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Dans le cadre de la célébration des 150 ans du Sénat, se tenait le 2 octobre dernier une table ronde dédiée au rôle et à la popularité croissante des commissions d’enquête menées par la Chambre haute. Après une mise en perspective permise par l’intervention de deux constitutionnalistes, Priscilla Jensel-Monge, maîtresse de conférences en droit public à l’Université d’Aix-Marseille) et Audrey de Montis, maîtresse de conférences en droit public à l’Université de Rennes, celle-ci donne la parole à plusieurs sénatrices et sénateurs ayant présidé des commissions d’enquête qui ont connu un fort retentissement politique et médiatique (McKinsey¿: Eliane Assassi et Arnaud Bazin¿; TotalEnergies¿: Yannick Jadot¿; Narcotrafic¿: Jérôme Durain et Etienne Blanc). Ils ont tous abordé la place croissante que prend le Sénat à l’heure où l’Assemblée nationale ne dispose pas de majorité absolue. Revivez leurs témoignages. Année de Production : 2025

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00:00:00Générique
00:00:00Bonjour à tous, ravis de vous retrouver sur Public Sénat pour un nouveau numéro de 100% Sénat à l'émission qui vous fait vivre les travaux de la Haute Assemblée.
00:00:18Je vous propose de suivre un colloque sur les 150 ans du Sénat, la Haute Assemblée qui a pris ces dernières années de plus en plus d'influence dans notre vie politique et dans la fabrication de la loi.
00:00:27Je vous laisse écouter les échanges.
00:00:28On assiste désormais à une véritable sénatorialisation du processus législatif.
00:00:35Alors cette sénatorialisation, elle se lie d'abord dans la montée en puissance de l'initiative sénatoriale.
00:00:43Rendue possible par la révision constitutionnelle de 2008, cette montée en puissance a été dans les faits la conséquence de l'érosion du fait majoritaire à l'Assemblée nationale
00:00:52qui a ouvert au Sénat un espace inédit dont il a su se saisir.
00:00:56Là encore, les chiffres parlent d'eux-mêmes.
00:01:00En 2024-2025, 22 propositions de loi d'origine sénatoriale ont été définitivement adoptées, soit presque le double de l'année précédente,
00:01:09ce qui place le Sénat à l'origine de près d'un texte sur quatre définitivement adopté.
00:01:13Nous sommes donc loin des propositions de loi au rôle secondaire qui servaient autrefois davantage de relais ou de compléments que de véritables socles à de grandes réformes.
00:01:24Désormais, les propositions de loi sénatoriales s'attaquent à des sujets majeurs comme la réforme du financement de l'audiovisuel public
00:01:30ou encore comme la lutte contre le narcotrafic, une proposition transpartisane qui a été définitivement adoptée et qui sera d'ailleurs évoquée tout à l'heure.
00:01:39Le phénomène s'observe également et est tout aussi frappant pour les projets de loi d'origine gouvernementale.
00:01:47En 2024-2025, 56,7% des projets de loi du gouvernement, 17 textes sur 30, ont d'abord été déposés au Sénat, contre 36,7% l'année précédente,
00:02:00si bien que si le Sénat n'a pas le dernier mot, il en a de plus en plus le premier.
00:02:07Dans certains cas, le Sénat a même été la seule assemblée à débattre véritablement du texte.
00:02:13Souvenons-nous de la réforme des retraites. L'Assemblée nationale n'a jamais pu aller au terme de l'examen du débat sur l'article 7,
00:02:21celui qui fixait l'âge légal, tandis que le Sénat l'a adopté.
00:02:25Pour le projet de loi immigration, le Sénat était la première chambre saisie et c'est sa version qui a donné l'ossature aux discussions.
00:02:32Et que dire encore ? Cela a été évoqué du projet de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale pour 2025.
00:02:38Là encore, le Sénat a été la seule chambre à voter le texte en exerçant pleinement son rôle délibératif.
00:02:46Autrement dit, non seulement les textes commencent au Sénat, je viens de vous le dire,
00:02:50mais de plus en plus, c'est aussi parfois ici qu'ils s'arrêtent.
00:02:53Peut-être faut-il s'en inquiéter, faute de discussions réelles à l'Assemblée nationale.
00:02:58Reste enfin à mentionner le rôle de la commission mixte paritaire, qui mérite d'être soulignée.
00:03:03Elle est aujourd'hui l'un des lieux où la sénatorialisation du processus législatif se donne le plus à voir.
00:03:10D'abord parce que dans les CMP, le Sénat joue désormais un rôle central, parfois décisif, pour garantir au gouvernement une majorité de compromis.
00:03:19Ensuite, parce qu'un accord en CMP implique nécessairement de tenir compte des positions du Sénat,
00:03:25là où le recours au dernier mot tend, lui, en partie à écraser l'apport sénatorial.
00:03:30Or, les chiffres sont clairs, là encore, la part des CMP conclusives est écrasante.
00:03:3729 accords sur 33 en 2023-2024, soit 88% des textes,
00:03:42et un seul échec en 2024-2025 sur le texte sur la loi PLM.
00:03:48Ce rôle central ne se mesure pas seulement à la quantité des lois adoptées,
00:03:52je crois qu'il se mesure aussi à la qualité du travail législatif.
00:03:56Le rapport d'activité 2023-2024 de la séance souligne ainsi que 62% des amendements adoptés au Sénat
00:04:03ont été repris dans les textes définitivement adoptés,
00:04:07un chiffre qui est même monté pour l'année parlementaire 2024-2025 à 70,1%.
00:04:13Alors cette influence, elle s'explique sans doute par une exigence particulière.
00:04:17Le Sénat se conçoit comme une chambre de la qualité normative, rigueur rédactionnelle,
00:04:23travail approfondi en commission, talent légistique, soucis de constitutionnalité,
00:04:28autant de marqueurs qui assurent à ces apports un poids décisif.
00:04:32En somme, le Sénat ne fait pas que produire plus de lois,
00:04:36il contribue aussi à produire de meilleures lois.
00:04:40Alors, après ces éléments, permettez-moi de vous livrer rapidement une analyse de constitutionnalistes.
00:04:46Ce constat ne s'explique pas seulement par une réforme, celle de 2008,
00:04:51ou par une conjoncture politique, celle de l'érosion de l'affaiblissement du fait majoritaire.
00:04:57Il dit quelque chose de plus profond sur notre constitution et sur nos institutions.
00:05:03La constitution fixe un cadre, mais ce cadre, il ne prend vie que par les pratiques institutionnelles qui l'animent.
00:05:10Ce sont les institutions, dans leur fonctionnement concret,
00:05:15qui finalement permettent de révéler la vérité des équilibres constitutionnels.
00:05:19Le contexte politique actuel, marqué par l'absence de majorité à l'Assemblée nationale depuis 2024,
00:05:25explique bien sûr et sans doute la centralité nouvelle du Sénat dans le processus législatif.
00:05:30Mais il ne faut pas réduire, je crois, le phénomène à une simple contingence.
00:05:33Ce que nous observons, c'est que le Sénat manifeste avec une acuité particulière
00:05:38la capacité d'adaptation de la Vème République.
00:05:42Là où l'Assemblée nationale est parfois paralysée par ses divisions,
00:05:47le Sénat incarne la continuité, la pondération et la stabilité,
00:05:52non loin finalement de la fonction que lui avaient assigné les constituants en 1958.
00:05:57Autrement dit, la sénatorialisation du processus législatif n'est pas une entorse au schéma constitutionnel.
00:06:03Elle en est, je crois, au contraire, l'expression la plus fidèle.
00:06:07Elle révèle que le bicamérisme de la Vème République n'est pas figé dans un déséquilibre théorique,
00:06:13mais qu'il peut évoluer avec le temps, au gré des circonstances politiques,
00:06:18pour redonner au Sénat toute sa place dans la fabrique de la loi.
00:06:22On pourrait dire alors, je crois que l'image est assez juste,
00:06:25que le Sénat constitue aujourd'hui, en quelque sorte, l'adulte dans la pièce.
00:06:31Il incarne la continuité institutionnelle, il absorbe les tensions, il produit du compromis.
00:06:38Il n'est plus la chambre marginale de la Vème République, si tant est d'ailleurs qu'il l'ait déjà été,
00:06:43mais le pilier de son équilibre dans une période de turbulence politique.
00:06:48Alors oui, le Sénat est ancien, comme le rappelle le titre de ce colloque,
00:06:52mais sans doute à l'image d'un grand cru, se bonifie-t-il avec l'âge.
00:06:55Et au moment de fêter ses 150 ans, il n'a peut-être jamais été aussi moderne et aussi central.
00:07:02Si nous voulons comprendre l'avenir de la Vème République,
00:07:06il faut sans doute désormais regarder ici, au palais du Luxembourg,
00:07:11parce que c'est ici que bat aujourd'hui le cœur du jeu législatif.
00:07:15Je vous remercie.
00:07:15Merci beaucoup.
00:07:24Je passe à présent la parole à la constitutionnaliste Audrey Demontis
00:07:27pour parler de la montée en puissance du travail de contrôle au Sénat.
00:07:36Mesdames les sénatrices, mesdames, messieurs les sénateurs, mesdames, messieurs,
00:07:41je souhaitais à titre liminaire remercier le Sénat pour cette marque de confiance.
00:07:46Lorsqu'il est question d'une assemblée politique, la loi vient naturellement à l'esprit.
00:07:51Pourtant, dans l'histoire, la première vocation du Parlement réside dans sa fonction de contrôle.
00:07:57Un président du Sénat, sous la Vème République,
00:08:00a d'ailleurs qualifié cette fonction de seconde nature des Parlements.
00:08:04Aujourd'hui, cette fonction est consacrée dans notre constitution.
00:08:07Mais au-delà du texte, le contrôle parlementaire est devenu un levier démocratique.
00:08:12Le Sénat est un lieu où cette dynamique s'incarne pleinement.
00:08:17Le contrôle en lui-même, pour ce qu'il est, est fondamental.
00:08:22Mais il est aussi à cultiver pour ce qu'il peut devenir,
00:08:26à savoir notamment une source d'initiatives législatives.
00:08:29Depuis la première commission d'enquête et de contrôle, en 1960,
00:08:34sur la gestion de la réunion des théâtres aux lyriques nationaux,
00:08:37jusqu'aux affaires contemporaines comme Benalla, les EHPAD, les cabinets de conseil,
00:08:43le fonds Marianne, le dérapage des finances publiques ou encore Total Énergie,
00:08:47le Sénat n'a cessé d'affirmer sa vocation à contrôler.
00:08:51Pourtant, en 1958, il n'avait pas été conçu pour exercer une telle fonction avec autant de vigueur.
00:08:59À ce moment, d'ailleurs, la fonction de contrôle est uniquement envisagée,
00:09:03dans sa version la plus radicale, le renversement du gouvernement.
00:09:07Contrôler, c'est sanctionner.
00:09:09Contrôler, c'est renverser.
00:09:11Or, le Sénat, du fait de ses spécificités, est conduit à imaginer d'autres possibilités.
00:09:16Et il va, tout au long de la Ve République, progressivement s'ériger en un acteur incontournable en la matière.
00:09:25Cette fonction de contrôle sénatorial s'exprime grâce aux commissions d'enquête,
00:09:28mais aussi à travers d'autres outils qui sont pensés et souvent repensés par l'institution
00:09:33pour être adaptés et efficaces.
00:09:36Parmi ces outils figurent les débats interactifs d'initiative sénatoriale,
00:09:40les questions écrites qui donnent lieu à l'établissement d'un palmarès des ministres,
00:09:43le contrôle de l'application des lois, le suivi des ordonnances
00:09:46ou encore les missions d'information constituées par les commissions permanentes.
00:09:51Le contrôle est dans l'ADN du Sénat et depuis 2008, cette fonction s'est amplifiée.
00:09:57L'année 2008 constitue un premier tournant.
00:10:01La fonction de contrôle est désormais inscrite à l'article 24.
00:10:05Le symbole est fort puisqu'il est désormais précisé que le Parlement vote la loi,
00:10:09il contrôle l'action du gouvernement, il évalue les politiques publiques.
00:10:13Les commissions d'enquête bénéficient également d'une reconnaissance à l'article 51-2.
00:10:19Cette réforme entraîne par ailleurs une révision du règlement du Sénat
00:10:22consacrant un droit de tirage qui permet à chaque groupe de créer, une fois par an,
00:10:27une mission d'information ou une commission d'enquête.
00:10:30Bien que le Sénat accorde une attention particulière au contrôle exercé au sein de ces structures temporaires,
00:10:35le temps dédié au contrôle en séance publique augmente sensiblement à compter de 2008.
00:10:40Mais c'est en 2018, avec la commission Benalla, que le contrôle prend une nouvelle dimension.
00:10:47C'est un second tournant et il est majeur.
00:10:50Cette commission se caractérise par plusieurs éléments originaux.
00:10:53En premier lieu, il s'agissait d'une commission législative qui avait demandé à être dotée de pouvoirs d'enquête.
00:10:59Ce qui était à l'époque rare.
00:11:02En l'espèce, la demande avait été formulée par Philippe Bas, dotée d'une solide légitimité.
00:11:08En deuxième lieu, deux rapporteurs de deux groupes politiques distincts avaient été désignés,
00:11:13ce qui a permis de dépasser les clivages politiques.
00:11:16Enfin, en troisième lieu, cette commission a su mener, dans un climat sociétal et politique particulièrement électrique,
00:11:23des travaux fournis et sérieux, ayant fait l'objet d'une médiatisation jusque-là inédite.
00:11:29À l'Assemblée nationale, une commission portant sur le même thème à la même époque avait malheureusement implosé.
00:11:35Depuis, le Sénat a affiné sa méthode concernant les commissions d'enquête.
00:11:401. La désignation de ses membres respecte le pluralisme.
00:11:442. Le travail qui est conduit est collégial, dense, robuste et documenté.
00:11:493. Les sujets soumis à l'investigation sont analysés de façon transpartisane,
00:11:55ce qui conduit à fabriquer du consensus.
00:11:574. Les travaux des commissions d'enquête sont suivis, visibles et suscitent un intérêt croissant des citoyens.
00:12:05L'une des forces des commissions d'enquête réside dans le pluralisme politique.
00:12:10La fonction de président ou de rapporteur est attribuée aux membres d'un groupe minoritaire ou d'opposition,
00:12:15le groupe a l'origine de la création, obtenant deux droits s'il le demande,
00:12:20que l'une des deux fonctions revienne à l'un de ses membres.
00:12:23Cette règle, développant le pouvoir de contrôle des groupes minoritaires et d'opposition,
00:12:28garantit une forme d'objectivation du contrôle parlementaire.
00:12:33La désignation des membres de la commission repose sur une liste établie par les présidents de groupe
00:12:38selon la règle de la proportionnalité.
00:12:40Dès lors, ils sont conduits à s'entendre pour désigner le bureau qui comprend un président,
00:12:46six à huit vice-présidents, mais surtout un ou deux rapporteurs.
00:12:50Et ces éléments permettent une adaptation aux équilibres politiques de l'institution
00:12:54et correspondent à son souhait de conduire des travaux consensuels.
00:12:58Ainsi, malgré des sujets sensibles et des positions qui peuvent être définies avant le commencement des travaux,
00:13:05en raison des profils divers des élus,
00:13:07ces derniers parviennent à conduire des travaux transpartisans.
00:13:10L'exemple qui sera présenté par le sénateur Yannick Jadot au sujet de la commission d'enquête Total Énergie
00:13:16est sur ce point tout à fait significatif.
00:13:19De façon générale, la désignation des rapporteurs est fluide, simple.
00:13:23Des co-rapporteurs même ont pu être désignés,
00:13:26illustrant les choix de collégialité et de représentation pluraliste défendus par le Sénat.
00:13:32Plusieurs commissions d'enquête en sont des illustrations emblématiques,
00:13:35avec des binômes ou même des trinômes associant majorité et opposition.
00:13:40Ce fut le cas de la commission Benalla, de la commission Lubrizol,
00:13:43ou encore de la commission dite Covid-19,
00:13:46qui a permis de désigner trois rapporteurs de trois groupes politiques.
00:13:50Une fois constitués, les présidents et les rapporteurs n'hésitent pas à utiliser leur pouvoir d'enquête
00:13:56sur pièce et sur place pour aller, avec détermination parfois,
00:14:00chercher l'information dans les administrations.
