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  • il y a 7 semaines

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00:00On a le plaisir de recevoir aujourd'hui John Christopher Roland.
00:05Vous êtes constitutionnaliste, vous êtes maître de conférences à l'université Paris-Nanterre.
00:10Bonjour.
00:10On a besoin de parler de la justice, du droit, la justice avec un grand J, du droit avec un grand D,
00:17parce qu'il y a évidemment ce séisme médiatico-politique et judiciaire depuis à peu près 48 heures
00:24autour de la condamnation de Nicolas Sarkozy.
00:26Et c'est vrai que le débat se poursuit, parce que ce n'est pas l'homme qui est défendu,
00:32c'est l'homme qui est souvent attaqué, mais c'est la notion de justice.
00:36Et c'est très intéressant de voir les réactions du monde judiciaire, de l'univers du droit,
00:43mais aussi les réactions des Français.
00:46Vous savez que cette condamnation, elle divise la classe politique, mais aussi les Français.
00:49Et si de manière générale, la droite dénonce la lourde peine et que la gauche l'applaudit,
00:54vous allez voir, et que ce n'est pas toujours aussi binaire, le correspondant d'Europe dans le Nord,
01:01Maximilien Carlier, est allé à la rencontre des personnes bien éloignées des idées de l'ancien président.
01:06En gros, il a interrogé des Français de gauche.
01:11Et eux-mêmes sont choqués par ce qui est en train de se passer.
01:15Je rappelle juste, et il faut le répéter, autant que faire se peut,
01:19qu'il n'y a pas eu de financement illégal de campagne, qu'il n'y a pas eu d'enrichissement personnel,
01:24pas de pacte de corruption, pas de risque d'évasion, pas de risque de réitération.
01:29Et trois juges ont décidé d'envoyer le président Nicolas Sarkozy en prison pendant cinq ans,
01:35en sortant l'association de malfaiteurs avec exécution provisoire.
01:39J'ai hâte d'entendre ce reportage, il est signé Maximilien Carlier,
01:44et si vous souhaitez réagir, bien sûr, 01-80-20-39-21,
01:49écoutez notre premier sujet pour Eliott de Vallée-Vous.
01:53On est ensemble jusqu'à 13h en direct sur Europe 1.
01:56Je n'ai pas voté Sarkozy, j'avoue, mais je trouve que c'est un peu surdimensionné.
02:00La réaction de Sylvie qui vit à Lille suite à la condamnation de l'ancien président de la République.
02:06L'incarcérer en prison, c'est un peu excessif,
02:08parce que c'est un ancien chef de l'État, qu'il a fait ce qu'il faut pour la France,
02:11parce que je pense qu'il aime la France.
02:13Le constat est le même pour Pierre, juste à côté.
02:15Une peine incompréhensible selon lui, même s'il ne partage pas ses idées.
02:19Je défends l'honneur du président.
02:21Un président de la République, voilà, il a un honneur à préserver.
02:25Là maintenant qu'il soit condamné derrière les barreaux,
02:27c'est terrible pour un président de la République.
02:30Les juges se sont payés un chef de l'État, déplorent certains habitants.
02:34Bien qu'il ne soit pas du même bord politique,
02:36Rachid estime cette condamnation démesurée.
02:39Je vote à gauche, oui.
02:40Moi, mon avis personnel, ça abîme la fonction d'un président de la République.
02:44C'est un acharnement.
02:45Sincèrement, c'est un acharnement.
02:46Et avec cette condamnation, quelle image de la France
02:49renvoie-t-on désormais à l'étranger, se demande ce riverain ?
02:53À Lille, Maximilien Carlier, Europe 1.
02:55Et je me tourne tout de suite vers vous, John Christopher Roland.
02:58Je rappelle que vous êtes constitutionnaliste,
03:00maître de conférence à l'Université Paris-Nanterre.
03:04La question, c'est la justice avec un grand J.
03:07Et vous savez, il y a des principes, il y a des piliers,
03:09des principes fondamentaux.
03:11La charge de la preuve, par exemple.
03:13Le principe de culpabilité.
