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Vous pensiez connaître le débat du GOAT par cœur ? Vous avez lu chaque tweet, chaque article, vous avez partagé vos propres classements et défendu Federer, Nadal ou Djokovic à outrance, comme si une vérité absolue se cachait derrière ce débat. Et nous aussi, on y a cru. Chez Game, Set & Talk, on a alimenté cette course aux chiffres, on a disséqué les bilans face-à-face et scruté les records jusqu’à l’épuisement. Parce qu’au fond, on aime ce sport mais surtout l’idée qu’on puisse désigner “le plus grand” une bonne fois pour toutes. Et si tout ça n’était qu’un piège ?

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00:00 : Introduction
02:00 : Naissance du mythe
05:05 : Le GOAT est un miroir
07:51 : Un mythe nourri par les algorithmes
10:07 : Ce que le débat nous vole
12:48 : Le GOAT comme némésis moderne
15:33 : Jouons le jeu !
17:39 : Comparaison avec d'autres sports
21:18 : Comment sortir du piège ?

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:00Vous pensiez connaître le débat du GOAT par cœur ? Vous avez lu chaque tweet, chaque article,
00:10vous avez partagé vos propres classements et défendu Federer, Nadal et Djokovic à outrance,
00:15comme si une vérité absolue se cachait derrière ce débat. Et nous aussi on y a cru. Chez Game
00:20Set and Talk, on a alimenté cette course aux chiffres, on a disséqué les bilans face à face,
00:24on a scruté les records jusqu'à l'épuisement, parce qu'au fond on aime ce sport. Mais surtout
00:28l'idée qu'on puisse désigner le plus grand de tous les temps. Mais et si tout ça n'était qu'un
00:32piège ? Le mythe du GOAT n'est pas seulement qu'un acronyme accrocheur, c'est une grille de lecture qui
00:37façonne notre regard, qui oriente nos analyses et nos émotions. Et à force de chercher à couronner le
00:42meilleur de tous les temps, on a glissé vers une obsession silencieuse, réduire le tennis à une
00:46logique comptable, quitte à sacrifier la richesse des styles et des époques. Cette quête du GOAT sans
00:51fin ne valorise pas les champions, elle les enferme dans une course qui n'en finit jamais. Elle nous
00:55vole le plaisir simple de vibrer devant un échange, de ressentir l'imprévu et de laisser le sport nous
01:00surprendre. Aujourd'hui on va faire le contraire, on ne va ni trancher ni hiérarchiser. On va prendre
01:06un pas de côté radical, déconstruire le mythe du GOAT pour révéler comment il nous manipule,
01:11comment il déforme notre rapport au jeu et comment il efface tout ce qui rend le tennis vivant. C'est
01:15pas une vidéo de plus sur Federer, Nadal ou Djokovic, non. C'est une exploration de ce qu'un mythe
01:20omniprésent peut cacher. Une obsession culturelle, la tyrannie des chiffres et la perte de notre
01:25innocence de fan. Alors accrochez-vous et soyez prêt à découvrir ce que le débat du GOAT ne vous
01:30a jamais dit. A comprendre, à ce qu'on perd, à tout vouloir départager. On part en voyage au cœur
01:35d'un mensonge collectif. Parce qu'en fin de compte, juger un sport pour un trophée, c'est oublier que le
01:40vrai trésor se trouve dans l'émotion, la surprise et l'inattendu.
01:47Alors GOAT, qu'est-ce que ça veut dire ? GOAT signifie greatest of all time, le plus grand de tous les temps.
02:05En anglais, GOAT signifie chèvre. D'où l'émoji de la chèvre qu'on retrouve très souvent lorsqu'il s'agit
02:10de parler de ce GOAT. Mais d'où vient concrètement cette appellation ? GOAT, c'est un terme qui a été
02:14popularisé par Muhammad Ali lorsqu'il affronte pour la première fois Sonny Liston pour la ceinture
02:18poids lourd. Sonny Liston qui était à l'époque champion du monde poids lourd. On est en 1964,
02:23Muhammad Ali a 22 ans, il est impétueux et peu aimé du public. Après le match qu'il gagne, Ali clame haut et
02:29fort, I am the king of the world, I am the greatest of all time. Et dix ans plus tard, en 1974, après son
02:36combat et sa victoire contre George Foreman, qui avait un bilan de 40 victoires dont 37 K.O. pour
02:41zéro défaite, Ali précise, I am still the greatest of all time. C'est donc Muhammad Ali lui-même qui s'est
02:48autoproclamé GOAT. Et en 1992, sa femme a officiellement constitué GOAT Incorporation. Pour centraliser et
02:55concéder sous licence les propriétés intellectuelles de son mari à des fins commerciales. Et donc
03:00concrètement, ce terme de GOAT, il est utilisé pour désigner le meilleur sportif de sa discipline.