00:14:03A titre d'illustration, le sénateur Jean-François Husson s'est récemment rendu au ministère
00:14:08de l'Économie et des Finances pour enquêter au sujet des modalités d'application du dispositif
00:14:13visant à mettre un terme aux opérations frauduleuses d'arbitrage de dividendes.
00:14:18Et surtout, ces commissions ne restent pas confinées dans l'enceinte parlementaire.
00:14:24Grâce à la rigueur des investigations conduites,
00:14:26à l'évolution des modalités de publicité des travaux en commission
00:14:29et aux efforts déployés par les services de communication du Sénat,
00:14:33les travaux des commissions d'enquête sont médiatisés et de plus en plus suivis.
00:14:38Ils deviennent des sources d'informations citoyennes sur des sujets majeurs.
00:14:43Pourtant, les thèmes sont parfois d'apparence arides et techniques.
00:14:47Ce fut le cas de la commission d'enquête sur le dérapage budgétaire, en 2024,
00:14:51sur le fonds Marianne, en 2023.
00:14:52Ce fut également le cas de la commission d'enquête sur les cabinets de conseil,
00:14:56ou dite commission McKinsey.
00:14:58Le président Arnaud Bazin et la rapporteure Hélène Assassi
00:15:01ont réussi à faire ressortir toute l'intensité politique de ce sujet
00:15:05et à susciter l'intérêt des citoyens.
00:15:08Le sénateur Arnaud Bazin s'est d'ailleurs pleinement saisi de ce sujet sur le plan politique,
00:15:12illustrant l'engagement transversal de cet organe,
00:15:16pourtant issu de l'exercice du droit de tirage du groupe communiste.
00:15:18La diversité des sensibilités politiques peut être une force.
00:15:22Enfin, et c'est en théorie un élément que nous, universitaires,
00:15:26espérons voir se concrétiser au-delà de nos écrits,
00:15:29l'emmêlement, ou plutôt l'enrichissement mutuel,
00:15:32des fonctions législatives et de contrôle.
00:15:34En effet, aujourd'hui, il est possible de constater
00:15:37que les travaux des commissions d'enquête
00:15:39peuvent donner naissance ensuite à des mesures législatives.
00:15:43L'enquête sur le narcotrafic,
00:15:45qui sera présentée tout à l'heure par les sénateurs Étienne Blanc et Jérôme Durin,
00:15:48a conduit à l'adoption de propositions législatives concrètes.
00:15:52Le contrôle devient ainsi un moteur de la production normative.
00:15:57Porté par le pluralisme et une distance institutionnelle à l'égard du gouvernement,
00:16:02le Sénat exerce un contrôle apaisé et dépolitisé,
00:16:06renforçant la qualité démocratique du débat public.
00:16:09Le Sénat ne se contente pas de contrôler.
00:16:12Il éclaire, il informe, il propose.
00:16:15Il fait vivre la démocratie dans sa dimension la plus exigeante.
00:16:19Sans cesse, il diversifie ses moyens de contrôle et développe une expertise reconnue.
00:16:24Les informations qu'il produit nourrissent désormais des travaux bien au-delà des murs de l'institution.
00:16:30Le développement du contrôle territorial, à travers des déplacements ou des questionnaires,
00:16:34la consultation des élus locaux via une plateforme dédiée,
00:16:37illustre cette dynamique d'ouverture et de diffusion des savoirs.
00:16:40Et aujourd'hui, à l'occasion de la Nuit du droit,
00:16:43nous avons une nouvelle opportunité de mesurer concrètement la richesse de cette contribution.
00:16:48Je vous remercie.
00:16:56Merci, merci beaucoup.
00:16:58Bien sûr, d'ici quelques instants, vous allez pouvoir échanger avec les sénateurs
00:17:04autour des sujets qui viennent d'être évoqués,
00:17:06autour du processus législatif, comme des commissions d'enquête.
00:17:09Mais auparavant, nous allons pouvoir assister à un certain nombre de témoignages
00:17:14autour des commissions d'enquête que vous venez de citer,
00:17:16justement pour nous présenter comment on travaille concrètement lors d'une commission d'enquête.
00:17:21Et on va commencer avec vous, Jean-François Husson.
00:17:23Bonjour.
00:17:24Bonjour.
00:17:24Vous êtes le rapporteur général du budget.
00:17:27Et en mai 2023, avec le président de la commission des finances, le socialiste Claude Rénal,
00:17:34vous décidez d'enquêter sur le fonds Marianne.
00:17:36Alors en un mot, peut-être que tout le monde ne se rappelle pas,
00:17:38ce fonds a été créé pour subventionner des associations pour des actions de contre-discours
00:17:44et de défense de valeurs de la République sur Internet.
00:17:47Et cela à la suite de l'assassinat de Samuel Paty.
00:17:51On va voir qu'il y avait une enquête à mener sur ce fonds.
00:17:55Comment est-ce qu'est née tout d'abord l'idée de mener ce contrôle
00:17:57et de se doter des pouvoirs d'une commission d'enquête ?
00:18:00Alors, il y aura un paralysme des formes, d'ailleurs, dans les deux cas.
00:18:05La mission de contrôle, elle est née d'une idée.
00:18:08C'est un article paru dans la presse qui, non seulement, éveille l'attention du président Claude Rénal,
00:18:15mais qui nous conduit très vite à vouloir faire mener une...
00:18:21Enfin, constituer, pardon, une mission d'information.
00:18:24Ce que nous avons fait en proposant d'ailleurs à tous les membres de la commission des finances d'en faire partie.
00:18:32Et s'agissant d'un sujet qui fait quand même suite, vous l'avez dit, à l'assassinat de Samuel Paty,
00:18:38il y a donc un fonds spécial qui avait été créé par le gouvernement.
00:18:42Et à partir du moment où le sujet paraît particulièrement sensible,
00:18:47nous souhaitons qu'il y soit attribué les prérogatives d'une commission d'enquête,
00:18:54ce qui est important puisque vous ne pouvez pas refuser de venir témoigner.
00:19:00Et évidemment, quand vous témoignez, il peut y avoir des conséquences
00:19:03si vous vous livrez à un faux témoignage, ce qui pourra,
00:19:12ce qui m'est arrivé d'ailleurs dans le passé dans une autre commission d'enquête.
00:19:17Et donc, il y a un autre sujet sur lequel également vous êtes intervenu récemment.
00:19:23On l'a cité, c'est celui de la dérive des finances publiques.
00:19:27Vous avez tiré la sonnette d'alarme dès 2024.
00:19:29Vous êtes alors le premier. Et qu'est-ce qui vous a, là encore, conduit à déclencher une enquête ?
00:19:35C'est, je dirais même, c'est la presse.
00:19:39Donc, dans les deux cas, la presse, c'est le déclencheur.
00:19:42Puisque je lis sur ma tablette l'édition datée du 21 mars, mais le 20 au soir,
00:19:50où je découvre, alors qu'on nous explique que les finances publiques sont tenues de main de maître,
00:19:54que tout ça est une mer d'huile. Et je lis qu'il y a brutalement une dégradation des comptes
00:20:01qui est annoncée à l'issue, depuis l'Elysée, à l'issue d'une réunion de travail autour du président de la République
00:20:08avec les principaux acteurs.
00:20:11Donc, ça faisait des semaines et des mois que nous nous interrogeons sur une potentielle dégradation
00:20:17et avec toujours des réponses de la part de l'exécutif extrêmement rassurantes,
00:20:25trop rassurantes dont, évidemment, j'avais quelques doutes.
00:20:27Donc, j'avoue que j'ai très mal vécu la chose.
00:20:30Et donc, aussitôt le lendemain matin, nous avons décidé d'aller nous inviter à Versy.
00:20:37Donc, on a prévenu le matin qu'on arriverait en début d'après-midi
00:20:41et que je souhaitais avoir connaissance de toutes les notes parues par les trois grandes directions,
00:20:49le budget, les finances publiques et le trésor, à Versy, pour arriver en début d'après-midi
00:20:55et rencontrer, évidemment, ces mêmes directions.
00:20:59– Ça illustre les deux pouvoirs qu'on peut avoir avec une commission d'enquête, vous l'avez dit,
00:21:03non seulement pouvoir convoquer des personnes qui ne peuvent se soustraire à leur audition
00:21:07et puis aussi le contrôle sur place et sur pièce que vous avez aussi utilisé sur le sujet de la fraude aux dividendes.
00:21:13– Alors ça, c'est effectivement plus récent.
00:21:16Et finalement, ça rentre assez bien dans ce qui a été évoqué par les deux intervenantes.
00:21:24C'est tout ce travail de contrôle.
00:21:26Les missions de contrôle, la commission des finances au Sénat,
00:21:30examine en gros une trentaine de rapports chaque année sur le suivi, l'évaluation
00:21:36et donc le contrôle.
00:21:38Évidemment, quand on est dans des missions de contrôle de ce type
00:21:41et notamment celles que vous venez d'évoquer, ça remonte à 2018.
00:21:47C'est nos prédécesseurs, à Claude Renal et à moi,
00:21:50c'est-à-dire le président Vincent Heblé et Albert-Hydre de Montgolfier
00:21:54qui avaient, là encore, suite à une parution dans la presse par le journal Le Monde
00:22:01de la fraude à l'arbitrage aux dividendes.
00:22:06Alors il a fallu s'y mettre avec une forme de constance puisque nous avons à l'époque
00:22:11adopté un dispositif législatif pour combattre qui a été aussitôt dévitalisé
00:22:18par la majorité absolue à l'Assemblée nationale.
00:22:20Et puis il a fallu retravailler et nous avons présenté en 2024 un nouveau dispositif
00:22:30que le gouvernement a combattu avec une certaine constance,
00:22:34mais pour finalement revenir en arrière, annuler une instruction fiscale parue au BOFIP
00:22:40et faire droit à la fin du mois de juillet à la restauration finalement de l'intention
00:22:47et de la volonté du législateur.
00:22:50Et un mot pour conclure sur ce à quoi vous faisiez allusion au début de cette interview.
00:22:57La condamnation du pneumologue Michel Aubier pour faux témoignages,
00:23:01c'était lors d'une commission d'enquête qui date de 2015 que vous présidiez
00:23:04et qui portait sur le coût économique et financier de la pollution de l'air.
00:23:08Voilà, tout à fait. Alors là, c'était assez inhabituel puisque finalement,
00:23:13donc on rend nos conclusions, on explique que ça coûte 100 milliards d'euros par an.
00:23:18C'est quand même pas rien. Et un an plus tard, j'en reçois un coup de fil.
00:23:23Là encore, d'un journaliste, il y en a pour tout le monde.
00:23:26C'est Libération qui me dit, est-ce que vous êtes au courant qu'il vient de sortir des éléments
00:23:33comme quoi le professeur Aubier travaillait pour un grand groupe pétrolier ?
00:23:37Je dis non, bien sûr. C'est un vendredi à 17 heures.
00:23:40Le temps d'appeler tout de suite l'administrateur qui avait opéré à mes côtés.
00:23:45Et alors dans le week-end, tout le monde s'agite.
00:23:47Et le lundi matin, on décide parce que la commission d'enquête
00:23:52dure au maximum six mois. Donc il n'y a plus de commission d'enquête.
00:23:55C'est fini. Vous ne pouvez pas en réouvrir une.
00:23:57Donc il fallait, on a pris la décision de convoquer,
00:24:01enfin d'inviter le professeur Aubier à venir s'expliquer.
00:24:05Alors pour la petite histoire, il est à la montagne et explique qu'il ne peut pas être là.
00:24:09Je lui ai dit, écoutez, vous faites ce que vous voulez.
00:24:10Vous avez deux jours pour réagir, mais après, vous allez avoir un scandale dans la presse.
00:24:13Je pense que pour votre réputation, en gros, vous êtes cramé.
00:24:17Résultat des courses, il est venu, plutôt, comment dirais-je, humble.
00:24:22Et il a effectivement confirmé.
00:24:24Alors il a nous expliqué qu'il n'avait pas bien compris la question
00:24:27puisqu'on lui demandait s'il n'avait jamais exercé d'activité lucrative.
00:24:33Oui, quand même.
00:24:34Alors il nous a dit, oui, j'ai été médecin expert.
00:24:37Je n'avais pas bien compris.
00:24:38Et pour tout vous dire, puisque c'est paru dans la presse,
00:24:41il avait eu tendance à minimiser sa rémunération annuelle.
00:24:45Même en insistant, il arrivait à peine à moitié de ce qu'il a finalement déclaré
00:24:50parce qu'ensuite, je prends la décision de transmettre au bureau du Sénat
00:24:58parce que c'est le Sénat qui, à ce moment-là, le bureau qui instruit.
00:25:02Et on a considéré qu'il y avait parjure.
00:25:05Et à ce moment-là, le bureau a proposé auprès du Sénat de saisir la justice.
00:25:10Et il a finalement, ce professeur, été condamné.
00:25:13Donc c'est pour dire également qu'il faut faire très attention.
00:25:16Les pouvoirs de contrôle existent.
00:25:18Nous ne sommes pas des juges.
00:25:20Nous ne sommes pas des censeurs.
00:25:21On est là simplement pour établir la matérialité des faits,
00:25:26du bon déroulement des procédures et du respect des procédures législatives.
00:25:31C'est d'ailleurs souvent ce que ne comprennent pas
00:25:34ou font semblant de ne pas comprendre les personnes auditionnées.
00:25:37On ne fait pas de débat politique.
00:25:39Quand il y a eu la dégradation des comptes publics,
00:25:40avant le premier ministre d'alors, enfin l'ex-premier ministre Gabriel Attal
00:25:43essayait de jouer un petit peu au fleuret avec moi.
00:25:46Ce n'était pas le sujet.
00:25:48Je ne suis pas là pour faire un débat politique.
00:25:49Je dis voilà, on a des chiffres.
00:25:51Est-ce que ce que vous nous avez dit à tel moment, c'est bien la vérité ?
00:25:55À partir de quand vous avez su, c'est tout.
00:25:56Nous, on établit ces éléments.
00:25:58Ça permet au Parlement de réaliser sa mission de contrôle et d'évaluation
00:26:05de la dépense, du respect des sommes engagées et du respect des procédures.
00:26:10Et dans le cadre du fonds Marianne, on avait eu l'occasion de voir,
00:26:13alors que le fonds, c'était 2 millions d'euros.
00:26:15Donc, c'était vraiment une goutte d'eau.
00:26:17Mais là, c'était la grande débat d'âge.
00:26:20Chacun faisait ce qu'il voulait.
00:26:21Il n'y avait aucun contrôle.
00:26:23Enfin, moi, j'en garde du fonds Marianne un très mauvais souvenir.
00:26:27Alors, peut-être, je dis ça parce que comme vous êtes des étudiants,
00:26:30s'il y en a qui sont passionnés, ça pourrait faire une petite série télé.
00:26:35Il se passait quelque chose.
00:26:37À chacune des auditions, c'était on ressortait.
00:26:41On se dit mais c'est incroyable.
00:26:42On ne pensait pas qu'en 1h30, 2h, on en a à prendre autant.
00:26:45Et il y a eu des rebondissements jusqu'à la fin puisqu'on a failli ne pas auditionner
00:26:50un des protagonistes chez qui il y avait une descente de police là où le matin,
00:26:56il devait venir au Sénat.
00:26:57Donc, il y a des rebondissements, c'était assez croustillant.
00:27:00Merci, merci beaucoup, Jean-François Husson.
00:27:03Une autre commission d'enquête qui aurait donné lieu à une très bonne série télé,
00:27:07c'est la commission d'enquête que vous avez menée, Iliana Sassi, Arnaud Bazin.
00:27:11Iliana Sassi, vous étiez présidente du groupe communiste, donc, dans l'opposition,
00:27:16quand vous avez exercé votre droit de tirage pour créer cette commission d'enquête
00:27:20sur les commandes de l'État au cabinet de conseil en 2021,
00:27:24qu'on a aussi appelée la commission d'enquête McKinsey.
00:27:28Et c'est Arnaud Bazin, par ailleurs président du comité de déontologie du Sénat,
00:27:31qui a présidé ses travaux.
00:27:34Donc, ça a été un travail d'enquête d'une très grande densité,
00:27:37plusieurs milliers de documents qui ont été épluchés.
