Mardi 6 février 2024, SMART BOURSE reçoit Benoit Vesco (Président, Delubac Asset Management) , Adil Amor (Directeur Général, Schelcher Prince Gestion) , Bertrand Lecourt (Responsable des stratégies d'investissement thématique, JO Hambro) et Hervé Goulletquer (Senior Economic Advisor, Accuracy)
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00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi,
00:14 à 17h si vous nous suivez en direct pour la grande édition sur Bsmart TV,
00:18 à retrouver bien sûr en replay chaque soir sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25 Au sommaire de cette édition ce soir, un phénomène de marché qui est intéressant à observer depuis quelques heures,
00:31 quelques séances maintenant, c'est l'extrême résilience des marchés actions face à la remontée des taux qu'on a pu observer,
00:39 et je le dis encore sur une séquence de quelques séances maintenant, mais on notera quand même qu'un 10 ans américain,
00:45 indicateur de référence mondiale, a pu reprendre 20, 25 points de base, peut-être et même un peu plus depuis vendredi dernier,
00:53 avec la publication de données d'emploi et de données d'activité aux Etats-Unis qui semble suggérer que l'économie américaine
01:00 bat toujours à un rythme relativement soutenu, cette correction obligataire a à peine entaché la performance des actions,
01:08 et je le dis avec des marchés européens qui sont positifs et largement positifs encore au quasi-terme de cette séance.
01:14 C'est un peu moins visible peut-être du côté de Wall Street, mais on reste quand même sur des records ou proches de records historiques
01:20 pour les grands indices américains et européens aujourd'hui. Comment expliquer cette résistance des actions,
01:26 peut-être que les résultats d'entreprises y sont pour quelque chose, ce sera un sujet de discussion avec nos invités de Planète Marché
01:32 dans un instant, et puis l'autre gros sujet qui sera d'ailleurs à la une, c'est toujours cette question chinoise,
01:37 est-ce que le rebond significatif qu'on a vu des actions chinoises ce matin sur fonds d'accumulation, de mesures de soutien,
01:44 et qui visent de plus en plus directement à soutenir les marchés financiers chinois, est-ce que ce rebond significatif,
01:49 signe peut-être un espoir d'un rebond un peu plus pérenne sur ces marchés d'actions chinois qui ont dévissé de 40%
01:59 depuis les sommets atteints en 2021, et même sur une perspective un peu plus longue quand on regarde le MSCI China
02:05 depuis sa création en 1992, il n'a rien rapporté aux investisseurs. On a même détruit de la valeur boursière
02:11 selon cet indicateur de référence sur les 30 dernières années en Chine.
02:17 Et là aussi c'est une question qu'on posera à nos invités de Planète Marché dans quelques instants.
02:21 Et puis le dernier quart d'heure, le quart d'heure thématique de Smart Bourse sera consacré à un focus thématique
02:26 justement sur la méga tendance de la mobilité et de la logistique. C'est Bertrand Lecour, responsable des stratégies
02:33 d'investissement thématique de J.O. Ambraud qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45 pour nous expliquer
02:39 les fondements de cette thématique de la mobilité.
02:42 [Générique]
02:52 Avant d'accueillir nos invités et d'entamer notre discussion de marché, les infos clés du jour sur les marchés bien sûr,
02:57 c'est avec Pauline Grattel.
02:59 La Bourse de Paris et plus globalement les bourses européennes évoluent dans le vert.
03:04 Aujourd'hui, dans le sillage des marchés chinois, Pékin annonce des mesures de soutien aux marchés financiers
03:10 qui peinent à repartir depuis le Covid sur fond d'inquiétude concernant la croissance du pays.
03:15 Ces mesures ont été bien, très bien accueillies par les marchés chinois.
03:19 Le Hang Seng progresse de plus de 4%, le Shanghai Composite de plus de 3% et la Bourse de Shenzhen de 6%.
03:27 L'indice CICI 300 qui était en repli depuis 3 ans a repris 3,5% aujourd'hui, sa plus importante hausse journalière depuis 2022.
03:37 En Europe, les indices sont soutenus par la publication des commandes à l'industrie allemande en décembre.
03:42 L'heure est au rebond, +8,9% sur un mois alors que les analystes tablaient sur un léger recul.
03:49 En zone euro, les investisseurs ont pris connaissance des ventes de détails pour le mois de décembre.
03:54 Elles reculent de 1,1% sur un mois contre un consensus de -0,9% et après +0,3% le mois précédent.
04:03 La séquence résultat se poursuit avec une journée chargée.
04:06 Côté américain, Palantir Technologies bondit de 20% à Wall Street.
04:11 Le groupe engagé dans l'intelligence artificielle constate une explosion de son activité commerciale.
04:17 Elilili publie des révenus en hausse de 28% et dépasse les prévisions de bénéfices pour 2024
04:23 grâce à la solide demande des médicaments contre l'obésité et le diabète.
04:27 Des résultats salués par le marché, le titre d'Elilili est en hausse d'environ 5%.
04:33 On attendait aussi les résultats d'Infineon.
04:36 Une baisse globale de la demande dans le secteur des semi-conducteurs
04:39 pousse le groupe à baisser ses prévisions de chiffre d'affaires pour cette année.
04:43 Ses annonces déçoivent le marché et le titre cède 3%.
04:47 En attendant la publication des résultats de Total Energy demain,
04:51 son concurrent BP fait état d'un bénéfice de 3 milliards de dollars au quatrième trimestre
04:57 et dépasse les prévisions des analystes.
04:59 BP annonce un maintien de son dividende et une augmentation de son programme de rachat d'actions.
05:05 Ses résultats sont salués par le marché et son titre monte de 6% à Londres
05:10 entraînant dans son sillage son rival Total Energy qui gagne 2%.
05:15 Demain, côté macro, les investisseurs prendront connaissance des chiffres
05:19 de la production industrielle en Allemagne pour le mois de décembre
05:22 ainsi que de la balance commerciale en France et aux Etats-Unis pour le même mois.
05:27 Côté micro, ils prendront connaissance des résultats de Vinci, Walt Disney et Alibaba entre autres.
05:32 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse,
05:35 les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel sur Bsmart.
05:39 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
05:52 Benoît Vescoe est à nos côtés, le président de Delubac Asset Management.
05:55 Bonsoir Benoît. - Bonsoir Grégoire.
05:57 Merci d'être là. Merci à Hervé Goulet-Dekker d'être avec nous également.
05:59 Bonsoir Hervé. - Bonsoir Grégoire.
06:01 Ravis de vous retrouver. Vous êtes senior economic advisor d'Accuracy
06:04 et Adil Amor qui complète ce trio. Bonsoir Adil. - Bonsoir Grégoire.
06:08 Merci beaucoup d'être là. Vous êtes directeur général de Shelcher Prince Gestion.
06:11 Mettons la Chine à la une avec effectivement ce rebond significatif quand même
06:16 des actions chinoises qu'on a vues ce matin après des points bas multiannuels
06:20 pour les grands indices actions en Chine.
06:23 Et cette communication, alors que j'ai repris une petite phrase du régulateur chinois,
06:29 alors à lire en chinois dans le texte pour ceux qui en sont capables, je n'ai que la traduction,
06:33 "les vendeurs à découvert perdront leur chemise et iront pourrir en prison".
06:37 On voit bien quand même l'agressivité de la communication des autorités de régulation en Chine
06:41 qui montre quand même un sentiment d'urgence à stabiliser.
06:46 Alors je ne parle même pas de la croissance, je parle des marchés financiers là Adil.
06:50 Mais dans ce moment où il y avait une urgence à mettre un plancher sur les marchés financiers chinois.
06:56 La lecture qu'on a eue sur ce communiqué effectivement c'est qu'il y avait une volonté d'agir très très vite
07:01 pour les marchés financiers, indépendamment de l'économie, de la macroéconomie
07:05 et des risques potentiels sur ce qui se passe en Chine.
