Face à la crise de l'hôpital public, Charles Guépratte, directeur général de la FEHAP, présente une alternative : le modèle du privé solidaire (associatif, fondations, mutuelles). Sans actionnaires ni dividendes, ce secteur réinvestit tous ses bénéfices au service des patients et des territoires. Alliant la souplesse de gestion du privé aux missions de service public, il propose une gouvernance plus agile et un lien fort entre le sanitaire, le médico-social et le social. Une 3ème voie inspirante pour l'avenir de notre système de santé.
Avec Charles Guépratte, directeur général de la FEHAP
00:00Et j'accueille à présent pour notre dernière réaction Charles Guéprat, directeur général de la FEAP.
00:10Il n'est pas interdit de l'applaudir.
00:16Il s'est dit beaucoup de choses, Charles. Peut-être une réaction au débat ?
00:23Écoutez, on partage beaucoup de ce qui a été dit sur à la fois les évolutions et les efforts nécessaires qui vont être à faire.
00:31On partage aussi le constat un peu pessimiste qu'a adressé Mathieu Durand sur la situation dans les établissements de santé,
00:40notamment les hôpitaux publics, puisque c'était le focus qui a été fait.
00:44Et puis on sera heureux de rebondir sur ce qu'on peut faire, notamment avec du privé solidaire qui maintient toutes les ressources qu'il utilise
00:52et les réinjecte à 100% sur le territoire français.
00:58Donc il y a quelques enjeux intéressants à partager avec vous.
01:01Vous venez avec des propositions. Votre modèle, la FEAP, peut-être dire en quelques mots, on a dit qu'on explicitait tous les acronymes.
01:07La FEAP, c'est quoi ?
01:09Alors il n'y a pas que le privé et le public d'un côté.
01:12Il y a un truc au milieu qui s'appelle le privé solidaire, le privé associatif, le privé non lucratif.
01:18Vous l'appelez comme vous voulez. Ce sont des associations, des fondations, des établissements mutualistes
01:23qui ont beaucoup de points communs avec leurs cousins ou leurs frères du public,
01:30mais qui ont une gestion, une organisation privée.
01:33Donc la fédération est ce qui représente ces établissements privés à but non lucratif.
01:38Vous entendez que c'est le meilleur des deux mondes ?
01:40Alors nous, on le pense forcément, mais on n'est pas dans une vision de confrontation
01:46entre nos collègues du privé commercial et nos collègues du service public.
01:51On pense qu'il y a une agilité et une facilité à faire des choses dans notre secteur
01:57qui est intéressante et qui rejoint les valeurs qu'on partageait tout à l'heure,
02:02et notamment sur la pérennité, sur le fait que ce soit ancré dans les territoires
02:06et aussi le fait qu'on opère à la fois du sanitaire, du médico-social et du social.
02:11Et donc en termes de continuum, parce qu'on a, comme d'habitude dans tous les débats sur la santé,
02:16parlé quasiment que de l'hôpital, même si on a dit qu'on était trop hospitalo-centré,
02:21nous, on pense qu'il y a des enjeux, que la pertinence, c'est aussi la désescalade
02:25et c'est aussi d'empêcher les gens d'arriver jusqu'à l'hôpital par tout moyen
02:29ou les faire sortir le plus vite possible de l'hôpital en ayant des structures qui sont agiles
02:34au niveau médico-social, parler des personnes âgées qui vont devenir le premier sujet des 30 prochaines années.
02:44C'est aussi comme ça qu'on peut créer ce continuum et gérer les enjeux ou les défis qui sont les nôtres.
02:52Qu'est-ce qui caractérise ce modèle ? Est-ce que vous versez des dividendes comme dans le privé ?
02:57Alors, j'espère que non. Normalement, non, on ne verse pas de dividendes puisqu'on est des associations ou des fondations.
03:05Non, non, on ne verse pas de dividendes du tout. C'est le principe du modèle.
03:09Le modèle, c'est de la non-lucrativité. Donc, on peut faire des excédents.
03:13On peut avoir parfois des résultats positifs, ça peut arriver.
03:16Mais ces excédents sont obligatoirement maintenus et maintenus dans les structures.
03:21Donc, en fait, notre chance, c'est d'avoir cette agilité de la gestion privée, si vous voulez,
03:28avec les mêmes règles de fonctionnement globalement, en tout cas les mêmes objectifs, pardon,
03:34que les établissements publics, mais d'avoir cette société civile qui est dans les conseils d'administration,
03:41qui est dans la gouvernance des établissements et qui opère.
03:45Alors, ça peut être de la congrégation passant par l'association, par des fondations.
03:49Il y a tous les modèles qui existent chez nous et qui permettent d'un investissement durable sur les territoires.
03:57Et on est à l'affaire près de 6000 établissements et 400 établissements de santé.
04:02Donc, c'est très présent déjà sur notre territoire.
04:05Cette gestion privée, vous dites, elle désembolise le fonctionnement typique du système public.
04:10Ça veut dire quoi ?
04:11En fait, on essaie de faire simple.
04:13On parlait de gouvernance tout à l'heure.
04:17On peut parler parfois de suradministration ou de la volonté de beaucoup régenter beaucoup de choses.