00:27:41Alors, tout simplement, comment ce sujet du cabinet de conseil est-il devenu
00:27:45un enjeu politique, médiatique aussi, de premier plan ?
00:27:48Comment est-ce que vous avez travaillé aussi, je le disais,
00:27:52une très grande densité de documents avec les équipes qui restent limitées,
00:27:56réduites d'une commission d'enquête ?
00:27:59Merci beaucoup.
00:28:01Bonjour à toutes et à tous.
00:28:03Ravi d'être parmi vous aujourd'hui pour ces 150 ans du Sénat en ce 2 octobre.
00:28:11Alors, il y a certains sujets qui peuvent paraître,
00:28:13comme cela a été dit dans une des interventions tout à l'heure, un peu arides.
00:28:19Mais je crois qu'il faut revenir sur l'intitulé de notre commission d'enquête
00:28:24qui parlait bien d'influence sur les politiques des cabinets de conseil privé,
00:28:33sur les politiques publiques.
00:28:34Il s'agissait donc d'investiguer sur ce sujet.
00:28:39et des éléments nous laissaient à penser que l'influence était vraiment là.
00:28:45On a parlé, Jean-François a parlé de la presse,
00:28:48et c'est vrai que la presse, à plusieurs reprises,
00:28:50a relaté cette influence des cabinets de conseil sur des politiques publiques.
00:28:57Mais il fallait, pour ce qui relève de la responsabilité de la commission d'enquête,
00:29:01il fallait le démontrer.
00:29:02Et je pense que c'est ce à quoi nous sommes arrivés
00:29:05avec les membres de la commission d'enquête et avec les administrateurs du Sénat.
00:29:10Mais j'y reviendrai.
00:29:12Donc voilà, on avait des éléments en notre position,
00:29:15mais il ne fallait pas tomber dans des postures politiciennes.
00:29:21Il fallait vraiment rester dans le périmètre de ce que nous avions décidé collectivement.
00:29:26Et je pense, je remercie encore une fois les membres de la commission d'enquête
00:29:30puisque tout le monde a respecté ce périmètre.
00:29:35Et comme l'a dit encore Jean-François,
00:29:37il était hors de question que nous endossions un costume de juge ou de procureur.
00:29:42Ce n'est pas la mission des parlementaires,
00:29:45et en particulier des sénatrices et des sénateurs.
00:29:48Alors cela a été dit aussi,
00:29:50grâce à la révision de la Constitution en 2008,
00:29:52les groupes politiques peuvent user d'un droit de tirage annuel.
00:29:56Et donc à l'époque,
00:29:57comme président du groupe communiste républicain, citoyen et écologiste,
00:30:00j'ai proposé à mes camarades d'user de ce droit de tirage
00:30:04pour déposer donc cette commission d'enquête.
00:30:07Mais je dois vous dire que j'étais loin d'imaginer,
00:30:10je pense que pour Arnaud qui a présidé la commission,
00:30:12il en était de même,
00:30:13l'ampleur de ce que nous avons découvert au fur et à mesure de nos travaux.
00:30:20Et puis surtout,
00:30:21enfin en tout cas, moi, c'est ce qui m'a aussi troublée,
00:30:24c'est l'impact que ces cabinets conseils,
00:30:26que ces consultants,
00:30:28l'impact négatif, j'oserais dire,
00:30:30qu'ils avaient, ou qu'ils ont encore,
00:30:32sur notre fonction publique,
00:30:34nos services publics,
00:30:36c'est sur les agents de la fonction publique
00:30:38qui ont à cœur et qui ont comme boussole l'intérêt général,
00:30:41ce qui est loin d'être le cas pour des consultants.
00:30:44Alors donc ces éléments,
00:30:46j'en ai rapidement parlé.
00:30:47Il y a eu la presse, bien évidemment.
00:30:49Il y a eu aussi le rapport d'une députée LR qui travaillait sur les lobbies
00:30:55et qui, dans son rapport,
00:30:57avait rajouté un paragraphe sur le recours exponentiel
00:31:03au cabinet de conseil privé depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir en 2017.
00:31:09Et puis, il y a eu aussi, durant la crise sanitaire,
00:31:13l'intervention lors d'une réunion d'un comité de suivi sanitaire,
00:31:16d'un consultant,
00:31:18d'un grand cabinet de conseil,
00:31:21en lieu et place,
00:31:23soit d'un membre d'un cabinet ministériel,
00:31:25soit d'un fonctionnaire.
00:31:28Et cela a troublé
00:31:29les élus et les parlementaires en particulier.
00:31:31Il y a d'ailleurs eu une question d'actualité
00:31:33qui a été posée au gouvernement
00:31:35par un député, donc, à l'Assemblée nationale.
00:31:39Mais je reviens sur le fond.
00:31:42Je crois qu'il s'agissait,
00:31:43enfin, je me suis persuadée,
00:31:44il s'agissait pour nous
00:31:45de savoir comment l'argent public
00:31:49était utilisé,
00:31:52pour quel montant
00:31:53et pour quelle utilité aussi.
00:31:55Et ce qui est quand même
00:31:58une marque de fabrique,
00:31:59je me permets de le dire,
00:32:00du groupe communiste républicain,
00:32:02citoyen écologiste d'hier
00:32:03et Kanaki aujourd'hui,
00:32:06l'utilisation de l'argent public
00:32:07a toujours été au cœur,
00:32:09c'est un peu une marque de fabrique
00:32:10de notre groupe.
00:32:12J'en veux pour preuve
00:32:12l'excellent rapport d'Éric Boquet
00:32:14sur l'évasion fiscale,
00:32:15de mon camarade Éric Boquet
00:32:16sur l'évasion fiscale
00:32:17et celui encore plus récent
00:32:18de mon camarade et ami Fabien Guay
00:32:21sur les aides publiques
00:32:23versées à des grandes entreprises.
00:32:25Donc, dès le début
00:32:26de nos travaux,
00:32:28on a perçu quand même
00:32:29une certaine fébrilité,
00:32:31pour ne pas dire un énervement,
00:32:33au sein du gouvernement.
00:32:36Et tout ça ne s'est pas atténué
00:32:38quand même au fil des semaines.
00:32:40Par exemple,
00:32:41le lendemain de l'audition
00:32:43de deux directeurs associés
00:32:44du grand cabinet McKinsey,
00:32:47qui a eu beaucoup d'écho dans le pays,
00:32:49mais peut-être qu'Arnaud y reviendra
00:32:51particulièrement sur le fait
00:32:52qu'il n'ait pas payé d'impôt
00:32:53sur les bénéfices depuis,
00:32:55depuis dix ans,
00:32:56et puis sur cette fameuse
00:32:57mission d'évaluation du métier
00:32:59d'enseignant qui n'a strictement
00:33:00rien donné alors qu'ils ont été rémunérés.
00:33:04Donc, le lendemain,
00:33:06et le jour même
00:33:07de l'audition de Mme Amélie de Montchalin,
00:33:10qui était alors ministre
00:33:12de la Transformation et de la Fonction Publique,
00:33:15le Premier ministre d'alors,
00:33:16Jean Castex,
00:33:17a adressé une circulaire
00:33:19à tous ces ministres,
00:33:20à tous les cabinets ministériels,
00:33:23pour leur demander de réduire la voilure
00:33:26et d'essayer de moins faire appel
00:33:29à des cabinets de conseils privés.
00:33:32Et il y en a un aussi
00:33:33qui est intervenu
00:33:34dans ce moment-là,
00:33:37c'est le président de la République lui-même,
00:33:40lors d'une de ses interventions,
00:33:41qui a dit,
00:33:42s'agissant de nos travaux,
00:33:44s'ils veulent aller au pénal,
00:33:46qu'ils y aillent.
00:33:46Donc, on voit bien
00:33:47que tout ça faisait preuve
00:33:51d'une certaine fébrilité,
00:33:52je le disais tout à l'heure.
00:33:53Et puis,
00:33:54je vais évoquer aussi
00:33:55une conférence de presse
00:33:56alors totalement lunaire
00:33:58de Mme Amélie de Montchalin,
00:34:00que j'ai citée,
00:34:01et de M. Dussopt,
00:34:02qui était alors ministre
00:34:03des Comptes publics,
00:34:05si mes souvenirs sont bons.
00:34:07Donc, vraiment,
00:34:08une conférence de presse
00:34:10qui a été complètement contre-productive,
00:34:12pour eux,
00:34:14puisqu'elle a été marquée
00:34:15par des postures défensives
00:34:18et mal gérées.
00:34:19Tout ceci pour dire
00:34:20que nous ne voulions pas
00:34:24inviter la politique
00:34:28ou des propos politiciens
00:34:31dans les travaux
00:34:33de notre commission,
00:34:34mais que ce sont eux,
00:34:36des membres du gouvernement
00:34:37jusqu'au président de la République
00:34:38d'alors,
00:34:39qui ont fait des travaux
00:34:42de cette commission,
00:34:43un enjeu politicien.
00:34:46Et on a gardé le cap.
00:34:48Avec Arnaud,
00:34:49on a beaucoup discuté.
00:34:50Avec les membres
00:34:50de la commission d'enquête,
00:34:51nous avons beaucoup discuté.
00:34:53Et nous avons gardé le cap
00:34:55avec une certaine rigueur
00:34:57que nous avons réussi
00:35:00à mener grâce
00:35:01à ce qui a été évoqué
00:35:02tout à l'heure,
00:35:02c'est-à-dire le respect
00:35:04du pluralisme,
00:35:05un consensus respectueux
00:35:07du pluralisme,
00:35:08c'est-à-dire de chaque groupe
00:35:10représenté au sein
00:35:11de la commission d'enquête.
00:35:14Et je voudrais souligner aussi
00:35:16que nous avons réussi
00:35:17ce formidable travail.
00:35:2040 auditions,
00:35:2141 personnes entendues
00:35:22sous serment,
00:35:23131 questionnaires envoyés,
00:35:257300 documents analysés,
00:35:27y compris la nuit.
00:35:28Par exemple,
00:35:30M. Véran,
00:35:30qui était auditionné,
00:35:31je ne me souviens plus,
00:35:32mais disons un mardi,
00:35:33nous a envoyé
00:35:33des milliers de documents
00:35:35la veille.
00:35:35Donc les administrateurs
00:35:36du Sénat ont travaillé
00:35:37toute la nuit
00:35:38pour étudier
00:35:39et analyser
00:35:40ces documents.
00:35:43Et je crois
00:35:44que nous avons travaillé
00:35:45avec une équipe
00:35:46d'administrateurs
00:35:46convaincus également
00:35:48de participer
00:35:50à un travail
00:35:51d'utilité publique,
00:35:53ce qui est très important.
00:35:54Et je voudrais encore une fois
00:35:55souligner le travail
00:35:57remarquable
00:35:58de l'ensemble
00:35:59des agents du Sénat
00:36:00et particulièrement
00:36:01des administrateurs
00:36:02et des administratrices
00:36:03et de la direction
00:36:04du Sénat.
00:36:07Voilà un petit peu,
00:36:08rapidement,
00:36:09je sais que j'étais
00:36:10un petit peu longue,
00:36:11mais voilà,
00:36:11c'est une histoire,
00:36:12c'est une vraie histoire,
00:36:14Arnaud va y revenir.
00:36:16Sachez simplement
00:36:17que de nos travaux
00:36:18sont sorties
00:36:1919 propositions
00:36:20que nous avons traduit
00:36:21en propositions de loi.
00:36:23Propositions de loi
00:36:23qui ont été adoptées
00:36:24par deux fois
00:36:25au Sénat
00:36:26et qui aujourd'hui encore
00:36:28errent dans les couloirs
00:36:29de l'Assemblée nationale.
00:36:31Merci Eliane Assassi,
00:36:32Arnaud Bazin.
00:36:38Alors qu'est-ce qu'il vous reste
00:36:39à dire après tout ça ?
00:36:40Il n'y a rien.
00:36:43Peut-être quelques mots
00:36:43sur les méthodes de travail ?
00:36:45Peut-être, oui,
00:36:46on va parler des méthodes
00:36:47de travail,
00:36:47mais auparavant,
00:36:48pour expliquer un peu plus
00:36:51le contexte,
00:36:52il faut se souvenir
00:36:52que 2022 était une année
00:36:53d'élection présidentielle,
00:36:56que le président de la République
00:36:57a été mis en cause,
00:36:58non par nous,
00:36:58mais par la presse,
00:36:59qui suivait nos travaux,
00:37:01puisqu'on a mis en évidence
00:37:02que certains cabinets de conseil
00:37:04et en particulier McKinsey
00:37:06avaient reçu des commandes
00:37:07assez faramineuses
00:37:08et que, par ailleurs,
00:37:11il avait été établi
00:37:12par la presse
00:37:12que certains salariés
00:37:14de cabinet de conseil,
00:37:15en particulier de McKinsey,
00:37:17avaient participé
00:37:18à la préparation
00:37:18de la campagne électorale
00:37:20du président de la République
00:37:20en 2017.
00:37:22Et il ne faut pas chercher
00:37:23beaucoup plus loin
00:37:24les raisons
00:37:25de la tension extrêmement forte
00:37:26qu'on a ressentie
00:37:27sur la fin
00:37:28de la commission d'enquête,
00:37:29sans rien enlever
00:37:30à tout ce qu'a dit
00:37:31Eliane Assassi
00:37:32à l'instant
00:37:32sur les difficultés
00:37:34qu'on avait,
00:37:35la tension qu'on pouvait percevoir
00:37:36dans les réponses
00:37:37un peu embarrassées
00:37:38que nous recevions.
00:37:39Et la première audition
00:37:40que nous avons faite,
00:37:41d'ailleurs,
00:37:42elle a mis en évidence
00:37:43une chose qui m'a, moi,
00:37:44énormément marqué
00:37:45en tant que membre
00:37:46de la commission des finances
00:37:47du Sénat,
00:37:48c'est que,
00:37:49dans l'administration
00:37:50de l'État,
00:37:51personne n'était
00:37:52en capacité
00:37:53de dire quel était
00:37:54le montant
00:37:54de la dépense
00:37:55globale
00:37:56en matière
00:37:57de cabinet de conseil
00:37:58par un exercice budgétaire.
00:38:01Nous avons établi
00:38:01qu'elle dépassait
00:38:02un milliard d'euros
00:38:03en 2021
00:38:04sans pouvoir
00:38:05la calculer exactement
00:38:06puisque un certain nombre
00:38:07d'effecteurs de l'État
00:38:09n'ont pas été enquêtés
00:38:10par nos soins.
00:38:11Mais on sait
00:38:12que c'est plus d'un milliard
00:38:13en 2021
00:38:14quand c'était
00:38:15quelques années auparavant,
00:38:16notamment en 2017,
00:38:17de l'ordre de la moitié.
00:38:19Voilà.
00:38:19Donc il y avait bel et bien
00:38:20une explosion
00:38:21de la dépense
00:38:22sans contrôle
00:38:24et ça méritait
00:38:25qu'on le regarde
00:38:25de très près.
00:38:26Alors,
00:38:27vous vous interrogiez
00:38:28tout à l'heure
00:38:28et vous nous interrogiez
00:38:29sur l'aridité
00:38:31un peu
00:38:31de ces sujets.
00:38:33Comment est-ce qu'on fait
00:38:34pour les faire partager ?
00:38:35D'abord,
00:38:36j'ai la conviction
00:38:36que la curiosité,
00:38:38c'est une qualité
00:38:40indispensable
00:38:41quand on est élu,
00:38:42qu'on soit conseiller municipal
00:38:44d'ailleurs
00:38:44ou parlementaire,
00:38:45il vaut mieux
00:38:46être curieux.
00:38:47Et le sujet,
00:38:47c'est de faire partager
00:38:48cette curiosité.
00:38:50Alors évidemment,
00:38:50quand on a un titre
00:38:52un peu formel,
00:38:53même si le mot influence
00:38:54est un titre
00:38:55de commission d'enquête
00:38:56formel,
00:38:57même si influence
00:38:58est quand même
00:38:58un mot fort
00:38:59comme l'a illustré Eliane,
00:39:01on n'est pas non plus
00:39:02obligé de s'y tenir.
