- il y a 2 jours
Du drame familial au trouble psychique, c’est l’histoire de Victoria.
Membre de l’association elle nous parle de son passé difficile et du cheminement qui lui a permis de pouvoir se retrouver.
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00:00Je vis avec un trouble bipolaire, mais ce n'est pas juste un symptôme et ce n'est pas juste des hauts et des bas, comme on dit.
00:05Dans mon cas, c'est un trauma qui est à l'origine et j'ai été victime d'inceste pendant des années.
00:13Dans mon enfance, j'ai été abusée pendant une dizaine d'années par mon père, sexuellement,
00:20et j'ai été victime aussi de pédocriminalité par d'autres personnes.
00:25Mon père, c'était quelqu'un de violent de manière générale, avec une emprise sur la famille, avec une personnalité narcissique.
00:32Et puis, il y a des choses encore plus perverses et préméditées et bien pensées.
00:37Par exemple, il y avait des jeux très organisés et en fait, ça faisait que petit à petit, il y avait une dérive vers du pas normal
00:44jusqu'à ce qu'on arrive à du viol ou à des agressions très prononcées.
00:48Et donc, par exemple, dans les jeux, c'est des jeux qui passent pour des jeux pour les enfants, mais qui en fait sont détournés.
00:55Donc, par exemple, il y avait le dépeçage du lapin.
00:57Donc là, c'était on se cache et on enlève un habit après l'autre à chaque fois qu'on te trouve.
01:02Donc, à la main, c'est un peu un cache-cache, sauf que c'est un cache-cache qui tombe très mal.
01:07Le cochon pendu, donc même quand on y pense, d'ailleurs, quand je y repense, c'est un peu violent comme nous.
01:12Mais le cochon pendu, donc là, c'était on prend par les pieds, on balance.
01:15Bon, ça peut être un jeu normal avec un gamin, sauf qu'à chaque fois, le pyjama tombe.
01:18Et ça, c'est souvent un exemple que je prends pour dire, bah oui, si le pyjama tombe une fois, ça peut arriver.
01:23Mais quand tous les soirs, on joue au cochon pendu dans le salon et que tous les soirs, le pyjama tombe,
01:27ça aurait peut-être été bien quelqu'un se poser la question.
01:29Ce qu'on peut imaginer, c'est que déjà, les traumas, ça a un impact physiologique, en fait,
01:33sur la manière dont on va se développer, même neurologiquement.
01:36Et après, évidemment, sur la psyché, on sait que le développement d'un enfant, en fait, est essentiel à l'adulte qu'on va devenir.
01:43En gros, quand j'étais quand même encore enfant, vers mes 11 ans, j'ai commencé à avoir des grosses phases de tristesse,
01:49mais un peu enfantine encore, donc ça s'est exprimé comme ça s'exprime chez plein d'enfants,
01:53c'est-à-dire que je pleurais beaucoup, que je pleurais dans mon lit, que j'avais du mal à dormir.
01:58Et moi, j'ai l'impression que de base, j'étais plutôt une petite fille, je pense, gaie, joyeuse, plutôt énergique et gourmande,
02:06qui avait envie de vivre plein de trucs et qui a vécu des trucs difficiles, et du coup, je me suis retrouvée un peu coupée en deux.
02:13La facilité apparente avec laquelle j'en parle, c'est une apparence, c'est un peu un masque,
02:19et clairement, oui, c'est assez représentatif de ce dont je parlais, qui est le fait d'être un peu coupée en deux et donc d'être dissociée.
02:26La mémoire traumatique, elle s'exprime de plusieurs manières, et donc on peut ressentir de la douleur dans le corps.
02:32Par exemple, quand je vais faire des cauchemars, parfois j'ai de nouveau les douleurs dans le ventre que je pouvais avoir pendant certaines violences physiques.
02:40Et après, il y a aussi des violences qu'on se fait à soi-même, ou des envies de sortir de son corps.
02:46Il y a des moments où je voudrais enlever ma peau et sortir, et donc je peux avoir des gestes assez violents dans des moments de crise avec moi-même.
02:53Dans mon cas, c'est souvent lié à des crises et qui s'expriment aussi dans la bipolarité, c'est pas forcément le cas de tout le monde.
02:59Mais par exemple, pour moi, ça peut être des phases où effectivement cette douleur va ressortir de manière hyper intense,
03:06et qui vont me faire sombrer petit à petit en dépression, parce que j'arrive pas à m'en dépatouiller.
03:11Ou ça peut être ce qu'on appelle des épisodes psychotiques.
