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  • il y a 3 mois
Michael Brecker a donné une master class à l'université du Kentucky le 11 septembre 1998.
Pour voir l'intégralité de la master class : https://www.youtube.com/watch?v=YPZ3z43MLqQ

Catégorie

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Musique
Transcription
00:00Bienvenue, aujourd'hui on explore ensemble la pensée d'un géant, Michael Brecker.
00:05On a mis la main sur des extraits assez rares, d'une masterclass qu'il a donnée en 98.
00:11Oui, une masterclass à la New School, je crois.
00:14Et c'est passionnant parce que c'est très spontané.
00:16Exactement, c'est pas un cours magistral, c'est vraiment une conversation avec des étudiants.
00:20On entend sa vision de la musique, de la pratique.
00:23Plein d'anecdotes perso, de conseils très concrets, livrés sans filtre quoi.
00:28Alors, notre idée c'est d'en extraire les points clés, sur comment il voyait l'apprentissage, l'impro, ce qui fait un grand musicien selon lui.
00:36Des pistes qui peuvent intéresser bien au-delà des musiciens de jazz, je pense.
00:39Toute personne qui s'intéresse à la créativité, en fait.
00:41Tout à fait. Bon, alors, on décortique ça.
00:44Allons-y.
00:45Ok, premier point, Brecker écoute un étudiant jouer une transcription, et là, il insiste tout de suite sur un truc.
00:52Oui, il dit, c'est bien, mais le mieux c'est de faire ses propres transcriptions, pas celles des bouquins.
00:57Pourquoi cette insistance, d'après lui ?
00:59Parce que pour lui, le plus important, ce n'est pas tant les notes elles-mêmes.
01:02C'est le rythme, le time, comme il dit.
01:05Ah oui, le fameux time.
01:06Voilà, où est-ce que tu places la note par rapport à la batterie, à la basse.
01:10C'est ça qui est crucial.
01:11Et pour ça, il n'y a pas 36 solutions.
01:13Il faut jouer avec l'original.
01:15Exactement, jouer par-dessus l'enregistrement.
01:17C'est comme ça qu'on intègre vraiment le feeling, le placement rythmique.
01:19C'est une super nuance.
01:21C'est moins le quoi que le comment et le quand.
01:23Tout à fait.
01:24Et d'ailleurs, même s'il trouve l'exercice utile, il dit à l'étudiant, c'est bien,
01:29mais maintenant, j'aimerais entendre tes idées.
01:32L'originalité avant tout, finalement.
01:35C'est ça.
03:05Ça nous amène à l'importance qu'il donne au rythme.
03:08C'est presque une obsession chez lui.
03:10Oui, tu disais qu'il avait une hiérarchie assez marquée.
03:14Ah oui, carrément.
03:15Pour lui, le rythme, le time, c'est la fondation.
03:18Les notes, c'est une sorte de décoration.
03:22Une décoration ?
03:23Oui, mais ça montre bien où il met la priorité.
03:26Il pense que c'est ça, cette maîtrise du temps, qui différencie les très grands.
03:30Et il dit que jouer d'autres instruments, ça l'a aidé pour ça.
03:32Énormément. Il a joué de la batterie et il dit que ça lui a appris le swing, comment interagir avec une section rythmique, comprendre leur rôle.
03:40Ça fait penser à cette histoire avec Dave Liebman.
03:42Ah oui, génial cette anecdote.
03:45Au début de sa carrière, Liebman lui fait comprendre, gentiment mais fermement, que son time n'est pas encore top.
03:51Un peu raide comme retour.
03:52Oui. Et des années plus tard, après beaucoup de travail, Brecker recroise Liebman, qui lui dit…
03:58Maintenant, ton time est trop bon. C'est fou, non ?
04:01C'est ça. Genre, lâche-toi un peu maintenant.
04:04Ça montre bien que c'est un cheminement constant.
04:06On apprend, on maîtrise et après on essaie de retrouver une forme de liberté avec cette maîtrise.
04:11Et cette quête, elle vient de loin chez lui. Ses influences, sa famille…
04:14Oui, il a grandi là-dedans. Son père était pianiste de jazz amateur. Il a vu Thélonius Monk en concert tout gamin.
04:22Incroyable. Et Coltrane alors ? Le fameux choc.
04:25Ah, Coltrane ! Il raconte qu'au début, il a détesté. Ça lui semblait juste du bruit. Et puis, un jour, le déclic.
04:34Ça devient sa révélation, son élément propulseur. C'est là qu'il décide de devenir musicien pro.
04:40Il arrive à New York très jeune, 19 ans.
04:42Oui. Fin des années 60. Pile au moment où les frontières entre jazz, rock, R&B deviennent floues. La fameuse fusion.
04:49Et il y voit une sorte d'espace à prendre.
04:51Exactement. Une sorte de page blanche pour le saxophone dans ses nouveaux styles. C'était moins codifié que le jazz pur et dur de l'époque.
04:59Et le conseil qu'il donne aux étudiants sur les influences, c'est quoi au juste ?
