00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:05Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07Vincent, tout à l'heure l'Assemblée va examiner l'émotion de censure du Nouveau Front Populaire et du Rassemblement National contre le gouvernement Barnier.
00:14Le résultat ne fait garde doute. Alors avant de faire un premier bilan, est-ce que vous croyez Vincent que le RN peut encore changer d'avis ?
00:21Je crains qu'il ne soit trop tard Dimitri et pourtant une censure c'est comme un mariage, si on hésite il vaut mieux y renoncer avant.
00:28Après on est lié par son acte et je continue de croire que Marine Le Pen a beaucoup plus à perdre qu'à gagner dans cette histoire.
00:35Elle nous explique qu'elle n'a pas d'autre ambition dans ce geste extrême que de défendre le programme pour lequel elle a été élue.
00:42Si on la prend au mot, il faut comprendre qu'un gouvernement va être censuré, ce qui n'est pas arrivé depuis 1962,
00:47parce qu'il a renoncé à l'indexation des pensions de retraite.
00:51C'est une chose sérieuse les pensions de retraite mais enfin ce n'est pas la matrice d'une politique.
00:56On comprend mal aussi l'intérêt d'ouvrir une crise quand il n'y a pas d'élection en vue.
01:00Si le but c'est de remplacer Michel Barnier par Sébastien Lecornu, c'est très sympathique mais c'est un peu disproportionné.
01:06On est surpris enfin de voir les députés du RN qui reprochaient au gouvernement de vouloir, je les cite, leur voix mais pas leur visage,
01:13accepter de donner leur voix à une motion de gauche qui selon les mots même de Marine Le Pen est insultante à leur endroit.
01:21Alain Finkielkraut recommande de penser contre soi-même, le Rassemblement National, lui, s'apprête à voter contre lui-même.
01:28Finalement, au magouille du Front Républicain, Marine Le Pen répond par les carabistouilles de la motion de censure, match nul, balle au centre.
01:35Mais le RN explique, Vincent, qu'il n'est pas la cause de cet échec du budget que la faute en revient au Premier Ministre lui-même.
01:42Alors à qui la faute dans cette histoire ?
01:43Alors parmi les penseurs de la culpabilité, Dimitri, c'est la chanteuse Alizé qui nous donne la réponse.
01:50« C'est pas ma faute à moi », clamait-elle, et depuis 48 heures, dans tous les camps, son refrain tourne en boucle.
01:55« C'est pas ma faute à moi », dit Michel Barnier hier soir à la télévision.
01:59« C'est pas ma faute à moi », répond Marine Le Pen.
02:01« C'est pas ma faute à moi », Chante-Gabrielle Attal, Laurent Wauquiez et Emmanuel Macron.
02:05La vérité, pourtant, c'est que c'est leur faute à tous.
02:08Vous voulez dire, Vincent, que cette censure, si elle a lieu, ce serait une défaite générale ?
02:12Oui, une défaite de la politique.
02:14Au commencement de cette histoire, il y a eu une dette Himalayes, des déficits abyssaux,
02:17qui, dans les derniers mois, ont pris des proportions folles sans que personne ne voie rien.
02:21Ensuite, une dissolution de caprices, un fonds républicain cynique qui débouche sur une Chambre ingouvernable.
02:26Enfin, un Premier ministre qui aidait d'un directeur de cabinet en partie responsable du dérapage des déficits,
02:32qui bricole un budget avec des impôts, des taxes, des efforts catégoriels et des économies de bout de chandelle.
02:38Et puis, un pouvoir judiciaire qui menace d'exclure Marine Le Pen du jeu démocratique.
02:43À la fin de ce mauvais scénario, un pays vieux de 1500 ans, septième puissance du monde,
02:48va s'enfoncer dans la crise politique parce que la ligne rouge sur les pensions des retraités a été franchie.
02:54Aucun des protagonistes ne peut sortir grandi d'un épisode aussi désolant.
02:59Emmanuel Macron porte sa dissolution comme l'instrument de son martyr.
03:03Marine Le Pen risque de traîner longtemps sa motion de censure comme un reproche.
03:06Michel Barnier s'est réveillé beaucoup trop tard.
03:09Jean-Luc Mélenchon a encore une poussée de fèves révolutionnaires.
03:12Et je ne vous parle pas du Bloc central qui grouille d'ambitions minuscules.
03:17La vérité, c'est que la politique n'est pas à la hauteur des défis qu'elle doit affronter.
03:21Et peut-être que les Français et nous-mêmes, nous ne le sommes pas non plus.
03:25On attendait le sursaut. On aura probablement la censure.
03:28L'édito politique sur Europe. Merci Vincent Trémolet de Villers.