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  • 20/03/2025
À l’occasion de la sortie du livre, Peur(s) sur la Com, nous avons reçu Olivier Breton, Président d’Image & Stratégie et auteur du livre, mais aussi Gilles Masson, Président de AustralieGad qui a préfacé l’ouvrage. Deux regards passionnants mais assez alarmistes sur la situation économique des agences, leur faible capacité d’investissement en tech et data, et une attractivité en berne auprès des talents. 

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Transcription
00:00Bonjour Olivier, bonjour Gilles, bonjour Sébastien. J'ai l'ambiance ce matin d'avoir Olivier
00:17Breton, président d'Images et Stratégie et Gilles Masson, président d'Australi-Gad,
00:21qui avant avait fondé MCCETI-Gad. Absolument. Et Olivier, je ne compte pas le nombre d'agents
00:29que tu as créés et dirigés. La précédente s'appelait All Content et la précédente encore
00:35s'appelait Verbe et avant il y en avait encore eu... Playad. Quelques-unes. Donc vous avez tous
00:43les deux créé plusieurs agences, dirigé plusieurs agences, revendu plusieurs agences et vous êtes
00:49là aujourd'hui pour nous parler du livre d'Olivier Breton, Peur sur la com, donc un titre assez
00:56négatif, ou en tout cas assez stressant, qui s'appelle La fin d'un monde. C'est un essai et
01:06c'est donc pour alerter sur le fait que les métiers de la communication sont en pleine
01:11transformation, en pleine mutation et peut-être en pleine disparition. A voir. Donc le livre est
01:21écrit par toi Olivier et il est préfacé par toi Gilles et donc j'ai la chance de vous avoir tous
01:27les deux pour parler du livre et évidemment plus largement des métiers de la communication. Donc
01:33vous êtes deux entrepreneurs chevronnés et normalement deux défenseurs chevronnés également.
01:40Donc voilà le livre. Je le remontre à l'écran. Il est derrière aussi dans le studio. On va
01:50démarrer peut-être avec toi Olivier. Peur sur la com, donc tu fais ce livre. Ce constat est
01:59assez négatif, en tout cas dans le livre et pourtant tu as toujours développé des agences, tu en as
02:07revendu plusieurs, tu es toujours à la tête d'images et stratégies. Les agences se sont toujours bien
02:14portées. Donc pourquoi tout d'un coup tu dis c'est la panique ? Je ne crois pas que peur sur la com soit en
02:21soi anxiogène. C'est ce qui pèse objectivement comme risque sur un métier aujourd'hui, un constat
02:28qui est partagé par beaucoup de gens. Cet essai est le résultat d'une centaine d'interviews, annonceurs
02:32et agences, patrons d'agences, freelancers etc. qui tous partagent ce constat. Donc ce n'est pas un
02:39constat isolé, ce n'est pas une chose que je rêve, c'est une chose qui est partagée aujourd'hui.
02:44Le premier symptôme de ce partage, c'est la disparition de nombre d'agences et le mal-être de
02:49beaucoup d'entre elles, si ce n'est même la disparition programmée des autres. Donc qui va
02:55bien dans ce métier ? Aujourd'hui, personne. Tout le monde cherche un nouveau business model sans le
03:01trouver et pour ça il y a énormément de choses qui expliquent ce constat qui est très objectif.
03:10Il est en termes de volume, en termes de nombre de salariés, en termes d'attractivité. C'est un métier
03:15qui n'attire plus, qui n'est plus rentable en soi et avec lequel on ne peut plus investir parce que
03:21pas de rentabilité. Donc toi tu dis les agences vont mal ? Ce n'est pas moi qui le dis, c'est les
03:27tribunaux, c'est la disparition de marques, c'est les redresses pour judiciaires, c'est les liquidations,
03:32oui. Mais ça il y en a dans tous les secteurs, il y a aussi des nouvelles agences, il y a aussi
03:36les créations d'agences, il y en a aussi qui se portent très bien. Sauf si tu me dis le contraire, Gilles.
