- il y a 4 mois
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, estime qu'il faut "abandonner" la suppression de deux jours fériés proposée par François Bayrou.
Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00Et avec Benjamin Duhamel, nous recevons donc ce matin dans le grand entretien la présidente de l'Assemblée Nationale.
00:07Vous pourrez dialoguer avec elle sur l'application de France Inter et au standard 01 45 24 7000.
00:15Yael Broun-Pivet, bonjour.
00:17Bonjour.
00:17Merci d'être avec nous ce matin au micro de France Inter.
00:20On va parler dans un instant des scénarios pour l'après 8 septembre de ce que cette crise politique dit de nos institutions.
00:29Mais d'abord les dernières déclarations de François Bayrou.
00:32Hier soir, le Premier ministre absolument persuadé que les choses peuvent bouger dans les prochains jours.
00:38Alors même que les socialistes et le Rassemblement National ont une nouvelle fois rappelé qu'ils voteraient contre la confiance.
00:46Croyez-vous encore une seule seconde à la possibilité que François Bayrou ne tombe pas dans tout juste une semaine ?
00:54Oui, j'y crois parce qu'il y a encore quelques jours avant cette date du lundi 8 septembre que le Premier ministre, et il a été très clair,
01:04n'engage pas la responsabilité de son gouvernement sur l'ensemble de son action et sur l'ensemble de son action passée et à venir,
01:12mais sur cette question précise.
01:14Et vous savez, moi je suis présidente de l'Assemblée Nationale, je me suis reportée dans les précédents.
01:19Et il y a eu des précédents avec Michel Rocard, avec Pierre Bérégovoy, Pierre Moroy,
01:25qui ont engagé leur responsabilité sur une question précise en disant
01:28« ça ne vaudra pas satisfaite pour tout ce qu'on fait, mais sur cette question fondamentale, très importante,
01:35j'ai besoin de savoir si vous me suivez ».
01:37C'est ce que fait François Bayrou sur la question du montant de l'effort et de la trajectoire à suivre.
01:43Et je crois que là-dessus, si on répond en toute sincérité à cette question-là,
01:48moi je ne vois pas un responsable politique qui a l'intention de gouverner notre pays,
01:54qui peut répondre non à la question de la dette, à la question de la trajectoire.
01:59Yael Brunpivé, on va revenir non seulement sur cette stratégie de François Bayrou,
02:03sur le contenu également des efforts qu'il propose aux Français,
02:07mais juste à partir du moment où Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS,
02:10dit que la décision, que sa décision est, je cite, « irrévocable ».
02:14Est-ce qu'il n'y a pas une forme de méthode couée à ce matin venir au micro de France Inter
02:17et dire « oui, oui, j'y crois, vous en êtes réduite, Yael Brunpivé, à croire au miracle,
02:21si vous souhaitez que François Bayrou reste à Matignon ? »
02:24Je ne crois pas au miracle, je crois à la puissance du dialogue.
02:28Je vois que...
02:29Et pour un dialogue, il faut être deux, Yael Brunpivé ?
02:31Évidemment, il faut dialoguer avec chacun, il faut dialoguer avec les oppositions.
02:36Il aurait peut-être fallu davantage dialoguer cet été avec elles pour pouvoir préparer le terrain.
02:43Il n'y a pas eu assez de dialogue cet été ?
02:45Manifestement, en tout cas, les oppositions le disent, je les entends,
02:49elles nous disent, elles estiment qu'elles n'ont pas été assez associées,
02:54qu'elles n'ont pas été assez consultées par le Premier ministre, dont acte.
02:58Nous ne sommes pas le 8 septembre, nous avons la semaine,
03:01le Premier ministre a ouvert la porte de Matignon, il l'ouvre aux discussions,
03:05je l'ai entendu attentivement hier, il ouvre aussi aux discussions
03:08sur un certain nombre de mesures présentées dans le budget.
03:11Moi, je crois en l'engagement sincère des uns et des autres pour leur pays.
03:16Mais pardonnez-moi, Yael Brunpivé, quand un responsable politique dit
03:18« Ma décision, notre décision est irrévocable ».
03:20Je ne suis pas là ce matin pour analyser les propos d'Olivier Faure ou de je ne sais qui.
