L'attaque contre Donald Trump "va se transformer en un vaste débat sur les failles du dispositif de sécurité"

FRANCE 24

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00:00Il était aux environs de 18h-18h30 hier soir en Pennsylvanie

00:03lorsqu'en plein mythique, Donald Trump a reçu une balle à l'oreille.

00:07Un homme d'une vingtaine d'années a tiré à l'arme automatique

00:10sur l'ancien président en campagne.

00:12Il s'est aussitôt baissé sous son pupitre

00:15avant d'être emmené par les services de sécurité dans l'une de ses voitures.

00:19Plus combatif que jamais, le président en campagne

00:21s'est relevé le point levé au moment de quitter la tribune.

00:24Un spectateur a été tué, deux autres sont gravement blessés.

00:28On prend tout de suite la direction des Etats-Unis

00:30où se trouve Mathieu Mabin, notre correspondant France 24 à Washington.

00:35Mathieu, bonjour.

00:40Bonjour.

00:41Le dispositif de sécurité mis en place lors de ce meeting

00:44pose évidemment des questions.

00:45Est-ce qu'il y a aux Etats-Unis un débat autour de ce rôle du secret service ?

00:52Oui, pas besoin d'être un expert de la sécurité

00:55pour réaliser assez rapidement que ce qui s'est passé

00:57lors de ce meeting de Donald Trump en Pennsylvanie hier

01:00va se transformer entre autres en un vaste débat sur les failles, les erreurs,

01:05la légèreté du dispositif de sécurité qui devait protéger Donald Trump.

01:10Aux Etats-Unis, dès qu'un candidat à l'élection présidentielle est identifié,

01:14l'État fédéral met à sa disposition une équipe de protection rapprochée

01:18appartenant au secret de service.

01:20Pour faire simple, le secret de service

01:22c'est la police spéciale du gouvernement des Etats-Unis.

01:25Ils n'ont en réalité qu'une fonction,

01:27protéger le président des Etats-Unis,

01:29les membres du gouvernement et leurs familles,

01:32ainsi que les emprises abritant tout ce beau monde

01:35et évidemment les emprises provisoires, c'est-à-dire les déplacements.

01:39Un candidat a donc droit à une protection rapprochée

01:42mais également bien sûr les anciens présidents.

01:45Ici à Washington par exemple,

01:46la famille Obama est sous la protection du secret de service.

01:50Et donc on comprend très vite que Donald Trump en tant qu'ancien président

01:54et candidat a droit à ce double traitement.

01:57Or, il est techniquement indéfendable

01:59qu'une personnalité comme Donald Trump,

02:01sans même parler du caractère clivant de sa personnalité,

02:05il est incompréhensible que dans un événement

02:07comme un meeting politique aussi tendu,

02:09au moment où la tension politique dans ce pays atteint son paroxysme,

02:12il est indéfendable qu'un homme muni d'un fusil d'assaut

02:16ait pu se trouver à 120 mètres de Donald Trump.

02:19Alors, le secret de service n'est pas le seul en charge de la sécurité

02:23d'un événement comme celui-là,

02:25puisqu'il lui est immédiatement subordonné

02:28les différentes polices en charge de la sécurité de la région

02:31où se déroule l'événement,

02:32c'est-à-dire en clair la police du comté, évidemment,

02:35la police de la ville, et s'il en existe,

02:37les équipes spéciales d'intervention de ces organisations,

02:40ce qui était le cas.

02:42Mais c'est également le secret de service

02:44qui valide l'intégralité du dispositif global de sécurité

02:48en contrôlant le travail de ces dites polices.

02:51Or, là, il y a inévitablement un problème.

02:54D'ailleurs, hier soir, lorsque les chefs des polices

02:57ont pris la parole dans une conférence de presse,

02:59il n'y avait aucun représentant du secret de service.

03:04Ce sont des détails importants,

03:05puisque le secret de service dépend de la Maison-Blanche,

03:08c'est-à-dire de l'administration de Joe Biden,

03:10dont il est inutile de rappeler, évidemment,

03:12qu'il est le principal rival politique de Donald Trump.

03:15Aux Etats-Unis, il en faut beaucoup moins que ça

03:18pour déclencher tous les fantasmes,

03:20et pas seulement chez les complotistes.

03:22Mathieu, quel impact sur la politique américaine ?

03:29Alors, encore une fois, on est aux Etats-Unis,

03:32ce pays n'a pas tout à fait inventé la violence en politique,

03:35mais on peut au moins dire qu'il en est un digne représentant.

03:39Quand Ronald Reagan, 40e président des Etats-Unis,

03:42ce n'est pas tout à fait d'hier, s'est fait tirer dessus,

03:4410% des présidents des Etats-Unis au cours de l'histoire du pays

03:49avaient été assassinés.

03:514 attentats réussis, de Abraham Lincoln à John Fitzgerald Kennedy,

03:56pour les noms qui nous sont parfaitement familiers.

03:58Si mes calculs sont bons, la tentative d'assassinat d'hier

04:01est la 19e tentative sur un président en exercice

04:04ou un ancien président.

04:06C'est énorme et sans équivalent, tout simplement,

04:08dans aucune démocratie du monde,

04:10à part peut-être si on remonte à l'Antiquité.

04:13Cela relance évidemment le débat sur la violence en politique,

04:16mais cela nous impose aussi de comprendre les effets de cette attaque

04:20sur la campagne présidentielle en cours.

04:22Nous resterons extrêmement prudents sur l'identité du tireur.

04:25Très peu de choses sont connues au moment où nous parlons

04:28et même ce qui est connu pourrait nous conduire à des conclusions un peu hâtives.

04:33Ce qui est certain, en revanche, c'est que l'image de Donald Trump

04:36que vous diffusez en boucle,

04:37comme toutes les chaînes d'information de la planète désormais,

04:41c'est Donald Trump debout sur cette tribune,

04:43le poing tendu vers le ciel et le visage ensanglanté,

04:46le tout sur fond de bannière étoilée.

04:48Donald Trump qui hurle à la foule,

04:51« Fight ! Battez-vous ! ».

04:52Cette image, assortie de la mort des supporters,

04:56du supporter au moins de Donald Trump,

04:58de manière un peu cynique,

05:00vaut tous les spots de campagne du monde.

05:02C'est une évidence.

05:04Pour couronner le tout, la Convention républicaine

05:06débute dans quelques heures à Milwaukee.

05:08Cette grande messe qui devait adouber Donald Trump

05:11promettait déjà d'être un vaste événement à sa gloire.

05:14Je peux vous assurer que quand le candidat républicain

05:17va se présenter devant ses militants

05:18avec un pansement sur la joue droite,

05:20sa popularité dans son propre camp

05:22aura déjà explosé tous les records.

05:24Merci Mathieu Mabin pour votre analyse.

05:26Vous étiez en direct de Washington. Merci beaucoup.

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