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Comment redonner confiance aux soignants ? Le fondateur de What's up Doc livre son analyse sans filtre à la 7è édition de la soirée des Hôpitaux 2025.

Le Pr Matthieu Durand, chirurgien et chef de service au CHU de Nice, dresse un constat sévère sur l'état de l'hôpital public. S'appuyant sur un sondage exclusif mené par son média What's up Doc auprès de 500 médecins, il révèle un pessimisme généralisé chez les soignants. Gouvernance jugée trop technocratique, manque de personnel criant et perte de reconnaissance… Il analyse les causes de ce malaise profond et propose des pistes de réforme, notamment sur la valorisation de la pertinence des soins pour éviter la surconsommation d'actes. Un témoignage essentiel.

#Santé #Hôpital #SantéPublique #Soin #Soiréedeshôpitaux

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Transcription
00:00Et à la suite de cette table, on a souhaité recueillir les réactions et les points de vue de trois professionnels de la santé.
00:09On commence avec le professeur Mathieu Durand, chirurgien urologue et chef de service au CHU de Nice,
00:14mais aussi fondateur de What's Up Doc, qui me rejoint là encore sous vos applaudissements.
00:18Il s'est dit des choses ce soir, vous apportez la vision des médecins de terrain, vous êtes leur héros, AUT en quelque sorte.
00:34Qu'est-ce que vous retenez des échanges qui viennent d'avoir lieu ?
00:38J'entends des éléments qui m'ont beaucoup plu de la part de M. Nicolas Revelle sur la nécessité de faire attention.
00:46En tout cas, à la force vive qui réalise les actes de soins.
00:52Je parle juste des médecins, mais il y a tous les soignants, bien sûr, qui sont à l'hôpital.
00:57Et justement, les éléments du sondage que je vais rapporter et qui a été réalisé auprès de 503 répondeurs médecins d'un âge moyen de 35-37 ans,
01:09donc dans la fleur, dans le début de l'activité professionnelle, est assez intéressant parce que la vision est assez pessimiste.
01:17C'est un ressenti, ce ne sont pas des experts des économies de santé, mais néanmoins, le ressenti est assez vivifiant quand on regarde les réponses que je vais vous décrire.
01:27Et du coup, je suis quand même content que des grands acteurs, dont la direction générale de la PHP,
01:34sentent qu'il y a un besoin d'être attentifs et d'avoir une reconnaissance auprès des professionnels,
01:40de dire que ce n'est pas seulement une tentative de réduction sans cesse et une mise sous couvercle qui a pu avoir lieu pendant 10 ans,
01:48qui sera une piste de solution.
01:50Et si je pouvais encore ajouter un seul mot, dans les choix potentiels, évidemment, de recherche de maîtrise budgétaire,
01:59il y en a quand même un qui, moi, m'émeut sur le terrain, c'est que le système actuel, et je pense que vous en conviendrez,
02:05il est fait sur la valorisation des actes.
02:08Or, la pertinence de ma prise en charge, moi, je suis urologue, elle est sur la meilleure qualité de vie et, finalement, la raréfaction des actes.
02:17J'aimerais plutôt être valorisé, au titre de mon activité, sur le fait que le patient qui a un cancer de prostate me concernant,
02:25ou le patient diabétique, vienne moins souvent, a moins d'occlusion de la rétine cette année, a eu moins de consommation de soins,
02:32et que derrière, j'ai une prime de valorisation par rapport à cette activité, au titre de service public,
02:36dans mon service, que je pourrais revaloriser sur les acteurs de mon service,
02:39plutôt qu'en fait, avoir le bénéfice de reproduire des actes, des consultations,
02:46peut-être parfois qui vont à la surconsommation, vous l'avez évoqué, il y a des dérives dans tous les métiers,
02:50donc j'imagine que ça existe aussi dans notre profession, même s'il y a un conseil de l'ordre et un code déontologique,
02:56mais néanmoins c'est sûr que si on était dans une inversion complète,
02:59et c'est une réforme structurelle, je ne suis pas la seule à l'évoquer,
03:03mais d'un financement par valorisation de la pertinence des soins,
03:07et donc du coup par diminution des activités de soins finalement,
03:11je pense que peut-être on inverserait une tendance inconsciente des acteurs de soins,
03:18qui est parfois de reproduire ou represcrire, suivant des recommandations,
03:23jamais généralement voulant faire un chiffre complémentaire,
03:27mais suivant des recommandations, sans se poser la question du fait que peut-être on aurait pu supprimer cette consultation cette année,
03:32parce que finalement il n'y en avait pas besoin, parce qu'il allait mieux.