03:42Ils se portent très bien. Voilà, donc je pense qu'il y en a aussi qui se portent très bien. Alors quand elles se portent bien,
03:48c'est souvent des phénomènes de consolidation qui font qu'elles se portent moins mal par des
03:53phénomènes de mutualisation. Elles se portent certaines moins mal parce qu'elles sont financées
03:58par des fonds qui aujourd'hui entrent massivement dans nos métiers et voilà, c'est celles qui vont
04:06bien. Elles ne sont pas nombreuses et quand on les regarde, généralement, il y a des causes exogènes à leur
04:12métier qui font qu'elles sont rentables. Elles ne sont pas rentables en elles-mêmes.
04:17Oui, mais il y a quand même énormément, enfin moi je ne sais pas, en tant qu'observateur et puis au sein
04:22d'Influencia, on fait quand même beaucoup de papiers sur un certain nombre de nouveaux groupes, de nouvelles
04:27agences. J'ai l'impression qu'il y a des nouvelles agences, peut-être pas en corporel, mais il y a des
04:31nouvelles agences tous les jours en influence, en social. On a remis l'autre jour le grand prix de
04:36l'influence. Il n'y a pas énormément de nouvelles agences dans le marketing d'influence, beaucoup
04:40d'agences en social média, mais enfin on voit aussi des agences ou même des nouveaux groupes qui voient
04:46le jour. Le groupe Décuple, on a récompensé le groupe Citadel, le groupe EDG fait la une de CB
04:53News ce mois-ci. S4 Capital, même si son cours de bourse n'est pas excellent, il y a quand même
05:02des très beaux succès dans S4 Capital. Le groupe Brandtech, lui, pour le coup, a l'air de très bien
05:06se porter également. Je pense qu'il y a une grande vivacité sur le marché, mais je rejoins
05:11effectivement Olivier sur le fait que la rentabilité des agences, c'est globalement en chute libre.
05:15Mais pour optimiser un peu ce que dit Olivier, je pense qu'il y a vraiment aujourd'hui un marché à
05:20deux vitesses. Il y a le marché des agences qui se rapprochent des adtechs, Publicis étant l'exemple
05:26ultime qui fait un boulot absolument remarquable. Moi, je suis très fier d'avoir un groupe français
05:31qui est à ce niveau-là, qui est classé numéro un actuellement avant la fusion Omnicom et Interpublic,
05:36mais qui a clairement opté pour l'adtech. C'est-à-dire que quand on regarde les présentations
05:39aujourd'hui d'Arthur Sadoun, je dirais que c'est du CRM à la période du digital. C'est vraiment
05:47quelque chose d'extrêmement pointu, surtout ce qui est ingénieur, c'est comment toucher 91% de la
05:52population avec le maximum de data. Il n'empêche que Publicis arrive à faire ça et à marcher sur
05:56un autre pied qui est le pied de la création, vu qu'ils sont classés aussi numéro un mondial. Mais
06:01c'est à deux vitesses. C'est-à-dire qu'il y a les gens qui se rapprochent des adtechs et il y a les
06:04indépendants qui souffrent globalement pas mal, sauf effectivement des phénomènes de consolidation
06:09intelligente, je dirais de rapprochement, ou des toutes petites agences qui aujourd'hui ont un
06:13budget et arrivent à être rentables. Mais il y a vraiment aujourd'hui un monde de communication
06:17à deux vitesses. Jusqu'au jour où ils perdent ce budget et disparaissent. La plupart des agences
06:22ne tiennent que sur un client, sur un seul client. Et si on disait qu'au-delà de 30%, il y a
06:28deux fêtes, gestion de fêtes, ils perdraient leurs clients, elles disparaîtraient. Pour ce
06:32cas Publicis, le virage a été fait dès 2006, comme Maurice Lévy a mis un tiers du capital de Publicis
06:38sur la table pour faire ce virage technologique. Et quand tu parles d'agences qui vont bien,
06:42est-ce qu'on parle encore d'agences ? On parle de machines technologiques dédiées à l'acquisition
