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  • il y a 2 mois
À Nice, naissance de la Riviera À la fin du XVIIIème siècle, Nice, petit port
méditerranéen, gagne en popularité dans les salons et boudoirs de la bonne société. La ville promet des hivers doux, un ciel bleu et des jardins parfumés. Au cours d'une éclosion qui dure plus d'un siècle, Nice devient un lieu de villégiature luxueux. Ce succès transforme la ville en une cité opulente de tous les fantasmes et lie son destin à ses hôtes prestigieux..
Le Touquet, station british C'est un bout du Nord de la France qui fait face aux
falaises du sud de l'Angleterre. À la fin du XIXème siècle, deux hommes d'affaires, l'un Français, l'autre Britannique, vont parier sur le développement de ce qui sera la plus britannique des stations françaises : Le Touquet-Paris-Plage. En effet, la mode des bains de mer permet de bâtir des fortunes mais rien ne sera simple, à l'image des relations franco-anglaises. Année de Production :

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Transcription
00:00Musique
00:30C'est une époque qui fait encore rêver toute l'Europe
00:43et qui s'incarne en un mot, riviera.
00:51Musique
00:51A la fin du XVIIIe siècle, Nice, petit port méditerranéen
00:56dans le sud de ce qui n'est pas encore la France,
00:58devient un bruissement, un nom qui se murmure
01:01dans les salons et boudoirs de la bonne société.
01:05Promesses d'hiver doux, de ciel bleu et de jardin parfumé.
01:11Au cours d'une éclosion qui dure plus d'un siècle,
01:13elle va devenir un lieu de villégiature hivernale luxueux et incontournable.
01:20Musique
01:20Tout le monde se presse à Nice, il y a toutes les têtes couronnées.
01:26Il peut y avoir la reine d'Angleterre, les impératrices de Russie,
01:29les tsarines, ou d'autres personnalités venues des États-Unis,
01:35venues d'Allemagne, d'Italie, du Brésil.
01:40Ici, c'est le salon de l'Europe, véritablement.
01:43Musique
01:43Ce succès va façonner la ville et son image,
01:49la transformer en une cité opulente de tous les fantasmes
01:52et lier son destin à ses hôtes prestigieux.
02:05Musique
02:05A la fin du XVIIIe siècle, Nice n'est pas française.
02:13Elle fait partie du royaume de Piémont-Sardaigne
02:16et se situe dans un territoire peu accessible.
02:20La colline du château qui domine la ville
02:22offre un panorama sur la baie des Anges
02:25où se niche alors la cité originelle.
02:28Musique
02:28Nice, c'est une petite ville de province, assez pauvre,
02:35et elle a un territoire communal très vaste
02:37où la population agricole est importante
02:41avec des plantations d'olivier,
02:46donc toute l'économie de l'huile,
02:48mais également des plantations d'agrumes.
02:53Cette quiétude rurale est sur le point de basculer.
02:57À partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle,
03:00les paysans et pêcheurs niçois
03:01voient débarquer les étudiants de l'élite
03:04sur la route du Grand Tour,
03:06un pèlerinage culturel
03:07destiné à parfaire leur éducation.
03:10Musique
03:10Nice devient une étape récréative
03:14pour les fils de bonnes familles
03:15avant Gênes, Rome ou Naples.
03:20Les jeunes de l'aristocratie britannique
03:23vont faire l'expérience du voyage
03:27à la recherche des Antiques
03:29aux sources de nos civilisations latines
03:33et ils peuvent également poursuivre jusqu'en Grèce.
03:37Et donc, il y a des réseaux d'accueil,
03:40pour ces jeunes qui se mettent en place.
03:43Musique
03:43À la suite de ces étudiants,
03:51Nice voit arriver des familles entières d'aristocrates.
03:54Musique
03:54Les médecins britanniques considèrent que l'air marin
04:00et le climat hivernal doux sont bénéfiques pour la santé
04:03et peuvent même soigner la tuberculose qui fait des ravages.
04:06Musique
04:07Aux yeux de ces nouveaux venus,
04:10la vieille ville italienne est sale et manque d'espace.
