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Dans "Mission en terres barbaresques", Geneviève Chauvel ressuscite la figure bouleversante de Jean Le Vacher, missionnaire, diplomate et martyr du XVIIème siècle. Envoyé par Saint Vincent de Paul au cœur de la Méditerranée musulmane, ce prêtre incarne un étonnant mélange de douceur évangélique et de fermeté diplomatique. Dans un monde tiraillé entre esclavage chrétien et tensions religieuses, il devient la voix des captifs et le visage de la France.
Loin de l’hagiographie, Geneviève Chauvel éclaire avec rigueur et souffle romanesque un destin complexe, jeté entre foi chrétienne, relations diplomatiques et cohabitation avec l’islam. Photographe de guerre aguerrie et conteur hors pair, l’auteur insuffle à son récit l’intensité du vécu.
Pourquoi cet homme, mort tragiquement à la bouche d’un canon à Alger, est-il tombé dans l’oubli ? Cette biographie engagée répond à l’amnésie collective et notamment la question de l’esclavage des Européens chrétiens par les puissances musulmanes nord-africaines. Une réalité qui a concerné plusieurs dizaines voire centaines de milliers de victimes, et qui a durablement marqué les mémoires collectives… même si celles-ci tendent à l’oublier aujourd’hui. Un livre qui résonne donc puissamment à l’heure des débats sur le dialogue interreligieux, la mémoire coloniale et la place de la foi dans les conflits.

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Transcription
00:00Dans Mission en terre barbaresque, un ouvrage qui est en vente sur le site de TVL à la boutique tvl.fr,
00:22dans cet ouvrage Geneviève Chauvel redonne vie à Jean Levaché, prêtre, diplomate et martyr à la croisée de la foi, de la diplomatie et du sacrifice.
00:32Son récit éclaire une page oubliée de l'histoire franco-méditerranéenne et aussi de l'esclavage.
00:38Une rencontre entre mémoire, engagement et actualité menée de main de maître par Geneviève Chauvel qui est mon invitée.
00:45Bonjour madame.
00:46Bonjour Anciane.
00:47Votre parcours de photographe de guerre, de journaliste au Moyen-Orient a-t-il influencé un peu ou beaucoup votre façon de raconter cette mission en terre musulmane ?
00:58Alors les terres musulmanes je les connaissais, le Broche-Orient vous venez d'en parler, l'Algérie je suis pied noire, je connais bien Alger, ça m'a attiré bien sûr.
01:08Mais et puis surtout il y avait, ce que j'ai découvert c'est qu'il y avait une grande bataille navale, une attaque sur Alger, un bombardement d'Alger.
01:14Et que là moi dans les batailles, comme je l'avais fait dans Barberousse, enfin chaque fois qu'il y a une bataille terrestre ou navale, j'aime beaucoup cela parce que ça me rappelle mes reportages de guerre.
01:23Alors bon, voilà ce qui m'a influencé et qui m'a donné la verve et le vocabulaire si vous voulez pour ce genre de choses.
01:29Un bombardement d'Alger qui en est en 1682 au 17e siècle, il faut bien préciser cela.
01:35Quelles ont été vos principales sources pour documenter cette aventure ?
01:40Vous avez rencontré peut-être des difficultés particulières à ressusciter ce pan d'histoire.
01:44On parle par exemple assez peu, c'est le moins qu'on puisse dire, de l'esclavage blanc et chrétien.
01:50Voilà, alors c'est d'abord justement quand quelqu'un, un historien algérien qui vient d'écrire un livre sur un canon turc Baba Merzoug
02:00qui se trouve dans le port de Brest aujourd'hui en obélisque, ramené par l'amiral Dupéret lorsqu'on a fait la conquête de l'Algérie en 1830.
02:10Et donc, me racontant qu'il voulait absolument prouver que ce Baba Merzoug n'avait pas tué le consul Jean Levaché.
02:21Votre héros.
02:22Mon héros.
02:22Alors, je lui dis, mais c'est qui Jean Levaché ?
02:25Et il me dit, ben oui, un prêtre missionnaire lazariste, le pauvre est mort à la bouche du canon, mais ce n'est pas vrai.
02:32C'est pour cela qu'aujourd'hui les Algériens veulent récupérer ce canon, qui a été emmené comme prise de guerre par Dupéret.
02:37Et comme, sous prétexte que c'était l'assassin, le meurtrier du consul de France.
02:44Donc, on prenait le canon.
02:46Et là, il me dit, non, non, non, on veut récupérer ce canon qui est depuis trop longtemps à Brest, prisonnier, indument.
02:57Et donc, et moi j'oublie le canon.
03:00Je pense Jean Levaché, consul de France.
03:03Je me suis promenée à l'Amirothée, à Alger, quand j'étais étudiante, j'allais me baigner, tout ça, au club nautique.