03:04Mais également le plus grand de tous les temps. Donc le plus grand sur l'intégralité de la
03:09période où ce sport a été pratiqué par des professionnels. Donc pour établir une hiérarchie
03:12si précise qui permet de départager les meilleurs, il faut être sacrément pointilleux et rigoureux dans
03:17sa démonstration. Aujourd'hui, le terme de GOAT dépasse largement le sport. On en parle pour les
03:22rappeurs ou les acteurs, mais il faut le dire. C'est dans le sport que le terme a pris une
03:26ampleur vertigineuse. Entre comparaison de palmarès, de records, de longévité,
03:31désigner le GOAT est devenu une véritable religion moderne. Mais alors comment en sommes-nous
03:35arrivés là ? Aujourd'hui, toutes les données sont accessibles en un clic. On a des archives
03:40numérisées et surtout un public assoiffé de repères. Les réseaux sociaux vampirisent chaque
03:44débat, ils gonflent l'engagement et transforment une simple question en guerre digitale.
03:49Pourquoi avons-nous autant besoin de désigner le plus grand ? Bah peut-être parce que l'être
03:53humain déteste l'incertitude. On aime classer, on aime hiérarchiser, on veut des ambassadeurs,
03:58des sommets indiscutables. Et du coup, chaque nouveau record est scruté pour savoir s'il fait
04:02de son détenteur un nouveau prétendant au GOAT. Mais cette mécanique, rassurante sur le papier,
04:07se transforme rapidement en tyrannie silencieuse. Parce que les émotions sont rangées derrière une
04:12logique comptable. Une logique qui finit par devenir très dangereuse. À force de scruter chaque
04:16performance sous l'angle du GOAT, on oublie l'essentiel. Ce qu'on ressent quand le point
04:20bascule. La tension qui nous saisit lors d'un tie break. Le plaisir simple devant un échange fou.
04:26Là, ces dernières années avec le Big 3, certes, on a eu des chefs-d'œuvre. Et on a aussi assisté à
04:30une course complètement folle des chiffres. Djokovic a remporté 24 grands chelems, Rafael Nadal
04:35a remporté 14 Roland-Garros, Federer 20 grands chelems, sauf que ça ne s'arrête jamais. Et on finit
04:40par regarder ces gars plus pour le nombre de majeurs qu'ils remportent que pour la perfection de leur jeu.
04:44Donc dans ce flux de comparaison, le GOAT est un piège culturel. Il masque le jeu, il écrase les
04:50histoires qui sont racontées sur le cours. Et donc il formate notre manière de vivre le tennis.
04:53Mais si, derrière cette obsession, c'était nous qu'on cherchait à piéger, pourquoi on a ce besoin
04:58permanent de juger, de départager ? Qu'est-ce que ça dit de nous et de notre rapport à l'incertitude
05:03et à la performance humaine ? Quand on évoque le GOAT, on croit parler d'un critère universel. Mais c'est avant tout un
05:12reflet de nos propres valeurs, de nos propres émotions. Parce que derrière chaque palmarès
05:17et chaque record, il y a un spectateur qui projette ses désirs. Désigner le GOAT, c'est pas faire un
05:22choix. C'est un miroir dans lequel chacun scrute son propre rapport à l'excellence et à la réussite.
05:26En fait, c'est de la projection. C'est-à-dire qu'on attribue aux autres nos propres qualités
05:30ou nos propres défauts. En choisissant notre GOAT, on affirme un idéal qu'on vise personnellement.