04:14Pour se loger, il faut donc construire des villas hors de la cité,
04:18sur les plaines agricoles qui bordent la mer,
04:20avec de nouvelles règles d'urbanisme.
04:23Musique
04:23Dans leur sillage,
04:26Judith Kirali garde la mémoire britannique de Nice.
04:29Les rues étaient construites d'une façon droite,
04:35que la brise de mer remonte
04:37et rafraîchit l'air,
04:40nettoie un peu la ville.
04:43Parmi les activités conseillées par les médecins,
04:47la promenade en bord de mer.
04:50Alliant bonnes œuvres et intérêts de la communauté,
04:53une riche veuve, Lady Sparrow,
04:55et le révérend Lewis Way,
04:57engagent un chantier qui transforme la ville à jamais.
05:02Le problème était que, bord de mer,
05:05il n'y avait pas grand-chose.
05:07Il y avait un chantier qui n'était pas du tout maintenu.
05:09Donc, en 1822,
05:13ils ont réuni des ponts
05:15pour engager les mondiants
05:18pour nettoyer le bord de mer
05:20et faire une première section,
05:23ce qui s'appelait
05:24Camer d'Inglaise,
05:27la marche des Anglais,
05:29qui a devenu la promenade des Anglais.
05:34Derrière ces premières villas
05:36se développent au cours des années 1820
05:38tout un quartier anglais
05:40qu'ils nomment entre eux Newborough.
05:45Ces habitants vivent en vase clos
05:48et s'implantent avec leur mode de vie,
05:50leur goût,
05:51leur culte anglican.
05:52Ces familles anglaises
06:03habituellement constituaient
06:05entre 8 et 10 personnes
06:07en plus le personnel.
06:09Donc, ils avaient besoin
06:09des grandes habitations.
06:12Les normes sont complètement différentes
06:15de la vieille ville.
06:17Il y a les fenêtres qui sont plus grandes,
06:19il y a les salles de bain,
06:20les cuisines sont modernes,
06:22il y a les habitations
06:24qui sont aérées avec des jardins.
06:28Pendant près de 40 ans,
06:30Nice continue d'attirer
06:31les séjours hivernaux
06:32des aristocrates britanniques,
06:34puis européens.
06:36En 1860,
06:37un événement bouleverse
06:38la destinée de la ville.
06:40Napoléon III signe en grande pompe
06:48un traité d'annexion
06:49avec le comté de Piémont-Sardaigne.
06:53Nice est désormais française
06:54et dans la corbeille de mariage,
06:57le puissant empereur
06:58apporte une ligne de chemin de fer
07:00et une gare.
07:01Cette architecture de la gare
07:07que nous voyons derrière moi
07:08est en fait
07:09une architecture néo-Louis XIII,
07:11comme on pourrait très bien
07:12en voir à Paris.
07:14Donc on a cette architecture
07:15avec un toit en ardoise.
07:17On ne fait pas les toits
07:17en ardoise à Nice.
07:18Donc là, on a quelque chose
07:19de vraiment parisien
07:21puisque c'est la capitale.
07:23On appartient en fait
07:24à l'empire de Napoléon III.
07:26En 1864,
07:30le train arrive finalement en ville.
07:33Après 23 heures de trajet,
07:35il a traversé la France.
07:40Le train est un vrai moteur,
07:42une accélération de l'urbanisme local
07:44et on va avoir une ville
07:46qui devient de plus en plus irrésistible
07:48et qui, comme New York,
07:50va devenir un lieu d'investissement.
07:53Et avec Napoléon III,
07:54il faut imaginer quand même
07:56cette cour qui suit,
07:58la cour impériale qui suit.
07:59On va voir arriver
08:00des grands banquiers
08:01comme Frémy, par exemple,
08:02ou encore le baron Haussmann
08:04qui va avoir sa villa
08:06sur le Mont-Boron.
08:12L'argent coule à flot
08:13dans la France
08:14de l'essor industriel.
08:16Avec l'arrivée
08:17de ces nouveaux investisseurs
08:18et de leurs capitaux,
08:20la ville change de dimension.
