00:00Vous avez écrit à la ministre de l'Éducation nationale parce que vous nous dites que vous n'avez jamais mis autant de zéro.
00:07Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:10Le sujet qui a été proposé aux élèves était relativement obscur.
00:15Les élèves n'ont pas forcément compris les réponses qui étaient attendues de la part de l'évaluation.
00:21Et en fait, ils n'ont pas réussi à mettre en valeur leur capacité.
00:28Et on se retrouve avec des notes qui sont extrêmement mauvaises.
00:31Je me retrouve avec 12% de zéro.
00:3212% de zéro, c'est un record pour vous ?
00:358% de 1.
00:36Donc, on se retrouve avec une moyenne de 5,7 sur 20.
00:41J'avais honte de rendre de telles notes et ça me met en colère.
00:46Alors, j'y m'arrive.
00:47Parce que j'ai bien conscience qu'une telle moyenne, ça ne peut pas refléter le niveau de...
00:51C'est une filière d'élèves sanitaires et social.
00:54La plupart sont très majoritairement féminines.
00:55Et ces deux élèves qui sont studieuses, elles sont appliquées.
00:59On les a préparées toute l'année à ce baccalauréat.
01:04Et une telle moyenne, ça ne reflète pas leur niveau.
01:06Alors, vous allez m'expliquer...
01:07C'est quand même...
01:08Vous allez m'expliquer en quoi cette épreuve était manifestement trop dure.
01:12Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:13D'abord, elle consistait en quoi cette épreuve ?
01:17Ce n'était pas inintéressant.
01:19C'était sur le tabagisme.
01:21Mais en fait, il y a beaucoup de questions qui portaient, par exemple, sur le programme de première.
01:24Alors, c'est vrai que dans les textes, on nous dit qu'on leur demande de revoir le programme de première et de terminale.
01:31Mais on sait très bien que les élèves vont quand même prioriser le programme de terminale.
01:34Parce que bon...
01:35Donc, c'était quoi les questions qui portaient sur le programme de première ?
01:38Donc, les cours qu'ils avaient fait un an plus tôt.
01:40C'est ça.
01:43Des questions de chimie, des questions sur la radioactivité, des questions de thermodynamique.
01:50Mais les élèves ont été déstabilisés par le fait d'aller chercher des connaissances aussi anciennes.
01:56Et il y en a un certain nombre qui se sont découragés, qui n'ont même pas attaqué le sujet.
02:00Parce qu'ils n'avaient pas pu bachoter ça.
02:02Après, la question qu'on a envie de se poser, c'est...
02:04Est-ce que c'est normal qu'un professeur dise qu'après tout, si les cours datent d'il y a plus d'un an, ils ne peuvent pas s'en souvenir, les élèves ?
02:14Comme vous dites, on parle un peu de bachotage.
02:17C'est-à-dire que sur la fin de l'année terminale, on révise quand même l'année qu'on vient de passer.
02:23C'est à ça qu'on les prépare.
02:26Les connaissances s'empilent, certes, mais il y a des oublis.
02:29C'est assez naturel.
02:31C'est assez naturel, c'est assez normal.
02:35Moi, le premier, il y a un certain nombre de notions de physique chimique que j'ai oubliées.
02:38Après, ça fait un peu plus de 20 ans, donc j'ai une meilleure excuse, c'est sûr.
02:41Mais au-delà de ça, vous avez parlé de questions obscures.
02:43Vous avez dit que vous avez eu honte.
02:45En quoi les questions étaient obscures ?
02:48Elles n'amenaient pas forcément...
02:50Les élèves n'ont pas vu ce qu'on attendait d'elles.
02:53Elles n'amenaient pas forcément les élèves à exprimer pleinement les progrès qu'elles avaient pu faire dans l'année.
03:00C'est-à-dire ?
03:02Donnez-moi un exemple concret, par exemple, sur ces questions-là.
03:05On parlait de radioactivité.
03:07Les questions étaient mal posées.
03:08Au sens que...
03:09Voilà.
03:12Ça ne permettait pas.
03:13Vous avez écrit, en tout cas, à la ministre de l'Éducation nationale.
03:16Est-ce que vous avez eu une réponse ?
03:18Pas encore.
03:21Le courrier n'est parti que mardi, donc peut-être qu'elle travaille.