03:15Le principe de nécessité des peines.
03:18Et puis, il y a aussi le double degré de juridiction.
03:20Donc, comment le constitutionnaliste que vous êtes
03:24va demain, après-demain,
03:26lorsque vous allez retourner, évidemment,
03:28sur les bancs de l'université,
03:30expliquer à vos élèves
03:32ce qui s'est passé jeudi après-midi
03:35au tribunal correctionnel de Paris ?
03:37Vaste question.
03:38D'abord, je tiens à noter quand même
03:40que c'est plutôt bon signe,
03:41dans le reportage qu'on vient d'entendre,
03:43que finalement, beaucoup de Français ne se réjouissent pas
03:46qu'on envoie quelqu'un au cachot.
03:47Quelle que soit la personne,
03:48c'est quand même une peine
03:51qui est extrêmement lourde
03:52pour la personne qui la vit.
03:54La deuxième chose, c'est que,
03:55évidemment, l'état de droit
03:57comprend, vous l'avez dit
03:58dans votre conclusion,
04:00un double degré de juridiction.
04:02Même aller se pourvoir ensuite
04:03en cassation, le cas échéant.
04:05Et par conséquent,
04:06il n'est pas démuni.
04:08Maintenant, là où il y a une grande différence
04:10pour moi, c'est que prétendre
04:11que Nicolas Sarkozy
04:12ou que tout autre président
04:13ou ancien président serait
04:14un citoyen comme un autre,
04:16c'est illusoire.
04:16Ce n'est pas un citoyen comme un autre.
04:18Il a incarné les plus hautes fonctions.
04:20Donc, il y a une question aussi
04:21de représentativité
04:22sur le plan international.
04:24Et par conséquent,
04:25si vous voulez,
04:26ça pose cette question.
04:27Et si je voulais conclure
04:29sur un plan plus large,
04:30en réalité,
04:31peut-être que la focale
04:32ne doit pas être...
04:33Non pas...
04:33Alors, d'abord,
04:33une décision de justice
04:34peut être critiquée.
04:35Vous parliez tout à l'heure
04:36de commentaires de décision.
04:37On fait ça tous les jours.
04:38Ce n'est pas interdit.
04:39Là où il faut faire attention,
04:40effectivement,
04:40c'est la façon dont on s'attaque
04:42non pas à la décision,
04:43mais au corps des magistrats.
04:45Et puis,
04:47au-delà de ça,
04:48je pense que
04:49c'est la qualité de la personne
04:51qui probablement explique aussi
04:53ses réactions
04:54parce que
04:55ce n'est pas une qualité
04:56qui est commune.
04:58Ce n'est pas le citoyen lambda.
04:59Et en même temps,
05:00vous avez la question
05:00de l'égalité entre citoyens.
05:02C'est un vrai...
05:02J'imagine qu'on va avancer
05:03sur ce sujet.
05:04Bien sûr.
05:05C'est un sujet très complexe.
05:05Vous dites
05:07que personne ne peut se réjouir
05:08quand quelqu'un
05:09est derrière les barreaux.
05:10Pardonnez-moi,
05:11moi,
05:11quand vous avez un terroriste
05:13qui passe toute sa vie à l'ombre,
05:14je suis le premier heureux.
05:16Vous aussi,
05:16bien évidemment.
05:17Mais quand des criminels
05:19sont derrière les barreaux,
05:20pareil.
05:21Je constate,
05:22et tous les Français l'ont constaté,
05:24que le logeur,
05:25Jawad,
05:27a pris une peine
05:27pour l'association de malfaiteurs
05:29pour l'entreprise terroriste.
05:30Il a logé deux terroristes.
05:31moins lourdes
05:33que Nicolas Sarkozy
05:36en première instance.
05:38Donc,
05:38il y a un décalage
05:39qui saisit
05:40qu'on soit sympathisant,
05:42pas sympathisant,
05:43pro ou anti.
05:44Ce n'est pas le problème.
05:44Encore une fois,
05:45la question n'est pas la personne.
05:47La question,
05:48c'est l'institution.
05:49La question,
05:49ce sont les principes fondamentaux.