05:35Si pour vous le GOAT c'est Federer, c'est peut-être que l'idéal que vous avez en tête pour un joueur de tennis,
05:39c'est la pureté et l'élégance. Si pour vous le GOAT c'est Nadal, c'est peut-être que l'idéal que vous
05:44avez en tête pour un joueur de tennis, c'est la résilience, la combativité. Et si pour vous le GOAT
05:49c'est Djokovic, c'est peut-être que l'idéal que vous avez en tête pour un joueur de tennis, c'est la
05:53polyvalence, la force mentale, et aussi parce qu'il a tout gagné. Mais ce miroir ne se limite pas à
05:57notre personne. Il prend aussi racine dans nos appartenances sociales. En sociologie, il y a la théorie de
06:03l'identité sociale, qui nous apprend que nous définissons souvent notre estime de soi par nos groupes de référence.
06:08Par exemple, supporter Djokovic parce qu'il incarne la réussite hors normes d'un outsider, ça résonne
06:13avec l'histoire de ceux qui ont dû faire leurs preuves et partir de plus bas. Supporter Nadal,
06:17c'est adhérer à l'idée que la sueur et la persévérance triomphe toujours. Donc ces choix
06:21de GOAT participent à la construction de notre identité. Sauf que ces débats permanents, ils
06:25finissent par pourrir l'expérience. Au lieu d'apprécier le jeu pour la tactique, la technique et
06:30l'émotion, nous on retient juste des chiffres et des records à battre. Du coup, on finit par se focaliser
06:35uniquement sur les meilleurs, au détriment des joueurs de second rang qui eux aussi représentent
06:39le tennis. Sauf que dans notre miroir, qu'est-ce qu'on veut voir ? On veut voir la meilleure
06:43version de nous-mêmes. Donc les second couteaux, on les oublie parce qu'ils ne nous intéressent pas.
06:47Le GOAT, c'est aussi une dictature des chiffres. On compte, on additionne, on classe, comme si la
06:52grandeur se mesurait qu'en statistiques. Mais il y a aussi de la grandeur dans un parcours inattendu,
06:56ou chez un joueur attachant qui crée une complicité avec le public. Mais non, en insistant sur les chiffres,
07:01on brise la dimension humaine et on juge chaque performance pour voir si elle est plus spectaculaire
07:06que la précédente. C'est comme si au cinéma, on regardait un film en se focalisant que sur les
07:10scènes qui sont aussi grandioses que le chef-d'oeuvre précédent. Bah non, ça marche pas comme ça. Et pour
07:14dépasser ce piège, il faut apprendre à regarder sans miroir. Il faut accueillir chaque match comme une
07:19page blanche et poser un regard neuf. Il faut se demander qu'est-ce qui m'a ému là ? Qu'est-ce que j'ai
07:23découvert de nouveau ? Plutôt que de se demander si ça me rappelle Federer ou Nadal ou Djokovic. En fait,
07:28il faut revenir au plaisir brut, à l'émotion immédiate. Le sport retrouve son humanité quand
07:33on l'observe sans avoir besoin de mesurer, de comparer. Donc finalement, la question n'est plus
07:37qui est le GOAT, mais plutôt qu'est-ce que je cherche à travers cet acronyme. Et surtout,
07:41c'est dans l'absence de jugement et non dans la course aux chiffres que naît la liberté d'aimer
07:46le tennis et le sport en général. Ce débat du GOAT qui est si animé, si passionnel,
07:54n'est peut-être que le résultat d'un système, d'un algorithme. Derrière chaque vidéo du GOAT sur
07:59YouTube, derrière chaque thread, derrière chaque discussion, on va pas se mentir,
08:02il y a un objectif très simple. Faire des vues, faire du clic. Mettre en confrontation des
08:07chiffres, des palmarès, faire des tiers listes. Parce que ça engage, ça divise et on adore ça.