08:22Les nouveaux venus,
08:23au travers de sociétés foncières,
08:25achètent des parcelles,
08:26tracent des boulevards,
08:27construisent des villas.
08:33Les résidents
08:34gagnent les collines.
08:36Celle du Piole
08:36voit pousser
08:37des petits châteaux russes.
08:39Celle de Cimier
08:39attire les Britanniques.
08:42Nice fait tourner
08:43toutes les têtes,
08:44même couronnées.
08:45Dès 1894,
08:49fin 94,
08:50on a notamment la venue
08:51d'une hôtesse de marque,
08:53on va dire,
08:54quelqu'un vraiment
08:55de très, très important.
08:57C'est elle
08:57qui va cristalliser,
08:58je dirais,
08:58la couronne britannique,
09:00rien qu'à elle seule,
09:01c'est la reine Victoria.
09:02Elle adorait Nice
09:03et elle trouvait
09:04qu'elle rajeunissait
09:07complètement ici.
09:08Elle va donner
09:12un boum,
09:12un essor incroyable
09:13tant à la construction
09:14des villas,
09:15mais surtout aussi
09:16des hôtels.
09:17C'est quand même
09:18très porteur
09:18d'avoir l'impératrice
09:20des Indes,
09:20la reine d'Angleterre
09:22et d'Irlande,
09:23qui vient passer
09:23l'hiver à Nice.
09:27Pour les séjours
09:28de sa majesté,
09:30on fait construire
09:30le plus beau des palaces.
09:33Un édifice
09:33de plus de 6000 mètres carrés
09:35tourné vers la mer
09:36et qui domine
09:37la colline de Simier,
09:39le Régina.
09:41L'hôtel est à la pointe
09:43du luxe et du confort
09:44de l'époque.
09:46Salle de bain
09:46et eau à tous les étages.
09:49Chauffage central,
09:50hamam,
09:51bar à cocktail,
09:52jardin d'hiver,
09:53rien n'est too much.
09:55Depuis sa tournissoise,
09:57la reine Victoria
09:57reçoit pour le thé
09:58ministre et grand
10:00de ce monde.
10:02En fait,
10:03de l'autre côté du monde,
10:04ces mêmes personnalités,
10:06que ce soit,
10:07par exemple français et anglais,
10:08vont se faire la guerre.
10:10Et en même temps,
10:10ici,
10:11on a cette partie calme,
10:14diplomatique,
10:15où on se fait des sourires,
10:17où on échange des choses,
10:18où on fait des affaires,
10:19parce qu'il y a aussi
10:20beaucoup de capitaux
10:20qui sont échangés ici.
10:23Et en fait,
10:24tout est bien
10:26dans le meilleur
10:26des mondes possibles.
10:27La belle époque affiche son faste.
10:36Partout,
10:36les palaces surgissent.
10:39Majestic,
10:39beaux rivages,
10:40Alhambra,
10:41Grand Palais
10:41et le dernier-né,
10:43le Negresco,
10:44font surenchère d'ornements.
10:47Et pour parer à l'ennui,
10:48qui menace
10:49les longues soirées d'hiver
10:50de la bonne société,
10:51il se dote de salles
10:52de spectacle et de réception.
10:54La Villa Masséna,
10:57propriété du Prince d'Essling,
10:58témoigne de cette ébullition cosmopolite.
11:02Le souhait du Prince d'Essling,
11:03c'était donc
11:04d'organiser ici
11:06des grandes fêtes.
11:08Ou bien encore,
11:08des rencontres entre amis,
11:10des dîners.
11:11On va attirer des tas de gens,
11:13à la fois des diplomates,
11:15à la fois des industriels,
11:16mais aussi
11:17quelques personnalités
11:19un peu interlopes,
11:20les demi-mondaines,
11:21voire des grandes horizontales,
11:23mais également
11:24des artistes,
11:25des marchands d'art
11:25qui vont trouver
11:27leur clientèle ici
11:28pendant la saison d'hiver
11:29jusqu'au début du printemps.
11:41Insatiables de mondanité
11:43et d'exquis amusement,
11:45les hivernants
11:45apportent à Nice
11:46leurs loisirs sportifs,
11:48voiles et avirons.
