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En 2012, Cindy Pereira et Joan Gamiochipi, 19 ans, ont tendu un piège à un copain du même âge. Le corps de Kévin Sellier a été retrouvé poignardé et en partie carbonisé dans une forêt.
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00:00:30L'amour, l'argent, le sexe, voilà ce qui motive le plus souvent les criminels, la jalousie ou la pas du gain.
00:00:43Dans cette affaire aussi, il est question d'argent, mais de 400 euros.
00:00:47Et il est aussi question de sexe, d'un viol, mais dont la justice n'a jamais eu la preuve.
00:00:51Non, ce qui a motivé le crime de Cindy et Johan, c'est bien autre chose.
00:00:55Parce qu'ils ont tué un garçon de leur âge.
00:00:58Le corps réduit à l'état de squelette porte des traces de lacérations.
00:01:02Le crâne, le visage, les dents ont été fracturées.
00:01:06Un assassinat à 19 ans.
00:01:09Johan, un étudiant brillant, un intello au look gothique qui se vantait d'avoir éventré des chats.
00:01:14Il va se créer un personnage pour faire peur et pour maintenir à distance les gamins dans la cour de récré.
00:01:18Il va donner des traits de plus en plus noirs au personnage qui s'est construit, allant jusqu'à s'accuser d'un meurtre imaginaire.
00:01:30Cindy, une fille fragile, mais qui n'avait pas froid aux yeux.
00:01:34C'est une jeune femme qui a un sourire, mais qui a une tendance dépressive.
00:01:39Chez quelqu'un qui est très instable et qui a des perturbations de l'image de soi.
00:01:4419 ans tous les deux. Et déjà des assassins.
00:01:48Et ce qui est très inquiétant, c'est cette facilité du passage à l'acte.
00:01:53C'est de se dire, on va tuer quelqu'un, mais de pouvoir aussi facilement le faire.
00:01:57Et tout ça pour quoi ? Pour un mobile improbable.
00:02:00Un cadeau. Un cadeau à la Dexter.
00:02:14Vigues de Sceaux, dans l'Ariège.
00:02:34Ce vendredi 11 mai 2012, le message d'un cueilleur de champignons attend l'adjudant Gobato.
00:02:38Je l'ai donc rappelé. Il me dit avoir trouvé quelque chose qui lui a paru bizarre,
00:02:45à savoir un crâne d'animal qui aurait pu être abandonné là.
00:02:49Et notamment, il fait allusion à la présence d'un cirque plusieurs mois avant
00:02:53qui aurait pu peut-être laisser un cadavre de singe dans ce cueille-là.
00:02:59Un cadavre de singe.
00:03:02Le gendarme donne rendez-vous au promeneur.
00:03:04Et il me montre effectivement un crâne, ce qu'on devine être un crâne.
00:03:21Et il y avait quelques branchages.
00:03:25La décomposition était bien avancée,
00:03:27puisqu'on voyait quasiment la totalité de la boîte crânienne.
00:03:31Il n'y a pas d'autre haussement qui est visible.
00:03:37Et par contre, à peu près la taille d'une personne humaine,
00:03:41en regardant bien, au bout des branchages, je vois une paire de chaussures.
00:03:48Un cadavre humain donc.
00:03:50Caché sous des branches,
00:03:52à quelques mètres seulement de la départementale.
00:03:54Comme ça a été découvert, je pensais tout de suite que c'est...
00:03:58Ou c'est quelqu'un qui était mort naturellement,
00:04:01mais qui a été caché là pour X raisons,
00:04:03ou quelqu'un qui avait été tué, quoi.
00:04:05Le gars, il s'interpelle pas tout seul, ça c'est évident.
00:04:09L'adjudant Gobato gèle les lieux
00:04:11et passe la main aux techniciens en identification criminelle
00:04:14et à la brigade de recherche.
00:04:15Quand on enlève un peu les branches qui sont dessus,
00:04:23le corps est sur le ventre.
00:04:25On voit un peu de cœur chevelu, la tête est tournée sur la gauche
00:04:28et un peu aussi de peau dans le dos.
00:04:34Et c'est un squelette qui est quasiment complet.
00:04:36Il manque juste un tibia, un tibia perronné
00:04:39qu'on retrouve en contrebas,
00:04:41là où était posé le corps, à une vingtaine de mètres.
00:04:44Il manque juste les petites phalanges au niveau des doigts,
00:04:47mais pas d'odeur, pas de viscère propre, quoi.
00:04:51On a l'impression qu'il était là d'expérience du vu des squelettes
00:04:54après des années dans la Terre,
00:04:56qu'il était là depuis des mois, voire des années.
00:05:00Impossible de dire s'il s'agit d'un homme ou d'une femme.
00:05:03Pas de voiture, pas de sac.
00:05:07Rien qui ne permette d'identifier le corps.
00:05:10On retrouve juste des résidus de papier blanc
00:05:13pouvant correspondre à du sopalin en plein milieu du chemin.
00:05:18Avec des morceaux aussi pouvant correspondre à un sous-vêtement.
00:05:24On retrouve également une bague sur une phalange.
00:05:27C'est une grosse chevalière avec une inscription KS ou K18.
00:05:31On ne voit pas de date de mariage, pas de date d'anniversaire, rien du tout.
00:05:34Donc on fait une diffusion, là par contre, une diffusion nationale.
00:05:36En attendant de pouvoir mettre un nom sur leur cadavre,
00:05:41les gendarmes cherchent à comprendre comment il est arrivé sur ce chemin forestier.
00:05:46L'homicide est envisagé à 90%.
00:05:48On pense également à un passeur.
00:05:51On est en limite de frontière Andorraine espagnole.
00:05:54Donc peut-être un accident où les complices l'auraient mis leur enterré ici.
00:05:57Dominique, est-ce que le légiste confirme l'intuition des gendarmes ?
00:06:05C'est bien une mort violente ?
00:06:06Oui absolument.
00:06:07Alors on a un squelette en bon état sur lequel le légiste va pouvoir travailler.
00:06:11Et il repère au niveau du torse, sur les côtes et le sternum,
00:06:14des traces qui ont été laissées par un objet piquant et tranchant.
00:06:18Il y a aussi des fractures sur le nez.
00:06:21Et l'os alvéolaire, l'os qui entoure les dents,
00:06:24donc qui a été cassé, des dents dont il ne reste que des fragments.
00:06:28La mort d'attrait de quand ?
00:06:29La mort d'attrait de la fin de l'année 2011.
00:06:32Est-ce que le légiste peut aider les gendarmes à identifier le corps ?
00:06:34Bien sûr.
00:06:35Il parle du squelette d'un homme caucasoïde, on dit aussi caucasien,
00:06:40qui mesure environ 1,70 m.
00:06:42Il a entre 18 et 22 ans, 25 maximum.
00:06:46C'est difficile de l'identifier avec son empreinte dentaire,
00:06:49puisque je vous l'ai dit, les dents ont été fracassées,
00:06:51même certaines arrachées.
00:06:53Pas non plus avec ses empreintes digitales,
00:06:55puisqu'on lui a brûlé l'extrémité des doigts.
00:06:57Mais on peut trouver de l'ADN sur un corps carbonisé ?
00:07:00Bien sûr.
00:07:00On trouve de l'ADN à l'intérieur des os.
00:07:02Et on trouve aussi de l'ADN sur des poils.
00:07:05Donc on a des fragments de peau avec quelques éléments pileux.
00:07:09Qui dit éléments pileux, dit bulbe.
00:07:11Qui dit bulbe, dit ADN.
00:07:13Les gendarmes ont un ADN.
00:07:15Ils vont le verser au FNEG.
00:07:16Le fichier automatisé des empreintes génétiques.
00:07:20Et si ce type était connu, ils auront son nom.
00:07:30Mission numéro 1, c'est vraiment mettre un nom sur ce squelette.
00:07:33Pour savoir sur quoi on va travailler, sur qui on va travailler.
00:07:36Ses connaissances, ses relations.
00:07:37Donc on interroge tous les fichiers de l'Ariège.
00:07:43Les centres d'accueil des victimes, les commissariats.
00:07:46Toutes les gendarmeries ont fait des messages de diffusion.
00:07:50On ressort trois hommes de Tchétchène.
00:07:54Mais qui ne correspondent pas trop au niveau de l'âge et de la morphologie.
00:07:57Et on ressort également un jeune homme.
00:08:00Que ça tente à signaler sa disparition au mois de mars, vers le 20 mars.
00:08:04Kevin Célier.
00:08:08Un gamin de 19 ans disparu à Pamier, moins de deux mois avant.
00:08:12A une cinquantaine de kilomètres de Vic de Sceau.
00:08:15Enfin une piste intéressante.
00:08:18Kevin vit avec sa tante et son oncle.
00:08:21En fait, il les contacte téléphoniquement le 23 mars, en fin de matinée.
00:08:25Pour leur dire qu'il ne rentrera pas pour dîner.
00:08:27Et à partir du lendemain, c'est véritablement en fin de journée que la famille va vraiment se dire
00:08:33« C'est bizarre, il ne rentre pas à dîner, il n'a pas appelé. »
00:08:38Ils vont essayer de contacter ses proches, ses amis.
00:08:42Essayer de voir un petit peu pourquoi il ne répond pas.
00:08:45Qu'est-ce qui a pu se passer ?
00:08:48Et après trois semaines sans nouvelles, sa tante est allée au commissariat pour déclarer sa disparition.
00:08:53« On reste en contact avec la tante pour avoir des nouvelles, savoir ce qu'il en est. »
00:09:02« On n'a pas arrêté de l'appeler, on n'arrêtait pas. »
00:09:05« Mais le téléphone, il ne répondait plus. »
00:09:08« Voilà, alors comme on dit, oui, mais il est adulte. »
00:09:11« Donc il est adulte, il a le droit. »
00:09:14« Ok, mais c'est pas Kevin. »
00:09:19Deux mois passent.
00:09:21La tante de Kevin Cellier, écrite au procureur de Foix, le 21 mai 2012, en vain.
00:09:29Alors elle revient au commissariat de Pamier.
00:09:32Et cette fois, elle dépose une rife, une recherche dans l'intérêt des familles.
00:09:36« Donc à partir du moment où une tante qui a l'habitude d'avoir son neveu régulièrement, de l'entendre au téléphone, de le voir, de le nourrir, de l'entretenir, etc. ne le voit plus, c'est plus qu'inquiétant. »
00:09:48« Mais de manière très décontractée, la police, qui est saisie, va dire que c'est pas si inquiétant que c'est qu'il faut attendre. »
00:09:57« C'est temps pour la police, mais le 15 juin, la gendarmerie de Pamier reçoit un appel du FNAEG. »
00:10:05Le corps retrouvé à Vic Dessault est celui de Kevin Cellier.
00:10:13« J'étais à mon travail chez mon ex-belle-sœur, qui m'a appelée en me disant que mon fils était décidé. »
00:10:24« Perdre un enfant, c'est horrible. Parce que c'est comme si on nous enlevait une partie de notre cœur. C'est comme s'il manquait. On nous arrache une partie de nous, en fait. »
00:10:44« Je n'ai pas pu voir le corps de mon fils. Il n'est resté rien dessus. C'est trop de peine et trop de souffrance. »
00:10:52« Kevin Cellier est né le 15 février 1993 à Pamier. Il avait 19 ans quand il a été tué. Une vie courte, un peu tourmentée. D'où son inscription au fichier national des empreintes génétiques. »
00:11:12« Il était toujours en train de faire le pitre. Toujours à s'amuser, à rigoler. Il était un petit bout d'entrée. »
00:11:22« Il était adorable comme tout. Il aimait beaucoup embêter ses sœurs. »
00:11:32« Kevin est le deuxième de la fratrie. Chez lui, le petit garçon voit ses parents se déchirer jusqu'à leur séparation quand il a 4 ans. »
00:11:44« Je suis divorcée en 1996. Donc mes enfants, c'est moi qui les ai. Ils vont un week-end sur deux chez le papa. Mais comme le papa n'a pas de logement, ils vont chez la tante. »
00:11:58« Ils lui ont fait une chambre. Donc Kevin, c'est 20 problèmes. Il avait toujours un pied à terre ou quoi que ce soit pour pouvoir aller dormir là-bas. »
00:12:08« Du côté du papa, les liens avec Kevin sont un peu compliqués. Kevin, il se positionne un petit peu en lui reprochant cette séparation parentale. Donc le dialogue est difficile. »
00:12:20« Kevin s'éloigne de son père. Mais il reste un gamin très proche de sa famille. »
00:12:28« On allait pêcher parce qu'il adorait pêcher. Il adorait aller faire des pique-niques. S'il y avait du travail à faire à la maison, à faire de la maçonnerie ou à faire du jardinage, il était toujours là. Il répondait toujours présent. »
00:12:44« C'était un enfant, même petit, il a toujours eu ce truc de dire, si je peux t'aider, si c'est moi qui l'ai et que tu en as besoin, je te le donne. »
00:12:55« Il était comme ça. »
00:12:58Mais à l'adolescence, ça se gâte.