00:39:04On peut aussi parler
00:39:05de l'influence,
00:39:07de la détermination
00:39:08de la politique vaccinale
00:39:10de l'État
00:39:11contre le Covid
00:39:11par un cabinet de conseil,
00:39:13par exemple,
00:39:13puisque c'est surtout
00:39:14en matière de santé
00:39:16que notre attention
00:39:17avait été attirée précédemment.
00:39:18et puis les services
00:39:20de communication,
00:39:23les médias,
00:39:24tout ça permet
00:39:25de mettre en relief
00:39:26nos travaux.
00:39:27Et puis,
00:39:27il n'est pas interdit
00:39:27non plus
00:39:28de profiter
00:39:29des opportunités.
00:39:30Alors nous nous étions
00:39:31interrogés,
00:39:32vu le volume
00:39:34de chiffre d'affaires
00:39:35des cabinets de conseil,
00:39:36sur le retour
00:39:37qu'il pouvait y avoir
00:39:38en matière d'impôt
00:39:39sur les sociétés
00:39:39pour le budget de l'État.
00:39:40et nous avions demandé
00:39:42pour les 15 ou 20
00:39:44cabinets de conseil
00:39:45les plus utilisés
00:39:46par l'État
00:39:47quel était leur montant
00:39:48d'IS
00:39:48sur les 10 dernières années.
00:39:50Et nous avons obtenu
00:39:51ce tableau
00:39:52de la part de Bercy.
00:39:54Nous sommes d'ailleurs
00:39:55allés sur pièce
00:39:56et sur place
00:39:57vérifier
00:39:58que nous avions
00:39:59bien compris
00:40:00les éléments
00:40:01qui nous étaient transmis.
00:40:02Nous avons été accueillis
00:40:03chaleureusement
00:40:04au mois de janvier
00:40:04toutes les fenêtres ouvertes.
00:40:06Ça fait des souvenirs.
00:40:08Toujours est-il
00:40:08qu'on a pu établir
00:40:09qu'un cabinet de conseil
00:40:11sur les 15 ou 20
00:40:12qu'on a enquêtés
00:40:13n'avait payé
00:40:14aucune somme
00:40:15en matière d'impôt
00:40:16sur les sociétés
00:40:17les 10 années précédentes
00:40:18et ce cabinet
00:40:19c'était McKinsey.
00:40:20Alors en tant que membre
00:40:21de la commission des finances
00:40:22je n'étais qu'à moitié surpris
00:40:23parce que la question
00:40:24des prix de transfert
00:40:25n'est-ce pas Jean-François
00:40:26c'est une question
00:40:27qui est assez récurrente
00:40:29devant la commission des finances.
00:40:31Les prix de transfert
00:40:32ça consiste à la maison mère
00:40:33pour simplifier
00:40:34à facturer des prestations
00:40:36ne serait-ce que l'utilisation
00:40:38du nom de la société mère
00:40:39des frais
00:40:41d'informatique générale
00:40:44des frais
00:40:45de documentation
00:40:46etc.
00:40:47Ce qui permet
00:40:47d'exporter
00:40:48en l'occurrence
00:40:49dans le Delaware
00:40:50où on paye au maximum
00:40:51150 dollars
00:40:52ou 175 dollars
00:40:53d'impôts annuels
00:40:54les bénéfices
00:40:55qui sont faits en France.
00:40:56Donc nous avions
00:40:57cette question-là
00:40:58un peu en réserve
00:40:59et j'ai interrogé
00:41:00lors d'une audience publique
00:41:01sous serment
00:41:025 ans de prison
00:41:03et 75 000 euros d'amende
00:41:05pour les parjures
00:41:06donc là je réponds
00:41:07à votre question
00:41:07ça fait partie
00:41:08des éléments aussi
00:41:09assez forts
00:41:11d'une commission d'enquête.
00:41:12Nous avons interrogé
00:41:13Karim Tajeddin
00:41:13qui était l'associé senior
00:41:15de McKinsey
00:41:16en charge de tout
00:41:17ce qui était
00:41:17le secteur public
00:41:18qui nous a dit
00:41:19de façon un peu
00:41:21imprécise
00:41:23que sa société
00:41:24payait
00:41:25tous ses impôts
00:41:26en France.
00:41:28S'il fallait comprendre
00:41:29qu'elle était soumise
00:41:30à l'ensemble
00:41:30des impôts et taxes français
00:41:31il n'a pas menti.
00:41:33S'il fallait comprendre
00:41:34qu'il payait de l'impôt
00:41:35sur les sociétés
00:41:36en France
00:41:36il a menti
00:41:37donc nous l'avons
00:41:38proposé au président
00:41:40du Sénat
00:41:40d'en avertir
00:41:41le Président de la République
00:41:42mais ça n'a pas prospéré
00:41:43puisqu'en effet
00:41:44il était payé
00:41:45à un montant zéro
00:41:46pendant 10 ans.
00:41:47Toujours est-il
00:41:47pour en revenir
00:41:48à mon propos
00:41:48qu'en effet
00:41:49c'est une belle opportunité
00:41:51pour nous
00:41:51parce qu'on savait
00:41:51que ça intéresserait
00:41:52le public
00:41:53de savoir ça
00:41:53et ça a braqué
00:41:55les feux des médias
00:41:56et l'intérêt
00:41:57des citoyens
00:41:58et du public
00:41:58sur cette question
00:42:00plus précisément.
00:42:01Voilà
00:42:01donc
00:42:01l'opportunité
00:42:05qui s'est offerte
00:42:06à nous
00:42:06de braquer
00:42:07l'intérêt du public
00:42:09sur le sujet
00:42:09il a fallu la saisir
00:42:10et on l'a fait
00:42:11en effet
00:42:12très volontiers.
00:42:14Merci
00:42:15pour ce théménuage.
00:42:16On a parlé
00:42:18bien de la dimension
00:42:19transpartisane
00:42:20elle est illustrée
00:42:21par votre binôme
00:42:23des commissions d'enquête
00:42:24ça a été le cas
00:42:25également
00:42:25de la commission d'enquête
00:42:26sur laquelle
00:42:26vous avez travaillé
00:42:27Yannick Jadot
00:42:28la commission d'enquête
00:42:29sur Total Énergie
00:42:30et donc
00:42:33c'était une commission
00:42:34d'enquête
00:42:34qui n'était pas
00:42:35tellement bien partie
00:42:36pour aboutir
00:42:37puisque
00:42:38c'est un droit de tirage
00:42:41de votre groupe
00:42:42le groupe écologiste
00:42:44sur Total Énergie
00:42:45et le président
00:42:46de la commission d'enquête
00:42:47c'était le sénateur
00:42:48Les Républicains
00:42:49Roger Carucci
00:42:50qui n'est pas tout à fait
00:42:51sur la même ligne
00:42:52que vous
00:42:53donc on s'attendait
00:42:54à ce que
00:42:55possiblement
00:42:56la commission d'enquête
00:42:57explose en vol
00:42:58et finalement
00:42:59vos travaux
00:43:00ont trouvé
00:43:00une voie de passage
00:43:01acceptable
00:43:02pour tous les groupes
00:43:03politiques
00:43:04et donc on va s'intéresser
00:43:05à comment est-ce qu'on arrive
00:43:06à construire du consensus
00:43:07mais sans renier
00:43:08pour autant vos convictions
00:43:09Absolument
00:43:10bonjour à toutes et à tous
00:43:12on est
00:43:14à l'automne
00:43:162023
00:43:16il y a déjà
00:43:19la guerre en Ukraine
00:43:20vous savez que
00:43:20Total Énergie
00:43:21est toujours présent
00:43:22en Russie
00:43:24le président
00:43:27de Total Énergie
00:43:30était aussi
00:43:31à Bakou
00:43:32en Azerbaïdjan
00:43:33quelques jours
00:43:35avant le nettoyage
00:43:36ethnique
00:43:36du Haut-Karabakh
00:43:37et le groupe
00:43:39Total Énergie
00:43:40comme vous le savez
00:43:40ne cesse
00:43:42d'accroître
00:43:42ses capacités
00:43:43de production
00:43:43de pétrole
00:43:44et de gaz
00:43:44donc forcément
00:43:45pour nous écologistes
00:43:48la question
00:43:48qui s'est posée
00:43:49Total Énergie
00:43:52est un groupe
00:43:53dont le siège social
00:43:53est en France
00:43:54et qui est lié
00:43:57à l'histoire
00:43:57de notre pays
00:43:58fortement
00:43:59et donc
00:44:00comment
00:44:01nos politiques publiques
00:44:03contrôlent
00:44:05encadrent
00:44:05ou pas
00:44:06le fait
00:44:07qu'un groupe français
00:44:08respecte
00:44:09ou pas
00:44:10les engagements
00:44:11de la France
00:44:11en matière climatique
00:44:12respecte ou pas
00:44:14les engagements
00:44:14de la France
00:44:15en matière de démocratie
00:44:16et de protection
00:44:17des droits humains
00:44:17donc ça c'est
00:44:18notre droit de tirage
00:44:19alors évidemment
00:44:20quand ce droit de tirage
00:44:22cette proposition
00:44:23a été déposée
00:44:25au bureau
00:44:26du Sénat
00:44:28ça a tiqué un peu
00:44:29qu'est-ce que ça
00:44:31encore les écolos
00:44:32Jadot arrive au Sénat
00:44:34il veut s'en prendre
00:44:35à Total Énergie
00:44:36le président Pouyenne
00:44:38d'ailleurs a fait un courrier
00:44:39au président du Sénat
00:44:40pour s'inquiéter
00:44:41de cette commission d'enquête
00:44:42et puis
00:44:44l'accueil a été assez frais
00:44:45au sein du bureau
00:44:47y compris
00:44:48par la majorité
00:44:50sénatoriale
00:44:51mais
00:44:51vous l'avez entendu
00:44:53vous allez encore
00:44:54l'entendre
00:44:55les commissions d'enquête
00:44:57sont un outil
00:44:58extrêmement puissant
00:44:59maintenant
00:45:00de notoriété publique
00:45:03pour
00:45:03à l'avantage
00:45:05du Sénat
00:45:06et donc
00:45:06le Sénat
00:45:07a maintenant
00:45:07un risque réputationnel
00:45:09sur ces commissions d'enquête
00:45:10refuser une commission d'enquête
00:45:12simplement
00:45:13parce qu'elle ne plairait pas
00:45:15ou parce qu'elle s'intéresserait
00:45:16à des intérêts
00:45:18d'un groupe pétrolier français
00:45:20c'était compliqué
00:45:22et puis
00:45:23a été
00:45:25nommé président
00:45:27de la commission d'enquête
00:45:28Roger Carucci
00:45:29pour son intelligence
00:45:32j'allais dire
00:45:33diplomatique
00:45:34pour
00:45:35que nous faisions
00:45:37un couple
00:45:37parce qu'il
00:45:38il l'a dit
00:45:39assez vite d'entrée
00:45:40ils se sont moqués un peu
00:45:41des enjeux énergétiques
00:45:42et climatiques
00:45:43mais
00:45:44il était là
00:45:44pour
00:45:45faire en sorte
00:45:46que cette commission d'enquête
00:45:47se déroule
00:45:48potentiellement bien
00:45:50bon
00:45:50ça a été très frais au départ
00:45:52mais
00:45:52avec Roger Carucci
00:45:54on a trouvé
00:45:54un terrain d'entente
00:45:55on a trouvé
00:45:57un terrain d'entente
00:45:57qui était
00:45:58de faire vivre
00:45:59au maximum
00:45:59cette commission d'enquête
00:46:01et si elle a tenu
00:46:02cette commission d'enquête
00:46:03et s'il y a eu
00:46:04à la fin
00:46:06unanimité
00:46:07ou une abstention
00:46:08sur le vote du rapport
00:46:10à la fois
00:46:10c'est
00:46:11par
00:46:12notre souci
00:46:13d'arriver
00:46:14à un résultat
00:46:15quand vous pensez
00:46:17une commission d'enquête
00:46:17il ne faut pas penser
00:46:18au film américain
00:46:19les commissions d'enquête
00:46:20au Sénat
00:46:21ce n'est pas inquisitoire
00:46:22ce n'est pas quelqu'un
00:46:23qu'on met sur le grill
00:46:24pendant 4 heures
00:46:25pour lui
00:46:26pour jouer
00:46:27médiatiquement
00:46:28d'un procès
00:46:30ce n'est pas comme ça
00:46:30c'est beaucoup plus
00:46:31polissé
00:46:31mais
00:46:32on a eu
00:46:33les meilleurs experts
00:46:34du climat
00:46:35et de l'énergie
00:46:35on a eu
00:46:37tous les grands patrons
00:46:38français
00:46:38liés à l'énergie
00:46:39on a eu
00:46:41toute la société civile
00:46:42les ministres
00:46:43même
00:46:44un président
00:46:45de la république
00:46:45qui lui
00:46:46n'a pas
00:46:46obligation
00:46:47d'être
00:46:49de
00:46:49venir
00:46:51intervenir
00:46:52bon
00:46:52on a eu un président
00:46:53de la république
00:46:53celui qui est libre
00:46:54et
00:46:56on a eu
00:46:57encore une fois
00:46:58à la fois
00:46:59énormément de qualité
00:47:00ça a mobilisé
00:47:02l'ensemble
00:47:05des sénatrices
00:47:06et des sénateurs
00:47:07et puis
00:47:08il y a eu
00:47:09un énorme travail
00:47:10aussi
00:47:11du secrétariat
00:47:12il faut dire
00:47:12que le secrétariat
00:47:14et je veux nommer
00:47:15monsieur Pissy
00:47:16a joué aussi
00:47:18un rôle
00:47:18entre le rapporteur
00:47:20et le président
00:47:20pour que ça se passe
00:47:21toujours bien
00:47:22en fait
00:47:23donc en fait
00:47:24c'est une intelligence
00:47:25collective
00:47:25qui fait qu'à un moment
00:47:27donné
00:47:27on travaille
00:47:28les auditions
00:47:30apportent énormément
00:47:32d'informations
00:47:33il y a une vraie
00:47:34visibilité politique
00:47:35puisque quand vous avez
00:47:36les grands patrons
00:47:37d'Airbus
00:47:38de
00:47:39de
00:47:41Stellantis
00:47:43ou d'autres
00:47:43qui viennent
00:47:44quand vous avez
00:47:44des ministres
00:47:45et bien évidemment
00:47:46tout ça
00:47:47sert aussi
00:47:49l'intérêt
00:47:50de la commission
00:47:51d'enquête
00:47:51et puis
00:47:52on est arrivé aussi
00:47:53sur un terrain
00:47:54d'entente
00:47:54qui n'était pas
00:47:56toujours
00:47:56la question
00:47:57climatique
00:47:58mais qui était
00:47:59par exemple
00:48:00la question
00:48:00de la souveraineté
00:48:01quand au moment
00:48:02pendant la commission
00:48:03d'enquête
00:48:03le président
00:48:04Pouyanné a dit
00:48:05Total pourra aller
00:48:06se faire
00:48:06coter
00:48:08en primaire
00:48:09à New York
00:48:10pour tous
00:48:12les sénatrices
00:48:13et sénateurs français
00:48:14l'idée que Total
00:48:15pourrait déménager
00:48:16au fond sa cotation
00:48:17sachant que Total
00:48:19a plus aujourd'hui
00:48:20et plus propriété
00:48:22d'actionnaires étrangers
00:48:24que français
00:48:25que Total
00:48:26pourrait partir
00:48:26ça soulève
00:48:28l'indignation
00:48:30et la réaction
00:48:31des sénatrices
00:48:31et des sénateurs
00:48:32et de la même façon
00:48:33Total en Russie
00:48:35ça gêne
00:48:36et donc au fond
00:48:37on a eu
00:48:38notamment
00:48:39deux recommandations
00:48:40fortes
00:48:40de la commission
00:48:41d'enquête
00:48:42et je conclue là-dessus
00:48:43qui sont
00:48:44un
00:48:44la France
00:48:46doit cesser
00:48:47aujourd'hui
00:48:48d'être le premier
00:48:48importateur
00:48:49de gaz naturel
00:48:50liquéfié russe
00:48:52en pleine guerre
00:48:53on donne plus d'argent
00:48:54par notre gaz
00:48:55à la Russie
00:48:57qu'on en donne
00:48:58à l'Ukraine
00:48:58c'est quand même gênant
00:48:59et puis que
00:49:00l'État revienne
00:49:02au capital
00:49:03de Total Energy
00:49:04à travers une action
00:49:05spécifique
00:49:05alors je n'ai pas
00:49:06expliqué ici
00:49:06ce qu'est une action
00:49:07ce qu'est une action
00:49:08spécifique
00:49:09mais regardez
00:49:10ça donne un certain
