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  • il y a 4 mois
On a pleuré la disparition du politique. On en a même fait le deuil. Trop de chiffres, trop de normes, trop de gestion. Le pouvoir s’est lentement dissous dans la technocratie : rationalisation des processus, prédictibilité des décisions, gouvernement par tableur. La politique s’est administrée. L’économie politique, elle aussi, s’est vidée : plus de communisme, plus de keynésianisme structurant, et même le libéralisme s’est mué en simple gestion des flux. Un monde sans récit, sans affect, sans horizon. [...]

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00:00On a pleuré la disparition du politique, on en a même fait le deuil.
00:12Trop de chiffres, trop de normes, trop de gestion.
00:15Le pouvoir s'est lentement dissous dans la technocratie.
00:19Rationalisation des processus, prédictibilité des décisions, gouvernement par tableur.
00:25La politique s'est administrée, l'économie politique elle aussi s'est vidée.
00:30Plus de communisme, plus de keynésianisme structurant et même le libéralisme s'est mué en simple gestion des flux.
00:38Un monde sans récits, sans affects, sans horizon.
00:41Ce que Max Weber appelait le désenchantement du monde,
00:45s'est simplement traduit pour nous par une époque coincée entre énarque et tableur Excel.
00:51Ici ou là pourtant, peut-être quelque chose revient.
00:54Est-ce que la politique est en train de revenir ?
00:58À bien y regarder, ce n'est peut-être pas la politique au sens noble, mais une de ses caricatures.
01:03Une figure hypertrophiée, grotesque et parfois rageuse, souvent spectaculaire.
01:09Il ne s'agit pas d'un retour du politique par l'idéal démocratique, mais par le drame.
01:14Ce sont des figures qui captent l'espace symbolique, sans rien construire.
01:18Elles incarnent la colère, elles parlent haut, elles performatisent la rupture.
01:23Ce ne sont pas des projets, ce sont des postures.
01:26Ce sont les corps qui montent sur scène à la place des idées.
01:29Le politique revient, oui, mais comme parodie.
01:32Ce n'est plus une vision du monde, c'est un choc des affects, une blessure qui s'exhibe.
01:37Le débat cède la place à l'incantation, le discours devient rituel, liturgie, sans transcendance.
01:43Il ne s'agit plus de convaincre, mais de saturer.
01:47L'espace démocratique se referme alors dans une tension permanente, un vacarme d'identifications immédiates.
01:53Ce réenchantement-là est délétère.
01:56Ce n'est pas un retour du souffle, mais une fièvre.
01:58Une hypnose collective qui mime la puissance sans jamais produire de structuration.
02:05Ceux qui réenchante aujourd'hui la politique le font par excès.
02:09Ils enflamment, polarisent, déplacent et ne proposent ni cap, ni forme, ni dessin.
02:16Ils sont symptômes plus que solutions.
02:18Alors, faut-il se résigner ?
02:21Est-ce cela le prix à payer pour sortir du désert technocratique ?
02:25Est-on condamné à retrouver le politique par sa version la plus déformée ?
02:30Ou peut-on penser une autre forme de retour ?
02:33Mesurée, structurante, capable de conjurer à la fois le vide et l'hystérie ?
02:40Il ne suffit pas de rejeter la technocratie pour applaudir le spectacle.
02:44Entre le pouvoir sans affect et l'affect sans pouvoir,
02:47il y a peut-être un mince passage à rouvrir.
02:51Un espace pour un politique enfin réhabité mais sans simulacre.
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