03:26Moi, je suis là pour parler de notre pays, pour œuvrer dans l'intérêt de mon pays
03:31et pour œuvrer dans l'intérêt de mon pays, il faut de la stabilité politique,
03:35il faut des hommes et des femmes politiques qui se parlent,
03:37qui se mettent autour d'une table pour essayer d'avancer ensemble
03:40et qui se mettent d'accord sur la trajectoire de réduction de nos déficits publics.
03:43Vous disiez il y a un instant que peut-être, sans doute,
03:46il n'y avait pas eu suffisamment de négociations cet été.
03:48Il y avait aussi quelque chose de singulier à entendre hier soir.
03:50François Bayrou expliquait que les propositions du Parti Socialiste
03:53étaient les plus éloignées de celles qu'il avait pu recevoir,
03:56l'entendre aussi balayer les propos d'Olivier Faure d'un simple « bon, lui, il veut être à Matignon ».
04:01Si on veut négocier, il faut éviter peut-être de braquer d'éventuels partenaires.
04:05Ah, ça vous fait sourire ?
04:06Ça me fait sourire parce qu'il y a effectivement parfois des mots qui sont maladroits,
04:13on peut le dire comme ceux-là.
04:15Lesquels ?
04:15On peut penser aux vacances.
04:18Non, la France entière n'est pas en vacances en juillet et en août.
04:21En août, on est tous bien placés pour le savoir.
04:24Beaucoup d'entre nous étaient au travail et les Français sont au travail en été.
04:29Donc, il faut arrêter, je crois, d'avoir cette vision-là.
04:33Maintenant, à nouveau, ne nous braquons pas sur des mots,
04:35ne nous braquons pas sur des postures, ne nous braquons pas...
04:38Mais il y a de la maladresse, c'est ce qu'on entend ce matin chez vous.
04:40Il y a de la maladresse chez François Bayrou.
04:41Il faut toujours, moi j'essaye de reconnaître à chaque fois lorsque je n'agis pas au mieux
04:46et personne n'est parfait.
04:48En revanche, moi je crois que le Premier ministre pose un constat qui est important de partager
04:55avec les hommes et les femmes politiques, mais surtout avec nos compatriotes.
04:58Il faut qu'on rentre dans une logique d'effort collectif, partagé et juste.
05:03C'est simplement ça qu'il nous dit et c'est cela qu'il faut emprunter.
05:07Vous savez, après le 8, il faudra un budget pour la France.
05:11Il faudra un budget pour la France.
05:13Et ce budget sera nécessairement un budget d'économie.
05:17Nécessairement.
05:18Juste avant de parler des mesures, vous faisiez référence à effectivement cette phrase
05:22« Pourquoi n'avez-vous pas négocié cet été ? »
05:24Parce que les oppositions étaient en vacances.
05:25Est-ce qu'il y a une forme d'anti-parlementarisme à souligner de cette manière-là les vacances des parlementaires ?
05:31Mais en tout cas, moi je vois en plus sur les réseaux sociaux, beaucoup qui soulignent les vacances parlementaires,
05:37le calendrier de session, etc.
05:39Il y a surtout une grande méconnaissance du travail des parlementaires.
05:44Par le Premier ministre lui-même ?
05:45Non, par tout le monde en fait.
05:47Je pense qu'on a collectivement un travail à faire sur la connaissance de nos institutions,
05:52la connaissance du Parlement.
05:53Les parlementaires, lorsqu'ils ne sont pas en session, ne sont pas nécessairement en vacances.
05:59Moi j'ai des parlementaires là, cette semaine, qui travaillent sur un texte de loi important,
06:03le texte résilience, et qui vont déposer des amendements à l'Assemblée nationale.
06:07Cette semaine !
06:08Alors que la session recommence le 1er octobre.
06:11Ils ne sont pas en vacances.
06:12Et puis vous savez, quand on fait de la politique, moi je le vois maintenant,
06:15je fais de la politique depuis 2017.
06:17Mais attendez, c'est matins, midi et soir, 7 jours sur 7.
06:20On ne s'arrête jamais.
06:21On est toujours disponible.
06:22Notre téléphone, il est toujours allumé.
06:24On est sur le pont, parce que c'est pour ça qu'on a été élu par les Français.
06:28Sur le fond, Yael Brown-Pivet, François Bayrou a ouvert la porte à des concessions,
06:33notamment sur les jours fériés supprimés.
