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  • il y a 5 mois
C'est une spirale de violence qui s'enlise et terrorise les habitants des quartiers sensibles de Nîmes. Depuis une dizaine de jours et la découverte, notamment, du corps calciné d'un jeune de 19 ans, les faits de violences s'enchaînent sur fond de guerre de bandes et de trafic de stupéfiants. À tel point que le maire a décidé de mettre en place, à partir de lundi 21 juillet 2025, un couvre-feu de 21 h à 6 h du matin pour les moins de 16 ans. Face à la recrudescence de la violence, cette mesure est-elle efficace ? On en parle avec : Jérôme Bonet, préfet du Gard. Et Thibaut Chevillard, journaliste police-justice 20 Minutes.

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Transcription
00:00Et nous sommes en direct avec Jérôme Bonnet, préfet du Gard.
00:03Bonjour à vous, merci d'être sur BFM TV.
00:05Avant qu'on parle de ce couvre-feu, je voulais vous entendre sur ce que me disait le député du Gard,
00:10Yohann Gillet, qui était sur mon plateau, sur le constat que vous faites de la violence.
00:13Il est aussi porte-parole du groupe du Rassemblement National.
00:15Il me disait, demandez au préfet, même le préfet, il y a des lieux dans lesquels il ne peut plus aller.
00:21Bonsoir madame, c'est une erreur.
00:24Je vais dans ces quartiers, j'y vais très particulièrement, j'y étais encore il y a quelques jours.
00:27Et non, je n'y vais pas avec une escorte, j'y vais.
00:32Je vais partout dans les quartiers.
00:34Donc c'est une mauvaise information qu'il a dû avoir, monsieur le député.
00:37Donc merci pour votre réaction.
00:38Quel est le constat que vous faites sur cette violence ?
00:40Avant qu'on évoque, je le disais, le couvre-feu,
00:43il y a cette fusillade avec quand même un jeune homme de 19 ans qui se retrouve avec le corps calciné.
00:48Son meurtre est mis en scène sur les réseaux sociaux.
00:51Il y a cet syndicat de police qui nous disait cet après-midi sur BFM TV,
00:56voilà, ils vont s'en prendre certainement.
00:58En tout cas, on a des menaces sur les réseaux sociaux, sur ces petites cinq ans.
01:01Est-ce que vous diriez que c'est du jamais vu ?
01:03Que la violence, elle a franchi un cap ?
01:06Il est certain que nous sommes face à des criminels, à des trafiquants
01:09qui ont à peu près perdu toute notion de valeur
01:13et qui sont prêts à terroriser finalement les habitants au-delà même de leurs rivaux.
01:17Donc, c'est la raison pour laquelle nous nous devons d'agir,
01:22nous devons de mettre en œuvre notamment les nouveaux outils de la loi
01:25qui a été adoptée et promulguée récemment pour lutter contre le narcotrafic.
01:30À Nîmes, vous savez, nous obtenons beaucoup de résultats très positifs
01:34en progression sur ces sujets-là.
01:36Donc, en effet, nous combattons ces phénomènes avec beaucoup de détermination.
01:40Et je veux revenir sur ce comportement.
01:44On est quand même face à des gens qui ont perdu à peu près toute notion
01:46de la valeur de la vie humaine.
01:49Je ne sais pas s'ils sont les auteurs de tous ces messages sur les réseaux sociaux,
01:52mais sans doute en partie.
01:55Et cela témoigne finalement du peu de considération qu'ils ont
01:59vis-à-vis des habitants de leur propre quartier
02:01et de cette terreur qu'ils propagent.
02:04Donc, nous, notre mission, c'est évidemment, grâce aux renforts que nous avons,
02:08d'enrayer le plus vite possible ce cercle de violence
02:13et également, très rapidement, d'interpeller les auteurs
02:17sous l'autorité de la Procureur de la République.
02:19Comment s'est posée la question de la mise en place de ce couvre-feu ?
02:22Ça a été une concertation avec le maire qui dit
02:23« Voilà, on veut sauver la vie des gamins qui soient d'ailleurs dans ce trafic ou pas. »
02:29Écoutez, c'est à la fois une initiative et une décision du maire
02:32puisque cela ressort de ses pouvoirs.
02:34Il en a évidemment parlé.
02:35Je trouve que cette décision est d'ailleurs justifiée.
02:39L'objectif, c'est de protéger ces enfants,
02:42mais de les protéger avant tout de ces trafiquants.
02:47Ces trafiquants utilisent ces enfants.
02:49Ces trafiquants enrôlent les enfants.
02:52Et je crois que protéger ces enfants,
02:55c'est effectivement considérer qu'ils ne doivent pas,
02:58à partir d'une certaine heure, être seuls.