03:11Et puis, alors j'ai cherché, j'ai trouvé un livre écrit par un lazariste, l'abbé Misermont, qui est un peu le livre le plus complet sur la vie de Jean Levaché.
03:25Mais un livre écrit par un abbé, lazariste, c'est tout de même assez agéographique.
03:30Et évidemment, on ne voit que l'aspect religieux.
03:34Alors, j'ai trouvé que, bon, c'était intéressant.
03:37Mais en même temps, il y avait des tas de choses, des tas d'événements qui arrivaient et qui étaient intéressants.
03:45Et qui étaient, le côté de la vie civile, le côté consul et tout, enfin, des bisbilles entre les civils et les religieux, la chambre de commerce de Marseille et le super.
03:56Enfin, je vois tout d'un coup tout un tas d'intrigues incroyables.
04:00Et je me dis, mais quel roman !
04:03Et je n'ai pas voulu écrire.
04:05Et en même temps, je dis, mais c'est une façon de parler de l'esclavage blanc.
04:09On ne parle jamais de l'esclavage blanc en disant, oui, c'était rien du tout.
04:14De toute façon, ils avaient la possibilité de payer, de racheter leur liberté en payant des rançons assez importantes.
04:20– L'esclavage blanc, dans votre esprit, c'est l'esclavage que les musulmans ont mené contre les chrétiens.
04:27– Voilà, parce que… – À cette époque-là, précisément.
04:29– Voilà. La Méditerranée était devenue un véritable coupe-gorge.
04:33Parce que depuis la chute de Grenade en 1492, tout le monde musulman voulait prendre sa revanche sur le monde chrétien.
04:43Puisque la dernière ville musulmane d'Espagne était tombée.
04:48Et donc, tous les musulmans, surtout l'Empire ottoman, à ce moment-là, qui était en grande opération de conquête.
04:57Souvenez-vous, Soliman, toutes les guerres en Asie mineure, la Hongrie, les attaques partout.
05:02Et puis, donc, il y a… C'était, si vous voulez, les barbaresses, les deux qui étaient sur Alger,
05:11les régences de Tunis et d'Alger.
05:14Puisque Barberousse, qui avait été roi d'Alger, ensuite avait été choisi par Soliman.
05:19Barberousse avait offert l'Algérie à Sélime, le père de Soliman,
05:24pour avoir une puissance militaire qui le soutienne contre toutes les petites intrigues que montaient les chefs de tribus du pays.
05:35Donc, lui, tout seul, ne pouvait pas s'imposer.
05:38Il lui fallait une puissance supérieure.
05:40Et c'est pour ça qu'il a offert l'Algérie à Soliman.
05:44L'Algérie devient un vilayette ottoman, une régence.
05:49Ce n'est pas un vilayette, une régence ottomane.
05:51Et Soliman lui a envoyé des janissaires, de l'argent, des armes,
05:56les hommes qu'il fallait pour maintenir l'ordre dans le pays, dans le royaume.
06:01Et voilà qu'un jour, quand Soliman s'est retrouvé avec une flotte décimée par les Vénitiens et les Génois,
06:11il a cherché l'homme capable de remonter, de lui reconstruire sa flotte et de la diriger.
06:17On lui a dit, il n'y a que Barberousse, l'homme qui fait trembler la mer.
06:21Alors, il a cherché Barberousse, qui est devenu amiral de la flotte ottomane,
06:26qui a reconstruit tout et qui a fait une flotte absolument extraordinaire à la mode corsaire,
06:31avec des bateaux modernes, rapides, malléables, qui tournaient à 180 degrés,
06:37enfin qui viraient comme ça de bord à 180 degrés.
06:40C'était formidable et Soliman était très content.
06:43Ensuite, bon, avec le temps, ça c'était en 1600, 1500, la deuxième moitié du XVIe siècle.
06:51Et à partir de ce moment-là, la piraterie, les corsaires, suivant le modèle de Barberousse,
06:58se sont développés, aussi bien en Tunisie qu'en Algérie.
07:02Et Alger est devenu le port principal de toute la piraterie, les corsaires.
07:08Enfin, c'était une place forte, incroyable.
07:11Et il y avait une armada de corsaires, justement, qui fouillaient,
07:16qui jacquaient, si vous voulez, sur la Méditerranée régulièrement,
07:20dès que la saison a été bonne, pour aller chasser du blanc, chasser du chrétien.
07:25On ne disait pas du blanc, à ce moment-là, on disait du chrétien.
07:28Car toutes les puissances européennes étaient chrétiennes.
07:31L'Espagne, l'Italie, la France, il y avait la Grèce.
07:35Alors qu'ils soient protestants, orthodoxes ou chrétiens,
07:41je veux dire, ils étaient tous chrétiens ou catholiques,
07:44c'était l'Europe qui avait repris Grenade,
07:49donc il fallait se venger.
