- il y a 1 an
Un ex-président est de retour pour sauver l'Europe "menacée" selon ses mots par les extrêmes. C’est l’ambition affichée par François Hollande. Il publie "L’Europe expliquée aux jeunes et aux moins jeunes".
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00:00 Nicolas Demorand, le 7/10
00:02 Et avec Yael Gauze, nous recevons ce matin un ancien président de la République, dans le Grand Entretien,
00:08 il publie « L'heure Europe » expliquée aux jeunes et aux moins jeunes,
00:13 livre illustré par Laure Monloubout, chez Glénat, dans la collection « Quand ça va, quand ça va pas ».
00:20 Vos questions, 0145 24 7000 et l'application de France Inter.
00:26 François Hollande, bonjour.
00:27 Bonjour.
00:27 Et bienvenue à ce micro, beaucoup de sujets à aborder avec vous ce matin,
00:31 la situation en Ukraine, au Proche-Orient, l'état des finances publiques de la France,
00:35 mais on va commencer par ce livre sur l'Europe, dans la lignée de ceux que vous aviez déjà consacré à la République et à l'État.
00:43 « L'heure Europe » expliqué aux jeunes et aux moins jeunes est un exercice de pédagogie sur l'Union Européenne,
00:49 ses institutions parfois complexes, le Conseil, la zone euro, la Banque Centrale Européenne,
00:55 la politique agricole commune, les lobbies et j'en passe.
00:59 Vous écrivez dans l'avant-propos « J'ai voulu écrire ce livre pour les jeunes européens, pour les convaincre de leur chance ».
01:07 Avez-vous le sentiment, François Hollande, que ces jeunes n'en ont pas ou plus conscience de cette chance ?
01:14 Jamais, sans doute, la jeunesse, depuis 50 ans, n'a été aussi angoissée.
01:20 Angoissée par les guerres qui sont autour de l'Europe,
01:23 angoissée par les crises climatiques, sanitaires.
01:28 Sanitaire c'était hier, climatique c'est aujourd'hui, demain.
01:32 Et angoissée aussi par la difficulté de se situer dans le monde.
01:37 Et pourtant, si l'on regarde ce qu'était l'Europe il y a 80 ans, elle était en guerre.
01:43 Il y a eu des millions de morts, la Shoah.
01:45 Si on regarde ce qu'était l'Europe il y a 40 ans,
01:48 une Europe divisée en deux et des dictatures sur la moitié des pays qui constituent le continent.
01:55 Donc c'est à la fois une chance d'être dans une Europe qui s'est construite autour de la paix,
02:01 qui a pu avoir un niveau de prospérité, même s'il y a beaucoup d'inégalités,
02:07 et aussi de vivre en démocratie.
02:10 Et donc ce que j'ai voulu faire à travers ce livre, c'est d'abord de raconter cette histoire européenne.
02:15 Et dire « n'oubliez pas ».
02:17 Et aussi dire qu'est-ce qui attend cette génération et qu'est-ce qu'elle doit faire maintenant.
02:22 Préserver la démocratie sûrement, assurer une Europe puissante pour être respectée,
02:29 et notamment pour que la démocratie puisse avoir sa place.
02:33 Et puis enfin, lutter contre le réchauffement climatique.
02:36 Et vous défendez une idée dans ce livre, je vous cite.
02:38 « L'Europe ne vit que du consentement des peuples, elle n'est pas une prison. »
02:42 La preuve, il y a eu un Brexit en 2016.
02:44 Et vous ajoutez « y rester » exige d'en respecter les règles et d'abord la démocratie.
02:49 Vous vouliez casser la petite musique d'une Europe antidémocratique,
02:52 éloignée des peuples, qui les empêche de respirer ?
02:54 Je voulais dire deux choses.
02:55 C'est que rien n'empêche un pays, on l'a vu avec le Royaume-Uni, de quitter l'Europe.
03:00 Et nous verrons bien si pour les élections européennes,
03:03 des partis ou des gouvernements demandent à quitter l'Europe.
03:08 Mais ce qui est assez frappant depuis quelques années,
03:11 c'est que plus personne ne veut quitter l'Union Européenne.
03:14 Pourquoi ? Parce qu'elle apporte finalement plus d'avantages que d'inconvénients.
03:20 Il y a encore quelques années, il y avait des partis, notamment d'extrême droite,
03:24 mais pas seulement, qui disaient que la Banque Centrale Européenne, c'était un carcan,
03:28 qu'il fallait sortir le plus rapidement possible des traités.
