- il y a 10 mois
Dans cette septième édition de “Bruxelles, je t'aime ?" en Français, nous explorons l’impact des efforts de simplification législatives de l’UE sur le Pacte Vert et les législations sur le climat.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour et bienvenue dans Bruxelles, je t'aime, l'émission qui décortique tout ce que vous
00:16allez adorer ou détester de la politique européenne.
00:19Je suis Maïa Delabau, merci de nous avoir rejoints.
00:22Alors au programme de cette émission, un mois après l'arrivée d'une nouvelle administration
00:26américaine qui a averti Bruxelles qu'il fallait déréguler au risque de mourir, la
00:32présidente de la Commission européenne a un plan en réserve.
00:34Dans le cadre d'une initiative de simplification prévue dans son programme de travail 2025,
00:40Ursula von der Leyen présentera bientôt le paquet dit Omnibus, la première partie
00:45d'une grande purge bureaucratique pour les entreprises qui opèrent ici.
00:49Mais sous couvert de se débarrasser de la paperasse, l'Union européenne se débarrasse
00:53aussi de piles de législations environnementales qui ont nécessité des années de débats
00:58souvent animés.
00:59Et c'est un rêve pour le président Trump, mais un cauchemar pour Bruxelles.
01:04Washington a tenu ses promesses d'imposer de lourdes taxes à tous ses partenaires commerciaux
01:09qui pourraient entrer en vigueur dès le mois d'avril.
01:11L'UE est l'un des plus grands partenaires économiques de l'Amérique avec plus de
01:151000 milliards d'euros en jeu, donc les Européens sont nerveux et on les comprend.
01:20Les producteurs de vin et de whisky européens ainsi que les fabricants de voitures sont
01:24parmi ceux dont l'avenir pourrait désormais dépendre d'un président américain imprévisible.
01:29Alors voici quelques-uns des sujets que nous allons explorer avec notre panel d'invités.
01:34Chloé Nicolas-Jacques, activiste pour la justice sociale et climatique.
01:38Bonjour Chloé.
01:39Christophe Grudelaire, député européen du groupe centriste Renew Europe.
01:42Bonjour Christophe.
01:43Et Nadia Pelfic, vice-présidente de la région Occitanie et membre du comité des régions.
01:48Bonjour Nadia.
01:49Alors merci à vous tous de nous avoir rejoints et comme toujours, avant de vous entendre,
01:54écoutons une explication sur l'un des sujets d'actualité qui a animé ces dernières
01:58semaines la bulle bruxelloise.
02:00Rendre l'Europe à nouveau compétitive.
02:05Tel est le mantra adopté par Ursula von der Leyen pour rendre l'économie européenne
02:09plus attrayante.
02:10Comment ? En mettant en place un grand mouvement de dérégulation qui a donné le tournis
02:17aux observateurs professionnels de Bruxelles.
02:20Le mot à la mode est simplification.
02:22Les règles de l'UE sont réduites, reflétant un changement rapide des priorités qui s'éloigne
02:27de combattre le changement climatique et s'oriente plutôt vers fournir un environnement économique
02:31favorable aux entreprises.
02:32Une grande partie de la politique écologique mise en œuvre par la Commission européenne
02:39lors du premier mandat d'Ursula von der Leyen est sur la sellette.
02:42Selon les observateurs, l'exécutif subit la pression des gouvernements de droite et
02:50la perspective de voir d'autres grands pays comme l'Allemagne et la France abandonner
02:53les principes du pacte vert.
02:54La politique climatique appartient-elle déjà au passé ? Ou Ursula von der Leyen essaie-t-elle
03:02simplement de faire bonne figure ?
03:03Alors Chloé, on le voit sur cette vidéo explicative, est-ce que le pacte vert est-il vraiment sur
03:11la sellette ?
03:12Ah bah oui, il est complètement sur la sellette, moi ça m'inquiète énormément et ça me
03:15rend aussi extrêmement en colère parce que comme vous l'avez dit Maya, c'est des lois
03:18qui ont mis des années à être adoptées, il y a eu énormément de compromis qui ont
03:22été faits et là ce qu'on voit c'est que sous couvert d'une simplification, c'est l'argument
03:26qui est donné, ces lois en fait elles vont pas être juste simplifiées, elles vont être
03:30rouvertes et des éléments cruciaux vont être complètement affaiblis, en tout cas
03:34c'est ce qu'on entend venir de la part de la Commission européenne, alors qu'on n'est
03:37pas du tout à un moment où on devrait affaiblir, on devrait être à un moment où en fait
03:41on double notre ambition, puisqu'il y a un rapport qui est sorti il n'y a pas très
03:44longtemps de l'agence européenne de l'environnement qui dit que même si on mettait en place toutes
03:48les régulations du pacte vert, on n'atteindrait toujours pas nos objectifs climat, ni pour
03:522030, ni pour 2050, donc effectivement c'est extrêmement inquiétant ce qu'on entend.
03:55Christophe, vous êtes d'accord avec ça ? Est-ce que sur-simplification veut dire qu'on
03:59abandonne des pans entiers du pacte vert ?
04:01Alors non, non, le pacte vert reste l'objectif de l'Union européenne, on va se battre pour
04:06y arriver, on a voté 70 lois pendant le dernier mandat pour y arriver et maintenant il faut
04:11dans le cadre de la mise en oeuvre trouver des solutions.
04:12Il n'y aura pas de réouverture de texte au niveau du Parlement, c'est ce qu'on appelle
04:16le niveau 1, on sera sur le niveau 2, c'est-à-dire que c'est la commission qui par des actes
04:19délégués, des actes d'implémentation, pourra simplifier.
04:23Ce n'est pas ce qu'on entend de la part de la commission ?
04:25Alors moi ce que je peux vous dire c'est qu'on va simplifier mais pas déréguler.
04:28Et ça il faut vraiment faire attention à ça.
04:30Donc ça veut dire qu'on a des textes qui sont prêts, qui sont là, il faut maintenant
04:34les mettre en oeuvre.
04:35Par contre simplifier, il y a plein de procédures à simplifier, je suis sûr que vous êtes
04:38attaché à l'hydrogène propre par exemple, il y a un PIEC, c'est un gros mot européen,
04:44sur l'hydrogène propre.
04:45Aujourd'hui il faut 4 ans pour arriver à avoir un premier investissement dans l'hydrogène
04:49propre au niveau de l'Europe.
04:50Donc on va simplifier les PIEC, voilà ce que ça veut dire, donc trouver des procédures
04:54plus rapides pour les permis, notamment pour les énergies renouvelables, en général
04:58pour toutes les énergies qui est des carbones.