08:12Je dis on parce que évidemment qu'on en fait partie sur la chaîne de tout ça. Le mythe du GOAT,
08:16en fait, c'est devenu un produit d'appel. Une formule monétisable qu'on sert en boucle pour nourrir
08:21les audiences et remplir nos propres carnets de commandes. Et en plus, l'algorithme y met du
08:25sien. C'est-à-dire que les contenus nuancés qui invitent à la réflexion vont passer bien après
08:30ces débats enflammés. Globalement, toutes les plateformes favorisent les contenus les plus
08:33polarisants, avec les titres les plus chocs. Et pour ça, le GOAT, c'est du pain béni. C'est un
08:38débat qui divise, qui crée des divergences d'opinion. En plus, on a les contes fans qui sont prêts à
08:42défendre corps et âme leurs joueurs et trouver tous les arguments de la planète pour avoir raison. Donc,
08:47tout ça, c'est intense. C'est passionnel. Et l'algorithme, il a tendance à vous montrer ce qui
08:51crée du conflit et pas forcément ce qui crée du sens. Et pendant ce temps, on passe sous silence
08:55des récits plus profonds. Les carrières brillantes sans grand chelem, les joueurs oubliés, les combats
09:00contre la pression médiatique. Non, on parle toujours des trois mêmes. Mais qui se souvient de
09:04ceux qui ont simplement osé exister face à eux ? Il y a des histoires qui sont essentielles pour
09:08comprendre le sport, mais qui sont reléguées au second plan parce qu'elles génèrent pas assez de
09:12débats viraux. Le storytelling du GOAT, c'est devenu une structure imposée. Et si tu rentres pas dedans,
09:17t'existe pas. C'est pas un complot, c'est un réglage éditorial et algorithmique. On pense
09:22débattre librement et finalement on rejoue tous le même scénario indéfiniment. On croit débattre,
09:26mais on est juste des figurants, dans une scène qu'on nous a imposé et qu'on fait que répéter.
09:31Après avoir vu nos émotions refléter et analyser, on perd aussi l'instant, on perd la surprise et la
09:37simple joie de vibrer sans regarder le compteur. Donc il faut absolument redonner au sport la spontanéité
09:42qu'il mérite. Et à nos regards, la liberté qu'on nous a confisquée. Si ce voyage au cœur du mythe
09:47du GOAT est en train de vous ouvrir les yeux, n'hésitez surtout pas à vous abonner et à activer
09:51la cloche. On publie souvent des histoires fascinantes autour du tennis. Et si vous souhaitez
09:55nous aider dans notre projet et soutenir notre démarche indépendante, toutes les infos du Tipeee
09:58sont en description. Maintenant, découvrons comment ce débat nous vole, ce qu'il y a de plus précieux dans notre sport.
10:03Dans le tennis, peut-être plus qu'ailleurs, on ne regarde plus un match pour ce qu'il est réellement.
10:11On le regarde pour potentiellement le glisser dans l'éternel débat du GOAT. Et avec ce débat,
10:16le tennis glisse d'un sport avec une histoire riche à un tableau Excel qui est saturé de lignes et de
10:21colonnes avec des cellules à remplir. Et ce besoin permanent d'hiérarchiser là, il concerne plus
10:26seulement les fans. Maintenant, les journalistes en parlent, les commentateurs en parlent, jusque dans
10:30les conversations de club. Donc là, on a un tennis qui ne savoure plus, on a un tennis qui s'archive.
10:35Et ce vol du présent nous prive de la magie de l'instant, de la surprise d'un point incroyable.
10:41Mais le problème, c'est que cette obsession n'épargne pas les joueurs. Sur les cours,
10:44ils n'affrontent plus un adversaire, ils affrontent une attente et une légende à construire. Chaque
10:49victoire ne devient plus qu'un chapitre du mythe qu'on attend d'eux. Et chaque défaite,
10:53une fissure dans leur légende naissante. Donc dans ce scénario, la carrière, les exploits,
10:57les désillusions, les blessures sont réduits à des données. Et l'athlète, lui, il n'a plus le
11:02droit d'exister en dehors du prisme du GOAT. Donc là, on est dans une logique qui impose une
11:06pression invisible, mais permanente. Imaginez un monde où chaque succès professionnel serait
11:11systématiquement comparé à celui d'un prédécesseur. Une promotion devient une note sur un barème.
11:16Un projet innovant, juste un jalon de plus dans un classement. Ça serait insupportable.