00:49:11droit à l'État
00:49:12pour contrôler
00:49:13les activités
00:49:14d'un grand groupe
00:49:15et finalement
00:49:16en intelligence
00:49:18collective
00:49:18dans un mode
00:49:23de travail
00:49:24très polissé
00:49:25et très intelligent
00:49:27et bien on a réussi
00:49:28à adopter
00:49:29ce rapport
00:49:30qui est aujourd'hui
00:49:30une référence
00:49:31sur la question
00:49:32de Total Energy
00:49:33merci beaucoup
00:49:35et pour conclure
00:49:42on va maintenant
00:49:42se pencher
00:49:43sur la façon
00:49:44dont une commission
00:49:45d'enquête
00:49:46peut avoir
00:49:46une traduction
00:49:47dans la loi
00:49:48c'est le cas
00:49:50de la commission
00:49:50d'enquête
00:49:51sur le narcotrafic
00:49:52qui a conduit
00:49:54à l'adoption
00:49:54d'une loi
00:49:55pour renforcer
00:49:55les moyens
00:49:56de lutte
00:49:57contre les trafiquants
00:49:58c'est l'une des principales
00:50:00lois adoptées
00:50:01lors de la dernière session
00:50:03et c'est ce que l'on va
00:50:03voir avec vous
00:50:04Étienne Blanc
00:50:05sénateur
00:50:05Les Républicains
00:50:06du Rhône
00:50:06rapporteur
00:50:07de cette commission
00:50:08d'enquête
00:50:08et Jérôme Durin
00:50:09vous êtes encore
00:50:10sénateur socialiste
00:50:11de la Seine-et-Loire
00:50:12ce sont vos dernières heures
00:50:13au Sénat
00:50:13que vous allez quitter
00:50:15pour présider
00:50:15la région Bourgogne-Franche-Comté
00:50:17mais auparavant
00:50:18vous aviez présidé
00:50:19donc la commission
00:50:20d'enquête
00:50:20sur le narcotrafic
00:50:22alors qu'est-ce qui explique
00:50:23pour vous
00:50:24à la fois
00:50:25bon il y a eu
00:50:25ce retentissement
00:50:26médiatique
00:50:28et même plus que ça
00:50:30de cette commission
00:50:31d'enquête
00:50:31et surtout
00:50:31comment est-ce que
00:50:32vous avez pu aboutir
00:50:33quand même assez rapidement
00:50:34à cette traduction
00:50:36législative
00:50:37alors on s'est partagé
00:50:39bonjour à toutes et tous
00:50:40on s'est partagé
00:50:41le travail avec Étienne
00:50:42je parlerai de la commission
00:50:42d'enquête
00:50:43et de la méthode
00:50:43et puis il reviendra
00:50:44sur la dimension
00:50:45fabrication de la loi
00:50:47tout est parti de Marseille
00:50:49et des narcomicides
00:50:51il y a eu beaucoup
00:50:52de néologismes
00:50:53narcomicides
00:50:54narcotrafic
00:50:55narco-racaille
00:50:56on s'est accoutumé
00:50:58à un vocabulaire
00:50:59un champ lexical nouveau
00:51:00à la faveur de ce travail
00:51:02sur la drogue
00:51:03et donc 75 morts
00:51:06en deux ans
00:51:07et c'est là l'intérêt
00:51:08d'ailleurs
00:51:09du travail sénatorial
00:51:11du travail de contrôle parlementaire
00:51:12il y a des faits
00:51:14l'affaire Benalla
00:51:14c'est un fait
00:51:15et puis il y a des dynamiques
00:51:17là c'est une dynamique criminelle
00:51:19et les sénateurs
00:51:23par deux fois
00:51:23Marie-Arlette Carlotti
00:51:24d'abord
00:51:25avec deux collègues
00:51:27sénateurs
00:51:28des Bouches-du-Rhône
00:51:29le groupe
00:51:30Les Républicains
00:51:30ensuite
00:51:31ont souhaité
00:51:32s'intéresser
00:51:33à ce sujet
00:51:34parce qu'on a senti
00:51:35c'est l'intérêt
00:51:36d'ailleurs
00:51:36du travail sénatorial
00:51:38ancré dans les territoires
00:51:39qu'il se passait quelque chose
00:51:40donc
00:51:40ça a été une découverte
00:51:43ce que nous avons
00:51:44commencé à révéler
00:51:45pendant la commission d'enquête
00:51:46et un soulagement
00:51:47une prise de conscience
00:51:49pour beaucoup
00:51:49qui ignorait tout
00:51:50de l'évolution criminelle
00:51:52que connaissait le pays
00:51:53et puis
00:51:54une validation
00:51:55par beaucoup d'autres
00:51:56beaucoup des élus
00:51:57des maires
00:51:58nous ont dit
00:51:59enfin
00:52:00enfin
00:52:01la représentation nationale
00:52:02s'intéresse
00:52:03à ce qui est en train
00:52:04de gangréner
00:52:05nos territoires
00:52:05je pense notamment
00:52:06aux commerces
00:52:08qui blanchissent l'argent
00:52:09et du coup
00:52:12si on s'intéresse
00:52:13d'ailleurs
00:52:13rétrospectivement
00:52:14à la dynamique criminelle
00:52:15on l'a pris
00:52:17en phase montante
00:52:18mais ça continue
00:52:20de monter encore
00:52:20malheureusement
00:52:21et ce qui a assis
00:52:24assez rapidement
00:52:25notre
00:52:25la légitimité
00:52:27de notre travail
00:52:27c'est
00:52:28la prise de conscience
00:52:30de la gravité
00:52:30des faits
00:52:31et il y a eu
00:52:32une forme de popularité
00:52:33d'ailleurs
00:52:33sur les réseaux
00:52:34puisque les auditions
00:52:36retransmises en ligne
00:52:37ont connu
00:52:38assez rapidement
00:52:38un grand succès
00:52:41parce que ça parlait
00:52:42aux gens
00:52:43devant leurs
00:52:45devant leurs ordinateurs
00:52:46et puis
00:52:47sans doute aussi
00:52:48ça a bien fonctionné
00:52:49parce qu'on s'est mis d'accord
00:52:50sur le périmètre politique
00:52:51on aurait pu se louper
00:52:52sur cette affaire là
00:52:53je le dis
00:52:54droite-gauche
00:52:55Étienne Blanc
00:52:56et moi
00:52:56on n'est pas exactement
00:52:57sur la même ligne politique
00:52:58ça ne vous aura pas échappé
00:53:00mais on s'est mis d'accord
00:53:01d'entrer
00:53:02en quelques heures
00:53:03mais on s'est mis d'accord
00:53:05sur deux trois choses
00:53:06importantes
00:53:07il y avait une dimension répressive
00:53:09on n'a pas voulu aller
00:53:09sur le champ de la prévention
00:53:11on n'a pas voulu aller
00:53:12sur le champ
00:53:12du statut des stupéfiants
00:53:14ça aurait été une impasse
00:53:16et en restreignant
00:53:17le périmètre
00:53:18de la commission d'enquête
00:53:19à la question répressive
00:53:21je pense qu'on a fait le choix
00:53:23qui permettait
00:53:23de déboucher
00:53:24sur quelque chose
00:53:25de transpartisan
00:53:25donc d'efficace
00:53:26alors dans la méthode
00:53:28je pense qu'on a eu aussi
00:53:30un bon travail
00:53:31de contrôle de l'exécutif
00:53:33il faut dire que
00:53:33sans les administrateurs du Sénat
00:53:34on ne ferait pas ce travail là
00:53:35parce que
00:53:36ils sont
00:53:37chiens truffiers
00:53:38chiens de chasse
00:53:40ils lâchent rien
00:53:41et on l'a vu par exemple
00:53:43sur la recherche du plan de stup
00:53:44que Gérald Darmanin
00:53:46nous promettait
00:53:47il n'y avait plus de plan stup
00:53:48il fallait aller le chercher
00:53:49on a menacé de se fâcher
00:53:50on n'a pas fait
00:53:51Jean-François Husson
00:53:52mais on a menacé de l'être
00:53:53et donc du coup
00:53:54ils ont fini par nous donner
00:53:55les éléments
00:53:55et puis aussi
00:53:56en termes d'influence
00:53:58c'est-à-dire que
00:53:59quand on commence à dire
00:54:00première audition
00:54:01des GPN
00:54:01des GGN
00:54:02les patrons de la police
00:54:03de la gendarmerie
00:54:04des douanes
00:54:05il y a de la corruption
00:54:06dans le pays
00:54:07à la deuxième fois
00:54:09on leur dit
00:54:09il y a de la corruption
00:54:10dans le pays
00:54:10un petit peu
00:54:11et puis à la fin
00:54:12c'est les ministres même
00:54:12qui disent
00:54:13on a un problème corruptif
00:54:14donc ça pousse quand même
00:54:16à quelque chose
00:54:17de l'ordre
00:54:17de la reconnaissance
00:54:19de phénomènes
00:54:20un peu lourds
00:54:21et puis peut-être
00:54:22pour terminer
00:54:23avant que
00:54:24Étienne parle de la loi
00:54:26dire qu'il y a eu
00:54:28beaucoup de services
00:54:28après-vente
00:54:29et je crois
00:54:30qu'on s'est
00:54:31l'un et l'autre
00:54:32engagés dans un arc autour
00:54:34qui nous a permis
00:54:35d'aller continuer
00:54:37le travail parlementaire
00:54:38ça c'était avant la loi
00:54:39parce que
00:54:40tout le monde nous disait
00:54:41venez nous raconter
00:54:42ce qui s'est passé
00:54:43et je pense que ça
00:54:44ça a aussi permis
00:54:45de préparer le terrain
00:54:46partout
00:54:47à la fabrication
00:54:48de la loi
00:54:48dont Étienne Blanc
00:54:49va vous parler
00:54:49à l'instant
00:54:50c'est parfait
00:54:53voilà merci
00:54:54alors comment aboutir
00:54:57au vote d'une loi
00:54:58à l'unanimité
00:54:59et d'abord
00:55:01la première des choses
00:55:02je crois que la première idée
00:55:03c'est dire
00:55:03il faut se parler
00:55:04moi je suis frappé
00:55:06de voir comment
00:55:07dans cette maison
00:55:08finalement
00:55:08on échange
00:55:10calmement
00:55:11tranquillement
00:55:11on échange
00:55:12des arguments
00:55:13dans un respect mutuel
00:55:15très clairement
00:55:16c'est pas la marque
00:55:16de fabrique
00:55:17dans toutes les assemblées
00:55:19de notre pays
00:55:20mais ici
00:55:21c'est palpable
00:55:22on a eu des sujets
00:55:23lourds
00:55:24on a eu des sujets
00:55:24qui étaient éminemment
00:55:26conflictuels
00:55:27mais on les a abordés
00:55:29sans réserve
00:55:30en se parlant
00:55:32en se respectant
00:55:33et finalement
00:55:34vous apercevez
00:55:35qu'on en revient
00:55:36au principe même
00:55:36de la démocratie
00:55:38d'Aristote et de Platon
00:55:39quand on fait un pas vers l'autre
00:55:40quand on le comprend
00:55:41on arrive à trouver
00:55:43la voie commune
00:55:44et adopter un texte
00:55:46à l'unanimité
00:55:46voilà
00:55:47je crois que c'est une vertu
00:55:48fondamentale
00:55:49dans nos démocraties
00:55:50elle est rappelée au Sénat
00:55:51elle l'est pas partout
00:55:53et je le regrette
00:55:54la deuxième chose
00:55:55c'est que cette loi
00:55:56elle est l'issue
00:55:57Jérôme l'a très bien dit
00:55:58d'une commission d'enquête
00:55:59et cette commission d'enquête
00:56:01elle a eu un mérite
00:56:02c'est qu'elle a pris
00:56:04le problème du narcotrafic
00:56:06de la base
00:56:07de la base jusqu'au sommet
00:56:08on a eu des textes
00:56:11sur le narcotrafic
00:56:12il y avait des textes
00:56:13sur le blanchiment
00:56:13il y avait des textes
00:56:14sur la consommation
00:56:15il y avait des textes
00:56:16sur les sanctions
00:56:17l'amende forfaitaire délictuelle
00:56:19mais c'est un puzzle
00:56:21et l'avantage
00:56:23de la commission d'enquête
00:56:24c'est qu'on a eu
00:56:25cette vision globale
00:56:26en fait on l'a très vite compris
00:56:28le narcotrafic
00:56:30c'est une entreprise criminelle
00:56:31c'est un peu comme Carrefour
00:56:33ou Lidl
00:56:34vous avez un consommateur
00:56:36il faut l'alimenter
00:56:37il y a un organisateur
00:56:39qui crée une entreprise
00:56:40et cette entreprise
00:56:42elle va faire cheminer
00:56:42le produit
00:56:43de la production
00:56:44vers le consommateur
00:56:45et une fois qu'on a compris cela
00:56:48et bien on peut avoir
00:56:49un projet global
00:56:51un projet qui n'oublie rien
00:56:52et qui est un projet cohérent
00:56:54on se dispute facilement
00:56:56si on a une perception
00:56:57sur un point de détail
00:56:59ou sur une partie
00:57:00on se dispute beaucoup
00:57:01plus difficilement
00:57:02quand on a cette vision
00:57:03d'ensemble
00:57:04dont l'objectif
00:57:05est de détruire
00:57:06l'entreprise criminelle
00:57:08qu'est le narcotrafic
00:57:09et puis la troisième recette
00:57:11pour aboutir
00:57:12à cette unanimité
00:57:13c'est avoir autour de nous
00:57:14des collaborateurs
00:57:16de grande qualité
00:57:18Jérôme l'a dit aussi
00:57:18et pourquoi sur ce texte là
00:57:21c'était compliqué
00:57:21parce que lutter
00:57:23contre le narcotrafic
00:57:25c'est apporter des réponses
00:57:26puissantes
00:57:27qui sont parfois
00:57:28à la limite
00:57:29de la protection
00:57:30des droits individuels
00:57:31j'aurais apporté
00:57:32deux exemples
00:57:33le premier
00:57:34nous avons désormais
00:57:36dans notre code
00:57:36de procédure pénale
00:57:37un dispositif
00:57:39que l'on appelle
00:57:40le procès verbal séparé
00:57:41ou le dossier coffre
00:57:42c'est-à-dire
00:57:43un certain nombre
00:57:44de dispositifs d'enquête
00:57:45qui ne sont pas
00:57:46communiqués à la défense
00:57:47c'est une atteinte
00:57:48je parle sous le contrôle
00:57:48des constitutionnalistes
00:57:50au principe
00:57:51du contradictoire
00:57:52nous y sommes parvenus
00:57:54parce que nous avons
00:57:54autour de nous
00:57:55des collaborateurs
00:57:56qui sont capables
00:57:57d'examiner
00:57:57la jurisprudence européenne
00:57:59qui nous disent aussi
00:58:00n'allez pas trop loin
00:58:01faites attention
00:58:02le point de rupture
00:58:03il est là
00:58:04c'est absolument essentiel
00:58:05et il favorise
00:58:06le consensus
00:58:08au même titre
00:58:09c'est le deuxième exemple
00:58:10que lorsque nous avons
00:58:11décidé de développer
00:58:12le statut
00:58:13des repentis
00:58:14le statut des repentis
00:58:16c'est un peu
00:58:17le droit américain
00:58:18c'est un peu
00:58:18le droit italien
00:58:19contre la mafia
00:58:20c'est de la délation
00:58:22donc il y a des limites
00:58:23qu'il faut apporter
00:58:25au développement
00:58:26de ce statut des repentis
00:58:27et là
00:58:28les collaborateurs
00:58:30qui nous ont accompagnés
00:58:31ont été extrêmement utiles
00:58:32parce que là encore
00:58:33on ne va pas trop loin
00:58:35on s'arrête exactement
00:58:36là où il faut
00:58:37et j'en veux pour preuve
00:58:38que le conseil constitutionnel
00:58:40n'a pas retoqué
00:58:41aucun de nos articles
00:58:42si ce ne sont
00:58:44deux articles
00:58:44qui ont été
00:58:45votés en séance
00:58:46un peu
00:58:47de manière précipitée
00:58:48mais qui n'étaient pas
00:58:49le fruit
00:58:50de notre travail
00:58:51de longue haleine
00:58:52voilà
00:58:53je crois que
00:58:54la recette
00:58:54elle est un peu là
00:58:55puis je termine