04:59Donc en fait il y a des moyens de vraiment simplifier en gardant le cap.
05:04Et des fois entre un point A et un point B, ce n'est pas la ligne droite qui est le plus
05:08rapide, c'est des fois tirer des prêts comme à la voile, vous savez, pour arriver petit
05:11à petit au but.
05:12Et le but, personne ne l'oublie au Parlement européen.
05:15Nadia, du côté des régions justement, comment on la sent cette simplification ?
05:20Écoutez, le sujet ce n'est pas que la simplification à la réalité, on est dans un contexte où
05:25on a un président américain qui est sorti des accords pour le climat, où la Chine dit
05:30clairement que ce n'est pas la priorité.
05:32Et moi je crois qu'il faut parler clairement, et parler clairement c'est aussi parler fort
05:36en expliquant que l'Europe, elle se distingue parce qu'elle a des règles éthiques, parce
05:39qu'elle a adopté un gridille et qu'elle affirme qu'elle peut concilier écologie
05:44et économie.
05:45Tous les discours aujourd'hui qui permettent de laisser penser que la compétitivité serait
05:49freinée parce qu'on a une attention pour l'adaptation au changement climatique, ce
05:54sont des discours en réalité qui rejoignent et qui renforcent le discours de Donald Trump.
05:59Et donc moi je pense que l'Europe doit se distinguer, et c'est sa force, par le fait
06:03qu'elle est en capacité de protéger ses habitants, de leur proposer de l'emploi,
06:08d'être compétitive.
06:09Et c'est faux de faire croire que c'est parce qu'on a des règles écologiques qu'on
06:13ne pourrait pas l'être.
06:14On est compétitif parce qu'on a un écosystème où on investit dans l'enseignement supérieur,
06:18dans l'innovation.
06:19On est compétitif justement parce qu'on se donne des règles éthiques.
06:22Regardez, sur plein de sujets, les consommateurs, y compris du marché européen, ont des exigences.
06:29Ils n'ont pas envie de manger des produits pleins de pesticides, mais ils ont envie de
06:33pouvoir les acheter.
06:34Et donc je pense qu'il faut être en capacité de concilier écologie et économie.
06:39C'est la signature de l'Union Européenne, et l'affaiblir aujourd'hui, c'est laisser
06:43la place aux Américains, aux Chinois sur ces marchés.
06:45C'est pour ça qu'il faut tenir sur le pacte vert, parce que ça va donner un avantage
06:49compétitif opérationnel pour nos entreprises européennes.
06:52Parce que lutter contre le réchauffement de la planète, on va tous être obligés d'y
06:56passer.
06:57C'est indispensable, sinon la planète, elle est morte.
06:59Cet objectif de décarboner, si nos entreprises se mettent dans la cleantech à fond, décarbonent,
07:06trouvent des outils pour arriver à avoir des énergies propres, on sera les meilleurs
07:10au monde.
07:11Quand M. Trump dit qu'il revient aux fossiles, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il
07:15accepte d'avoir 50 ans de retard sur la Chine, qui aujourd'hui progresse énormément sur
07:20ses technologies propres.
07:22Donc à nous, Européens, d'être bien présents.
07:23Pour rentrer un peu dans les détails de cette simplification, l'une des cibles, c'est
07:27la directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises, qui a été adoptée
07:36l'année dernière après 4 ans de négociations, et qui force les entreprises à divulguer
07:40leur impact sur l'environnement, notamment combien d'eau ils utilisent, et sur les droits
07:44de l'homme notamment.
07:45La loi cible également la taxonomie européenne, je me tourne vers vous Chloé, Von der Leyen
07:50dit « on ne change pas les objectifs, mais on rend les lois plus efficaces ». Est-ce
07:55que vous êtes d'accord ?
07:56L'efficacité, c'est un besoin dans l'Union Européenne, c'est ce que les gens reprochent
08:02à Bruxelles.
08:03Alors, tout le monde est pour la simplification telle qu'elle personne n'a envie qu'une
08:07entreprise passe littéralement 6 mois de l'année à remplir des papiers, je pense
08:09que ça, tout le monde est d'accord.
08:10Et en fait, c'est pas l'esprit de ces lois.
08:13Donc ce qu'on est en train de voir, c'est que cet argument de simplification, il est
08:16complètement utilisé par des gens qui en fait veulent une seule chose, c'est s'attaquer
08:20au Green Deal et au Pacte Vert, et on le voit de la part notamment des conservateurs avec
08:24une alliance avec l'extrême-droite depuis plusieurs mois, c'est exactement ce qu'ils
08:27veulent.
08:28Jordan Bardella l'a demandé par exemple.
08:29Donc, si on regarde vraiment ce qu'il y a dans ces lois, on voit bien que ça concerne
08:33une toute petite minorité d'entreprises européennes, 0,02% à peu près, 0,2% pour la loi sur le
08:40devoir de vigilance, donc c'est rien, le boulanger du coin ne sera jamais affecté
08:44par ces règles.
08:45Quand on regarde d'autres éléments aussi, on voit que les grosses entreprises, elles
08:48ont des obligations d'aider leurs fournisseurs, donc les plus petites entreprises avec qui
08:52elles sont liées, à faire ce travail d'investigation des risques qui existent dans leurs opérations.
08:57Donc, on a tout un narratif qui est complètement faux sur le fait que les petits entrepreneurs
09:02vont avoir du mal à remplir ces documents, etc., que c'est une charge administrative
09:05absolument énorme.
09:06Alors, dans certains cas, ça l'est, mais ce n'est pas l'esprit de la loi, il faut
09:09faire très attention, il faut revenir à l'esprit de la loi, et moi j'entends votre engagement
09:13sur le Pacte Vert, mais c'est bien beau de le dire, mais ce n'est pas du tout ce
09:16qu'on entend venant de la Commission européenne, ni d'ailleurs, je peux me le permettre,
09:20venant de la France.
09:21La France est un des pays qui a le plus demandé qu'on dérégule, la France a notamment
09:26demandé il y a quelques mois, le gouvernement, une suspension indéfinitive de cette loi,
09:32de l'application de cette loi, c'est-à-dire de voir de l'inverse.
09:34Je vous coupe, parce que vous parliez de Jordan Bardella et de la droite, est-ce que, Christophe,
09:37vous pensez que justement, on est en train de se soumettre à un narratif qui est celui
09:41justement des partis de droite, en agissant sur cette simplification ?