07:51Et tous ces gens, on les prenait comme esclaves,
07:55on les mettait dans des bagnes.
07:59Il y en avait 13 à Tunis, 5 à Bizerte et 5 grands à Alger.
08:05– Je reviens à Jean Levaché, il est envoyé par Vincent de Paul,
08:08le futur Saint Vincent de Paul,
08:10et lui va découvrir en arrivant l'ampleur de cet esclavage.
08:14Tout de suite, dès son arrivée.
08:16– En France, il y a une personne qui est consciente
08:19de cet esclavage, de la condition qui est imposée
08:23à tous ces gens capturés,
08:26car la Méditerranée était un coupe-gorge.
08:29Quand on partait en course,
08:31on ne savait pas si on reviendrait à la maison,
08:33quelques temps plus tard.
08:35Et donc, Saint Vincent de Paul,
08:37car à l'époque il n'était pas encore saint,
08:39c'était un jeune prêtre,
08:40il avait été ordonné quelques années plus tôt,
08:42il a fait tout d'un coup un petit périple
08:45entre Boccaire et Narbonne.
08:48Il s'est dit, tiens, pour aller de Boccaire à Narbonne,
08:50au lieu de passer par la terre,
08:51je vais y aller par la mer,
08:52ce sera plus court et plus amusant.
08:54Et puis, en cours de route,
08:56eh bien, ils sont capturés par les barbaresques
09:00et ils se retrouvent à Tunis, dans le Bambagne.
09:02Il va y passer deux ans.
09:04Il va être vendu à trois marchands différents.
09:06Donc, il sait ce que c'est qu'un captif
09:09qui est vendu, qui passe d'un marchand à l'autre.
09:11Les conditions, comment on est traité.
09:15Et puis, au bout de deux ans,
09:16il va finir, son troisième maître est un renégat
09:19qu'il arrive à ramener à la religion.
09:22Et ensemble, ils ont trouvé un bateau,
09:25ce renégat a organisé leur fuite
09:28et ils sont arrivés comme ça à Egmort.
09:31Et de là, Saint-Paul est parti à Rome
09:35pour expliquer l'histoire
09:36et puis surtout revient en France.
09:38Il n'a pas donné trop de détails sur toute cette époque
09:42parce qu'il est quand même très, très modeste
09:44et puis il n'aime pas parler de lui.
09:47Mais quand il arrive en France,
09:49il va entrer en cours,
09:51il va être le directeur de conscience
09:54de Louis XIII,
09:56de Anne d'Autriche.
09:58Et alors, les dernières années de Louis XIII,
10:00c'est lui qui va fermer les yeux de Louis XIII,
10:02lui donner l'absolution.
10:03Et même Louis XIII ne parle que de ses esclaves.
10:07Que se passe-t-il pour ses esclaves là-bas ?
10:10Parce que Vincent de Paul lui raconte.
10:12C'est une horreur, l'horreur épouvantable.
10:14Et Louis XIII lui donnera de l'argent
10:17sur sa cassette personnelle
10:19pour monter l'œuvre des esclaves.
10:21Et la nièce de Richelieu, la duchesse d'Aiguillon,
10:25lui offrira, va acheter une maison à Alger
10:29et une maison, ensuite, la maison à Tunis,
10:33qui seront, ces maisons qui seront le siège du consulat.
10:37Donc on met un consul civil.
10:40Et alors, à ce moment,
10:42d'un consul qui est donc en accord avec Vincent de Paul.
10:47Et selon, tout d'un coup,
10:49Vincent de Paul s'est dit, c'est très bien d'avoir des consuls
10:52qui peuvent regarder, protéger les captifs,
10:55mais il faut le secours spirituel.
10:58Parce qu'ils sont désespérés
11:00et il faut éviter, surtout, qu'ils abjurent,
11:04qu'ils passent, que l'apostasie,
11:05c'était la grande maladie.
11:07Alors, donc, il va monter son...
11:13Comment c'est, si vous voulez,
11:14fonder son œuvre des esclaves ?
11:16Et il se dit, mais comment envoyer un des missionnaires
11:19et il découvre que dans les capitulations,
11:22ce sont des traités signés par François Ier
11:24et Soliman le Magnifique au XVIe siècle,
11:28où, justement, ce sont des traités
11:30qui donnent un privilège extraordinaire à la France
11:32pour la navigation dans tout l'Orient
11:35et surtout le commerce avec tous les ports d'Orient
11:38qu'on appelait les échelles du Levant.
11:40Et là, il voit que l'aumônier,
11:44le consul a le droit d'avoir un aumônier dans sa maison.
11:49Et il se dit, voilà, l'aumônier,
11:52je vais envoyer un aumônier lazariste,
11:54parce qu'il a fondé aussi les Pères de la Mission,
11:57l'Ordre des Pères de la Mission,
11:58qu'on a appelé les Pères Lazaristes par la suite.