07:08 Parce qu'il ne faut pas l'oublier, et on l'évoquait juste avant Grégoire,
07:11 depuis l'existence de l'indice phare en Chine, en fait on a détruit de la valeur.
07:15 Donc il y a des mesures, ce que j'appelle techniques, c'est très bien.
07:19 En attendant fondamentalement à la question que je pense que tout le monde se pose,
07:22 est-ce que la Chine est investissable ?
07:24 Moi je pense quand même qu'il y a des problématiques beaucoup plus profondes,
07:27 en termes de transparence, en termes de confiance aussi à réinstaurer.
07:32 On en a vu passer quand même un certain nombre d'événements en Chine,
07:36 sur l'immobilier, les structures aussi actionnariales qui sont logées au Caïman
07:40 et qui peuvent disparaître du jour au lendemain.
07:42 Bref, pour moi il y a encore un petit peu de temps avant de commencer à regarder en détail
07:47 les actions chinoises du moins.
07:49 C'est-à-dire que pour des investisseurs effectivement de long terme,
07:52 mettons de côté la hot money, pour des investisseurs de long terme, le compte n'y est pas.
07:57 Ce n'est pas ce genre de mesure qui va redonner de l'appétit ou de l'intérêt,
08:01 même un intérêt presque tactique pour quelques mois vis-à-vis des actions chinoises.
08:07 Pour moi et pour nous chez Schellcher, il nous faut d'abord un confort sous le plan macroéconomique,
08:11 sur le plan politique, macroéconomique et un gage de transparence pour analyser des choses.
08:15 Voilà, on aime bien les aspects fondamentaux, aujourd'hui on attend de voir, d'être rassuré,
08:20 avant de pouvoir, on va dire, bénéficier de ces mesures techniques.
08:23 Maintenant sur le plan tactique, une semaine, deux semaines, trois semaines,
08:26 il y a forcément des coups à faire.
08:27 Mais sur le plan long terme, il y a encore un peu de, on va dire, d'éléments à attendre.
08:32 - C'est-à-dire concrètement qu'est-ce qu'on peut attendre ?
08:34 Je ne sais pas qu'ils se remettent à publier des statistiques par exemple ?
08:37 Ils en publient quasiment plus par rapport à ce qu'ils ont publié avant.
08:40 - Bah déjà !
08:41 - Non mais par exemple !
08:42 - Les statistiques qui soient publiées, aussi la manière d'investir aussi dans les actions chinoises.
08:48 C'est un pays où on ne peut pas investir directement dans le capital d'une entreprise chinoise,
08:53 de façon limpide et transparente.
08:56 C'est quand même gênant de passer à chaque fois par des véhicules à doc,
08:59 et les véhicules c'est bien, mais on sait très bien aussi que ça peut disparaître du jour au lendemain,
09:03 voilà, dans un pays comme la Chine.
09:05 - Et aucune réclamation ne sera possible, pour un investisseur international.
09:08 - Exactement, c'est comme ça et ce n'est pas autrement.
09:10 - Benoît, encore une fois je le rappelle maintenant,
09:12 d'autant plus que de moins en moins d'investisseurs occidentaux sont exposés à la Chine,
09:16 mais ça reste quand même un marché qu'on regarde, même vu d'Europe, Benoît.
09:21 - Oui, on le regarde d'autant plus que ça a été un moteur économique formidable ces 10-15 dernières années,
09:26 donc évidemment on le regarde.
09:28 Après, c'est vrai que quand on regardait ces derniers communiqués,
09:30 ils sont à la limite même peut-être un peu contre-productifs,
09:33 parce qu'ils montrent bien la volonté du politique d'avoir la main mise sur la vie économique en Chine,
09:38 et ça remonte à quelques années, un peu avant la crise du Covid,
09:42 ça s'est fait progressivement, mais évidemment ça ne peut pas plaire aux investisseurs étrangers,
09:46 puisque ça rajoute une espèce d'incertitude trop forte,
09:51 puisqu'on ne peut plus investir au regard de nos perspectives financières,
09:55 mais on devrait en théorie investir en fonction de ce que veut le politique en Chine,
09:59 ça n'est pas possible pour un investisseur étranger.
10:01 Donc ça, c'est clairement, ça montre bien qu'en fait il n'y a pas de changement de vision politique
10:07 en Chine, et que ça reste donc une difficulté claire pour des investisseurs,
10:13 et ça n'est pas une réponse aux problèmes structurels,
10:17 qui sont de long terme, et qui perdurent.
10:19 Donc ça, je pense que de ce côté-là, malheureusement,
10:21 pour l'économie mondiale, ce moteur a existé,
10:24 on ne peut plus vraiment compter dessus,
10:26 alors ça ne veut pas dire que le PIB de la Chine reste important,
10:28 et c'est un point important, etc.,
10:30 donc il faut quand même le regarder,
10:32 mais on voit bien que se dessinent en parallèle d'autres possibilités de moteurs
10:36 qui sont intéressants,
10:38 donc c'est plutôt une bonne nouvelle,
10:40 il n'y a peut-être pas que la Chine...
10:42 - Dans l'asphère émergente, notamment.
10:44 - On a tous beaucoup regardé l'Inde,
10:46 et notre président qui est allé en Inde,
10:48 c'est pas un hasard, parce qu'on voit bien que
10:50 d'autres leaders peuvent émerger,
10:52 alors tout ça reste à confirmer,
10:54 et c'est des réalités beaucoup plus complexes
10:58 que ce qu'on connaît dans nos pays,
11:00 mais en tout cas, ça reste, de ce côté-là,
11:03 je pense qu'il y a aussi une petite zone d'espoir,
11:05 peut-être d'autres moteurs qui se sont déjà un peu allumés,
11:08 qui peuvent se confirmer,
11:10 et qui permettront à la croissance mondiale
11:12 de retrouver un peu de couleur,
11:15 parce que pour le moment, on est vraiment dans une zone trop faible.
11:18 Clairement, ça s'appellerait de la quasi-récession,
11:21 les niveaux de croissance qu'on a au niveau mondial.
11:23 - Oui, oui. La Chine sous 5 ou 4 %, oui, effectivement.
11:26 - C'est pas du tout au niveau qu'il faudrait.
11:28 - C'est une Chine qui est en récession,
11:30 sur des standards qu'on pourrait avoir chez nous.
11:33 Hervé, pourquoi est-ce que c'était important, là, maintenant,
11:36 d'agir et d'arrêter l'hémorragie sur le plan,
11:39 encore une fois, des marchés d'actifs, des marchés d'actions,
11:42 et des marchés financiers chinois, spécifiquement ?
11:45 - Je suis assez d'accord avec Benoît.
11:47 On est à un moment très politique en Chine.
11:50 On voit bien que les Chinois
11:53 essaient de réduire la tension avec les États-Unis,
11:57 et dans le sillage, il faut réduire la tension
12:00 avec les investisseurs étrangers.
12:03 On sait qu'en termes d'investissement direct, ils sont sortis.
12:06 En termes d'investissement de portefeuille,
12:08 il y a une énorme prudence.
12:10 Et, en fait, le symbole de ce qui resterait
12:14 d'économie de marché en Chine, c'est quand même les marchés de capitaux.
12:18 Et donc, en fait, il faut bien qu'on ait des marchés de capitaux
12:21 qui envoient des messages qui ne soient pas pessimistes,
12:25 qui ne soient pas sinistres,
12:27 parce qu'il faut que tout ça soit aligné.
12:29 Donc, il y a un message politique qui est de dire
12:32 pour le moment, nous, Chinois, on a intérêt
12:36 à s'entendre avec l'Occident,
12:38 parce que technologiquement,
12:41 en termes d'expérience, on a besoin du reste du monde.
12:46 Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'ils essaient de s'entendre
12:50 un peu moins mal avec les Américains.
12:52 Ils font un peu la danse du ventre aux Européens.
12:55 Tout ça, c'est la même histoire.
12:57 Mais on est dans le politique du côté de l'économique.
13:00 En fait, il y a une espèce de contraste.