09:44Alors, moi je dirais plutôt les partis d'extrême droite, parce que sur la droite, il y a aussi
09:48des gens modérés, qui croient au Green Deal, et qui croient à l'avantage opérationnel
09:53de ces cleantech.
09:54Mais ces gens-là sont minoritaires, ceux qui veulent le remettre en cause du Green
09:59Deal.
10:00Le risque, c'est le risque de contagion avec des gens comme M.
10:02Trump, avec la désinformation en Europe, donc il faut vraiment travailler à amener
10:06la contre-information pour que les gens se refassent leur propre point de vue avec des
10:09éléments très très objectifs.
10:11Mais sur la France, je voulais juste vous reprendre deux secondes là-dessus, quel est
10:14le seul pays, le premier pays à avoir transposé la directive, CSRD c'est un gros mot, quel
10:20est le seul pays à avoir une règle sur le droit de vigilance ? C'est la France, donc
10:23on est les premiers Européens, alors que les Allemands n'ont même pas transposé
10:27ces textes-là.
10:28Mais donc pourquoi l'attaquer derrière ? Pourquoi l'attaquer au niveau européen ?
10:30Alors, par contre, maintenant, c'est clair qu'il y a une demande de simplification quand-même.
10:33C'est-à-dire, en gardant les objectifs, trouver une façon de pouvoir effectivement
10:39recruter des milliers de gens pour pouvoir remplir les papiers demandés par Bruxelles.
10:43Pourquoi la simplification quand on demande une pause ?
10:44Je me tourne vers vous Nadia, parce que vous avez dit justement que la France a soutenu
10:49ce texte, mais le Président Emmanuel Macron lui-même a cédé à cette pression d'anti-régulation
10:53il n'y a pas très longtemps, et a demandé justement que l'on l'améliore et qu'on
10:58la retarde.
10:59Est-ce que du coup c'est une obsession dangereuse cette simplification, ou est-ce que c'est
11:03une bonne chose qui arrive à l'Union Européenne du point de vue par exemple des régions ?
11:06Écoutez, nous on est la première région française à avoir adopté un pacte vert
11:10en bon français, parce que, par exemple, pour être la première région à une énergie
11:15positive en 2050, il faut diviser par deux notre consommation d'énergie, multiplier
11:20par trois notre production d'énergie renouvelable, voilà c'est très très concret.
11:23Et quand on est une région comme la mienne, il y a du vent, il y a du soleil, donc on
11:27a des possibilités, on a du relief de l'hydraulique, mais si la France dit qu'elle abaisse ses
11:34standards, qu'on n'est pas accompagné sur ses investissements, ça nécessite des
11:39investissements importants, alors oui on perdra.
11:42Est-ce que ça veut dire qu'il ne faut pas simplifier ?
11:43Si, il faut simplifier.
11:44Mais il faut aussi dire la vérité à nos compatriotes, moi par exemple, je suis une
11:48région très agricole, vous savez qu'en France les agriculteurs ont été très mobilisés,
11:52et certains ont demandé l'abandon justement d'un certain nombre de règles, mais ils
11:57ont demandé surtout l'arrêt de la surtransposition, c'est-à-dire que l'Union Européenne,
12:01elle produit des textes, elle produit des règles, et donc normalement cette règle
12:04devrait être commune aux 27 pays de l'Union Européenne.
12:06Mais vous interrogez les entreprises, y compris celles qui sont installées en France, en
12:10Allemagne, en Italie, elles n'ont pas une règle européenne installée, elles en ont
12:133 ou 27 ! On exagère !
12:16Nadia, écoutons maintenant l'avis de l'industrie et notamment la réaction de FEDERCHIMICA,
12:22la Fédération des Industries Chimiques Italiennes, nous avons interrogé son directeur, Piercarlo
12:27Friggerio.
12:28On l'écoute.
12:29Il est clair que la pression réglementaire, et plus particulièrement les réglementations
12:37environnementales européennes, ont un impact sur la production industrielle.
12:40La baisse de la production de l'industrie chimique, de 10% en Europe en 2023, fait peser
12:45le risque d'une désindustrialisation de l'UE au profit de concurrences extérieures.
12:49Un pas dans la bonne direction consisterait à mettre en oeuvre des mesures concrètes
12:58pour améliorer la compétitivité, ce que l'industrie espère vivement.
13:02Ce que le secteur ne peut pas se permettre, c'est d'attendre trop longtemps.
13:05Nous avons déjà dépassé les objectifs de 2030.
13:08Alors justement, Piercarlo Friggerio a indiqué que le secteur ne peut pas se permettre d'attendre
13:16trop longtemps.
13:17Alors je me tourne vers vous Chloé, ce risque de désindustrialisation dont il parle dans
13:21cette vidéo, est-ce que ce n'est pas préoccupant quand même ?
13:23Vous savez, quoi d'autre on ne peut pas se permettre d'attendre, c'est nos objectifs
13:29climat, nos objectifs sur la question de la biodiversité, nos objectifs sur la question
13:32de la santé.
13:33Aujourd'hui, tout ça, c'est des objectifs qu'on n'atteint pas et qu'on n'est pas en
13:36voie d'atteindre.
13:37Ils sont absolument essentiels parce qu'on peut parler de compétitivité autant qu'on
13:41veut, la compétitivité de toute façon n'existera plus sur une planète avec des catastrophes
13:46climatiques à répétition, avec une biodiversité qui n'existe plus.
13:49On parlait de l'agriculture, les agriculteurs ne peuvent pas produire s'il n'y a plus de
13:53biodiversité.
13:54Donc, il y a un moment, ces objectifs-là, il faut arrêter de les mettre de côté comme
13:57on est en train de le voir actuellement avec, encore une fois, ce narratif de simplification.
14:01Sur la question de l'industrie chimique, c'est intéressant parce que Ursula von der
14:04Leyen va annoncer ses packages de simplification le 26 février à Anvers, notamment dans les
14:10locaux de BASF.
14:11Donc, c'est très important que les gens comprennent qui est BASF, c'est une des plus
14:14grosses entreprises chimiques au monde, une entreprise qui fait des milliards de profits
14:18chaque année.
14:19Donc, les optiques, à un moment, elles ne sont pas bonnes.
14:20Si on défend la compétitivité et si on défend les Européens, on défend la compétitivité
14:24de toutes les entreprises, y compris les petites.