00:58:56parce que
00:58:57comme Jérôme s'en va
00:58:58je peux dire du bien
00:58:59ça ne m'engagera pas
00:59:02mais finalement
00:59:04vous vous apercevez
00:59:05que quand on se connaît
00:59:06quand on se respecte
00:59:07au bout de six mois
00:59:08un libéral
00:59:10un libéral
00:59:11un libéral contemporain
00:59:13comme je suis
00:59:14peut s'entendre
00:59:15avec un socialiste
00:59:16désuet comme il est
00:59:17et je le dis
00:59:20en fonction de l'assemblée
00:59:22vous pouvez inverser
00:59:23ça ne pose pas de problème
00:59:24voilà
00:59:25mais que ce travail-là
00:59:26dans l'écoute
00:59:27et la compréhension
00:59:28il est utile
00:59:28je crois vraiment
00:59:29il y a une certaine fierté
00:59:30on nous le dit beaucoup
00:59:31aujourd'hui
00:59:31des services
00:59:32de l'état
00:59:32des maires
00:59:33je crois qu'on a fait
00:59:35un travail utile
00:59:36pour la nation
00:59:38et ça
00:59:38c'est la marque
00:59:39de fabrique
00:59:40du Sénat
00:59:41si désormais
00:59:42les responsables politiques
00:59:44pensaient à l'utilité
00:59:45avant de penser
00:59:46à d'autres sujets
00:59:47je crois que le pays
00:59:48irait un peu mieux
00:59:48merci à tous
00:59:57pour vos témoignages
00:59:59je vous propose
00:59:59qu'on passe à présent
01:00:00aux questions
01:00:02aux échanges
01:00:03avec vous
01:00:04pour parler
01:00:05autour de ces commissions
01:00:07d'enquête
01:00:07autour du travail
01:00:09du Sénat
01:00:09ça peut être très large
01:00:10alors je vois déjà
01:00:12des mains qui se lèvent
01:00:13honneur aux dames
01:00:14voilà
01:00:16il faut se mettre
01:00:17sur le côté
01:00:17bonjour
01:00:18est-ce que vous pouvez
01:00:18vous présenter
01:00:19alors je m'appelle Nathalie
01:00:22je suis assistante export
01:00:24et je reprends
01:00:24des études de droit
01:00:25parce que j'ai été jurée
01:00:27d'assise
01:00:27et que ça m'a
01:00:28profondément marquée
01:00:30voilà
01:00:31donc ma question
01:00:33c'est lors de
01:00:34lors de vos travaux
01:00:35au sein des commissions
01:00:36d'enquête
01:00:37subissez-vous
01:00:39ou avez-vous déjà subi
01:00:41des pressions
01:00:42surtout sur des sujets
01:00:44particulièrement sensibles
01:00:46notamment
01:00:47impliquant l'exécutif
01:00:49ou des grands groupes
01:00:51et ma deuxième question
01:00:52c'est une fois
01:00:53la commission d'enquête
01:00:54terminée
01:00:55les recommandations
01:00:56faites
01:00:57vos conclusions
01:00:58est-ce que vous êtes
01:01:00parfois déçus
01:01:01sur l'application
01:01:02concrète
01:01:03de vos recommandations
01:01:04hormis
01:01:05les propositions
01:01:06de loi
01:01:07voire l'adoption
01:01:08qui peuvent en découler
01:01:09merci
01:01:11merci beaucoup
01:01:11pour votre question
01:01:12monsieur Bazin
01:01:13vous souhaitez répondre
01:01:14les pressions
01:01:15pour ma part
01:01:15aucune
01:01:16évidemment
01:01:18les parties prenantes
01:01:19ont été amenées
01:01:20à s'exprimer
01:01:21notamment le syndicat
01:01:23qui représente
01:01:24les cabinets de conseil
01:01:25qui a eu largement
01:01:27la parole
01:01:27donc chacun a pu dire
01:01:28ce qu'il avait à dire
01:01:29mais en dehors de ça
01:01:30aucune pression
01:01:31j'en atteste
01:01:32la deuxième question
01:01:35est-ce que vous avez été déçu
01:01:36par la
01:01:37alors oui
01:01:38nous au Sénat
01:01:40on a été très cohérent
01:01:42puisque
01:01:42Eliane
01:01:44en a parlé tout à l'heure
01:01:45on a élaboré
01:01:46une proposition de loi
01:01:48en 19 articles
01:01:49qui reprenait
01:01:4919 points de recommandation
01:01:52qu'on avait formulé
01:01:53on l'a voté
01:01:54à l'unanimité
01:01:55elle est allée
01:01:56à l'Assemblée nationale
01:01:58où elle a été
01:01:59massacrée
01:02:00non pas en commission
01:02:01des lois
01:02:02où elle avait été
01:02:03à peu près
01:02:03correctement
01:02:04repassée ensuite
01:02:06en séance publique
01:02:07mais en séance publique
01:02:08il y a eu un intense lobbying
01:02:09pour la démolir
01:02:10et elle a été démolie
01:02:12en séance publique
01:02:12à l'Assemblée nationale
01:02:13ensuite
01:02:14elle est revenue au Sénat
01:02:15en deuxième lecture
01:02:15nous l'avons remise
01:02:17sur ses pieds
01:02:17en prenant un certain nombre
01:02:18de remarques de l'Assemblée
01:02:19qui étaient des remarques
01:02:20techniques tout à fait recevables
01:02:22mais en lui restaurant
01:02:23son architecture
01:02:24et sa force
01:02:25elle a été de nouveau votée
01:02:27à l'unanimité ici
01:02:28maintenant
01:02:29elle est à l'Assemblée nationale
01:02:30en attente
01:02:31sur les rayons
01:02:32depuis un moment
01:02:32donc on ne peut pas dire
01:02:34qu'au niveau du Sénat
01:02:35on a été déçu
01:02:36par les suites
01:02:37qui ont été apportées
01:02:38au contraire
01:02:39ça a été rapide
01:02:40et totalement consensuel
01:02:43mais à l'Assemblée nationale
01:02:44c'est différent
01:02:45Yannick Jadot
01:02:47oui alors
01:02:48j'ai eu un conflit
01:02:50juridique
01:02:51avec Total Energy
01:02:52en 2022
01:02:53après le début
01:02:55de la guerre en Ukraine
01:02:55pour ma part
01:02:57j'ai déclaré
01:02:57que Total Energy
01:02:59était complice
01:03:00des crimes de guerre
01:03:00en Ukraine
01:03:01puisque son activité
01:03:03et notamment
01:03:04on sait qu'en Russie
01:03:04les activités pétrolières
01:03:06sont très liées
01:03:06au régime de Poutine
01:03:07financer la guerre
01:03:09en Ukraine
01:03:10et donc Total Energy
01:03:11a porté plainte
01:03:12à ce moment-là
01:03:13contre moi
01:03:14pour diffamation
01:03:16et donc
01:03:17le Sénat
01:03:19a eu à trancher
01:03:20mon rôle
01:03:22dans cette commission
01:03:23d'enquête
01:03:24donc le comité
01:03:25de ontologie
01:03:26s'est réuni
01:03:27je crois que c'était
01:03:29à la demande
01:03:30du président
01:03:30ce qui est normal
01:03:31pour savoir
01:03:34comment
01:03:35il y a séparation
01:03:37des pouvoirs
01:03:38on n'est pas
01:03:39le judiciaire
01:03:40et quand il y a
01:03:41une enquête
01:03:42quand il y a
01:03:43un procès à venir
01:03:44ça pose évidemment
01:03:45la question
01:03:45de séparation
01:03:46des pouvoirs
01:03:48et donc
01:03:48sur la question
01:03:50dans la commission
01:03:51d'enquête
01:03:51dont j'étais rapporteur
01:03:53sur la question
01:03:54spécifique
01:03:56de la Russie
01:03:57le comité
01:03:59de déontologie
01:03:59m'a demandé
01:04:00de me mettre
01:04:00en déport
01:04:01c'est-à-dire
01:04:01évidemment
01:04:03les sénatrices
01:04:03et les sénateurs
01:04:04pouvaient interroger
01:04:05Total Energy
01:04:06sur la question russe
01:04:08mais pour ma part
01:04:09j'ai été mis
01:04:10en déport
01:04:11donc vous voyez
01:04:12comment
01:04:12les choses
01:04:13peuvent s'organiser
01:04:14et depuis
01:04:14la 17ème chambre
01:04:17du tribunal
01:04:18de Paris
01:04:19a reconnu
01:04:20ma bonne foi
01:04:20et donc
01:04:21Total Energy
01:04:23est repartie
01:04:24avec
01:04:24sa complicité
01:04:26toujours
01:04:28avec Poutine
01:04:29aujourd'hui
01:04:29et vous voyez
01:04:30comment
01:04:30ça peut intervenir
01:04:32je veux dire
01:04:32je ne sais pas
01:04:33si le président
01:04:34Maluré
01:04:35avait eu des problèmes
01:04:36avec TikTok
01:04:36mais évidemment
01:04:38il y a un certain
01:04:39nombre d'intérêts
01:04:40très particuliers
01:04:41qui peuvent intervenir
01:04:43et Jean-François Husson
01:04:45rapidement
01:04:47rapidement
01:04:48pardon
01:04:49deux éléments
01:04:50pas de pression
01:04:53particulière
01:04:54je pense
01:04:56notamment
01:04:56quand je dis ça
01:04:57ce qui
01:04:58comment dirais-je
01:05:01aux enseignements
01:05:01que j'ai tiré
01:05:02de la
01:05:03commission d'enquête
01:05:04sur le coût économique
01:05:05et financier
01:05:06de la pollution de l'air
01:05:06où c'était la première
01:05:08à laquelle je participais
01:05:09et que je précidais
01:05:11et où en fait
01:05:12le regret
01:05:15puisqu'on a parlé
01:05:16de
01:05:16de
01:05:17de
01:05:17de
01:05:17de
01:05:17de
01:05:17de
01:05:17de
01:05:17de
01:05:17de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:18de
01:05:19de
01:05:19de
01:05:19de
01:05:20de
01:05:20ne sont pas suivis
01:05:21des faits
01:05:22c'est un peu
01:05:22mon regret
01:05:23mais d'abord
01:05:24c'est l'apprentissage
01:05:25quand vous êtes
01:05:26non mais il faut se
01:05:28dire tranquillement
01:05:29vous pensez pas à tout
01:05:31la première fois
01:05:32vous essayez déjà
01:05:33de tenir la fonction
01:05:34le rôle
01:05:34et ce qui a beaucoup
01:05:36changé en 2015
01:05:37tout était
01:05:38en audition
01:05:39rien n'était public
01:05:41vous étiez tenu
01:05:43à la confidentialité
01:05:44des débats
01:05:45tant et si bien
01:05:47d'ailleurs
01:05:47que y compris
01:05:48quand on a
01:05:49invité
01:05:50le professeur
01:05:51aubier
01:05:51à revenir
01:05:52il ne fallait
01:05:53rien dire
01:05:54c'était
01:05:55quand on regarde
01:05:56aujourd'hui
01:05:57quand même
01:05:57on se parle
01:05:58entre nous
01:05:58on ne disait rien
01:05:59puisque rien
01:06:00ne devait sortir
01:06:01et donc
01:06:02je pense
01:06:03qu'on a réussi
01:06:03quand même
01:06:04l'essentiel
01:06:05c'était de
01:06:05provoquer
01:06:06un électrochoc
01:06:06par contre
01:06:08on a
01:06:09globalement
01:06:11plutôt
01:06:11échoué
01:06:12sur
01:06:12la prise
01:06:13en compte
01:06:14des enjeux
01:06:15il y a un certain nombre
01:06:16de choses
01:06:16qui n'ont pas besoin
01:06:17de se traduire
01:06:17dans la loi
01:06:18pour être tout à fait clair
01:06:19mais pour
01:06:20non
01:06:21on ne va pas rentrer
01:06:23voilà
01:06:23on ne va pas rentrer
01:06:24mais il y a
01:06:24beaucoup de choses
01:06:25très concrètes
01:06:27qui sont simples
01:06:28à mettre en oeuvre
01:06:29le problème
01:06:29c'est que
01:06:30il y a beaucoup
01:06:31d'organismes
01:06:32qui sont concernés
01:06:33mais simplement
01:06:34ils laissent ça de côté
01:06:35ils se disent
01:06:36qu'à un moment donné
01:06:37s'il y a
01:06:38un mouvement associatif
01:06:40politique
01:06:41ou autre
01:06:41qui vient
01:06:42ils bougeront
01:06:43sinon ils ne bougent pas
01:06:44ça c'est un peu dommage
01:06:45parce que c'est certainement
01:06:47ce qui manque
01:06:48aujourd'hui
01:06:49dans la mise en oeuvre
01:06:50d'un certain nombre
01:06:52de recommandations
01:06:53ou d'ailleurs même
01:06:54d'ambitions
01:06:54politiques
01:06:56je pense qu'il faut
01:06:57que ce soit plus
01:06:58la société
01:06:59qui s'empare
01:06:59avec les élus
01:07:01dans une compréhension mutuelle
01:07:04plutôt que
01:07:05d'obéir
01:07:06parfois
01:07:07des
01:07:08comment dirais-je
01:07:10c'est même parfois
01:07:10un peu des oucases
01:07:11ou des partis pris
01:07:13un peu trop radicaux
01:07:14qui nuisent
01:07:15et qui opposent
01:07:16et donc qui nuisent
01:07:17à la mise en oeuvre
01:07:18de ces recommandations
01:07:20ou conclusions
01:07:20une autre question
01:07:23vous voulez
01:07:24Étienne Blanc
01:07:26je crois que ça marche
01:07:27ça marche
01:07:28sur le narcotrafic
01:07:29on a eu une déception
01:07:30c'est-à-dire que
01:07:31dans la commission d'enquête
01:07:34et sur le texte
01:07:35on souhaitait
01:07:36faciliter l'usage
01:07:37du renseignement
01:07:38pour la lutte
01:07:39contre le narcotrafic
01:07:39le narcotrafic
01:07:40c'est des échanges
01:07:41entre producteurs
01:07:43et consommateurs
01:07:44donc c'est beaucoup
01:07:44de communication
01:07:45et on communique
01:07:47sur des réseaux cryptés
01:07:48sur des messageries cryptées
01:07:49donc une de nos propositions
01:07:51c'était de faciliter
01:07:52l'accès à ces messageries cryptées
01:07:54et surtout
01:07:54de trier
01:07:55les millions
01:07:56de communications
01:07:56auxquelles on accède
01:07:58sur ces messageries cryptées
01:07:59donc on avait
01:08:00imaginé
01:08:01ce qu'on appelle
01:08:01les backdoors
01:08:02c'est-à-dire
01:08:02des portes dérobées
01:08:03qui permettent
01:08:03de rentrer
01:08:04dans les messageries cryptées
01:08:05et des systèmes
01:08:06algorithmiques
01:08:07qui permettent
01:08:08de trier tout ça
01:08:08et on s'est fait retoquer
01:08:09à l'Assemblée nationale
01:08:10d'abord
01:08:11puis ensuite
01:08:12au Conseil constitutionnel
01:08:13et ça c'est un de nos regrets
01:08:15alors aujourd'hui
01:08:16on s'en sort
01:08:17quand on présente le texte
01:08:18il y aura une deuxième loi
01:08:19après
01:08:19qui ira un peu plus loin
01:08:21sur ce sujet-là
01:08:21mais nous
01:08:22nous aurions aimé
01:08:23que ce soit porté
01:08:23à notre crédit
01:08:24on n'y est pas arrivé
01:08:25merci
01:08:28on va passer
01:08:28à une autre question
01:08:29on va peut-être
01:08:31essayer de faire
01:08:31quelques
01:08:31deux questions
01:08:33et puis comme ça
01:08:34après on fera répondre
01:08:35les sénateurs
01:08:36et sénatrices
01:08:38allez-y
01:08:41allez-y
01:08:42bonjour
01:08:43allez-y
01:08:43je m'appelle
01:08:44Théa Ogula
01:08:45je viens de commencer
01:08:45la préparation
01:08:46des concours
01:08:47pour devenir
01:08:47administrateur parlementaire
01:08:49ma question
01:08:50vous avez
01:08:51travaillé
01:08:52oui oui
01:08:53ma question porte
01:08:54sur la technicité
01:08:55des sujets
01:08:55qui peuvent être abordés
01:08:56dans le cadre
01:08:57de ces commissions
01:08:58comment en tant qu'élu
01:08:59qui évidemment
01:09:00potentiellement
01:09:01ne maîtrise pas
01:09:02tous les sujets
01:09:03et peut-être pas
01:09:03les sujets
01:09:04dont vous vous emparerez
01:09:04dans le cadre
01:09:05de ces commissions