12:01Et donc, il envoie un certain Père Guérin,
12:05Michel Guérin, qui arrive à Tunis,
12:09qui fait merveille pendant un an,
12:10mais il y a tellement de monde,
12:11il dit, je ne peux pas tout seul, c'est trop, c'est trop.
12:14Et alors, il va lui-même voir le dé
12:17et il lui dit, écoute, il y a tellement de gens,
12:20il me faut une aide.
12:22Et le dé dit, mais oui, mais oui,
12:23fais venir un ou deux comme tu veux,
12:25parce que tu ne fais que le bien
12:27et on ne peut pas en vouloir à quelqu'un qui fait le bien.
12:30Parole du dé.
12:31– Arrive Jean Levaché et une nouvelle fois
12:33qui découvre, à son arrivée, rocambolesque,
12:36difficile à arriver, mais quand il arrive,
12:38il découvre une réalité,
12:39c'est qu'Alger vit entièrement d'une économie
12:42qui est basée sur l'esclavagisme et la vente des esclaves.
12:45– Alors, il arrive, quand il part…
12:46– Et dans des conditions épouvantables.
12:47– Il a 28 ans, il arrive à Tunis, d'abord,
12:50c'est à Tunis qu'il arrive pour retrouver le Guérin.
12:52Et effectivement, là, il voit,
12:54première chose en sortant du bateau,
12:56pour retourner vers le consulat,
12:58il passe par le marché aux esclaves,
13:00Babel Bar.
13:01Alors, il voit ces gens,
13:04des Européens,
13:06qui sont nés sur une estrade,
13:09et on vient les tâter de tous les côtés
13:10comme des chevaux à la vente,
13:12ou des vaches.
13:14Alors, là, il est complètement affolé,
13:17et quand il voit tous ces cris,
13:18là, il a un moment de doute,
13:20et finalement, bon, il se ressert,
13:22il se reprend,
13:24et il continue,
13:24parce qu'il se rend compte
13:25qu'il est un missionnaire dans l'âme,
13:28et il ne pense qu'à…
13:31il voit tout de suite ces pauvres souffrants,
13:33il se dit, mais le travail est immense,
13:34immense, allons-nous pouvoir le faire ?
13:37Et finalement, donc,
13:39il y aura aussi,
13:41un an après son arrivée,
13:42l'attaque de Peste,
13:44lui va s'en sortir,
13:46il va…
13:46on va le prendre pour mort,
13:48mais il va survivre,
13:49mais peu après,
13:51c'est Guérin qui meurt,
13:52et peu après encore,
13:53c'est le consul lui-même qui meurt,
13:57et qui lui dit,
13:58prenez les seaux,
13:59je vous remets les seaux du consulat,
14:01et soyez le consul à ma place,
14:03en attendant que Versailles
14:05nous envoie un remplaçant.
14:08Et alors, donc,
14:09il se retrouve,
14:10il a à peine 29 ans, 30 ans,
14:13il se trouve donc missionnaire
14:14et consul de France.
14:15Et puis, peu de temps après,
14:17et on va le bombarder,
14:19vicaire apostolique,
14:21le pape de Rome,
14:22parce qu'il fait,
14:23vraiment,
14:23son action est tellement formidable,
14:25et surtout, alors,
14:27donc, à part lui,
14:28il écrit des rapports,
14:30il envoie des rapports
14:31à Vincent de Paul,
14:32permanent,
14:33enfin, continue,
14:34continuellement,
14:35et Vincent,
14:36enfin, il y a une correspondance
14:38très, très étroite
14:39entre les deux,
14:40et dans ses lettres,
14:41il décrit,
14:42ça m'a aidé beaucoup,
14:44il décrit
14:44les bagnes,
14:46comment vivent ces gens,
14:47les heures de travail,
14:49comment ils sont roués de coups,
14:50alors,
14:51les hommes qui partent,
14:53qui sont réservés
14:54pour la chiourme,
14:55les plus costauds,
14:56les moins costauds,
14:57on les met,
14:58on les envoie
14:59dans les propriétés agricoles,
15:02les grands,
15:02ce qu'on appelait
15:03les masseries,
15:05en Tunisie,
15:06en Algérie,
15:07ce seront les jardins,
15:08donc dans les masseries,
15:09pour faire pousser
15:10les légumes,
15:11les fruits,
15:11et tout ça,
15:12et puis chaque fois,
15:13c'est à coup de bâton,
15:14à coup de bâton,
15:15il y a un garde-sion
15:16derrière eux
15:16toute la journée
15:17pour les obliger
15:18à travailler
15:19à la vitesse voulue
15:20pour réaliser…
15:21– Et vous l'expliquez,
15:22les femmes dans les harèmes,
15:23les jeunes filles dans les harèmes,
15:24les jeunes garçons
15:26pour le plaisir sexuel.
