La guerre des industries de défense en Europe [Philippe Gattet]

Xerfi Canal

il y a 2 jours

L’Allemagne a tourné la page des « dividendes de la paix ». Après le fonds spécial de 100 Md€ pour la Bundeswehr, Berlin prévoit environ 95 Md€ en 2025 et vise 162 Md€ en 2029. Le cap des 2 % du PIB sera franchi durablement, avec l’ambition d’aller vers 3,5 %. Comme le rappelle la dernière étude Xerfi sur « L’industrie et le marché de la défense en Europe d’ici 2030», ce tournant budgétaire constitue une rupture majeure dans l’équilibre des puissances industrielles européennes de défense. [...]

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00:00L'Allemagne a tourné la page des dividendes de la paix.

00:11Après le fonds spécial de 100 milliards d'euros pour la Bundeswehr,

00:14Berlin prévoit environ 95 milliards d'euros en 2025 et vise 162 milliards d'euros en 2029.

00:22Le cap des 2% du PIB sera franchi durablement avec l'ambition d'aller vers 3,5%.

00:28Comme le rappelle la dernière étude Xerfi sur l'industrie et le marché de la défense en Europe d'ici 2030,

00:35ce tournant budgétaire constitue une rupture majeure dans l'équilibre des puissances industrielles européennes de défense.

00:43Face à elle, la France s'inscrit dans la durée 413 milliards d'euros sur 2024-2030

00:49via la loi de programmation militaire, près de 60 milliards d'euros en 2025

00:54et un cap annoncé à 64 milliards d'euros en 2027, soit autour de 2% du PIB.

01:02Le Royaume-Uni, lui, conserve un champion par la taille.

01:05BAE Systems reste le premier groupe européen de défense en termes de revenus.

01:11Sur le terrestre et les munitions, l'avantage est aujourd'hui allemand.

01:14Rheinmetall multiplie les capacités à inaugurer en basse-saxe,

01:19ce qui est présenté comme la plus grande usine européenne de munitions.

01:23Changement d'échelle assumé.

01:25KNDS, maison mère de Nexter et de KMV,

01:28illustrent la jonction franco-allemande au cœur des recompositions à venir.

01:33Côté français, le rattrapage est engagé.

01:36Relance de la production de poudre,

01:38montée en cadence des obus de 155 mm,

01:41sécurisation des chaînes du César.

01:43Dans l'électronique, Ensolt change de dimension.

01:47Capteurs, radars optroniques et des carnets au plus haut.

01:52En regard, la France conserve un pilier avec Thalès,

01:54poids lourd de l'avionique, des radars et du C4 ISR.

01:59Sur les missiles, l'européen MBDA, d'ADN franco-britannique,

02:03reste la référence avec Aster, Scalp Storm Shadow ou CMM.

02:08Tandis que l'allemand Dill accélère sur IRIS-T,

02:11dont la version bloc 2 fédère plusieurs partenaires européens.

02:16Dans l'aéronaval, le leadership demeure français.

02:19Le Rafale enchaîne les contrats et détient une base industrielle complète.

02:24Naval Group est leader dans les sous-marins et frégates avec un écosystème intégré.

02:28C'est là que se fait la différence, domaine auquel s'ajoute la dissuasion française,

02:34unique au sein de l'Union européenne.

02:37Reste une réalité, la dépendance européenne vis-à-vis des États-Unis.

02:42Sur la période récente, la majorité des importations d'armement des alliés européens de l'OTAN

02:47provient de l'industrie américaine dopée par le F-35.

02:52Et un obstacle, la fragmentation du marché européen entre préférence nationale et gouvernance de programmes complexes.

03:01De fait, l'Allemagne peut devenir le pivot industriel européen sur le terrestre,

03:06les munitions et une partie de l'électronique.

03:09Mais la France reste en tête sur l'aéronaval, les missiles et la dissuasion,

03:16avec un point fort à l'exportation.

03:18Mais un véritable leader européen n'émergera qu'avec davantage de coordination industrielle,

03:26une autonomie d'approvisionnement accrue et une augmentation des budgets de défense.

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