00:13:03« Il avait des super copains au début. Et puis après, il a changé de fréquentation. Et quand il a eu changé de fréquentation, Kevin a changé. »
00:13:15« Kevin, c'est un jeune homme qui a pu consommer quelques fois du cannabis, des joints. »
00:13:21« Mais en réalité, pour faire comme les copains et pour s'intégrer et trouver une forme de famille. »
00:13:28Au collège, Kevin a de mauvaises notes et quelques produits pas très légaux dans les poches.
00:13:34Conseil de discipline, signalement auprès du juge pour enfants.
00:13:39À 13 ans, l'ado est placé en foyer.
00:13:41« Je demande à ce qu'on lui trouve quelque chose. Et à ce moment-là, on nous dit, il y a ce placement-là qui est possible.
00:13:52Vous le récupérez un week-end, un week-end d'attente.
00:13:56Et donc, c'était pour moi une solution où il devait apprendre.
00:14:02Et où il devait progresser, changer le comportement.
00:14:07Ça n'a pas été le cas, malheureusement. »
00:14:10Sept mois après son placement, Kevin cherche la bagarre dans son nouveau collège.
00:14:15Et il la trouve.
00:14:17Nouvelle exclusion.
00:14:18Et à 14 ans, le voilà déscolarisé.
00:14:22Coute pour un, dégradation de voiture, détention de stup.
00:14:25Kevin tombe dans la petite délinquance.
00:14:27« J'aurais aimé pouvoir le protéger et le surprotéger et enlever toutes ces mauvaises fréquentations.
00:14:36Mais ce n'est pas le cas.
00:14:39Je n'ai pas pu. »
00:14:42Parce que Kevin, ce n'est pas un meneur.
00:14:43C'est un suiveur.
00:14:44Et malheureusement, certaines personnalités plus fortes, qui vont avoir des conduites un peu plus déviantes,
00:14:50vont l'entraîner avec lui et vont l'amener à faire des bêtises.
00:14:55Il va faire quelques petits séjours en prison, qui sont des séjours minimes.
00:15:04Le premier de deux mois, c'est en réalité parce qu'il y a eu tellement de bêtises
00:15:08qu'à un moment donné, le juge des enfants va considérer que même s'il est un suiveur,
00:15:12il faut marquer un coup d'arrêt.
00:15:14Et le second séjour, en réalité, sera décidé simplement parce qu'il y a une mesure alternative
00:15:24qui est mise en place.
00:15:26Le non-respect de cette mesure alternative va conduire à cet emprisonnement
00:15:31qui sera vraiment un électrochoc pour lui.
00:15:34À sa sortie, en avril 2011, Kevin annonce à ses proches qu'il va changer.
00:15:40Il en a marre des problèmes.
00:15:41Il est allé travailler avec son oncle, il travaillait en tant que maçon.
00:15:48De là, il avait trouvé une copine.
00:15:53La copine, il devait me la présenter normalement au mois de décembre.
00:16:02Et donc, il est en train de reconstruire sa vie avec un cadre de vie
00:16:06et une volonté de grandir et de devenir adulte.
00:16:09Mais quand Kevin disparaît, vu ses antécédents,
00:16:14sa famille pense tout de suite qu'il a refait des bêtises.
00:16:17On va avoir la maman de Kevin et ses enfants qui vont évoquer le fait qu'il y aurait éventuellement une dette de stupéfiants.
00:16:27Alors, quand on dit dette de stupéfiants, ça paraît énorme, mais je crois qu'il est question de 20 ou 30 euros.
00:16:32Donc, quelque chose d'extrêmement maudique.
00:16:34Il n'a plus arrivé que pour une histoire de 20 ou 30 euros.
00:16:39Il est maille à partir avec des personnes qui aient pu s'en prendre à lui physiquement.
00:16:44Il y a pu y avoir des altercations, des bagarres.
00:16:49Il traficote un peu de stupéfiants, mais ce n'est pas non plus le gros dealer.
00:16:53Il en vivote, mais qui nous dit qu'il n'y avait pas une plus grosse livraison ?
00:16:58Où là, vraiment, il aurait pris la part du gâteau ou peut-être perdu le stup
00:17:01ou fait autre chose qu'il ne fallait pas faire et que son dealer n'a pas apprécié.
00:17:07On sait qu'il y avait une bagarre peu de temps avant sa disparition
00:17:10qui a eu lieu en ce rentre-ville deux fois,
00:17:13que des gens, certains, lui veulent un peu de mal.
00:17:15Kevin s'était même fait courser par un homme qui voulait le démonter et le tuer.
00:17:20Et c'est ce qu'il dit. Les gendarmes vérifient.
00:17:23Les autres, ça ne donne pas grand-chose.
00:17:25Des fois, il y a beaucoup de paroles de menace
00:17:27qui, heureusement, ne sont pas mises à exécution.
00:17:35La piste des stups ne mène à rien,
00:17:38mais Kevin ne s'est pas enterré tout seul.
00:17:40Les gendarmes reconstituent donc son emploi du temps du 24 et des jours précédents.
00:17:50Son téléphone arrête de bourner le 24 mars,
00:17:54donc sur le secteur de Ville-de-Sceau,
00:17:56donc un relais qui couvre l'endroit où son corps a été trouvé.
00:18:01Son téléphone est coupé à 16h23.
00:18:04Les gendarmes contactent les opérateurs téléphoniques.
00:18:06Le 24 mars, on a un numéro qui déclenche les mêmes relais au même endroit que lui.
00:18:13Ça va à Verdun, Pamier, Ville-de-Sceau.
00:18:17Ça peut être une voiture d'une personne qui fait le même trajet
00:18:20et qui déclenche le même relais.
00:18:22Un hasard ?
00:18:23Ou quelqu'un qui le suit ?
00:18:26Ce numéro n'est pas dans les contacts de Kevin Cellier.
00:18:29D'après sa tante, la veille de sa disparition, le 23 donc,
00:18:36Kevin devait se rendre chez deux copines.
00:18:41Sa tante l'avait conduit à la gare de Pamier
00:18:43pour qu'il puisse prendre le train de Pamier jusqu'à Saverdun
00:18:46où il logeait de temps en temps chez une certaine Laura et une Cindy.
00:18:50Les gendarmes convoquent d'abord Cindy Pereira.
00:18:53Et là, problème.
00:18:55Elle confirme qu'elle a bien vu Kevin,
00:18:57mais pas le 23 mars.
00:18:59Elle nous dit qu'elle l'avait vu le 20 mars.
00:19:04Elle l'avait vu chez elle le matin, il était venu dormir.
00:19:07Au réveil, chacun est parti de son côté.
00:19:09Cindy a pris sa voiture.
00:19:11À la sortie de la ville, elle a vu Kevin faire du stop.
00:19:13Mais elle ne s'est pas arrêtée.
00:19:17Et là, c'est la dernière fois qu'elle le voit.
00:19:20Cindy raconte aussi qu'elle a passé beaucoup de temps
00:19:22les jours précédents avec Laura et Kevin.
00:19:25Ils ont notamment fait un aller-retour à Tarbes tous les trois.
00:19:29En pleine nuit.
00:19:34Pour la date, Cindy reste floue.
00:19:36Mais elle a grillé un feu rouge,
00:19:38alors elle pourra transmettre l'amende aux gendarmes.
00:19:41En tout cas, elle en est sûre,
00:19:43c'était avant le 19 mars.
00:19:45Parce que ce jour-là, il s'est passé un truc pas cool
00:19:49quand elle était chez ses grands-parents avec Kevin et Laura.
00:19:55Il y avait une enveloppe qui contenait un peu plus de 400 euros, 420 euros,
00:19:59qui était destinée à acheter une plaque pour la grand-mère qui était décédée.
00:20:03Et en fait, cette enveloppe a disparu.
00:20:08Les grands-parents étaient venus demander des explications à Cindy,
00:20:11savoir si c'était Laura, Cindy ou Kevin qui avaient volé cette enveloppe.
00:20:16Et en fait, tout le monde avait nié l'effet.
00:20:17Pour elle, c'est lui qui l'a volé.
00:20:21Malgré qu'elle lui ait posé la question à maintes reprises,
00:20:23il a toujours nié l'effet.
00:20:25Le grand-père de Cindy a déposé plainte,
00:20:27mais Kevin n'a jamais été entendu.
00:20:30Puisqu'il a disparu 4 jours après le vol de l'enveloppe.
00:20:34Alors certes, c'est pas le casse du siècle, mais quand même.
00:20:37Cette histoire à 400 euros intéresse beaucoup les gendarmes qui enquêtent sur le crime.
00:20:43Parce qu'apparemment, Cindy en voulait à son copain.
00:20:48Cindy était un peu remontée, parce qu'il n'y a pas de gros moyens,
00:20:52et elle s'était engagée à rembourser ses grands-parents.
00:20:55Et un petit passage dans son récit les dérange.
00:20:58Le téléphone de Kevin, comme la contravention infligée à Cindy,
00:21:02indique qu'ils sont bien allés à Tarbes.
00:21:04Mais pas la veille du vol.
00:21:05Le lendemain, dans la nuit du 20 au 21 mars.
00:21:13Contrairement à ce qu'elle a dit,
00:21:15Cindy a donc vu Kevin pour la dernière fois le 22,
00:21:18quand elle l'a ramenée dans la Riège.
00:21:21Alors, simple erreur,
00:21:24ou petit mensonge ?
00:21:27On lui repose les mêmes questions qu'on lui avait posées la première fois.
00:21:30Elle repart sur l'agenda comme prévu.
00:21:33Les gendarmes demandent donc à Cindy Pereira
00:21:35de retracer son emploi du temps
00:21:36et celui de Kevin à partir de cet aller-retour
00:21:39à Tarbes le 21 mars.
00:21:44Après un passage chez sa tante,
00:21:46Kevin est revenu chez Cindy et Laura le 23.
00:21:49puis vient la journée qui intéresse particulièrement les gendarmes,
00:21:53celle du 24,
00:21:56le jour où Kevin Célier a disparu des radars.
00:21:59Elle a retrouvé un ami à elle,
00:22:06donc Johan Gamiochipi,
00:22:07qui est venu chez elle.
00:22:10Et ils sont partis en fait sur Pamier
00:22:11et là, ils voient Kevin qui fait du stop sur Pamier.
00:22:15Cette histoire de stop,
00:22:15Cindy l'a déjà racontée.
00:22:17En date du 20 mars.
00:22:19Et voilà qu'elle parle maintenant du 24.
00:22:22Elle est un peu jeune, Cindy,
00:22:23pour avoir des problèmes avec les dates.
00:22:25À 19 ans,
00:22:27on a une bonne mémoire.
00:22:30Les gendarmes la laissent patauger un peu
00:22:31et puis ils passent à l'attaque.
00:22:36Parce qu'entre-temps,
00:22:38ils ont fini par trouver à qui appartenait le téléphone
00:22:40qui a fait le même chemin
00:22:41au même moment que Kevin le 24.
00:22:44C'est celui de Johan,
00:22:46un copain de Cindy.
00:22:47Les deux garçons ont donc fait le même trajet
00:22:55jusqu'à Vic-de-Sceau.
00:22:57Alors que Cindy prétend qu'elle a passé la journée
00:23:00à Pamier avec Johan
00:23:02parce que sa voiture n'était pas en très bon état.
00:23:08On lui pose encore une question ouverte.
00:23:10Les éléments de notre enquête
00:23:11nous permettent des incohérences
00:23:14dans vos propos ou des omissions.
00:23:15Elle est un peu plus sur la défensive.
00:23:19Elle se sent un peu coincée.
00:23:21Et là, elle va commencer à nous donner
00:23:22une première version
00:23:23en nous disant au début
00:23:25« Oui, en fait, Kevin est avec nous. »
00:23:30On a pris Kevin en stop
00:23:31quand on sortait de Pamier.