03:25Voilà.
03:25Qu'ont dit vos autres collègues ?
03:26Vous n'étiez pas le seul correcteur, j'imagine.
03:28Non, c'est ça.
03:30Il y avait un accord.
03:31Tout le monde était un peu effrayé de rendre telle note.
03:35C'est des élèves qu'on a préparés pendant trois ans, trois années lycées à cet examen.
03:40Ce n'est jamais satisfaisant pour un correcteur de mettre des notes aussi basses.
03:44Donc ça, j'imagine évidemment que personne ne met des mauvaises notes par plaisir.
03:48Qu'est-ce qui se passe une fois que le correcteur a donné une note entre 0 et 1 ?
03:51C'est quoi la suite ?
03:52Est-ce qu'il y a une commission, par exemple, à l'échelle de l'Académie, qui dit « bon, c'est trop bas, on va la remonter ? »
03:59Il y a des commissions d'harmonisation, effectivement, mais ça s'est passé dans une autre filière, en filière scientifique.
04:05Le projet, là aussi, de physique était tellement difficile qu'il a fallu remonter les notes et revoir le barème.
04:12Ici, pour une raison que j'ignore, le barème n'a pas été revu et les notes sont restées en l'état.
04:16Donc ça veut dire que chez vous, en tout cas dans le Finistère, ceux qui ont eu 0 ou 1, ils ont gardé 0 ou 1.
04:24Alors, note de bac qui a été annoncée hier, c'est ça ?
04:27Alors, ce n'est pas que dans le Finistère, puisque le sujet a été national.
04:30Donc c'est au niveau national que ça a été un échec.
04:34En fait, le sujet est mixé, la note est mixée avec une note de biopathologie humaine,
04:39et où là, les moyennes étaient bonnes.
04:41Elle était autour de 13 ou 14.
04:42Donc finalement, ça faisait une note qui n'était pas trop catastrophique pour les élèves.
04:46Et heureusement, ça ne les a pas empêchés, pour la plupart, d'avoir l'examen.
04:49Alors, bon, maintenant, j'ai posé une ou deux questions qui fâchent aussi,
04:52puisque c'est bien que vous puissiez être là aussi pour y répondre.
04:55Vous connaissez les idées reçues.
04:56On dit que le bac, on le donne à tout le monde.
04:58Aujourd'hui, on l'a toujours dit, on le disait à l'époque où je l'ai passé.
05:01On était à 85% à peu près de réussite hier.
05:05Est-ce que vous pouvez comprendre que certains parents qui vous écoutent soient choqués d'entendre un professeur dire
05:10« Le bac était trop dur, il fallait remonter les notes ? »
05:14Le fait de dire qu'il faille remonter les notes, ça me choque.
05:18Le fait que je sois amené à mettre des zéros et des 1,
05:21et que la moyenne soit de 5, c'est ça qui me choque.
05:25Où est l'école de la confiance ?
05:27Où est l'émission de l'école ?
05:30C'est aussi d'apporter confiance en soi.
05:31C'est aussi la motivation qu'on est censé apporter.
05:35Et là, on casse quelque chose.
05:37La dernière note sur laquelle les élèves vont quitter leurs années lycées, c'est un zéro en physique.
05:43Ça, ce n'est pas acceptable.
05:44C'est d'autant moins acceptable qu'il y a tout un discours sur le fait qu'il faut rapprocher les filles des carrières scientifiques.
05:50Et on leur colle un zéro.
05:52Alors ça, en termes d'éloignement, on a gagné.
05:56Écoutez, merci en tout cas d'avoir témoigné ce matin.
05:58C'est le sujet qui était mauvais, vous voyez, ce n'est pas les élèves.
06:01Merci d'avoir témoigné en tout cas sur Sud Radio.
06:03Vous aurez pu le dire d'ailleurs.
06:04Olivier Cuzon, je rappelle que vous êtes prof de physique chimie,
06:07membre du syndicat Sud Solidaire dans le Finistère.
06:10C'est quoi la suite pour vous ?
06:11D'ailleurs, vous n'êtes pas encore en vacances.
06:14Si, ça s'est terminé depuis hier soir.
06:17Il y a le repêchage pour les élèves.
06:19Mais je ne suis pas convocé au repêchage cette année.