14:26Et quand Ursula von der Leyen va annoncer ses packages depuis les bureaux de BASF,
14:30qui est une des plus grosses entreprises au monde, il y a un moment, qu'est-ce qu'on
14:33défend ? Est-ce qu'on défend ces grosses entreprises et les milliards de profits qu'elles
14:37font chaque année et les dommages qu'elles font à l'environnement et à notre santé
14:42ou est-ce qu'en fait, elle défend effectivement les entrepreneurs Européens ?
14:44Cette conciliation, on la fait comment ?
14:47Attention à ne pas être non plus dans la caricature.
14:48La chimie, c'est aussi la pharmacie, c'est aussi les médicaments pour les gens, pour
14:53soigner.
14:54Donc, ce n'est pas que des profits scandaleux à travers le monde, c'est aussi ça d'ailleurs.
14:57Et donc, l'enjeu pour l'Europe, c'est de ne pas avoir ces médicaments qui sont fabriqués
15:01en Chine par exemple.
15:02Donc, on a essayé de relocaliser tout ça, on a travaillé un peu sur la chimie durable
15:05qui n'est pas facile à mettre en place mais toujours est-il qu'aujourd'hui, l'enjeu
15:09c'est d'accompagner ces entreprises et de ne pas les couler parce que si vous les coulez
15:13et que finalement on importe tout de l'autre bout du monde, on aura perdu et la planète
15:17n'aura rien gagné.
15:18Il va y avoir une réouverture d'ailleurs d'un texte qui s'appelle Riche qui est en
15:21train de travailler sur les questions de la réglementation chimique.
15:24Donc, l'idée c'est de les accompagner et d'avoir aux frontières de l'Union Européenne
15:29des outils, des taxes notamment oui, le mécanisme d'inclusion carbone aux frontières qui va
15:34faire que quand des produits chimiques notamment, mais pas que chimiques, industriels vont venir
15:38de l'autre bout du monde, ils vont être taxés.
15:40Donc, il n'y aura pas d'avantage concurrentiel pour des gens qui ne respecteraient pas nos
15:45standards environnementaux qui produiraient en Amérique du Sud, en Asie, en Amérique
15:49du Nord ou ailleurs.
15:50Et donc, il y aura ce frein.
15:52Ce qui va faire que nos industries à nous seront protégées.
15:55Alors, le protectionnisme, c'est des fois un grand mot mais que fait M.
15:58Trump aujourd'hui ? Il fait du protectionnisme aux Etats-Unis alors que c'est censé être
16:02la capitale du libéralisme mondial.
16:04Donc Nadia, nos industries seront protégées, vous êtes d'accord avec ça ?
16:07Il faut les protéger mais il faut aussi les aider à aller plus vite, plus loin.
16:13Dans ma région, il y a 6 millions d'habitants.
16:15L'essentiel des entreprises sont des entreprises de moins de 10 salariés.
16:18Quand je dis l'essentiel, c'est plus de 85%.
16:20Ce sont donc des entreprises qui n'ont pas de business unit dédié à l'innovation ou
16:24à l'international.
16:25Et donc, quand on agit concrètement sur le territoire, il faut accompagner ces entreprises
16:30à s'engager dans la transition climatique, dans la transition sur l'usage de l'intelligence
16:36artificielle.
16:37Bref, ce qu'on doit faire aujourd'hui, c'est donner des trajectoires en matière
16:40d'accompagnement public pour qu'elles soient plus compétitives demain.
16:43Mais il faut arrêter de leur dire « alors maintenant il va falloir faire ça et puis
16:46deux ans après changer de trajectoire, changer d'orientation ». Il faut leur donner de
16:50la visibilité, il faut leur donner de la stabilité et ça compte aussi sur les taux
16:55d'intérêt, c'est sur quoi la Commission peut agir, sur les règlements, c'est sur
16:58quoi la Commission peut agir en matière de trajectoire et sur les partenaires internationaux
17:02et nos alliés à l'international.
17:04Il y a des accords à faire sur un tas de sujets, sur des règles utiles, sur une manière
17:09de voir la durabilité des choses et c'est là-dessus qu'on devrait être proactifs,
17:13pas changer de cap en permanence.
17:15Loïc, je vous entends, je peux réagir ?
17:16Je peux réagir sur deux choses par rapport à ça, moi je suis tout à fait d'accord
17:19et sur la question de la prévisibilité aussi.
17:21Si on change de règle tous les six mois, l'Europe elle ne devient plus attractive
17:24pour personne parce que les entreprises ne peuvent plus se projeter.
17:26Et c'est important de montrer que le narratif sur la dérégulation, ce n'est pas le seul
17:29narratif qui existe, notamment venant du monde des entreprises.
17:32Il y a énormément d'entreprises ces derniers mois, d'institutions financières aussi qui
17:36valent à peu près 6 milliards de dollars, c'est quand même pas rien, 6 000 milliards
17:39pardon, qui ont contacté la Commission pour leur dire ne modifiez pas, ne réouvrez pas
17:45ces lois.
17:46Même au sein du Collège des commissaires, donc qui est un peu le gouvernement de l'Union
17:49Européenne, on a des voix qui s'opposent, notamment la numéro 2 qui a dit attention,
17:53ne dérégulons pas.
17:54Donc ce n'est pas du tout le narratif prédominant qu'on entend.
17:58Et sur la question de la compétitivité encore, pour revenir dessus, moi bien sûr je suis
18:02tout à fait d'accord, il faut soutenir les entreprises à transitionner.
18:05Mais de quelles entreprises on parle ? Et là je pense que c'est très important aussi,
18:09on a des entreprises, et il faut en être conscient, qui font tout pour étaler dans
18:15le temps, pour retarder dans le temps leur transition, tout en essayant d'obtenir un
18:18maximum d'avantages, notamment financiers, des aides, et qui derrière font un trait
18:22de lobbying énorme.
18:23Mais finalement aussi quand on parle de simplification, est-ce qu'il n'y a pas d'autres manières
18:26de simplifier ? Je pense notamment par exemple à la digitalisation ou des aspects comme
18:30ça.
18:31Est-ce qu'on peut simplifier de la façon qu'actuellement adopte, qui est adoptée
18:35par l'économie européenne ?
18:36Oui, c'est pris en compte.
18:37Je rappelle ce qu'on appelle les omnibus, ce qui va simplifier.
18:40Le premier qui va sortir tout bientôt concerne en fait l'agenda écologique, on va l'appeler
18:46comme ça.
18:47Le deuxième va concerner les finances, et le troisième la création d'une catégorie
18:50intermédiaire pour les entreprises, pour qu'elles ne soient pas sujetties à trop
18:54de règles des plus grands et trop de règles des plus petits.