00:23:32Ça y est,
00:23:34pour la première fois,
00:23:35elle place Kevin dans la voiture.
00:23:41Déjà pour nous,
00:23:42Kevin est dans la voiture
00:23:43avec le même téléphone
00:23:44qui monte jusqu'à Vic-de-Sceau.
00:23:47Les gendarmes sentent
00:23:49qu'ils sont sur la bonne voie.
00:23:52On se dit
00:23:53une bonne épine du pied
00:23:54est sortie.
00:23:58On est toujours en audition de témoins.
00:24:00Elle nous dit
00:24:00qu'ils doivent rejoindre
00:24:01un ami sur la gare de Foix
00:24:03et qu'ils doivent partir
00:24:04tous les quatre
00:24:05pour passer une soirée
00:24:07qui est juste au-dessus
00:24:08de Vic-de-Sceau.
00:24:08et en arrivant à Vic-de-Sceau,
00:24:12elle nous dit
00:24:13« J'ai une envie pressante
00:24:14de faire pipi.
00:24:16Là, je descends,
00:24:17je vais me cacher dans un coin.
00:24:19J'entends une dispute
00:24:20entre les garçons.
00:24:23Et quand je reviens à la voiture,
00:24:25il n'y a plus que Johan
00:24:26et son ami,
00:24:27il n'y a plus Kevin. »
00:24:31Là, on est un peu,
00:24:32pour parler vulgarement,
00:24:33sur le cul.
00:24:34On a des aveux.
00:24:35On sait qu'il y a une dispute
00:24:37à Vic-de-Sceau
00:24:38et les jeunes se retrouvent
00:24:40avec un de moins.
00:24:42Donc à partir de là,
00:24:43on met fin à cette audition
00:24:44pour la placer en garde à vue.
00:24:47Elle se sent presque
00:24:48pas soulagée,
00:24:51mais libérée
00:24:52de ce farbeau qu'elle portait.
00:24:54Et elle nous donne
00:24:55une première version des faits
00:24:56jusqu'à l'homicide de Kevin.
00:25:05« Elle va changer
00:25:06son premier jet,
00:25:08à savoir qu'il n'y a plus
00:25:08qu'elle,
00:25:09donc Kevin Cellier
00:25:10et Johan Gamiochipi. »
00:25:15Ils ne sont donc pas partis
00:25:16à 4 mais à 3.
00:25:18Cindy est bien descendue
00:25:19de voiture 2 minutes
00:25:20et quand elle est revenue,
00:25:23c'est Johan qui s'est éloignée.
00:25:24« À ce moment-là,
00:25:27Kevin, qui est passager,
00:25:29lui pose la main sur la cuisse
00:25:30pour aller un peu plus loin.
00:25:32Donc là, elle se débat,
00:25:33il essaye, soit disant,
00:25:34de monter sur elle.
00:25:41Donc elle ouvre sa portière,
00:25:42en tâtonnant sur le côté,
00:25:44elle récupère un caillou.
00:25:46À plusieurs reprises,
00:25:47donc pour se défendre,
00:25:48elle le frappe au visage.
00:25:51Un coup,
00:25:52deux coups,
00:25:53trois coups sur la tête.
00:25:55Kevin, voyant ça,
00:25:57fouille un peu aussi la voiture.
00:25:58Lui, il aurait trouvé un couteau
00:26:00dans le vide-poche
00:26:01de la portière avant droite.
00:26:02Il pique Cindy
00:26:03au niveau de l'avant-bras.
00:26:07Cindy s'empare du couteau
00:26:09que tenait Kevin
00:26:10et le frappe à plusieurs reprises.
00:26:19Kevin est dans son sang
00:26:20par terre à côté de la voiture.
00:26:23Mort.
00:26:23Elle, elle nous dit,
00:26:27là, je tombe comme une grosse merde.
00:26:31Elle se remet un peu
00:26:32de ses émotions.
00:26:34C'est le moment
00:26:35où Johan revient à la voiture.
00:26:39Et là,
00:26:39qu'est-ce qu'on va faire, quoi ?
00:26:41Et là, il décide, en fait,
00:26:42de dissimuler le corps,
00:26:43en le tirant un peu
00:26:45et en le mettant
00:26:46à l'endroit
00:26:47où on l'aurait retrouvé.
00:26:53Ils enlèvent donc
00:26:54le téléphone de Kevin,
00:26:55ils lui enlèvent ses vêtements.
00:27:02Soi-disant,
00:27:02elle n'est pas bien,
00:27:03donc ils décident
00:27:03de s'arrêter,
00:27:04donc manger au McDonald's
00:27:05de Pamier.
00:27:06Sur place,
00:27:07ils en profitent
00:27:08pour se débarrasser
00:27:08d'une partie des vêtements
00:27:10de Kevin
00:27:11dans des poudelles.
00:27:15Quelques jours plus tard,
00:27:17Cindy a fini le travail.
00:27:20Elle retourne seule
00:27:21sur les lieux,
00:27:22donc avec du sopalin
00:27:23et du white spirit.
00:27:24Elle enlève les branches,
00:27:26elle met du sopalin
00:27:27sur Kevin
00:27:28et elle lui met le feu.
00:27:41tout ça dans le but
00:27:43d'enlever toute trace
00:27:44d'identification du corps
00:27:46et d'enlever toute trace
00:27:46permettant de l'identifier
00:27:48elle ou Joanne.
00:27:50Ça l'écœure,
00:27:51l'odeur,
00:27:52l'effet.
00:27:53Là donc,
00:27:54elle arrête,
00:27:54elle remet des branches
00:27:55et de l'humus
00:27:55sur le corps
00:27:56avant de repartir.
00:28:00Cindy Pereira
00:28:01a donc tué Kevin Cellier
00:28:03toute seule
00:28:04parce qu'il l'a agressée
00:28:06sexuellement dans la voiture
00:28:07et elle a aussi essayé
00:28:09de se débarrasser du corps
00:28:10toute seule.
00:28:16Ça y est,
00:28:17sa jeunesse est finie.
00:28:18C'est une gamine
00:28:18qui a une vingtaine d'années,
00:28:19elle vient de faire des aveux.
00:28:20C'est du gâchis
00:28:21des deux côtés,
00:28:23autant de la victime
00:28:23que de l'auteur.
00:28:31Dominique,
00:28:32les gendarmes placent donc
00:28:33Joanne Gamiochipi
00:28:34en garde à vue.
00:28:35Est-ce qu'ils racontent
00:28:35la même histoire
00:28:36que Cindy Pereira ?
00:28:37Quasiment.
00:28:38Il dit que Cindy
00:28:39s'est arrêtée à Vic de Soss
00:28:40pour faire pipi.
00:28:41Lui est sorti de la voiture
00:28:42et s'est éloigné
00:28:43d'une quinzaine de mètres.
00:28:44Il s'est retourné.
00:28:45Il a vu Kevin
00:28:46qui sortait de la voiture.
00:28:48Cindy était derrière lui
00:28:49et il raconte
00:28:49qu'elle avait à la main
00:28:50un couteau
00:28:50avec une lame
00:28:51de 30 centimètres.
00:28:53Elle l'a plaqué à terre,
00:28:54ils se sont battus.
00:28:55Elle est montée à cheval
00:28:56sur Kevin
00:28:57et lui a porté
00:28:58au moins un coup de couteau.
00:28:59Et lui ?
00:29:00Qu'est-ce qu'il a fait ?
00:29:01Il dit que Cindy
00:29:01lui a demandé ensuite
00:29:02de l'aider à pousser le corps
00:29:04dans le bas-côté
00:29:04sur le bord du chemin
00:29:06et ils ont recouvert
00:29:06le corps de branchage.
00:29:08Donc jusque-là,
00:29:09ça colle avec le récit
00:29:10de Cindy.
00:29:10Oui, mais après,
00:29:12leur version diverge.
00:29:13On se souvient
00:29:14que Cindy a raconté
00:29:15que quelques jours plus tard,
00:29:16elle était revenue
00:29:17pour brûler
00:29:17le corps de Kevin
00:29:18seule.
00:29:20Johan, lui,
00:29:22dit qu'il était avec elle
00:29:23ce soir-là
00:29:23et qu'il a constaté
00:29:25une certaine préparation
00:29:27dans l'acte.
00:29:28Il l'a vu vider
00:29:29sur le corps
00:29:30des bouteilles blanches
00:29:31dont il ne sait pas
00:29:32si elles contenaient
00:29:33de l'alcool
00:29:34ou du white spirit,
00:29:35bouteilles qui étaient
00:29:36dans le coffre
00:29:37de sa voiture
00:29:37qu'elle avait apportée
00:29:38ainsi que des sacs
00:29:39en plastique gris,
00:29:41du sopalin
00:29:42et différents objets.
00:29:44Et il raconte
00:29:44qu'elle a placé
00:29:46tout ce matériel
00:29:47sous le corps
00:29:47avant d'allumer,
00:29:49d'incendier le corps
00:29:49et elle a brûlé
00:29:51surtout les mains
00:29:52et le visage.
00:29:52Il ne parle pas
00:29:53d'une fille désemparée,
00:29:54choquée ou paniquée,
00:29:55bien au contraire.
00:29:56Il dit qu'elle a fouillé
00:29:57Kevin,
00:29:58qu'elle a pris de l'argent
00:29:59dans ses poches
00:30:00pour aller acheter
00:30:01des burgers.
00:30:02Ça la faisait rire
00:30:03de dire que Kevin
00:30:04allait payer à manger.
00:30:06Et lui,
00:30:06il est dans quel état ?
00:30:07Vidé, exténué.
00:30:09Cindy lui a dit
00:30:10si je tombe,
00:30:11tu tomberas avec moi.
00:30:12Il raconte
00:30:12qu'il a peur d'elle
00:30:14et il se positionne
00:30:15en spectateur
00:30:16comme l'a dit Cindy.
00:30:18Et le mobile ?
00:30:19Il en dit quoi du mobile ?
00:30:20Pour lui,
00:30:20c'est l'argent.
00:30:21En tout cas,
00:30:22il explique
00:30:22qu'elle ne lui a jamais
00:30:24parlé d'une agression sexuelle.
00:30:26Il est mis en examen
00:30:27lui aussi ?
00:30:27Oui, évidemment.
00:30:28Il est mis en examen
00:30:29pour recel de cadavres.
00:30:31Il est placé sous contrôle judiciaire.
00:30:32Il est laissé en liberté.
00:30:34Et c'est maintenant
00:30:34à Cindy de s'expliquer
00:30:36sur ce qui ressemble
00:30:37de plus en plus
00:30:38à un assassinat.
00:30:39On se dit
00:30:45tuer une personne
00:30:46et retourner
00:30:48deux jours après
00:30:49le faire brûler.
00:30:51Les 400 euros,
00:30:52ça nous paraît énorme.
00:30:53On lui demande
00:30:53une explication.
00:30:56Et elle nous dit
00:30:57j'ai deux problèmes.
00:30:58Donc un normal
00:30:59et un plus débile.
00:31:01Et là,
00:31:02Cindy fait une révélation
00:31:03au gendarme.
00:31:05Donc le plus débile,
00:31:07c'est son terme.
00:31:08c'est les 400 euros
00:31:09et un grave.
00:31:12Donc là,
00:31:13elle nous dit
00:31:13que quelques jours
00:31:14avant les faits,
00:31:16lors d'une soirée
00:31:17chez elle avec Laura,
00:31:18il y avait une dizaine
00:31:18de jeunes ce soir-là.
00:31:22Ensuite,
00:31:23trop d'alcool,
00:31:24trop de stupes.
00:31:24Donc elle n'était pas bien.
00:31:25Donc elle a été
00:31:26sa soupir.
00:31:32Elle nous dit
00:31:33j'étais en train
00:31:34de faire un rêve érotique.
00:31:36Je prenais du plaisir
00:31:37et lorsque je me réveille,
00:31:39il y a Kevin sur moi,
00:31:40il est en moi.
00:31:43Là, elle dit
00:31:44je me dégage
00:31:44d'un coup de rein,
00:31:45j'ai du dégoût,
00:31:46je vais me renformer
00:31:47dans la salle de bain.
00:31:53Elle n'en parlera pas,
00:31:54à personne,
00:31:55de ce qu'elle appelle
00:31:56pour elle un viol,
00:31:56parce qu'elle n'était pas
00:31:57du tout consentante,
00:31:58elle n'était pas
00:31:59dans son état normal.