15:27– Les garçons,
15:27c'est dans les harèmes sexuels
15:30pour les nababs
15:31qui font des hautes autorités,
15:34car c'était très prisé,
15:35ou alors,
15:36on les envoyait,
15:36ceux qui n'étaient pas trop mignons,
15:39donc on les envoyait
15:41dans des camps de formation
15:42pour devenir des corsaires,
15:44des navigateurs
15:45et apprendre à ramer,
15:46enfin bon,
15:46c'était l'économie
15:48et basée sur l'esclavage.
15:51Et donc…
15:51– C'est-à-dire qu'on voit
15:54que dans tout l'ouvrage,
15:55le Vacher,
15:56il vit dans un équilibre fragile,
15:58finalement,
15:59entre la foi chrétienne,
16:01il va y avoir
16:01la diplomatie d'État,
16:03la coexistence avec un islam
16:04qui est à multifacette.
16:07Est-ce que cette expérience,
16:09pour vous,
16:10c'est un modèle
16:11qu'on peut reproduire,
16:15qu'on a pu reproduire,
16:16ou est-ce que c'est vraiment
16:17un cas unique ?
16:19– Écoutez,
16:20la chose que je vois,
16:21c'est que lui,
16:21qui n'avait aucune expérience,
16:23donc tout d'un coup,
16:24il se révèle un formidable diplomate,
16:26parce qu'en même temps,
16:28il a un sens psychologique formidable,
16:30puisqu'il dénote tout de suite
16:33la façon de penser
16:35et les procédures,
16:39si vous voulez,
16:40de ces gens,
16:40leur façon de mener
16:42les affaires,
16:43les discussions
16:44et surtout les négociations,
16:46donc il apprend à négocier
16:48comme eux.
16:49Et il voit qu'avec eux,
16:51il ne faut pas arriver
16:51en disant
16:52ce que feront des consuls
16:54après qui vont échouer,
16:56en disant
16:56vous m'avez pris
16:58300 esclaves illégalement,
17:00parce que justement,
17:00il y a les capitulations
17:02qu'il faut respecter,
17:04il ne les respecte jamais,
17:06et donc vous m'avez pris
17:07indûment des esclaves,
17:08vous allez me les rendre.
17:10Alors,
17:11il se rend compte
17:12qu'il faut toujours un échange,
17:14il n'y a pas de perdant
17:16et de gagnant.
17:17Donc,
17:17lui,
17:18il voit toujours,
17:19c'est lui qui avait mené,
17:20enfin,
17:20institué,
17:21si vous voulez,
17:21l'échange réciproque.
17:23Alors,
17:24vous nous rendez nos esclaves
17:25et nous,
17:26on vous rend,
17:27s'il y en a quelques-uns,
17:28parce qu'il y avait quand même
17:29des turcs qui étaient pris,
17:30parce que quand les bateaux français
17:31étaient attaqués
17:32par les corsaires,
17:34quelquefois aussi,
17:35le bateau français
17:36était gagnant.
17:38Et donc,
17:38on prenait tous les corsaires
17:39et on les mettait
17:40à la chôme,
17:41à la chaîne.
17:44Donc,
17:44il y avait des turcs
17:45dans les galères françaises,
17:47il y avait des turcs.
17:47Eh bien,
17:48écoutez,
17:48nous allons voir
17:49autant de français,
17:51autant de turcs
17:53qui sont chez nous
17:55et qu'on vous rendra.
17:56– Des échanges réciproques.
17:58Et ça marchait très bien.
18:00– D'otages.
18:00– Et évidemment,
18:01il y a des gens,
18:02après,
18:02par la suite,
18:03qui n'ont pas marché,
18:04qui n'ont pas voulu respecter
18:05ce genre de choses.
18:06On a voulu arriver
18:07avec l'autorité de la France,
18:09avec la morgue française
18:11et on a fait tout échouer.
18:14Mais,
18:15donc,
18:16voilà,
18:16Levaché
18:17a été,
18:19d'ailleurs,
18:19je vais vous dire,
18:19par la suite,
18:21quand Louis XIV,
18:23plus tard,
18:24on verra des gens
18:25pour négocier,
18:26il leur dit,
18:27allez voir
18:28M. Levaché,
18:30il connaît ces gens
18:31mieux que personne
18:32et il vous dira
18:33comment vous comportez.
18:35– Sa vie,
18:36celle d'un héros,
18:37on le voit dans cet ouvrage
18:39que les éditions Artège
18:39ont édité,
18:41c'est un héros,
18:44c'est aussi un martyr.
18:45– C'est un héros
18:46qui ne voulait pas être un héros
18:47car il était d'une modestie,
18:49d'une humilité.
18:51– À la Saint-Vincent-Paul.