18:56Donc il y a vraiment plusieurs niveaux pour cette simplification, et ce que vous dites
19:01sur la numérisation, ça fait clairement partie des choses.
19:02Mais qui dit numérisation dit aussi consommation électrique en plus, donc aussi augmentation
19:08de la production électrique.
19:09Donc il faut vraiment prendre en compte tous ces aspects, en n'oubliant pas que le temps
19:13industriel c'est 10, 15, 20 ans.
19:16Donc si effectivement tous les matins on change la loi, maintenant c'est comme ça,
19:20maintenant c'est comme ça, on n'y arrivera pas.
19:21Je vais prendre juste un exemple, l'hydrogène.
19:23On attend toujours l'acte délégué de la commission sur l'hydrogène bas carbone.
19:28Vous avez des milliards qui sont retenus, des gens qui veulent investir dans de l'hydrogène
19:34propre, qui attendent le texte, qui n'arrivent pas, et là, à ce moment-là, ils pourront
19:39investir.
19:40Quelque chose de plus neutre pour la planète.
19:43Et donc malheureusement, voilà, la simplification c'est aussi la plus vite que l'on peut faire.
19:46Quand on parle d'hydrogène et d'hydrogène propre, là on est face à une grosse contradiction,
19:49par exemple la commission européenne.
19:50La commission avait dit il y a quelque temps, on va investir sur l'hydrogène et l'hydrogène
19:54vert.
19:55Très bien.
19:56Moi ma région elle investit fortement.
19:57Elle investit 50 millions dessus.
19:58Et là, un projet de techno-campus, recherche industrielle, à 43 millions d'euros full
20:03cost par la région.
20:04Mais dans le même temps, elle avait du coup accompagné l'achat d'électrolyseurs, sans
20:07signifier qu'il n'était pas opportun d'acheter ces électrolyseurs en Chine.
20:12Conclusion, on a acheté et subventionné avec l'argent européen des électrolyseurs
20:16qui étaient fabriqués par la Chine.
20:17Quand on parle souveraineté industrielle, quand on parle écologie, on fait en sorte
20:21de soutenir les industriels qui produisent, ce qui nous permettra la transition de demain,
20:25et on n'importe pas, y compris à grands coûts d'émissions carbone, les solutions technologiques
20:30de demain.
20:31Donc il faut un petit peu de cohérence, et je trouve que parfois il en manque un peu,
20:33et on cède un peu à la manière de plaire à je ne sais qui.
20:36Et la simplification c'est parfois être dans la préférence européenne, dans les
20:41achats, notamment dans les marchés publics, ce qu'on a prévu au niveau européen.
20:44On entend aussi parler de dérégulation dans le monde agricole, et notamment dans la politique
20:48agricole commune.
20:49Chloé, comment ça pourrait se présenter ?
20:52On a eu un texte qui a été présenté cette semaine d'ailleurs.
20:55La vision de l'agriculture par la société.
20:58Et je pense que c'est intéressant de voir les différences entre ce texte qui vient d'être
21:02présenté, qui littéralement dit « business as usual », par rapport à ce qui avait été
21:06présenté il y a quelques mois, qui était la vision stratégique de l'Union Européenne,
21:11suite à un dialogue qui avait été fait pendant des mois et des mois entre des agriculteurs,
21:16des associations environnementales, et vraiment tout le monde s'était mis autour de la table
21:19et avait négocié de bonne foi.
21:21Et c'était absolument génial de voir ça, parce que pendant des mois, voire des années,
21:24on avait mis en opposition l'environnement et l'agriculture.
21:27On avait un texte qui sortait, évidemment, tout le monde ne le trouvait pas parfait,
21:31mais tout le monde s'était mis d'accord sur le fait qu'il y avait eu des grandes améliorations.
21:34C'est sur ce point que nous vous pouvons clore cette conversation.
21:38Merci beaucoup à tous les invités ici présents.
21:40On prend un temps de pause, mais restez avec nous pour analyser le mot préféré du président
21:45Trump, « tarif », droit de douane en français, qui pourrait bien s'avérer être un cauchemar
21:50pour l'Union Européenne.
22:00Heureuse de vous retrouver sur le plateau de Bruxelles Je T'aime avec nos trois invités
22:03ici présents.
22:04L'une des choses que nous avons suivies de près, c'est la visite du commissaire européen
22:08au commerce, Maros Sevkovic, à Washington DC pour tenter d'éviter la guerre commerciale
22:13qui s'annonce avec les Etats-Unis.
22:15Le politicien slovac a dit à l'administration américaine que les Européens étaient prêts
22:20à discuter, qu'ils feraient tout pour résoudre les désaccords plutôt que d'encaisser
22:24les coups.
22:25Le voyage a-t-il été un succès ? A-t-il réussi à éviter une guerre commerciale transatlantique ?
22:31Nadia, je me tourne vers vous.
22:32Qu'est-ce qui se joue là pour les entreprises européennes ?
22:35Il se joue beaucoup et dans différents secteurs.
22:39Si je prends un exemple concret de mon territoire, l'exportation du vin aux Etats-Unis, c'est
22:46notre cinquième exportateur, on exporte 30% du volume du vin français.
22:50Ces taxes, aujourd'hui, quand on voit le système de distribution, elles vont porter
22:56sur les producteurs.
22:57Ce sont les producteurs, ils sont confrontés aux gèles, aux effets climatiques, à la
23:03sécheresse.
23:04Avec ces taxes, il n'y a plus de juste rétribution, c'est terminé.
23:08On a un autre exemple qui est celui du spatial ou de l'aéronautique.
23:11Ma région accueille le siège mondial d'Airbus et on a 25% de l'emploi spatial européen.
23:17Il y a un certain nombre de produits de l'aéronautique qui sont distribués aux Etats-Unis.
23:22Souvent, on est les seuls fournisseurs, mais pourtant, il y a eu des effets déjà sur
23:26la première partie de Trump.
23:27Ce sont des impacts sur l'emploi, à l'évidence.
23:30Ce sont des emplois actes en matière d'innovation.
23:32Ces impacts sont réels.
23:34Est-ce que pour autant, il faut dire « Ok, on en rabat sur tout » ? Non, y compris parce
23:41que notre marché intérieur est un marché important, parce qu'on a aussi un devoir
23:45de proposer d'autres solutions.
23:47Christophe, je me tourne vers vous.
23:49L'Union Européenne a une stratégie.
23:51Ce n'est pas très clair aujourd'hui encore, quelle est la stratégie ?
23:54Est-ce qu'il faut répliquer ? On entend dire qu'il y a des instruments aujourd'hui
23:59qu'on peut mettre en place, des instruments de coercition.