13:03 Quand on voit la stratégie de moyen terme de la Chine,
13:08 elle est très cohérente, et elle pourrait d'ailleurs
13:10 être un exemple pour le reste du monde.
13:12 Les Chinois nous disent, avoir un modèle tiré
13:17 par l'investissement en infrastructure,
13:19 par les exportations, par la construction,
13:25 tout ça, c'est fini.
13:27 On veut mettre en place un nouveau modèle
13:29 où il y aura une demande intérieure plus équilibrée,
13:32 comprendre investissement en équipement, consommation,
13:35 où il y aura du secteur manufacturier,
13:37 parce que c'est la clé de la compétitivité,
13:40 et évidemment de la transition énergétique,
13:43 parce que c'est une nécessité.
13:44 Donc, le modèle de moyen terme, ils l'ont.
13:47 Le problème, c'est qu'à court terme,
13:49 ils sont complètement coincés.
13:51 Il n'y a pas de confiance, ni des entreprises privées,
13:54 ni des ménages.
13:55 La construction, il y a 10 ans,
13:58 ça croissait à 10% l'an,
14:01 aujourd'hui, ça recule de 10% l'an.
14:04 La construction, stricto sensu, c'est 7 points de PIB,
14:08 mais si vous prenez tout ce que ça entraîne autour,
14:10 ça peut monter très haut.
14:12 Lorsque ça croissait très vite, ça pouvait faire
14:14 25 points de contribution au PIB.
14:17 Donc, c'était très important.
14:19 Et ils ont ça, ils ont plein de dettes partout,
14:22 à tous les étages.
14:23 Et donc, en fait, à court terme,
14:26 la gestion de l'économie, c'est très compliqué.
14:29 Et en fait, là où ils auraient un peu de degré de liberté,
14:32 c'est sur la confiance, mais ça impliquerait
14:35 de donner plus d'autonomie
14:38 aux entreprises privées, aux ménages.
14:42 Et en fait, c'est tellement peu dans l'esprit
14:45 du parti État aujourd'hui,
14:47 que le court terme est compliqué.
14:49 Donc, en fait, ils essaient d'avoir un habillage
14:52 plus politique de leur court terme.
14:54 Donc, on dit, regardez, on fait des bonnes choses,
14:57 on prend de bonnes initiatives.
14:58 - Il faut rester attractif quand même, dans une certaine mesure.
15:00 - En espérant que ça crée un petit peu de confiance.
15:02 Mais je pense qu'à court terme,
15:04 la marge de manœuvre est limitée,
15:06 sauf à changer de politique complètement.
15:08 Et comme il faut bien aligner le court terme
15:10 et le moyen terme, ils ont une vraie difficulté.
15:12 - Est-ce que les difficultés de la Chine
15:15 remettent en cause l'investissement
15:18 émergent dans son ensemble,
15:21 pour une année comme 2024, par exemple,
15:24 à deal, ou est-ce qu'on réfléchit quand même
15:26 à des stratégies tournées vers les émergents,
15:29 en mettant l'éléphant chinois peut-être de côté désormais ?
15:32 - Alors, moi, personnellement, la Chine,
15:34 je la mets en dehors des marchés émergents.
15:36 - D'accord.
15:37 - Ça, c'est un mastodonte à part.
15:38 C'est un gros bloc.
15:39 - D'accord.
15:40 - C'est problématique, c'est sujet.
15:41 - Qui mérite un statut et une stratégie à part,
15:43 si je puis dire.
15:44 - Voilà, pour toutes les raisons qu'on vient d'évoquer.
15:46 Et je suis totalement en phase avec mes collègues ici.
15:49 Maintenant, dans le monde émergent, on a parlé de l'Inde.
15:51 A l'Inde, tout est au plus haut.
15:53 Le PIB, les marchés, les taux sont plus bas,
15:55 enfin, les obligations, le marché du crédit,
15:57 la transition énergétique qui explose en Inde.
15:59 Il y a des boîtes avec des ambitions
16:02 qui sont juste stratosphériques.
16:04 L'Amérique du Sud aussi,
16:06 il y a un certain nombre de choses qui se passent.
16:08 Les marchés obligataires, en plus, dans ces pays-là,
16:10 il s'avère que le monde émergent
16:12 a réagi très, très, très vite
16:14 et qu'il y a une vague potentielle inflationniste
16:16 pour éviter les erreurs du passé.
16:18 Donc on est dans un mode
16:20 où les taux seront amenés à baisser,
16:22 des économies qui tiennent,
16:24 mais si ça explose, ces marchés-là,
16:26 le Brésil, le Mexique, l'Inde, encore une fois, l'Inde, l'Inde, l'Inde.
16:28 On ne peut pas oublier l'Afrique, il se passe des choses juste là-bas.
16:30 - Ça fait huit ans que ça monte en Inde, c'est pas nouveau.
16:33 - C'est la nouvelle Chine, voilà.
16:35 C'est un terme qui apparaît très souvent
16:37 dans les médias et dans les journaux.
16:39 Donc le monde émergent, pour moi, clairement,
16:41 c'est un sujet à regarder.
16:43 Économique, financier,
16:45 mais aussi face aux enjeux énergétiques mondiaux
16:47 et des pays où,
16:49 ça veut dire qu'il y a du solaire, il y a du vent,
16:51 il y a plein de choses à faire quand même,
16:53 et il manque des infrastructures.
16:55 - Oui, oui, bien sûr, il y a des choses à faire, effectivement,
16:57 avec plein de classes d'actifs
16:59 qui permettent, justement, j'imagine,
17:01 de s'exposer aux thèmes émergents.
17:03 D'accord avec ça, Benoît, encore une fois,
17:05 on n'est pas sur le cœur d'une allocation,
17:07 j'imagine, c'est plutôt toujours de la diversification,
17:09 mais ça reste utile,
17:11 ça reste intéressant, est-ce que ça l'est particulièrement
17:13 d'ailleurs en ce moment ou pas ?
17:15 - Non, c'est clair qu'il faut toujours être diversifié,
17:17 donc ça reste une part des portefeuilles.
17:19 D'autant plus conjoncturellement,
17:21 on a passé la phase difficile de hausse des taux directeurs,
17:23 notamment américains, dont ils sont fortement dépendants,
17:25 on va quand même enfin,
17:27 on en parle tous, enfin à un moment donné,
17:29 rentrer dans ce fameux cycle de baisse,
17:31 ce qui sera une phase favorable.
17:33 Ils ont plutôt bien géré, globalement,
17:35 cette phase de hausse des taux directeurs
17:37 qui, généralement, cause des dégâts plus forts
17:39 sur les pays émergents, ce qui n'a pas été le cas.
17:41 - On n'a pas revu les fragilités ou les vulnérabilités
17:43 du cycle précédent.
17:45 - Tout à fait, et là, on va rentrer dans une phase
17:47 qui sera plus naturellement porteuse.
17:49 De ce côté-là, avoir une poche en diversification,
17:51 c'est totalement naturel, évidemment.
17:53 - Sur une cinquantaine de grandes banques centrales,
17:55 je voyais qu'on a deux mois consécutifs
17:57 où les baisses de taux l'emportent
17:59 sur les hausses de taux, alors c'est pas encore
18:01 pour la Fed et la BCE,
18:03 et donc c'est essentiellement des banques centrales émergentes
18:05 qui anticipent et qui prennent
18:07 une forme de leadership
18:09 par rapport à ça, en attendant de voir ce que fera
18:11 la Fed et la BCE.
18:13 Justement, parlons de la Fed,
18:15 Hervé, c'est cette question
18:17 sur l'économie américaine.
18:19 Où en est-on de l'atterrissage ?
18:21 A quelle distance de la piste
18:23 on est, là ? C'est-à-dire, on est encore
18:25 3 km au-dessus de la piste,
18:27 on est à quelques mètres de poser les roues au sol,
18:29 ou est-ce qu'on est, je sais pas,
18:31 en train de réaccélérer
18:33 pour refaire un tour avant de
18:35 se préparer à une manœuvre d'atterrissage ?