11:49Très vite,
11:55les figures du Gotha
11:56s'affrontent sur l'eau
11:57en délégante régate.
11:59Un club nautique
12:00est créé sur le port.
12:02Loin des palaces,
12:03il est accessible à tous.
12:04Le club commence à avoir
12:14des adhérents,
12:15des commerçants niçois,
12:16des gens du port
12:17qui tout de suite
12:18se rendent compte
12:19que la mer,
12:20c'est pas seulement fait
12:20pour faire de la pêche
12:21ou de la navigation
12:22commerciale.
12:24Et les grandes élites
12:26qui étaient là
12:27également
12:28font monter
12:29à bord
12:30de leur bateau
12:31les gosses du port,
12:32les fils de dockers,
12:34de pêcheurs,
12:35de manutentionnaires.
12:37Donc il y a un mélange
12:38assez harmonieux
12:39à ce moment-là
12:39qui se crée
12:40entre ces têtes couronnées
12:42parce qu'on a eu
12:43quatre rois quand même
12:44au club nautique,
12:47ces aristocrates russes,
12:49anglais, allemands,
12:50tout ce que vous voulez,
12:51mais italiens,
12:52et la population du port.
13:02est-ce qu'il y a de l'air,
13:07c'est bon ?
13:08C'est vous,
13:10Yacht.
13:11En fait,
13:11le yachting au départ
13:12est purement britannique,
13:14comme le rowing,
13:15l'aviron,
13:16mais on s'est accaparé
13:17tout ça.
13:18Et on a
13:19énormément de gens
13:21sur l'eau
13:22et on fait
13:23beaucoup de compétitions
13:24internationales.
13:26Donc si vous voulez,
13:27ces goûts
13:28d'aristocrates
13:29se sont dilués
13:30dans la population.
13:32Le temps suspendu
13:44de la riviera
13:44touche à sa fin.
13:47En 1914,
13:48la Première Guerre mondiale
13:49sonne le glas
13:50de cette bulle dorée.
13:53Le tourisme
13:54devient estival,
13:56populaire,
13:57et le rêve pour tous
13:58peut commencer.
14:02C'est un bout du nord
14:23de la France
14:23qui fait face
14:24aux falaises
14:25du sud de l'Angleterre.
14:26Entre ces deux mondes,
14:28il y a la Manche
14:29et la mer du Nord.
14:33À la fin du XIXe siècle,
14:35seul le vent
14:36s'épanouit
14:36sur cette côte d'opale,
14:38alors que partout ailleurs
14:39sur le littoral français,
14:41des aventuriers
14:42misent
14:42sur la mode
14:43des bains de mer
14:44pour bâtir
14:44des fortunes.
14:45Mais deux hommes d'affaires,
14:53l'un français,
14:54l'autre britannique,
14:55vont parier
14:56sur le développement
14:57de ce qui va devenir
14:58la plus britannique
14:59des stations françaises,
15:01le Touquet-Paris-Plage.
15:03Mais rien ne sera simple
15:04à l'image
15:05des relations franco-anglaises.
15:07C'est très drôle.
15:14Les Français qui viennent
15:15trouvent que c'est très anglais.
15:16Ils aiment bien
15:17ce côté très verdure,
15:19les jardins à l'anglaise.
15:21Et pour les anglais,
15:22par contre,
15:22c'est très français.
15:23Donc, voilà,
15:24je trouve qu'on a
15:25la mer des deux mondes ici
15:26et cette culture,
15:28cette amitié franco-britannique,
15:30ça n'a jamais cessé
15:31de croître, en fait.
15:37Au début,
15:43il n'y a rien,
15:44rien que des dunes.
15:47En 1837,
15:50un notaire parisien fortuné
15:51achète 1600 hectares de dunes.
15:54Il rêve de créer ici
15:56un vaste domaine agricole
15:58et forestier
15:58qu'il espère rentable.
16:05Alphonse Dalloz,
16:07il est amoureux
16:07de ce territoire
16:08et il va avoir une idée,
16:10c'est de planter
16:10une forêt ici.