05:51Et moi,
05:51je constate depuis 48 heures
05:53que beaucoup de Français
05:54sont choqués
05:56par ce qui s'est passé
05:57jeudi après-midi.
05:58Alors,
05:59autre question,
06:00et là,
06:00elle est un peu plus personnelle.
06:01J'imagine que vous avez suivi
06:02attentivement
06:03ces heures
06:04de débat
06:06avant que la décision
06:08soit rendue
06:08aux alentours
06:09de 13h30,
06:1014h
06:11jeudi après-midi.
06:12Est-ce que vous attendiez
06:13à une telle réponse pénale ?
06:16Le problème,
06:16c'est que les réquisitions
06:17du parquet
06:18étaient à les mêmes au-delà.
06:19Donc,
06:20il y avait un risque
06:20qu'effectivement,
06:22la peine soit lourde.
06:23Si on lit la décision
06:24d'une manière
06:25un peu différente,
06:26l'association de malfaiteurs,
06:27ça peut aller jusqu'à
06:2810 ans de prison.
06:28le fait de fixer le quantum
06:32à 5 ans,
06:33ça peut être aussi vu,
06:34en tout cas,
06:35c'est une idée qui circule,
06:37comme déjà,
06:38peut-être,
06:39on peut le lire
06:39comme une forme de clémence
06:40dans la peine maximale
06:41qui était encourue.
06:42De la même manière,
06:44l'effet différé
06:45du mandat de dépôt
06:46aussi peut être vu,
06:48si on raisonne à l'envers,
06:49ce n'est pas mon avis personnel,
06:51mais que c'est effectivement
06:53aussi une mesure de clémence
06:54eu égard d'abord au fait
06:55que c'est la campagne
06:56de 2007
06:57et pour lesquelles,
06:57à l'époque,
06:58il n'y avait aucun antécédent
06:59qui pouvait être reproché
07:00à Nicolas Sarkozy.
07:01Sur votre question précise
07:02et notamment sur,
07:04vous parliez de Jawad,
07:05le logeur,
07:06effectivement,
07:07c'est la question,
07:08cette fois-ci,
07:08de la proportionnalité
07:09de la peine.
07:09Bien sûr.
07:10Et cette question
07:11peut faire l'objet,
07:12effectivement,
07:13de critiques,
07:14de débats.
07:15Ce n'est pas interdit.
07:15Il ne faudrait pas penser
07:16qu'on ne peut pas critiquer
07:17une décision de justice.
07:19On le fait tous les jours
07:20pour les besoins de la science,
07:21pour les besoins du débat public,
07:23etc.
07:23Le seul glissement,
07:24mon avis,
07:25sur lequel il faut être très prudent,
07:26c'est sur la personne
07:28des magistrats,
07:29en particulier.
07:30On l'a dit ce matin,
07:31on était sur CNews
07:32dans l'heure des pros.
07:33Visiblement,
07:34la présidente de la Chambre
07:35est menacée de mort.
07:37On lui apporte
07:38tout son soutien,
07:39tout notre soutien.
07:40On trouve ça scandaleux
07:41et on espère
07:41que les auteurs
07:42seront lourdement condamnés.
07:44Visiblement,
07:44la justice peut être
07:45très ferme
07:47et apporter
07:48des condamnations exemplaires.
07:50Donc,
07:51on ne doute pas
07:52que la justice fera le travail
07:53sur ce sujet-là.
07:56Pardonnez-moi,
07:57je reviens,
07:58Thomas Bonnet,
07:59aux principes fondamentaux.
08:01Vous dites une forme de clémence.
08:04Lorsqu'on voit
08:04que trois des quatre chefs
08:06d'accusation
08:07sont balayés
08:08par la présidente
08:09de la Cour
08:10et qu'au final,
08:12on se retrouve
08:12avec cinq ans
08:13de prison ferme
08:14avec mandat de dépôt différé.
08:16Mais ça veut dire
08:16que l'exécution provisoire,
08:18vous dites
08:20je pensais
08:21que le doute
08:22profitait à l'accusé,
08:24qu'on n'est pas sans preuve,
08:26qu'il y avait
08:28un principe
08:28de proportionnalité.