11:20Bah pourtant, c'est exactement ce qui se passe dans le tennis. Carlos Alcaraz, il a 22 ans,
11:25et il est déjà scruté comme le potentiel successeur de Djokovic. Yannick Sinner,
11:29c'est pareil. On s'imagine déjà un nombre de majeurs pour les deux. Donc au lieu de les
11:33admirer et évoluer, nous, on compte, on additionne. Et eux, ils doivent cocher des cases prédéfinies,
11:38au risque d'être jugés décevants. Du coup, leur passion se transforme en devoir de performance.
11:43Donc ça devient horrible à gérer. C'est pas les raisons qui les ont poussés à jouer au tennis.
11:47Et psychologiquement, cette obsession de la comparaison, elle crée un sentiment d'aliénation terrible.
11:52Et le joueur ne se reconnaît plus dans son jeu, mais plutôt dans l'image qu'on attend de lui.
11:56Les récits de résilience passent au second plan, et on oublie que chaque champion, avant d'être un
12:00recordman, c'est d'avoir une personne en quête de sens et de plaisir. Et au final, ce débat sur le
12:05GOAT, il nous vole deux choses. L'instantanéité du plaisir, et la liberté des athlètes de jouer pour
12:10eux-mêmes. Sans être prisonnier d'un héritage imposé. Et si pour retrouver cette liberté, on décidait
12:15enfin de lâcher ces comparaisons. De regarder un match sans l'ombre des légendes passées. De célébrer chaque
12:21victoire, chaque titre, pour ce qu'ils sont. Et pas pour ce qu'ils ajoutent à un palmarès.
12:24Et faut bien comprendre une chose. Cesser de traquer le GOAT, c'est pas renier les plus grands champions,
12:29les plus grandes légendes. C'est juste leur laisser l'espace de créer leur propre récit. C'est redonner
12:33au tennis son humanité en acceptant les erreurs et en accueillant l'imprévu, en savourant la beauté
12:38de l'instant. Et c'est à ce moment précis qu'on redeviendra des fans libres. Prêts à vibrer à chaque tournoi.
12:43Et si le GOAT n'était pas un Graal, mais un foison. Ce fantasme de désigner le plus grand
12:53ressemble à un jeu, mais en réalité il agit comme un venin qui ronge lentement le sport. Dans le
12:58tennis, le débat du GOAT a pris une ampleur incroyable. Federer, Nadal, Djokovic. Trois légendes
13:03qu'on a fait co-poser en permanence pendant 20 ans. Chacun avait ses arguments. Federer c'est
13:08l'élégance, Djokovic c'est le plus complet, Nadal c'est 14 Roland-Garros et un mental d'acier. Comme
13:13si leur carrière, leur métier, leur sacrifice pouvait être réduit à un statut. Un statut hyper
13:18exigeant quand on y pense. Parce que pour être le GOAT, on a l'impression qu'il faut être le plus
13:22fort, le plus aimé, le plus titré, le plus complet. Là on parle d'un idéal impossible. Un joueur ne peut
13:27pas être tout ça à la fois. Objectivement Federer aurait pu l'être, mais il s'est fait dépasser assez
13:32rapidement. Donc cette quête du GOAT transforme le sport en un tribunal perpétuel. Et même quand
13:37Djokovic gagne son 24e grand chelem, bat tous les records et gagne les JO, nous on cherche encore.
13:42Ouais mais Nadal c'est 14 Roland-Garros quand même. Puis Federer c'est 8 Wimbledon. Djokovic
13:46en a que 7. En fait on devient complètement fou. On cherche la petite bête et on en veut toujours
13:51plus. Et psychologiquement c'est un engrenage infernal. Parce que chaque nouvel exploit nous
13:56procure un bref pic de satisfaction. Et puis on bascule vite dans les chiffres. On fait les comptes
14:00et on se demande qu'est-ce qui manque à ce joueur pour qu'il puisse prétendre être le GOAT. Et
14:04sociologiquement, c'est un cercle vicieux alimenté par les algorithmes. Des algorithmes
14:09qui favorisent les contenus les plus polarisants et les débats sans fin. Là, les Alcaraz et
14:13les Sinners sont déjà missionnés de dépasser les anciens. Donc c'est horrible. Parce qu'à
14:17la fin de leur carrière, s'ils ont pas gagné 20 grands chelems, ce sera raté entre guillemets.
