Non à la suspension de la réforme des retraites

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00:00On repart en place à l'édito éco, Dimitri Pavlenko.

00:02Bonjour Agnès Verdi-Molinier.

00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.

00:05C'est une bombe qu'Elisabeth Borne a lâchée dans Le Parisien il y a deux jours,

00:08en se disant favorable à la suspension de la réforme des retraites,

00:11réforme qu'elle a elle-même portée, et on s'attend à tout maintenant sur le sujet.

00:15Et oui, on s'attend à ce qu'on disait impossible,

00:18un deal politique avec la gauche sur le dos de la seule réforme structurelle,

00:22la réforme des retraites.

00:24Alors on nous dit qu'il vaut mieux que la France ait un budget

00:26pour retrouver de la stabilité,

00:28et adopter un mauvais budget pour gagner du temps.

00:31C'est dramatique d'en arriver là,

00:32alors que nous avons déjà plus de 160 milliards d'euros de déficit public,

00:36et que même avec la réforme des retraites de 2023,

00:39le système des retraites est toujours dans le rouge,

00:41avec 6 milliards de déficit prévu pour 2026,

00:44et ça sans compter, Dimitri,

00:46les 15 milliards de déficit non affichés des pensions des agents de l'État.

00:51C'est vous, Olivier Frappe, qui aviez le lièvre sur ces milliards cachés.

00:56On n'a donc pas les moyens d'annuler ou de suspendre la réforme des retraites,

00:59vous pensez Agnès ?

01:00Annuler la réforme, ce serait carrément fou,

01:02parce que ça coûterait en 2026 8 milliards d'euros,

01:05en plus du déficit déjà prévu.

01:07Suspendre uniquement l'âge en se calant sur 63 ans,

01:10ça coûterait en 2026 300 millions d'euros.

01:13L'âge plus le nombre de trimestres insuspendus,

01:16ça coûterait 500 millions d'euros.

01:18Mais l'effet boule de neige, il serait terrible ensuite.

01:20Rien qu'en 2027, le coût serait de 3 milliards d'euros

01:24et 15 milliards par an en 2035.

01:27Là encore, une addition qui s'ajouterait au déficit prévisionnel

01:30de 15 milliards prévu.

01:32Donc 15 plus 15, on sera à 30.

01:33C'est ça, en 2035.

01:35En 2026 et 2027, le surcoût correspondrait quasiment

01:39à l'économie possible qu'on peut avoir

01:41en gelant totalement les pensions sur deux ans.

01:44Donc ça veut dire que l'ironie, Dimitri,

01:46c'est que suspendre la réforme des retraites,

01:48ça revient à rendre obligatoire une année blanche.

01:52Il faut dire aussi que la France n'est pas un pays

01:54qui vit en vase clos.

01:55Il y a le regard des marchés financiers.

01:57Eux s'inquiètent d'une suspension de la réforme des retraites.

01:59C'est le moins qu'on puisse dire.

02:00En réalité, cette réforme des retraites de 2023,

02:03on l'a faite aussi contraint par les agences de notation

02:05qui ne comprenaient pas qu'on soit les seuls à rester à 62 ans

02:08alors que les autres pays européens étaient à 65 ou 66 ans.

02:12Et maintenant, quand on dit que la suspension de la réforme

02:14serait un mal pour un bien,

02:15en fait, ce serait un mal pour un mal

02:17car il se passera quoi après l'adoption du budget ?

02:21Les marchés, nous ferons payer cette reculade

02:23avec des taux allant vers les 4%

02:25et la charge de la dette exploserait en 2026

02:28dépassant les 80 milliards d'euros

02:31dès l'année prochaine.

02:33Donc, Dimitri, en anticipation par rapport à tout ce qui est prévu.

02:36Scénario de cauchemar.

02:38Merci beaucoup Agnès Verdier-Molinier.

02:39Signature Europe.

02:40Merci à vous.

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