24:01Mais la stratégie, c'est « faut-il répliquer ou faut-il faire des concessions ? »
24:06Le problème, c'est que des fois, on a un sentiment de vassalité qui est assez désagréable.
24:10Moi, c'est clair, il faut répliquer.
24:11Il faut être très ferme.
24:12Et après, on peut discuter.
24:14La nature est hors du vide.
24:16Si on voit qu'il n'y a pas de résistance, on pousse de plus en plus loin.
24:18Mais répliquer, ça veut dire quoi ?
24:19Répliquer, c'est dire que s'il y a des droits de douane supplémentaires qui s'appliquent,
24:23on applique les mêmes.
24:24Par contre, il faut être solidaire.
24:26L'Union fait la force.
24:27C'est le principe européen.
24:28C'est vrai que c'est difficile que des fois, tel secteur « Ah, mais pour moi, ça veut
24:31être solidaire.
24:32Laissez-nous faire.
24:33On est forts, on réplique de cette façon-là.
24:36Et après, on va discuter et on va petit à petit lever les freins.
24:39C'est-à-dire que les droits de douane entre les États-Unis et l'Union européenne, ils
24:42sont équilibrés.
24:43C'est à peu près 4% de droits de douane.
24:46Il n'y a pas de différence.
24:47Et ce que veut faire M.
24:48Trump aujourd'hui, c'est du protectionnisme, c'est-à-dire empêcher des produits qui sont
24:55plus attractifs de venir aux États-Unis pour renforcer ce marché domestique.
25:00Il risque d'enchaîner les coups très fortement chez lui.
25:02Donc, il prend aussi un risque politique.
25:04Donc, si nous, on répond de façon très forte et après, on discute pour baisser
25:08des deux côtés la tension, c'est la seule façon de faire.
25:11Il n'y en a pas d'autre.
25:12Oui.
25:13Avant de vous donner la parole, pour savoir ce que la Chambre de commerce américaine pense
25:16de la guerre commerciale imminente, nous avons parlé à Thibault Lorty, son directeur de
25:20la communication.
25:21Nous l'écoutons.
25:22Nous, en tant qu'organisation, on ne soutient pas le fait de mettre en place des tarifs
25:27douaniers plus élevés, simplement parce que ça va avoir un impact négatif pour les consommateurs
25:31sur les prix, mais aussi sur les chaînes d'approvisionnement qui, en fait, sont très
25:35intégrées à travers l'Atlantique.
25:37Ce dont on a besoin pour l'instant, c'est plutôt que les États-Unis et l'Europe travaillent
25:41ensemble au renforcement de leur économie plutôt que de créer de nouvelles barrières
25:45commerciales.
25:46Les compagnies américaines en Europe, elles sont plutôt inquiètes d'une escalade à un
25:49moment des tensions commerciales avec les annonces de l'Union européenne de la mise
25:53en place de contre-mesures.
25:55Ce qui est sûr, c'est qu'on veut éviter à tout prix une spirale négative de tarifs
25:59coup pour coup qui n'aurait qu'un impact négatif pour les économies des deux côtés.
26:03Spirale négative, Chloé, qu'est-ce que vous pensez de tout ce que dit justement Tim
26:07O'Lourty ?
26:08Moi, je suis d'accord sur le fait qu'il faut qu'on réponde de façon, avec force et rapidité.
26:13Parce qu'il faut arrêter que l'Europe soit terrorisée tous les 4 ans dès qu'on change
26:16de président américain.
26:17Ça, ce n'est plus possible.
26:18En revanche, il y a quelque chose que j'entends beaucoup, qui est pas mal mis sur la table
26:22comme éventuellement forme de réponse, c'est apaiser Donald Trump, notamment, éventuellement
26:27en lui achetant plus de LNG, qui est le gaz naturel liquéfié.
26:30Et ça, je voudrais vraiment dire que c'est une idée absolument catastrophique.
26:34Parce qu'aujourd'hui, déjà, 40% du gaz naturel liquéfié qu'on importe en Europe,
26:39il vient des Etats-Unis.
26:40Donc, on est extrêmement dépendant des Etats-Unis sur ce sujet-là.
26:43On a vu que les dépendances par rapport à des pays qui changent d'avis un peu comme
26:46de chemise, ce n'est jamais bon pour l'Europe.
26:48Et surtout, en termes d'impact climatique, c'est une catastrophe puisque le gaz naturel
26:52liquéfié a un impact climatique énorme.
26:55Notamment, un tiers plus émetteur, plus intense en termes d'émission que le charbon.
27:01Donc, c'est une mauvaise solution d'un point de vue économique et c'est une très
27:04mauvaise solution d'un point de vue climatique.
27:05Alors, qu'est-ce qu'on peut faire comme autre proposition aux Américains ? Comment
27:09peut-on être créatif, Nadia ?
27:10Moi, je pense aussi que ça doit être une opportunité.
27:12Il vient, par exemple, d'annoncer 5 milliards de moins pour le NIH.
27:16C'est le National Institute de Santé.
27:17Donc, il coupe les crédits en recherche médicale.
27:20Il y a plein d'entreprises superchercheurs américains qu'on doit accueillir en leur
27:23disant « écoutez, on vous fait plus confiance, nous on sait qu'ici, il y a à produire
27:27en matière de santé, on vous donne les moyens, voilà, l'Union Européenne peut vous accueillir
27:31ici, c'est un écosystème qui est ouvert à l'innovation, piquons les talents des
27:35Américains en montrant qu'il y a d'autres trajectoires possibles et que nous, on est
27:38capable de supporter ça, de faire l'investissement dans le savoir et ça nous permettra du coup
27:42de gagner en élan, de gagner en rapidité, là où ils sont en train de se retraitir,
27:47de se rabrouguer, de tout fermer.
27:49Vous êtes d'accord avec ça, Christophe ?
27:50Tout à fait.
27:51Trump nous avait déjà fait le coup en 2018, donc c'est pas nouveau.
27:55Qu'est-ce qui s'était passé à ce moment-là ? On s'était simplement un peu replié
27:58sur d'autres marchés et donc on avait réduit notre dépendance aux Etats-Unis.
28:01Donc c'est ce qui risque de passer là aussi, en accueillant peut-être effectivement des
28:05producteurs américains, en ayant plus de cohérence dans notre marché commun, là
28:09c'est une très bonne réponse.
28:10Et arrêtons aussi d'acheter du matériel de défense américain.
