Drapeau palestinien sur les mairies : est-ce une provocation ?

Sud Radio

il y a 2 mois

Avec Laurent Joffrin, journaliste et Lucas Planavergne, journaliste au JDD
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##LE_DEBAT_DU_SAMEDI-2025-09-20##

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00:000826 300 300 à 8h39 puisque c'est l'heure du grand débat du samedi avec aujourd'hui comme thème drapeau palestinien sur les mairies.

00:09Est-ce une provocation ? Bonjour Laurent Geoffrin.

00:10Bonjour.

00:11Vous êtes journaliste, merci d'être avec nous ce matin et en invité aussi Lucas Planaverne, journaliste au JDD. Merci d'être là ce matin.

00:17Bonjour Maxime.

00:180826 300 300, est-ce que les drapeaux palestiniens sur les mairies sont une provocation ?

00:22La question se pose parce que même hier soir, on va dire, ou hier dans l'après-midi, c'est le ministère de l'Intérieur, Bruno Rotaillot actuellement,

00:30qui a envoyé une directive au préfet en disant je vous préviens, je vous demande d'être extrêmement attentif

00:35parce que pour une question de neutralité des lieux publics, cela doit être impeccable et le drapeau palestinien est une provocation.

00:42Est-ce que vous répondriez par l'affirmative Laurent Geoffrin ?

00:45Je trouve que la formulation de votre sujet est un peu biaisée.

00:48C'est pour faire réagir, c'est le but.

00:50Je réagis donc, et parce que c'est un geste politique, on peut le contester, d'ailleurs je ne suis pas forcément d'accord,

00:57mais ce n'est pas une provocation, c'est la politique de la France.

01:01La politique de la France consiste à reconnaître un futur État palestinien, pas l'actuel, il n'y en a pas,

01:07mais c'est une position de principe consistant à dire que les Palestiniens ont droit à un État comme tous les peuples du monde.

01:14Et donc ça, ce n'est pas du tout une provocation, c'est une prise de position juridique et politique.

01:22Alors ensuite, moi je pense qu'il y a une erreur initiale dans cette discussion,

01:29c'est qu'on n'aurait pas dû accepter qu'on mette au fronton des mairies des causes particulières.

01:34Alors c'est compliqué l'affaire, parce que moi je pense qu'au fronton des mairies,

01:40on met le drapeau français et le drapeau européen.

01:42Le cas échéant, le drapeau olympique ou des choses de ce genre.

01:45Mais mettre une cause à connotation politique, on rentre dans un engrenage infernal.

01:51N'importe quoi peut être aujourd'hui politique.

01:53N'importe quoi, mais le Conseil d'État s'est prononcé là-dessus, il y a une jurisprudence maintenant.

01:58Le Conseil d'État a dit, est-ce qu'on peut mettre des drapeaux ukrainiens ?

02:00Il a répondu, ce n'est pas très très blanc-bleu, mais c'est une cause consensuelle.

02:04Donc allons-y pour l'Ukraine.

02:06A mon avis, c'est l'erreur initiale, parce qu'entre l'Ukraine...

02:09C'est la porte ouverte à toutes les fenêtres, après on peut faire ce qu'on veut.

02:11Si on met l'Ukraine, alors pourquoi pas mettre les Palestiniens, c'est vrai, ils sont quand même opprimés.

02:15Mais il faudrait mettre, je ne sais pas, les Ouïghours, il faudrait mettre les Kurdes,

02:18il faudrait mettre les gens du Sud-Soudan, etc.

02:21Il y a toutes sortes de causes comme ça, internationales, mais aussi politiques,

02:27et ça risque de diviser l'opinion.

02:30D'ailleurs, on le voit bien pour le cas de la Palestine.

02:32Moi, pour la reconnaissance, je constate qu'il y a 47% dans un sondage des Français qui sont plutôt contre.

02:39Donc, ça divise les gens.

02:41A quoi ça sert de diviser les gens ?

02:42En utilisant le lieu symbolique de la mairie.

02:45On peut diviser les gens en faisant de la politique, comme le PS le fait, il fait un rassemblement.

02:49Très bien, il fait un rassemblement, c'est son affaire.

02:51Lucas Plani, c'est une provocation pour vous ?

02:54Alors, il y a une part de provocation sans doute.