06:36Peut-être un jour et non plus deux jours.
06:39Est-ce qu'il faut, selon vous, que le gouvernement dise clairement
06:41« on abandonne cette mesure » ?
06:44C'est un chiffon rouge pour beaucoup.
06:45Alors, le gouvernement, et moi c'est ça auquel je souscris dans la démarche du Premier ministre,
06:52c'est de dire d'abord la masse globale, puis après les mesures.
06:56Je crois que son intention n'était pas justement de négocier mesure après mesure
06:59pendant cette semaine, mais de se mettre d'accord sur la trajectoire.
07:02Je pense qu'il faut quand même en rester là, tout en étant extrêmement ouvert.
07:06Donc il ne faut pas bouger sur les jours fériés, alors même qu'une immense majorité de Français
07:10rejette cette option ?
07:12Je n'ai absolument pas dit ça.
07:13Je dis simplement que cette semaine, ce n'est pas le temps de la discussion mesure après mesure.
07:19Maintenant, évidemment que si on veut avoir un budget qui est négocié avec les différentes forces politiques,
07:24il va falloir qu'il y ait des bougés, il va falloir qu'il y ait des gros bougés.
07:28Lesquels ?
07:28Sauf qu'il faut rester dans l'épure de la trajectoire que le Premier ministre a fixée,
07:35que les spécialistes fixent, avec l'objectif d'atteindre à nouveau les 3% de déficit en 2020.
07:43Un gros bougé sur quoi, par exemple ?
07:44Un gros bougé, parce qu'un gros bougé, ça bouge !
07:47Non, mais il faut qu'il y ait un bougé sur les jours fériés.
07:52Moi, je suis d'accord avec ça.
07:54Faire demander aux Français toujours de travailler plus pour ne pas gagner plus,
07:59ça n'est pas acceptable.
08:00Donc, il faut qu'il y ait un bougé sur les jours fériés.
08:01Mais un bougé, pardon Yael Brond-Pivet, un bougé, si on passe à 1,
08:03ou est-ce qu'on se dit, on met de côté ?
08:05Et effectivement, ça a trop braqué de dire aux Français,
08:07vous allez travailler davantage pour 0€ en plus.
08:09Moi, je crois que ça a trop braqué et qu'il faut abandonner cette idée de mesure.
08:14Moi, je pense que les Français, et je les entends, je les vois,
08:17je suis sur le terrain, j'étais encore à des salons d'association ce week-end.
08:20Les Français qui travaillent, ils font un effort,
08:24et ils ont besoin de savoir que cet effort, il est partagé.
08:27Donc, moi, je suis plus favorable à faire des bougés sur les fiscalités,
08:31sur les hauts patrimoines, sur les questions engagées des travaux,
08:36sur la question des transmissions de patrimoine, etc.
08:39Il faut de la justice fiscale, il faut de la justice sociale aussi.
08:42Vous savez que le Premier ministre s'était engagé,
08:45et je sais que le texte est prêt,
08:46à déposer un grand projet de loi à l'Assemblée nationale
08:49sur la lutte contre la fraude sociale et la fraude fiscale.
08:54Moi, ce que j'entends, c'est que les Français, ils en ont marre.
08:56Ils en ont marre des fraudeurs, mais ils en ont surtout marre des profiteurs.
09:00Et les profiteurs, il y en a partout dans toutes les classes sociales.
09:03Et donc, je crois que ça, on peut se retrouver pour attaquer ce genre de sujets qui sont majeurs.
09:08C'est important ce que vous dites.
09:10Abandonner la mesure sur les deux jours fériés supprimés,
09:12sur la question de la fiscalité.
09:14Parce qu'on entend des choses, mais un peu impressionnistes.
09:16Oui, ouvrir la porte, taxation des plus aisés.
09:19Concrètement, est-ce que vous êtes prête ce matin à dire au micro,
09:22il faut rompre avec ce tabou macroniste depuis 2017,
09:25de la non-augmentation des impôts sur les plus aisés,
09:28qui ne serait pas seulement des mesures visant à revenir sur l'optimisation,
09:33à mettre un plancher de fiscalité.
09:36Est-ce qu'il faut, par exemple, un impôt sur le patrimoine des plus aisés,
09:40un impôt sur les héritages ?