00:32:00Elle se met à pleurer
00:32:02quand elle nous sort
00:32:03ses propos.
00:32:07Le viol a eu lieu
00:32:08environ une semaine
00:32:09avant les faits.
00:32:10Elle n'a pas porté plainte.
00:32:12Elle avait décidé
00:32:13de tourner la page.
00:32:16Le fait qu'il lui pose
00:32:17la main sur la cuisse,
00:32:18ça a fait revivre
00:32:20ses mauvais souvenirs
00:32:21de quelques jours avant.
00:32:23Donc là,
00:32:23la vie rouge.
00:32:25Devant la juge d'instruction,
00:32:27Cindy Pereira réitère
00:32:28ses aveux
00:32:28et le 27 juillet 2012,
00:32:31elle est mise en examen
00:32:32pour assassinat
00:32:33et atteinte
00:32:34à l'intégrité
00:32:35d'un cadavre.
00:32:36Elle part en prison.
00:32:40L'enquête se poursuit
00:32:41sur les mobiles.
00:32:43D'abord le vol.
00:32:45Il y avait eu
00:32:45des petites remarques
00:32:46de Laura
00:32:47qui avaient dit
00:32:47que Kevin,
00:32:49peu de temps après les faits,
00:32:50avait un peu changé
00:32:51sa tenue vestimentaire
00:32:52et porté des vêtements
00:32:53un peu plus neufs.
00:32:54Donc, sachant que Kevin
00:32:55n'avait pas de moyens,
00:32:57donc c'est pour ça
00:32:57que les soupçons
00:32:58s'étaient portés
00:32:58sur Kevin
00:32:59sur le vol de cet argent.
00:33:02Il avait des fringues neves,
00:33:04c'est normal.
00:33:05C'était son anniversaire
00:33:06au mois de février
00:33:07et moi,
00:33:08il est venu me voir
00:33:09comme au mois de mars.
00:33:10Donc, fatalement,
00:33:11quand il est venu,
00:33:12il a pris ses cadeaux
00:33:13d'anniversaire.
00:33:14Donc,
00:33:16voleur,
00:33:17non,
00:33:18je ne suis pas d'accord.
00:33:20Pas de preuve de vol,
00:33:21mais Cindy,
00:33:22elle,
00:33:23est persuadée
00:33:24que Kevin a fait le coup,
00:33:25quelques jours seulement
00:33:26après l'avoir violée.
00:33:31Les 400 euros,
00:33:33ça fait suite
00:33:34au pardon
00:33:35qu'elle accorde
00:33:35effectivement
00:33:36à son agresseur.
00:33:38Elle a cette empathie
00:33:39qui fait qu'on passe
00:33:40à autre chose.
00:33:42Si on doit parler
00:33:43des mobiles,
00:33:44en réalité,
00:33:44il y en a trois.
00:33:45Il y a
00:33:45cette histoire
00:33:46d'agression sexuelle,
00:33:48la disparition
00:33:48de la somme d'argent
00:33:49et au moment
00:33:50où,
00:33:51dans la voiture,
00:33:52Kevin Cellier
00:33:52se comporte mal.
00:33:53C'est-à-dire que
00:33:54quand j'accorde
00:33:55mon pardon
00:33:56et une nouvelle chance,
00:33:57il ne s'agit pas
00:33:58d'en abuser
00:33:58et de reproduire
00:34:00quelque chose
00:34:00que je vais juger
00:34:02intolérable.
00:34:06Reste à vérifier
00:34:07cette accusation
00:34:08de viol.
00:34:11Tous les témoins
00:34:12présents
00:34:12le jour de la soirée,
00:34:13on n'en a pas un
00:34:14qui nous dit
00:34:15qu'il croit
00:34:17à cette situation.
00:34:19Les jeunes nous disent
00:34:20pour avoir accès
00:34:21à la salle de bain,
00:34:21on est obligés
00:34:22de passer par la chambre.
00:34:23On va régulièrement
00:34:23aux toilettes.
00:34:25Lorsqu'on va changer
00:34:26la musique,
00:34:27la chaîne IFI
00:34:27se trouve dans
00:34:28cette chambre.
00:34:29On l'aurait remarqué.
00:34:31Après,
00:34:31ce n'est pas débattu,
00:34:32il n'y a pas eu de cri.
00:34:33Mais un viol
00:34:34est toujours compliqué.
00:34:38Si vous m'enlevez
00:34:39les raisons
00:34:40qui ont pu pousser
00:34:41Cindy Pereira
00:34:43à en vouloir
00:34:44à Kevin Cellier,
00:34:45alors là,
00:34:45on est dans une espèce
00:34:46de vide immense
00:34:47et on ne comprend plus
00:34:49ce qui a poussé
00:34:49cette jeune fille
00:34:50à agir.
00:34:52D'autant que nous avions
00:34:53retrouvé trace
00:34:54d'échanges
00:34:55qu'elle avait eus
00:34:56notamment avec son
00:34:56petit ami de l'époque
00:34:58en expliquant
00:34:59qu'elle avait pu
00:35:00se montrer infidèle
00:35:01malgré elle
00:35:02à leur amour.
00:35:03Donc, il y a quelque chose
00:35:06qui traduit le mal-être
00:35:07de cette jeune fille
00:35:08qui comprend bien
00:35:09qu'il s'est passé
00:35:10quelque chose
00:35:10qui n'aurait jamais
00:35:11dû se passer.
00:35:13Pour preuve,
00:35:14explique Cindy,
00:35:16Laura aussi
00:35:17a eu un problème
00:35:18avec Kevin.
00:35:23Il y avait eu quand même
00:35:23une petite embrouille
00:35:24entre Laura
00:35:25et Kevin
00:35:26un jour
00:35:26où Kevin avait mis
00:35:27sa main dans la culotte
00:35:28à Laura.
00:35:29Vous avez encore
00:35:30ce jour-là
00:35:30consommé de l'alcool
00:35:31et d'estupéfiants.
00:35:33Mais Laura précise
00:35:34que Kevin n'a pas insisté.
00:35:37En tout cas,
00:35:38elle non plus
00:35:38ne croit pas
00:35:39au viol de Cindy.
00:35:42Kevin a toujours eu
00:35:43du respect pour les femmes.
00:35:45Une femme lui dit
00:35:46non, c'est pas grave,
00:35:47il y en a d'autres.
00:35:49Donc,
00:35:50le viol,
00:35:51c'est non.
00:35:54Il n'est pas là
00:35:55pour ses fans.
00:35:56On peut dire
00:35:57tout ce qu'on veut.
00:35:58Pourquoi pas ?
00:35:59Il faut arrêter
00:35:59de mettre tout sur Kevin.
00:36:01Kevin,
00:36:02c'est quand même
00:36:02lui qui est mort.
00:36:03Il n'y a que celui
00:36:04qui est enterré,
00:36:06qui est mort.
00:36:07C'est lui
00:36:08le coupable de tout.
00:36:09C'est lui
00:36:09qui est responsable
00:36:10de tout.
00:36:16Les gendarmes
00:36:16interrogent
00:36:17la bande de copains
00:36:17de Saverdin
00:36:18notamment sur cette
00:36:19histoire de viol.
00:36:20Et l'un d'eux
00:36:20leur souffle
00:36:21que Laura,
00:36:22la colocataire
00:36:22de Cindy,
00:36:23ne leur a pas tout dit.
00:36:24Ils décident donc
00:36:25de la placer
00:36:25en garde à vue,
00:36:26histoire de la remuer
00:36:27un peu.
00:36:28Et là,
00:36:29elle va leur servir
00:36:30une toute autre version
00:36:31du crime
00:36:31et de sa préparation.
00:36:41Elle nous dit
00:36:42que Cindy lui avait avoué
00:36:43qu'ils avaient tout préparé.
00:36:45Donc,
00:36:45des produits
00:36:46pour endormir Kevin,
00:36:47confectionnés
00:36:48par Joanne.
00:36:49donc elle dit
00:36:51qu'ils essaient
00:36:52de l'endormir
00:36:52mais en fait,
00:36:53ils n'ont pas réussi
00:36:54à l'endormir
00:36:55comme à la télé
00:36:55en 30 secondes.
00:36:56Ça n'a pas marché.
00:36:57Donc,
00:36:57à côté de ça,
00:36:58ils ont récupéré
00:36:59un marteau
00:36:59qu'ils avaient
00:37:00dans la portière.
00:37:03Il l'assomme comme ça.
00:37:05Il lui pète le devant
00:37:06et après,
00:37:07elle lui donne
00:37:07des coups de couteau.
00:37:11Kevin avait eu
00:37:12un sursaut
00:37:13et il regarde Cindy
00:37:14en lui disant
00:37:14« Mais pourquoi ? »
00:37:16Et là,
00:37:16elle rigole
00:37:17et elle lui met
00:37:17le coup fatal.
00:37:22Ça,
00:37:23c'est les propos
00:37:23de Laura.
00:37:25On pense que Laura
00:37:25nous dit la vérité
00:37:26parce qu'en fait,
00:37:27Laura n'avait pas
00:37:27connaissance
00:37:28des auditions
00:37:29de Cindy.
00:37:29Donc,
00:37:30il y a des choses
00:37:30qu'elle ne pouvait
00:37:31pas inventer.
00:37:34Laura assure
00:37:35que Cindy et Joanne
00:37:36avaient tout prévu.
00:37:38Cindy lui avait même
00:37:39dit qu'elle couvrirait
00:37:40Joanne,
00:37:40qu'il n'irait pas
00:37:41en prison.
00:37:42La colocataire
00:37:44ajoute aussi
00:37:45qu'elle connaît
00:37:46la vraie raison
00:37:47qui a poussé
00:37:48Joanne et Cindy
00:37:49à tuer Kevin.
00:37:53Joanne voulait savoir
00:37:54ce que ça faisait
00:37:55de tuer quelqu'un,
00:37:56qu'il a des pratiques
00:37:57un peu particulières,
00:37:58ce jeune homme.
00:38:01Elle nous dit
00:38:02qu'il mettait de l'acide
00:38:03sur des chats vivants
00:38:04et ventrés
00:38:04pour savoir
00:38:04comment l'animal
00:38:05allait réagir.
00:38:10De l'autre côté,
00:38:11en fait,
00:38:12Cindy se vengait
00:38:14peut-être de son viol
00:38:15et du vol
00:38:16de ses 400 euros.
00:38:26Là, on a
00:38:27un assassinat,
00:38:28une préméditation,
00:38:29une préparation
00:38:30de produits
00:38:30avec un co-auteur
00:38:32qui est Joanne
00:38:33qui est presque
00:38:34plus le numéro 1
00:38:35dans l'histoire
00:38:36que le numéro 2
00:38:37parce que Cindy
00:38:37n'a pas les connaissances
00:38:38pour préparer tout ça
00:38:40et faire tout ça.
00:38:41Mais pourquoi
00:38:42elle innocente
00:38:43complètement son complice ?
00:38:45Ça, on ne le sait pas.
00:38:52Dominique,
00:38:53Laura est donc
00:38:53mise en examen
00:38:54pour non-dénonciation
00:38:55de crime
00:38:56et son témoignage
00:38:57est capital
00:38:58parce que
00:38:58quand on l'écoute,
00:39:00on n'est plus
00:39:00sur un meurtre
00:39:01en réaction
00:39:02à une agression
00:39:02mais bien
00:39:03sur un assassinat.
00:39:05Oui, bien sûr.
00:39:05Et la juge
00:39:06va donc soumettre
00:39:07les déclarations
00:39:08de Laura
00:39:08à Joanne,
00:39:09le fameux spectateur.
00:39:11Réponse du garçon,
00:39:12j'ai dit la vérité,
00:39:13je n'ai rien à ajouter
00:39:14et il ne variera plus
00:39:16pendant tout le temps
00:39:17de l'instruction.
00:39:18La juge insiste
00:39:19parce que pour elle,
00:39:20les déclarations
00:39:21de Laura
00:39:22sont celles
00:39:22qui collent le mieux
00:39:23aux constatations.
00:39:25Le marteau
00:39:25pour les coups
00:39:26sur la tête,
00:39:26le marteau
00:39:27pour les coups
00:39:27sur les dents
00:39:28et puis le produit
00:39:29que Joanne
00:39:30aurait fabriqué
00:39:31pour endormir Kevin.
00:39:32Vous vous souvenez Kevin ?
