Accord de paix Israël-Hamas : peut-on y croire ? - Sud Radio à la Une

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il y a 2 jours

Avec Sébastien Boussois, chercheur spécialiste du Moyen-Orient et directeur de l’Institut Géopolitique Européen
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00:00Et à la une de Sud Radio ce matin, le sujet qui fait énormément parler depuis plusieurs jours,

00:04mais plus précisément encore depuis plusieurs heures, 729 jours après le 7 octobre 2023,

00:09et la tuerie du Hamas en Israël, avec ce qu'on sait évidemment comme dégâts et comme images d'horreur,

00:14c'est un plan P, ou en tout cas un espoir d'un accord qui est en train de se dessiner

00:17à l'initiative du président américain, Donald Trump,

00:20et c'est l'immense espoir entre potentiellement de voir revenir déjà les otages

00:25et l'espoir enfin de voir une trêve entre Israël et le Hamas.

00:28Bonjour Sébastien Boussois.

00:30Bonjour.

00:30Vous êtes chercheur spécialiste du Moyen-Orient et directeur de l'Institut Géopolitique Européen.

00:35Est-ce que cette fois-ci, parce que c'est peut-être la question qui domine,

00:38oui, nous pouvons avoir de véritables raisons d'espérer ?

00:43Malheureusement, je ne saurais pas vous répondre de manière claire et nette.

00:46Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'à l'approche des deux ans, comme vous l'avez mentionné,

00:50des deux ans de l'attaque terroriste des membres du Hamas contre l'État hébreu,

00:55on peut considérer que l'action concertée par la pression de Donald Trump

01:00peut permettre peut-être de voir aboutir, je ne dirais pas une paix,

01:04mais en tout cas la relance possible d'un accord qui puisse mener non seulement à la libération des otages,

01:10mais également à un cesser le feu qui puisse ensuite permettre de discuter et de négocier de la suite.

01:16Alors il est évident que la manière dont le Hamas répondra favorablement,

01:22pas uniquement à l'acceptation de principes de la libération des otages israéliens,

01:27mais la mise en pratique, c'est-à-dire accepter un certain nombre de points compliqués

01:31venant d'Israël et surtout de l'administration de Donald Trump,

01:35ça c'est une autre étape qui risque évidemment de compliquer un peu les choses.

01:38Vous avez raison d'être extrêmement vigilant, on va essayer de l'être aussi bien sûr durant tout cet entretien.

01:42Le brouillon d'accord, en tout cas ce petit bout de papier qui est peut-être synonyme d'espoir,

01:48il y a plusieurs points de vigilance.

01:50Le premier est peut-être le rôle du Hamas, et vous étiez en train d'en parler avec la question de son désarmement.

01:55On a quand même du mal à imaginer que l'organisation terroriste le fasse de bonne foi et de bon cœur,

02:00parce que cela voudrait dire en effet sa disparition.

02:03Est-ce que celui-ci peut vraiment être une partie, non pas honnête,

02:07mais sur laquelle on peut essayer de s'appuyer dans ses négociations ?

02:11Dans cette tentative d'accord Sébastien Boussois ?

02:14Alors ce qui était extrêmement compliqué, c'est qu'on doit négocier avec une partie dont on ne veut plus.

02:20Personne n'en veut, ni Israël, ni la communauté internationale bien sûr,

02:24et ni même les pays arabes, puisque je rappelle quand même qu'il y a 17 pays arabes

02:27qui ont non seulement reconnu les massacres du 7 octobre,

02:31mais qui ont également appelé à la capitulation et au désarmement du Hamas.

02:35Alors vous vous retrouvez dans une situation où tout le monde fait effectivement haro sur le baudet

02:41pour demander en gros au Hamas de se sacrifier.

02:44Parce qu'on est bien d'accord, Sébastien Boussois,

02:46que c'est bien en réalité le Hamas en ce moment joue sa survie ?

02:51Évidemment.

02:53Alors la martyrologie et l'idéologie classique du Hamas voudraient qu'ils acceptent de se sacrifier en silence,

03:00si je puis dire, c'est-à-dire qu'ils acceptent et qu'ils reconnaissent.

03:02Alors beaucoup évidemment considèrent qu'il faut aller jusqu'à la mort,

03:05c'est le fameux culte du martyr et du shahid.

03:07Je dirais que politiquement parlant, c'est un peu effectivement la même chose que tout le monde espère.

03:13Maintenant, qu'est-ce qu'il va concrètement se passer pour le Hamas ?

03:16Soit il rend l'ensemble des otages, ce qui est prévu lors de la première étape du plan de paix de Donald Trump,

03:23mais il n'a plus aucune cartouche alors.

03:24Ça veut dire que potentiellement, puisque le Hamas change d'avis comme de chemise,

03:28comme Donald Trump et comme Benjamin Netanyahou,

03:30l'armée israélienne peut décider d'en finir, si tant est que ce soit possible,

03:34avec le Hamas à Gaza, y compris les civils.