18:51– Oui,
18:52c'était les cinq vertus
18:53vincentiennes,
18:54vous savez,
18:55et vraiment,
18:57la douceur,
18:58le zèle,
18:59la mortification,
19:00l'humilité,
19:02la modestie,
19:03la douceur.
19:04– La modestie qui l'amène
19:04à un simple missionnaire
19:05et de vicaire apostolique,
19:07c'est-à-dire,
19:07représentant le pape
19:08et puis ensuite
19:09consulter le représentant
19:10Louis XIV.
19:11– Il représentait le pape
19:11et il représentait Louis XIV,
19:12il représentait la France,
19:14mais il ne pensait pas,
19:16ces titres-là
19:17ne lui montaient pas
19:18à la tête,
19:19il ne pensait pas.
19:19– Et comment il termine,
19:20martyr,
19:20à la bouche du canon ?
19:22– Alors, ça c'est plus tard.
19:23– À Alger,
19:24il termine martyr
19:25parce que,
19:26là aussi,
19:28il fallait,
19:31il y avait des échanges,
19:33aussi les traités
19:34avaient été violés,
19:35il fallait faire accepter
19:37les échanges de prisonniers,
19:39de captifs,
19:40et le divan se rend compte
19:44qu'il y en a beaucoup
19:45et que si on enlève
19:46tous ces captifs
19:47et qu'il n'y a pas
19:47de rétribution financière
19:49ou autre,
19:50enfin, il n'y a pas
19:50d'échanges,
19:51ça ne peut pas marcher,
19:52ils se voient ruinés,
19:54on leur enlève
19:55le pain de la bouche
19:56comme il disait
19:57et donc,
19:59ils décident
20:01tout simplement
20:02dans un coup de folie
20:03de déclarer la guerre
20:04à Louis XIV.
20:05À Louis XIV,
20:06lui,
20:06il ne mollit pas,
20:07il monte une armada,
20:09on ne va pas déclarer la guerre
20:10au roi très chrétien
20:11qui vient de régler
20:12le problème
20:13avec les Hollandais,
20:14il est le maître
20:14tout puissant de l'Europe
20:15et c'est,
20:18comme il dira plus tard,
20:20rasez-moi ce nid
20:22de serpents.
20:27Alors,
20:28là-dessus,
20:29il envoie donc une armada
20:30avec 40 bateaux,
20:31tout ça,
20:32enfin,
20:32c'est énorme
20:32et avec l'amiral Duquesne
20:34à la tête
20:35quand le bateau arrive
20:36et en plus,
20:37avec une arme
20:38de destruction massive
20:39totalement inconnue
20:40dont on fait,
20:42si vous voulez,
20:42qu'on inaugure
20:43au cours de cette bataille,
20:45ce sont des bombes incendiaires
20:46qui sont installées
20:47sur le pont d'une chaloupe
20:49et on n'avait jamais
20:51fait marcher
20:51ces bombes incendiaires
20:52sur un pont flottant,
20:54toujours de,
20:54enfin,
20:55on avait fait des essais
20:56sur la terre ferme,
20:57on ne savait pas
20:58si ça marcherait,
20:59ça a marché,
20:59ils en ont envoyé
21:00des centaines
21:01et évidemment,
21:03les quartiers brûlaient,
21:04bon,
21:05on a fallu revenir
21:05l'année suivante
21:06et chaque fois que
21:08Levaché vient
21:11comme consul médiateur
21:14envoyé par le dé d'Alger
21:15qui est affolé,
21:16affrayé,
21:17la population se soulève
21:18contre lui
21:18parce qu'il y a tant
21:19trop de morts,
21:21trop de maisons
21:21complètement rasées
21:23et là-dessus,
21:26on envoie Levaché
21:28pour demander à Duquenne
21:29un peu de clémence,
21:32oui, oui,
21:32on va négocier,
21:33on va négocier
21:33et puis,
21:35bah Duquenne,
21:36il n'a aucun respect
21:38pour Levaché,
21:40il faut dire qu'à l'époque,
21:41à cette époque-là,
21:42il est vieilli,
21:43il a 62 ans,
21:45il a eu trois fois
21:46la peste,
21:47il a des jambes enflées,
21:49il ne peut pas marcher,
21:50il se fait porter
21:50sur litière
21:51ou chaise à porteur
21:52et quand il arrive,
21:55on ne lui donne
21:56même pas une chaise
21:57sur le pont,
21:57la première fois
21:58on ne lui permet
21:59même pas de monter à bord,
22:00la deuxième fois
22:01il est bien obligé
22:02parce qu'il accompagne
22:03des hôtels
22:03et chaque fois,
22:04avec douceur
22:05et gentillesse,
22:06tout en étant profondément
22:08ulcéré
22:09au fond de lui-même
22:10du traitement
22:12qu'on lui inflige,
22:13la mort de Duquenne
22:14est effroyable
22:15et le protestant