28:13Si on augmente les dépenses de défense, c'est pour nous, les Danois ont acheté
28:18des F-35, c'est pas pour ça que Trump ne veut pas leur piquer le Groenland.
28:21Et sur les entreprises aussi, il y a des entreprises de la transition, puisqu'on a vu l'Irak
28:24qui avait été le gros package d'investissement américain sur la transition.
28:28Ces entreprises-là aujourd'hui, elles se retrouvent un peu sans rien.
28:31Donc pourquoi est-ce qu'en fait on ne leur dit pas, nous en Europe, on a des aides d'Etat
28:35qui sont disponibles, qui existent et qui ne sont pas exactement similaires mais pas
28:38loin de ce que l'Irak promettait.
28:39Effectivement, ce qui nous manque c'est cette centralisation et cette stratégie.
28:42Et on peut l'avoir avec le Clean Industrial Deal qui va être présenté dans quelques
28:46semaines.
28:47L'Union Européenne a été très ferme sur l'idée qu'elle ne cèdera pas sur la réglementation
28:51technologique.
28:52On l'a vu dans le discours de J.D.
28:53Vance.
28:54Est-ce que vous pensez Christophe, je me tourne vers vous, cette stratégie à long terme
28:57de l'UE qu'elle adoptera pour gérer les droits d'Américains à l'avenir, est-ce
29:02que justement sur la réglementation technologique, on doit être absolument ferme sur l'idée
29:06que ça ne peut pas être autrement ?
29:08On doit totalement être ferme.
29:09Et sur la responsabilité des plateformes, ça va s'appliquer, il faut que les Américains
29:12le comprennent.
29:13Ça n'a rien à faire pression.
29:14Ça s'appliquera aux acteurs non opéreurs comme aux acteurs européens, comme on a demain
29:19des projets comme la loi spatiale européenne, qui s'appliquera aux opérateurs de satellite
29:23même s'ils sont aux Etats-Unis, mais s'ils veulent faire du business en Europe, ils viennent
29:26respecter nos règles.
29:28Je retiens, respecter nos règles.
29:30Cet argument conclut notre conversation.
29:32Merci à tous les invités ici présents et merci à vous de nous avoir suivis.
29:37Restez avec nous sur Euronews.
29:45Heureuse de vous retrouver sur le plateau de Bruxelles, je t'aime, avec nos invités
29:50Chloé Micolajac, activiste pour le climat et la justice sociale, Christophe Grudler,
29:55eurodéputé au groupe Renew Europe au Parlement européen, et Nadia Pelfig, vice-présidente
30:01de la région Occitanie et membre du comité des régions.
30:04Alors, cette semaine, il y avait une actualité qui était difficile à ignorer, c'est celle
30:09de la corruption en Europe.
30:10Selon un nouveau rapport de l'ONG Transparency International, la corruption ne se contente
30:16pas de rester présente, elle empire pour la deuxième année consécutive.
30:19Plusieurs pays européens régressent dans l'indice de corruption, y compris de grandes
30:24économies comme la France et l'Allemagne.
30:27Christophe, je me tourne vers vous, vous êtes surpris par ces données ?
30:29Alors malheureusement non, parce qu'on voit depuis quelques temps déjà une érosion
30:33des valeurs de l'Union Européenne et des tentatives, notamment d'organisations non
30:38européennes, qui viennent miner la démocratie en Europe, par des moyens de désinformation
30:43mais également par des moyens de corruption.
30:45Il y a quand même une organisation internationale de tout cela, et donc évidemment il faut réagir
30:49et ne pas se laisser faire.
30:50On a quand même des outils au niveau européen pour répondre à cela.
30:54Déjà, le premier outil concerne les procédures de conditionnalité pour les aides européennes.
30:59Donc des pays qui sont très mal classés, comme la Hongrie par exemple, on a appliqué
31:03ce principe de conditionnalité, ce qui veut dire qu'on vous donne vos subventions,
31:07on vous donne vos subventions si vous respectez l'état de droit, si vous luttez contre
31:12la corruption.
31:13Je rappelle aussi qu'on a une procureure européenne en charge de la lutte contre la
31:16corruption.
31:17Et donc si ce n'est pas respecté, on ne donne pas les subventions, et après on peut
31:22aller à des mécanismes de sanctions, c'est-à-dire qu'on peut saisir la Cour de Justice de
31:26l'Union Européenne pour demander des sanctions à coût de milliards d'euros contre les
31:29pays qui ne feraient pas un travail de lutte contre la corruption et de promotion de l'état
31:33de droit.
31:34Qu'est-ce qui ne va pas ? Parce qu'on devrait, nous, être en Europe, leader en
31:37matière d'anticorruption.
31:38Bien évidemment.
31:39Mais ce qui ne va pas, c'est qu'on n'applique pas justement les outils, les mécanismes
31:42dont parlait Christophe.
31:43Aujourd'hui, 74% de nos concitoyens européens pensent que la politique est associée à
31:49la corruption.
31:50Que ce soit à l'échelon local ou national, c'est catastrophique.
31:53Et la réalité, c'est qu'il y a beaucoup d'élus, de responsables politiques qui font
31:56les choses honnêtement, et surtout au niveau local, avec des moyens qui sont contraints.
32:01Mais il faut être exemplaire, ce n'est pas possible.
32:04En tant que Française, on a un ancien président qui s'est fait poser un bracelet électronique
32:09il y a 15 jours, vous vous rendez compte ? Nicolas Sarkozy.
32:12C'est ça que les Français voient aussi, c'est ça que beaucoup de concitoyens européens
32:16voient.
32:17Parce qu'on parle de pays qui semblent assez éloignés ou dans les nouveaux entrants.
32:20Mais ça donne un triste spectacle.
32:23Il faut être absolument exemplaire.
32:24Il n'est pas possible de continuer à être éligible quand on s'est servi dans l'argent
32:29public.
32:30Donc il faut absolument appliquer les règles qui existent.
32:35Aujourd'hui, on souffre de ne pas faire ce qu'on dit.
32:37Chloé, pourquoi on n'applique pas les règles ? On les a, mais on ne les applique pas.
32:40Il y a quand même quelque chose d'un peu paradoxal dans tout ça.
32:42Il y a aussi le fait qu'il y a des pays, typiquement la Hongrie, qui ne respectent
32:46pas, même quand on veut, leur imposer des règles.
32:48Je pense qu'il y a ça qui est très important.