14:22Et le plus terrifiant dans tout ça, c'est que le débat du GOAT, c'est pas une question
14:25de vérité historique. C'est juste un fantasme plutôt débile. Parce que chaque époque a ses caractéristiques
14:31propres de jeu. Et du coup, c'est quand même très audacieux de mettre Federer et Lever sur
14:35la même ligne de départ. Donc dans cette histoire, faut pas tirer une conclusion. Faut plutôt
14:39savourer la narration. Federer, Nadal et Djokovic, on peut pas les résumer à des chiffres. C'est
14:43impossible. Sinon, on a rien compris de ce qui s'est passé pendant 20 ans. Et on est
14:47passé à côté de grands moments. Moi, j'avoue que ça m'est arrivé de faire cette erreur
14:50et de penser chiffres comme un dingue. En finale de l'Open d'Australie 2019, par exemple,
14:54Djokovic-Nadal. Moi, je suis team Nadal. Et c'était une finale super importante. Parce que
14:58Rafa jouait pour remporter son 18ème grand-chlem, Djokovic pour remporter son 15ème grand-chlem.
15:03Donc à la fin du match, c'était soit 17-15, soit 18-14. Mais j'ai eu tort de raisonner
15:08chiffres. Parce que ça m'a complètement coupé du jeu et de la performance exceptionnelle
15:12de Djokovic. Alors oui, on peut continuer à débattre, on peut continuer à hiérarchiser,
15:16à faire des classements. Mais il faut être conscient du prix à payer. C'est la perte de la magie
15:20du présent. C'est la fatigue des athlètes dans une quête sans fin. Et je dirais même
15:24l'appauvrissement de notre propre expérience de fan. Mais si le Gout ne désignait pas vraiment
15:28le plus grand, mais plutôt celui qu'on avait le plus besoin d'aimer.
15:34Alors jouons le jeu. Oublions un instant les émotions, les préférences, et concentrons-nous
15:38sur les chiffres. Qui domine vraiment ? Dans le palmarès, évidemment, c'est Novak Djokovic.
15:4324 titres du grand-chlem, plus que Federer et Nadal, le plus complet. Le seul joueur à
15:47avoir gagné chaque majeur au moins 3 fois. Tous les Masters 1000 gagnés au moins 2 fois.
15:51Un bilan positif contre ses deux rivaux. Et cerise sur le gâteau, la médaille d'or au
15:55Giot enfin remportée. Je crois que c'est clair. Djokovic, c'est le boss. Pourtant,
16:00ces chiffres s'inscrivent dans une époque. Comme je l'ai dit, c'est difficile de mettre
16:03Roger Federer et Rod Lever dans le même panier. Imaginez un peu Borg avec une raquette d'aujourd'hui.
16:08Imaginez Nadal en 1980 avec une raquette en bois. Le tennis de 2025, c'est un laboratoire
16:13où chaque paramètre est analysé. Tout est calibré. Surface, cordage, préparation mentale,
16:19analyse micro-tactique. Or, il y a 30 ans, il y a 40 ans, les conditions de jeu n'avaient rien
16:23à voir avec les moyens qu'on a aujourd'hui. Donc le règne de Djokovic s'inscrit dans
16:27une ère de science et d'expertise. Et aussi dans une densité de concurrence inédite.
16:31Donc ce contexte extraordinaire, il valorise les exploits de Djokovic, mais il disqualifie
16:36toute comparaison. Alors oui, sur le papier, Djokovic, c'est le gâte absolu. Il a tout
16:40gagné. Mais le constat est incomplet. Il oublie le contexte, les époques, la densité
16:44de la concurrence, la technologie. Et pourtant, malgré cette domination dans les chiffres,
16:49Federer et Nadal sont encore beaucoup considérés comme les gâtes pour certains. Parce
16:52qu'ils sont plus aimés d'une part, mais aussi parce que dans l'inconscient collectif,
16:56ils ont incarné autre chose. Federer, il a cette élégance pure. Un idéal esthétique
17:00qu'on n'avait jamais vu. Nadal, il a porté le combat et la résilience à un niveau jamais
17:05atteint. Et si ces émotions restent incantifiables, elles résonnent en nous plus fort que n'importe
17:10quel trophée. Il est là tout le non-sens du débat. Ce qui fait vibrer, c'est pas la balle
17:14de match pour gagner un majeur. C'est un gros retournement de situation. C'est un match
17:18exaltant. Un chef-d'oeuvre qui va jusqu'au bout de la nuit. Oui, Djokovic, c'est
17:22le gâte. Mais le véritable adversaire, c'est pas Federer ou Nadal. C'est notre illusion
17:25d'un mythe absolu qui n'a pas lieu d'être. Et tant qu'on cherche un seul nom pour résumer
17:29tout un sport, bah pardon, mais on est passé à côté de l'essentiel. A savoir la liberté
17:33d'aimer le tennis pour sa richesse et son côté imprévisible.
