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Transcription
00:00La parole au français, Alexandre Jardin.
00:03L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, a donc été reconnu coupable d'association de malfaiteurs hier.
00:09Il a été condamné à 5 ans de prison avec mandat de dépôt à effet différé par le tribunal correctionnel de Paris.
00:14Une association de malfaiteurs selon le jugement avec en première ligne plusieurs de ses proches.
00:19D'abord son directeur de cabinet de l'époque, Claude Guéant, son ami Brice Hortefeux et enfin l'intermédiaire Ziad Takhédine.
00:24Le but des 4 hommes selon le jugement était le suivant, obtenir ou tenter d'obtenir des soutiens financiers en Libye en vue d'obtenir un financement de la campagne.
00:34En épluchant les comptes de campagne, les juges n'ont toutefois retrouvé aucune trace d'argent libyen, aucune preuve que les discussions aient atteint leur but.
00:41Nicolas Sarkozy a donc été relaxé des accusations de corruption et de financement illégal de campagne électorale.
00:47Le tribunal ne peut pas établir avec certitude qu'il y avait plus de 35 000 euros en espèces dans cette campagne, même si cela ne peut pas être complètement exclu, peut-on lire dans le jugement.
00:57Maître Guylain Bénessa, bonjour.
01:00Bonjour.
01:00Cette condamnation est-elle juste finalement, Guylain Bénessa ?
01:04Alors, écoutez, non, juste, ce n'est pas le terme.
01:08C'est-à-dire, je vais être clair, je mets à la place une seconde de Nicolas Sarkozy, et peu importe à la limite la figure ou pas, qu'on apprécie ou pas, Nicolas Sarkozy, ce n'est pas le débat.
01:19Il a entendu le prononcé d'un jugement interminable, 400 pages, donc entendu en temps réel.
01:24Il faut se mettre à la place d'un justiciable quel qu'il soit.
01:26Il a vu égrener des chefs d'accusation qui tombent les uns après les autres, donc je suppose qu'il a dû avoir un espèce de soupir de soulagement en se disant, finalement, le coup près ne tombera pas.
01:36Et finalement, est retenu l'association de malfaiteurs avec tout ce qu'on entend de chefs abandonnés avant cela, et pour cela, il écope de 5 ans de prison, c'est-à-dire presque autant que les réquisitions initiales, alors même que 3 chefs de jugement sont tombés sur les 4.
01:51Ce qui veut dire qu'encore une fois, j'essaye, parce que j'en parle depuis hier naturellement, comme pas mal de confrères d'avocats qui interviennent sur ces sujets, il faut se mettre à la place d'un justiciable.
02:03Et dans ce cas de figure spécifique, c'est évidemment l'ancien chef de l'État, c'est une condamnation extrêmement lourde, et surtout les conséquences sont extrêmement puissantes, à la fois pour lui, mais pour le pays, les institutions, l'esprit du temps.
02:17Ça signifie quelque chose, on va dire, d'un tournant judiciaire et d'un rapport entre le politique et le droit.
02:23Ceux qui refusent de le voir à droite, à gauche, en dessous, en bas, d'ailleurs, etc., ne comprennent rien au coup de tonnerre d'hier, quoi qu'il en soit, et je précise, quoi qu'il en soit, de ce qu'on peut penser personnellement ou non de Nicolas Sarkozy.
02:34Si on résume, il a été condamné alors qu'il a été relaxé de l'essentiel de ce dont on l'accusait.
02:45Donc, c'est ça qui trouble entièrement le pays.
02:47Parce que s'il avait été condamné pour tous les autres motifs, tout le monde aurait trouvé ça naturel.
02:55Mais tout à coup, on a l'impression qu'au fond, une justice politique peut s'abattre sur un opposant politique, puisqu'il n'est plus nécessaire, au fond, d'apporter la preuve.
03:11Et est-ce qu'on n'entre pas dans une toute autre société ?
03:16Alors, deux choses.
03:18En fait, pour braquer le faisceau sur le présent et comprendre ce qui nous attend, à mon avis.
03:22Sur le présent, très simple.
03:24Au-delà de lui.