09:42Je vous entendais l'évoquer la semaine dernière.
09:43Est-ce que ça, il faut que ce soit dans le projet de loi de finances ?
09:45Mais moi, j'en parle depuis longtemps.
09:47Ça n'est pas nouveau.
09:49J'ai fait partie des premiers à demander à ce que l'on supprime et révise
09:54l'avantage fiscal dont bénéficient les retraités les plus aisés.
09:57Ça, c'est déjà dans le texte.
09:58C'est dans le texte, oui.
09:59Mais je l'ai proposé avant que ce soit dans le texte.
10:01C'est grâce à vous.
10:02Je ne sais pas, mais en tout cas, je pense qu'il ne faut pas qu'il y ait de tabou.
10:05C'est ça aussi, le macronisme.
10:07Pas de tabou sur l'augmentation des impôts.
10:08Et donc, moi, je crois qu'il faut regarder.
10:12Les Français ont besoin de justice.
10:14Ils ont besoin d'équité.
10:15Ils sont prêts à faire des efforts.
10:18Ils sont prêts à faire des efforts.
10:19Mais il faut, d'une part, que cela serve à quelque chose.
10:22Et c'est pour ça que la trajectoire, c'est important.
10:24Parce que les efforts, il ne faut pas que ce soit juste un one-shot,
10:27genre seulement ce budget.
10:28Il faut que ça nous permette, à horizon 2029,
10:32de parvenir enfin au 3% de déficit.
10:35Et c'est ça que propose le Premier ministre.
10:37Et c'est ça que nous proposons.
10:38Donc, des efforts, et justement répartis, justement partagés.
10:42Et donc, il n'y a pas de raison que ces efforts ne portent pas,
10:46également, sur les hauts revenus et sur les hauts patrimoines.
10:48Après, à regarder quelles mesures s'adaptent.
10:51Et cela, ça se négocie, mais ça se négocie aussi avec le patronat, etc.
10:56Remettons aussi de la négociation avec les corps intermédiaires,
11:00avec les citoyens.
11:01C'est ce dont on a manqué aussi, mais alors là, depuis des années.
11:04Donc, vous êtes d'accord à vous entendre sur ce débat de fond ouvert par François Bayrou,
11:11celui sur les privilèges présumés de ceux qu'il appelle les boomers,
11:15au déprimant de ceux qui travaillent ?
11:16Mais moi, je ne parle pas comme ça, je suis désolée, Yannick.
11:19Non, je ne parle pas de privilèges, je ne parle pas de...
11:21C'est simplement, je parle d'équité.
11:23Ça n'a juste rien à voir.
11:24Et je n'oppose pas les uns aux autres,
11:27mais simplement d'équité, de l'effort partagé.
11:29Quand vous dites qu'il faut revenir sur l'abattement fiscal pour les retraités,
11:31alors peut-être que vous n'utilisez pas le terme de boomer,
11:33mais à la fin, ça veut dire la même chose.
11:35Ça veut dire que vous considérez que dans la répartition des efforts,
11:38il n'y a pas de raison que les actifs payent pour que les retraités puissent ne pas être touchés.
11:44C'est de l'équité.
11:44Chacun doit contribuer.
11:46Il n'y a aucune raison que les retraités soient mis à l'écart de l'effort partagé.
11:52C'est une question d'équité.
11:53Mais le mot de boomer, il ne faut pas l'utiliser ?
11:55Mais moi, je n'utilise pas ces mots-là parce que j'entends bien que les gens se sentent un peu stigmatisés.
12:01Moi, j'en ai parlé à mes propres parents qui étaient vent debout contre ce type d'expression.
12:06Voilà, il faut faire attention.
12:08Il ne faut pas heurter.
12:09Mais à nouveau, moi, j'entends des Français qui sont prêts à l'effort.
12:13Mais ils veulent savoir pourquoi, comment et quel est l'horizon.
12:17Et donc, c'est cela qu'il faut que nous partagions.
12:18Nous avons des semaines et des semaines pour le faire.
12:22C'est important parce qu'il en va de l'avenir de notre pays, de l'avenir de notre jeunesse et de l'avenir de la cohésion sociale.
12:29Yael Broun-Pivet, vous êtes le quatrième personnage de l'État.