03:30 Aujourd'hui, tous les partis disent qu'ils acceptent les règles.
03:34 Mais je voulais dire aussi une deuxième chose.
03:36 C'est que l'Europe, ce n'est pas simplement un grand marché, une monnaie, des institutions.
03:40 Ce sont des valeurs et des principes.
03:42 Et il y a des gouvernements en Europe qui ne les respectent plus.
03:45 La Hongrie en est un exemple, il y en a d'autres.
03:48 Qu'est-ce que va nous dire exactement Mme Mélanie dans les prochains mois ?
03:52 Qu'est-ce qui peut se passer en France ? Qu'est-ce qui peut arriver en Allemagne, en Autriche ?
03:55 Donc il y a des règles et on nous faisait souvent référence à des règles budgétaires,
04:01 qui quelques fois apparaissaient comme contraintes,
04:03 même si en France, on ne les a jamais vraiment respectées.
04:05 Mais les règles démocratiques, ça me paraît plus important.
04:07 - Valeurs démocratiques, vous dites en même temps, quand on voit ce qui se passe sur le traité de libre-échange Union européenne Canada,
04:12 le CETA, qui fonctionne depuis 2017 alors qu'il n'a pas été ratifié,
04:16 il a même été rejeté il y a dix jours par les sénateurs.
04:19 Est-ce que ça, c'est l'Europe démocratique que vous aimez ? Compréhensible ?
04:23 - On peut apprécier ou pas ce traité, mais il n'empêche, il a été soumis au Parlement européen.
04:29 Donc c'est une instance légitime.
04:32 Et ensuite, il est soumis à tous les parlements nationaux.
04:35 - Et là, ça coince.
04:36 - Qui peuvent le refuser.
04:37 Donc un seul parlement peut d'ailleurs bloquer le système que nous connaissons.
04:45 En plus, ce qui était appliqué avant permet d'avoir une évaluation.
04:48 Donc si on ne veut pas de ce traité, démocratiquement, on peut le refuser.
04:51 - Donc pour vous, il n'y a pas de problème sur le CETA ?
04:54 - Ce que je pense, c'est que ce n'est jamais facile de faire des accords commerciaux.
04:58 Il n'y a plus d'organisation mondiale du commerce.
05:00 Donc l'Europe, elle est obligée, avec certains pays, avec certains continents,
05:04 l'Amérique du Sud pour le Mercosur, de savoir ce qu'on accepte, ce qu'on n'accepte pas,
05:08 quels sont les droits de douane qui sont posés.
05:09 Ça, c'est la compétence de l'Union européenne précisément.
05:11 Ce que j'essaie de décrire, c'est la Commission européenne qui fait cette négociation.
05:15 Après, les États peuvent l'accepter ou ne pas l'accepter.
05:17 - Il s'agit, je le redis, de votre troisième livre dans cette collection pour la jeunesse,
05:21 après "Leur République" et "Leur État".
05:23 Voici donc "Leur Europe".
05:27 Vous parlez, vous vous adressez à la jeunesse, que ce soit ici en librairie
05:31 ou dans différentes rencontres que vous pouvez faire à travers la France.
05:35 Il ne vous aura pas échappé, François Hollande, que dans le cadre de l'élection européenne,
05:39 il y en a un qui séduit beaucoup les jeunes, c'est Jordan Bardella.
05:43 48% des 25-34 ans ont une opinion favorable de lui,
05:48 selon le dernier tableau de bord des personnalités fiduciales.
05:53 Jordan Bardella, 28 ans, qui a su développer une communication efficace
05:58 sur les réseaux sociaux, sur TikTok notamment.
06:00 Pourquoi, selon vous, une telle partie de la jeunesse se tourne aujourd'hui vers le RN ?
06:06 - Parce qu'ils ne le connaissent pas.
06:08 Les jeunes n'ont jamais entendu parler, ou peut-être n'entendront plus jamais parler
06:12 de Jean-Marie Le Pen et de ce qu'il pouvait énoncer il y a encore 20 ou 30 ans.
06:18 - Mais ils connaissent Jordan Bardella.
06:19 - Mais ils connaissent Jordan Bardella.
06:20 Il apparaît comme non pas un leader d'extrême droite, mais comme un personnage.
06:25 Il s'est construit finalement une icône, qu'on voit sur les réseaux sociaux.
06:30 Sans que ses idées soient pour autant affichées.
06:33 Donc il y a un phénomène qu'on connaît bien, et surtout avec les réseaux sociaux,
06:38 finalement, d'empathie à l'égard d'une personne qui en plus, vous l'avez rappelé, est jeune.