03:27Exactement, exactement.
03:29Pour braquer une seconde le faisceau sur l'actualité, ce qui est arrivé hier, c'est que finalement, la baudruche qui a été montée depuis dix ans, plus de dix ans par la justice,
03:38était montée autour d'un élément central.
03:41C'était le pacte de corruption faustien.
03:43C'est ce qu'on disait à l'époque, un pacte de corruption faustien entre, on va dire, la Sarkozy et la Libye.
03:49Donc, un échange de bons procédés entre un chef d'État démocratiquement élu et un dictateur.
03:55C'était ça, le fond du dossier complètement ahurissant dont on entend parler depuis très longtemps.
04:00Cet élément précis n'a pas été retenu, d'autant que l'une des pièces centrales, la note de Mediapart, semble-t-il être un faux.
04:08C'est ce qu'a dit le juge hier.
04:09Ce qui veut dire que sur cet aspect-là, on frappe fort, alors qu'effectivement, la baudruche s'est vidée de sa substance en cours d'audience hier.
04:17Ça veut dire quoi ? On n'a pas grand-chose, mais on tape quand même très fort.
04:20C'est une leçon terrible.
04:22Mais pour prendre du champ, et pour répondre clairement à votre question, Alexandre Jardin,
04:27il faut comprendre ce dossier dans les 50 dernières années du rapport entre la justice et la politique.
04:33Vous en savez quelque chose ?
04:35Vous parlez régulièrement du Conseil constitutionnel sur la question des ZFE et de tout un tas de sujets.
04:39Vous en parliez avant.
04:40En fait, il faut comprendre, c'est une longue histoire, mais que depuis les années 70,
04:45les politiques, à moitié consciemment, à moitié inconsciemment, ont confié les clés du camion au juge.
04:51C'était l'ère du temps, c'était mieux la règle de droit, le politique c'était sale, la décision politique c'est dure,
04:57et les juges se sont infiltrés.
04:59Et petit à petit, en droit administratif, en droit pénal, en droit civil, peu importe,
05:03leur marge d'appréciation est devenue gigantesque, à tel point que finalement,
05:08ils ont un pouvoir désormais qui est bien supérieur à celui qu'ils avaient il y a 50 ans.
05:12Et c'est valable pour les juges européens, pour les juges du Conseil constitutionnel,
05:15c'est une matrice générale.
05:17Quand on comprend l'évolution de cette matrice, on comprend aujourd'hui que hier,
05:22il ne s'agit pas de Nicolas Sarkozy uniquement,
05:25il s'agit de la clé de voûte de nos institutions qu'on a coupée,
05:28comme on a fait tomber la tête du roi.
05:30C'est-à-dire que c'est une révolution judiciaire très longue,
05:34qui aujourd'hui a connu un coup près, une espèce de coup de massue,
05:37et encore une fois qu'on le veuille ou non,
05:39c'est cette idée même d'une institution ratiboisée de sa tête,
05:42d'un homme qui a critiqué les magistrats,
05:44c'est dans ce cadre-là et cette configuration qu'on comprend ce qui se passe,
05:47sinon on a des petites critiques, des petites compréhensions,
05:50on ne comprend rien à l'actualité et dans le temps judiciaire que nous vivons aujourd'hui.
05:56Donc vous décrivez clairement une crise de système,
05:58véritablement la dérive d'un système
06:03où tout à coup il y a eu une autonomisation du monde judiciaire
06:06et ça pose un problème de démocratie considérable,
06:10parce qu'il n'y a pas de contre-pouvoir.
06:12Tout à coup le judiciaire est en roue libre,
06:16il est hors de contrôle démocratique,
06:18comment on sort de cette évolution sociétale
06:22qui est quand même cauchemardesque ?
06:25Parce qu'il y a une part d'arbitraire
06:27et comme tout le monde sait qu'il y a une partie de la magistrature
06:31qui est très engagée politiquement,
06:33ça crée une suspicion,
06:38ça crée un énorme malaise dans la société.
06:41Comment on sort de cet enfer ?
