"C'est une honte" : Yann Rivoallan, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin, réagit au partenariat entre Pimkie et Shein

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Les fédérations textiles françaises ont dénoncé unanimement l'alliance entre Pimkie et la plateforme asiatique Shein annoncée mardi, alors même qu'elles signaient une lettre appelant l'UE à "des actions d'urgence" contre la mode ultra-éphémère.

Transcript

00:00La Chine, le géant chinois de l'ultra fast fashion, s'associe à Pinky.

00:04La plateforme est critiquée pour sa concurrence déloyale, pour sa pollution, ses conditions de travail.

00:10Et elle tend la main à une marque française très en difficulté.

00:14Bonne nouvelle ou signal inquiétant.

00:17On va essayer de comprendre les enjeux avec vous, Yann Rivoyland.

00:20Vous êtes président de la Fédération Française du prêt-à-porter féminin.

00:23Pinky, rappelons-le, a connu plusieurs années très difficiles.

00:26Je rappelle que 113 magasins ont été fermés, 559 postes supprimés.

00:31Des bénéfices pour Pinky, une bonne image pour Chine.

00:34Est-ce qu'au final, tout le monde n'est pas gagnant dans ce deal ?

00:36Avant tout, c'est une honte.

00:39La base, c'est que M. Alassi, qui a repris Pinky il y a maintenant trois ans,

00:45a non seulement une société qui a été remise à flot par le groupe Auchan,

00:48qui a mis des centaines de millions dans Pinky,

00:51qui lui a donné des dizaines de millions pour relancer la marque.

00:53Par la suite, il a fermé plus de 100 magasins, il a viré 100 personnes,

00:59et désormais, il donne une marque Pinky, qui a plus de 100 ans,

01:04qui représente la France, tout cela au diable.

01:08Et vous dites que c'est une erreur qui met en danger tout le secteur, c'est ça ?

01:11Alors, c'est une erreur qui met en danger tout le secteur,

01:13parce que Chine, depuis maintenant près de deux ans,

01:16c'est 15 000 emplois qui ont été détruits.

01:17Chine, c'est une société, si toute sa chaîne de valeur,

01:22que ce soit dans la fabrication, dans la contrefaçon,

01:25dans l'utilisation des avions pour envoyer les produits,

01:28dans la toxicité des produits qu'on reçoit.

01:31Il y a encore des chaussures avec du plomb qui étaient contaminées,

01:35en fait, dernièrement.

01:37Dans cette capacité à frauder l'État,

01:40on cherche des milliards en ce moment.

01:42Je vous le donne, une solution toute simple.

01:43« On taxe, Chine est émue, on récupère un milliard, tout de suite, en un an. »

01:49Eh bien, pactiser avec cette société,

01:53alors qu'on représente la France,

01:55alors qu'on représente la mode française,

01:57c'est une honte.

01:57Alors moi, je vais me faire l'avocat du diable, si vous me permettez,

02:00mais quand on voit la liste des enseignes de textiles

02:03qui ont connu ces dernières années, des déboires financiers,

02:05la liste est longue,

02:05Kamaï, Koukaï, Gab, Jennifer, Caporal, Princesse, Tamtam,

02:08je pourrais en citer un nombre conséquent.

02:11Est-ce que finalement, Pinky n'était pas, quoi qu'il arrive,

02:14condamné à disparaître sans cette association avec Chine ?

02:18Je vais en prendre d'autres sociétés.

02:19Promod, par exemple.

02:21Promod est exactement dans ce même segment.

02:24Promod s'est transformé, Promod est plus durable,

02:27Promod est plus grand, et Promod se développe.

02:30Je pourrais vous citer Kiabi, je pourrais vous citer La Halle,

02:33qui a été aussi reprise de la même façon, qui allait très mal.

02:36Pareil, de nouveaux bénéfices, de nouveaux magasins.

02:38Ce que vous le dites, c'est qu'il y avait un autre modèle de commerce

02:41peut-être à inventer pour Pinky.

02:44La mode a évolué.

02:46Et le nouveau propriétaire de Pinky, M. Alassi, dit

02:49je vais avec Chine pour être plus digitalisé.

02:52C'est la démonstration de son incompétence.

02:54Il espère tripler ses ventes.

02:55Oui, bien sûr.

02:56Il va le faire.

02:57C'est possible.

02:58Il va tout perdre.

02:59C'est ce qui est la meilleure solution.

03:01Non, mais alors justement, parce que quand même,

03:03il y a une réalité, c'est le succès de Chine.

03:05Je regardais les chiffres, c'est l'enseigne de mode

03:07où les Français ont dépensé le plus en 2024.

03:09Est-ce qu'à un moment donné, au lieu de faire contre,

03:12il ne faut pas faire avec et penser à travailler

03:15avec cette plateforme chinoise ?

03:16Alors, est-ce qu'il faut travailler avec des truands ?

03:19En effet, c'est une question qu'on peut se poser.

03:21Parce que si je reprends derrière Chine,

03:23un, pas de taxes payées, donc pénalement, c'est répréhensible.

03:26Deux, des produits qui sont toxiques,

03:28là aussi, c'est répréhensible.

03:29Et ainsi de suite.

03:30Chine, évidemment, propose des prix qui sont hors normes.

03:33Mais derrière ces prix, il y a bien sûr le dumping chinois.

03:37Et donc, le but, c'est que l'Europe soit ensemble

03:40et que l'Europe mette en place des mesures,

03:42comme les États-Unis l'ont fait,

03:44des taxes majeures, par exemple de 50 à 100 euros,

03:47pour bloquer ces produits,

03:49tout simplement pour défendre nos emplois et les consommateurs.

03:52On a compris votre appel à l'Union européenne,

03:53notamment, pour mener des actions contre ces géants chinois.

03:57Merci beaucoup.

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