03:35Et vous l'avez dit tout à l'heure, je suis d'accord avec madame Cazeneuve,
03:38on n'a pas la vision de notre côté de l'efficacité réelle sur, on va dire, l'efficacité sur le territoire, populationnel en fait.
03:46On a des ressentis individuels, si on est comme moi chargé de recherche,
03:50on a aussi au travers des études une mesure de notre efficacité au travers des études,
03:55qui n'est pas la vie réelle des soins,
03:57mais on n'a pas finalement la vie de sa cohorte, l'efficacité sur son territoire,
04:03je suis dans les Alpes-Maritimes, pour savoir s'il y a moins de problématiques de soins urologiques
04:09et d'adénome de prostate sur le bord de la mer,
04:13qu'il y en a dans l'arrière-pays, je ne peux pas le voir, je ne le sais pas.
04:17Et je pense que c'est un indicateur extrêmement pertinent qui doit être communiqué,
04:24s'il peut l'être bien évidemment, s'il peut être trouvé avec justesse, c'est sans doute pas facile,
04:28parce que c'est quand même un élément orientant un professionnel de santé,
04:32si l'on veut qu'il soit véritablement acteur de la santé populationnelle,
04:35et c'est bien ce qu'on demande, parce qu'il doit être acteur de la populationnelle,
04:39et dans la maîtrise des finances publiques.
04:43Des pistes intéressantes, donc professeur Mathieu Durand,
04:46vous avez parlé d'un sondage que vous avez réalisé au sein de vos adhérents,
04:49sur le thème l'hôpital public peut-il encore se vivre au sein de la sécu,
04:52peut-être en deux mots rappelez ce que c'est WhatsApp Doc,
04:54et après vous avez cinq minutes pour parler de sondage.
04:56Ok, très bien. WhatsApp Doc c'est un média, et je remercie le point de nos invités,
05:01qui maintenant a 14 ans, que j'ai créé avec d'autres médecins,
05:05et qui avait la volonté de parler de la profession, de son vécu, de la qualité de vie au travail,
05:09ça a commencé dans les années 2010, pour ce qu'il y a de ce média là,
05:12et qui aujourd'hui est extrêmement développé sur le terrain, très connu par les médecins.
05:16Ça n'a pas la volonté de s'occuper de l'ensemble des soignants,
05:18parce qu'on a juste cette petite maîtrise sur l'ensemble des différents médecins,
05:23de toutes les spécialités, et de tous les formats d'exercice,
05:26et c'est avec ce média là que je travaille avec d'autres confrères,
05:29mais aussi beaucoup de journalistes qui aujourd'hui nourrissent la rédaction,
05:33une rédaction qui a sa spécificité dans une bonne connaissance, on va dire,
05:37de cette tranche qui a 35 ans d'âge moyen,
05:40ce qui finalement est rare, parce que dans la presse de la profession,
05:44très souvent les plus jeunes ne sont pas ceux qui sont les plus adeptes des médias,
05:49on va dire, généralistes de santé.
05:51Donc du coup nous c'est notre spécificité.
05:52Vous avez dit on s'est créé notre propre média ?
05:54Pardon ?
05:55Vous avez dit on s'est créé notre propre média ?
05:56Oui, c'était un petit peu ça, j'ai eu un passé historique,
06:00dans les syndicats des internes, etc.
06:02Et du coup ça m'a amené à vouloir faire quelque chose de plus,
06:05et je me suis dit que plutôt d'avoir un parti,
06:07c'était plus intéressant de développer un média pour donner la parole,
06:09parce que c'est un magazine qui a énormément fait d'interviews,
06:12pour donner la parole aux soignants.
06:13Alors là on est dans l'énergie,
06:14mais vous allez tout de suite nous calmer avec ce mot de pessimisme.