06:43Alors, en fait, l'erreur, à mon avis,
06:47l'une des erreurs,
06:48c'est de ne voir la question Sarkozy
06:50ou le dossier Sarkozy-Calone
06:52de la politisation à gauche d'une partie de la justice.
06:55La droite en parle,
06:56je ne dis pas que c'est faux,
06:57il y a énormément de choses à dire sur le mur des cons,
07:00le NM, la formation des magistrats, etc.
07:02Très bien.
07:03Mais en fait, c'est beaucoup plus puissant que ça,
07:06c'est beaucoup bien plus puissant
07:07et c'est un sac de nœuds beaucoup plus profond.
07:09Je vous donne un exemple très spécifique.
07:13Si la primauté européenne aujourd'hui
07:14nous empêche de légiférer sur un ensemble de points,
07:17de prendre des décisions sur l'écologie,
07:20l'environnement,
07:21je disais les ZFE tout à l'heure,
07:22c'est parce qu'un jour, un homme,
07:24un juge français a validé la primauté européenne
07:26dans l'alcove de la Cour de justice de l'Union européenne
07:30que personne ne connaît.
07:31C'est-à-dire qu'une voix fait basculer tout un système
07:34vers aujourd'hui ce qui nous étrangle.
07:36Une voix, pas 12, pas 15, pas 50,
07:39une voix.
07:41Et ce qu'il faut bien comprendre,
07:42c'est que ce genre de situation, de configuration,
07:44c'est ce qui se produit depuis 50 ans.
07:46C'est-à-dire qu'on a mis un ou deux hommes
07:48à des leviers spécifiques
07:49qui ont voté de façon spécifique
07:51avec un champ idéologique clair
07:54et qui ont mis en place
07:55une sorte de système avec des verrous.
07:58Jean Monnet appelait ça les petits pas,
07:59mais en fait, c'est des verrous successifs
08:01qu'on a mis en place
08:02pour concevoir la machine, la bécane.
08:04Et le défaut des politiques,
08:06il faut le dire aussi,
08:07c'est que pendant longtemps,
08:08ils ont refusé d'en parler.
08:09Ils ont dit finalement,
08:11c'est normal, c'est l'air du temps, etc.
08:12Et aujourd'hui, du coup,
08:13ce qui se passe,
08:14c'est que Nicolas Sarkozy,
08:15notamment sur l'exécution provisoire,
08:18il souffre d'un dispositif
08:20que les politiques ont validé
08:22pour donner encore plus de pouvoir aux juges.
08:24Et en somme, c'est l'arroseur arrosé.
08:26On a laissé les juges prendre de l'autonomie,
08:28on les a laissés beaucoup trop longtemps ainsi,
08:30et forcément aujourd'hui,
08:31les barreaux de la prison de Nicolas Sarkozy,
08:34ce sont les juges eux-mêmes
08:35qui les ont forgés
08:37avec l'assistance implicite des politiques.
08:39Et aujourd'hui, d'ailleurs,
08:40toute une partie de la gauche
08:41qui se réjouit
08:42de la défaite de Nicolas Sarkozy
08:44devra faire attention
08:45parce qu'un jour ou l'autre,
08:46elle finira également derrière les barreaux.
08:48Les juges seront également contents
08:49de les mettre derrière.
08:51Et finalement, on se dira,
08:52le coup d'État contre Sarkozy
08:54va se reproduire contre l'un ou l'autre
08:56d'ici un an, deux ans ou dix ans.
08:57Le coup de balai s'accélère
08:59grâce aux juges
09:00qui pourtant toute l'année
09:02râlent contre ceux
09:03qui sont les populistes dégagistes.
09:05Eh bien, à suivre donc
09:06et puis à voir aussi
09:07si l'actuel président de la République
09:09graciera l'ancien président de la République.
09:12C'est une question qu'on peut se poser.
09:13Merci beaucoup, Maître Guylain Bénessa,
09:15de nous avoir éclairé
09:16sur cette condamnation de Nicolas Sarkozy.
09:18À très bientôt.
09:19Et puis, chers auditeurs,
09:20pour réagir 0826 300 300,
09:22on se retrouve dans un tout petit instant.
09:24Restez bien avec nous.
09:25À tout de suite.
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