00:39:33Qui ne réplique pas
00:39:34au moment où
00:39:35il est attaqué
00:39:35par Cindy.
00:39:36Mais Joanne
00:39:37nuit
00:39:37et continue lui
00:39:39à charger Cindy.
00:39:40Il a vu
00:39:41dans le coffre
00:39:41de sa voiture
00:39:42les produits
00:39:42qu'elle avait apportés,
00:39:43produits inflammables.
00:39:44Il a vu
00:39:45les sacs en plastique gris,
00:39:46le sopalin,
00:39:47souvenez-vous,
00:39:48les couteaux.
00:39:49Et il a cette phrase
00:39:51« Cindy m'a dit
00:39:51qu'elle jouerait
00:39:52la petite fille
00:39:52sur laquelle on s'apitoie. »
00:39:54C'est pour ça selon lui
00:39:55qu'elle a inventé
00:39:56cette histoire
00:39:56d'agression sexuelle.
00:39:58La juge, elle,
00:39:59croit plutôt
00:40:00à la version de Laura
00:40:01et elle,
00:40:02délivre une mise
00:40:03en examen supplétive
00:40:05concernant Joanne
00:40:06pour assassinat.
00:40:07Alors, Joanne était libre.
00:40:08Il risque maintenant
00:40:09la prison à perpétuité.
00:40:11Et j'imagine
00:40:11qu'avant le procès
00:40:12il est incarcéré.
00:40:13Eh bien non,
00:40:13pas du tout.
00:40:14Il était déjà
00:40:15sous contrôle judiciaire.
00:40:16Il va rester sous C.J.
00:40:17Il l'a respecté.
00:40:18Et puis,
00:40:19il n'est plus dans l'Ariège.
00:40:20Il n'est plus dans l'Ariège
00:40:21parce qu'il a réussi
00:40:22le concours
00:40:23d'une prestigieuse
00:40:24école d'ingénieurs,
00:40:25l'NCA,
00:40:25ingénieurs électroniques.
00:40:27Et c'est à Cergy-Pontoise,
00:40:29à côté de Paris.
00:40:32Oui, c'est une grosse tête.
00:40:33Classe prépa,
00:40:34grande école.
00:40:35Le juge de la liberté
00:40:37et de la détention
00:40:38considère qu'il va
00:40:39en même temps
00:40:41poursuivre ses études
00:40:43en respectant
00:40:43son contrôle judiciaire.
00:40:45Et pendant ce temps-là,
00:40:46l'instruction continue
00:40:47pour comprendre
00:40:48ce qui s'est passé
00:40:49entre les deux auteurs.
00:40:50Oui, parce que là,
00:40:51on a vraiment besoin
00:40:52de comprendre.
00:40:57Alors, Joanne Gamiochipi
00:40:59est le fils
00:41:00de deux infirmiers
00:41:01en psychiatrie.
00:41:03Son père a travaillé
00:41:04à Nariège
00:41:05et sa mère
00:41:06a exercé
00:41:07des responsabilités
00:41:07syndicales
00:41:08de haut niveau
00:41:08puisqu'elle a été
00:41:09présidente
00:41:10de la fédération
00:41:11CGT hospitalière.
00:41:15Il va grandir
00:41:16dans une famille
00:41:17aimante
00:41:19qui l'entoure,
00:41:21qui l'encadre.
00:41:23Il est l'aîné
00:41:24de trois enfants.
00:41:24à l'école primaire,
00:41:29Joanne rencontre
00:41:30Cindy,
00:41:32une petite fille
00:41:32dont l'enfance
00:41:33est plus perturbée.
00:41:37Ses parents
00:41:37se séparent
00:41:38à l'étagé
00:41:39de un an
00:41:39et le personnage
00:41:42paternel
00:41:42va lui faire défaut.
00:41:48Elle va parler
00:41:49d'une mère
00:41:50tout à fait
00:41:51bonne
00:41:53au plan
00:41:54des relations
00:41:54avec elle
00:41:55et surtout
00:41:55de la présence
00:41:56de son beau-père
00:41:57qui va jouer
00:41:59un rôle
00:41:59de substitut paternel.
00:42:01Le couple
00:42:02recomposé
00:42:03donnera naissance
00:42:03d'ailleurs
00:42:04à une jeune fille
00:42:06que Cindy
00:42:07regardera
00:42:08comme sa sœur,
00:42:09sa sœur de sang.
00:42:13La maman
00:42:13couvre un peu
00:42:14ses filles,
00:42:15veut qu'il ne leur
00:42:16arrive rien.
00:42:18Cindy
00:42:18va vivre
00:42:19une enfance
00:42:20extrêmement heureuse,
00:42:21très investie
00:42:22vis-à-vis des animaux,
00:42:23vis-à-vis
00:42:24des autres personnes.
00:42:25Elle va
00:42:26notamment
00:42:27s'investir
00:42:28sur le transport
00:42:29des personnes
00:42:29handicapées
00:42:30à Lourdes
00:42:31pendant le pèlerinage.
00:42:33C'est quelqu'un
00:42:33qui a la foi,
00:42:34enfin c'est vraiment
00:42:35quelqu'un
00:42:35qui est tourné
00:42:36vers les autres
00:42:37et qui a un grand sens
00:42:38de l'altruisme
00:42:40et de l'empathie.
00:42:41A l'inverse,
00:42:42Johan est un gamin
00:42:43plutôt réservé.
00:42:47Johan s'est très vite
00:42:49révélé
00:42:49comme étant
00:42:50un enfant
00:42:51particulièrement brillant.
00:42:54Mais
00:42:54dans le même temps,
00:42:56un enfant
00:42:56qui avait
00:42:57du mal
00:42:58à s'intégrer,
00:42:59notamment
00:43:00du fait
00:43:00de ses facilités.
00:43:06L'année
00:43:07de ses 12 ans,
00:43:07Cindy quitte
00:43:08la riège
00:43:09pour Bordeaux.
00:43:10C'est à cette période
00:43:11qu'elle vit
00:43:11un premier traumatisme.
00:43:17Elle exprime
00:43:18le fait
00:43:18de s'être
00:43:19réveillée,
00:43:21d'avoir vu
00:43:21son père
00:43:22sur elle.
00:43:24Ce qu'elle
00:43:24dit,
00:43:25c'est qu'elle a
00:43:25la certitude
00:43:26qu'il y a eu
00:43:27une agression sexuelle
00:43:28voire un viol
00:43:28commis par son père.
00:43:38Deux ans après
00:43:38cette situation
00:43:40avec son père,
00:43:41elle va parler
00:43:41d'un viol
00:43:42dont elle aurait été
00:43:43la victime
00:43:44en sortant
00:43:45d'une discothèque
00:43:46et elle avait
00:43:47alors 14 ans.
00:43:49Il y a comme ça
00:43:49une sorte
00:43:50de répétition
00:43:51de ses agressions.
00:43:58Elle n'est jamais
00:43:59catégorique,
00:44:00elle n'est jamais
00:44:00affirmative,
00:44:01ce qui me fait dire
00:44:02que Cindy ne ment
00:44:04jamais parce qu'elle
00:44:05est hésitante
00:44:06et qu'elle vous fait
00:44:06immédiatement part
00:44:07de ses hésitations.
00:44:08Et elle n'évoque pas
00:44:09de symptomatologie
00:44:12post-traumatique
00:44:13particulière,
00:44:14si ce n'est peut-être
00:44:15une hypersexualité
00:44:16parce qu'elle se dit
00:44:18dotée d'une libido
00:44:19extrêmement exigeante.
00:44:21Elle a multiplié
00:44:26les partenaires,
00:44:27elle a vu aussi
00:44:28ce qu'elle va appeler
00:44:29des plans cul,
00:44:31c'est-à-dire
00:44:31des situations sexuelles
00:44:33pour le sexe.
00:44:40À des centaines
00:44:41de kilomètres de là,
00:44:43Johan, lui aussi,
00:44:45fait face à des violences.
00:44:47À partir de la quatrième,
00:44:48il obtient cette espèce
00:44:49de label
00:44:50de qualificatif
00:44:52d'intello.
00:44:53Et l'intello,
00:44:54il est souvent malmené.
00:44:56Et c'est comme ça
00:44:56qu'il va se décrire
00:44:57comme quelqu'un
00:44:58qui est l'objet
00:44:58de raillerie,
00:45:00qui est l'objet
00:45:00peut-être
00:45:01d'une forme
00:45:02de harcèlement
00:45:03contre lequel
00:45:05il va être amené
00:45:06à se défendre.
00:45:06et il va se composer
00:45:15un personnage puissant,
00:45:18un personnage agressif.
00:45:21Il est vêtu de noir,
00:45:22chemise noire,
00:45:24grosse chevalière,
00:45:26donc de toute évidence,
00:45:27gothique.
00:45:28Il va se créer
00:45:29un personnage
00:45:29pour faire peur
00:45:30et pour maintenir
00:45:31à distance
00:45:31les gamins
00:45:32dans la cour de récré
00:45:33et il va raconter
00:45:34comme ça
00:45:35des histoires
00:45:35un peu mystérieuses.
00:45:36Il va mentir
00:45:37sur le fait
00:45:38qu'il fait de l'escrime.
00:45:40Il va expliquer
00:45:41à tout le monde
00:45:41qu'il fait de l'escrime,
00:45:42alors qu'il ne fait pas
00:45:43d'escrime.
00:45:45Il va donner
00:45:46des traits
00:45:47de plus en plus
00:45:48noirs
00:45:49au personnage
00:45:50qui s'est construit,
00:45:52allant jusqu'à
00:45:53s'accuser
00:45:55d'un meurtre imaginaire.
00:45:59Il avait dit
00:46:00à qui voulait l'entendre
00:46:01qu'il avait commis
00:46:02un meurtre à Colmar.
00:46:04Bien évidemment,
00:46:05on est allé vérifier
00:46:05et ça ne correspond
00:46:06strictement à rien.
00:46:12Ça n'est pas
00:46:13un mythomane
00:46:14au sens pathologique
00:46:15du terme.
00:46:16Il y a
00:46:16un clivage
00:46:17incontestable.
00:46:19Il y a
00:46:20Joanne Gamiochipi,
00:46:22le garçon interne
00:46:23est un peu
00:46:23en difficulté,
00:46:25voire en anxiété,
00:46:26voire en souffrance.
00:46:28Et puis,
00:46:28il y a le personnage
00:46:29qu'il met en scène.
00:46:30Il est à la fois
00:46:31totalement timide,
00:46:32parfois réservé
00:46:33introverti,
00:46:33mais de l'autre côté,
00:46:34il adore être
00:46:35sur le devant de la scène.
00:46:36Il n'est pas
00:46:37un gros méchant,
00:46:38mais il invente
00:46:39des comportements nuisibles.
00:46:40Ce n'est pas vraiment
00:46:41de la perversité,
00:46:42mais il y a
00:46:43un tel décalage
00:46:43entre ces facteurs
00:46:45de personnalité
00:46:46et de comportement
00:46:47que c'est à la limite
00:46:49de la personnalité
00:46:50pathologique.
00:46:53Il va se construire
00:46:57un peu,
00:46:58comme on dit
00:46:59en psychologie,
00:47:00en faux self,
00:47:00c'est-à-dire
00:47:01avec des éléments
00:47:02de fausseté
00:47:03dans sa personnalité,
00:47:06dans la présentation
00:47:07qu'il a,
00:47:08dans l'habitus
00:47:08qui est le sien
00:47:09et dans les pratiques
00:47:10qu'il met en avant
00:47:11pour se composer
00:47:12un personnage.
00:47:13Est-ce que ce double
00:47:20maléfique a pris
00:47:21le pas sur le matheux,
00:47:22l'étudiant brillant ?
00:47:24Ce qu'il y a de sûr,
00:47:24c'est que Johan et Cindy
00:47:25étaient tous les deux
00:47:26perturbés.
00:47:28La juge a encore
00:47:29beaucoup de choses
00:47:29à découvrir
00:47:30sur leur relation toxique.
00:47:31Les réseaux sociaux
00:47:36les rapprochent un peu,
00:47:37ils reprennent contact,
00:47:38ils reparlent un peu
00:47:39de l'enfance.
00:47:42Ils se sont vus
00:47:43quatre, cinq ou six fois.
00:47:45Ils ont des vies
00:47:46qui sont très différentes.
00:47:47Cindy Perera
00:47:48est déjà une vie
00:47:49très indépendante.
00:47:52Lui, il est interne
00:47:53en classe préparatoire.