12:33Est-ce que la France traverse ou s'apprête à traverser une crise de régime ?
12:38Il ne le faut pas.
12:40Mais c'est possible.
12:41Il est encore temps.
12:44Cette Assemblée nationale qui a été élue par les Français, bon an, mal an, a fonctionné.
12:51Nous avons pu légiférer, porter un certain nombre de réformes, parfois dans le bruit, le fracas, parfois dans une grande concorde.
13:01Moi, j'y crois toujours dans cette Assemblée nationale-là.
13:04Et donc, il faut que nous parvenions à avancer ensemble.
13:06On parle tous de culture, de coalition, de comment faisons-nous pour nous mettre ensemble.
13:12Mais je crois que le moment est venu.
13:14Mais l'hypothèse de la crise de régime, vous inquiète tout de même ?
13:19Je suis vigilante, je suis soucieuse, je suis très concentrée.
13:25Il faut absolument que nous évitions cela parce que ça serait pire que tout.
13:28Ça serait pire que tout pour nos compatriotes parce que ça créerait de l'instabilité,
13:34de l'incertitude, de l'inquiétude, de l'angoisse.
13:37Moi, je me rappelle ce qui a provoqué la dissolution chez les gens.
13:39Moi, je me souviens de ces personnes âgées qui faisaient leurs courses,
13:42qui me disaient « je ne dors plus la nuit parce que ça m'angoisse ».
13:45Donc, en fait, il y a les conséquences financières, économiques, etc.
13:48Mais il y a aussi les conséquences sur le ressenti de nos compatriotes.
13:51Donc, prenons garde à cela.
13:53Et nous sommes des responsables politiques, quels que soient nos partis politiques.
13:56Et donc, il nous revient à tous d'éviter justement cela en essayant de trouver le chemin
14:02avec de la bonne volonté et avec de la sincérité.
14:04Moi, je crois que c'est possible.
14:06Maintenant, il faut se mettre d'accord sur le quoi, sur le comment.
14:10Et donc, discutons-en ensemble.
14:11C'est ce que va faire le Premier ministre cette semaine et c'est ce que nous continuerons à faire après.
14:15Crise de régime, la faute à qui ?
14:18Mais alors là, c'est un peu la faute à tout le monde, j'ai envie de vous dire.
14:22Déjà, nous n'y sommes pas encore.
14:23Donc, nous avons la capacité de l'éviter.
14:26Et c'est un peu la faute de tout le monde parce que nous ne parvenons toujours pas
14:30à rentrer dans une culture plus parlementaire.
14:32Et c'est moi qui le dis.
14:32Mais dont la vôtre, Yael Bonnevivet ?
14:34Mais c'est la faute de tout le monde.
14:35Parce que, pardonnez-moi, mais quand on entend François Bayrou dire
14:37le choix, c'est le chaos ou la responsabilité,
14:39à mettre systématiquement cette responsabilité sur les oppositions,
14:43on se dit mais quand même.
14:44Mais ce n'est pas ce que je fais aujourd'hui.
14:46Il n'y a aucun moment, il n'y a un mea culpa.
14:48Peut-être vous un peu plus qu'au gouvernement, mais sur la méthode, sur le bilan aussi.
14:52C'est ce que nous dit, regardez Xavier, cet auditeur.
14:54Bonjour, n'y a-t-il pas une hypocrisie à sonner l'alarme de la dette publique
14:57après huit ans de pouvoir d'Emmanuel Macron ?
14:58N'est-ce pas son bilan finalement ?
15:00Est-ce qu'à un moment donné, vous vous dites, dans cette situation aujourd'hui,
15:02en septembre 2025, on y est aussi peut-être pour quelque chose ?
15:06Mais je le dis bien volontiers, sur la culture parlementaire,
15:10on est tous collectivement responsables.
15:11On a du mal à avancer ensemble, à créer.
15:15Moi, j'ai créé à l'Assemblée nationale ce qu'on appelle des semaines transpartisanes.
15:19Ça a un peu changé la donne, les partis politiques, de gauche et de droite,
15:23du centre, d'opposition et de majorité, portent des textes ensemble,
15:26des réformes, l'aide d'urgence pour les femmes, les fauteuils roulants,
15:31des choses qui sont importantes parce qu'elles touchent au quotidien des Français.