08:30Enfin,
08:30tout ça est en train
08:30de s'effondrer
08:31et c'est pour ça
08:31que la question
08:32qu'on se pose ce matin
08:33et vraiment,
08:33j'ai hâte d'avoir
08:34les auditeurs
08:34en direct sur Europe 1,
08:36c'est est-ce que vous sentez
08:37que la justice
08:38en ressort grandit ?
08:39Est-ce que la justice
08:40n'est pas ébranlée
08:41par cette décision ?
08:43Je pense que vous avez été
08:44au cœur du sujet
08:44sur l'exécution provisoire,
08:46sur l'absence de démonstration
08:48par la preuve,
08:48ça pose quand même
08:49énormément de questions
08:50et c'était très intéressant
08:51d'entendre ce reportage.
08:52On ne parle pas
08:53de la personnalité
08:54de Nicolas Sarkozy,
08:55on parle vraiment
08:55d'un sujet de justice
08:56et c'est donc très intéressant
08:57d'entendre les professionnels
08:59qui sont avec nous.
09:00Je tiens aussi à rappeler
09:01quand même que la justice
09:02est rendue au nom
09:03du peuple français
09:03et moi je me pose la question,
09:05vous parliez
09:05de l'échelle des peines,
09:07etc.
09:07On est obligé de comparer
09:08avec d'autres affaires
09:09qui n'ont évidemment
09:10rien à voir,
09:11qui ne peuvent pas
09:12toujours être comparés
09:13mais je suis intimement
09:14persuadé que les français
09:15sont très choqués
09:16quand ils voient
09:17que des gens
09:17qui attaquent des policiers
09:18ne vont pas une seconde
09:20en prison
09:20et qu'on envoie
09:21un ancien président
09:22en prison
09:23sans pouvoir faire appel,
09:25en tout cas en étant en prison
09:26en attendant de pouvoir faire appel
09:28sur une démonstration
09:29où il y a une absence de preuve
09:31et on retient
09:31l'association de malfaiteurs
09:32comme étant le seul
09:33chef d'accusation
09:35finalement retenu à la fin.
09:36Moi je pense que les français,
09:37quel que soit leur bord politique,
09:39se posent cette question
09:40et d'ailleurs il y a
09:40un grand décalage visiblement
09:41et c'est ce que je pense aussi
09:43entre les français
09:44et les responsables politiques
09:45qui, certains à gauche,
09:47ont ricané,
09:48ont passé la journée
09:48à ricaner
09:49et n'ont pas été à la hauteur
09:50du moment qu'on a traversé.
09:52Mais vous avez des éditorialistes
09:53qui sont souvent classés
09:54et qui l'assument à gauche,
09:56je pense à Jean-Michel Apathy
09:57qui s'est fendu
09:59d'un long tweet,
10:00très bien,
10:00vous dites très bien,
10:02mais parce qu'on ne peut pas
10:03le suspecter
10:04d'être un pro-sarcosiste,
10:07il l'a démontré
10:07durant toute sa carrière
10:08d'éditorialiste,
10:09mais il va sur le terrain
10:11de la sanction,
10:12de la justice
10:13et il voit bien
10:14qu'il y a un problème
10:14avec cette conférence
10:15à l'université Paris-Nanterre.
10:17Accompagné également
10:18de Thomas Bonnet,
10:18journaliste politique
10:19à CNews
10:19et de Georges Fenech,
10:20ancien magistrat,
10:21ancien député des auditeurs
10:23dont un qui m'envoie.
10:25Je n'ai pas tremblé
10:25à l'annonce
10:27du variant Frankenstein
10:28parce qu'il y a
10:29un nouveau variant
10:30pour le Covid
10:30en ce moment
10:31qui fait peur à tout le monde
10:33mais j'ai fermé les fenêtres.
10:35En tout cas,
10:36on a une idée
10:36de déguisement
10:37pour Halloween.
10:37Le Frankenstein
10:39sera à la mode
10:40dans les prochaines semaines.