32:49Mais juste pour revenir sur ce que disait Nadia, je pense qu'effectivement il y a la
32:53question de la corruption, mais il y a la question du manque d'exemplarité qui est
32:56très très important aussi, et qui fait, en tout cas moi c'est ce qui me fait le plus
32:59peur et c'est ce que je vois quand je parle avec des Européens de partout sur le continent.
33:03Vraiment, ça crée une distance avec les politiques et avec la politique.
33:08Ça crée une distance qui va jusqu'à ne plus aller voter, et qui aussi, il faut le
33:13mentionner, envoie des gens dans les bras de l'extrême droite.
33:16Ce manque d'exemplarité, cette corruption qui est endémique en politique, ça fait
33:20très peur.
33:21Et pour revenir sur le niveau européen, typiquement je pense que le Qatar Gate, ça avait vachement
33:26secoué les gens quand même, qui s'étaient dit c'est catastrophique ce qui est en train
33:29de se passer.
33:30Très peu a été fait.
33:31Les eurodéputés sont censés se réguler eux-mêmes, il n'y a quasi rien qui a été
33:34adopté à part un vague code de conduite qui en gros ne signifiait rien.
33:38Je me tourne vers Christophe Eurodéputé, qu'est-ce qui se passe au Parlement européen
33:42alors ?
33:43Réglement.
33:44Pour nous, pour le groupe Renew, c'est une de nos priorités.
33:45On a pris un code d'éthique qui oblige, il y a des déclarations d'intérêt.
33:47Oui mais regardez, pour le groupe d'extrême droite, aujourd'hui en France, le PN, Bardella
33:53etc. sont sous procédure judiciaire pour détournement de fonds européens précisément.
33:58Donc c'est clair que le code d'éthique il est respecté, il est signé par les gens,
34:01il y a un engagement.
34:02Mais attention à ne pas faire dans le populisme non plus, la corruption c'est une ultra-minorité.
34:06Je veux dire, la très grande majorité des gens, que ce soit en politique, dans l'entreprise,
34:11dans l'administration, font leur travail très correctement et il n'y a qu'une toute
34:15petite minorité.
34:16Mais c'est contre celle-là qu'il faut lutter, parce que c'est un poison qui peut gagner
34:18du terrain.
34:19C'est vrai mais il reste 14% des Français ou des citoyens européens même, pensent
34:23qu'il y a une corruption dans le milieu politique, même si ce que dit Christophe est très vrai.
34:27D'ailleurs ce qui est fou, c'est que ceux qui sont souvent sur le banc des tribunaux
34:32sur ces types d'accusations, sont ceux qui portent le plus fort la voix de tête haute
34:36main propre.
34:37C'était les discours de Jean-Marie Le Pen à l'époque.
34:40Ils portent le discrédit à la fois sur l'Union Européenne et sur les élus pour pouvoir
34:44prendre la place.
34:45C'est insupportable, c'est une fabrique d'un récit qui est inexact, mais il faut
34:50pour s'y opposer, être absolument exemplaire et c'est encore insuffisamment le cas.
34:55Il y a aujourd'hui une directive de lutte contre la corruption qui ne s'appliquerait
34:59qu'au niveau national, parce que c'est important de préciser qu'on ne peut pas réguler
35:03les élites européennes, les eurocrates, donc ça ne rentre pas dans le champ de cette
35:06directive.
35:07On ne peut pas, on essaye quand même, puisqu'il y a un code éthique justement.
35:10On essaye, mais cette directive ne s'appliquera pas, c'est important de le savoir, aux personnes
35:15notamment de la Commission Européenne.
35:16Et donc là on va voir un petit peu les vrais visages, puisque cette directive pour l'instant
35:19elle est plutôt pas mal, même Transparency International l'a dit.
35:22Donc là on est au moment de la dernière phase de négociation, ce qu'on appelle le
35:26Trilogue, et il y a un vrai risque que les Etats européens l'affaiblissent.
35:29Donc là on va voir ceux qui se disent vraiment ambitieux sur le sujet de la corruption, ou
35:32ceux qui vont tout faire dans ces prochains mois pour essayer d'affaiblir des mesures
35:35qui sont essentielles.
35:36Parce qu'il y a effectivement ce qu'on dit, il y a les engagements qu'on prend qui sont
35:39beaux à annoncer, des codes, etc, et derrière il y a ceux qui sont prêts à faire le travail
35:43et à aller effectivement légiférer et poursuivre derrière les personnes qui ne sont pas exemplaires.
35:47Transparency International, ils avertissent aussi que la corruption c'est un problème
35:51majeur dans la lutte contre le changement climatique, avec les risques de fonds mal
35:54utilisés, les conflits d'intérêts politiques, le lobby des industries polluantes.
35:58Alors je me tourne vers vous deux justement, comment est-ce qu'on lutte contre cette corruption-là ?
36:04Alors déjà il y a un tel esprit à voir, les règles éthiques ce n'est pas juste quelque
36:07chose dans un coin pour faire bien, chacun doit se comporter de cette façon et sentir
36:13quand les choses se passent.
36:14Personnellement je n'ai jamais eu d'approche de ce type-là au Parlement européen, donc
36:17vous êtes tranquilles par rapport à cela, mais on sait que ça peut exister et que la
36:22tentation peut être là.
36:23Alors c'est ce qui est normalement un système au Parlement, notamment quand on a décidé
36:27que tous les députés de tous les pays avaient le même niveau de rémunération quelle que
36:31soit la valeur d'indemnité dans le pays en question, ça permettait justement de lutter
36:37aussi un peu contre ça parce que les gens n'ont pas besoin de ça.
36:41Un élu qui fait bien son travail, il n'a pas besoin de tout ça, sauf il n'a pas du
36:46gain etc. et c'est encore une fois une affine minorité, ne laissez pas dire le tous pourris,
36:52ça c'est la pire des catastrophes parce que c'est ceux qui sont contre les démocraties
36:55qui vont faire ça.
36:56Tous dépourris, il faut mettre des autocraties.
36:57Tous dépourris, heureusement, peut-être pas tous dépourris dans l'Union européenne,
37:01en tout cas au Parlement européen.
37:02C'est donc sur cette note que s'achève notre débat, c'est la fin de l'émission Bruxelles,
37:06je t'aime, merci à tous nos invités et à tous ceux qui nous regardent de chez eux.
37:10Si vous avez des questions à nous poser ou si vous voulez simplement continuer la conversation
37:14sur le sujet de votre choix, n'hésitez pas à nous écrire à bruxellesjetaime.euronews.com
37:20ou à nous contacter via les réseaux sociaux.
37:22Passez une excellente semaine et à très bientôt sur Euronews.
Écris le tout premier commentaire