15:34Mais il faut aller beaucoup plus loin, nous mettre d'accord sur des pactes de gouvernement,
15:39sur des pactes de coalition, ce que nos voisins font, ce que nous ne faisons pas.
15:43Après, sur la responsabilité, là aussi elle est budgétaire, là aussi elle est collective.
15:48Vous savez, moi parfois j'ai présidé des débats au perchoir sur le budget.
15:52Et je ne vois que des parlementaires qui proposaient de nouvelles dépenses.
15:56Il ne faut pas supprimer l'aide sur l'énergie parce que nos compatriotes étaient dans la difficulté
16:04et on partageait tous cela.
16:05Mais tout le monde a contribué par ses propositions à creuser le déficit.
16:10Et c'est pour cela qu'il faut qu'aujourd'hui tout le monde s'entende pour arrêter le robinet
16:15et pour revenir à quelque chose qui nous permette d'appréhender l'avenir de façon plus sereine.
16:20Yael Brunpivet, essayons de nous projeter sur l'après 8 septembre.
16:26Si comme c'est le plus probable, François Bayrou est renversé, que se passe-t-il à ce moment-là ?
16:31Quelle est selon vous la meilleure solution politique pour sortir de la crise ?
16:36Je crois que la meilleure solution politique, si jamais effectivement l'Assemblée nationale
16:40ne donne pas sa confiance au Premier ministre le 8 septembre,
16:45ce sera de se réunir, force politique, pour justement se poser la question du quoi.
16:52Je pense que la question du quoi, elle vient avant la question du qui.
16:57Quoi, il y aura deux grandes choses à examiner ensemble.
17:01D'une part, le budget. Est-ce que nous sommes capables de trouver un compromis à grosse maille ?
17:09Et il reviendra au nouveau Premier ministre de regarder dans le détail.
17:13Mais à grosse maille, est-ce qu'on est capable de trouver un compromis qui nous permet de travailler ?
17:17Puisque je rappelle que le budget doit être présenté au Parlement le 7 octobre.
17:26Donc nous aurons un mois pour ce faire. Et donc moi, je pense que nous pourrons, en tout cas, entamer ces discussions.
17:33La deuxième chose, c'est se mettre d'accord pour se dire, en fait, pour notre pays, pour nos concitoyens,
17:39si nous sommes tous des responsables politiques, nous devons apporter à notre pays de la stabilité jusqu'en 2027.
17:45Pardonnez-moi, ça veut dire quoi ? Ça veut dire un gouvernement d'union nationale ?
17:48Un gouvernement, alors là, on l'appellera comme on voudra, mais après, ça dépendra de qui il sera.
17:53Mais en tout cas, nous mettre d'accord sur le fond.
17:56Quelles sont les grandes réformes que nous souhaitons porter jusqu'en 2027 ?
18:00Et se mettre d'accord pour dire, eh bien voilà, nous porterons ceux-là, que ceux-là.
18:05Et les très irritants, eh bien, nous les réservons.
18:09Non, on n'oublie pas !
18:11On les réserve pour la campagne présidentielle de 2027.
18:13Vous entendez Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste, qui dit, on est prêt à gouverner.
18:17Pourquoi ne pas laisser une chance à Olivier Faure ?
18:19Vous avez essayé, Michel Barnier, ça a échoué, François Bayrou, c'est sur le point d'échouer.
18:23Pourquoi ne pas laisser Olivier Faure gouverner ?
18:24Mais à nouveau, moi, je pense qu'aujourd'hui, il ne faut pas recommencer avec un nom de Premier ministre,
18:32puis, après, essayer de réunir les forces politiques.
18:35Je pense qu'il faut faire à l'enverre.
18:37Sur le principe de dire, c'est à la gauche de gouverner.
18:38En fait, moi, mon sujet aujourd'hui, c'est pour faire quoi ?
18:41C'est pour faire quoi ?
18:42Et donc, d'abord, réunissons-nous pour nous dire que, qu'allons-nous faire ensemble,
18:47dans l'intérêt de nos compatriotes ?
18:49On parle d'accès aux soins.
18:51Est-ce qu'on n'est pas capable de se mettre d'accord pour se dire comment on fait
18:53pour mettre des médecins partout sur le territoire national ?
18:56On parle de pouvoir d'achat.