10:42Revenons sur notre débat du jour,
10:44la justice
10:45et le pouvoir judiciaire.
10:47Est-ce que les juges
10:48ont pris le pouvoir ?
10:49Et avant de débattre de cela,
10:51je voudrais qu'on écoute
10:51une archive
10:53parce qu'il y a un homme
10:54qui est alerté à l'époque.
10:56C'était il y a 28 ans.
10:58Il était interrogé
10:59par notre ami
11:00et regretté Gérard Leclerc.
11:02A l'époque,
11:02il n'était pas candidat
11:04à la présidentielle,
11:05il n'était pas homme politique,
11:06il était journaliste
11:07au Figaro
11:08et il s'appelle
11:09Éric Zemmour.
11:11Vous dites que derrière tout ça,
11:12il y a un danger
11:13pour la démocratie,
11:13le gouvernement des juges.
11:15Je crois qu'il y a...
11:16C'est exactement la logique
11:17de votre première question.
11:19C'est-à-dire,
11:19ils appliquent les lois
11:20qu'ils veulent,
11:20donc la loi est votée
11:22par le Parlement
11:22qui est le représentant du peuple,
11:24donc les juges,
11:24au nom de leur idéologie,
11:26ne respectent pas
11:27le suffrage universel
11:29et au contraire,
11:30veulent se mettre
11:30à la place
11:31du suffrage universel.
11:32Vous savez,
11:32il y a eu une rencontre
11:34entre préfet et juge
11:35d'un mot
11:36qui était secrète
11:37et on a bien vu la différence
11:39quand les préfets parlaient
11:40république,
11:41suffrage universel,
11:42respect de la loi,
11:43les juges parlaient
11:43droit de l'homme,
11:44état de droit.
11:45Mais l'état de droit
11:46sans les droits de l'État,
11:47ce n'est plus la démocratie
11:48et en tout cas,
11:48ce n'est plus la république.
11:49L'état de droit
11:51sans les droits de l'État,
11:52ce n'est plus la démocratie,
11:53ce n'est plus la république.
11:55John Christopher Roland,
11:55vous êtes constitutionnaliste,
11:57maître de conférences
11:58à l'université de Paris-Nanterre.
12:00Il faut rappeler aux auditeurs
12:01qu'on n'a pas de pouvoir judiciaire
12:04en France,
12:04on a une autorité judiciaire.
12:07Il y a un pouvoir exécutif,
12:08il y a un pouvoir législatif
12:10et il y a une autorité judiciaire.
12:12Les mots ont un sens,
12:13mais au gré des années,
12:14de toutes ces lois
12:15qui ont été votées,
12:16de ces décrets,
12:17de cette multiplication
12:19de codes pénales,
12:21codes de procédure pénale
12:22qui est devenu obèse,
12:24vous avez aujourd'hui
12:25peut-être des juges
12:27qui ont pris en quelque sorte
12:28le pouvoir sur l'autorité,
12:30sur l'absus révélateur,
12:32sur le législateur
12:33et même parfois
12:35sur le pouvoir exécutif.
12:38Là, en l'occurrence,
12:39j'ai écouté la pastille
12:41qui vient d'être diffusée,
12:42c'est que ces lois
12:43qu'applique le juge,
12:44ce sont les parlementaires
12:45qui les votent.
12:47Et on peut faire le parallèle
12:48d'ailleurs avec
12:48l'exécution provisoire
12:50de l'inéligibilité,
12:52j'ai réussi à le dire,
12:52de Marine Le Pen.
12:53C'est le législateur
12:55qui a voulu laver
12:55plus blanc que blanc
12:56et finalement,
12:57vous vous retrouvez dedans.
12:58Là où il y aurait
12:58une idéologie
12:59éventuelle des magistrats,
13:02ce serait à la limite
13:03dans la fermeté,
13:06enfin,
13:07géométrie variable
13:07en fonction des gens,
13:08mais ils ne font qu'appliquer,
13:10alors ce ne sont pas
13:10tout à fait la bouche de la loi,
13:11il ne faut pas monter
13:12ce que non plus,
13:13mais enfin,
13:13ils ont une marge
13:14d'interprétation
13:15de la loi,
13:16mais c'est la loi
13:16votée par le parlementaire.
