00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Luffy Garraud. Bonjour Alexis Brezzey.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06Bon Alexis, ce matin je voudrais vous demander quelque chose.
00:07Au nom, je crois, de tous les auditeurs d'Europe 1, vous dirigez un grand journal,
00:11vous avez un peu d'influence, est-ce que vous pourriez en user pour que cesse enfin le supplice ?
00:17Enfin on n'en peut plus, on a eu Bernard Cazeneuve, on a eu Thierry Baudet, Xavier Bertrand,
00:20plus personne du tout ce matin, quand est-ce que ça va s'arrêter ce manège de matignon ?
00:24J'adorerais vous aider Dimitri,
00:27mais je crains de ne rien pouvoir faire pour vous.
00:30En vérité, on a un problème, c'est que les grands esprits qui nous gouvernent
00:34sont inaccessibles à des raisonnements qui semblent pourtant à la portée d'un enfant de 12 ans,
00:39disons muni d'une bonne calculatrice.
00:41Il a fallu deux jours à Emmanuel Macron pour réaliser que Xavier Bertrand,
00:46comme Bernard Cazeneuve d'ailleurs, est à la merci de la première motion de son survenu.
00:50Mais il suffisait de compter.
00:51Cazeneuve a contrôlé LFI, les Verts, les communistes,
00:55et même les socialistes ne veulent pas s'engager à ne pas le faire tomber.
00:58Ajoutez à cela la droite et l'RN et la censure est largement votée.
01:02Xavier Bertrand a contrôlé la gauche, c'est normal,
01:05mais aussi le RN, ce qui est plus ennuyeux.
01:07Bon, NFP plus RN égale 335 voix.
01:11La censure c'est 289, donc c'est cuit, c'est pas la peine d'ergoter.
01:15Pendant deux jours, l'Elysée a essayé de se persuader et de nous persuader
01:19que Marine Le Pen, par esprit de responsabilité,
01:23n'oserait pas censurer Xavier Bertrand avec la gauche.
01:25Mais outre que c'est tout de même un peu paradoxal,
01:28après avoir monté la grande machine du fonds républicain,
01:31de demander au RN quasiment de le supplier, de sauver la République,
01:35mais c'est aussi oublié que d'abord elle l'a déjà fait,
01:38et c'est ne rien comprendre à la politique.
01:40Depuis des années, Xavier Bertrand est un des adversaires les plus acharnés du RN,
01:44qui le lui rend bien.
01:45Il ne fallait pas être grand clair
01:47pour prévoir que Marine Le Pen ne l'accueillerait pas par des ouras.
01:50En même temps, il y a une part de risque, qu'il faut peut-être savoir courir,
01:53on nomme un Premier ministre,
01:55et ensuite on voit s'il est capable ou non de réunir une majorité.
01:58En théorie, vous avez parfaitement raison,
02:00mais ça c'est un raisonnement qu'il aurait fallu avoir en juillet,
02:03au lendemain des législatives.
02:04Mais là, après nous avoir expliqué pendant 50 jours
02:07que la stabilité de nos institutions dépend du fait
02:10que le prochain Premier ministre ne sera pas censuré,
02:12après avoir écarté Lucie Castex pour ce motif.
02:15Mais ce serait un échec terrible,
02:16non pas pour le Premier ministre, tout le monde voit bien qu'il n'y serait pour rien,
02:19mais pour le Président de la République lui-même.
02:22Et franchement, Emmanuel Macron n'a pas besoin de ça.
02:24Il y a déjà Jean-Luc Mélenchon qui parle de sa destitution,
02:27Marine Le Pen qui prophétise sa démission,
02:30Édouard Philippe qui considère que c'est une hypothèse comme une autre et qui se tient prêt.
02:35Mais si le Premier ministre aussitôt nommé est aussitôt dégommé,
02:39mais ce sera la crise de régime,
02:40évidemment tout le monde dira le problème c'est Macron.
02:43Et je n'ouvre pas le pas de la réaction,
02:45qui risque d'être brutale, des marchés financiers.
02:47Mais alors que faire ? Y a-t-il une solution Alexis ?
02:49Il y en a une, c'est tourner ma neige.
02:51Il faut simplement tirer les leçons de l'échec de Bernard Cazeneuve et de Xavier Bertrand.
02:55Qu'est-ce qu'il nous dit cet échec ?
02:57Qu'il faut trouver soit un Premier ministre de centre-gauche
03:01qui bénéficie de la neutralité temporaire de la gauche radicale,
03:04soit un Premier ministre de centre-droite qui bénéficie de la neutralité provisoire de la droite radicale.
03:09Mais bon, comme de toute façon on n'arrivera jamais à raisonner Jean-Luc Mélenchon,
03:12il ne reste en vérité que la carte d'un Premier ministre de centre-droite
03:16qui ne serait pas aussitôt censuré par l'ORN.
03:19Alors qui ? Xavier Bertrand, on l'a compris, c'est perçu comme une provocation.
03:23Michel Barnier, dont on parle beaucoup depuis hier soir, je ne sais pas, il faudrait le tester auprès de Marine Le Pen.
03:28Et puis il y a aussi d'autres personnalités contre lesquelles le RN affirme ne pas avoir d'a priori.
03:33David Lyssenaert, le maire de Cannes et le président des maires de France.
03:36François Bayrou, avec qui Marine Le Pen a toujours eu des relations cordiales.
03:40Jean-Louis Borloo, l'ancien maire de Valenciennes.
03:42On pourrait aussi penser à Gérard Larcher, qui n'a certes aucune envie de quitter la présidence du Sénat,
03:47mais qui pourrait être conduit à se dévouer.
03:49Bref, il faut choisir et surtout, surtout, arrêter de procrastiner.
03:55L'édito politique sur Europe, merci Alexis Brazé.
03:58À la Une du Figaro ce matin, Emmanuel Macron, sans solution pour Matignon.
04:02Bonne journée Alexis.