22:17contre le roi
22:18très chrétien
22:19qui n'a pas voulu
22:20obéir à la lettre
22:21aux ordres
22:22du roi très chrétien
22:23et donc,
22:24il explique à Duquenne
22:27mais si vous voulez
22:28utiliser la force
22:29comme ça,
22:30il faut aller jusqu'au bout,
22:31raser la ville
22:31complètement,
22:33si vous ne pouvez pas
22:34les vaincre totalement,
22:36les abattre totalement,
22:37à ce moment-là,
22:38il faut négocier
22:39et soyez clément
22:41et juste
22:42et Duquenne lui dit
22:44vous êtes plus musulman
22:47que chrétien
22:47et il lui répond
22:50je suis prêtre
22:51et il répartit
22:55ulcéré
22:55alors il rentre au consulat
22:56et puis là-dessus
22:58les bombardements continuent
22:59et Duquenne,
23:01fou furieux,
23:02fait des bombardements
23:03le jour
23:04et la nuit
23:05alors les gens
23:07qui partaient
23:08ils faisaient deux nuits
23:09d'abord
23:09et les gens qui partaient
23:10la nuit dans les jardins
23:11donc n'étaient pas
23:12ils avaient trouvé le moyen
23:14de ne pas être blessés
23:14de ne pas souffrir
23:16mais voilà qu'il en fait
23:17aussi le jour
23:18alors du coup
23:18et voilà qu'un renégat anglais
23:22toujours la perfide Albion
23:23le renégat anglais
23:25qui voit le matin
23:26justement
23:27les bombardements
23:28avaient duré toute la nuit
23:29et commencé le matin
23:30il voit du linge sécher
23:32sur la terrasse
23:33et il dit
23:33voilà le consul
23:35c'est lui l'espion
23:36c'est lui qui donne
23:37le signal
23:38au bateau
23:39pour le bombardement
23:41alors la foule
23:43il crie ça
23:44dans les rues
23:44les gens sont tellement
23:46excités dans ces cas-là
23:47dans des situations
23:49comme ça
23:49si désespérées
23:50alors on rentre
23:51dans le consulat
23:52le consulat
23:53est un traître
23:53le traître
23:54le traître
23:55on l'emmène devant
23:56Mezzo Morto
23:57qui a pris le pouvoir
23:58toutes les choses
24:00dans le livre
24:01on ne peut pas le raconter
24:02mais donc
24:02Mezzo Morto
24:04qui tout d'un coup
24:05le décide que
24:07eh bien
24:08il lui dit
24:09tu prends le turban
24:12ou bien tu meurs
24:13et là bien sûr
24:15Levaché lui dit
24:17tu as le droit
24:19de vie
24:20et de mort
24:21sur moi
24:21mais tu ne peux pas
24:22prendre mon âme
24:23je suis chrétien
24:25je mourrai
24:26en chrétien
24:27et à mon âge
24:27c'est tout ce que je demande
24:28je l'attends
24:29alors
24:32on l'envoie
24:33il l'envoie à ses sbires
24:35hop
24:36sur la jetée
24:37le môle
24:37il y a une batterie
24:38de dix coulevrines
24:39le père Levaché
24:40et on le
24:42on ne peut pas marcher
24:44on le roule
24:45on le piétine
24:45comme un ballot
24:47et
24:48on pense à la passion
24:49du Christ
24:50et alors
24:52arrivé devant le canon
24:53de nouveau
24:54on lui dit
24:54tu prends le turban
24:55tu as la vie sauve
24:57répète encore
24:59et là il fait un petit discours
25:00pour tous les chrétiens
25:01qui sont déjà
25:02enchaînés
25:03attachés
25:04à la bouche
25:06des canons suivants
25:07les dix canons
25:08devant chaque canon
25:09il y a un chrétien
25:10qui est attaché
25:11et
25:12il leur dit
25:13le Seigneur nous attend
25:15à tout de suite
25:16et
25:18et donc lui aussi
25:19bon
25:20on fait sa prière
25:21et alors
25:21il est déshabillé
25:22et il se pense
25:24bien sûr
25:25comme le Christ
25:25devant la croix
25:26et puis
25:28on le met
25:29
25:30à la bouche du canon
25:31et puis
25:33tout d'un coup
25:33personne ne veut
25:34mettre la mèche
25:35parce que quand même
25:37il a une certaine
25:38réputation
25:39une certaine aura
25:40et là
25:41tout le monde
25:41est effrayé
25:42parce qu'on se dit
25:43quand même
25:43le père
25:45consul
25:45comme ça
25:46et alors
25:47enfin
25:48un renégat
25:49encore
25:49qui vient mettre
25:50la mèche
25:51pour allumer
25:53lancer le boulet
25:55et à ce moment-là
25:57le canon explose
25:58donc le corps
25:59part
26:00en mille morceaux