06:43 Enfin, il y en a d'autres qui sont jeunes, ce n'est pas un critère.
06:46 Et il y a un contexte de dépolitisation.
06:49 Ce qui est le plus grave dans une démocratie, c'est quand les partis se sont fondus, se sont évaporés.
06:55 - Oui, mais pourquoi est-ce le RN qui capte ça ?
06:58 - Et le RN, et ce n'est pas simplement vrai pour les jeunes, apparaît comme le parti qui n'a jamais gouverné.
07:06 C'est toujours un atout, c'est aussi un inconvénient de ne jamais avoir gouverné.
07:10 Mais ça peut paraître pour les jeunes, finalement, la solution.
07:13 Enfin, pourquoi les jeunes seraient-ils différents des autres quand il y a des phénomènes d'angoisse dont je parlais ?
07:19 Quand il y a autant de crises sanitaires, économiques, sociales,
07:23 quel est le premier réflexe que nous avons ?
07:26 C'est de nous replier, c'est de nous rétracter.
07:28 Mais je vais ajouter quelque chose d'autre sur les jeunes.
07:30 Ce qui me préoccupe, bien sûr, c'est d'éviter qu'une partie de la jeunesse, par dépolitisation,
07:36 aille vers des solutions qui seraient dangereuses pour elle.
07:39 Pour elle, parce que c'est elle qui veut l'ouverture, c'est elle qui veut la liberté,
07:42 c'est elle qui veut lutter contre un certain nombre de crises, notamment le réchauffement climatique.
07:47 Mais ce qui est le plus problématique, à mes yeux, c'est l'abstention chez les jeunes.
07:51 Les taux d'abstention pour les élections européennes chez les jeunes, c'est aussi une des raisons...
07:54 Entre 60 et 75% des 18-24 ans n'ont pas voté en 2019.
07:58 Exactement, qui me conduit à faire aussi ce livre pour expliquer ce qu'est l'Europe et quel est l'enjeu.
08:02 L'abstention, elle est considérable pour les élections européennes de la part des jeunes,
08:06 alors même que l'Europe fait partie de leur environnement et sera une part de leur avenir,
08:10 de leur destin, y compris sur les questions de défense ou d'écologie.
08:14 Et en plus, pour l'élection présidentielle, le taux de participation des jeunes de moins de 25 ans a été de 67%.
08:22 Le taux de participation des plus de 75 ans, c'est 87%.
08:26 Donc, si l'on n'y prend pas garde, qu'est-ce qui peut se passer ?
08:31 Et c'est en train de se produire.
08:32 C'est que les thèmes de la vie politique, le grand débat qui se passe à chaque grand scrutin,
08:38 c'est sur les questions qui intéressent les plus âgés.
08:41 C'est une politique pour les seniors aujourd'hui qui est menée ?
08:44 Parce qu'elle est rentable électoralement ? C'est ce que vous essayez de dire ?
08:46 Non, ce que je veux dire, c'est que les sujets qui sont le plus souvent évoqués,
08:50 on l'a bien vu, c'est tout à fait légitime.
08:52 Ne pas désindexer les retraites sur l'inflation ?
08:54 La retraite, la question du traitement des personnes âgées, du vieillissement, voire même de la fin de vie.
08:59 Ce sont des thèmes, et je les comprends.
09:01 En plus, finalement, d'une certaine façon, à terme concerné.
09:06 Mais les thèmes des jeunes sont de moins en moins évoqués.
09:09 Ce qui me conduit à dire, et je l'avais aussi posé dans une campagne présidentielle en 2012,
09:15 c'est que la priorité, y compris pour les générations plus âgées, ça doit être la jeunesse.
09:19 Il n'y a pas d'autre priorité que de donner aux jeunes un avenir.
09:23 Restons en Europe, François Hollande, une question sur l'Ukraine.
09:25 Emmanuel Macron, vous le savez, a récemment dramatisé les enjeux de cette guerre
09:30 en évoquant l'envoi possible de troupes au sol.
09:33 Ceux qui posent des limites à l'engagement pour soutenir l'Ukraine ne font pas le choix de la paix,
09:38 mais font le choix de la défaite, dit le président de la République,
09:41 estimant que l'Europe entre dans un moment où il convient de ne pas être lâche.
09:46 A-t-il eu raison de changer de ton ? Vous le diriez vous aussi, poser des limites au soutien à l'Ukraine,
09:53 c'est faire le choix de la défaite, il convient de ne pas être lâche ?