18:37 - Alors, si vous prenez
18:39 le produit intérieur brut,
18:41 la statistique de base,
18:43 vous dites au second semestre, on a été
18:45 sur un rythme annuel de 4%,
18:47 donc on est assez haut.
18:49 Si vous prenez les enquêtes
18:51 auprès des directeurs d'achats, les PMI,
18:53 on est à peu près à 0.
18:55 Donc en fait,
18:57 le problème, c'est que vous avez pas de cohérence
18:59 du tempo
19:01 de l'économie américaine
19:03 au travers des chiffres.
19:05 Et donc, vous pouvez croire
19:07 à ceci ou croire à cela.
19:09 Moi, j'aurais envie de dire, si on parle
19:11 de la Fed, au-delà de cette difficulté
19:13 à percevoir la croissance
19:15 économique, l'emploi,
19:17 le marché de l'emploi,
19:19 reste tendu, il se détend
19:21 un peu. Donc en fait,
19:23 le message envoyé par le marché de l'emploi,
19:25 c'est que
19:27 ça va plutôt bien.
19:29 Alors, est-ce pour des raisons conjoncturelles,
19:31 est-ce pour des raisons plus structurelles,
19:33 le vieillissement démographique ?
19:35 Là, il y a encore une complexité.
19:37 Et puis, ce que vous dit ce débat entre
19:39 PIB et PMI,
19:41 en fait, si,
19:43 avec ce que vous comprenez de l'emploi,
19:45 vous croyez au PIB, ça veut dire que vous avez
19:47 un rebond de la productivité,
19:49 et dans ce cas-là, c'est un très bon rempart
19:51 contre l'inflation,
19:53 soit vous croyez au PMI,
19:55 et la productivité est mal calculée,
19:57 et dans ce cas-là, l'inflation
19:59 reste un danger.
20:01 La réalité de l'économie américaine,
20:03 au travers de ces chiffres,
20:05 de ces contrastes, c'est celle-là.
20:07 Alors après, vous êtes banquier central,
20:09 et vous vous dites "ouille ouille ouille,
20:11 je suis intellectuellement honnête,
20:13 donc il faut que je prenne tout ça,
20:15 et je ne suis pas sûr, aujourd'hui,
20:17 de poser le diagnostic correct,
20:19 c'est-à-dire l'inflation
20:21 est bien en train de reculer,
20:23 va continuer de reculer,
20:25 et dans ce contexte-là, je peux vivre avec
20:27 un marché de l'emploi un peu tendu".
20:29 Vous ne savez pas répondre à cette question,
20:31 donc vous avez un discours
20:33 disant "les choses ne sont pas encore
20:35 très claires, et on a besoin de temps",
20:37 et c'est là où les marchés
20:39 auraient dû faire la même analyse
20:41 que la Banque Centrale,
20:43 dire "ce n'est pas trop clair, et donc je ne prends pas
20:45 de pari". Ils ont pris un pari,
20:47 ça commence en mars, il y aura six
20:49 baisses de taux cette année,
20:51 pourquoi pas plus d'ailleurs, on s'en bat,
20:53 et puis aujourd'hui, on voit bien
20:55 qu'on aura au mieux,
20:57 c'est ce que nous dit M. Powell, il suffit
20:59 de lire ses propos, ça commencera
21:01 en début d'année, et lui, alors un peu
21:03 provocateur, nous dit "ben non,
21:05 il y en aura trois cette année, les projections
21:07 sont plutôt bonnes".
21:09 Il y a de la confusion,
21:11 on n'a pas posé le diagnostic
21:13 correctement, donc il y a une capacité
21:15 à être surpris, donc si on est joueur,
21:17 on peut se dire "la surprise ira
21:19 dans ce sens ou ira dans l'autre".
21:21 La réalité à aujourd'hui,
21:23 c'est que les marchés
21:25 sont en train de corriger leurs anticipations,
21:27 sur mars, je crois que la probabilité
21:29 d'un geste doit aujourd'hui
21:31 être fondérée à 30%,
21:33 voire moins, alors que c'était
21:35 à 40 il y a quelques temps.
21:37 Donc en fait,
21:39 il y a une volatilité.
21:41 - Mars s'efface, je suis d'accord avec vous,
21:43 mais le marché reste persuadé que la Fed
21:45 en fera beaucoup plus que ce qu'elle dit
21:47 aujourd'hui. - Mais en fait,
21:49 c'est possible, mais l'inverse,
21:51 c'est aussi possible,
21:53 et donc c'est pour ça que ça tient du pari,
21:55 et donc en termes
21:57 de positionnement de marché,
21:59 il faut être terriblement
22:01 joueur et agile,
22:03 parce que faire
22:05 une anticipation à 6 mois
22:07 sur tout ça, c'est juste gonfler.
22:09 - C'est perturbant
22:11 comme situation,
22:13 presque,
22:15 l'incapacité
22:17 à anticiper cette conjoncture
22:19 américaine, cet atterrissage
22:21 sans fin, ça perturbe
22:23 les marchés, c'est une bonne nouvelle ?
22:25 - En fait, c'est perturbant,
22:27 oui, mais on l'a déjà vu
22:29 dans des cycles précédents, cette capacité
22:31 de l'économie américaine à être résiliente
22:33 et à rebondir très vite aussi.
22:35 Donc ça, c'est une des caractéristiques de l'économie
22:37 américaine, ça c'est pas nouveau.
22:39 Après, c'est vrai qu'on a eu cette
22:41 résilience, depuis la crise Covid, qui est
22:43 assez exceptionnelle, d'un marché
22:45 qui tient, et d'entreprises qui tiennent
22:47 extrêmement bien leurs résultats,
22:49 qui nous a tous surpris, ça c'est clair.
22:51 - Je vous donne juste un chiffre,
22:53 l'économie américaine a rattrapé
22:55 les pertes d'emplois Covid en
22:57 28 mois. En à peine
22:59 2 ans, et
23:01 4 ans après,
23:03 elle a créé 5 millions d'emplois
23:05 par rapport au niveau
23:07 pré-Covid. - Et en 2022, on subit
23:09 une hausse des taux directeurs d'une rapidité
23:11 historique, et on dirait
23:13 que ça n'a rien fait sur l'économie,
23:15 c'est assez exceptionnel cette résilience.
23:17 Je pense qu'il faut aussi trouver cette
23:19 source de résilience, en partie dans la
23:21 crise Covid, cette fermeture de ce
23:23 réservoir de non-production
23:25 qui s'est déversé
23:27 au fil des années, jusqu'à
23:29 maintenant, et qui nous a permis aussi
23:31 de lisser un peu. Maintenant
23:33 c'est vrai que, le marché action,
23:35 qu'est-ce qu'il se dit ? Il se dit "mais de toute façon
23:37 le taux de chômage, il reste
23:39 bas, donc la consommation
23:41 va perdurer, donc
23:43 pourquoi s'inquiéter, tout simplement ?
23:45 C'est vrai que quand on regarde les derniers chiffres,
23:47 il n'y a pas d'inquiétude majeure à avoir.
23:49 Après, je crois que
23:51 là encore, comme Hervé, il faut écouter Jérôme Pauwel,
23:53 il est assez clair dans ses discours,
23:55 il parle de trois baisses de taux directeurs,
23:57 il ne parle pas de six. - Il dit a priori, c'est une
23:59 projection qui ne devrait pas changer au prochain
24:01 meeting de mars, avec la mise à jour
24:03 des projections des membres de la FED. - Là-dessus, il est assez clair,
24:05 et au tout début des cycles de hausse de taux
24:07 directeurs, il avait dit "mais en gros
24:09 mon indicateur, enfin un de mes indicateurs
24:11 important, maintenant ça va être le taux de chômage".
24:13 Le taux de chômage, on est passé à 3,7,
24:15 plus bas, on devait être 3,4, 3,5,
24:17 en début 2023, on est passé à 3,7,
24:19 ce n'est pas un signe pour lui de déclencher
24:21 un cycle de hausse des taux directeurs.