00:47:54Il va faire une prépa
00:47:58au lycée D'Oda de Sèvrac
00:47:59qui va lui permettre
00:48:01de passer des concours
00:48:02de qualité.
00:48:04Il évoque des ambitions
00:48:06de travailler
00:48:07dans la robotique.
00:48:11Deux ans de classe prépa
00:48:12en physique et sciences
00:48:13de l'ingénieur à Toulouse
00:48:14avant d'intégrer
00:48:16l'école nationale supérieure
00:48:17de l'électronique
00:48:18à Sergi.
00:48:19Cindy Perera
00:48:24elle se projetait
00:48:26vers une activité
00:48:27de formation
00:48:27en management.
00:48:29Ça s'est soldé
00:48:30par un échec
00:48:30donc elle est un peu
00:48:31en situation
00:48:32d'instabilité.
00:48:35Quelques mois
00:48:35avant le crime,
00:48:36Cindy Perera
00:48:37a quitté ses parents
00:48:38pour vivre en colocation
00:48:39à Saverdun.
00:48:42Elle accomplit
00:48:43toute une série
00:48:44de petits boulots.
00:48:45Elle est capable
00:48:46de travailler
00:48:46dans la restauration,
00:48:48elle est capable
00:48:48de travailler
00:48:49dans l'aide aux personnes
00:48:50à domicile.
00:48:51Cindy est quelqu'un
00:48:52qui trime.
00:48:53Même si elle fait
00:48:54la fête tard,
00:48:55elle va se lever
00:48:55tôt le matin
00:48:56pour aller travailler
00:48:56pour faire serveuse
00:48:57où elle n'a pas
00:48:58un gros salaire.
00:48:59Elle ne demande rien
00:49:00à personne,
00:49:01elle essaie
00:49:01de s'autosuffire.
00:49:04Il y a deux Cindy.
00:49:05Il y a la Cindy
00:49:06d'avant Saverdun
00:49:08et celle qu'elle est devenue.
00:49:10Elle était un petit peu fragile
00:49:12et elle vit
00:49:14l'expérience Saverdun
00:49:15comme une émancipation
00:49:18un petit peu difficile.
00:49:22Une émancipation
00:49:24dont profite aussi
00:49:25Johan Gamiochipi.
00:49:29Elle lui permet
00:49:30de rencontrer du monde,
00:49:32d'aller à des fêtes
00:49:33auxquelles il ne serait pas invité
00:49:34et elle le protège un peu.
00:49:35Mais ça ne va pas
00:49:36au-delà de ça.
00:49:38Des retrouvailles tranquilles,
00:49:41mais moins d'un an après,
00:49:42ils sont tous les deux
00:49:43mis en examen
00:49:44pour assassinat.
00:49:45les experts tentent
00:49:47de comprendre.
00:49:50Il va adopter
00:49:51une position
00:49:53qui est une position
00:49:54de minimisation totale
00:49:56de sa responsabilité.
00:49:58« J'ai assisté ».
00:50:01Donc il se situe
00:50:02comme un spectateur
00:50:03et se disant finalement
00:50:05obligé
00:50:06de lui porter assistance
00:50:08sous la menace
00:50:10de celle-ci
00:50:10en disant que
00:50:11maintenant nous y sommes
00:50:12tous les deux,
00:50:13si tu ne m'aides pas
00:50:14de toute façon
00:50:14je te dénoncerai.
00:50:16Johan se dit marqué,
00:50:18sidéré par ce qu'il a vu,
00:50:19par les menaces
00:50:20de Cindy.
00:50:21Mais pour l'expert,
00:50:23le traumatisme
00:50:24n'est pas évident.
00:50:25« Peut-être est-il
00:50:28en situation
00:50:28de souffrance
00:50:29et d'empathie,
00:50:30mais en tout cas
00:50:30les mécanismes psychiques
00:50:31font qu'elle n'apparaît pas
00:50:34à l'expert
00:50:35que je suis. »
00:50:36Cindy, elle,
00:50:37répète inlassablement
00:50:39la même chose.
00:50:40Si elle a tué Kevin,
00:50:41c'est parce qu'il l'a
00:50:42agressée
00:50:43dans la voiture.
00:50:44« Il s'agit quasiment
00:50:48d'une description factuelle
00:50:50comme si
00:50:51elle parlait
00:50:52d'événements
00:50:53qui n'étaient pas
00:50:54de nature
00:50:55aussi dramatique. »
00:50:58Une gamine froide
00:50:59dont les experts
00:51:01ont du mal
00:51:01à percer les mystères.
00:51:05« C'est une jeune femme
00:51:07qui a un sourire
00:51:09mais qui a
00:51:10une tendance dépressive
00:51:11avec des traits
00:51:12anxieux,
00:51:14avec des sentiments
00:51:14de vide,
00:51:15avec des sentiments
00:51:16d'annui.
00:51:17C'est quelqu'un
00:51:18qui est très instable
00:51:19et qui a des perturbations
00:51:21de l'image
00:51:22de soi. »
00:51:24Cette trait
00:51:24de personnalité
00:51:25rappelle ce qu'on appelle
00:51:26une personnalité
00:51:27borderline,
00:51:29c'est-à-dire
00:51:30un état limite
00:51:31qui fragilise
00:51:33effectivement
00:51:34les relations
00:51:36sociales.
00:51:38Mais ce passage
00:51:38à l'acte
00:51:39est véritablement
00:51:40hors de proportion
00:51:42avec les facteurs
00:51:44de personnalité.
00:51:45Donc, ce passage
00:51:46à l'acte
00:51:46est quasiment
00:51:47incompréhensible.
00:51:49dans le cas
00:51:52de Cindy,
00:51:53la jeunesse
00:51:54et le phénomène
00:51:56d'entraînement
00:51:56fait que cette jeune fille
00:51:58qui ne serait
00:51:59jamais allée
00:52:01vers le crime
00:52:01seule
00:52:02a pu se laisser
00:52:04embarquer
00:52:04dans une histoire
00:52:05où d'ailleurs
00:52:06Johan Gamoshipi
00:52:07seule ne serait
00:52:08jamais sans doute
00:52:09également allée.
00:52:11C'est une alchimie
00:52:12qui est un peu
00:52:13particulière.
00:52:16Cindy est un peu
00:52:17impressionnée
00:52:18par l'intelligence
00:52:19effectivement
00:52:19de son interlocuteur.
00:52:21Donc,
00:52:22elle va
00:52:22sans détour
00:52:23lui livrer
00:52:24ses états d'âme
00:52:25notamment autour
00:52:26de la personne
00:52:26de Kevin Selyer.
00:52:31Ce qui semble
00:52:32s'échafauder,
00:52:33c'est que
00:52:33Johan Gamoshipi
00:52:35avec le tempérament
00:52:36qui est le sien
00:52:37pense que
00:52:39ces choses
00:52:39ne doivent pas
00:52:40rester impunies
00:52:40et l'attelage
00:52:43convient à un minima
00:52:44que Kevin Selyer
00:52:46devra rendre
00:52:47des comptes.
00:52:48Trois points
00:52:49de suspension.
00:52:51Un argument
00:52:52que Cindy
00:52:52n'a jamais utilisé
00:52:54et d'ailleurs
00:52:55la défense
00:52:56de Johan Gamoshipi
00:52:57s'engouffre
00:52:58dans la brèche.
00:52:58Quelle que soit
00:53:03l'hypothèse
00:53:03qu'on prenne
00:53:03comme mobile
00:53:05du crime,
00:53:06que ce soit
00:53:06le vol
00:53:07chez les grands-parents
00:53:07ou que ce soit
00:53:08le viol,
00:53:09Cindy Pereira
00:53:10ne va pouvoir
00:53:11concevoir
00:53:13l'idée
00:53:14du meurtre
00:53:15qu'au plus tôt
00:53:17le week-end
00:53:18avant le meurtre.
00:53:20Or,
00:53:21Johan Gamoshipi
00:53:22est interne
00:53:22à Toulouse.
00:53:23Cindy Pereira
00:53:24vit à sa verdure.
00:53:26Dans le dossier,
00:53:28on n'a
00:53:28aucun élément
00:53:30permettant
00:53:31de penser
00:53:31qu'il y ait eu
00:53:32le moindre contact
00:53:33entre
00:53:34Cindy Pereira
00:53:36et Johan Gamoshipi.
00:53:40Et Johan assure toujours
00:53:42qu'il n'a rien
00:53:43à voir avec tout ça.
00:53:45Mais quand les gendarmes
00:53:48interrogent ses copains,
00:53:49c'est autre chose.
00:53:51L'étudiant
00:53:51s'est en fait
00:53:52épanché
00:53:53sur l'assassinat
00:53:54de Kevin
00:53:54en racontant
00:53:55d'ailleurs
00:53:56un truc
00:53:56ahurissant.
00:53:59Kevin a été tué
00:54:00le 24 mars,
00:54:02Johan avait 20 ans
00:54:03le lendemain
00:54:03et ce meurtre ?
00:54:06Ce meurtre,
00:54:07c'était son
00:54:08cadeau d'anniversaire,
00:54:09le cadeau de Cindy.
00:54:12Il s'en était vanté
00:54:13au niveau
00:54:14de ses copains
00:54:15d'école,
00:54:16donc lors de soirées,
00:54:17qu'il avait eu
00:54:17son cadeau à la Dexter.
00:54:18Dexter,
00:54:19c'est cette série
00:54:20où à un moment donné,
00:54:21un criminel en série
00:54:22travaille dans la police
00:54:23pour pouvoir
00:54:24effectivement,
00:54:25j'ai presque envie de dire,
00:54:26assouvir
00:54:27ses plus bas instincts
00:54:28à l'encontre
00:54:29de personnes
00:54:30qui ne méritent
00:54:31sans doute pas
00:54:31de mourir
00:54:32mais qui sont
00:54:32des criminels.
00:54:36Il se donne un rôle
00:54:37de numéro 1,
00:54:38un rôle d'auteur.
00:54:39J'ai fait ceci,
00:54:40j'ai fait cela.
00:54:41Il s'en vante en fait,
00:54:42alors que c'est quelque chose
00:54:44qui devrait le choquer.
00:54:45S'il avait été
00:54:46comme il dit,
00:54:47spectateur
00:54:47et mis devant
00:54:49le fait accompli
00:54:49de l'acte de Cindy,
00:54:51en fait non,
00:54:52il se vante,
00:54:53il s'approprie
00:54:54ce meurtre.
00:54:56Et devant ses copains,
00:54:58il en rajoute.
00:55:00Je crois même
00:55:01qu'il tient
00:55:01un moment des propos
00:55:02et qu'il allait arracher
00:55:03les yeux
00:55:03avec la petite cuillère.
00:55:04La victime était attachée,
00:55:09ils l'ont torturée
00:55:10en lui arrachant
00:55:11les ongles.
00:55:13Johan lui a planté
00:55:14un couteau dans le cœur
00:55:15en lui traversant
00:55:16le sternum.
00:55:19Et par SMS
00:55:20à ses copains,
00:55:22il en ajoute encore.
00:55:23Regarder une personne
00:55:25dans les yeux
00:55:25en lui ôtant la vie,
00:55:27c'est spécial
00:55:27comme expérience,
00:55:29c'est dur
00:55:29de décrocher.
00:55:31Des mots terribles,
00:55:33accablants.
00:55:34Alors la défense
00:55:35monte au créneau.
00:55:37Il créa une forme
00:55:37de fascination
00:55:38et donc il avait
00:55:39un pouvoir
00:55:39sur ses camarades
00:55:40avec, pardon du terme,
00:55:42mais toutes ces conneries.
00:55:43Mais je pense
00:55:43qu'on est dans
00:55:43le fantasme total.
00:55:48Alors,
00:55:49fantasme ou réalité.
00:55:51Johan reste
00:55:52sur sa position.
00:55:53Cindy a tué Kevin
00:55:54toute seule,
00:55:55il l'a juste aidé
00:55:56à cacher le corps.
00:55:58Reste à savoir
00:55:58si son scénario
00:56:00auquel la juge
00:56:00ne croit pas
00:56:01passera l'épreuve
00:56:02de la reconstitution.
00:56:02Elle a lieu
00:56:04en juin 2014,
00:56:06deux ans après les faits.
00:56:13Alors,
00:56:13c'est un peu tendu
00:56:14cette reconstitution
00:56:15parce que
00:56:16des jeunes gens
00:56:17se retrouvent
00:56:17sur des lieux
00:56:18qui ne sont pas
00:56:19des lieux anodins.