09:56 Vous prendriez ces mots à votre compte ?
09:59 D'abord, pour avoir été le plus lucide sur la Russie de Vladimir Poutine,
10:04 pour avoir été le président qui n'a pas livré les Mistral, c'est-à-dire ces portes-hélicoptères,
10:09 à un moment où déjà il y avait eu une première guerre en Ukraine
10:13 et où la Russie pouvait utiliser ses armes pour un conflit à venir,
10:17 je dois dire que je suis conscient qu'Emmanuel Macron n'est pas le seul à évoluer sur ce sujet.
10:24 A penser à un moment où il était possible de dialoguer avec Vladimir Poutine,
10:28 j'ai moi-même dialogué avec Vladimir Poutine, mais enfin, il y avait un certain nombre de limites à poser,
10:32 et aujourd'hui, il est arrivé à une position qui me paraît être juste,
10:37 c'est-à-dire aider, aider, aider encore l'Ukraine à faire face à un envahisseur.
10:43 Après, je crois qu'il n'a jamais été question, y compris pour Zelensky,
10:48 il a lui-même affirmé qu'il y ait des soldats venant de l'Union Européenne
10:53 ou de l'Alliance Atlantique qui viennent combattre en Ukraine.
10:56 Donc je crois qu'il faut en rester là.
10:59 Plus on aidera l'Ukraine, plus grande sera la chance que ce conflit s'arrête.
11:04 Et puis il y a eu ce coup de fil hier soir, à l'initiative de Paris,
11:07 pour la première fois depuis 18 mois, entre ministres français et russes de la Défense,
11:11 sur le terrorisme, après l'attentat de Moscou.
11:13 Il y a eu une bataille de communiqués derrière.
11:15 Paris et Moscou livrent deux versions différentes de ce que les ministres se sont dit.
11:19 Est-ce que c'est le bon moment de reparler aux russes ?
11:23 Ça partait sûrement, je veux le croire, d'une bonne intention,
11:27 de dire "nous, dans la lutte contre le terrorisme islamiste, nous sommes tous solidaires".
11:32 Mais vous avez vu comment la Russie instrumentalise ce genre de discussion.
11:37 Et laisse même penser que ce serait la France qui aurait pu, c'est une hypothèse,
11:41 soutenir les attentats qui se sont passés à Moscou.
11:46 Donc aujourd'hui, ma recommandation, c'est aucun contact avec la Russie.
11:51 Le 9 juin prochain, on sait que la question de la guerre ou de la paix va être très présente dans la campagne.
11:56 Jean-Luc Mélenchon, qui est arrivé sur l'île de la Réunion,
11:58 dit que ce sera le choix entre la guerre et la paix, cette élection du 9 juin européenne.
12:02 Les Insoumis se disent clairement dans le camp de la paix. Que répondez-vous à ça ?
12:07 Les pacifistes, comme on dit, ils sont toujours au même endroit.
12:11 C'est-à-dire dans les esprits occidentaux, même si Jean-Luc Mélenchon ne voudrait pas être réduit à un esprit occidental,
12:19 mais l'idée que c'est quand même mieux la paix que la guerre.
12:22 Et que d'une certaine façon, mieux vaut laisser à l'envahisseur une partie du gâteau,
12:28 du territoire qu'il a conquis, plutôt que d'aller le repousser au risque d'une escalade.
12:32 Eh bien non ! Si on veut la paix, comme dit la formule, il faut être capable de montrer de la force.
12:38 Ce n'est pas l'abandon qui fait la paix, c'est la capacité que l'on a face à des régimes autoritaires
12:43 de pouvoir montrer qu'il y a des limites et que ces limites entraînent un certain nombre de conséquences quand elles sont franchies.
12:51 Quand on a laissé, je vous rappelle toujours cet événement parce qu'il est majeur dans l'histoire de ces dernières années,
12:56 quand on a laissé Bachar el-Assad massacrer son propre peuple avec des armes chimiques sans réagir,
13:01 alors qu'une ligne rouge avait été posée, eh bien vous avez eu, les années qui ont suivi,
13:07 des rapports de force qui sont allés dans le même sens, c'est-à-dire l'usage de la force.
13:11 - Avant de parler de la France, un mot sur la situation au Proche-Orient.
13:14 François Hollande avec la poursuite de la guerre entre Israël et le Hamas,
13:17 en dépit d'une résolution de l'ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat.
13:21 Vous le savez, 7 humanitaires ont été tués lundi par un drone israélien des membres de l'ONG World Central Kitchen.