26:01des débris
26:03un peu partout
26:04les gens se précipitent
26:05pour prendre les reliques
26:05et
26:07tout d'un coup
26:08il y a
26:09de l'eau
26:09monte
26:10une colonne de lumière
26:12de l'eau
26:12vers le ciel
26:13et
26:14au même moment
26:15le canon explose
26:17et tue
26:18trois personnes
26:19autour
26:19dont le serveur
26:20renégat
26:21alors
26:23ça
26:23ce sont des événements
26:24on a dit par la suite
26:25que tout ça
26:26c'était
26:26de la fable
26:27que c'était pas vrai
26:29que le père Levaché
26:30n'était pas mort
26:31à la bouche du canon
26:32certains ont dit
26:33qu'il était mort
26:34à la bouche
26:34de Baba Merzoug
26:35et tout ça
26:37enfin finalement
26:38non
26:38l'histoire
26:39j'ai recoupé
26:41avec tous les témoignages
26:42qui ont été donnés
26:43de gens qui ont ensuite
26:44par la suite
26:45les années suivantes
26:45ont fait des enquêtes
26:46il est mort
26:47à la bouche
26:48de cette coulevrine
26:49et
26:50la colonne de feu
26:53on ne sait pas
26:54en tout cas
26:55le canon a explosé
26:56or
26:57Baba Merzoug
26:58qui est dans le port
26:59de Brest
27:00on a cherché
27:01sur la colonne
27:01qui est là
27:02en obélisme
27:03il n'y a pas trace
27:04d'une explosion
27:06d'un éclatement
27:07pas de réparation
27:08rien
27:09il est intact
27:09neuf
27:10donc on peut se demander
27:12si vraiment
27:13Baba Merzoug
27:14et Baba Merzoug
27:15étaient à la retraite
27:15sous un porche
27:16de la Mirauté
27:17à Alger
27:17et cet énorme canon
27:20ne pouvait pas
27:22on n'avait pas
27:23le temps
27:24de le traîner
27:24les coulevrines
27:25étaient prêtes
27:26pour le massacre
27:26tout ce récit
27:28qui culmine
27:28donc on l'a bien compris
27:29avec le martyr
27:30de Jean Levaché
27:31exécuté
27:32on le voit
27:32et vous le dites
27:33merveilleusement
27:34de manière tragique
27:35à la bouche d'un canon
27:36symbolise bien évidemment
27:37son dévouement
27:39jusqu'au sacrifice
27:40ultime
27:41on va lire la suite
27:42si vous le voulez bien
27:43ensemble
27:44ensemble
27:44avec les téléspectateurs
27:46de manière à
27:47qu'ils achètent
27:48cet ouvrage
27:48dans lequel vous racontez
27:49avec la même dynamisme
27:51avec la même force
27:52vous voyez
27:52c'était surtout
27:53je voulais bien montrer
27:55quelle était
27:55la situation
27:56de ces esclavages
27:58chrétiens
27:58en Méditerranée
27:59ça a duré
28:00trois siècles
28:01et là
28:02avec tous les témoignages
28:04que j'ai trouvés
28:04j'ai été moi-même
28:06bouleversée
28:06parce qu'on voit
28:07que c'est une chose
28:08qui a existé
28:09et je crois
28:10que dans certains cas
28:11ça n'était pas
28:13moins
28:14terrible
28:17que
28:18l'esclavage
28:19africain
28:21vers l'Amérique
28:23de l'Afrique
28:24vers l'Amérique
28:24l'esclavage noir
28:25de l'Afrique
28:27vers l'Amérique
28:27donc voilà
28:29ça vous donne
28:30une idée
28:31de ce qu'était
28:32l'esclavage noir
28:33pendant trois siècles
28:34il y a eu Cervantes
28:34il y a eu donc
28:35le père
28:36Saint-Vincent de Paul
28:39il y en a eu
28:40bien d'autres
28:40qui ont été
28:41dans ces bagnes
28:43et là
28:44j'apprends
28:45pour des preuves
28:45et je donne
28:46une bibliographie aussi
28:47j'ai toutes les preuves
28:48qui sont là
28:49il y a eu
28:49beaucoup
28:50beaucoup de témoignages
28:51que l'on ne veut
28:52dont on ne veut pas
28:53tenir compte
28:53aujourd'hui
28:54et moi je l'ai fait
28:55sous forme de roman
28:56parce que
28:57je n'ai pas
28:58la carure
28:58d'une grande
28:59historienne
29:00ou d'une théologienne
29:01pour donner cela
29:02mais c'était cela
29:03qu'il fallait
29:04que ce soit
29:06plus humain
29:07qu'on vit
29:08avec le père
29:09le vaché
29:09on découvre
29:10avec lui
29:11l'horreur
29:12mission
29:12en terre barbaresse
29:13merci Geneviève Chauvel
29:14merci à vous
29:15merci à vous
29:16merci à vous
29:18merci à vous

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