Regardez L'angle éco de François Lenglet du 03 juin 2025.
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00:01RTL Matin
00:027h39 sur RTL Langlaisco avec vous François Langlais
00:05et vous nous emmenez ce matin en Pologne.
00:07La Pologne qui fait des envieux en Europe puisque c'est un pays qui économiquement va bien.
00:11C'est vrai.
00:12Et pourtant, pourtant les Polonais ont élu hier comme président un nationaliste fan de Donald Trump,
00:17Karol Nawrotsky.
00:18Oui c'est vrai qu'on explique souvent le vote par la situation économique.
00:22Le vote protestataire proviendrait d'un mal-être économique,
00:26de la montée du chômage, de la disparition des aides ou des services publics.
00:30Eh bien, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé en Pologne il y a deux jours.
00:34C'est un ancien boxeur qui a été élu président du pays, ex-hooligan de football,
00:39drôle de titre, ça en est un pour lui, sans aucune expérience politique,
00:42admirateur de Trump qui le lui rend bien.
00:45Il représente une droite conservatrice anti-européenne.
00:48Il a battu le maire de Varsovie qui était centriste et pro-Bruxelles et tout ça,
00:53alors que la Pologne a connu une sorte de miracle économique sur les 20 dernières années.
00:59Miracle économique, c'est à ce point cette réussite économique de la Pologne ?
01:02Ah oui, l'année dernière la croissance était à 2,9%, elle sera à plus de 3% cette année.
01:08Pour mémoire, nous on est à 0,7%, donc ça fait 4-5 fois plus que nous.
01:13Le chômage à moins de 3% est le plus faible d'Europe.
01:16Le niveau de vie d'un Polonais, calculé par le CDE, avec la méthode des parités de pouvoir d'achat,
01:22il est désormais voisin de celui d'un Japonais.
01:25Tout ça après 20 ans de croissance continue qui ont permis de doubler la richesse produite dans le pays.
01:30Bon, c'est pas tombé du ciel, le pays a été malin, il a joué de ses faibles salaires
01:34et d'un niveau d'impôt sur les sociétés assez modestes pour attirer les investissements étrangers,
01:40en particulier ceux du voisin allemand qui a délocalisé là-bas.
01:43Et puis, il y a eu les fonds structurels européens, bien sûr.
01:46En fait, la Pologne entrée dans l'Union Européenne en 2004, c'est le modèle de l'intégration réussie.
01:52Tout ça pour voter 20 ans après pour l'extrême droite anti-européenne.
01:55Oui, en réalité, les motivations du vote populiste ne sont jamais économiques.
02:00En Pologne, c'est d'abord l'immigration ukrainienne en particulier, massive depuis l'attaque de la Russie.
02:07Il y a 1 million de réfugiés ukrainiens en Pologne, autant qu'en Allemagne,
02:10c'est-à-dire 20 fois plus qu'en France, pour un pays qui a une population 2 fois moindre.
02:15Donc, ça fait 40 fois plus.
02:17Et puis, c'est aussi la peur de voir le pays disparaître à cause de l'intégration européenne,
02:21alors un peu fantasmée, à cause du déclin démographique qui frappe le pays depuis une vingtaine d'années,
02:26comme d'ailleurs la plupart des pays d'Europe orientale,
02:29la guerre communiste, qui ont tous vu leur fécondité s'effondrer.
02:34L'exemple de la Pologne nous montre donc qu'on peut être prospère et inquiet pour l'avenir.
02:38Oui, ce n'est pas du tout incompatible.
02:40Et on avait déjà vu ça en Europe du Nord, au Danemark, en Suède, au Finlande,
02:44ce sont les pays les plus riches du continent,
02:46où l'extrême droite a connu des succès électoraux impressionnants.
02:50A l'origine, toujours la même crainte,
02:53l'immigration, la disparition de la société et de la culture nationale,
02:56à cause de l'effacement des frontières.
02:58Une crainte que la plupart des partis traditionnels,
03:01de gauche comme de droite, ignorent superbement.
03:04en la considérant à tort comme arriérée.
03:08C'est d'ailleurs pour ça que le vote qu'on appelle populiste se porte bien en Europe.
03:12Merci beaucoup Franck.