03:00Cela est aussi un appel à la responsabilité de leurs parents
03:02pour ne pas les laisser seuls, aussi, à la merci de ces trafiquants.
03:06Est-ce que c'est un couvre-feu que vous allez…
03:08Là, vous vous mettez en place de façon provisoire, dit le maire,
03:11mais est-ce qu'il va être mis en place, comme par exemple à Béziers,
03:13à chaque vacance ou chaque vacance scolaire ?
03:15Est-ce que c'est quelque chose qui a vocation à s'appliquer ?
03:18Vous en avez discuté peut-être avec le maire ?
03:21Écoutez, là, pour l'instant, le maire a souhaité que ce soit pour les 15 jours à venir.
03:24Il fera sans doute le bilan à l'issue.
03:27Ce qui est certain, c'est qu'on est sur un couvre-feu instauré
03:29de par les pouvoirs de police du maire
03:32et qui sera mis en œuvre tant par les policiers nationaux, d'ailleurs,
03:35que par les policiers municipaux.
03:37Une question de Thibaut Chevillard, pour vous,
03:39qui est journaliste police-justice, à 20 minutes.
03:40Oui, bonsoir, monsieur le préfet.
03:42Le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotailleau,
03:43avait annoncé en mai dernier l'arrivée de 30 policiers supplémentaires à Nîmes.
03:48On a eu tout à l'heure la représentante départementale du syndicat Alliance
03:52qui nous disait que ces policiers ne sont pas arrivés,
03:55qu'il n'y en aura que 5, finalement, qui vont arriver à la rentrée
03:58et que, finalement, les renforts que vous envoyez,
04:00les CRS, l'unité d'investigation nationale, ça ne suffit pas.
04:04Il faut des policiers de façon pérenne dans cette ville.
04:08Qu'est-ce que vous lui répondez ?
04:10Je lui réponds qu'à la rentrée de septembre,
04:12nous aurons donc 13 policiers supplémentaires.
04:15Ça, c'est une première étape.
04:16Et l'engagement pris par le ministre de l'Intérieur
04:19est effectivement le recrutement de plus d'une trentaine de policiers.
04:22Il nous a même autorisé à en recruter plus.
04:24Et ces recrutements sont en cours.
04:26Il n'a pas dit qu'ils arriveraient en septembre.
04:28Il a dit que les recrutements seraient lancés
04:30pour arriver à ce niveau de renfort.
04:32Et c'est en cours.
04:33Donc, les engagements du ministre seront tenus.
04:36Monsieur le préfet, comment vous faites
04:37pour continuer à garantir l'accès aux soins
04:42pour notamment des maladies ?
04:43Il y a des médecins qui ont tiré la sonnette d'alarme
04:45sur cet accès aux soins,
04:46qui ne parviennent plus à assurer.
04:48Il y en a qui sont installés d'ailleurs
04:49depuis plus de 20 ans à Pisse 20.
04:51Ils indiquent, je les cite,
04:52que leur quartier est profondément déstabilisé
04:54par une insécurité croissante
04:55qui compromet gravement l'accès aux soins
04:58pour ses habitants.
04:59On a vu qu'il y avait une poste aussi
05:00qui est fermée dans l'un de ces quartiers sensibles,
05:03qu'il y a des pompiers qui demandent
05:04à être notamment escortés.
05:06En effet, c'est une vraie préoccupation.
05:10Les médecins, nous travaillons régulièrement avec eux.
05:11Et d'ailleurs, tout à l'heure, vous évoquiez
05:13mes venues dans le quartier.
05:16J'ai posé la première pierre très récemment
05:17d'un bâtiment qui accueillera d'ailleurs des médecins
05:19dans Pisse 20, dans les meilleures conditions possibles
05:21dans le cadre de la rénovation urbaine.
05:23J'ai déjà reçu les responsables de la poste.
05:26Nous allons recevoir toute la semaine
05:28tous ces professionnels
05:29pour arriver à la fois à s'assurer
05:34de la capacité qu'ils ont à conduire leur mission.
05:37Et je veux revenir là-dessus
05:38parce que l'accès aux soins,
05:40l'accès à la poste,
05:41l'accès aux services publics,
05:44l'accès aux bus, aux transports en commun,
05:47ce sont des choses qui sont absolument fondamentales.
05:49On est au cœur de la mission de l'État
05:51et des collectivités locales
05:52de s'assurer que l'on arrive à ça.
05:54Mais c'est aussi le résultat de cette terreur
05:57que propagent ces criminels.
06:01Il y avait Mélissa Gilles,
06:02donc citée aussi Thibault,
06:03représentante dans le garde du syndicat Alliance,
06:04qui disait qu'on manque d'effectifs en judiciaire aussi.