16:12Et là,
16:12il va planter
16:13une pinède,
16:14donc essentiellement
16:14des pains maritimes,
16:16mais aussi
16:16quelques feuillus.
16:18Alors, cette forêt
16:18a du mal à prendre,
16:19mais il persévère.
16:21Il s'y reprend
16:21à plusieurs fois.
16:22Il va replanter
16:23les oias
16:24et puis ces arbres,
16:25il va les laisser pousser.
16:27Ce qui fait qu'au bout
16:28de quelques années,
16:29on a une forêt
16:30qui représente
16:31plus de la moitié
16:31du territoire
16:33dont il avait fait l'acquisition.
16:34Le notaire
16:39invite sur ses terres.
16:41Il veut faire découvrir
16:42à ses relations parisiennes
16:43cette côte méconnue.
16:45Son ami Hippolyte
16:47de Villemessant,
16:47le directeur du Figaro,
16:49séduit par la beauté
16:50des lieux,
16:51lui souffle l'idée.
16:52Créer ici
16:53une station balnéaire
16:54qui s'appellerait
16:55Paris-Plage.
16:56On est en 1874,
16:59Doville a été créé
17:00de toutes pièces
17:0115 ans auparavant.
17:03Dalhose abandonne
17:04son projet agricole
17:05qu'il n'a pas réussi
17:06à rentabiliser
17:07et il se met à vendre
17:08des parcelles constructibles
17:10sur le front de mer.
17:12Quelques chalets
17:12poussent sur la dune.
17:17Mais les Parisiens
17:18sont peu nombreux
17:18à succomber
17:19au charme
17:20du Paris-Plage naissant.
17:22En 1883,
17:24on n'y compte
17:24que 30 habitants
17:25avec les gardiens
17:26de phare
17:26et leur famille.
17:28Le notaire
17:29n'entendra pas
17:30les rires
17:30des enfants
17:30jouant sur la plage.
17:32Il meurt en 1885
17:34sans jamais avoir
17:35connu le succès
17:36de la station balnéaire.
17:38C'est sa belle-fille
17:39qui reprend l'affaire
17:40et elle,
17:41elle entend bien
17:41faire de ce Paris-Plage
17:42un business
17:43successful.
17:45En quelques années,
17:47quelques riches
17:47commanditaires
17:48vont faire pousser
17:49sur ce front de mer
17:50des bâtisses
17:51qui rivalisent
17:52d'imagination.
17:53La station
17:54semble lancer.
17:55C'est la première villa
17:58qui va être construite
17:58dans cette rue
17:59pour un médecin hollandais
18:01qui s'appelle
18:01Monsieur Timmermans,
18:02le docteur Timmermans.
18:04Ce sont des commandes
18:04pour la plupart du temps.
18:06Ici,
18:06il va faire appel
18:06à un architecte bercois
18:08qui s'appelle
18:08Henri Vallette
18:09et qui va lui construire
18:11vraiment cette villa
18:12qui va représenter
18:13aussi la personnalité
18:15du propriétaire.
18:16Donc,
18:16il faut imaginer
18:17que tout autour,
18:18à l'époque,
18:18il n'y a rien du tout.
18:19Il n'y a que du sable.
18:20Là,
18:20c'est vrai qu'on a
18:21une villa
18:21qui est quand même
18:22assez imposante,
18:23un peu dans un style
18:24néo-médiéval.
18:25Et donc,
18:26on a tous les éléments
18:26du château,
18:27la tourelle,
18:29les espèces de petits
18:29remparts crêne-lés
18:30qui rappellent justement
18:32l'allure d'un château.
18:35Malgré quelques constructions
18:36audacieuses,
18:38Paris-Plage a encore du mal
18:39à séduire la foule
18:40des acheteurs.
18:41Ce qui lui manque,
18:42c'est la renommée.
18:43La belle-fille de Dallos
18:45va donc la créer
18:46de toutes pièces
18:47en fondant un journal
18:48qui en fera la promotion,
18:50le Paris-Plage,
18:51courrier des bains de mer.