13:28 L'Union européenne a-t-elle le moindre pouvoir sur ce conflit où seuls les Etats-Unis ont ou auront leur mot à dire le moment venu ?
13:39 - Nous avons tous, que nous soyons américains, européens ou citoyens du monde, nous avons tous à dire « assez ».
13:49 Ce n'est plus supportable, ce n'est pas acceptable que l'on ait eu une solidarité à l'égard d'Israël
13:57 après le 7 octobre et ce massacre insupportable commis par une organisation terroriste, oui.
14:02 Mais que l'on laisse maintenant des populations civiles être affamées, des femmes ne pouvant même pas se soigner
14:08 ou atteindre finalement un niveau de dignité dans leur vie quotidienne, c'est insupportable.
14:14 Et donc il doit y avoir maintenant une forme de pression, même si c'est dur parce que Netanyahou n'entend rien
14:20 et il est lui-même dans une fuite en avant.
14:23 Je m'observe qu'en Israël il y a des manifestations, qu'il y a maintenant au sein de son cabinet des candidats
14:29 qui s'annoncent pour des élections législatives anticipées, et bien c'est ce processus-là qu'il faut engager.
14:35 - La France fait suffisamment pression ?
14:38 - On n'en fait jamais assez, mais l'arrêt des combats, le cessez-le-feu, un processus de paix et des élections.
14:44 Des élections d'ailleurs en Israël et autant qu'il sera possible, des élections en Cisjordanie
14:50 parce que là aussi on a une autorité palestinienne qui n'est pas un interlocuteur, on ne peut pas dire qui ait toute la légitimité nécessaire.
14:56 - La France et nos finances publiques, le déficit a finalement atteint 5,5% du PIB.
15:03 Votre ancien ministre devenu président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a regretté à ce micro
15:09 un dérapage important et très très rare de nos finances publiques.
15:13 Comment vous François Hollande, qualifiez-vous la situation du pays de ce point de vue-là ?
15:18 La situation est-elle grave pour le dire simplement ?
15:22 - Elle est sérieuse parce que quand il y a du déficit, ce n'est pas simplement finalement un problème statistique,
15:28 on a été au-delà de 3% depuis longtemps, des 5% maintenant, c'est parce qu'il y a un processus cumulatif d'endettement
15:37 et qu'il suffit que les taux d'intérêt bougent pour que ce soit rapidement insupportable.
15:44 Donc il y a des mesures à prendre, elles auraient dû être prises depuis plusieurs années.
15:48 J'avais laissé les finances publiques équilibrées, les comptes sociaux étaient à l'équilibre,
15:52 les comptes publics étaient en dessous de 3%. Qu'est-ce qui s'est passé ?
15:56 - Bruno Le Maire dit qu'il y a eu des crises, gilets jaunes, Covid, inflation, et que le choix a été fait de protéger les Français.
16:03 - Tous les gouvernements, tous les présidents ont connu des crises.
16:05 Crise des subprimes avant moi, qui continuait avec moi, crise mondiale avec la crise qui se passait au Moyen-Orient et en Ukraine.
16:16 Il y a toujours des crises. Mais il y a un moment, le quoi qu'il en coûte ne pouvait plus se prolonger.
16:22 Il s'est prolongé. Et sans distinction, sans sélectivité sociale.
16:27 C'est le pire si on avait un déficit des finances publiques, mais que les Français soient satisfaits de leur service.
16:33 S'il y avait un déficit public, mais qu'il y ait eu une politique fiscale qui ait permis une redistribution.
16:38 Bon, on serait inquiet parce qu'il y a un niveau de dette qui ne cesse d'augmenter, mais on serait rassuré. Eh bien non.
16:45 - Vous êtes en train de nous dire que c'était vous le Mozart de la finance finalement ?
16:48 - Moi je ne me suis jamais présenté ainsi. La finance n'était pas spécialement pour moi une partition musicale.
16:53 Mais ce que je voulais dire c'est qu'il y a des moments où il faut savoir maîtriser les comptes.
16:58 Je l'avais fait dans un contexte où il n'y avait pas de croissance. Là, il s'est passé une augmentation de la dépense.
17:03 C'est vrai face à des événements qui n'étaient pas prévus.
17:07 Mais sans qu'il y ait de réforme de structure ou de redistribution ou de réduction de la forme de l'inégalité.
17:14 - Comment on fait ? - Comment on trouve l'argent ? On augmente les impôts ? Quelle est votre position ?
