00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brezet.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05C'est une petite musique qui monte depuis quelques jours.
00:08Michel Barnier pourrait-il tomber sur le budget victime d'une motion de censure
00:13que voteraient la gauche et le Rassemblement National ?
00:16Est-ce que cela vous paraît vraisemblable Alexis ?
00:18Disons Dimitri que depuis septembre,
00:21alors qu'on sait très bien que le gouvernement Barnier est un gouvernement sursis,
00:26qu'il suffit que Marine Le Pen baisse le pouce pour le faire tomber,
00:29disons qu'on avait fini par ne plus prendre la menace très au sérieux.
00:33L'idée s'était progressivement imposée
00:36que la censure n'était ni dans l'intérêt immédiat,
00:39ni dans les intentions de Marine Le Pen
00:41et que, cas en cas, le gouvernement Barnier survivrait au moins jusqu'au printemps.
00:46Et là c'est vrai qu'en quelques jours tout a changé.
00:49Ressuscité par Sébastien Chenué et Jean-Philippe Tanguy,
00:53le duo de choc qui, en l'absence de Marine Le Pen,
00:55gère le groupe RN à l'Assemblée.
00:57Relayé par Jordan Bardella qui, jusqu'ici, semblait moins allant.
01:01Explicitement évoqué hier par Marine Le Pen,
01:04la menace de la censure ne cesse de gagner du terrain.
01:08Eric Ciotti le voit venir, Jean-Luc Mélenchon la prophétise,
01:11même Emmanuel Macron s'en inquiète publiquement
01:14et en appelle à la stabilité.
01:16Bref, nul ne peut prétendre aujourd'hui avec certitude
01:20que Michel Barnier savourera la dinde et la bûche de Noël à l'hôtel de Matignon.
01:24Mais Alexis, pourquoi ce soudain durcissement de ton du Rassemblement National ?
01:28Que s'est-il passé qui l'a fait changer d'avis ?
01:30Il s'est passé, Dimitri, que Marine Le Pen et ses amis ont le sentiment,
01:34et vous savez, en politique, les sentiments comptent plus qu'on ne croit,
01:37non pas d'être maltraité par Michel Barnier,
01:40mais pire encore, parce que plus humiliant, de n'être pas traité du tout.
01:45Entre le RN et le Premier ministre, les choses n'avaient pourtant pas trop mal commencé.
01:49Rappelez-vous, lorsque le ministre de l'Économie, Antoine Armand,
01:52avait exclu le RN de l'arc républicain,
01:56Michel Barnier l'avait sèchement recadré.
01:58Il avait pris la peine de téléphoner à Marine Le Pen pour l'assurer de sa considération,
02:02et elle avait publiquement salué cette marque de respect.
02:06Mais depuis, plus rien.
02:08Ni rendez-vous, ni contact, ni surtout aucune marque politique de cette fameuse considération.
02:15Le RN n'a jamais été consulté sur le moindre texte,
02:18ses amendements tous étaient repoussés,
02:20ses propositions, même quand elle reprenait le programme LR, systématiquement écartées.
02:25Pire, alors que Michel Barnier, pour s'assurer la bienveillance parlementaire des uns et des autres,
02:31s'est mué depuis quelques temps en père Noël budgétaire,
02:34à Laurent Wauquiez un recul sur les retraites,
02:36à Gérard Larcher un cadeau pour les départements,
02:40à David Lysnard, aujourd'hui, un geste pour les communes,
02:43à Gabriel Attal, demain, une concession sur les allègements de charges,
02:47eh bien, il n'a pas eu la moindre attention pour Marine Le Pen.
02:50Il ne lui a pas offert ce trophée symbolique dont elle pourrait se prévaloir auprès de ses électeurs,
02:56qui, et ça on le lit dans les sondages,
02:59ne voit plus très bien pourquoi leur parti devrait assurer la survie de ce gouvernement,
03:04pas très enthousiasmant, et qui les traite si mal.
03:07Ajoutez à cela le fameux réquisitoire judiciaire
03:10et le sentiment d'un acharnement contre Marine Le Pen,
03:15qu'il a évidemment nourri dans son camp,
03:17et vous aurez toutes les explications de cette volonté punitive qui anime aujourd'hui le RN.
03:23Mais alors Alexis, si la situation est telle que vous le dites,
03:26Michel Barnier est condamné ?
03:27Pas forcément.
03:28Alors, c'est vrai, les électeurs du RN sont pour la censure,
03:32les cadres du RN sont pour la censure,
03:34les députés du RN sont pour la censure,
03:36mais Marine Le Pen résiste encore et toujours.
03:40Elle voit bien le danger, pour elle, d'apparaître en ingénieur du chaos,
03:44politique, institutionnel, financier,
03:47ce chaos dans lequel une motion de censure précipiterait inévitablement le pays.
03:53Elle sait bien qu'une partie de son électorat, actuelle et potentielle,
03:57considère Michel Barnier comme un moindre mal,
04:00et ne lui pardonnerait pas de ramener la gauche au pouvoir.
04:04Alors elle menace, mais c'est pour qu'on la retienne de faire un malheur.
04:08Au fond, elle n'attend qu'une chose, que Michel Barnier,
04:12et ça tombe bien, il se voit enfin lundi,
04:14que Michel Barnier lui donne une ou deux raisons de ne pas le censurer.
04:19L'édito politique sur Europe 1, merci beaucoup Alexis Brézé.
04:22L'âne du Figaro ce matin, justement, le RN accentue la pression sur Michel Barnier,
04:26et Boris Johnson rencontre avec l'ancien Premier ministre britannique
04:30à l'occasion de l'apparition de ses mémoires en français.
04:32Tiens, je vous les montre à l'antenne parce qu'ils sont arrivés sur Europe 1,
04:34c'est très épais comme livre.
04:35Il décrit notamment Emmanuel Macron comme une nuisance sur certains sujets.
04:39Rencontre avec Arnaud Delagange, c'est savoureux.
04:41Merci beaucoup Alexis.