06:18Oui, un petit peu en effet,
06:19donc comme je l'ai dit, il y a 500 répondeurs,
06:21ce qui est important quand même,
06:22j'ai été surpris de l'adhésion,
06:25et parmi ces 500 répondeurs,
06:26il y avait 61 hospitaliers,
06:2822% de libéraux,
06:29et d'autres qui étaient en formation interne,
06:31docteur junior, etc.
06:3348% ils ont entre 30 et 39 ans.
06:36Donc parmi l'ensemble des questions qui ont été posées,
06:39il en est une qui était sur leur vision du maintien de l'hôpital public
06:43comme une place forte dans le territoire de santé.
06:45Alors seulement 20% d'entre eux estiment que dans les 10 ans,
06:49l'hôpital public aura toujours,
06:52ou arrivera à toujours maintenir un rôle important dans son territoire.
06:55Ça veut quand même dire 80% qu'ils sont incertains,
06:58ce qui effectivement interroge.
07:00Quand ils réfléchissent à leur perception du soutien de la sécurité sociale
07:05sur leur activité, sur leur hôpital en réalité,
07:08et bien ils ont l'impression que c'est un soutien défaillant dans la majorité.
07:12Encore une fois, ce n'est pas des économistes,
07:13c'est l'impression qu'ils ont.
07:15Et seulement 18% ont l'impression que la sécurité sociale
07:18les soutient assez dans leur activité,
07:2146% pensent que la sécurité sociale est carrément en retrait,
07:25et 31% sont plutôt intermédiaires.
07:29Et puis si on leur demande plus spécifiquement
07:31en quoi cela a les impacts,
07:33ce qui les inquiète le plus,
07:34c'est les missions de services publics,
07:36au premier rang desquels ils parlent des urgences,
07:39bien sûr,
07:39et au premier rang ils parlent de la permanence des soins,
07:42qui sont deux sujets qui sont à la charge majoritairement.
07:45On l'a vu dans les statistiques qui ont été données tout à l'heure,
07:48évidemment, par le président de la FHF,
07:5083% de l'activité des urgences est représentée par le service public.
07:54Ça veut dire qu'un médecin, quand il a 35 ans,
07:56ça fait déjà, depuis qu'il est rentré,
07:58à peu près, on va dire, 25 ans de toute sa formation,
08:0110 ans qu'il fait des gardes aux urgences,
08:03dans toutes les urgences possibles et inimaginables.
08:05C'est parfois difficile, il y a beaucoup de contextes sociaux,
08:08ça les inquiète beaucoup,
08:09la permanence des soins est très très lourde,
08:11c'est une des causes principales dans mon service de départ,
08:14vers l'activité libérale, c'est évident.
08:16Moi j'ai une garde d'urgence,
08:18deux préaliments d'organes et de greffes,
08:20ça fait trois pour une seule équipe, c'est beaucoup.
08:23Ensuite, si on leur dit,
08:24est-ce que vous pensez finalement que l'hôpital public est en train de sombrer,
08:27c'était la question qui était posée,
08:2866% de tiers estiment que l'hôpital public est un naufrage,
08:34ou est en train de faire un naufrage,
08:37mais quand même 31% pensent que c'est réversible,
08:39c'est le petit bémol qui m'a intéressé,
08:43seulement 3% pensent que c'est encore un pilier solide,
08:45bon alors la vision elle est extrêmement noire,
08:47il y en a quand même un tiers qui pense qu'on peut encore faire quelque chose,
08:51j'espère qu'ils seront avec moi encore demain quand je rentrerai dans le service.
08:54Et puis si on regarde un peu plus loin,
08:57est-ce qu'ils pensent qu'il y a une fracture publique privée importante,
09:01et quel est leur avis sur la place du privé lucratif, j'entends,
09:06je ne parle pas des CLCC ni des fondations,
09:08et bien il y en a 43% qui pensent qu'il faut mieux la réguler,
09:12ça veut dire beaucoup de choses et pas beaucoup,
09:13c'est le rôle quand même souvent des ARS,
09:15mais je pense que le dialogue entre ARS et hospitaliers est parfois pas si facile,
09:20notamment actuellement avec le schéma de réorganisation des PDS,
09:24et puis il y en a 26% quand même parmi les hospitaliers
09:27qui pensent qu'il faut soutenir le privé pour pouvoir avoir un public plus fort,
09:30j'ai un petit peu entendu ça monsieur Revelle tout à l'heure,
09:33et je trouve que c'est effectivement pas dissonant avec ce que l'on retrouve ici dans ce sondage.