18:52Un organe publicitaire
18:54dirigé par un rédacteur
18:55en chef plein de ressources.
18:57Bonjour Alain.
18:58Bonjour Loïc.
18:59Ça va bien ?
19:00Ça va et toi ?
19:01Oui.
19:02La société académique
19:04du Touquet
19:04a conservé les exemplaires
19:06de cet organe
19:07de presse propagandiste.
19:08C'était aussi
19:12un redoutable publicitaire
19:14puisqu'il déposait
19:16tous ses journaux
19:16dans les gares
19:17à proximité du Touquet
19:18et il n'hésitait pas
19:20à employer des moyens
19:21même parfois un peu limites
19:22pour appâter le client.
19:24J'ai pris cette page-là
19:25en exemple.
19:25Le général Boulanger
19:26au bain de mer.
19:27Sauf que le général Boulanger
19:28n'est jamais venu.
19:30Il a fait le coup,
19:30si je peux dire,
19:31trois fois
19:31avec trois personnalités
19:32différentes
19:33pour faire croire
19:34que ces gens
19:35étaient de passage.
19:37Parce que si on se replace
19:37à l'époque
19:38c'était des dunes,
19:40des broussailles
19:40et du sable.
19:41Donc peu attirant.
19:42Pas de route pour y arriver.
19:44Donc c'était déjà compliqué
19:44et il fallait absolument
19:45faire venir des gens
19:46pour que le lotissement
19:47prenne forme
19:48et que les gens achètent.
19:50Donc il fallait
19:50se faire connaître.
19:52C'est pour ça
19:52que les journaux
19:53ont été créés
19:54entre autres.
19:56Alors il y a
19:56un petit peu de tout.
19:57On avait un peu d'humeur,
19:59les gens qui rouspétaient
20:00déjà sur l'état
20:01des routes,
20:02plutôt des chemins
20:03à l'époque.
20:06Depuis Étaples,
20:07seul un tramway
20:08permet aux visiteurs
20:09de débarquer
20:10à Paris-Plage.
20:15Sur l'étendue de sable,
20:17on ne sait pas encore bien
20:19comment occuper l'espace.
20:20Quelle tenue adopter,
20:22on apprivoise la plage.
20:26Les pêcheuses de crevettes
20:27participent
20:28à l'exotisme local
20:29et les premières affiches
20:30vantent les mérites
20:31de la plage.
20:35Les premières saisons,
20:37on vient en famille.
20:38Alors bien sûr,
20:39on n'est plus sur
20:39une catégorie sociale
20:40bourgeoise
20:41qui va venir
20:42puisqu'on n'a pas encore
20:42la démocratisation
20:43du tourisme.
20:44Mais on va avoir
20:45déjà des bains de mer,
20:47des concours
20:47de châteaux de sable.
20:48On voit les enfants
20:49venir avec leur petit bateau
20:51et le faire naviguer
20:52directement
20:53dans les petites étendues d'eau.
20:54Quand on est en haut du phare,
21:00d'un côté,
21:01on a le front de mer
21:02avec la mer,
21:04la plage,
21:05toutes les villas
21:06qui ont été développées
21:07sous l'air de Dalloz.
21:08Et puis,
21:09on fait le tour du phare
21:10et là,
21:11on est côté face
21:12avec justement
21:13la forêt,
21:14le côté britannique.
21:15On a des cottages
21:16en forêt
21:17avec John Wheatley
21:18qui est le second fondateur
21:19de la station.
21:24En 1902,
21:26devant le succès mitigé
21:27que rencontrent
21:28leurs stations,
21:29les héritiers de Dalloz
21:30se décident finalement
21:32à vendre la forêt
21:33plantée par leurs ancêtres
21:34au sud
21:35du front de mer
21:36de Paris-Plage.
21:38Et c'est un businessman anglais
21:40qui à son tour
21:41va parier,
21:42espérant rafler la mise
21:43avec un projet
21:44d'une toute autre ampleur,
21:46une cité nouvelle
21:47appelée Mayville.
21:51John Wheatley,
21:52c'est un investisseur.
