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  • il y a 3 mois
Et si nous parlions de cette nouvelle économie ? Non plus celle de la création, de la conquête ou de l’innovation, mais bien celle de la réparation. Ce que je vous propose ici n’a rien d’une métaphore. Il s’agit d’une politique publique. L’État rembourse désormais la reprise d’un col, d’un bouton, d’une fermeture éclair. Quelques euros pour repriser des chaussettes. Le do-it-yourself prend de l’ampleur. On recycle. On raccommode. On recolle. [...]

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Transcription
00:00L'économie de la réparation
00:06J'en ai parlé de l'économie de la réparation.
00:10Fin du rêve, début du rafistolage.
00:13Et si nous parlions de cette nouvelle économie ?
00:16Non plus celle de la création, de la conquête ou de l'innovation,
00:19mais bien celle de la réparation.
00:22Ce que je vous propose ici n'a rien d'une métaphore.
00:24Il s'agit d'une politique publique.
00:26L'État rembourse désormais la reprise d'un col d'un bouton d'une fermeture éclair.
00:30Quelques euros pour repriser des chaussettes.
00:33Le do-it-yourself prend de l'ampleur.
00:35On recycle, on raccommode, on recolle.
00:38Cette scène, encore jugée dérisoire il y a quelques années,
00:41raconte aujourd'hui quelque chose d'essentiel.
00:44L'économie bascule doucement du rêve vers la rustine.
00:48Non plus la vision exaltée du progrès, mais l'art modeste de l'ajustement.
00:53Dans une économie contrainte, au niveau budgétaire, au niveau écologique, au niveau symbolique,
01:00on ne rêve plus, on tient.
01:02On pense au sens propre comme au sens figuré.
01:06On rafistole, on cherche à durer.
01:10Longtemps, l'imaginaire collectif s'est appuyé sur l'idée de progrès.
01:13Chercher, inventer, produire, disrupter.
01:16Aujourd'hui, la dynamique s'est inversée.
01:18La réparation s'impose partout.
01:21Dans l'écologie, low-tech, upcycling.
01:24Dans la mode, seconde main.
01:26Dans le soin, mieux manger, mieux respirer, mieux dormir.
01:29Dans la politique, réconcilier, recoller, restaurer.
01:33Dans le quotidien, faire soi-même, entretenir, réutiliser.
01:37C'est une époque qui parle de réparation parce qu'elle sait qu'elle a cassé quelque chose.
01:41Le lien social, le sens du travail, les ressources naturelles, les corps, les lents collectifs.
01:46Certes, cette économie de la réparation n'est pas une faiblesse, elle est une lucidité.
01:52Elle reconnaît l'usure, le trop-plein, la saturation.
01:55Elle engendre une esthétique, sobriété, lenteur, recyclage et un imaginaire.
01:59Non plus changer le monde, mais faire durer ce qu'il en reste.
02:04Mais cette bascule doit nous interroger.
02:07Que devient une société qui ne produit plus d'élan, mais seulement du rattrapage ?
02:11Où va une économie qui entretient sans plus projeter ?
02:15Peut-on encore faire rêver avec la réparation ?
02:18Réparer est bien sûr une nécessité.
02:21Mais si tout devient réparation, du climat à la confiance en soi, des vêtements à la démocratie,
02:26alors ce n'est plus seulement une politique économique, c'est un signal civilisationnel.
02:30Et c'est ce signal que nos leaders doivent entendre.
02:34Car pendant que certains continuent de promettre la conquête, le dépassement et la brutalité d'un progrès sans garde-fou,
02:41les citoyens, eux, vivent dans l'économie de la rustine.
02:45Il devient donc urgent de tracer une voie entre ces deux postures.
02:49Une politique du réel qui n'abandonne ni la lucidité ni l'élan.
02:54Réparer, oui, mais réparer en projetant.
02:57Réparer pour rêver encore.
03:00Réparer, oui, mais réparer en projetant.

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