17:18 - D'abord, on ne le fait pas brutalement. Je pense que ce serait une erreur, même si les chiffres sont inquiétants,
17:24 d'avoir une politique d'austérité d'un seul coup qui affecterait la croissance.
17:28 Donc il faut le faire dans une stratégie de finance publique sur le temps.
17:31 - Ça c'est sur les 10 milliards et ceux qui viennent annoncés par Bolliol et Le Maire ?
17:35 - Oui, mais les 10 milliards ne sont qu'une toute petite partie de ce qui va être demandé aux Français.
17:40 Donc il y aurait avantage à étaler cette exigence d'effort.
17:45 Deuxièmement, il y a sûrement une maîtrise de la dépense et donc de regarder ce qui est fait en termes d'aide aux uns ou aux autres
17:53 pour pouvoir éviter qu'il y ait là aussi une espèce d'habitude qui s'est installée avec le quoi qu'il en coûte.
17:59 Et troisièmement, il faut de la justice fiscale. Vous ne pouvez pas demander le moindre effort.
18:03 J'entendais le Premier ministre dire quand même, les chômeurs, il faut qu'ils fassent des efforts.
18:08 C'est pas supportable parce qu'il y aurait des abus.
18:12 Mais dans le même temps, on ne demande rien aux plus fortunés,
18:16 on ne demande rien aux entreprises qui ont fait des bénéfices considérables.
18:19 - Il y a un travail qui est lancé sur les rentes.
18:23 - D'accord, le travail sur les rentes, ça fait quand même longtemps qu'on le connaît.
18:26 On connaît, il ne s'agit pas de rentes, il s'agit de résultats.
18:30 - Mais donc vous voulez quoi ?
18:32 - Le CAC 40 a doublé quant à sa valeur depuis 10 ans. Doublé.
18:38 Donc il y a un moment où, et en termes de distribution de dividendes,
18:43 et c'était finalement ce qu'avait fait le président Macron avec la flat tax,
18:47 et bien c'était une erreur.
18:48 - Donc l'ennemi c'est la finance, c'est là qu'on va chercher l'argent ?
18:51 C'est ce que vous êtes en train de dire ?
18:53 - Non, l'ennemi, la finance a un caractère spéculatif, il faut la taxer, ça c'est le phénomène des rentes.
18:58 Mais quand il y a des bénéfices très importants,
19:01 et bien il est normal, quand il y a un effort à solliciter,
19:04 il est normal d'aller demander aux entreprises qui ont fait énormément de profits,
19:09 et qui les ont distribués, de faire leur part de la contribution.
19:12 S'il n'y a pas cet effort, même s'ils ne représentent pas la part,
19:15 ce serait trop simple de dire "il suffit de taxer les fortunes et les profits considérables
19:22 pour qu'on soit débarrassé du déficit".
19:25 C'est faux. C'est faux.
19:27 La fiscalité, elle n'a pas simplement qu'un caractère de récupération de recettes.
19:30 La fiscalité, elle a un facteur de cohésion sociale et nationale.
19:34 Quand vous demandez des efforts à tous, vous demandez des efforts aux plus riches.
19:37 Quand vous demandez des efforts à tous, sauf aux plus riches,
19:40 vous avez un problème qui s'appelle une crise sociale.
19:42 Une réforme de l'assurance chômage, ce profil, vous le disiez, selon Gabriel Attal,
19:47 il faut que plus de Français travaillent, parce que ce sont des recettes supplémentaires.
19:51 D'où l'hypothèse à ce stade, de jouer peut-être sur la durée ou le montant de l'indemnisation.
19:56 Qu'en pensez-vous de cette nouvelle réforme de l'assurance chômage ?
20:00 Il y a encore quelques mois, vous avez évoqué une précédente réforme de l'assurance chômage
20:05 qui avait d'ailleurs une logique, qui était de dire...
20:08 - Contracyclique. - Voilà, quand le chômage baisse
20:11 et qu'il y a une demande de travail de la part des entreprises,
20:15 et qu'il n'y a pas forcément l'offre correspondante,
20:17 il est assez légitime de dire "on a besoin qu'il y ait des personnes qui se placent sur le marché du travail".
20:25 Et quand, au contraire, le chômage augmente,
20:27 on a besoin d'assurer une couverture sociale à celles qui vont se retrouver
20:31 hors de l'entreprise ou hors du marché du travail.
20:34 C'est pour ça que là, cette réforme, elle n'est pas du tout une réforme qui est posée sur un principe
20:39 que l'on pourrait admettre.