02:56Il y a aussi, à mon avis, de l'électoralisme, parce qu'il faut dire qu'on est à quelques mois des élections municipales.

03:02C'est un appel qui vient des socialistes à la base.

03:04Donc, c'est une manière pour eux de se recentrer entre Macron,

03:07qui va donc officialiser cette reconnaissance de l'État palestinien ce lundi,

03:12et les Insoumis qui ont fait de la cause palestinienne leur cheval de bataille.

03:18Maintenant, moi, je suis assez d'accord avec Laurent Joffrin sur ce point.

03:20C'est-à-dire qu'on est quand même dans un pays où, encore la semaine dernière,

03:32on manif, on arrache des drapeaux français, mais par contre, sur les frontons des mairies,

03:34alors on met, comme Laurent Joffrin le disait, alors moi, le drapeau de l'Union Européenne,

03:38il me gêne déjà, si vous voulez, sur les mairies.

03:40Mais alors, on a aussi le drapeau palestinien.

03:41Vous êtes anti-européens, vous avez le droit.

03:43Je suis déjà allé à Fashtuménil, qui est une ville LFI,

03:45où il y a le drapeau LGBT et le drapeau palestinien.

03:47Donc, il y a même un combo, vous voyez.

03:49Moi, je suis assez d'accord, en France, sur les bâtiments publics,

03:52c'est seulement le drapeau tricolore et rien d'autre.

03:54Le drapeau européen.

03:56Oui, et le drapeau européen pour Laurent Joffrin.

03:59Je vous signale qu'on est dans l'Union Européenne.

04:01On est d'accord, mais ça a été confirmé.

04:03Ça a été confirmé mille fois par le corps électronique.

04:06C'est un accord de principe.

04:07De principe, 0826, 300, 300.

04:09si vous voulez participer à cette conversation,

04:11puisque vous citiez un sondage, mon cher Laurent Joffrin,

04:1371% des Français opposaient personnellement

04:16à hisser les drapeaux palestiniens sur les mairies ce lundi,

04:19avec quand même un chiffre, quand on rentre dans le détail,

04:21assez intéressant, c'est que 56% des sympathisants socialistes

04:24sont opposés à cette idée.

04:25Et on rappelle que si on a ce débat, c'est parce que c'est Olivier Faure

04:28qui a l'occasion de la reconnaissance d'un État de Palestine

04:30pour le président de la République.

04:31Ça a été contesté au sein même du parti.

04:32Oui, mais bien sûr.

04:33Mais tout à l'heure, Laurent Joffrin,

04:34puisque vous avez la parole gardée là,

04:36vous avez dit personnellement,

04:37c'est aussi une position qui pourrait me gêner.

04:39Pourquoi ?

04:40À cause de ce que je viens de dire,

04:41c'est-à-dire que les mairies, c'est fait pour rassembler,

04:45c'est la maison commune.

04:46Si les gestes politiques, quels qu'ils soient,

04:49qu'on fait en utilisant ce lieu symbolique,

04:54si ça divise, alors là c'est complètement contraire à la philosophie.

04:58Cela dit, le fort peut se défendre,

05:02parce que le Conseil d'État a dit

05:03si c'est des causes humanitaires, vous pouvez.

05:05Et si c'est la politique de la France ?

05:08Or, il se trouve qu'en l'occurrence, la reconnaissance,

05:11la reconnaissance, c'est la politique de la France,

05:14et deux, on peut argumenter de manière assez logique

05:17et convaincante pour dire que les Palestiniens,

05:20les civils palestiniens sont soumis à un traitement inhumain.

05:23Ils sont bombardés tous les jours.

05:26Attendez, la Cisjordanie étant proie à une colonisation supplémentaire,

05:31tout ça, ce sont des victimes.

05:32Mais est-ce que c'est des drapeaux palestiniens sur les mairies françaises

05:35qui vont changer cette situation ?

05:37Malheureusement, je ne pense pas.

05:38Et pour revenir sur cette dimension électoraliste,

05:40il faut dire que ça va même plus loin dans certains cas.

05:42Il y a le maire de Corbeil-Essonne qui va distribuer des...

05:46Des drapeaux, justement, pour les rassemblements.

05:47Et pour qu'ils fassent passer le bon message, d'une certaine manière.

