00:00Oui, la France tourne au ralenti depuis des semaines, vous avez raison, depuis des mois, suspendu à un gouvernement fantôme et à une assemblée ingouvernable.
00:08Ce soir ou demain, Sébastien Lecornu doit enfin dévoiler son équipe gouvernementale avant de prononcer mardi sa déclaration de politique générale.
00:16Mais la pièce est déjà faussée, il arrive donc sans l'article 49.3, donc sans anesthésiant parlementaire et surtout sans majorité pour faire voter ses textes.
00:25Avant même qu'il ne parle, le RN et le PS agitent la menace d'une motion de censure.
00:30Autrement dit, le Premier ministre s'avance sous la lame sans certitude de survivre politiquement.
00:36Voilà le paradoxe français.
00:38Officiellement, nous avons un exécutif, dans les faits, nous n'avons plus qu'une mécanique de survie.
00:43Chaque texte devient un marchandage, chaque budget une épreuve de force et chaque virgule une bombe à retardement.
00:49On appelle cela gouverner, mais en réalité c'est une illusion, ce n'est pas une ligne politique,
00:53mais nous sommes sous perfusion institutionnelle.
00:56La France vit goutte à goutte, tenue artificiellement par des accords de couloirs et des institutions solides comme du granit.
01:03Mais on ne gouverne pas un pays à la bougie en attendant que le courant revienne.
01:07On ne dirige pas une nation de 67 millions d'habitants comme une copropriété.
01:12Et c'est pourtant ce que nous voyons, un exécutif encore debout, mais sans souffle, sans autorité et sans colonne vertébrale.
01:18Donc un pays maintenu par des rustines qui ne pourra pas tenir éternellement.
01:22Jules, on a quand même le sentiment que le Premier ministre essaie de trouver une solution.
01:25Oui, bien sûr, face au blocage, Sébastien Lecornu a le mérite d'essayer une méthode, une méthode nouvelle,
01:30mettre les parties autour de la table, discuter, négocier, rendre la main et le pouvoir aux députés.
01:36Mais soyons lucides, en France, la culture du compromis n'existe pas.
01:40Le PS, on l'a dit, brandit déjà la menace de censure.
01:43Les Républicains gagnent du temps.
01:45Le RN, comme la France Insoumise, n'ont qu'un but, faire tomber le gouvernement et retourner aux urnes.
01:51Chacun joue son intérêt partisan.
01:53Et au fond, on le comprend aussi, puisqu'ils respectent l'attente de leurs électeurs.
01:57La deuxième illusion, c'est que gouverner texte par texte, majorité d'un soir après majorité d'un soir,
02:02eh bien ça s'appelle la politique du bricolage.
02:04Celle où chaque amendement se négocie comme une faveur.
02:07On ne réforme pas un pays en marchandant, virgule après, virgule à la fin.
02:12On produit des lois bancales, des lois incohérentes, sans souffle ni cap.
02:16Et quand on écarte l'idée d'un retour aux urnes, reviennent toujours les mêmes rengaines.
02:20Dissoudre coûterait trop cher, mais combien coûte le blocage actuel ?
02:24Les Français seraient fatigués de retourner aux urnes très souvent.
02:27Mais ce qui les épuise, ce sont au contraire les demi-mesures et le flou permanent.
02:31Bref, refuser les urnes, c'est refuser le peuple.
02:33Toutes ces fausses sorties ne sont que des emplâtres sur une fracture ouverte.
02:36La vérité, elle est limpide.
02:38La France n'a pas besoin d'un rafistolage de plus.
02:41Elle a besoin d'un mandat extrêmement clair.
02:43Alors, quelle solution vous proposez, Jules, pour sortir de la crise ?
02:46Une solution pour sortir de l'impasse, le retour aux urnes.
02:49Il y a plusieurs moyens d'y arriver.
02:52Dissolution, référendum, démission du président de la République.
02:55Trois mêmes chemins, mais une même horizon.
02:57La démocratie, car dans notre Ve République, la légitimité ne s'improvise pas.
03:02Elle se renouvelle.
03:03La dissolution, d'abord, elle reoffrençait le pouvoir de clarifier l'Assemblée.
03:07Oui, le risque est total.
03:08Nul ne sait quelle majorité sortira des urnes.
03:10Mais c'est justement cela, le cœur du jeu démocratique.
03:13Mieux vaut une incertitude franche et rapide qu'un pourrissement interminable.
03:17Une élection sans magouille cette fois remettrait les compteurs à zéro
03:20et offrirait un mandat pour gouverner.
03:22Deuxième option, le référendum.
03:24On n'en a pas utilisé depuis 2005.
03:26Il ne règle certes pas l'arithmétique parlementaire,
03:28mais il fixe un cap sur l'immigration, sur les dépenses publiques, sur l'énergie.
03:32Des questions vitales que seul le peuple français peut trancher.
03:36Ce serait mettre le peuple français justement face à des choix extrêmement clairs,
03:39plutôt que de laisser les partis se réfugier dans leur posture.
03:42Et la troisième voie, la démission du président de la République,
03:45plus brutale, plus spectaculaire, mais parfois inévitable.
03:48Si ni dissolution ni référendum ne sont assumés,
03:51si l'exécutif persiste dans l'ambiguïté,
03:54alors il faut provoquer le choc qui met fin à la comédie des couloirs.
03:59De Gaulle l'avait fait en 1969.
04:01Et la démocratie n'en est certainement pas ressortie affaiblie.
04:04Elle en est même ressortie plus forte.
04:06Toutes ces issues ont donc un point commun.
04:08Elles repassent le pouvoir au peuple.
04:10Dissolution, référendum, démission.
04:12Toutes les routes mènent aux urnes.
04:14Car en démocratie, ce n'est pas l'heure de contourner le peuple.
04:17C'est celui de la consulter.
04:19Car la démocratie, c'est donc le pouvoir du peuple,
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