20:40 Elle est une réforme uniquement d'économie budgétaire, au détriment des plus modestes.
20:45 - On va passer au Standard Inter, on nous attend Farid. Farid, bonjour.
20:49 - Oui, bonjour, merci de me prendre en direct sur France Inter.
20:53 - Vous en priez. - Je ne vais pas régler les comptes comme ça,
20:55 mais en 2012, devant les jeunes, vous étiez en campagne électorale
20:58 et vous prétendiez que la légalisation du cannabis, c'était un débat qui se posait au niveau européen.
21:04 Douze ans plus tard, l'Allemagne fait chambre à part, comme le titre qu'il y en a enchaîné cette semaine.
21:09 Alors, pensez-vous que la France devrait légaliser le cannabis pour donner des perspectives communes à l'UE ?
21:14 Et surtout, ne pensez-vous pas que la légalisation du cannabis permettrait à la jeunesse d'avoir un projet
21:21 qui lui permette de vivre de manière plus sérieuse que ces 50 ans de prohibition qui la plombent ?
21:28 - Merci Farid pour cette question. François Hollande vous répond.
21:32 - Je ne suis pas sûr, et même pas sûr du tout, que le cannabis soit un projet pour la jeunesse.
21:37 Ce n'est pas en soi ce que la jeunesse demande, que de fumer du cannabis.
21:42 Mais je comprends la question.
21:44 Est-ce que la légalisation pourrait permettre de limiter les trafics,
21:49 de réduire le niveau de violence que l'on trouve dans un certain nombre de nos quartiers,
21:53 voire même de nos centres-villes ?
21:54 Est-ce qu'il y a encore un sens à frapper une partie de la population,
22:00 les 10% de personnes en France qui fument du cannabis ?
22:04 - Votre réponse ?
22:05 - Ce que va faire l'Allemagne doit être pour nous un exemple, ou un contre-exemple.
22:10 Nous verrons bien.
22:11 Donc je crois qu'effectivement, et votre auditeur a raison,
22:14 c'est à l'échelle de l'Europe qu'il faut essayer de faire ça.
22:16 Puisque regardez à Strasbourg, aujourd'hui, la question se pose.
22:19 Dans les régions frontalières de l'Allemagne,
22:22 si c'est en vente libre en Allemagne,
22:24 il y aura sans doute un détournement, si je puis dire, de trafic.
22:28 Mais je vais là-dessus être tout à fait clair.
22:31 Même si on légalisait le cannabis, il y aurait toujours du trafic.
22:34 Il y aurait toujours des drogues.
22:35 Et les produits se sont multipliés.
22:37 Et les prix se sont abaissés.
22:39 Et c'est souvent ces produits-là qui sont les plus dangereux.
22:41 Donc ne laissons pas croire, même s'il peut y avoir des solutions,
22:45 celle-là en est vraisemblablement une,
22:47 que ça nous débarrassera de cette gangrène
22:49 qu'est le trafic et le narcotrafic.
22:51 - François Hollande, on revient aux européennes, à la politique.
22:53 Les socialistes sont représentés par un non-socialiste en ce moment,
22:56 Raphaël Glucksmann, place publique.
22:58 Et il y a une dynamique dans les sondages qu'on observe.
23:00 Troisième en règle générale, derrière le RN et Renaissance.
23:04 Est-ce que c'est un vrai ou un faux retour en grâce
23:06 pour les sociodémocrates que vous incarniez,
23:09 mais toujours perdant à la fin ?
23:11 - Nous verrons bien.
23:13 Pourquoi il y a une attention qui est portée à cette liste
23:17 et à Raphaël Glucksmann ?
23:19 C'est parce que l'enjeu est peut-être plus clair.
23:22 C'est pour ça que j'évoquais ce que peut être l'Europe demain.
23:25 L'enjeu, c'est de savoir si on veut une Europe qui assure
23:28 et assume sa défense,
23:30 et qui soit capable, sur la question écologique,
23:33 de prendre des dispositions.
23:35 Et d'avoir aussi à l'intérieur une harmonisation sociale.
23:39 C'est les trois thèmes majeurs de cette campagne.
23:42 Tout en n'oubliant pas d'autres sujets.
23:44 On évoquait le narcotrafic...
23:46 - Mais l'ordre d'arrivée, le neuf jours à gauche,
23:48 aura-t-il une incidence sur la suite ?
23:49 - Il y a une deuxième motivation, et qui me paraît expliquer
23:52 la montée dans les sondages.
23:54 Nos concitoyens, ils veulent une solution
23:56 pour l'élection présidentielle.