13:18J'entends,
13:19mais pardonnez-moi,
13:19quand on voit par exemple
13:20les communiqués du syndicat
13:21de la magistrature,
13:22ils ne font pas
13:23qu'appliquer la loi,
13:24ils ont une certaine idée
13:25de la justice,
13:26ils ont une certaine idée
13:27de quelle peine
13:29ils veulent appliquer.
13:30Georges Fenech
13:31sur les pouvoirs
13:33qui ont peut-être pris,
13:34les juges
13:35qui ont peut-être pris
13:35le pouvoir,
13:36vous en pensez quoi ?
13:37Et on sera avec Paul
13:37dans un instant
13:38qu'on salue,
13:39il nous appelle de Bordeaux,
13:39et si vous souhaitez réagir
13:41en direct,
13:4201-80-20-39-21.
13:44Georges Fenech.
13:44Pourquoi la justice
13:45n'est pas un pouvoir ?
13:47Elle n'est pas un pouvoir
13:48parce qu'elle n'est pas
13:49issue directement
13:50du suffrage universel.
13:51Le pouvoir appartient
13:52au peuple,
13:53c'est une règle démocratique.
13:55Donc,
13:56le législateur,
13:57lui,
13:58est élu par le peuple.
14:00Le pouvoir exécutif,
14:00c'est une émanation
14:01aussi de ce pouvoir.
14:03Il a une légitimité solaire,
14:05directe.
14:05Le juge,
14:07lui,
14:07il a une légitimité
14:08lunaire,
14:09indirecte.
14:10Il applique la loi.
14:11Il est la bouche de la loi.
14:13Il doit l'interpréter,
14:14certes,
14:15mais il ne doit pas
14:15la dénaturer.
14:16Et vous disiez à l'instant,
14:19on peut critiquer
14:20une décision de justice,
14:20on le fait tous les jours
14:21dans le jurisclasseur,
14:22mais on ne doit pas critiquer
14:23le corps des magistrats.
14:24D'accord,
14:25mais à condition
14:26que ces magistrats-là
14:28ne respectent leur statut.
14:31Or,
14:31il y a une grande règle
14:32dans la démocratie,
14:33c'est la séparation
14:33des pouvoirs.
14:35Or,
14:35il se trouve que
14:35depuis maintenant
14:36quatre décennies,
14:38vous avez des juges
14:38qui se sont
14:39auto-investis
14:40d'une mission
14:41rédemptrice
14:42de la société
14:42à leur vision à eux.
14:44C'est-à-dire qu'ils se
14:45substituent aux législateurs,
14:47ils imposent des décisions
14:48et ils font rentrer
14:49le débat politique
14:49dans le prétoire.
14:50C'est assumé,
14:52c'est dit.
14:52Et ceux qui vont
14:53à l'encontre
14:53de leur vision,
14:55ils ont leur effigie
14:55sur un mur des cons,
14:57en l'espèce
14:57Nicolas Sarkozy,
14:59qui se trouve
14:59avoir été jugé
15:00par la présidente
15:01du tribunal
15:02qui elle-même
15:03appelait à une manifestation
15:04contre Nicolas Sarkozy
15:05en 2011
15:06devant le tribunal
15:07de Nice.
15:08Est-ce que pour vous,
15:09constitutionnalistes,
15:10attachés à ce principe
15:11de la séparation
15:12des pouvoirs,
15:13est-ce qu'il n'y a pas
15:14une dérive judiciaire,
15:16justiciaire
15:17d'une partie
15:18du corps des magistrats
15:19qui sort de son statut
15:20de 1958
15:21obligation de réserve
15:22et qui s'implique
15:25dans un débat politique
15:26avec des adversaires politiques ?
15:28John Christopher Roland.
15:29Effectivement,
15:31c'est un débat très vaste.