05:50Donc là, on peut encore se demander, avec l'argent,

05:52qui ces drapeaux vont être distribués ?

05:54On pourrait distribuer des drapeaux de la France, plutôt, pourquoi pas ?

05:58C'est de l'hélectualisme, ça divise.

06:01Et d'ailleurs, je ne vois pas en quoi ça va servir.

06:04Il n'y a pas un intérêt profond, si ce n'est peut-être,

06:06quand j'avais Laurence Rossignol ici à ce micro,

06:08qui disait, mais j'encourage les Français à arrêter de se diviser,

06:11ou certains médias à arrêter de jouer les divisions.

06:13Ça s'entend, mais il y a aussi parfois des symboles politiques

06:16qui peuvent aggraver un peu les divisions.

06:180,826, 300, 300.

06:19Bonjour Mohamed.

06:21Oui, bonjour.

06:22Merci d'être avec nous ce matin.

06:23Vous nous appelez du côté de Mérignac, c'est ça ?

06:25Oui, je vous appelez du côté de Mérignac.

06:27Qu'est-ce que vous pensez alors de ce débat ?

06:28Provocation, pas provocation ?

06:30Vous êtes quelle équipe ?

06:32Laurent Joffrin ou le JDD ?

06:33L'ancien Libération ?

06:35Je parle pour moi-même et pour le JDD, bien sûr.

06:37Moi, je suis contre mon comète des drapeaux palestines,

06:42que ce soit palestines, que ce soit n'importe quel autre drapeau.

06:47Voilà.

06:48Mais par contre, si on le fait pour certains pays,

06:51il faut qu'on le fasse pour n'importe quel autre pays.

06:54C'est-à-dire que pour vous, c'est pas de drapeau étranger, peu importe ?

06:58Pas de drapeau étranger.

06:59Et même que ce soit en politique, moi, c'est ce qui me choque.

07:02Pourtant, la Palestine, je les soutiens.

07:05On ne peut même plus les soutenir parce qu'on est mal vus.

07:07À vous, vous avez l'impression d'être aujourd'hui mal vus, Mohamed,

07:10quand vous soutenez la Palestine ?

07:11On est mal vus parce qu'on soutient la Palestine.

07:13La Palestine, il n'y a plus rien à détruire.

07:15C'est-à-dire qu'il ne doit même pas rester,

07:17allez, c'est exagéré,

07:19il ne doit même pas rester un quart de la Palestine,

07:22tout est détruit.

07:24Pourquoi on continuera à détruire ?

07:26C'est comme un match sans arbitre.

07:28Un match sans arbitre, c'est-à-dire que l'Israël qui doit gagner,

07:35qui va gagner, n'a pas de limite.

07:37Et ça, je trouve que tous les pays, que ce soit la France,

07:40que ce soit le machin,

07:41il faut quand même qu'il y ait un juste milieu.

07:44C'est-à-dire qu'il y a eu une guerre,

07:45il y a eu ce qui se passe,

07:47mais au bout d'un moment, on va dire stop.

07:50Il n'y a plus rien à détruire,

07:52parce que là, c'est maintenant la population qui subit.

07:54Cette population, elle va se retourner plus tard.

07:58C'est-à-dire, pas dans l'immédiat,

08:00mais tous ces gens qui ont perdu,

08:02ces enfants qui ont perdu leur famille,

08:03qui ont perdu tout le monde,

08:05ils auront toujours de la haine.

08:06Ils auront toujours, toujours, toujours de la haine.

08:09Alors, vous parlez de ne pas fait des drapeaux,

08:13c'est comme la manifestation qu'il y a eu,

08:15je ne supporte pas qu'il y ait un drapeau algérien,

08:19qu'il y ait un drapeau palestinien,

08:20qu'il y ait un drapeau ukrainien.

08:21On fait de la politique,

08:23qu'on revendique pour la France.

08:24Il faudrait que ce moment-là,

08:26il faudrait que ce moment-là,

08:27on ne se batte que pour la France.

08:29Il y a une grève.

08:30On manifeste sur des choses...

08:31Et vous avez l'impression peut-être qu'on s'égare

08:33en voyant tout et n'importe quoi dans les manifestations,

08:35c'est ça, Mohamed ?