00:56:21Donc,
00:56:21il y a,
00:56:22je dirais d'abord,
00:56:23cette confrontation
00:56:24avec leur propre réalité.
00:56:25C'est véritablement
00:56:30l'effroi
00:56:31et la prise de conscience
00:56:33pour tous
00:56:34de ce scénario macabre
00:56:37qui s'est joué
00:56:38sur des heures
00:56:39pour finalement
00:56:41mettre à mort
00:56:42Kevin
00:56:43et le faire disparaître.
00:56:45sur place,
00:56:49Cindy répète
00:56:50encore et encore
00:56:51qu'elle a commencé
00:56:52par frapper Kevin
00:56:52avec un caillou.
00:56:53On met la voiture
00:56:57au même endroit,
00:56:58il n'y a pas de pierre.
00:57:01On va plus croire
00:57:02au propos de Laura
00:57:02en disant
00:57:03on a essayé
00:57:03de l'endormir,
00:57:05on lui a cassé
00:57:05la mâchoire
00:57:06et les dents
00:57:06avec ce maillet.
00:57:07Ça correspondrait plus.
00:57:08Je vois mal
00:57:10Cindy s'occuper
00:57:11toute seule
00:57:11de Kevin
00:57:13sur une embrouille
00:57:14comme elle a pu
00:57:16l'évoquer.
00:57:17Donc lui,
00:57:17c'était la tête pensante,
00:57:18c'est lui qui a agi
00:57:20avec elle
00:57:20mais c'est lui
00:57:22qui dirigeait la manœuvre,
00:57:23ça c'est notre sentiment.
00:57:26Mais Cindy ne cède pas
00:57:28alors même
00:57:29que son avocat
00:57:30lui-même
00:57:31ne la croit pas.
00:57:37Puis il y a
00:57:37le médecin légiste
00:57:38qui vient nous parler
00:57:39des coups
00:57:40et ce squelette
00:57:41il porte des traces
00:57:42profondes
00:57:43des raflures
00:57:44provoquées par des coups
00:57:45de couteau
00:57:45qui sont sans doute
00:57:46le fait
00:57:46de coups puissants.
00:57:48Ça a impliqué
00:57:49effectivement
00:57:49Johan Gamiochipi.
00:57:54Et comme il fait
00:57:551m93
00:57:56Johan et qu'elle
00:57:57c'est une puce
00:57:58on va bien comprendre
00:57:59qu'elle seule
00:58:00ne pouvait pas tuer
00:58:01celui dont on dit
00:58:02qu'il aimait bien
00:58:03la bagarre
00:58:03et qu'il a fallu
00:58:04qu'il y ait
00:58:04non seulement l'aide
00:58:05mais la complicité active
00:58:07de Johan
00:58:08pour que
00:58:08Kevin soit tué
00:58:10dans les conditions
00:58:10qui ont été
00:58:11celles
00:58:12d'un véritable massacre.
00:58:16En fait
00:58:17Cindy met tout le monde
00:58:18d'accord
00:58:18elle ment.
00:58:21Les seules à soutenir
00:58:22sa version
00:58:22ce sont
00:58:23Johan
00:58:23et les avocats
00:58:25de Johan.
00:58:25J'ai été militaire
00:58:29dans ma jeunesse
00:58:30ensuite
00:58:31je suis avocat pénaliste
00:58:33donc j'ai vécu
00:58:34de la violence.
00:58:35La violence
00:58:35n'est pas une affaire
00:58:36de gabarit.
00:58:37Donc si le premier coup
00:58:38porté par surprise
00:58:40à la tête
00:58:40rend groggy
00:58:43KO la personne
00:58:44ensuite il suffit
00:58:45d'enchaîner
00:58:45et là vous pouvez peser
00:58:4850 kilos de moins
00:58:49il n'y a plus du tout
00:58:50de problème.
00:58:51Pour moi
00:58:52ça ne veut pas dire
00:58:52que c'est forcément
00:58:53le grand balèze
00:58:54et pas la petite fluette
00:58:56parce que la petite fluette
00:58:57elle a pu avoir
00:58:58une espèce
00:58:59de rage
00:59:00et d'hyperviolence
00:59:01elle avait tout un tas
00:59:02de raisons
00:59:02d'en vouloir
00:59:03à Kevin.
00:59:08Finalement
00:59:09l'homme grand
00:59:10est barraqué
00:59:10et le méchant
00:59:11le gothique
00:59:13est allé
00:59:14au goût
00:59:14de son geste
00:59:16on a voulu
00:59:17le faire
00:59:18revenir
00:59:19dans la peau
00:59:20du personnage
00:59:21qui s'était construit.
00:59:22parce que c'est
00:59:23tellement rassurant
00:59:24pour tout le monde
00:59:25d'en rester
00:59:26c'était qu'une des choses.
00:59:34Alors il y a
00:59:34un autre point
00:59:35qui intrigue
00:59:36les magistrats
00:59:36et les experts
00:59:37c'est l'état du corps.
00:59:39Comment expliquer
00:59:40qu'en moins de deux mois
00:59:41le corps de Kevin
00:59:42soit réduit
00:59:43à l'état de squelette ?
00:59:44Alors
00:59:44pour essayer de comprendre
00:59:45les enquêteurs
00:59:46vont poser la question
00:59:47à des spécialistes
00:59:48des gardes
00:59:49de l'office des forêts
00:59:50des chasseurs
00:59:51et on leur pose
00:59:52cette question
00:59:52est-ce que des charognards
00:59:53auraient pu débarrasser
00:59:54le squelette
00:59:56de toutes ces parties molles ?
00:59:57Et la réponse
00:59:58des spécialistes
00:59:59c'est
00:59:59assez peu probable
01:00:01parce que des charognards
01:00:02auraient dispersé
01:00:03les différentes parties
01:00:04du corps.
01:00:05Donc ce serait
01:00:06la double combustion
01:00:06Alice Huitoux
01:00:08et White Spirit
01:00:08que reconnaissent
01:00:09d'ailleurs Cindy et Joanne
01:00:10qui expliquerait
01:00:11la dégradation rapide
01:00:13du corps de Kevin ?
01:00:14Eh bien non plus.
01:00:14Non plus.
01:00:15En tout cas
01:00:15ce n'est pas l'avis
01:00:16de l'expert en incendie
01:00:17qui écrit
01:00:18dans ce rapport
01:00:19aucun phénomène
01:00:20de combustion
01:00:20même de puissance importante
01:00:22ne peut expliquer
01:00:24l'état du squelette.
01:00:25Pour lui
01:00:25c'est ailleurs
01:00:25qu'il faut chercher
01:00:26et il avance cette hypothèse
01:00:28peut-être
01:00:28l'utilisation
01:00:29de soudes caustiques
01:00:30et il parle
01:00:31d'un phénomène
01:00:31d'érosion chimique.
01:00:32Mais on trouve des traces
01:00:33de soudes caustiques ?
01:00:34Non mais il a aussi
01:00:35une explication
01:00:36l'expert dit
01:00:36que la soudes caustiques
01:00:37elle s'en va
01:00:38elle peut être lavée
01:00:39par la pluie
01:00:39lavée par la neige
01:00:40or le corps de Kevin
01:00:41on le sait
01:00:42est resté deux mois
01:00:43deux mois
01:00:44dans cet endroit
01:00:45de la forêt
01:00:45ça reste une hypothèse
01:00:47parce que de toute façon
01:00:48aucun des suspects
01:00:49ne reconnaît autre chose
01:00:51que avoir incendié le corps.
01:00:55Personne ne croit
01:00:56donc la version de Cindy
01:00:57ni celle de son complice
01:00:59mais qu'importe
01:01:00le légiste
01:01:01il se trompe
01:01:02explique Johan
01:01:03comme les gendarmes
01:01:04comme les juges
01:01:05comme tout le monde
01:01:07d'ailleurs.
01:01:09On va avoir
01:01:10un Johan Gamioski
01:01:11qui va expliquer
01:01:12à tout le monde
01:01:13à quel point
01:01:14les sachants
01:01:15ne le sont pas
01:01:15et à quel point
01:01:16il détient la vérité
01:01:17et puis
01:01:20en fin de reconstitution
01:01:21il va s'effondrer
01:01:22en larmes
01:01:23comme un enfant
01:01:24ça va être
01:01:27digne d'un film
01:01:29comme si Johan Gamioski
01:01:31était l'acteur principal
01:01:32il est très content
01:01:32d'être sur les feux
01:01:33des projecteurs.
01:01:36En fin de reconstitution
01:01:37personne ne sait
01:01:38précisément
01:01:39ce qui s'est passé
01:01:40dans le huis clos
01:01:41de cette voiture
01:01:42ni quel calvaire
01:01:44a enduré Kevin.
01:01:47Je crois
01:01:48qu'aucun film d'horreur
01:01:49ne peut
01:01:50ne peut décrire
01:01:52ce qu'il a pu ressentir
01:01:54et l'effroi
01:01:56la peur
01:01:56on le met à mort
01:01:59comme un animal
01:02:00en fait
01:02:01comme quelque chose
01:02:01qui n'a pas de valeur
01:02:02Alors qui ?
01:02:07Qui a fait quoi
01:02:07en réalité ?
01:02:09Cindy Pereira
01:02:09et Johan Gamioski
01:02:10sont renvoyés
01:02:11tous les deux
01:02:11aux assises de foie
01:02:12pour assassinat
01:02:13mais les jeux
01:02:14sont loin d'être faits.
01:02:15Beaucoup de questions
01:02:16restent sans réponse
01:02:17et leurs avocats
01:02:18vont se battre
01:02:19jusqu'au bout
01:02:19pour atténuer
01:02:20la responsabilité
01:02:21de leurs clients.
01:02:21Ce que je veux savoir
01:02:29c'est pourquoi
01:02:30comment
01:02:31j'ai pas de réponse
01:02:33du pourquoi
01:02:34ils ont tué mon fils
01:02:35qu'est-ce que
01:02:36vous avez fait
01:02:36exactement à mon fils ?
01:02:39Premier choc
01:02:39pour la famille
01:02:40de Kevin
01:02:40l'arrivée
01:02:42de Johan Gamioski
01:02:43Johan Gamioski
01:02:47va arriver
01:02:48au bras
01:02:49de sa compagne
01:02:50on a plus l'impression
01:02:51d'arriver à la noce
01:02:53que d'arriver
01:02:53dans un procès d'assise.
01:02:57Parce que l'élève ingénieur
01:02:58de 24 ans
01:02:59a soigné son image.
01:03:02Johan est un garçon
01:03:03qui aimait s'habiller
01:03:04en noir
01:03:05qui faisait partie
01:03:06du personnage
01:03:06qu'il s'était créé
01:03:07et son avocat
01:03:09sa famille
01:03:09tous ses proches
01:03:10lui ont suggéré
01:03:11d'atténuer
01:03:13un petit peu
01:03:14ce look
01:03:16il a une veste
01:03:17il a une chemise claire
01:03:18il est majestueux
01:03:19presque
01:03:20et il croit
01:03:20qu'il va s'en sortir
01:03:21et qu'il est venu
01:03:22juste faire un tour
01:03:23de piste
01:03:23aux assises
01:03:23de foie
01:03:24et qu'il va repartir.
01:03:29Johan porte beau
01:03:30mais Cindy
01:03:32elle
01:03:32la joue discrète
01:03:34très discrète.
01:03:37C'est une jeune femme
01:03:38qui a une paralysie
01:03:39sur une partie
01:03:40du visage
01:03:41qui est décrite
01:03:43tout au long
01:03:43de l'information
01:03:44comme séductrice
01:03:45assez charmeuse
01:03:46et là on va avoir
01:03:48une jeune femme
01:03:48qui va baisser la tête.
01:03:49Cindy Pereira
01:03:53c'est un fantôme
01:03:54elle accroche pas
01:03:55elle accroche pas
01:03:56le public
01:03:56elle accroche pas
01:03:57ses avocats
01:03:59elle est extrêmement
01:04:00en retrait.