05:02En gros, écoutez à fond vos héros. Lui, c'était Coltrane, Joe Anderson, Wayne Shorter. Mais ne vous contentez pas de copier.
05:09Il faut trouver sa propre voix.
05:10Voilà. Et ça, ça passe par la pratique, le jeu, encore et encore. Il dit un truc intéressant là que lit.
05:1780% vient des influences. Et le reste, c'est la pratique et la vie, l'expérience.
05:2480% des influences, c'est énorme. Ça souligne l'importance de bien choisir ce qu'on écoute, ce qu'on absorbe.
05:31Absolument. Et sa façon de pratiquer est assez unique aussi, non ?
05:35Carrément. Pas de méthode toute faite achetée en magasin. Il se crée ses propres exercices.
05:40Souvent à partir de très peu de choses, genre deux ou trois notes.
05:43C'est ça. Et ensuite, il les travaille dans tous les sens, toutes les tonalités. Il les inverse. Il note tout dans des carnets avec la date.
05:51Mais le but, c'est pas de ressortir l'exercice tel quel dans un solo.
05:53Non, pas du tout. L'idée, c'est que des petits fragments de ses exercices finissent par s'intégrer inconsciemment à son jeu, comme des mots qu'on apprend et qui deviennent naturels.
06:03Un vocabulaire personnel, en quelque sorte.
06:05Exactement. Il dit lui-même qu'il est un apprenant lent, d'ailleurs.
06:09Oui, mais il insiste sur la persévérance. Le fait de finir ce qu'on commence. Que ce soit un exercice ou une composition. Ne pas laisser tomber en cours de route.
06:19Et jouer avec des gens plus forts que soi. Ça, c'est un conseil classique, mais toujours pertinent.
06:23C'est clair. C'est là qu'on apprend le plus vite. Qu'on est tiré vers le haut.
06:27Un mot sur l'équipement. Le bec, le sax, souvent un sujet sensible chez les musiciens.
06:33Oui, et son approche est très... personnelle, justement. Il dit expérimenter. Trouver ce qui est confortable pour vous.
06:41Pas choisir en fonction du son d'un tel ou un tel.
06:43Non. Il faut que ça devienne comme une extension de soi-même. Du souffle. Peu importe si c'est à la mode ou pas.
06:49Il raconte même s'être fait critiquer dans les années 70 pour un choix de bec.
06:53C'est vrai, oui. Un bec en métal, je crois. Qui n'était pas courant à l'époque dans le jazz.
06:58Il a tenu bon. Et quelques années plus tard.
07:00Et beaucoup de saxophonistes utilisaient le même genre de matériel.
07:04Ça montre bien que c'est très personnel, ces choix-là.
07:06Dernier point abordé dans ses extraits.
07:08L'écoute. Ah oui, fondamental aussi. Il dit écouter de tout. Vraiment de tout.
07:14De Pavarotti à qui se jarrette.
07:16Oui, et même la pop avec ses enfants. Mais attention, il précise qu'il filtre énormément.
07:21Il ne garde que ce qui l'interpelle vraiment, ce qui l'inspire ou l'élève d'une manière ou d'une autre.
07:26Il fait aussi une remarque sur la perception du jazz aux Etats-Unis comparée à l'Europe ou au Japon.
07:31Oui, il pense que c'est plus difficile pour le grand public américain car le jazz est moins visuel
07:37et demande une certaine éducation de l'oreille, une écoute active.
07:41Contrairement, selon lui, à l'Europe où il y aurait une tradition d'écoute plus attendive, peut-être.
07:47Intéressant. Alors, si on devait synthétiser les grandes leçons de Breaker dans cette masterclass ?
07:52D'abord, cette priorité absolue donnée au rythme, au time. C'est vraiment la clé de voûte.
07:58Ensuite, l'approche très personnelle de l'apprentissage. Faire ses transcriptions soi-même, créer ses propres exercices.
08:04Oui, et digérer ses influences pour construire sa propre voix. Avec beaucoup de persévérance, ne jamais lâcher.
08:10Et puis, cette idée d'écoute large mais sélective. Savoir se nourrir mais aussi filtrer.
08:16C'est ça. Et il termine sur une pensée assez intrigante, je trouve.
08:21Laquelle ?
08:21Il avoue qu'il hésite un peu à publier ses méthodes de travail en détail. Il a peur que ça détruise le mystère, la magie de la musique.
08:29Ah oui, c'est intéressant comme réflexion.
08:31Est-ce qu'analyser, décortiquer le processus créatif, ça ne risque pas d'enlever un peu de son aura ?
08:37C'est la question qu'il pose en filigrane. Où est l'équilibre entre le partage de connaissances qui est nécessaire
08:42et la préservation de cette part d'inexplicable peut-être qui fait aussi la beauté de l'art ?
08:48Ça laisse matière à réflexion.
08:49Sous-titrage Société Radio-Canada
09:19Sous-titrage Société Radio-Canada
09:49C'est la question.
10:19C'est la question.
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