24:23 Ça, c'est plutôt un signe que l'économie va bien
24:25 et que, au moindre, à la gérée,
24:27 c'est le feu qui couvre, voilà, moindre allumette
24:29 qu'on craque, ça repart.
24:31 Et puis, il a toujours ce
24:33 syndrome de la Banque Centrale Américaine, cette mémoire
24:35 du cycle volcaire,
24:37 où il faut attention, si on
24:39 s'emballe un peu trop vite et qu'on rebaisse trop
24:41 vite, l'inflation peut repartir. Donc, je pense
24:43 que, de toute façon, il l'a dit clairement, moi j'aurais même
24:45 tendance à dire que c'est trois baisses de taux directeurs, la
24:47 troisième étant peut-être l'année suivante,
24:49 décalée à l'année suivante, ce n'est pas impossible.
24:51 - En tournant de 2024-25 ?
24:53 - On aura quasiment respecté sa parole,
24:55 mais c'est plutôt ça qui nous attend. Et donc là,
24:57 on va au devant, probablement,
24:59 après une petite phase d'euphorie qui poursuit
25:01 en fait, la phase d'euphorie de fin d'année,
25:03 qu'on voit souvent et
25:05 qui n'est pas désagréable en tant qu'investisseur,
25:07 il faut le reconnaître, mais comme elle nous
25:09 plaît tous, je pense qu'elle
25:11 s'auto-nourrit.
25:13 On va probablement au devant du deuxième, troisième
25:15 trimestre de déceptions sur les marchés
25:17 et un espèce de retour à la réalité.
25:19 - D'accord. Si c'est le schéma que vous
25:21 décrivez qui tient, effectivement,
25:23 il y aura quand même un moment de retour
25:25 à une réalité...
25:27 - À une réalité économique moins sympathique,
25:29 parce que des banques centrales qui ont quand même
25:31 besoin, à un moment donné, de voir des
25:33 signaux de ralentissement un peu plus clairs, qu'ils n'ont pas encore.
25:35 - C'est intéressant, parce que
25:37 le marché... le schéma
25:39 de marché peut changer au fur et à mesure
25:41 de cette croissance américaine. Je me
25:43 souviens très bien, à la sortie du troisième trimestre,
25:45 sortie de l'été 2023,
25:47 la puissance
25:49 de l'économie américaine faisait remonter
25:51 les taux d'intérêt, les taux réels,
25:53 et faisait baisser les actions.
25:55 Et là, alors c'est sur quelques
25:57 séances, mais encore une fois, je trouve spectaculaire.
25:59 Après le rapport sur l'emploi qu'on a vu vendredi
26:01 dernier, donc chiffre explosif,
26:03 les économistes se grattent encore la tête
26:05 pour comprendre ce qui s'est passé.
26:07 Le S&P 500 a
26:09 été un peu volatile sur la publication,
26:11 et puis au final, le marché actions a
26:13 décidé que c'était une très bonne nouvelle, comme le disait Benoît.
26:15 Et on termine au plus historique sur
26:17 cette séance.
26:19 - En fait, il y a deux choses.
26:21 C'est-à-dire que, moi, ce qui me
26:23 perturbe, quand même, et ce qui nous perturbe dans
26:25 les différentes publications économiques,
26:27 notamment les NFP, donc les créations d'emplois,
26:29 c'est les révisions, et c'est le fait
26:31 que personne ne soit capable de les prédire.
26:33 Ça, c'est un fait, c'est comme ça.
26:35 Il faut intégrer ça, aujourd'hui, dans le pricing.
26:37 Alors, avant de parler du marché actions,
26:39 et c'est un point qui est assez fondamental,
26:41 c'est les taux longs. Parce que bon, les taux courts-terme, très bien,
26:43 d'arriver par la Fed, par la BCE d'une part,
26:45 mais les taux lourds, aujourd'hui, où est-ce
26:47 qu'ils sont ? On a dépassé les 4%, vous disait Grégoire.
26:49 Pour moi, il y a quand même quelque chose de nouveau
26:51 à intégrer dans le pricing de ces taux longs.
26:53 On est dans un monde où on pense
26:55 qu'on aura de la volatilité de l'inflation.
26:57 Quand on dit volatilité de l'inflation,
26:59 qui permet de pricer les taux longs, c'est une prime de risque.
27:01 On parle évidemment des déficits
27:03 à financer. Je crois que c'est 2000 milliards
27:05 en 2024, c'est ça ? Ce que devra faire
27:07 Madame Hélène, à priori.
27:09 Un petit peu moins, un petit peu plus, mais grosso modo,
27:11 il y a quand même des choses très très très long terme
27:13 à financer. Il y a les élections
27:15 américaines qui arrivent. Donc, la prime
27:17 de terme, quand on veut
27:19 la calculer correctement, aujourd'hui,
27:21 elle est négative, alors qu'en théorie,
27:23 elle devrait être très positive, de part ces nouveaux facteurs.
27:25 Les taux longs,
27:27 si on anticipe qu'ils doivent monter,
27:29 mécaniquement, en théorie, on doit avoir quand même
27:31 des actions qui doivent baisser. Sauf que,
27:33 on a eu de la micro qui est revenue,
27:35 et des publications qui sont juste stratosphériques.
27:38 Pardon. Quand on voit, je pense qu'on en parlera tout à l'heure,
27:41 aux Etats-Unis, même en Europe...
27:43 - Non, parlons-en maintenant !
27:45 - Quand on voit Meta, par exemple.
27:47 Meta, voilà, maintenant un dividende va être versé.
27:49 Voilà, ça c'est la grande nouveauté.
27:51 Et Meta qui rentre dans un nouveau monde.
27:53 Aujourd'hui, c'est de la résilience
27:55 en termes de génération de chiffres d'affaires,
27:57 c'est de la publicité, et un nombre de connexions
27:59 hallucinantes par jour, et donc on rentre
28:01 dans une boîte, un peu Goldilocks,
28:03 qui va générer du chiffre,
28:05 qui va générer du free cash flow
28:07 de façon systématique. Ça, c'est un nouveau monde.
28:09 - C'est intéressant l'exemple Meta et
28:11 autre, parce que je...
28:13 Il y a des boîtes comme Apple
28:15 qui ont déjà une histoire suffisamment longue
28:17 pour avoir démontré leur capacité à se
28:19 réinventer plusieurs fois. Une boîte comme
28:21 Meta, ou j'en sais rien, ou Snap, ou d'autres...
28:23 C'est le premier
28:25 test de restructuration de leur histoire.
28:27 - C'est exactement ça. Il y avait l'échec du
28:29 Metaverse. Ça s'est fait, voilà, beaucoup de
28:31 capex qui ont été mis sur la table.
28:33 Maintenant, on sait donc
28:35 que Mark Zuckerberg se recentrait sur son business
28:37 à démontrer qu'il était
28:39 capable de générer du chiffre, du chiffre
28:41 résilient. C'est ce qu'on aime beaucoup.
28:43 Meta aujourd'hui, c'est plus la boîte de tech
28:45 où on va anticiper des revenus
28:47 qu'on ne constate pas, on les voit. Il y a même
28:49 un dividende, donc c'est un autre monde pour Meta.
28:51 Amazon, c'est la même chose, Microsoft
28:53 aussi, Google, bon, il y a eu une petite déception
28:55 sur la partie publicitaire, mais c'est la
28:57 même logique. Donc, on a la micro
28:59 et les techs américains,
29:01 les gars femmes, les 7 magnifiques
29:03 qui drivent tout ça, forcément,
29:05 le S&P qui se concentre de façon
29:07 assez majestueuse, et bien ça
29:09 monte... - Ouais. - Voilà. - Majestueuse
29:11 ou, j'en sais rien, de... - Dangereuse.
29:13 - Oui, c'est ça !
29:15 Ça arrive avec dangereuse, également, Adil.
29:17 J'adore, plaidoyer pour la
29:19 big tech américaine, et de ce point de vue-là,
29:21 effectivement, très différent de
29:23 la bulle dot-com, etc.