06:47et à la fidélisation de clients. Ce sont des agences de tech, ce ne sont pas des agences de
06:51com ni d'idées. Alors elles achètent... Oui mais si je reprends ce que dit Gilles,
06:56tu as à la fois Sapient ou Epsilon chez Publicis, mais tu as aussi Publicis Conseil qui est sacré
07:01meilleure agence à Cannes. Tu as BETC qui n'est pas très tech et qui est numéro un au classement
07:07work de la créativité. On peut parler des deux, mais on peut surtout dire que Havas et Publicis
07:13sont des réseaux mondiaux, que leur rentabilité n'est pas en France. Et Publicis, tu le sais bien,
07:18il est fait aux Etats-Unis et en Asie. Et donc ce sont deux réseaux très différents. Quand tu
07:23parles de S4, effectivement, tu parles de Martin Sorel. Donc il y a plus petit pour créer un groupe
07:28et tu vois dans son action comment elle divise aujourd'hui. Donc aujourd'hui, on a des grandes
07:31majeures qui sont des réseaux publicitaires mondiaux qui, effectivement, peuvent se rentabiliser
07:36sur des pays qui poussent le libéralisme économique, notamment aux Etats-Unis ou encore
07:41ont fait énormément de créations, ce qui n'est pas du tout le cas en France à l'inconnaissance.
07:47Mais si tu prends Européen Digital Group, qui est un groupe français, un tout petit peu
07:50international, qui est suivi par un groupe, par un fonds comme Montefiore. S'ils ne font pas
07:57entre 15 et 20% de marge, ils ne sont pas suivis par Montefiore. Donc ça prouve bien quand même
08:04qu'il y a un certain nombre de groupes qui restent. Publicis est entre 17 et 18. Il y a quand même un
08:09certain nombre de groupes qui restent au-dessus des 15% de marge. Et il y en a pas mal.
08:1415% débite. En l'occurrence, le fonds attend son goodwill à 5 ans, à 7 ans. Et quand ça ne fonctionne pas comme
08:23beaucoup de cas n'ont pas fonctionné, on ne va pas les citer ici, les participations des fonds sont
08:28transférées sur d'autres fonds en actifs toxiques. Donc ce ne sera sans doute pas le cas d'EDG, etc.
08:33Mais à voir. On verra à 5 ans comment ils vont transformer cette montée en capital en rentabilité
08:39et en création et en idées et en stratégie. Mais pour l'instant, ce n'est pas le cas. Et l'argent qui est mis
08:45par les fonds sert essentiellement à technologiser ces agences parce qu'effectivement, on a besoin
08:50des technologies. Donc l'IA, etc. Génératif coûte beaucoup d'argent. Il faut de l'investissement. Et
08:55seuls des actionnaires qui ont de l'argent peuvent le faire. Les autres ne le font pas. Pour l'instant, ce sont
09:00des groupes qui font ça. Effectivement, c'est ce secteur-là qui est celui des techs, on va dire
09:06exploreurs des territoires. Et l'autre segment qui va bien et dont on peut parler aussi, c'est les
09:12cabinets d'intelligence économique. Donc on connaît Accenture, Capgemini, etc. On a très bien vu ce
09:17qu'a fait Accenture-Song, le mal qu'ils ont fait à BETC, etc. en prenant Peugeot. Mais à côté de ça,
09:21tu as d'autres groupes émergents comme Mantoux, comme Adit, qui vont racheter Antidox, ESM Networks.
09:29Mantoux qui va racheter Poka, qui va racheter Wemin, qui consolident uniquement ces entreprises pour créer des
09:36entrées clients et arriver à les accompagner dans une transformation digitale qui, en fait, n'a de
09:42transformation que la normalisation d'un groupe international. Ce sont des structures qu'on appelle
09:49intelligence économique, admettons, qui ne sont là que pour servir des annonceurs en phase de
09:56globalisation pour être normalisés. Je dirais que 30 ans après le début du digital et à l'heure
10:01de l'intelligence artificielle, ce n'est pas anormal que les groupes aient besoin de mettre la tech dedans.