08:35Tout est politique, tout est politique.

08:37C'est-à-dire que tous les voies qu'on peut prendre de gauche,

08:40ou de droite, ou du RN,

08:42ou du RN, parce que après, moi, le RN,

08:44moi, j'aimerais bien voir le RN,

08:45ou que ce soit le LFI,

08:46et c'est comme j'ai un gros débat,

08:48ce n'est pas celui-là d'aujourd'hui.

08:50C'est pourquoi Macron a été battu X fois ?

08:56Pourquoi on ne laisse pas la place au RN ou au LFI ?

08:59Ils ont gagné, on leur laisse leur chance.

09:01Ou au LFI, RN ou à l'Ariphine,

09:03nous dit Mohamed.

09:040,826, 300, 300.

09:05Merci beaucoup.

09:06Ne parlons pas de manière, nous dit Laurent Geoffrin.

09:08D'un mot chacun sur ça.

09:09C'est vrai, ce que dit Mohamed,

09:10c'est que 1, dès qu'on soutient la Palestine,

09:12ou dès qu'on veut mettre un peu de nuance,

09:13on a quand même l'impression d'être mis sur un banc,

09:15on va dire, mais c'est quand même en permanent gênant

09:17d'avoir des drapeaux étrangers à la moindre manifestation.

09:19Le témoignage de Mohamed est très intéressant,

09:21parce qu'à mon avis, il y a deux sujets dans son témoignage.

09:24J'entends complètement son émotion sur la situation à Gaza,

09:27mais à mon avis, là, ce n'est pas le sujet.

09:29Là, on parle des drapeaux palestiniens sur les mairies.

09:32Et donc, on voit bien que Mohamed,

09:34qui se dit sensible à la cause palestinienne,

09:37pour autant est contre le fait de mettre des drapeaux sur les mairies.

09:41Donc, on voit bien que c'est du bon sens.

09:42Et comme souvent, la classe politique oublie ce que c'est.

09:46Mais oublie le bon sens et fait de la politique politicienne.

09:48D'un mot, Laurent Joffrin, sur ça ?

09:50Moi, je suis pour la reconnaissance de l'État palestinien,

09:54parce que c'est un principe.

09:56Bien sûr.

09:57Après, il faut discuter de la manière dont ça peut se produire.

09:59De toute façon, on a le temps avant que ça se produise.

10:01Ça, c'est sûr.

10:02On a le temps de voir venir.

10:03Mais sur le principe, ça me paraît légitime.

10:05D'ailleurs, il y a 150 pays dans le monde qui l'ont fait,

10:07dont beaucoup sont des démocraties.

10:09Il y en a qui vont encore le faire, en même temps que la France.

10:12Et par ailleurs, c'est un principe élémentaire.

10:17Et que le gouvernement Netanyahou est en train de piétiner.

10:21C'est-à-dire, manifestement, on peut les soupçonner,

10:23avec beaucoup d'arguments,

10:24de vouloir empêcher toute constitution d'un État palestinien,

10:29quel qu'il soit.

10:30Quel qu'il soit.

10:31On détruit Gaza.

10:33On accélère les colonisations en Cisjordanie.

10:38On crée des incidents constants dans cette région-là,

10:43de manière à ce qu'Israël puisse s'étendre

10:45et interdire qu'on ne puisse jamais créer un État palestinien.

10:50C'est contre cette politique.

10:52La reconnaissance, c'est contre cette politique-là aussi.

10:56Drapos palestiniens sur les médias.

10:57Il y a des gens qui disent que ce n'est pas le moment.

10:58Est-ce une provocation ?

10:59Oui, pour 85% d'entre vous.

11:01Non.

11:020826-300-300 pour poursuivre ce débat tout au long de la matinale.

11:05Merci beaucoup, Laurent Joffrin, d'avoir été avec nous ce matin.

11:09Lucas Planaverne, également, du JDD.

11:11Et je rappelle, mon cher Laurent Joffrin, également,

11:13que vous êtes journaliste, directeur de la publication du Le Journal,

11:15qu'on retrouve entièrement en ligne.

11:17Ancien directeur de Libération et de Nouvel Observateur.

11:19Tandis que vous, Lucas Planaverne,

11:20on vous lit tous les dimanches dans le Journal du Dimanche.

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