23:58 Ils ne veulent pas être, une fois encore,
24:00 dans un face-à-face entre un représentant de la majorité actuelle,
24:04 quel qu'il soit,
24:06 et le Rassemblement National.
24:07 Ils veulent une autre solution.
24:09 Cette autre solution ne peut venir
24:11 que de la social-démocratie, du socialisme, du réformisme,
24:14 tout ce qu'on voudra,
24:15 parce que ce sera la seule offre
24:17 capable d'être majoritaire au second tour.
24:19 - Vous effacez un peu vite Jean-Luc Mélenchon ?
24:22 - Et je l'efface parce qu'il s'est lui-même effacé.
24:24 Je l'efface parce qu'il est dans une position
24:26 marginale aujourd'hui dans le débat politique.
24:28 Personne n'imagine que Jean-Luc Mélenchon
24:30 ou un membre de l'EFI puisse être président de la République demain,
24:33 y compris dans un deuxième tour face à Marine Le Pen.
24:36 Donc, une partie du succès,
24:38 et je l'espère qu'il se consolidera encore ces prochains jours,
24:42 c'est qu'une partie des électeurs
24:43 souhaite qu'il y ait une recomposition politique
24:47 au lendemain des élections européennes
24:49 autour du Parti Socialiste.
24:50 Vous avez raison,
24:51 en plus, il y a quand même plus de non-socialistes que de socialistes.
24:53 Donc autour d'une nouvelle famille politique
24:55 qui puisse assumer le retour au pouvoir
24:58 pour faire un certain nombre de changements utiles.
25:00 Pas simplement pour s'opposer
25:02 ou empêcher le Rassemblement National,
25:03 c'est pas un projet empêché.
25:05 Non, pour porter une idée pour la France
25:09 et qu'il soit une idée de justice,
25:10 une idée de progrès et une idée de démocratie.
25:12 Vous serez un facilitateur ou un acteur de 2027 ?
25:15 Facilitateur, c'est déjà pas mal.
25:17 Pourquoi aller chercher toujours...
25:18 Et acteur ?
25:19 Acteur, ça dépend de la partition,
25:21 puisque vous évoquiez Mozart,
25:23 je sens que je me prenne pour qui que ce soit.
25:26 Vous serez chef d'orchestre, vous irez ?
25:28 Vous iriez ?
25:29 Moi j'ai déjà fait beaucoup de musique de ce point de vue-là.
25:31 Oui, mais continuez.
25:33 Ce que je veux dire par là, sans filer la métaphore,
25:35 c'est que personne ne doit se mettre en dehors.
25:39 Et je ne me mettrai pas en dehors.
25:41 Mais vous vous y fassez en vous rasant selon la...
25:43 La question alors, est-ce que vous voulez toujours être...
25:46 Non, je ne me pose pas cette question-là.
25:48 Et vous ne l'excluez pas ?
25:50 Mais je veux dire, tout le monde, et moi en particulier,
25:53 compte tenu des responsabilités que j'ai exercées,
25:55 je dois faire ma part d'effort.
25:57 Pas pour aller chercher des lauriers,
25:58 ma part d'effort.
25:59 Si on ne fait pas cette force politique,
26:01 s'il n'y a pas demain une offre qui soit sérieuse et crédible,
26:04 eh bien on connaît à peu près le résultat.
26:06 Mais vous ne l'excluez pas pour vous ?
26:08 Mais je n'exclue pas en tout cas ma participation,
26:10 si c'est ce que vous voulez dire.
26:11 Je n'irai pas plus loin.
26:12 Faites pas de langue de bois François Hollande.
26:14 Parce que sinon, je ne rends pas service.
26:16 Je ne rends pas service parce qu'on a l'impression
26:17 que c'est une affaire personnelle,
26:18 que j'essaie de régler un compte,
26:20 ou d'être dans une posture,
26:22 ou encore dans une ambition qui...
26:24 Non, c'est pour ça que je fais un certain nombre d'ouvrages,
26:28 et notamment pour les jeunes.
26:29 J'essaie de montrer que la politique,
26:31 ce n'est pas simplement la recherche d'une place, d'une ambition.
26:34 C'est quand même de servir un projet.
26:36 - Merci d'avoir été à notre micro.
26:38 François Hollande, je renvoie à votre livre en librairie,
26:42 « L'heure Europe » expliquée aux jeunes et aux moins jeunes.
26:44 C'est dans la collection « Quand ça va, quand ça va pas »
26:46 des éditions Glena.
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