10:07Et c'est normal d'investir, c'est normal que les groupes se transforment, c'est normal que des
10:11agences avec zéro digital ou zéro tech disparaissent. Effectivement, c'est vrai.
10:16La question, pour rejoindre Olivier, je suis beaucoup moins pessimiste qu'Olivier, pour être très clair, mais
10:20la question, elle est sur où va la tech ? C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est extrêmement dépendant de ce
10:26qui se passe dans la Silicon Valley. Donc, c'est pour ça que j'ai beaucoup d'admiration de ce qui se
10:29passe chez Publicis parce qu'ils ont créé leur truc sans cookie et avec leur propre data, avec du
10:34first party. Mais globalement, aujourd'hui, toutes les agences dépendent d'un bouton qui termine
10:40la Silicon Valley. Donc, c'est un petit peu inquiétant de voir cette évolution technique
10:44qui, quelque part, on est tous en train de surfer dessus, mais on ne sait pas trop comment ça peut finir.
10:49Mais si on dézoome un peu, parce que là, on a pas mal parlé des agences, si on parle des annonceurs
10:53quand même, ou en tout cas de l'investissement publicitaire qui, en 2024, a quand même progressé
10:58de 8% en France, ce qui est quand même pas mal. Cette année, les dépenses publicitaires dans le
11:03monde, les investissements publicitaires dans le monde vont passer la barre des 1000 milliards de
11:06dollars quand même. Donc, on est quand même sur un marché qui pesait la moitié.
11:12Attention à la France, parce que c'est vraiment là qu'il cache la courbe, c'est-à-dire qu'on est en 2024 en dessous du niveau sur les cinq premiers médias
11:19de 2019. L'avant Covid, on est à moins 3% sur les cinq premiers médias et le plus 80%, c'est soit le
11:25display, soit le search. Donc, il ne faut pas oublier quand même que la part du digital dans cette
11:30augmentation des investissements, donc, je redis la Silicon Valley, elle est largement majoritaire.
11:34Oui, mais encore une fois, c'est normal que le digital... Oui, mais c'est pareil en Angleterre.
11:39C'est pas les agences qui en profitent. C'est pareil en Angleterre, c'est même pire.
11:41Oui, je suis d'accord avec toi, mais c'est pas les agences qui en profitent.
11:43Mais je suis parfaitement d'accord, et en fait, il faut quand même décorréler la situation en France, la situation internationale.
11:49On est sur un marché très spécifique en France, très, très spécifique, et qui n'a rien à voir avec ça.
11:55Et quand on parle de l'investissement publicitaire, il ne va pas du tout dans les agences, il va dans les médias.
12:01En fait, cet argent-là, on ne le voit pas du tout, du tout, du tout. Et quand on a un appel d'offres, on va avoir 15% sur la campagne ou l'idée
12:11et 85% sur l'achat média. Cet argent-là n'est pas dans les agences. Et comme on a beaucoup de mal à performer l'efficacité publicitaire CEROD,
12:22il faut beaucoup de massification d'espace pour arriver à la faire émerger. Donc en fait, on dépense beaucoup d'argent dans l'achat média,
12:29puis beaucoup d'argent dans l'idée, et les agences ne font jamais, en termes de profit, celles qui vont tirer leur épingle du jeu.
12:38Donc on est coincé.
12:41Bon. Pourtant, tu dis l'efficacité baisse. Moi, je n'ai pas l'impression, quand on regarde le classement des prix FI au niveau mondial,
12:49je ne crois pas qu'il y ait une remise en cause de l'efficacité de la publicité, qui continue à très bien fonctionner.
12:55La dernière étude de l'ACC, ça reste sur les chiffres qu'avait donnés Deloitte il y a 4 ans, qui étaient 1 euro investi rapporte 7 euros.
13:01Donc je pense qu'on est sur ces normes-là.
13:03Pas du tout ce que dit le CEP, qui est le conseil d'éthique publicitaire, qui t'explique que 60% des gens refusent maintenant, sciemment ou pas sciemment, la publicité,
13:13et que 80% des gens, quand il y a des coups publicitaires, se consacrent à leur téléphone plutôt qu'à l'écran.
