« Une attaque contre Google, c’est une attaque contre l’Amérique » : voilà comment Donald Trump a réagi à la nouvelle amende record infligée par la Commission européenne au géant de la tech. Il a même ajoutée, je le cite : « Si l’Europe veut la guerre économique, elle l’aura. » La même semaine, il rebaptise le Département de la Défense en « Département de la Guerre ». Une provocation ? Sans aucun doute. Mais révélateur surtout de l’évolution des rapports internationaux. De fait, l’économie n’est plus un terrain de coopération, mais c’est devenu un théâtre d’affrontement géoéconomique. [...]
00:00Une attaque contre Google, c'est une attaque contre l'Amérique.
00:12Voilà comment Donald Trump a réagi à la nouvelle amende record
00:16infligée par la Commission européenne aux géants de la tech.
00:19Il a même ajouté, je le cite,
00:22« Si l'Europe veut la guerre économique, elle l'aura ».
00:26La même semaine, il rebaptise le département de la défense en département de la guerre.
00:32Une provocation, sans aucun doute.
00:35Mais surtout un révélateur de l'évolution des rapports internationaux.
00:39De fait, l'économie n'est plus un terrain de coopération,
00:42mais c'est devenu un terrain d'affrontement géoéconomique.
00:44L'usage de l'expression « guerre économique » est excessif
00:49s'il désigne un conflit généralisé, permanent, avec des ennemis identifiés.
00:53Mais il devient pertinent dès lors qu'il exprime une intensification des rapports de force,
01:00des stratégies de prédation, des mesures de rétorsion ou de dissuasion dans l'ordre économique.
01:06C'est bien cette logique de géoéconomie qui s'impose aujourd'hui.
01:10Une économie mondialisée où les États réarment leur puissance à travers des instruments économiques.
01:15Ici, pas de tanks, pas de missiles, pas de drones.
01:21Mais il y a des sanctions, des embargos, des restrictions d'accès aux technologies clés, des pressions réglementaires.
01:29Les amendes infligées, les fusions interdites, les champions affaiblis, les brevets siphonnés.
01:34Tout cela relève d'une conflictualité rampante.
01:37Nos administrations économiques ont déjà intégré ces logiques.
01:42Contrôle les investissements étrangers, blocage de certaines exportations, soutien aux filières critiques, fiscalité numérique.
01:48Mais elles avancent masquées.
01:51Avec des discours technos qui peinent à mobiliser l'opinion et affirmer une vision stratégique.
01:56Certes, il n'est pas question de rebaptiser Bercy en ministère de la guerre économique.
02:01Mais cela invite à sortir d'un confort intellectuel désuet pour assumer que le commerce, la finance, la technologie relèvent désormais de la géoéconomie, qu'ils sont devenus des instruments de puissance.
02:14Le dire et savoir répliquer, ce n'est pas d'éclairer la guerre.
02:18C'est refuser de subir.
02:21L'histoire récente montre que ceux qui refusent de voir les conflits économiques se retrouvent désarmés ou achetés.
02:27Faut-il rebaptiser Bercy ? Certainement pas.
02:32Mais il faut changer de logiciel et cesser de croire que l'économie, au XXIe siècle, serait encore un monde d'optimisation non-conflictuelle.
02:41C'est désormais un jeu de stratégie, de pression, de résilience et parfois, oui, de combat.
02:47En d'autres termes, c'est le règne de la géoéconomie.
02:50A ce titre, l'accord commercial entre l'Union Européenne et Trump est une défaite cinglante.
Écris le tout premier commentaire