03:37Mais le Hamas a très bien compris qu'il peut jouer une carte,

03:41et c'est pour ça qu'à la fois il dit non seulement,

03:44oui je vais libérer l'ensemble des otages israéliens,

03:47mais je considère que j'ai partie prenante dans la redéfinition de l'avenir de Gaza,

03:53c'est-à-dire non pas une force internationale dont je ne veux pas,

03:55mais une force qui soit essentiellement palestinienne.

03:59C'est-à-dire que le Hamas a décidé de donner un certain nombre d'éléments

04:02et pratiquement de consignes, et en réalité on est tous suspendus depuis plusieurs jours

04:07à sa décision, à son avis.

04:11Et à leur mouvement en général.

04:12Et vous parliez d'ailleurs du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou

04:16et de Donald Trump, les revirements.

04:18L'un a assuré qu'il finirait le travail si le Hamas n'acceptait pas l'accord,

04:22et de l'autre côté, Donald Trump avait promis l'enfer.

04:25Donc en effet, peut-être que ça encourage un tout petit peu à accepter les conditions de l'accord.

04:29De l'autre côté, on est en train d'en parler, il y a quand même aussi la société israélienne

04:32et leur Premier ministre, Benjamin Netanyahou, qui s'est exprimé hier soir,

04:36il a garanti qu'il ramènerait tous les otages.

04:38N'est-ce pas non plus, dans un autre genre, une fin politique pour Benjamin Netanyahou,

04:42qui voit se fissurer plus que jamais son gouvernement,

04:45avec notamment des franges extrémistes qui refusent le simple fait d'évoquer un État palestinien ?

04:51Écoutez, si tant est que ce soit le cas, il aura eu une fameuse longévité

04:56dans le paysage politique israélien, à l'image de nombre d'anciens premiers ministres.

05:04Donc je dirais que, quelque part, peut-être qu'il a fait son temps.

05:07Ce qui est sûr, c'est qu'il a mis beaucoup de temps pour s'intéresser à la question des otages.

05:11Dès le 7 octobre 2023, il aurait peut-être probablement pu en faire une priorité,

05:15ce qui aurait permis de négocier peut-être plus rapidement

05:18et de ne pas arriver là où on en est.

05:21Fin de carrière politique pour Netanyahou,

05:23ce n'est pas maintenant tout de suite complètement sûr,

05:25parce que tout le monde, le presse, et même si beaucoup le critiquent,

05:29vous avez raison de le dire à l'intérieur même d'Israël,

05:31tout le monde, le presse, a signé cet accord le plus rapidement possible.

05:35Et c'était d'ailleurs le sens de sa prise de parole hier soir,

05:38qui était très courte, difficile de ne rien analyser, à comprendre,

05:42si ce n'est pour dire que la pression et ses volontés, ses actions à Gaza,

05:45avaient permis d'arriver à cet accord.

05:47Partons également outre-Atlantique, puisque c'est lui qui est à la manœuvre,

05:49Donald Trump, qui se réjouit évidemment bruyamment.

05:52Comment expliquer que ce soit cette méthode Trump,

05:54si souvent discutée avec ce président et ce personnage,

05:57si souvent moquée, qui a réussi à mettre quelque chose sur la table

06:01qui, pour l'instant, semble encourageant ?

06:03Comment expliquer que ça a fonctionné par rapport aux autres tentatives ?

06:07Donald Trump joue de la faiblesse des autres acteurs,

06:10et notamment des Nations Unies et du multilatéralisme.

06:12Et des Européens et de la France.

06:14Et des Européens et de la France.

06:16Quand vous avez Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron,

06:18Antonio Guterres, qui se réjouissent du peut-être plan de paix

06:21qui est en train d'être mis en place par Donald Trump,

06:25cela a de quoi faire sourire, puisque ce sont les mêmes

06:27qui passent leur temps à critiquer Donald Trump

06:30et à critiquer ce rapport de force quand il leur est défavorable.

06:33Aujourd'hui, on a effectivement un président américain

06:35qui, non seulement est Donald Trump,

06:37mais était également président de la première puissance mondiale

06:39et qui est le mieux placé pour exercer ce type de pression

06:42sur l'ensemble des acteurs.

06:44Il a d'ailleurs largement humilié Benjamin Netanyahou

06:46il y a une semaine en lui demandant d'appeler

06:48le Premier ministre des Affaires étrangères,

06:51Qatar, pour s'excuser de la frappe

06:53qui avait eu lieu sur Dora.

06:55Et on voit du coup qu'il arrive finalement, entre guillemets,

06:58à rabibocher pour des raisons d'intérêt stratégiques,

07:01mais également pour parvenir à un accord,

07:03des partis qui ne se parleraient sinon pas.

07:05Et tous les autres acteurs que j'ai cités avant

07:07n'ont pas cette force de frappe et cette capacité,

07:10non pas de conviction, mais de pression maximale.

07:13Et on comprend maintenant comment en effet

07:14Donald Trump a réussi à arriver à ses fins,

07:17en tout cas à mettre cet accord en place.

07:19Merci beaucoup Sébastien Boussois,

07:21chercheur spécialiste du Moyen-Orient

07:22et directeur de l'Institut géopolitique européen

07:26de nous avoir éclairé sur cet accord

07:28qui fait énormément parler

07:29et qu'il était important d'essayer de décrypter ce matin.

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