17:40Alors ça vous a pas échappé, il n'y a pas que dans le tennis où on s'amuse à élire
17:43ce fameux gâte. Ce gâte, il touche tous les sports. Et partout où il passe, il crée des
17:48effets secondaires. Dans le foot, bien sûr, avec Pelé, Maradona, Messi, Ronaldo. Dans
17:53le basket, avec Jordan, avec Lebron, avec Kobe. Sauf que la folie va encore plus loin
17:58quand on s'amuse à comparer chaque gâte des différents sports pour au final désigner
18:02le plus grand sportif de tous les temps. On devient vraiment fou. Et je fais partie
18:06de ça parce que j'ai fait une vidéo qui visait à désigner le plus grand sportif.
18:09Mais je dis qu'on devient fou parce que là on s'amuse à mélanger des sports individuels
18:12à des sports collectifs. Rien que ça, c'est délirant. Là, on met sur la même ligne
18:16de départ un sprinter, un tennisman, un footballeur, un basketeur, un boxeur. Donc en fait, on
18:22confronte Novak Djokovic à Michael Jordan, à Usain Bolt, à Lionel Messi, à Mohamed
18:27Ali, à Michael Phelps, à Tom Brady. Alors oui, ça fait rêver parce que chaque nom évoque
18:31un sommet grandiose. Sauf que chaque monde possède ses propres règles. Chacun évolue dans un écosystème
18:37unique, avec des exigences techniques, tactiques et physiques qui lui sont propres. Pourtant,
18:41on cherche à comparer leur palmarès comme s'ils répondaient aux mêmes critères. Je
18:45vous la fais simple. C'est comme si on prenait un boucher, un comptable, un commercial, un
18:49ingénieur, un prof, et qu'on se demandait, alors, c'est qui le meilleur dans son job là ?
18:53Vous voyez bien que ça n'a aucun sens. Le terme de Goat a aussi pu être mal compris
18:57par certains. Ou alors, on s'est pas assez mis d'accord pour avoir une définition bien
19:01claire et précise. On confond encore trop palmarès et influence. Déjà, il faut bien se mettre
19:06d'accord et dire que quand on parle du Goat, soit on parle du palmarès, et là c'est
19:10potentiellement quantifiable, même si ça peut rester compliqué, soit on parle de
19:13l'influence, du style, des émotions ressenties. Et là, on bascule complètement dans la
19:18subjectivité. Et chacun choisit qui il veut. Mais revenons sur la comparaison entre
19:22sports. Les sports collectifs n'ont rien à voir avec les sports individuels. Parce
19:26que dans un collectif, un joueur n'est pas seul, par définition. Il fait partie d'une
19:30équipe. Donc le poids de chacun, la responsabilité est dissoute. Pour un sport individuel, c'est
19:34toi à 100%. Donc chacun de tes mouvements compte. Et le mérite, au final, de la performance
19:39n'est pas du tout le même. Même l'intelligence artificielle, avec sa capacité de traiter
19:43des teraoctets de données, peine à trancher entre les différents sports. Dans un classement
19:47établi par Time, une intelligence artificielle a couronné Tom Brady. Donc numéro 1, football
19:52américain. En deuxième, on a Michael Jordan, donc le basket. En troisième, Tiger Woods, donc
19:57du golf. En quatrième, Mohamed Ali, la boxe. Et en cinquième, Pelé, football.
20:02A noter que le tennis n'apparaît qu'en onzième position. Avec non pas Djokovic, mais Federer.