09:38Enfin, si on leur dit, est-ce que vous avez déjà envisagé de quitter l'hôpital public,
09:42on a déjà fait un gros dossier sur ce point là,
09:45à l'heure où on a réalisé ça sur l'ensemble des personnes intourgées,
09:49il y en a 28% qui disent j'ai déjà quitté l'hôpital public,
09:53alors évidemment l'hôpital public forme,
09:55donc tout le monde n'est pas fait pour y rester non plus,
09:57donc on va peut-être pas prendre ça,
09:58mais par contre si on regarde la sous-catégorie des hospitaliers,
10:01il y en a 34% qui envisagent de partir,
10:0438% qui pensent à partir,
10:06et 18% qui pensent à rester.
10:09Je forme un interne par an,
10:10ça veut dire que tous les 5 ans je garde qu'un seul interne,
10:12c'est pas assez pour mon service d'urologie,
10:14donc ça c'est un point quand même qui est extrêmement marquant,
10:16et puis du coup enfin,
10:18si on leur demande de hiérarchiser les causes du malaise selon eux,
10:23le premier point du point de vue des hospitaliers,
10:26ça reprend un point qui a été évoqué tout à l'heure,
10:28c'est celui de la gouvernance qu'ils jugent trop technocratique,
10:31c'est pas forcément vrai,
10:33c'est une perception,
10:35peut-être faut-il pas la changer comme vous l'avez évoqué tout à l'heure,
10:37j'ai bien entendu,
10:38mais en tout cas,
10:39peut-être il faut l'expliquer,
10:41peut-être il faut montrer quel est le rôle du médecin,
10:44qui est un soignant et qui n'est pas normalement un organisateur de soins
10:47à l'intérieur de cet établissement,
10:48il y a des professionnels dont c'est le métier,
10:50chacun le sien,
10:51mais en tout cas,
10:52ça semble leur poser des problèmes,
10:53parce que je pense qu'ils ont l'impression qu'on dirige,
10:55et qu'ils sont un petit peu comme des pions,
10:57le deuxième point,
10:58et ça c'est directement à leur quotidien,
11:00c'est le manque de personnel,
11:0167% des cas,
11:03et ça,
11:04c'est souffrance,
11:05ici même,
11:05tout à l'heure j'ai reçu un email pour me dire qu'il y avait encore,
11:08pour cause de grève,
11:09changement dans les blocs opératoires,
11:10je dois annuler des patients,
11:11je suis ici,
11:12c'est pour après-demain,
11:13donc c'est sans cesse,
11:14en permanence,
11:14c'est insupportable,
11:16et enfin,
11:16le manque de reconnaissance,
11:17qui est un petit peu en lien avec la reconnaissance financière qui a eu lieu,
11:20c'est dommage,
11:20le Ségur,
11:21il a quand même refinancé,
11:22je trouve que ça n'a pas été assez communiqué pour montrer les efforts qui ont été faits,
11:25je trouve que pourtant,
11:26c'est une solidarité globale,
11:27puisque c'est les données publiques,
11:29il faudrait quand même,
11:29à mon avis,
11:30le dire,
11:30pour essayer de montrer quand même que l'Etat ne s'est pas mouché,
11:34et a quand même soulagé et renforcé,
11:36voilà,
11:36donc globalement,
11:37une forme de perte de conscience,
11:39de confiance globale,
11:40je dirais,
11:41entre la Sécu et la gouvernance,
11:43une grande peur sur les missions de services publics,
11:45qui trouvent être dévalorisées,
11:47et puis une crainte d'un naufrage institutionnel,
11:49avec moi,
11:49j'ai très peur,
11:50une hémorragie des vocations hospitalières,
11:51mais vous l'avez à la PHP,
11:53je suppose,
11:54donc nous le vivons,
11:55c'est difficile,
11:56la FHF se bat pour l'attractivité des professions hospitalières,
12:00je me bats pour,
12:00mais c'est pas facile.
12:02On vous remercie,
12:03en tout cas,
12:03on vous applaudit pour ce combat.
12:05Merci beaucoup.
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