03:15Ça, c'est pareil, il y a des gens qui sont bipolaires qui en ont, d'autres qui en ont pas.
03:19Ou là, c'est des moments où je perds un peu la raison, en fait.
03:23Et ça peut être, pour le coup, en phase de joie maniaque, ou en phase, au contraire, très sombre.
03:29Et là, je perds complètement le contrôle de moi-même, et donc je peux me mettre en danger, avoir envie de me faire du mal,
03:34ou juste avoir des idées délirantes, ou parler à des gens qui sont pas là, ou avoir des voix.
03:40Ça s'exprime de plein de manières différentes, mais c'est une perte de contact avec la réalité.
03:44Parfois, ce qui a été super difficile à vivre, c'est que ça s'est parfois déclaré à des moments de ma vie
03:48où, franchement, j'allais super bien, et j'avais accompli plein de trucs, et j'étais épanouie.
03:52Et tout d'un coup, ça dérive vers la dépression.
03:55Et après, en général, quand je commence à vraiment être dans la dépression,
03:58là, effectivement, il y a plein de choses de mon enfance qui ressortent d'une manière plus ou moins consciente ou pas.
04:04J'étais quand même vraiment un peu boulimique de la vie, dans une spirale à 100 à l'heure.
04:08À ce moment-là, en plus, j'étais ado, donc je pense qu'il y a aussi, de toute façon, les hormones et les trucs.
04:11Et du coup, j'ai repris mon quotidien à faire plein de trucs super, et en plus, c'était le lycée.
04:17Donc, pour moi, j'étais plus dans l'avenir.
04:20De toute façon, je vais être adulte, je vais partir de chez moi, donc ça sera plus facile,
04:24parce que je laisserai un peu de mon passé derrière.
04:27Et puis, la dernière dépression que j'ai faite, je l'ai extrêmement mal vécue,
04:31parce que déjà, j'étais dans une vie qui me plaisait,
04:34et parce que, pour le coup, j'en avais déjà fait plusieurs des dépressions profondes,
04:37et que celle-là était encore plus profonde.
04:39J'en suis arrivée à des gestes de violence envers moi que j'avais jamais eus avant,
04:45de mettre fin à mes jours, parce que j'en pouvais plus, quoi.
04:50Je me disais, si même quand j'ai construit tout ça, ça va bien,
04:55j'ai une vie qui est globalement équilibrée,
04:57ça me tombe dessus, et ça me tombe dessus de manière encore plus violente et plus profonde,
05:02à un moment, ça devient vraiment complètement décourageant.
05:05Et là, maintenant que je vais mieux, je suis de nouveau en train de nourrir cette idée,
05:08de me dire, si jamais ça réarrivait, et j'espère pas,
05:11regarde de quoi t'es revenu, et tu pensais que t'en reviendrais jamais.
05:14Entre mes 15 ans et le moment où on m'a diagnostiquée,
05:16qui était quand j'avais 19 ans, il s'est passé plein de trucs.
05:18J'ai commencé mes études en design, j'avais un copain,
05:21et je vivais un peu 8000 à l'heure,
05:22pendant mes 4 heures par nuit, j'arrêtais jamais,
05:25j'étais pas fatiguée,
05:27je réussissais un petit peu tout ce que j'entreprenais,
05:30avec une certaine facilité,
05:33et ensuite,
05:34j'ai eu un été à la suite de cette
05:36autre année, où j'ai bossé comme une folle,
05:38et en même temps, je sortais la nuit,
05:40et j'ai pris un peu de drogue, j'ai fait un peu tout,
05:42et je suis partie en vacances, et voilà,
05:44j'étais dans une euphorie globale,
05:46et en plus, à l'époque, je suis sortie avec quelqu'un
05:48qui était bipolaire, qu'il savait pas non plus,
05:49donc on s'est entraînés dans une spirale
05:51de notre petit univers, et en fait,
05:53quand je suis revenue des vacances,
05:55j'avais passé des vacances en Grèce,
05:57un peu en mode hippie, voilà,
06:00là, tout s'est effondré,
06:02et pour le coup, j'ai vraiment
06:03caché mon mal-être et ma dépression,
06:05de septembre à début janvier,
06:08à mes proches, ça m'est retombé dessus,
06:09et donc j'ai fait un épisode psychotique
06:11une nuit, donc pendant mes 19 ans,
06:14j'ai pété un câble,
06:15je voulais sortir de mon corps, donc j'ai enlevé mes fringues,
06:17j'ai gouré toute nuit dans la rue, je suis allée chercher ma mère,
06:19enfin, j'étais complètement en détresse,
06:21je voyais plus rien, en plus, j'arrivais plus à m'orienter,
06:24enfin, voilà, j'étais complètement dans le flou,
06:25et donc j'ai fini à l'hôpital psychiatrique.