21:54Il cherche à développer
21:55en fait
21:55un lieu de villégiature
21:57essentiellement
21:57pour la clientèle anglaise
21:59à partir
22:00d'un aménagement
22:01urbain
22:02totalement différent
22:03du petit lotissement
22:05qu'est
22:06Paris-Plage
22:07à ce moment.
22:08Donc,
22:08il va s'adjoindre
22:09quelques architectes
22:11célébrissimes
22:12comme Charles Garnier,
22:14l'architecte
22:14de l'Opéra de Paris,
22:15aussi des architectes
22:16anglais
22:16comme Colquette
22:17qui vont produire
22:19en fait
22:19un plan
22:20de Mayville
22:21qui souhaite
22:22se développer
22:22au sud du Touquet
22:23en été
22:24sur une très grande partie
22:25et qui va reléguer
22:27complètement
22:27dans l'image
22:28qui est proposée
22:29du projet
22:29le Paris-Plage
22:31des origines.
22:32Alors,
22:32il y prévoit
22:33une gare,
22:34il y prévoit
22:34des équipements,
22:35un casino,
22:35un pire à l'anglaise,
22:37donc une jetée
22:37qui s'avance
22:38vers la mer.
22:41Les Paris-plagistes
22:42historiques
22:43s'opposent
22:43au projet fastueux
22:44de l'anglais.
22:46Wheatley
22:46est contraint
22:47d'abandonner
22:47ses idées
22:48grandioses
22:48de villes nouvelles.
22:50Mais le businessman
22:51parvient à imposer
22:52aux acheteurs
22:53des terrains
22:53avec des règles
22:54de construction
22:55très précises.
22:59On n'est plus du tout
23:00dans un plan romain,
23:01on est des choses
23:02qui ondulent,
23:03qui fondent
23:04avec la topographie
23:05du terrain
23:06et avec la végétation
23:07existante
23:07et dans lesquelles
23:08on a des villas
23:09parsemées
23:09autour des équipements
23:11de sport,
23:12le polo,
23:13le golf,
23:14le champ de course.
23:15Et puis le touquet
23:16va quand même
23:17se développer
23:18dans un projet
23:19qui sera
23:19moins spectaculaire
23:21mais dont la culture
23:22anglaise
23:22va imprégner
23:24tout le territoire.
23:27Incarnation
23:27de l'esprit
23:28britannique,
23:29le golf
23:30imaginé
23:30par Wheatley
23:31est inauguré
23:32en 1904
23:33en présence
23:34de Lord Balfour,
23:35le premier ministre
23:36britannique.
23:41Mais en 1914,
23:43le son des canons
23:44sonne le glas
23:45des activités
23:46de loisirs.
23:48À Étaples,
23:49ville voisine,
23:50ce ne sont plus
23:51des aristocrates
23:51britanniques
23:52qui arrivent
23:53mais de jeunes soldats
23:54venus de toute l'Angleterre
23:55pour combattre
23:56aux côtés
23:56des troupes françaises.
24:03C'était vraiment
24:03le plus grand
24:04campement militaire
24:06pour les britanniques
24:07ou pour l'empire britannique
24:08je devrais dire
24:09et il y a plus
24:11de 2 millions
24:11d'hommes
24:12qui sont passés
24:13par ici
24:13par Étaples.
24:14ils arrivaient
24:15à Boulogne,
24:15ils faisaient
24:16une marche forcée
24:17de 30 kilomètres
24:17pour arriver
24:18ici à Étaples
24:19pour s'entraîner
24:20avant de partir
24:21sur le front.
24:23Après la fin
24:24de la guerre,
24:24il y avait aussi
24:25une vingtaine
24:26d'hôpitaux militaires
24:27ici.
24:28Donc le temps
24:29que les blessés
24:29soient soignés,
24:30qu'ils puissent
24:31rentrer chez eux,
24:32on a gardé le camp
24:33jusqu'à 1919
24:34en fait.
24:35après la guerre,
24:42le cimetière
24:42d'Étaples
24:43concédé par la France
24:44à l'Angleterre
24:45devient un lieu
24:46de visite mémorielle.