04:22Je fais une toute petite recherche sur Copilot avant de venir sur combien il y avait d'articles qui régissent l'organisation interne des établissements de santé.
04:31On est sur 49 articles et 200 pages qui prévoient comment l'hôpital doit fonctionner.
04:36Alors, peut-être que c'est bien. Moi, j'ai été dans le public, donc je pense que c'est un peu trop et qu'il y a beaucoup de choses qu'on peut simplifier.
04:44Donc, quand on a des débats sur qui doit piloter les hôpitaux, nous, on peut avoir des médecins ou des directeurs dans nos établissements.
04:51Le fait est qu'on a choisi très majoritairement des directeurs plutôt avec des visions ou des profils de managers.
04:58Mais on peut tout à fait avoir des médecins.
05:01Mais il n'y a pas de règle. En fait, il n'y a pas de règle.
05:02La seule règle, c'est le président du conseil d'administration qui va décider de qui il va appointer comme chef d'établissement.
05:10On peut avoir des pôles. On peut ne pas avoir de pôles.
05:13Alors, le public a une possibilité aussi, avec un droit d'option, de supprimer les pôles qui sont des regroupements de services pour essayer de créer des univers de gestion.
05:21Le fait est qu'avec les tailles qu'on a en établissement, c'est-à-dire la taille assez idéale, il faut bien le dire, entre 400 et 600, 700 lits,
05:29on s'évite souvent les pôles parce qu'il y a une capacité à avoir une relation directe entre la direction, les directeurs et les chefs de service.
05:38Et tout ça, ça donne une forme d'agilité, de souplesse.
05:42On a aussi une souplesse sur le recrutement. Alors, on a la souplesse du recrutement, et souvent, ça nous est opposé parfois par nos collègues.
05:50On peut recruter à n'importe quel niveau, mais on a à peu près les mêmes tarifs que le public.
05:53Donc, de toute façon, on ne peut pas recruter en vrai à n'importe quel niveau, n'importe quel professionnel, puisqu'à la fin, ça ne reboucle pas.
05:59En revanche, on peut créer une prime temporaire sur des IAD ou des IBODS à un moment donné et supprimer cette prime sans difficulté.
06:06On ne risque pas de se retrouver les ferrets à la Cour des comptes. Je lisais que la Cour des comptes n'allait pas poursuivre les directeurs de public
06:13parce qu'ils ont mis des primes particulières. Mais on est dans un système où on se pose la question de savoir si on va les poursuivre.
06:20Nous, on ne se pose pas cette question. On passe en CA, on dit « Est-ce qu'il faut créer la prime ? »
06:25On la crée et puis on la démonte, on la défait quand on n'en a plus besoin.
06:30C'est des exemples très précis de cette agilité qui peut permettre justement une transformation accélérée du système.
06:36Et donc, nous, ce qu'on dit, c'est pourquoi pas créer un droit d'option, c'est-à-dire que des hôpitaux qui ont envie d'essayer ce système puissent venir
06:43et qu'on puisse aussi, par ce droit d'option, aussi capter des établissements privés commerciaux qui, parfois, ne vont plus avoir de propriétaires.
06:53Et aujourd'hui, dans le médico-social, ça existe déjà. Il y a des EHPAD privés commerciaux qui sont repris par des structures de la FEAP.
07:00Il y a quelques hôpitaux qui sont aussi repris. Ce mouvement, il n'est pas qu'un mouvement de dire « Il faut aller du public vers le PNL ».
07:11C'est aussi un mouvement sur le potentiel retrait du privé commercial avec une offre qu'il faudra absolument maintenir autant sur le secteur des soins
07:21que sur le secteur de l'accompagnement des personnes âgées ou des personnes en situation de handicap.
07:25Alors, qu'est-ce qui manque ? Pourquoi il n'est pas aussi répandu ? Si vous êtes là en phase d'évangélisation, nous expliquez les vertus de ce modèle. Pourquoi on ne le voit pas plus souvent ?
07:35Alors, il est très répandu ailleurs, en Europe. En Amérique du Nord, c'est un modèle qui est très répandu. Il est moins répandu parce que la France s'est construite aussi sur un modèle public très fort.
07:48Et le modèle PNL, il est venu en appui du secteur public. Il est venu boucher les trous, si vous voulez, d'une offre publique qui n'était pas complète, qui était quasiment complète.
07:59Et donc, on s'est mis sur les sanatoriums. On s'est mis sur... Alors, on parlait de la dialyse, de la maladie rénale chronique. C'est déjà le mouvement. Le mouvement de la dialyse, il est intéressant.
08:08C'est des opérateurs du public qui ont dit que c'est trop compliqué de faire de la dialyse dans l'hôpital public ou dans le CHU. Donc, on va aller la faire dans une asso à côté de l'hôpital.
08:19Mais on va rester dans notre hôpital. Donc, on va avoir notre centre de dialyse associatif et notre consultation à l'hôpital ou notre travail à l'hôpital. Et donc, on s'est construit comme ça.
08:27Donc, aujourd'hui, nous, on pense qu'on peut avoir une place plus importante. En tout cas, notre modèle peut avoir une place plus importante dans le système.
08:34Merci beaucoup, Charles Gepratz, de nous avoir présenté ce modèle. Je vous laisse rejoindre votre place.
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