01:09:05comment est-ce que
01:09:06vous travaillez
01:09:07notamment dans les échanges
01:09:08avec les administrateurs
01:09:09pour vous faire une opinion
01:09:11sur des sujets
01:09:11que vous ne maîtrisez
01:09:12pas forcément
01:09:13voilà
01:09:14ma question sur
01:09:15je ne sais pas
01:09:16si c'est très précis
01:09:16comme question
01:09:17si si
01:09:17très bien
01:09:18peut-être une deuxième question
01:09:19et comme ça
01:09:20on répondra
01:09:20aux deux questions
01:09:21oui
01:09:22je me tourne
01:09:24peut-être vers
01:09:25monsieur le sénateur
01:09:25Arnaud Bazin
01:09:26monsieur Bazin
01:09:27nous savons que
01:09:28la corruption
01:09:30qui est un exemple
01:09:31d'atteinte à la propieté
01:09:32parmi tant d'autres
01:09:33au sein du code pénal
01:09:34représenterait un coût
01:09:35pour la France
01:09:36de 120 milliards d'euros
01:09:37c'est un chiffre
01:09:37qui a annoncé
01:09:38par l'association
01:09:40Anticor
01:09:40et au-delà de ce coût
01:09:41notamment avec des affaires
01:09:43très médiatisées
01:09:44on a un exemple
01:09:45d'actualité brûlant
01:09:46avec le procès
01:09:47d'un de nos anciens
01:09:49présidents de la république
01:09:50celui qui n'est pas libre
01:09:51n'est-ce pas monsieur Jadot
01:09:52dont l'un des chefs
01:09:53de condamnation
01:09:54était la corruption passive
01:09:56et tout cela fait que
01:09:58ces phénomènes
01:09:59contribuent
01:09:59à la fameuse crise
01:10:01de défiance
01:10:02des citoyens
01:10:03envers ses représentants
01:10:04qui est un thème
01:10:05qui est presque devenu
01:10:06un lieu commun
01:10:07malheureusement
01:10:08et je voulais donc savoir
01:10:11comment au sein du Sénat
01:10:12on lutte
01:10:13contre ces atteintes
01:10:14même si on a déjà eu
01:10:16un élément de réponse
01:10:17avec la notion de déport
01:10:18pour monsieur Jadot
01:10:20voilà merci
01:10:20très bien
01:10:21alors on commence
01:10:23sur la technicité
01:10:25oui
01:10:25alors on va
01:10:26attendez on va
01:10:28peut-être
01:10:29sur le sujet
01:10:30de la technicité
01:10:31ou sur la corruption
01:10:32sur la compétence
01:10:33on a tous le droit
01:10:36d'être élu
01:10:36on a la possibilité
01:10:37et heureusement
01:10:40qu'on ne connaît pas tout
01:10:41le plus mauvais exemple
01:10:44c'est dans certaines
01:10:44municipalités
01:10:45les lieux aux travaux
01:10:47qui connaît mieux
01:10:48la hauteur de l'enrobé
01:10:49que les boîtes elles-mêmes
01:10:50qui passent
01:10:51on n'est pas là pour ça
01:10:52il y a les services
01:10:53je termine juste
01:10:55en disant
01:10:55que quand
01:10:57mon collab m'a dit
01:10:58quitte la commission
01:10:59des affaires sociales
01:11:00pour aller
01:11:00à la commission des lois
01:11:02je me suis voulu répondre
01:11:03mais
01:11:03j'ai pas fait une heure
01:11:05de droit de ma vie
01:11:05et j'ai été
01:11:08je crois
01:11:08un correct
01:11:09un membre honorable
01:11:11de la commission des lois
01:11:12on n'est pas des spécialistes
01:11:14on est là pour représenter
01:11:15le peuple
01:11:16avec ce qu'on a
01:11:17avec nos idées
01:11:18avec nos convictions
01:11:19et puis par ailleurs
01:11:20l'organisation
01:11:21elle est bien guidée
01:11:22il y a des gens
01:11:22qui sont très compétents
01:11:23pour nous aider juridiquement
01:11:24et puis pour le reste
01:11:26on est là pour porter
01:11:27des idées
01:11:28et les valeurs de la République
01:11:29Iliana Sassi
01:11:31oui merci
01:11:33je vais aller dans le sens
01:11:34de Jérôme
01:11:35nous sommes
01:11:36des sénatrices
01:11:37et des sénateurs
01:11:38des parlementaires
01:11:39mais nous sommes
01:11:39des hommes
01:11:41et des femmes politiques
01:11:42qui portent des valeurs
01:11:44qui ont des convictions
01:11:45qui n'ont pas forcément
01:11:47de connaissances techniques
01:11:48moi on a toujours pensé
01:11:49que j'avais fait du droit
01:11:50je n'ai comme Jérôme
01:11:51je n'ai jamais fait de droit
01:11:53et j'étais à la commission
01:11:54des lois
01:11:55mais après
01:11:56voilà
01:11:56on a le sens
01:11:57de l'intérêt général
01:11:58c'est aussi au coeur
01:11:59de notre fonction
01:12:00l'intérêt général
01:12:01et bien évidemment
01:12:02sur des sujets
01:12:03un peu
01:12:04arides
01:12:06comme cela a été dit
01:12:07tout à l'heure
01:12:08on a un échange
01:12:09permanent
01:12:10avec les administrateurs
01:12:11et les administratrices
01:12:12du Sénat
01:12:13qui ont un professionnalisme
01:12:15assez élevé
01:12:17je dirais
01:12:18mais tout ça
01:12:19se construit
01:12:19dans l'échange
01:12:21on leur apprend
01:12:22des choses
01:12:23ils nous apprennent
01:12:24des choses
01:12:25voilà
01:12:25tout ça se fait
01:12:26dans un dialogue
01:12:27et on essaye
01:12:29de construire
01:12:30ensemble
01:12:31la réponse
01:12:32la plus adaptée
01:12:33à une question
01:12:33posée
01:12:35et tout ça
01:12:36se fait bien évidemment
01:12:36dans le respect
01:12:37des uns et des autres
01:12:38monsieur Bazin
01:12:41du coup sur
01:12:42la question
01:12:43qui vous était adressée
01:12:44il semblerait
01:12:44que ce soit plutôt
01:12:45le président
01:12:45du comité
01:12:46de déontologie
01:12:46parlementaire
01:12:47qui est interrogé
01:12:49plutôt que le membre
01:12:49de la commission
01:12:50d'enquête
01:12:50alors d'abord
01:12:50il y a deux choses
01:12:51complètement différentes
01:12:52tout ce qui est
01:12:53des ports
01:12:53ça relève du conflit
01:12:55d'intérêt
01:12:55c'est dans ce cadre là
01:12:56d'ailleurs
01:12:56qu'on a été amené
01:12:57à donner un avis
01:12:58sur la situation
01:12:59de monsieur Jadot
01:13:00comme rapporteur
01:13:01donc en permanence
01:13:03le comité
01:13:03de déontologie
01:13:04est au service
01:13:05de tous les sénatrices
01:13:07et tous les sénateurs
01:13:08pour les conseiller
01:13:09quand ils nous posent
01:13:10des questions
01:13:10est-ce que dans telle situation
01:13:12je vais être en conflit
01:13:13d'intérêt
01:13:13et on leur répond
01:13:14de façon argumentée
01:13:16écrite, précise
01:13:17pour éviter tout ça
01:13:18c'est un élément
01:13:20qui est en train
01:13:20de monter
01:13:21dans le parlement
01:13:22en général
01:13:22il y a quelques années
01:13:24on ne se posait pas
01:13:25systématiquement
01:13:26ce genre de questions
01:13:27aujourd'hui
01:13:28les conseils
01:13:29que je donne
01:13:29dans la matière
01:13:29sont plus nombreux
01:13:30pas assez encore
01:13:32à mon goût
01:13:32d'autant qu'il y a
01:13:34plusieurs méthodes
01:13:34il peut y avoir
01:13:35des déclarations
01:13:36préalables
01:13:36pour répondre
01:13:37à un risque
01:13:37de conflit d'intérêt
01:13:38des déclarations orales
01:13:40le déport
01:13:41il y a toute une panoplie
01:13:42de réponses
01:13:43donc ça c'est le travail
01:13:44du comité de déontologie
01:13:45mais c'est chaque parlementaire
01:13:47qui est responsable
01:13:48de sa situation
01:13:48en matière
01:13:49de conflit d'intérêt
01:13:51si par exemple
01:13:52il nous est demandé
01:13:52un conseil
01:13:53qui n'est pas suivi
01:13:54il a parfaitement le droit
01:13:55de ne pas le suivre
01:13:55le parlementaire
01:13:56après il en répond
01:13:57devant la justice
01:13:58en cas de besoin
01:13:59voilà
01:13:59de ce point de vue là
01:14:00c'est extrêmement simple
01:14:01sur la corruption
01:14:02le comité de déontologie
01:14:03lui il n'est pas chargé
01:14:04de la prévention
01:14:04de la corruption
01:14:05il veille au respect
01:14:07des principes
01:14:08de dignité
01:14:09notamment
01:14:09de parlementaire
01:14:11mais à ce moment là
01:14:13s'il y a
01:14:13un problème
01:14:14de comportement
01:14:15d'un parlementaire
01:14:16le président du Sénat
01:14:17nous saisit
01:14:17et nous donnons
01:14:18un avis
01:14:19pour savoir
01:14:19s'il y a une entorse
01:14:20en effet
01:14:21au principe de dignité
01:14:22mais les affaires
01:14:23de corruption
01:14:24elles-mêmes
01:14:24sensus stricto
01:14:25elles concernent
01:14:26la justice
01:14:26et en tant que parlementaire
01:14:28par ailleurs
01:14:28nous sommes attentifs
01:14:29à tous les éléments
01:14:30législatifs
01:14:31qui peuvent renforcer
01:14:32notre dispositif
01:14:33pour lutter contre la corruption
01:14:34voilà
01:14:35je vais essayer
01:14:36d'un peu trier
01:14:37le sujet
01:14:37que vous m'avez soumis
01:14:38pour le reste
01:14:39en un mot
01:14:39je partage tout ce qu'ont dit
01:14:41mes collègues
01:14:42nous ne sommes des spécialistes
01:14:44de rien
01:14:44on est des généralistes
01:14:45de tout
01:14:46mais on a en effet
01:14:48des échanges très nourris
01:14:49avec des gens
01:14:49qui sont chacun
01:14:50d'ailleurs dans leur secteur
01:14:51très performants
01:14:52et puis surtout
01:14:53on a un peu de temps
01:14:54aussi
01:14:54quand on est en commission
01:14:55d'enquête
01:14:56on a six mois
01:14:56donc ça laisse un peu
01:14:57le temps de s'acculturer
01:14:58quand même
01:14:59même quand on ne
01:14:59ne connait pas grand chose
01:15:00quand on est dans le cadre
01:15:02d'un contrôle budgétaire
01:15:04n'est-ce pas
01:15:04Jean-François
01:15:05et bien on a aussi
01:15:06pas mal de temps
01:15:07ça permet d'aller
01:15:08au fond des choses
01:15:09c'est parfois un peu plus court
01:15:10quand on est rapporteur
01:15:11d'un projet de loi
01:15:12ou d'une proposition de loi
01:15:13où là on a quelques jours
01:15:14et là c'est un peu
01:15:15moins confortable
01:15:16et là on a vraiment besoin
01:15:17de gens qui sont très pointus
01:15:20je veux souligner
01:15:20que sur les commissions
01:15:21d'enquête
01:15:22on ne tire pas au hasard
01:15:23les membres
01:15:24de la commission d'enquête
01:15:25chaque groupe
01:15:27à un moment donné
01:15:27va choisir
01:15:29la personne
01:15:31qui a l'intérêt
01:15:32qui va y mettre
01:15:34de l'engagement
01:15:35et quand vous faites
01:15:36sur une commission d'enquête
01:15:3750, 60, 70 auditions
01:15:40c'est aussi
01:15:41une façon
01:15:42de construire
01:15:43notre intelligence collective
01:15:45et notre compétence
01:15:47sur le sujet
01:15:47enfin
01:15:48sur la question
01:15:49de la corruption
01:15:51c'est vrai que
01:15:52quand on regarde
01:15:53les enquêtes
01:15:53sont de 15% des Français
01:15:54pensent que
01:15:55les responsables politiques
01:15:56sont corrompus
01:15:57c'est un énorme problème
01:15:59et donc
01:15:59dans ce moment
01:16:00particulier
01:16:01on voit ce qui se passe
01:16:02aux Etats-Unis
01:16:03la défense
01:16:05y compris
01:16:05par le Parlement
01:16:07et donc
01:16:08par le Sénat
01:16:09de manière
01:16:10extrêmement rigoureuse
01:16:13de l'état de droit
01:16:14de la séparation
01:16:16des pouvoirs
01:16:17et du fonctionnement
01:16:18de la justice
01:16:19est au cœur
01:16:20aujourd'hui
01:16:20de la défense
01:16:21de la démocratie
01:16:22une autre question
01:16:26au milieu
01:16:27il n'a pas de chance
01:16:28depuis le début
01:16:30il lève la main
01:16:31lancez lui
01:16:32bonjour
01:16:39mesdames et messieurs
01:16:40les sénateurs
01:16:40merci pour votre intervention
01:16:41et pour le micro
01:16:42et donc
01:16:43ma question
01:16:44porterait plutôt
01:16:44sur le premier aspect
01:16:45qui a été vu
01:16:46dans l'introduction
01:16:46de la table ronde
01:16:47sur la place du Sénat
01:16:49au cœur
01:16:49du processus législatif
01:16:51et en particulier
01:16:52dans la situation
01:16:53actuelle
01:16:53où il y a une absence
01:16:54de majorité
01:16:54à l'Assemblée
01:16:55de majorité absolue
01:16:56à l'Assemblée
01:16:57et en fait
01:16:58notamment
01:16:59on a vu que
01:16:59malgré le fait
01:17:00que ce soit
01:17:00le résultat
01:17:01de dispositifs
01:17:02constitutionnels
01:17:03il peut y avoir
01:17:04une contestation
01:17:05on a pu parler
01:17:06dans la presse
01:17:07de contournement
01:17:08de l'Assemblée
01:17:08lors de certaines discussions
01:17:09de propositions
01:17:11ou de projets de loi
01:17:11et comment est-ce que vous
01:17:13de l'intérieur du Sénat
01:17:14vous vivez
01:17:15ces débats
01:17:16puisque en fait
01:17:17c'est plutôt
01:17:17le pouvoir exécutif
01:17:18qui est mis en accusation
01:17:19que le Sénat
01:17:19dans ces cas-là
01:17:21mais comment est-ce que vous
01:17:22vous le vivez
01:17:23de l'intérieur
01:17:23et notamment
01:17:24vis-à-vis de vos
01:17:25discussions
01:17:26avec les collègues députés
01:17:27et puis dans le prolongement
01:17:29qu'est-ce que vous pensez
01:17:30qui peut rester
01:17:31de cette période
01:17:32particulière
01:17:33d'absence
01:17:33de majorité
01:17:35à l'Assemblée
01:17:35où le Sénat
01:17:35prend une place
01:17:36plus importante
01:17:36où le Sénat
01:17:38reçoit majoritairement
01:17:39en premier
01:17:39les textes de loi
01:17:41qu'est-ce qui peut rester
01:17:42si jamais il y a de nouveau
01:17:43une majorité
01:17:44à l'Assemblée nationale
01:17:45et comment le Sénat
01:17:49comment vous défendez
01:17:49cette légitimité
01:17:50du Sénat
01:17:50dans ce contexte-là
01:17:51merci
01:17:52merci
01:17:54alors qu'est-ce qui veut répondre
01:17:56c'est pas moi
01:17:58moi je vais me risquer
01:18:00mais vous pouvez pas laisser
01:18:02le vide
01:18:03la nature
01:18:05hors du vide
01:18:05donc premier élément
01:18:07le Sénat
01:18:09n'a pas choisi
01:18:09particulièrement
01:18:11la situation
01:18:11que la France connaît
01:18:13par contre
01:18:14on a un engagement
01:18:15me semble-t-il
01:18:16on souhaite s'engager
01:18:18pour le pays
01:18:18être utile
01:18:19contribuer
01:18:20à faire des choix
01:18:23de politique publique
01:18:24etc.