24:48Près de 11 500 soldats
24:50du Commonwealth
24:50y reposent en paix.
24:52Moi, je suis venue
24:54une fois avec une amie
24:55qui avait perdu son oncle,
24:57elle n'avait jamais connu
24:58et elle ne savait pas
25:00où il était.
25:01Elle a cherché
25:01dans le registre,
25:02elle a trouvé son nom,
25:03grosse émotion,
25:04il est enterré ici.
25:06Il y a un numéro
25:06durant,
25:07on est allé le chercher
25:08et puis elle a pu
25:09se recueillir
25:10sur le tombeau
25:10de son oncle en fait.
25:13C'est sûr que ça fait
25:14partie de notre histoire.
25:16Ma famille,
25:16quand ils viennent
25:17en France,
25:18ils sont tous venus ici.
25:19Ils veulent voir
25:20où les Britanniques
25:22sont tombés
25:22dans cette grande guerre.
25:34Avec la paix retrouvée,
25:36arrivent les années folles
25:37et un nouvel art de vivre.
25:39Paris-Plage
25:39et la forêt de Mayville
25:41s'unissent définitivement
25:42prenant le nom
25:43de Touquet-Paris-Plage.
25:47Les Anglais
25:48qui ont écrit
25:49une page de l'histoire
25:50de la région
25:50avec le sang
25:51de leur jeunesse
25:52s'attachent
25:53à ce bord de mer
25:54et le Touquet
25:55devient une
25:56de leurs rivières.
25:59Dans la forêt,
26:00sur les parcelles
26:01de Wheatley,
26:02ils sont nombreux
26:03à bâtir
26:03leur home sweet home.
26:07Les Anglais
26:08souhaitent
26:09une maison
26:09qui touche
26:10le jardin
26:11qui est au ras du sol,
26:12très horizontale
26:13sur la référence
26:14à l'architecture rurale.
26:16Donc,
26:17voilà une maison
26:18qui a des caractéristiques
26:19tout à fait anglaises,
26:21inspirées du cottage.
26:23Les menuiseries
26:23sont tenues extérieures,
26:24la toiture est dominante,
26:26on voit pratiquement
26:26qu'une toiture,
26:28avec ses cheminées,
26:28bien sûr,
26:29très inspirées
26:30de manoirs britanniques.
26:32La mode du cottage
26:38séduit la clientèle française.
26:41Les architectes
26:42de la région
26:42s'approprient le style.
26:44L'un d'eux,
26:45Louis Quetlard,
26:46dessine ces villas
26:47donnant naissance
26:48au style touquettois.
26:59Symbole de cette culture
27:00franco-britannique,
27:02l'iconique
27:02hôtel Westminster
27:04est inauguré
27:05en 1924.
27:07Dessiné par
27:08un architecte français,
27:10le palace
27:10mélange la brique rose
27:12à l'allure anglaise
27:13au style
27:14art décoratif
27:15à la française.
27:23En fait,
27:24dans cette galerie,
27:25c'est l'histoire
27:25du Westminster
27:26et de Touquet.
27:28On voit
27:29les têtes couronnées.
27:30Il y a une photo
27:31que j'aime beaucoup
27:32avec le prince de Galles,
27:33Édouard Huit,
27:34et avec
27:35Louis Mountbatten,
27:36qui était le mentor
27:38du prince Charles
27:39et qui est venu
27:40ici aussi au Touquet
27:41pour jouer au poulo.
27:42et qui est venu à l'église.
27:48Moi, je trouve que ça fait
27:49un peu comme un club
27:50anglais
27:50où les hommes partaient
27:51pour boire un coup,
27:53fumer un cigare,
27:53etc.
27:54On a ce côté
27:55effectivement
27:55avec les Chesterfields,
27:56le boo-bar.
27:57Mais c'est aussi
27:57pour les gens
27:58qui habitent ici.
27:59Nous, on vient ici
27:59faire la fête,
28:00faire les dîners,
28:01boire un verre
28:03dans cet endroit
28:04qui est un peu mythique,
28:05mais il est vraiment
28:06chez nous.
28:06Sous-titrage Société Radio-Canada
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