00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brezet. Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06Alexis, demain commence l'examen du budget en commission à l'Assemblée. Michel Barnier, évidemment, va devoir compter avec ses oppositions.
00:12Mais est-ce qu'il ne devrait pas commencer par remettre de l'ordre dans son propre gouvernement ? Parce que depuis quelques jours, c'est la grande cacophonie.
00:20Et encore, je vous rappelle, Dimitri, que Michel Barnier a confié à la chiraquienne Marie-Claire Carhergé le soin d'assurer, c'est l'intitulé inédit de son ministère,
00:29la coordination gouvernementale. Mais qu'est-ce que ce serait, je vous le demande, si ce ministère de la coordination gouvernementale n'existait pas ?
00:37Parce que vous avez raison. Depuis que le Premier ministre a mis sur la table son projet de budget, mais c'est quoi qu'on stocke, un festival de dissonance,
00:45on a l'impression que les ministres ne sont d'accord sur rien. On vient tout de même d'entendre le garde des Sceaux, Didier Migaud, menacer publiquement de démissionner
00:53si les crédits alloués au ministère de justice n'étaient pas augmentés. Alors, passons sur le fait que, de la part d'un ancien président de la Cour des Comptes,
01:00qui a passé sa vie à donner des leçons, on aurait pu s'attendre à un peu plus de sérieux budgétaires. Mais, du point de vue de la discipline gouvernementale, c'est une provocation.
01:08Je vous rappelle qu'en 2013, Delphine Bateau, alors ministre de l'écologie, avait été virée illico par Jean Macéro, exactement pour le même motif.
01:18Et puis, puisqu'on parle d'écologie, arrêtons-nous un instant sur le cas Agnès Pannier-Runacher. Vous savez, la ministre qui a déclaré, sur Votre Antenne,
01:27que le méchant conducteur de SUV était la cause des inondations en Seine-Maritime, et qu'il devait donc payer pour cela, parce qu'elle a bien dit ça.
01:36Bon, outre cette contribution décisive à la théorie des fluides, Agnès Pannier-Runacher nous a aussi expliqué, et elle continue de le soutenir,
01:44que pour verdir notre fiscalité, il faut absolument augmenter les taxes sur le gaz. Chez elle, c'est un peu une manie.
01:52Mais voilà, Laurent Saint-Martin, le ministre du budget, et aussi Maude Bréjon, la porte-parole du gouvernement, ne sont pas d'accord du tout.
01:59Quant à Antoine Harmand, le ministre de l'économie, qui ne sait visiblement plus à quel sens se vouer, il nous dit sans rire que le premier ministre a été très clair sur le sujet,
02:09qu'il ne s'interdit rien, et qu'il laisse toute sa place au débat parlementaire. Enfin, c'est un gag, on est en pleine confusion.
02:14Vous pensez, Alexis, que la cohésion peut revenir au sein du camp gouvernemental avec l'examen du budget à l'Assemblée ?
02:20Je crois tout le contraire. Ces batailles au sein de l'équipe gouvernementale, où, sans vouloir offense à personne, mis à part Bruno Retailleau, il y a surtout des seconds couteaux,
02:29eh bien tout cela n'est rien à côté de ce qui nous attend à l'Assemblée, où toutes les premières gâchettes écartées du gouvernement par Michel Barnier sont en buscade.
02:37Regardez, Gérald Darmanin trouve qu'il y a trop d'impôts, Laurent Wauquiez qu'il n'y a pas assez d'économie, les LR sont bien décidés à appuyer Bruno Retailleau dans sa bataille contre l'invraisemblable augmentation des crédits dévolus à l'aide médicale aux étrangers,
02:50Gabriel Attal et les macronistes s'apprêtent à soutenir Anne Jeunetet, la ministre de l'Éducation, contre la décision de supprimer 4000 postes d'enseignants.
02:58Ce ne sont pas moins de 700 amendements que les députés du prétendu socle commun ont déjà déposé. On est bien parti pour une guerre de tranchées.
03:06Alors que pourrait faire le Premier ministre pour l'éviter cette guerre ?
03:10Le problème c'est que c'est sa méthode même qui se trouve mise en échec. Face à une situation objectivement désastreuse, Michel Barnier aurait pu dramatiser les enjeux, choisir son camp, en appeler à l'opinion, tenter de passer en force contre les partis.
03:24Et par calcul et par tempérament, il a décidé de faire exactement l'inverse. Minimiser les difficultés, apaiser les tensions, jouer la carte du rassemblement et composer avec les exigences de ses alliés.
03:36Résultat, il accouche d'un budget en pointillés qu'il ne peut espérer faire passer qu'au prix de marchandage de maquillons. Est-ce bien à la hauteur ?
03:45Le risque quand on veut contenter tout le monde, c'est de ne satisfaire personne.
03:49L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brézet.
03:52A la lune du Figaro ce matin, la fin de vie, les soignants prêts à se remobiliser contre la loi dont Michel Barnier a annoncé le retour. Merci beaucoup Alexis.