13:22Et sur leur téléphone, ils ont de la pub, sur leur téléphone.
13:24Quand tu as une pause publicitaire à la télévision, ils vont prendre leur téléphone pour envoyer un SMS ou autre.
13:29Donc on est de plus en plus décrocheurs à la publicité.
13:31On a des phénomènes d'auto-sensu sur qui nous empêchent même de les lire et de les comprendre.
13:36Et si on veut être encore sujet de la publicité, il faut énormément de volume publicitaire pour y être à ce temps.
13:47La plupart des publicités, maintenant, passent à côté de leur objet.
13:49Et alors surtout, quand on parle de format de 30 à 20 secondes, je ne sais plus trop bien ce qu'on va faire en publicité.
13:56Mais il y a aussi les formats longs et l'efficacité de la télé n'a pas du tout baissé.
13:59Toutes les études prouvent que l'efficacité de la télé n'a pas baissé.
14:02Et la télé, comme les agences, rejoignent évidemment le digital et rejoignent la tech.
14:07Et c'est vrai qu'il y a une migration, il y a une rencontre entre la tech d'un côté et la télé via les plateformes de streaming.
14:14Et donc on a un nouveau paysage qui se redessine.
14:17Après, est-ce que les agences sont capables de s'intégrer dans ce nouveau paysage ?
14:21Est-ce que les agences ont les moyens de s'intégrer ?
14:24C'est-à-dire que, quand même, on va se le dire, le ticket moyen d'achat de tout ce qui est data...
14:30Hier, on le voit avec Publicis, je reviens sur Publicis, mais on a entre 2, 3, 4 milliards d'euros, enfin de dollars.
14:36Le ticket moyen d'un investissement pour une agence de pub, si ça dépasse 100 000 euros, tu vois ce que je veux dire.
14:41Le maître étalon n'est pas le même, c'est un rapport de 1 à 1 000.
14:43Donc je pense que les agences indépendantes n'ont pas forcément les moyens d'investir dans le data.
14:48Par contre, on peut faire des partenariats de main. Très clair.
14:51C'est ce qui est fait, de toute façon.
14:53Après, sur le consommateur, tu dis qu'il est devenu pubiphobe, il fuit la pub.
14:59Mais moi, j'ai pas l'impression, j'ai l'impression qu'il a jamais consommé autant.
15:02Alors certes, peut-être qu'il consomme une pub de moins bonne qualité, mais il a jamais autant consommé de vidéos.
15:10Et aujourd'hui, globalement, même si évidemment on peut limiter sa consommation de pub,
15:16vu la consommation de médias et de vidéos de toutes les générations, tu peux pas vraiment...
15:21Mais tu consommes le contenu, tu consommes pas la publicité.
15:24Personne ne va sur un programme pour voir la publicité.
15:27On va voir un match de football, on voit...
15:29Quand tu vois ton match de rugby, t'achètes pas la publicité, t'achètes le match de rugby.
15:33Donc on t'impose le rugby. Très bien, tu prends donc ta pizza, ta bière,
15:37tu vas aux toilettes, tu prends ton téléphone et tu reviens au match de rugby.
15:40La publicité, personne n'achète la publicité, personne n'en veut.
15:43Je pense pas, puisque la preuve, c'est que l'efficacité est démontrée, donc je pense qu'elle fonctionne.
15:49Et je pense que les gens la regardent. Et je pense qu'on a encore...
15:52D'ailleurs, intéressant de regarder le prix de la coupure du Superbowl,
15:57qui est reparti en flèche cette année.
16:00Après quelques années où, effectivement, ça stagnait,
16:03je crois que le spot a fait, peut-être, plus 20 ou plus 20 millions d'euros.
16:06Mais que ce soit des fenêtres d'exposition et d'opportunités publicitaires, il n'y a aucun doute là-dessus.
16:11Il n'y a aucun doute là-dessus. Après, est-ce que le consommateur y est encore sensible et y est sujet ?