29:25 Néanmoins, vous mettez le doigt dessus, il y a ce
29:27 facteur de concentration,
29:29 parce que maintenant, c'est même plus les Magnificent Seven,
29:31 il faut peut-être mettre Tesla de côté pour un temps...
29:33 - J'en ai pas parlé, mais effectivement. - Non, mais, je veux dire,
29:35 c'est encore plus concentré que ça
29:37 ne l'était la semaine précédente, le mois
29:39 précédent et le trimestre précédent. - Pour moi, c'est le gros
29:41 risque qu'on a dans ces marchés. - D'accord. - Encore une fois,
29:43 aujourd'hui, on est dans un marché où...
29:45 - On peut être capable d'en avoir, mais pas
29:47 de long terme. - On peut en avoir, mais pas trop, ou pas trop longtemps,
29:49 et pouvoir être schizophrène,
29:51 pour reprendre nos propos tout à l'heure, un peu
29:53 paranoïaque, ou je ne sais pas, on peut trouver plein de
29:55 termes pour le décrire, mais c'est nos
29:57 marchés aujourd'hui. Voilà. LVMH, aussi,
29:59 en Europe, c'est un exemple
30:01 édifiant. Voilà, à 650,
30:03 660 euros, la publication dépasse les
30:05 750. Finalement, le relais
30:07 américain par rapport à la Chine, en termes
30:09 de résultats, voilà, c'est notre
30:11 quotidien d'investisseur.
30:13 - Bon, sur la concentration
30:15 de marché, toujours le même sujet,
30:17 ça n'a pas changé, alors, j'ai repris
30:19 les dernières données, qu'est-ce qu'on m'a dit
30:21 hier ? Le top 10 des grandes
30:23 valeurs américaines représente près de 30%
30:25 du poids du S&P 500.
30:27 Si on va jusqu'au top 30,
30:29 on arrive à la moitié du poids du S&P
30:31 500. 30 valeurs pèsent
30:33 la moitié du S&P 500. - Vous avez... mais Adil l'a dit,
30:35 c'est aussi un facteur de
30:37 fragilité. - Ah ouais ? - C'est-à-dire que ça
30:39 montre aussi que les investisseurs sont
30:41 un peu à court d'idées. Alors ça ne remet
30:43 pas en cause les
30:45 brillants business models de toutes ces entreprises,
30:47 qui sont des réussites incroyables,
30:49 mais ça montre quand même que
30:51 il y a peu de profondeur, que il y a peu d'idées,
30:53 qu'il y a tout un port de la
30:55 côte qui est complètement mis de côté,
30:57 et donc ça montre aussi qu'on est probablement
30:59 en fin de phase, de hausse, et qu'il va
31:01 falloir à un moment donné rebattre les cartes.
31:03 Pour moi, la logique c'est rebattre les cartes par
31:05 un retour à la réalité économique, une économie
31:07 qui se remet en pause
31:09 momentanément, ça ne sera pas
31:11 des ralentissements forts,
31:13 et qui peut permettre ensuite de repartir sur
31:15 un nouveau cycle de taux, de baisse de taux,
31:17 et un nouveau cycle économique.
31:19 Et là on aura plus de profondeur,
31:21 plus de diversité, parce que d'autres
31:23 entreprises pourront s'exprimer. Mais là ça donne
31:25 plutôt le sentiment de... - Il y a des étapes. Il y a une
31:27 séquence, vous dites, effectivement, qu'il faut avoir
31:29 en tête, et on ne peut pas
31:31 passer
31:33 en sautant les étapes,
31:35 comme certains peut-être l'imaginent ou l'espèrent.
31:37 - Il faut se redonner un peu de perspectives,
31:39 pour le moment on ne les a pas encore,
31:41 et ces perspectives, elles n'arriveront
31:43 que par ce cycle de baisse des taux directeurs.
31:45 Et là, on l'a dit
31:47 tout à l'heure, les ingrédients pour les banques centrales
31:49 ne sont pas encore exactement là. Il manque encore
31:51 probablement deux trimestres.
31:53 - Hervé, alors sur la concentration du marché,
31:55 puis je veux bien qu'on redise un mot de la productivité,
31:57 vous l'avez évoqué
31:59 tout à l'heure. Un trimestre de productivité,
32:01 ça ne nous dit pas grand-chose,
32:03 deux trimestres, peut-être qu'on commence à regarder.
32:05 Ça fait trois trimestres,
32:07 au moins aux Etats-Unis, qu'on voit une accélération
32:09 de la productivité. Alors,
32:11 l'histoire nous dira si elle est réelle ou pas,
32:13 mais à ce stade, on regarde quand même.
32:15 - Je pense que d'ailleurs, c'est plus
32:17 la productivité et les coûts salariaux
32:19 unitaires sortis le jeudi,
32:21 que les chiffres de l'emploi
32:23 du vendredi, qui ont
32:25 produit, en fait, cette inversion
32:27 de la corrélation entre le prix
32:29 des actions et le prix des obligations.
32:31 Donc, il y a
32:33 les obligations, le prix baisse,
32:35 et les actions, le prix monte. On retrouvait
32:37 finalement ce qu'on connaissait
32:39 depuis les 20 ou 30
32:41 années passées. Et je pense que
32:43 la lecture du marché, ça a été
32:45 de dire "Waouh, la productivité,
32:47 elle est là". Alors, le problème, c'est que...
32:49 - Là, c'est le vrai Goldilocks, là.
32:51 - Mais, alors, on ne sait pas
32:53 s'il faut retenir qu'elle est sur un rythme de 3% lent,
32:55 de 2% lent, de 1,5%.
32:57 Prenez le chiffre le plus faible,
32:59 1,5%, avec des salaires
33:01 entre 3,5% et 4%,
33:03 vous faites un calcul compliqué,
33:05 3,5% ou 4%, moins 1,5%,
33:07 et vous vous dites, finalement, "Le socle
33:09 de mon inflation, allez, il est
33:11 entre 2 et 2,5%, c'est bon".
33:13 Et dans ce cas-là, vous vous dites, "On
33:15 est revenu à la case départ,
33:17 les bonnes vieilles décennies passées,
33:19 eh bien, on a une corrélation inverse,
33:21 très bien, donc, j'ai ma
33:23 protection,
33:25 actions, obligations,
33:27 tout va bien". Donc, en fait,
33:29 ce pari-là, il a été fait
33:31 ces jours derniers.
33:33 Est-ce qu'il est bon ?
33:35 Est-ce qu'il n'est pas bon ? Une fois encore,
33:37 c'est un pari. Mais, sur les
33:39 actions, on a un peu la même
33:41 histoire, ce qui est quand même
33:43 frappant, lorsqu'on voit sur très très longue période
33:45 l'évolution
33:47 des profits, laissons de côté les multiples.
33:49 L'évolution des profits,
33:51 si vous prenez jusqu'aux années
33:53 70,
33:55 début des années 80,
33:57 vous aviez une croissance
33:59 des profits par action du S&P
34:01 500 inférieure à la
34:03 croissance du produit intérieur brut en valeur.
34:05 C'est des années marquées par le
34:07 keynesianisme, il faut faire de la redistribution,
34:09 je fais les poches de qui je peux.
34:11 Et après,
34:13 on entre dans les années marquées
34:15 par le néolibéralisme, et
34:17 vous avez
34:19 presque le double
34:21 de croissance des profits par action
34:23 par rapport à la croissance du
34:25 produit intérieur brut. Mais en fait,
34:27 lorsqu'on regarde ce qui
34:29 fabrique cela, c'est pas l'efficacité
34:31 économique, ça a été la
34:33 baisse des taux d'impôt,
34:35 et ça a été la baisse de la charge
34:37 de la dette. Donc, en fait,
34:39 votre ingrédient, il est là,
34:41 et si vous voulez avoir toujours
34:43 des performances très
34:45 fortes des profits, ce qui est
34:47 vendu par les analystes financiers,
34:49 ce qui est salué par les bourses,
34:51 vous pouvez vous dire que le moteur
34:53 des taux d'intérêt, ça va être plus compliqué,
34:55 que le moteur
34:57 de la baisse des impôts, ça va être
34:59 plus compliqué, Trump le promet, mais
35:01 vous rappeliez les niveaux
35:03 de déficit et de dette, ça va être compliqué.