18:57Est-ce qu'on ne peut pas se poser la question ensemble de se dire comment on fait
19:00pour que le travail paye mieux avec les partenaires sociaux ?
19:04Est-ce qu'on ne peut pas dessiner quelques sujets ?
19:06Et vous le dites, pardonnez-moi, depuis 2022, avec une majorité relative,
19:11depuis 2024 et la dissolution, on ne peut pas dire que ce soit un franc succès.
19:15Il n'y a pas un peu de déni ce matin quand vous dites qu'on va pouvoir continuer
19:17et se mettre d'accord sur l'essentiel, là où vous n'avez pas été mesure de faire ?
19:20Parfois, moi, j'ai l'impression d'être scisif.
19:22Je monte mon rocher, il redescend et je le remonte quand même inlassablement.
19:25Ou Pangloss ?
19:26Parce que j'y crois, parce que moi, je crois en cette Assemblée.
19:31Je serais peut-être la dernière à le faire.
19:33Et moi, j'y crois, elle a été voulue par les Français.
19:36Et vous regardez, si on parle de dissolution 3 secondes,
19:40quand on regarde toutes les études d'opinion...
19:41Il y a un certain nombre de gens dans votre camp qui le disent.
19:44Hypothèse à ne pas exclure pour Gérald Darmanin.
19:47Inéluctable pour Edouard Philippe.
19:50Bon, ça vient de chez vous, là.
19:52Mais je crois, si on n'y arrive pas, si on n'arrive pas à s'entendre,
19:57si on n'arrive pas à tenir un gouvernement,
19:59si on n'arrive pas à voter de budget, etc.,
20:01évidemment, il faudra un moment que le président de la République en tire les conséquences.
20:06Mais aujourd'hui, moi, je ne me place pas dans cette situation-là.
20:09Je me place d'abord dans la situation où pendant une semaine,
20:12on arrive encore à discuter et on peut adopter cette trajectoire et continuer.
20:17Après, si nous n'y parvenons pas,
20:18il faudra de toute façon continuer à discuter.
20:21Mais c'est ce que les Français nous demandent, bon sang.
20:23Et donc, oui, on ne sera pas d'accord sur tout,
20:25mais est-ce qu'on est capable d'acter aussi nos désaccords pour pouvoir acter nos accords ?
20:29La majorité des Français qui demandent dans les sondages une dissolution.
20:33Il y a ceux aussi, Yael Brunpivet, qui demandent la démission du président à la France insoumise.
20:37C'est lui qui, à la fin, va être en première ligne si ce que vous appelez de vos voeux,
20:42à savoir négociations, compromis, échouent ?
20:45Écoutez, justement, nos institutions, et moi, je le vois au quotidien,
20:48elles sont extrêmement solides.
20:50Et quand ça tangue, quand il y a des moments comme ça de troubles,
20:55il faut absolument préserver la stabilité des institutions.
20:59Et dans cet édifice institutionnel, il y a la présidence de la République,
21:04que le président de la République a été élu.
21:06C'est la seule personne dans notre pays élue par tous les Français au suivrage universel.
21:11Et donc, il a été élu pour un mandat.
21:14Il est impératif que ce mandat soit tenu dans son ensemble.
21:18C'est le respect de nos institutions et c'est la volonté des Français.
21:21Ils l'ont élu pour cinq ans.
21:23Et donc, il faut absolument préserver cela.
21:26Moi, on ne peut pas être dans le « y'a qu'à Faucon »,
21:28dans le désordre, dans « c'est ça ou rien », etc.
21:32Nous sommes dans une situation qui est grave.
21:35Et donc, il faut qu'on se relève ensemble.
21:38Moi, je crois que ça n'est pas inatteignable.
21:40Mais il faut mettre à nouveau le « quoi » avant le « qui ».
21:43Yael Brun-Pivet, il y a aussi la mobilisation sociale en cette rentrée.
21:47D'abord, ce mouvement du 10 septembre avec, pour mot d'ordre, « bloquons tout »,
21:52puis une journée le 18 septembre à l'appel de l'intersyndicale.
21:56Est-ce que vous craignez un blocage social du pays, une paralysie ?
22:02En tout cas, il faut être extrêmement attentif à ce qui se passe et à ce que nous disent nos concitoyens.
