:53du coup,
33:54j'ai réécouté son discours
33:56et j'ai pris un extrait
33:58où elle appelle
33:58les femmes
33:59à prendre les armes
33:59et à se révolter.
34:01Et je trouvais ça,
34:03donc c'est l'icône
34:04de l'antifascisme.
34:06Et je trouvais ça beau,
34:07justement,
34:08cette révolte
34:09et de demander aux femmes
34:10de sortir.
34:12Eh bien,
34:12on va l'écouter tout de suite,
34:13Dolores,
34:13dernier titre
34:14de ce dernier album
34:15de Liquid Hour.
37:43Et puis voilà, puis c'est le ressenti du caractère et s'est occupé de l'île pendant plein des décennies et des décennies.
37:55Donc c'est resté un peu quand même dans l'esprit de Wesson.
38:00On évoquait avant la pause de votre tournée à la voile, après cette aventure en mer, il y a eu aussi une aventure à vélo.
38:06Vous avez fait une tournée aussi à vélo en Bretagne, vous avez fait mille kilomètres.
38:10Oui, quand j'ai sorti un album qui s'appelait Infinity, on avait tracé le signe d'Infini sur la Bretagne.
38:17Et donc des coups de pédale pour aller chez les disquaires indépendants, c'était ça, et faire aussi des concerts, même chose, c'était le même esprit.
38:25Donc après le vélo, après la voile, quelle forme de tournée vous pourriez rêver aujourd'hui à une tire scène ?
38:32Alors, des tournées à pied.
38:38Non mais en fait, j'aimerais bien tout mélanger.
38:43Et j'ai fait aussi des tournées en van avec ma chienne, justement pour essayer de titiller le système capitaliste dont je parlais,
38:53des salles anonymes et tout ça, où je ne demandais pas de catering, pas de repas, pas de rien dans les loges.
39:02Et je disais juste, vous m'accueillez, je veux juste un coin de jardin.
39:05Et pour recréer le lien, justement, pour essayer de...
39:08Et alors, c'était très long, parce que je conduisais, j'étais tout seul, je faisais tout.
39:13Et puis j'avais ma chienne avec 40 kilos de croquettes.
39:15Et du coup, c'était incroyable, parce que ça a été des rencontres super belles, donc ça a marché.
39:21Des fois, pas du tout.
39:23Des fois, c'était impossible.
39:24Pourquoi ?
39:25Parce que le système était tellement là, et il y avait tellement de prestataires, comme je disais,
39:32qu'à un moment, c'était impossible de contourner ça.
39:35Ça faisait chier tout le monde.
39:36Ça a été pris, à la limite, comme un caprice d'artiste, en fait.
39:39Alors que, évidemment, ce n'était pas l'idée.
39:41Et je me suis retrouvé, j'avais nulle part où dormir.
39:44Je devais faire 100 kilomètres pour aller chez un copain que je connaissais dans le coin.
39:48Et voilà, mais c'était très...
39:51Ça m'a appris beaucoup de choses aussi.
39:53J'étais un peu déprimé, à un moment, parce que moi, j'étais plein.
39:55J'étais là, la fleur au fusil.
39:57Allez, on s'aime tous.
39:58On va tous partager un chouette moment.
40:00Et puis, des fois, ce n'était pas possible.
40:02Et je me suis dit, en fait, c'est vrai.
40:04Voilà, on en est là.
40:07Mais après, c'est aussi du fuel, des façons de parler.
40:10C'est du vent dans les voiles.
40:12Oui, pour une tournée écolo, c'est pas le bon terme.
40:14Pour justement se dire comme c'est important d'être positif, de recréer ce lien, de militer et d'aller de l'avant.
40:29Est-ce qu'il y a une prise de conscience chez les musiciens en ce moment sur ces questions-là ?
40:33Est-ce que vos potes, mieux c'est que Dominique A, sont dans la même lignée, finalement, sur cette sorte d'engagement ?
40:39Oui, sans doute.
40:39Après, je ne fréquente pas que des musiciens.
40:41Je trouve qu'il y a une énorme prise de conscience dans la nouvelle génération.
40:46Sur d'autres façons de faire de la musique ?
40:48Il n'y a pas que la musique dans la vie de militer, surtout d'agir.
40:53En musique, je trouve qu'on vit une époque magnifique parce que justement, il y a une espèce d'explosion des genres.
41:03Et où tout le monde, il n'y a plus d'école comme ça, ou de chapelle.
41:10Les gens se plongent plus ?
41:11Oui, la musique est hyper libre.
41:14Pour ça, j'aime beaucoup l'hyper-pop à cause de ça.
41:16C'est que ça peut être très commercial, mais à la fois très pointu.
41:22Je trouve que c'est une chance énorme.
41:24On a cette ouverture, je pense, des nouvelles générations qui est salvatrice et qui va changer le monde.
41:32Donc là, vous repartez en tournée, mais c'est une tournée classique pour le coup ?
41:37Là, oui, c'est une tournée européenne où je fais des grosses salles.
41:42Donc ça veut dire que vous n'avez pas totalement renoncé à ça non plus ?
41:46J'essaie d'aménager, je n'ai pas renoncé.
41:48Il faut bien que je puisse faire des tournées à la voile.
41:56Il faut pouvoir les financer.
41:59Là, je fais une tournée européenne plutôt réduite, sans faire des choses absurdes.
42:11Ce qui était quand même la norme dans les tournées, de jouer au Portugal et de jouer à Londres.
42:17Le lendemain, j'exagère, mais en France, et donc ça, non.
42:22Donc d'avoir un vrai trajet cohérent, justement, remettre le voyage et le trajet à la base de tout.
42:30Et pas jouer là, parce que la salle est libre, en fait.
42:33Et cette tournée, elle va commencer, donc c'est à Berne, c'est ça vos premières ?
42:36À Ouessant.
42:37À Ouessant d'abord, évidemment, le 18.
42:39Et après Berne.
42:40Et puis pour la France, il y aura le 104 à Paris, le 30 octobre.
42:45Vendôme le lendemain.
42:46Lyon le 8 novembre.
42:48Biarritz.
42:49Saint-Médard-en-Jailles.
42:50Et Nantes au lieu unique le 16 novembre, pour votre prochaine tournée.
42:54Et puis le dernier album qui s'appelle Rattling from a distance and the liquid hour.
42:57Merci beaucoup, Yann Thierssen, d'être venu aujourd'hui au micro de la Terre au Carré.
43:02Et bonne tournée, alors.
43:03Merci.
43:03A bientôt.
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