20:07Et en douzième, on a Serena Williams. Donc on se rend bien compte que l'IA n'a pas
20:10seulement pris les palmarès comme critère. Elle a pondéré les critères de l'impact,
20:15des titres, de l'influence et de l'héritage. Sauf que cette intelligence artificielle, elle
20:19reste muette sur les émotions. Sur la dramaturgie d'un match serré.
20:23Puis pourquoi Federer avant Djokovic ? Djokovic, il a pas eu un impact fou sur le tennis ? Et pourquoi
20:28Federer avant Lever ? Lever, il a pas révolutionné le tennis ? Le seul joueur
20:31à avoir réalisé deux fois le grand chelem calendaire ? Donc on voit bien que tout ça,
20:35ça tient sur un fil. C'est des débats de passionnés pour passer le temps. Plus que
20:38pour pousser une réflexion pertinente. Et on voit bien qu'en voulant classer comme
20:42ça, on finit par trahir la richesse du sport. Et c'est peut-être ça le cœur du message
20:46de cette vidéo. Le sport, c'est pas un seul langage. C'est un ensemble de langages. Comme
20:50dans le monde. Et ça vous aura pas échappé. Dans une même phrase, on peut pas mettre un
20:53petit peu de français, un petit peu d'anglais, un petit peu d'espagnol. Ça marche pas,
20:57ça veut rien dire. Donc Djokovic, Jordan et Bolt ne sont pas en concurrence. Ils existent
21:02juste dans des récits différents. Et vouloir les regrouper dans un seul sac, c'est irresponsable.
21:07Alors je dis pas, ces débats sont très tentants. On en a fait je sais pas combien ici sur
21:10la chaîne. Sauf qu'au final, ils nous éloignent de la beauté de chaque sport, de leur spécificité
21:15et de leur singularité. Alors dans cette vidéo, on a exploré le pouvoir de fascination du débat
21:24du GOAT. Mais maintenant, qu'est-ce qu'il reste quand on ferme les tableaux Excel ? Bah pas grand
21:28chose, parce qu'on a tellement été fasciné par les chiffres qu'on a plus trop l'habitude de regarder
21:32un match sans arrière-pensée. Alors et si au lieu de chercher perpétuellement un meilleur de tous
21:37les temps, on retournait à l'essence même du sport ? A l'instant précieux où on se lève un dimanche
21:41matin pour allumer sa télé et regarder la finale de l'Open d'Australie. Pour admirer
21:45un revers long de ligne, un passing en bout de course, le fameux silence avant la balle
21:49de match. En fait, toutes ces émotions qu'on a trop occultées derrière notre obsession
21:53de tout hiérarchiser. Et à force de compter, on a peut-être trop oublié le présent finalement.
21:57Parce qu'elle est là la manipulation du débat du GOAT. Ce GOAT, il nous fait croire qu'il
22:01y a un sommet à atteindre et un joueur à élire. Et pire, ce GOAT, il nous fait croire qu'il
22:05faut tout quantifier pour tout ressentir. Pourtant, le sport c'est pas une équation, c'est
22:10un frisson. Et à force de vouloir couronner un dieu, on en oublie tous ceux qui ont sacrifié
22:14leur vie pour ce sport. Et qui à la fin de la journée finissent dans l'oubli. La vraie
22:18richesse du sport, c'est pas un palmarès incroyable. Ce sont les souvenirs qu'on en
22:22garde. Alors oui, continuez à débattre si vous aimez les comparaisons, moi j'adore ça.
22:26Mais n'oubliez pas de vivre aussi le tennis pleinement. Là, on a une génération incroyable
22:30avec deux joueurs fantastiques, Alcaraz et Sineur. Alors essayons juste de pas compter bêtement
22:35après chaque grand chelem remporté par l'un ou par l'autre. Et laissons-nous être surpris
22:39par l'imprévu. Le sport, il est fait pour être regardé, pour être vécu, et pour
22:43aimer. Pas pour compter. Et si cette vidéo vous a donné envie de voir le tennis autrement,
22:47n'hésitez surtout pas à aller voir notre vidéo qui retrace l'histoire complète
22:51du tennis. La vidéo s'affiche juste ici. Ciao !

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