16:17Je pense qu'il pourrait être...
16:19Si le niveau créatif était supérieur, il serait sans doute plus efficace.
16:26On a un problème de niveau publicitaire.
16:28Mais là encore, si tu regardes les spots du Superbowl, c'est des vraies agences derrière.
16:34C'est pas de la data qui est derrière, c'est pas des boîtes d'adtech qui sont derrière, c'est des vraies agences.
16:39Donc moi, je pense qu'il y a quand même encore un peu de réalité,
16:44même si, évidemment, le marché change parfois quand j'entends un peu tout ça.
16:49Il y a un petit côté des commerçants qui se plaignent et qui disent que c'est toujours une mauvaise année.
16:55Mais finalement, on est encore sur un métier dont la marge est très largement supérieure à plein d'autres industries,
17:03plein d'autres métiers et qui, certes, doit se transformer, mais comme toutes les autres industries doivent se transformer, non ?
17:12Ben écoute, si tu le dis, que la marge est suffisante, je t'invite à créer une agence de communication.
17:17Non, elle n'est pas suffisante du tout, ce n'est pas vrai du tout.
17:19Et une des premières preuves de ça, c'est notre défaut d'attractivité sur le marché.
17:24On est incapable maintenant de rémunérer et d'offrir la couverture et l'avantage social qui est exigé par les nouvelles normes
17:32avec les revenus qui sont les nôtres. C'est pas vrai, c'est pas vrai.
17:36Auparavant, on a recruté des normaliens, des gens diplômés, intelligents, etc.
17:42Aujourd'hui, on n'a pas du tout les moyens d'arriver à un niveau de rémunération qui nous rende attractifs.
17:48Et là, pour preuve, ce défaut d'attractivité est constaté par tout le monde.
17:53En fait, recruter est devenu quasi impossible, offrir les conditions sociales est absolument impossible.
17:59Et donc, on est contre un mur de verre, on est face à nous-mêmes.
18:03Et d'ailleurs, la reproduction des générations dans notre métier est extrêmement difficile, pour ne pas dire qu'elle n'est inexistante.
18:11Donc effectivement, tu peux avoir une agence qui va se créer sur un marché, sur une idée, sur un client, tenir 3-4 ans et disparaître.
18:20Donc il y a un turnover qui est absolument incroyable dans ce marché, sur 12 000 à 12 000.
18:25On dit qu'il y a entre 12 000 et 19 000 agences, mais c'est des entreprises unipersonnelles
18:29dans lesquelles on met aussi bien le freelance, l'EDA, etc.
18:33Et ça, ça ne fait pas une économie en soi.
18:36Sur le recrutement, comment vous faites chez Australian Guided ?
18:40Sur le recrutement, ce n'est pas facile.
18:42Parce que comme le dit Olivier, on n'a plus du tout les moyens de s'offrir des gens qui avaient des diplômes, effectivement, ceux que tu cites.
18:49Et surtout, on ne les attire plus.
18:50C'est-à-dire que très concrètement, aujourd'hui, je pense qu'en 20 ans, le salaire moyen d'un chef de pub n'a pas bougé.
18:55Donc par rapport aux gens de la finance qui ont été multipliés par 3, donc c'est de plus en plus difficile.
18:59Et en fait, le seul secret, c'est les gens qui sont passionnés.
19:02C'est-à-dire que tu recrutes des gens qui sont passionnés.
19:04Ce qu'on leur demande aujourd'hui, c'est non seulement d'avoir la passion, mais aussi de la tech, d'être capable de prompter, par exemple.
19:10Et on a beaucoup, je pense, à apprendre des jeunes générations.
19:13Mais effectivement, les prochains profils, ce sera des diplômes un peu moins prestigieux, c'est très clair, on ne peut plus se les payer.
19:18Mais par contre, avec un profil tech beaucoup plus fort.
19:21On cherche aujourd'hui, en plein extrait aujourd'hui, on cherche des gens qui soient capables de trouver des insights dans la data.