01:04:02Ça me va pas du tout
01:04:03je me souviens
01:04:04lui avoir dit
01:04:05Cindy
01:04:05les larmes
01:04:06que tu verses
01:04:07devant moi
01:04:08quand tu arrives
01:04:09à parler
01:04:09des regrets
01:04:10que tu éprouves
01:04:11par rapport
01:04:11à la disparition
01:04:12de Kevin Cellier
01:04:13de la peine
01:04:14que tu as pu faire
01:04:15à sa famille
01:04:16à la tienne
01:04:17j'aimerais
01:04:18que tu puisses
01:04:18effectivement
01:04:19reproduire
01:04:20ces instants
01:04:21de vérité
01:04:21devant la cour
01:04:23elle n'y parviendra
01:04:24absolument pas.
01:04:26Un fantôme
01:04:27qui se trouve
01:04:28très vite
01:04:28sous le feu
01:04:29des projecteurs
01:04:30dès le premier
01:04:31jour d'audience.
01:04:33Cindy Pereira
01:04:34se lève
01:04:34dès qu'elle va
01:04:35enfin dire
01:04:36toute la vérité
01:04:37et donc
01:04:38elle annonce
01:04:39que tout ce qu'elle
01:04:40a raconté
01:04:40pendant l'instruction
01:04:41tout ça a été faux.
01:04:46Je la vois courageusement
01:04:47agripper à la barre
01:04:48et dire
01:04:49ce qui s'est
01:04:49véritablement passé
01:04:51c'est que
01:04:52Johan Gamiochipi
01:04:53est celui
01:04:53qui a frappé
01:04:55à coups de couteau
01:04:56et moi
01:04:58je l'ai aidé
01:04:58à faire disparaître
01:05:00le corps.
01:05:03Il m'a impliqué
01:05:04en me demandant
01:05:05d'utiliser un marteau
01:05:06pour casser les dents
01:05:07et faire disparaître
01:05:09toute forme de traces.
01:05:11En réalité
01:05:11j'ai voulu le protéger
01:05:13un parce que
01:05:14je me sens
01:05:14intellectuellement
01:05:15responsable
01:05:16de la situation
01:05:16et puis surtout
01:05:18il a menacé
01:05:19les miens
01:05:19en disant
01:05:20qu'il s'en prendrait
01:05:21à ma famille.
01:05:25Cindy fait quelque chose
01:05:26d'assez malin
01:05:27parce qu'elle
01:05:28lui transfère
01:05:29la pression
01:05:30et elle va surjouer
01:05:33la petite fille fragile
01:05:34qui a peur
01:05:35en plus
01:05:35elle va dire
01:05:36qu'elle a peur de lui
01:05:36c'est la totale.
01:05:38Quand on défend
01:05:39quelqu'un
01:05:39une des choses
01:05:40ce qu'on regarde
01:05:40c'est s'il y a
01:05:42des variations
01:05:42dans sa défense
01:05:43et il raconte
01:05:44toujours la même histoire
01:05:45Johan.
01:05:47Johan n'aide
01:05:48pourtant pas beaucoup
01:05:48son avocat
01:05:49son attitude
01:05:51exaspère.
01:05:54Et il va se permettre
01:05:55de reprendre
01:05:55la présidente
01:05:56de la cour d'assises
01:05:57en lui expliquant
01:05:58qu'elle comprend mal
01:05:59ou qu'elle s'exprime mal
01:06:00ou que le terme
01:06:01utilisé par elle
01:06:02n'est pas approprié
01:06:03et qu'il n'avait
01:06:04absolument rien
01:06:05à faire
01:06:05dans ce dossier.
01:06:08Il joue
01:06:09les 20 prochaines
01:06:10années de sa vie
01:06:10et donc
01:06:11il est quand même
01:06:11beaucoup centré
01:06:12sur lui
01:06:13mais pas parce
01:06:14qu'il ne s'intéresse pas
01:06:15ou qu'il n'a pas
01:06:16d'empathie
01:06:16pour les autres
01:06:17mais parce qu'il a
01:06:18conscience
01:06:19que l'enjeu
01:06:19ça va être le fait
01:06:20que le personnage
01:06:21qu'il a créé
01:06:22c'est son pire ennemi
01:06:23pendant le procès.
01:06:25Et ce personnage
01:06:26émerge à l'audience
01:06:27avec le témoignage
01:06:28d'une demi-douzaine
01:06:29de ses copains
01:06:30ne traite pas
01:06:30ceux à qui il a parlé
01:06:32de son cadeau
01:06:34à la Dexter.
01:06:36Ce sont des gamins
01:06:37qui sont complètement
01:06:39je dirais
01:06:40envahis
01:06:41par ces mauvaises séries
01:06:43ces mauvais films
01:06:44ces images
01:06:44moi j'ai le sentiment
01:06:45que son personnage
01:06:47virtuel
01:06:48a dépassé
01:06:49le personnage réel
01:06:50qu'il était.
01:06:52Ce n'est pas parce
01:06:52que je me suis inventé
01:06:54un personnage
01:06:55froid et monstrueux
01:06:56que je le suis.
01:06:57Ce personnage
01:06:58ce n'était pas
01:07:00la réalité.
01:07:01Et simplement
01:07:03il y avait
01:07:03un nombre d'éléments
01:07:05qui nous ont submergés.
01:07:12Les proches de Kevin
01:07:14écoutent tout ça
01:07:15sidéré
01:07:16et rappellent
01:07:18qu'un fils
01:07:18de 19 ans
01:07:19est mort.
01:07:22Le manque
01:07:23de l'avoir
01:07:25de l'entendre rire
01:07:26on dit
01:07:28avec le temps
01:07:29les choses
01:07:30s'atténuent
01:07:31mais je vous certifie
01:07:34que ça ne s'atténue pas
01:07:35ce n'est pas vrai.
01:07:39Tour à tour
01:07:40les partis civils
01:07:41et l'avocat général
01:07:42martèlent
01:07:43que les accusés
01:07:44sont jugés
01:07:45pour assassinat
01:07:46tous les deux.
01:07:48Et ce qui est
01:07:49très inquiétant
01:07:49c'est cette facilité
01:07:51du passage à l'acte.
01:07:53C'est de se dire
01:07:53on va tuer quelqu'un
01:07:55mais de pouvoir
01:07:56aussi facilement
01:07:57le faire.
01:08:00Cindy Pereira
01:08:00en voulait
01:08:01à Kevin Cellier
01:08:02et Johan Gamiochipi
01:08:04lui
01:08:05il a
01:08:06ces idées morbides
01:08:08dans la tête.
01:08:09L'envie
01:08:10de tuer quelqu'un.
01:08:14Johan
01:08:14a un ascendant
01:08:15je ne parle pas
01:08:16d'emprise
01:08:17mais un ascendant
01:08:18sur Cindy Pereira
01:08:19mais la personnalité
01:08:20de Cindy Pereira
01:08:21une personnalité
01:08:22un peu double
01:08:23un peu ambigu
01:08:24quelqu'un
01:08:26qui peut être
01:08:27agressif
01:08:28envers autrui
01:08:28je pense
01:08:29qu'elle aussi
01:08:30elle participe.
01:08:33Est-ce que
01:08:33Cindy Pereira
01:08:34parce qu'elle a avoué
01:08:36doit bénéficier
01:08:38d'une certaine clémence
01:08:40alors que
01:08:40si elle n'est pas là
01:08:43il n'y a pas la relation
01:08:44avec Kevin Cellier ?
01:08:45Il n'y a pas de raison
01:08:46objective
01:08:47de faire une différence
01:08:48c'est la raison
01:08:49pour laquelle
01:08:50je demande
01:08:5025 ans
01:08:51de réclusion criminelle
01:08:53pour l'un
01:08:53et pour l'autre.
01:08:5625 ans requis
01:08:56pour assassinat
01:08:57les défenses
01:08:59refusent
01:08:59de laisser passer ça
01:09:00et elle se renvoie
01:09:01la balle.
01:09:04J'ai essayé
01:09:05de la défendre
01:09:06comme si j'avais
01:09:06défendu
01:09:07l'une de mes propres filles
01:09:09ferme
01:09:10dans la constatation
01:09:11effectivement
01:09:12des fautes
01:09:12qui ont été commises
01:09:13mais avec la bienveillance
01:09:15nécessaire
01:09:15que nous devons
01:09:17effectivement
01:09:18conserver par rapport
01:09:19à nos plus jeunes
01:09:20qui sont en cours
01:09:21de construction.
01:09:23On ne peut pas juger
01:09:25quel qu'il soit
01:09:26Johan Gamiochipi
01:09:28Cindy Pereira
01:09:29moins de 20 ans
01:09:30au moment de la commission
01:09:31des faits
01:09:32comme des criminels
01:09:33endurcis.
01:09:35Moi ce que je veux
01:09:36c'est que les uns
01:09:36et les autres
01:09:37soient reconnus
01:09:38responsables
01:09:38à due concurrence
01:09:40de leur participation
01:09:41et je crois que c'est lui
01:09:42qui provoque
01:09:43la situation
01:09:44qui va aboutir
01:09:45à la mort
01:09:46du jeune homme
01:09:47de Kevin Sellier.
01:09:50La plaidoirie
01:09:51elle me vide
01:09:52littéralement
01:09:53physiquement
01:09:54c'est une des plaidoiries
01:09:55les plus physiques
01:09:57de ma vie professionnelle.
01:09:59J'ai plaidé
01:10:00l'acquittement
01:10:01sur l'assassinat
01:10:01parce que
01:10:02quand il raconte
01:10:03la scène
01:10:03de crime
01:10:04et qu'il voit
01:10:04Cindy
01:10:05tuer Kevin
01:10:07en fait
01:10:08il est tétanisé
01:10:09c'est-à-dire
01:10:09il est en état
01:10:09de sidération.
01:10:11Mais c'est très difficile
01:10:12à tenir devant un jury
01:10:13en particulier
01:10:14avec un co-accusé
01:10:15qui vous accuse
01:10:16et qui est une jeune fille
01:10:17frêle
01:10:18et qui surjoue
01:10:18la jeune fille frêle.
01:10:22Le délibéré
01:10:23est un des pires souvenirs
01:10:24de ma vie d'avocat.
01:10:26On est au restaurant
01:10:27le plat vient d'être posé
01:10:28sur la table
01:10:29et le téléphone sonne
01:10:30donc la greffière
01:10:31nous dit
01:10:31maître de Montréal
01:10:32on vous attend
01:10:33donc on laisse
01:10:34tout en plan
01:10:34et on fonce
01:10:37au palais de justice.
01:10:40Il y a une tension
01:10:41en extrême
01:10:42et au moment
01:10:43où je rentre
01:10:43dans la salle
01:10:44tout en finissant
01:10:45de boutonner ma robe
01:10:45la cour
01:10:47entre en même temps
01:10:48et la cour
01:10:50condamne
01:10:51Madame Cindy Perriard
01:10:52et Monsieur John
01:10:52Gamachipi
01:10:53à la peine
01:10:53de 25 ans
01:10:54de réclusion criminelle.
01:10:57Moi je suis
01:10:59un peu chaos
01:11:00mais alors
01:11:02Johan
01:11:03il est debout devant moi
01:11:04donc à 1m95
01:11:06et il tombe
01:11:07il tombe tout droit
01:11:09comme ça
01:11:09poum
01:11:09Cindy
01:11:14elle est éteinte
01:11:15sa famille est horrifiée
01:11:17elle est éteinte
01:11:19comme si
01:11:20une petite conscience
01:11:23au fond de Cindy
01:11:23lui disait
01:11:24c'est sans doute
01:11:25le prix à payer
01:11:26pour être retrouvé
01:11:27dans cette situation.
01:11:30il reste quand même
01:11:31une zone d'ombre
01:11:33il n'y a pas
01:11:34un récit
01:11:36auquel on peut
01:11:37se raccrocher
01:11:38et se dire
01:11:39voilà
01:11:39ça s'est passé comme ça
01:11:40elle a fait ça
01:11:41il a fait ça
01:11:42donc moi j'ai un sentiment
01:11:43d'inachevé
01:11:44et d'un petit peu
01:11:45de déception.
01:11:46les deux accusés
01:11:56font appel
01:11:56leur nouveau procès
01:11:58s'ouvre le 13 novembre 2017
01:11:59à Toulouse
01:11:59et ils campent
01:12:00sur la même position
01:12:01résultat
01:12:02Johan Gamiochipi
01:12:03reprend 25 ans
01:12:04Cindy périra
01:12:05un peu moins
01:12:0522
01:12:06en prison
01:12:07Johan est devenue ingénieur
01:12:08Cindy a repris ses études
01:12:09et la famille de Kevin
01:12:11elle ne saura peut-être
01:12:12jamais
01:12:13ce qui s'est réellement passé
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