06:28De poser un diagnostic, en tout cas dans mon cas,
06:30ça a été un peu un cadeau empoisonné,
06:32à la fois, ça permet d'expliquer
06:33certaines choses qui se sont passées,
06:35et de se dire, bon, bah, du coup,
06:36je vais pouvoir peut-être régler le problème,
06:39et en fait, tout à fait, on se rend compte
06:40que le problème, il est profond,
06:42il n'y a pas un seul bout par lequel le traiter,
06:44et que probablement, on en a pour des années,
06:46ou à vie, ou avec différentes phases,
06:48donc ça fait à peu près un an et demi
06:51que je soigne plus la racine du problème,
06:53et que je m'occupe de mes traumas,
06:55et que je fais de la psychothérapie,
06:56ce que je n'ai pas fait avant,
06:58c'est quand même se mettre face
06:59aux pires trucs qui te sont arrivés dans ta vie,
07:02et que tu as passé ta vie à mettre loin de toi,
07:04et tout d'un coup, tu vas dedans, quoi.
07:06Pour le coup, je ne voyais pas trop comment m'en remettre,
07:08et en plus, plus je faisais ce travail,
07:10plus aussi d'autres souvenirs,
07:12d'autres trucs violents me revenaient,
07:13donc c'était plus de douleurs à affronter,
07:14et une fois que j'ai réussi à passer un petit peu ça,
07:18effectivement, là maintenant, je vais mieux aussi,
07:20parce que j'arrive à identifier certaines choses,
07:23et moi, j'ai un peu un espoir, personnellement,
07:26que comme justement, il y a une racine très précise,
07:29et ça, il y a certains témoignages qui sont sortis là-dessus,
07:31et certains livres qui existent,
07:33et certaines études,
07:34mais ça reste un peu émergent,
07:36l'idée de pouvoir dépasser à un moment son trouble,
07:39et de vivre avec, peut-être avec certaines expressions,
07:42mais beaucoup plus légères, et sans médicaments,
07:43et ça, c'est vrai que c'est un espoir que j'ai pour moi,
07:46et pendant ma dépression hyper profonde,
07:49à l'hôpital, ça a plutôt été quand même bien compliqué,
07:52ça ne s'est pas super bien passé,
07:53et du coup, j'avais vraiment l'envie de me dire,
07:57mais il faut une maison en dehors des hôpitaux,
07:59il faut un lieu où on peut aller,
08:00et il faut arrêter aussi de s'occuper que des moments de détresse,
08:03de crise,
08:04et du coup, j'ai remis l'idée de la maison perché,
08:07et donc notre but, c'est notamment de dire,
08:09mais en fait, on est capable comme tout le monde,
08:11on a des qualités comme tout le monde,
08:13enfin moi, j'ai un travail à plein temps,
08:15j'ai fait du freelance pendant des années,
08:16j'ai fait mes études,
08:17à l'inverse, il faut reconnaître, encore une fois,
08:19que ça ne s'exprime pas pareil,
08:20et qu'il y a des gens qui n'arrivent pas,
08:21à cause du trouble, à aller au bout,
08:23et ensuite, au sein d'un même trouble,
08:26il faut comprendre que c'est un spectre,
08:27et c'est pour ça aussi que je raconte mon histoire aujourd'hui,
08:29c'est pas pour dire, regardez, c'est ça, être bipolaire,
08:32c'est au contraire pour dire,
08:33regardez, ça n'est pas que ça, être bipolaire,
08:35venez voir ce qu'on a à vous dire à la maison perché,
08:37renseignez-vous,
08:39et c'est l'occasion de découvrir, de partager,
08:42surtout, vous pouvez faire un don,
08:44un petit ou un gros,
08:45on cherche un lieu,
08:46donc si vous avez un lieu pour nous,
08:47à Paris, surtout, nous sommes là,
08:50et nous, on est vraiment dans l'idée d'aller mieux
08:52par l'action, par les activités,
08:54et donc, voilà, si vous avez des idées d'ateliers,
08:56que vous voulez venir faire du yoga avec nous,
08:58ou proposer de l'art-thérapie,
08:59on vous attend, il suffit de nous contacter
09:00par le site maisonpercher.org.
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