19:27Alors qu'avant, c'était des insights.
19:29Et vous en trouvez ?
19:30On en trouve, bien sûr, on en trouve.
19:32Et ça, c'est bien une bonne nouvelle, c'est que cette métier a été faite avec des autodidactes pour la plupart.
19:38Et on a appris ce métier, on l'a forgé.
19:40Et il faut le réapprendre et le reforger.
19:42Et comment créer de la passion aujourd'hui, dans un monde assez exigeant, en termes de modalité de travail, d'échange, de présence, etc.
19:52Et quand on compare par rapport à ce que nos annonceurs disposent comme avantages, on ne tient pas la route du tout.
19:58Et la plupart, s'il y a des gens brillants, parfois, ou souvent, ils partent chez un annonceur.
20:04Donc, où ils n'auront peut-être pas plus de considérations, mais où ils auront plus d'avantages et des salaires bien meilleurs.
20:09Mais donc, si vous avez, je ne sais pas, chacun d'entre vous, un enfant, ou un neveu, ou une fille qui vous dit « j'hésite à rentrer dans la pub », vous lui dites quoi ?
20:19C'est celui qui s'est passionné.
20:21On a des enfants qui sont dans la publicité et qui vont plutôt bien, mais ce sont des gens qui font preuve de liberté d'esprit, de passion,
20:31qui ont compris que c'était le seul métier au monde où on était face à sa propre limite et où on pouvait repousser ses frontières,
20:38apprendre toujours, être libre tout le temps, et finalement avoir les annonceurs qu'on mérite.
20:43Donc, c'est quand même le seul métier qui permet cette liberté, cette vérité et cette autonomie.
20:49Donc, ça reste le métier le plus extraordinaire qu'il soit.
20:52Après, c'est le métier le plus difficile à vendre qu'il soit aujourd'hui, ou un des métiers difficiles,
20:56parce qu'il y en a plein d'autres qui ont des vrais sujets de difficultés, et donc ça reste un métier absolument passionnant.
21:03Pour autant, il est difficile.
21:05— D'accord. Mais tu ne le décommanderais pas pour autant ?
21:08— Je ne le recommanderais pas non plus.
21:10— Gilles ?
21:12— Je ne le recommanderais pas. Par contre, quelqu'un de passionné, je lui dis fonce,
21:15parce que c'est effectivement un des métiers les plus intéressants que tu puisses trouver.
21:18Tu touches absolument à tout. Et tu touches à des phénomènes de société.
21:20Et l'évolution du métier demande d'être une véritable éponge sociétale, de savoir manier de la tech, de trouver des idées.
21:27Je trouve que les agences aujourd'hui trouvent des idées assez étonnantes, parce qu'elles trouvent des idées business.
21:31Les prix et le prix sont de plus en plus orientés sur le business. Et c'est intéressant.
21:34Je considère qu'on est avant tout une entreprise. C'est-à-dire qu'il se trouve qu'on est dans la com', mais on est avant tout une entreprise.
21:39— Oui. Et du coup, vous êtes peut-être plus accompagnateur du business que les agences peut-être autrefois.
21:44— Exactement. Mais bien plus. — Donc c'est plutôt plus intéressant.
21:47— En ce qui me concerne, oui, je trouve. — Bon. Eh bien merci pour votre temps à tous les deux.
21:52J'aurais été le plus positif et optimiste de vous deux, même si je n'ai pas écrit dans Peur sur la com' la fin d'un monde.
22:02Mais en tout cas, merci de votre présence. Merci de votre espoir, votre lueur d'espoir à la fin que vous nous avez partagé.
22:10Et je vous donne rendez-vous le 26 en fin de journée à 18 h pour le premier débat influenciable, la première soirée débat influenciable
22:20autour de Peur sur la com' avec de nouveau un petit débat entre vous deux, et puis deux tables rondes,
22:25une table ronde avec le verre à moitié vide et une table ronde avec le verre à moitié plein...
22:29— C'est parfait. — ...afin de poursuivre cet échange.
22:32— Merci à vous deux. — Merci.

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