35:05 Donc, en fait, le pari que l'on fait,
35:07 c'est bien que grâce
35:09 à la technologie, l'intelligence artificielle,
35:11 on va avoir une productivité
35:13 de main plus forte qu'on avait
35:15 hier, et que donc, il y aura un relais,
35:17 l'efficacité économique va
35:19 remplacer la baisse de la
35:21 pression fiscale et la baisse des taux d'intérêt.
35:23 C'est ça, donc en fait, la productivité
35:25 est complètement aux clés du
35:27 court terme, du moyen terme,
35:29 alors après, est-ce que
35:31 l'intelligence artificielle fabrique de la
35:33 productivité durable ? C'est la question à laquelle
35:35 il faut répondre. - Oui, et puis ce qu'on décrit là, pour l'instant,
35:37 c'est quelque chose qu'on observe uniquement sur
35:39 quelques trimestres, et aux Etats-Unis, uniquement.
35:41 Ce qu'on constate en Europe, c'est
35:43 exactement l'inverse, c'est une productivité
35:45 qui est en baisse, en tout cas, quand on est
35:47 capable de la mesurer, par rapport au niveau pré-Covid.
35:49 - Et donc, des coûts salariaux,
35:51 qui continuent de croire qu'on renverse
35:53 le mythe, et donc, aujourd'hui,
35:55 en Europe, la perspective
35:57 d'avoir une désinflation durable,
35:59 on ne la voit pas. D'ailleurs, les gens de la BCE
36:01 le disent, ça paraît assez
36:03 peu audible aux yeux des
36:05 marchés de capitaux, mais la réalité,
36:07 c'est qu'aux Etats-Unis, il y a une histoire,
36:09 alors on a envie d'y croire ou pas,
36:11 mais il y a une histoire, ou un début
36:13 d'histoire. En Europe, on n'a toujours
36:15 pas le début de cette histoire.
36:17 - Hervé, vous disiez tout à l'heure, dans la
36:19 stratégie 2024,
36:21 c'est les baisses de taux
36:23 qui offriront de nouvelles perspectives
36:25 aux investisseurs, c'est quoi
36:27 le cycle après
36:29 les premières baisses de taux ? C'est-à-dire,
36:31 c'est une stratégie fondée, comme
36:33 on pouvait l'entendre, sur la
36:35 perspective de baisses de taux, et donc, on ne juge
36:37 pas des valeurs
36:39 de croissance, des valeurs qui vont profiter
36:41 d'une revalorisation avec les baisses de
36:43 taux, ou est-ce qu'il y a quelque chose d'autre qui vient
36:45 amener du carburant ?
36:47 - Oui, alors le cycle de
36:49 baisses de taux directeur, c'est
36:51 un premier élément. - C'est un amorçage ?
36:53 - Ce n'est pas le seul, évidemment. Ça relance
36:55 un nouveau cycle de croissance à notre sens.
36:57 Alors, ça va élargir justement
36:59 les idées d'investissement, puisque
37:01 on va revenir sur des cycliques,
37:03 ça y est, on a à nouveau des perspectives de redémarrage
37:05 d'un nouveau cycle de croissance.
37:07 On va pouvoir peut-être enfin aussi revenir sur
37:09 ce segment totalement oublié
37:11 des small limit cap qui a extrêmement
37:13 souffert. On retrouvera probablement
37:15 des belles histoires, on pourra
37:17 les écouter parce que les niveaux de financement
37:19 ne seront plus les mêmes. Et puis surtout, plus fondamentalement,
37:21 à notre sens, on amorce
37:23 un nouveau cycle qui va être
37:25 basé sur l'investissement des entreprises,
37:27 qui est un nouveau cycle
37:29 à gérer à moyen terme, c'est une dizaine d'années
37:31 généralement à minima, dans
37:33 un monde qui est complètement différent du monde
37:35 qu'on a vécu ces 10-15 dernières années,
37:37 qui est un monde plus inflationniste,
37:39 probablement plus instable géopolitiquement,
37:41 mais qui doit faire face
37:43 à beaucoup d'enjeux et de défis à relever,
37:45 notamment les défis environnementaux, par exemple.
37:47 C'est-à-dire que toutes ces entreprises doivent
37:49 se réinventer pour faire face à ces sujets-là.
37:51 On peut avoir l'impression que certaines sont plus protégées
37:53 que d'autres, mais pas tant que ça au final.
37:55 Et donc, il y a des investissements
37:57 importants à faire, et ça va être le nouveau
37:59 moteur de ce cycle de croissance.
38:01 Donc là, c'est très intéressant parce qu'on a un cycle de croissance
38:03 qui est plus vertueux,
38:05 plus solide. Et c'est ça qu'on va...
38:07 qu'il va falloir construire maintenant
38:09 pour une nouvelle histoire, et pour les années à venir.
38:11 - Oui, je comprends. Mais en tout cas, une logique de marché
38:13 qui sera très différente plus tard,
38:15 après les premières baisses de taux,
38:17 par rapport à ce qu'on constate
38:19 et ce qu'il faut avoir aujourd'hui en portefeuille.
38:21 - Clairement. Un monde plus inflationniste,
38:23 notamment. Donc ça change la donne
38:25 par rapport à ce qu'on a vécu. - Ça rejoint ce que vous disiez.
38:27 On va vivre dans un monde où l'inflation
38:29 sera plus volatile,
38:31 avec un tilt peut-être un peu
38:33 plus à la hausse que ce qu'on a eu au cours
38:35 des 10-15 dernières années. C'est ça, Adil ?
38:37 - Ça, c'est une conviction assez profonde.
38:39 Après, on peut passer des heures
38:41 là-dessus, mais c'est pas le sujet.
38:43 On a changé de monde aujourd'hui.
38:45 Les coûts salariaux, le coût unitaire
38:47 du travail, aujourd'hui, il est dans une
38:49 trajectoire qui est haussière. Voilà. Ça peut baisser,
38:51 ça peut monter, mais globalement, avec
38:53 la démographie, le veillissement de la population,
38:55 pour moi, c'est très inflationniste. Ça, on le voit sur le long terme.
38:57 Voilà. C'est pas en horizon 1 mois,
38:59 c'est du très très long terme. Et mécaniquement,
39:01 ça, c'est des boîtes qui doivent
39:03 s'adapter à cette inflation salariale.
39:05 Est-ce qu'elles peuvent le
39:07 répercuter sur leur chiffre d'affaires,
39:09 générer du résultat en face ? C'est la grande question.
39:11 Et moi, je rejoins complètement ce qui a été
39:13 dit. C'est-à-dire qu'on aura
39:15 une année en deux temps. C'est clair que
39:17 les banques centrales, elles vont donner le "là",
39:19 elles vont donner le premier tilt, pour ensuite
39:21 pouvoir permettre à certains acteurs,
39:23 notamment sur le marché d'action, d'émerger
39:25 et vraiment de retrouver
39:27 un second souffle. Ça, c'est fondamental.
39:29 - Et par exemple, la dimension
39:31 small cap, on a eu
39:33 quand même cette fin d'année
39:35 qui a permis de penser
39:37 un peu les plaies de ce marché-là.
39:39 Mais c'était...
39:41 Je ne vais pas dire que c'était un faux départ, mais ce n'était pas encore
39:43 le vrai départ pour vous ?
39:45 - Malheureusement, non.
39:47 Parce que les small cap, ça reste
39:49 un marché qui est assez particulier.
39:51 Parce qu'il y a vraiment des histoires où, quand on voit la micro,
39:53 quand on voit les résultats, on a
39:55 des surprises qui dépassent très largement ce qui est
39:57 attendu. Et bizarrement, on a un -10, un -5.