01:18:24donc il faut le faire
01:18:26moi j'ai l'habitude
01:18:27de dire
01:18:27qu'on est dans une situation
01:18:29à mon avis
01:18:30qu'aucun constituant
01:18:32de 58
01:18:33n'avait à ce point
01:18:34imaginé
01:18:35puisqu'il faut aller chercher
01:18:36parfois dans les archives
01:18:37comment pour la loi spéciale
01:18:39comment ça fonctionne
01:18:40et encore
01:18:41la 5ème République
01:18:43à mon avis
01:18:43les constituants
01:18:44n'avaient pas imaginé
01:18:45le cas
01:18:46d'une assemblée
01:18:48fragmentée
01:18:49à ce point
01:18:50avec une majorité relative
01:18:52aussi faible
01:18:53et aussi disparate
01:18:54et donc ça donne
01:18:57une place
01:18:57au Sénat
01:18:59mais moi je vais vous dire
01:19:00ce que j'ai dit
01:19:01y compris l'an dernier
01:19:02à mes collègues
01:19:04du
01:19:05on va appeler
01:19:06de la majorité
01:19:07sénatoriale
01:19:08élargie
01:19:09du socle commun
01:19:10j'ai dit
01:19:11il faut juste se dire
01:19:12que notre démocratie
01:19:13elle vit par un parlement
01:19:15à deux assemblées
01:19:16une même pièce
01:19:17d'un côté
01:19:18le Sénat
01:19:19de l'autre
01:19:20l'Assemblée nationale
01:19:20et il ne vous a pas échappé
01:19:22qu'aujourd'hui
01:19:23elles sont
01:19:24diamétralement opposées
01:19:26et donc il ne faut pas
01:19:29que le Sénat
01:19:29considère
01:19:30que parce que
01:19:31par un jeu
01:19:32de glissement
01:19:33et de moindre
01:19:36puissance
01:19:37de l'Assemblée
01:19:39de fait
01:19:40il a davantage
01:19:41de place
01:19:42mais il faut toujours
01:19:43se dire
01:19:44que
01:19:44c'est le suffrage
01:19:46universel
01:19:47dans l'esprit
01:19:48et je dirais
01:19:49dans la lettre
01:19:49de la Ve République
01:19:50qui doit
01:19:51l'emporter
01:19:52et l'an dernier
01:19:53pourquoi
01:19:53on a été amené
01:19:55quelque part
01:19:56à porter
01:19:56le projet
01:19:58de loi de finances
01:19:59et c'est parce que
01:20:00à l'issue
01:20:01de la première partie
01:20:02où il y avait
01:20:03beaucoup d'amendements
01:20:04l'Assemblée
01:20:07a rejeté
01:20:07les choix
01:20:08qu'elle avait fait
01:20:09donc on a hérité
01:20:12mais moi
01:20:12j'ai toujours essayé
01:20:13et au Sénat
01:20:15on a essayé
01:20:15d'avoir toujours
01:20:16en tête
01:20:17le fait
01:20:18qu'il ne faut pas
01:20:19se tromper
01:20:20parce que le risque
01:20:20me semble-t-il
01:20:21c'est que
01:20:23les Français
01:20:23se disent
01:20:24que c'est un
01:20:25un jeu de dupe
01:20:27et que finalement
01:20:28ils ne s'y retrouvent
01:20:30pas du tout
01:20:30et quand je dis ça
01:20:32je pense
01:20:33que c'est marqué
01:20:33du saut
01:20:34de la réalité
01:20:35et de la raison
01:20:35parce qu'après la censure
01:20:37qu'est-ce que nous ont dit
01:20:38les Français
01:20:38à tous les élus
01:20:40à tous les parlementaires
01:20:42à l'Assemblée
01:20:42comme au Sénat
01:20:43moi je leur disais
01:20:45vous êtes gentils
01:20:45mais quand même
01:20:46vous avez
01:20:47choisi une Assemblée
01:20:49qui est tellement diverse
01:20:50que c'est compliqué
01:20:51mais on s'en fout
01:20:52ils m'ont dit
01:20:53on s'en fout de ça
01:20:54vous mettez d'accord
01:20:55vous nous emmerdez pas
01:20:55vous nous choisissez
01:20:56un budget
01:20:56et le message
01:20:58il est passé
01:20:58auprès de tous les élus
01:21:00qu'est-ce qui s'est passé
01:21:01quand il y a eu
01:21:02la commission mixte
01:21:03paritaire
01:21:03vous dites
01:21:05sur un sujet
01:21:06de budget
01:21:06ça va être la guerre
01:21:07pendant huit jours
01:21:08on nous a dit
01:21:09on avait
01:21:10quand même des éclaireurs
01:21:11non
01:21:12les filles
01:21:14ont dit
01:21:14ils feront rien
01:21:15etc
01:21:15on a mis moins
01:21:16d'un jour et demi
01:21:17ça a été
01:21:18un vrai régal
01:21:19tout le monde
01:21:20s'est respecté
01:21:21il y a eu 3-4 sujets
01:21:22ou 5-6
01:21:23peu importe
01:21:24mais il n'y a pas eu
01:21:24de bagarre
01:21:25et on est sortis
01:21:25proprement
01:21:26dans le
01:21:28cafarnaum général
01:21:29je pense qu'il faut
01:21:31toujours avoir
01:21:32plutôt regarder
01:21:34la constitution
01:21:35et l'avenir
01:21:36comme ça
01:21:36c'est-à-dire
01:21:37il faut toujours regarder
01:21:37là où il y a de la lumière
01:21:38et pas vouloir rester dans le noir
01:21:40en se disant
01:21:40de toute façon
01:21:41il faut du bazar
01:21:42ou du chaos
01:21:43alors s'il y a eu
01:21:47beaucoup de propositions
01:21:49de projets de loi
01:21:51qui sont arrivées
01:21:52d'abord
01:21:52au Sénat
01:21:53il faut dire aussi
01:21:54que c'est parce qu'il y a
01:21:56un annulement politique
01:21:57entre la majorité
01:21:58sénatoriale
01:21:59et le gouvernement
01:22:00c'est quand même
01:22:01un élément
01:22:01qu'il faut
01:22:02qu'il faut intégrer
01:22:03en plus
01:22:04des difficultés
01:22:06à trouver des majorités
01:22:07à l'Assemblée
01:22:08je crois que
01:22:09ce qui manque
01:22:10dans notre pays
01:22:11et ce qu'on trouve
01:22:12en partie au Sénat
01:22:14c'est la culture
01:22:15du compromis
01:22:15on est dans un système
01:22:17politique
01:22:18qui est par principe
01:22:19majoritaire
01:22:20à travers
01:22:21la présidentielle
01:22:22à travers
01:22:23le scrutin majoritaire
01:22:24il y a toujours
01:22:24cette idée
01:22:25que vous gagnez
01:22:27le suffrage
01:22:28universel
01:22:28et qu'à un moment donné
01:22:29c'est votre projet
01:22:30seulement votre projet
01:22:32qui va définir
01:22:33la ligne politique
01:22:35de votre pays
01:22:36pendant votre mandat
01:22:37la réalité
01:22:38c'est que ça ne fonctionne
01:22:38absolument pas comme ça
01:22:40dans la vraie vie
01:22:41vous le savez
01:22:41on passe des compromis
01:22:43avec notre conjoint
01:22:43ou notre conjoint
01:22:44avec nos enfants
01:22:45avec nos amis
01:22:46avec nos collègues
01:22:47et en politique
01:22:48d'un seul coup
01:22:49le truc le plus compliqué
01:22:50il n'y aurait pas de compromis
01:22:52ce serait binaire
01:22:52bon
01:22:53tout ça ne fonctionne pas
01:22:54et donc
01:22:55il manque aujourd'hui
01:22:56à l'Assemblée nationale
01:22:58une culture de compromis
01:22:59qui existe au sein du Sénat
01:23:01pas sur tous les sujets
01:23:02il y a des sujets
01:23:04où on se cogne dur
01:23:05il faut le dire
01:23:07le débat sur l'immigration
01:23:09a été un débat très dur
01:23:10au Sénat
01:23:11dans les arguments
01:23:14et dans les divergences
01:23:16mais ce qui moi j'ai découvert
01:23:19au Sénat
01:23:19moi je viens du Parlement européen
01:23:21donc le Parlement européen
01:23:22vous êtes dans le compromis permanent
01:23:23personne n'a la majorité
01:23:24donc vous êtes obligé
01:23:25de passer des compromis
01:23:25mais ce qui est passionnant
01:23:28au Sénat
01:23:28c'est que notamment
01:23:30comme vous avez
01:23:31beaucoup d'élus locaux
01:23:33ou d'anciens élus locaux
01:23:34tout ce qui tourne autour
01:23:36des compétences d'élus locaux
01:23:38là se construisent
01:23:39des compromis passionnants
01:23:40en fait
01:23:41moi je suis à la commission
01:23:42des affaires économiques
01:23:43sur la question du logement
01:23:45sur la question même
01:23:47des quartiers
01:23:48et tout ça
01:23:48il y a des choses
01:23:49passionnantes
01:23:50qui s'y passent
01:23:51parce que chacune
01:23:52chacun connaît
01:23:52les réalités locales
01:23:54et que nous avons besoin
01:23:56de faire des compromis
01:23:57on était encore
01:23:57il y a quelques jours
01:23:58avec la Fédération française
01:24:00du bâtiment
01:24:00de manière totalement
01:24:02transpartisane
01:24:03et bien je peux vous dire
01:24:05que si le Parlement
01:24:06devait faire
01:24:07devait s'occuper
01:24:08du logement
01:24:09la situation de notre pays
01:24:11ne serait pas
01:24:11celle que nous connaissons
01:24:13aujourd'hui
01:24:13Il y en a ça si
01:24:16très très très rapidement
01:24:18moi je pense que
01:24:19voilà on a
01:24:20on est dans la confirmation
01:24:22la confirmation
01:24:23que notre pays
01:24:24traverse une crise
01:24:25politique d'ampleur
01:24:27qu'on a rarement
01:24:28connue
01:24:29jusque présent
01:24:30c'est vrai que notre
01:24:31constitution était
01:24:32bien écrite
01:24:32les pères de la constitution
01:24:34avaient projeté
01:24:36en fait
01:24:36un certain nombre
01:24:37de questions
01:24:38qui pourraient advenir
01:24:39dans des configurations
01:24:40un peu différentes
01:24:41moi je pense que
01:24:43bien évidemment
01:24:44au Sénat
01:24:45nous avons cette
01:24:46capacité
01:24:48à trouver
01:24:49des compromis
01:24:50encore que
01:24:50personnellement
01:24:51je trouve que
01:24:51les compromis
01:24:52sont souvent tirés
01:24:53vers le bas
01:24:53et jamais vers le haut
01:24:54enfin rarement vers le haut
01:24:55mais bon
01:24:56on arrive à trouver
01:24:57des compromis
01:24:58au Parlement européen
01:25:00tu l'as dit
01:25:00Yannick
01:25:01on a cette culture
01:25:03aussi du compromis
01:25:04pourquoi on ne l'a pas
01:25:05à l'Assemblée nationale
01:25:06mais c'est le mode
01:25:06de scrutin aussi
01:25:07qui veut ça
01:25:08donc moi je pense
01:25:10personnellement
01:25:11mais au regard
01:25:12des responsabilités
01:25:13politiques
01:25:14qui sont les miennes aussi
01:25:15qu'il faut réviser
01:25:16cette constitution
01:25:18et faire en sorte
01:25:19et créer
01:25:20les conditions
01:25:20enfin créer
01:25:21et inscrire dans la loi
01:25:22dans le marbre de la loi
01:25:23l'élection
01:25:24de nos députés
01:25:25à la proportionnelle
01:25:27et non plus
01:25:28au scrutin majoritaire
01:25:29ça déséquilibre
01:25:31complètement
01:25:32notre système
01:25:33notre système
01:25:35politique
01:25:35donc il faut
01:25:36en arriver
01:25:37à je ne dirais pas
01:25:38une sixième république
01:25:39mais au moins
01:25:40une révision
01:25:41de la constitution
01:25:42oui sur la proportionnelle
01:25:46non sur autre chose
01:25:47oui sur la proportionnelle
01:25:49la constitution
01:25:51ne comprend pas
01:25:52le mode de scrutin
01:25:53c'est une loi
01:25:54qui n'est pas constitutionnelle
01:25:56mais il y a une autre solution
01:25:57dont on ne parle pas
01:25:58qui est la solution
01:25:59anglo-saxonne
01:26:00qui est le mode de scrutin
01:26:02inéliminal à un seul tour
01:26:03et qui règle le problème
01:26:05alors il est un peu brutal
01:26:06en 1900
01:26:10en 1958
01:26:13en 1958
01:26:15on s'était posé
01:26:16cette question là
01:26:17le général de Gaulle
01:26:19ne l'avait pas voulu
01:26:20parce qu'il y avait un parti
01:26:21qui le redoutait
01:26:22qui était le parti communiste
01:26:23qui avait 33% des voix
01:26:25et dans un mode de scrutin
01:26:26uninominal majoritaire
01:26:28à un seul tour
01:26:29il y a un risque
01:26:30avec 33%
01:26:31vous ayez la majorité absolue
01:26:33et voilà
01:26:34mais je pense que c'est une question
01:26:35qui va se poser
01:26:37est-ce que la cinquième république
01:26:38peut fonctionner
01:26:39avec un mode de scrutin proportionnel
01:26:41moi je suis de ceux
01:26:42qui pensent que non
01:26:43qu'elle fonctionne bien
01:26:44avec un scrutin majoritaire
01:26:46et à mon avis
01:26:46elle fonctionnerait encore mieux
01:26:47avec un scrutin majoritaire
01:26:49à un seul tour
01:26:50voilà
01:26:53c'est un bon sujet
01:26:55la proportionnelle
01:26:57mais je vous en prie
01:26:58oui
01:26:59bonjour
01:27:02donc moi ma question
01:27:03ce serait
01:27:03est-ce que vous avez déjà réalisé
01:27:05une des commissions d'enquête
01:27:07en collaboration
01:27:08avec l'Assemblée Nationale
01:27:09et si jamais
01:27:10est-ce que vous voudriez le faire
01:27:11non
01:27:13non
01:27:14non
01:27:15non
01:27:15non
01:27:15au moins
01:27:16on est d'accord
01:27:17je crois que c'est non
01:27:19je crois que c'est
01:27:21non
01:27:21ça n'est pas possible
01:27:22je vois pas
01:27:23sur le fondement
01:27:24de quel texte
01:27:25on pourrait créer
01:27:26une commission mixte
01:27:27Sénat
01:27:27Assemblée Nationale
01:27:28voilà pour ce colloque
01:27:30organisé sur les 150 ans
01:27:32du Sénat
01:27:32la Haute Assemblée
01:27:33a pris ces dernières années
01:27:34de plus en plus d'influence
01:27:35dans notre vie politique
01:27:36et dans la fabrication
01:27:37de la loi
01:27:38c'est la fin de cette émission
01:27:40merci de l'avoir suivie
01:27:41continuez à suivre
01:27:42l'actualité politique
01:27:43et parlementaire
01:27:44sur notre site internet
01:27:45publicsénat.fr
01:27:46je vous souhaite
01:27:46une très bonne suite
01:27:47des programmes
01:27:47sur Public Sénat
01:27:48Sénat
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