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  • 23/07/2025
La croyance dans une  mondialisation heureuse régulée par les marchés et les règles du libre-échange s’est effondrée. L’économie n’est plus une sphère autonome. Elle est redevenue un champ de confrontation stratégique entre États. Les entreprises ne sont plus seulement des acteurs économiques : elles sont enrôlées dans des logiques de puissance. [...]

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00:00La croyance dans une mondialisation heureuse, régulée par les marchés et les règles du
00:12libre-échange s'est effondrée. L'économie n'est plus une sphère autonome, elle est redevenue un
00:18champ de confrontation stratégique entre États. Les entreprises ne sont plus seulement des acteurs
00:22économiques, elles sont enrôlées dans des logiques de puissance. Le terme géoéconomie,
00:28forgé par Edvard Ludwak, désigne l'usage d'outils économiques à des fins géopolitiques.
00:34Ce que l'on observe aujourd'hui, c'est le basculement global des États vers cette approche. Tarifs
00:40douaniers, contrôles d'exportation, relocalisation, sanctions, investissement sous surveillance. Le
00:47commerce devient une arme. Le fondateur de Bridgewater, Ray Dalio, dans le livre qu'il vient de publier,
00:53« How countries go broke », souligne un changement radical. Ce ne sont plus les marchés, mais les
01:00États qui veulent dicter la valeur de la monnaie et les règles du jeu. Il alerte sur le danger d'un
01:05cocktail explosif. Dettes publiques colossales, rivalité géopolitique, polarisation intérieure.
01:10L'industrie devient un territoire à défendre. L'Inflation Reduction Act aux États-Unis, les
01:18restrictions chinoises sur les terres rares ou les plans européens pour la souveraineté
01:22numérique montrent que les supply chains ne sont plus neutres. Chaque entreprise est sommée de
01:28choisir son camp. Les grandes entreprises multinationales doivent désormais arbitrer entre marché, valeur et
01:35pression étatique. Elles ne peuvent plus se contenter d'optimiser leurs coûts et leurs chaînes
01:40de valeur. Leur responsabilité s'élargit. Sécurité nationale, souveraineté technologique,
01:46patriotisme économique. Le rejet croissant aux États-Unis des critères environnementaux,
01:51sociaux et de gouvernance ne traduit pas un simple retour au culte exclusif de l'actionnaire. Il
01:57signale plutôt une reconfiguration des priorités. Aux côtés des consommateurs et des salariés, la
02:04sécurité nationale, la souveraineté énergétique ou les valeurs patriotiques deviennent des parties
02:09prenantes à part entière. Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l'économie mondiale où chaque
02:15conteneur peut être bloqué. L'afflux d'informations surveillés, des câbles sous-marins sectionnés,
02:20des sources de matières premières coupées et chaque maillon logistique utilisé comme levier de
02:25pression. Dans ce monde-là, piloter une entreprise sans grille de lecture géoéconomique revient à avancer à
02:32l'aveugle dans un champ de mines. A la moindre erreur d'anticipation, la chaîne de valeurs peut se
02:38rompre brutalement. Rupture d'approvisionnement, embargo technologique, guerre des normes et déclencher
02:44une riposte économique sans sommation. Ignorer ces enjeux n'est plus une option,
02:50mais c'est un vrai défi stratégique pour les entreprises.

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