22:06Mais comme j'ai été extrêmement attentive cet été au fait que plus de 2 millions d'entre eux ont signé une pétition contre la loi Duplomb,
22:15et j'avais indiqué que je souhaitais qu'il y ait un débat dans l'hémicycle,
22:19parce qu'il faut entendre, il faut écouter les citoyens dans ce qu'ils nous disent.
22:23Et donc, évidemment, il faudra écouter et prendre en compte ce qui peut se passer lors de manifestations et de journées de mobilisation.
22:29Mais c'est aussi la raison pour laquelle, moi, je dis qu'il faut penser au « quoi ».
22:33Parce que le « quoi », quand on dit « on va faire telle ou telle réforme », ça vous permet d'associer les citoyens,
22:38ça vous permet d'associer les corps intermédiaires.
22:40Je le dis depuis toujours, j'avais écrit, avant d'être présidente de l'Assemblée nationale,
22:44un plaidoyer pour un Parlement renforcé, où je demandais cela.
22:48Et donc, je ne dévie pas de ma ligne, parce que je crois que c'est important,
22:52et que cette méthode-là, elle peut permettre de ramener aussi de la paix sociale dans notre pays.
22:56Une dernière question pour terminer, Yael Brown-Pivet.
22:59Cet été, le canard enchaîné a révélé que vous aviez demandé aux policiers, aux CRS gardant votre domicile,
23:03de nourrir vos poules, ce que vous avez fermement démenti sur les réseaux sociaux,
23:07tout en reconnaissant leur avoir demandé, je cite, « de vérifier si tout allait bien dans le poulailler ».
23:13Est-ce que c'est à des CRS, même s'ils surveillent votre domicile,
23:15de vérifier si tout va bien pour vos poules et votre poulailler ?
23:18Alors, vous savez que j'ai demandé, justement, que la surveillance soit levée pendant mes vacances,
23:23et donc il n'y avait aucun CRS devant ma maison pendant mes vacances.
23:26Sauf que dans un premier temps, vous aviez bien demandé à ces CRS de vérifier si tout allait bien.
23:29Si tout allait bien, comme quand ils me demandent de leur rendre des services, je leur en rends.
23:34Mais je leur ai demandé si tout allait bien.
23:36Je ne leur ai pas demandé de nourrir mes poules, vous savez.
23:38C'est marrant parce que c'est...
23:40Non, mais c'est marrant.
23:40Vous avez un discours très offensif sur l'exemplarité, la nécessité d'être absolument impeccable,
23:48de ne pas donner l'impression que les élus ont des privilèges.
23:50Quand la présidente de l'Assemblée part en vacances, qu'il y a des CRS qui surveillent sa résidence principale,
23:54et ça, on peut parfaitement l'entendre, de donner comme consigne d'aller vérifier si tout va bien dans le poulailler.
23:59Est-ce que vous comprenez que ceux qui nous écoutent ce matin se disent « nous, on n'a pas ce privilège-là ».
24:03Oui, mais ce n'est pas un privilège, puisque à nouveau, je vous dis, il n'y avait pas un CRS devant ma maison pendant mes vacances.
24:08Je leur ai demandé expressément de lever la surveillance.
24:10Je ne sais pas si tous les responsables politiques ont fait lever la surveillance de leur domicile pendant leurs vacances.
24:15Donc vous n'avez pas commis d'erreur.
24:16Donc moi, j'ai demandé au CRS de lever la surveillance.
24:19Ils l'ont levée, donc il n'y a pas un CRS qui a nourri d'un grain les poules.
24:23Mais qui a surveillé le poulailler.
24:25Mais non, ils n'ont pas surveillé le poulailler, puisqu'ils n'étaient pas devant chez moi, M. Duhamel.
24:28Mais juste avant qu'ils lèvent, que vous demandiez de lever cette surveillance, vous avez vous-même.
24:32J'étais là.
24:33Vous avez vous-même reconnu sur les réseaux sociaux qu'il fallait vérifier si tout allait bien.
24:35Mais ils ne l'ont jamais fait, puisque j'ai demandé à lever la surveillance.
24:40Voilà. Merci Yael Brown-Pivet d'avoir été au micro d'Inter ce matin.
24:45Merci Madame la Présidente de l'Assemblée nationale.
24:47Merci beaucoup.
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