06:07C'est bien beau de nous envoyer des fonctionnaires,
06:09mais s'ils ne sont pas aussi formés sur ces quartiers
06:10et je n'ai pas les officiers de police judiciaire,
06:13on n'a pas les officiers de police judiciaire
06:14qu'on devrait avoir.
06:17Écoutez, le ministre de l'Intérieur,
06:18là aussi, s'est engagé à un certain nombre
06:20de renforts qu'il a annoncés.
06:22Là, nous avons, par rapport à un cycle,
06:26effectivement très violent,
06:27nous avons bénéficié,
06:29nous bénéficions,
06:29et la procureure de la République bénéficie
06:31de renforts très conséquents
06:32de policiers, d'enquêteurs
06:34qui nous viennent à la fois de Montpellier,
06:37mais également de Paris,
06:39des policiers hautement spécialisés
06:40et qui permettent d'accélérer les enquêtes.
06:42Donc, en effet, je l'entends,
06:45on a une vraie activité,
06:46une vraie nécessité de conduire ces enquêtes
06:48et ce message est parfaitement entendu.
06:52Thibaut ?
06:52On a l'impression que la situation à Nîmes
06:55s'est dégradée à peu près depuis 2023.
06:58Ça coïncide un petit peu
06:59avec la réforme de la police judiciaire.
07:01Il y a un enquêteur qui me disait
07:03que finalement, la situation à Nîmes,
07:05c'est une des conséquences de cette réforme.
07:08Qu'est-ce que vous en pensez ?
07:09Est-ce qu'aujourd'hui, finalement,
07:10cette stratégie qui a été mise en place
07:13il y a deux ans,
07:14elle est efficace pour lutter contre les réseaux
07:17à l'échelon départemental
07:18et en particulier sur Nîmes ?
07:21Écoutez, je pense que le bilan de cette réforme,
07:24il a encore tôt pour le faire.
07:25Je sais qu'il est programmé
07:26et je sais aussi que le ministre de l'Intérieur,
07:30mais également le directeur général de la police,
07:32sont en train d'ailleurs
07:33de recueillir finalement toutes ces analyses
07:36pour en tirer le cas échéant les enseignements.
07:38C'est une réforme qui est très très récente.
07:40Donc, il faudra voir comment elle peut être
07:42le cas échéant ajustée
07:43et ajustée notamment à des territoires comme Nîmes
07:46qui sont soumis à ces effets du narcotrafic.
07:50Je veux en revanche juste revenir
07:52sur ce que vous disiez au début de votre question.
07:56Je pense qu'on n'a jamais eu autant de résultats positifs,
08:00même si l'actualité pourrait le démontrer.
08:03Mais vous savez, le nombre d'écrous, par exemple,
08:06a doublé sur les six premiers mois de l'année
08:09par rapport à l'année dernière.
08:10La plupart, voire l'intégralité des règlements de comptes
08:14qui ont eu lieu ont été élucidés
08:16et l'activité des trafiquants de stupes
08:18a été fortement ébranlée sur le secteur Nîmes.
08:21Merci pour cette précision, Jérôme Bonnet,
08:23parce que c'est vrai qu'il y a quand même une violence inouïe.
08:26Je relisais encore ce que disait, par exemple,
08:28une habitante lors d'un SMS qu'elle envoyait à des confrères.
08:31C'est devenu Chicago, on a peur de sortir,
08:33il y a des habitants qui cherchent à partir.
08:34Les méthodes violentes de ces gangs,
08:36on les a abordées ensemble.
08:37Ces menaces sur les habitants
08:39vont tuer même les petits de 5 ans.
08:41Est-ce que face à toute cette violence,
08:42et l'été d'ailleurs,
08:43il s'était déjà rendu à Nîmes-Bruno-Retailleau,
08:45vous vous attendez à une nouvelle visite
08:47du ministre de l'Intérieur ?
08:48Je n'ai pas d'informations
08:50concernant une visite du ministre de l'Intérieur.
08:54Ce qui est sûr, c'est que les témoignages
08:55dont vous faites État,
08:57finalement, sont ceux qui donnent le sens de notre action.
09:01Notre action, elle est au service des habitants
09:03qu'on ne doit pas laisser vivre dans cette peur,
09:05et c'est tout le sens de notre engagement collectif.
09:08Parce que, encore une fois,
09:10ces criminels n'ont aucune considération
09:11pour les gens qui sont parfois,
09:13peut-être même, leurs parents.
09:14Tout comme d'ailleurs,
09:15les consommateurs qui viennent se servir
09:16dans les quartiers de Picevin
09:17n'ont strictement aucune considération
09:20et aucun sentiment de culpabilité
09:21vis-à-vis de ce qui s'y passe.
09:23Merci Jérôme Bonnet.
09:24Merci d'avoir réagi sur l'antenne
09:26de BFMTV, préfet du Gard.
09:28Merci Jérôme Bonnet.
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