15:32Sur la question particulière
15:33de la magistrate
15:35qui a prononcé
15:35une décision collégiale
15:37mais qui a effectivement
15:38manifesté en 2011,
15:39la question que je poserai
15:40c'est qu'il y a des mécanismes
15:41qui permettent
15:42soit le mécanisme
15:43de suspicion légitime,
15:44elle aurait aussi
15:45si elle estimait
15:46qu'elle avait une prévention
15:47contre la personne
15:49se déporter d'elle-même.
15:50C'est aussi ça.
15:51Quand on est magistrat,
15:52c'est aussi une question
15:53d'âme et de conscience
15:54sur la posture
15:55qu'on veut adopter.
15:56Là, on parle de dérive politique
15:59parce qu'il s'agit justement
16:01de prévenus
16:02qui ont un rôle politique.
16:03Mais ce que je voudrais
16:04qu'on n'oublie pas,
16:05c'est que dans la justice
16:06de tous les jours,
16:08on a des décisions
16:09qui sont rendues tous les jours
16:10quel que soit le domaine,
16:11d'ailleurs en matière civile,
16:12en matière de prud'homme,
16:13où là, on n'a pas,
16:15si vous voulez,
16:16autant de critiques.
16:17Ça vient sur ce terrain-là
16:18parce que c'est lié
16:19à la qualité des prévenus,
16:21mais si on doit aller plus loin
16:24et effectivement,
16:25je ne suis pas tout à fait favorable
16:26à ce qu'un magistrat
16:27puisse être syndiqué.
16:28Et si on voulait plus
16:29d'indépendance de la magistrature,
16:30il faudrait même aller au-delà
16:31de la distinction
16:33avec le Parlement,
16:33c'est que le jour
16:34où ils pourront décider eux-mêmes
16:35de leur propre budget,
16:36ce qui est tout à fait utopiste,
16:38je le reconnais,
16:39là, on pourrait avoir
16:39absolument une indépendance totale.
16:42Et puis moi,
16:42je pense surtout aux étudiants
16:43qui veulent embrasser
16:44la carrière de magistrat,
16:46c'est quand même
16:47une carrière
16:48qui est au service
16:49de la société
16:50et qui vaut le coup.
16:52C'est la première fois
16:53que j'entends
16:53un constitutionnaliste,
16:54un juriste,
16:55dire je suis contre
16:56les syndicats
16:57dans la magistrature.
16:58C'est la première fois.
16:59Et puis,
17:00il faut qu'on le dise
17:01aux auditeurs,
17:02c'est vrai que,
17:04mais il faut le dire
17:05aux éditeurs
17:05qui nous écoutent ce matin,
17:07il y a aussi
17:07une sorte de non-dit tabou
17:09sur l'idéologie
17:10qu'il peut y avoir
17:10chez certains magistrats,
17:12soit des magistrats honoraires
17:15qui avancent
17:16à visage masqué.
17:18J'ai vu,
17:19par exemple,
17:19chez certains
17:19de nos confrères
17:20inviter Serge Portelli,
17:23vous savez,
17:23qui était...
17:23Du syndicat, oui.
17:24Ah, vous dites,
17:25bah oui, du syndicat.
17:26Vous le savez, Georges,
17:27mais les téléspectateurs,
17:28ils ne savent pas
17:28peut-être qu'il était
17:29un militant actif
17:30du syndicat de la magistrature,
17:32qu'il avait fait
17:33le traité de démagogie
17:34en Sarkozy en 2006,
17:36traité de Nicolas Sarkozy,
17:38une république
17:38sous haute surveillance
17:39en 2007,
17:40le sarkozisme
17:40sans Sarkozy
17:41en 2009,
17:42et aujourd'hui,
17:43il vient défendre
17:44la décision de justice
17:45en disant
17:46c'est un scandale,
17:46on est en train
17:47d'attaquer la justice
17:49avec un grand gil.
17:49Il a le droit,
17:50d'ailleurs.
17:50Mais moi,
17:51je veux juste
17:52qu'on avance
17:53à visage démasqué,
17:54qu'on soit honnête,
17:55d'accord ?
17:56Qu'on ne prenne pas
17:57les auditeurs,
17:58les téléspectateurs
17:59pour des imbéciles.
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