39:59 Il y a aussi, on va dire,
40:01 des effets techniques. Il y a quand même le concurrent numéro 1
40:03 des small et mid cap, le marché du
40:05 private equity, qui est
40:07 comme il est, qui a ses difficultés,
40:09 ou pas, on en pense ce qu'on veut.
40:11 Forcément, il faut un catalyste qui soit
40:13 très fort pour amener des flux. In fine, il faut
40:15 des flux pour que les marchés montent. Il faut des acheteurs.
40:17 Aujourd'hui, ces acheteurs-là
40:19 sont dans les poches d'allocations. Les small cap,
40:21 elles n'ont pas encore la part belle.
40:23 - Vous confirmez aussi l'idée qu'il n'y a
40:25 pas eu de flux, ou en tout cas, pas de flux
40:27 significatifs pour entretenir
40:29 quelque chose d'un peu plus persistant à ce stade
40:31 sur les stocks ? - Non, alors, ça monte
40:33 par contre, je pense, l'accrédibilité de ce scénario.
40:35 C'est-à-dire que, fin
40:37 d'année, on a vu cette espèce de faux départ.
40:39 Mais ce qui montre bien que quand on va avoir
40:41 parce qu'on a, en fait, on ne sait pas quoi,
40:43 on a anticipé un cycle de baisse des
40:45 taux plus fort et plus rapide. - Et prématuré.
40:47 - Oui, oui, c'est ça. - Dès la fin d'année. Trop rapide.
40:49 - C'était une répétition, en fait. - Voilà.
40:51 Et ça montre juste qu'on y est prêt, mais il faut maintenant
40:53 il faut vraiment que ça se confirme
40:55 par la réalité de ce cycle de baisse des taux directeur.
40:57 Et en fait, on a voulu aller un tout petit peu trop vite
40:59 sur cette fin d'année dernière.
41:01 - Bon. À propos de
41:03 baisse de taux,
41:05 il y a un risque,
41:07 je ne sais pas, que la Banque Centrale
41:09 Européenne se retrouve quand même en position
41:11 d'erreur à un moment ou pas ?
41:13 Hervé ?
41:15 Avec peut-être une économie américaine
41:17 toujours plus résiliente qui mènerait
41:19 la première baisse de taux de la Fed assez loin,
41:21 plus loin dans le calendrier qu'est-ce qu'on imagine aujourd'hui.
41:23 Et s'il faut
41:25 respecter la séquence d'une Fed
41:27 qui est leader
41:29 dans les changements de cycle
41:31 et de réglage de politique monétaire, est-ce que ça peut
41:33 emmener la BCE dans une erreur
41:35 un peu douloureuse
41:37 pour l'économie en zone euro ?
41:39 - La difficulté
41:41 pour la BCE, c'est que
41:43 il n'y a pas de croissance.
41:45 On est à croissance zéro.
41:47 Et que
41:49 l'inflation, alors, elle a
41:51 ralenti, mais que
41:53 ce qu'il y a derrière ce ralentissement,
41:55 donc on parlait des
41:57 coûts unitaires du travail,
41:59 ça n'envoie pas de signaux pérennes
42:01 sur le ralentissement.
42:03 Et donc la BCE,
42:05 elle, elle a un mandat qui est
42:07 d'abord la lutte contre l'inflation.
42:09 Et donc elle dit "je n'y suis pas".
42:11 Ce qu'elle espère, c'est qu'à l'horizon
42:13 des prochains mois, sur la
42:15 productivité, sur les salaires,
42:17 il y aura des signaux plus positifs
42:19 qui permettent de mettre
42:21 en accord les perspectives sur
42:23 l'activité, les perspectives sur les prix.
42:25 Pour le moment, on n'y est pas.
42:27 Et comme son mandat, c'est
42:29 l'inflation, on a un peu ce dialogue
42:31 de sourds entre des marchés qui lui disent
42:33 "il faudrait que tu baisses parce que
42:35 tu vois bien que nous, ça va pas fort".
42:37 C'est au moins le
42:39 sous-jacent, en ressources économiques,
42:41 de la formation des résultats.
42:43 C'est pas terrible. Mais elle,
42:45 qui répond "pour le moment, je ne peux pas".
42:47 Et donc, alors, est-ce qu'on peut
42:49 la forcer à aller plus vite que
42:51 la musique ? Je ne crois pas.
42:53 Elle va se draper dans son mandat
42:55 et elle dira "c'est pas le moment".
42:57 Donc en fait, l'ajustement, il va
42:59 moins être du côté de la BCE
43:01 que du côté des marchés.
43:03 Les marchés, ils reçoivent la leçon
43:05 de la Fed aujourd'hui, c'est pour plus
43:07 tard, et ils doivent comprendre que
43:09 derrière cette leçon, il y a la même chose
43:11 du côté BCE. Il y a eu un moment,
43:13 l'espoir, la BCE va faire plus
43:15 vite que la Fed, parce que la
43:17 situation est plus mauvaise, et donc comme elle est plus
43:19 mauvaise, l'inflation va rentrer dans le rang
43:21 plus vite. Mais ça, aujourd'hui,
43:23 alors, est-ce que c'est une chimère ? J'en sais rien.
43:25 Mais au moins, ce n'est pas ce qu'on voit.
43:27 Donc en fait, une erreur
43:29 de la BCE, je ne crois pas.
43:31 Par contre, un appel à une
43:33 plus grande patience des marchés,
43:35 c'est possible, et l'erreur
43:37 dans ce cas, comme sur les Etats-Unis d'ailleurs,
43:39 aura été plutôt du côté du
43:41 marché, quoi.
43:43 - Bon, le marché qui a un peu réajusté,
43:45 effectivement, son calendrier d'anticipation
43:47 de baisse de taux, mais on est
43:49 toujours quand même dans cette discussion, pour ne pas dire
43:51 ce bras de fer, entre
43:53 les marchés, les anticipations de
43:55 marchés et la communication
43:57 des banques centrales. On a passé les
43:59 premières séries de réunions de début d'année,
44:01 les prochaines auront lieu courant
44:03 mars, 7 mars pour la BCE,
44:05 et 19 et 20 mars pour la réserve fédérale américaine.
44:07 Merci à vous trois. Merci d'avoir été
44:09 les invités de Planet Marché ce soir.
44:11 Cécile Lamort, Shell Surprise Gestion, Benoît Vesco,
44:13 Delubac Asset Management et Hervé Goulet
44:15 de Kerr, à Curaci.
44:17 - Le dernier quart d'heure de SmartBank chaque soir,
44:29 c'est le quart d'heure thématique, et le
44:31 thème ce soir, c'est justement un focus
44:33 autour d'une grande thématique d'investissement
44:35 qui est celle de la mobilité
44:37 et de la logistique. Une
44:39 thématique d'investissement qui a été
44:41 mise en musique récemment chez
44:43 J.O. Ambrot à travers la franchise
44:45 Regnan, qui est la
44:47 franchise d'investissement durable
44:49 de J.O. Ambrot, et Bertrand Lecourt, qui est
44:51 avec nous pour en parler, le responsable des stratégies
44:53 d'investissement thématique chez J.O. Ambrot. Bonsoir
44:55 Bertrand. - Bonsoir. - Merci d'être là. Oui, je dis
44:57 pas de bêtises. Regnan, c'est la franchise
44:59 tournée vers l'investissement durable
45:01 de J.O. Ambrot. - Je dirais ce qui est un peu
45:03 non-traditionnel, c'est donc cette thématique, avec
45:05 un biais ESG, bien sûr. - Bon. La thématique
45:07 nouvelle que vous avez mise en musique,
45:09 sous forme de fonds, de stratégie,
45:11 c'est la thématique autour
45:13 de la mobilité globale et de
45:15 la logistique.
45:17 Bertrand, je sais que, derrière
45:19 la construction de ce fonds,
45:21 il y a deux ans de travail,
45:23 deux ans de réflexion. Quelle a été
45:25 justement la nature de la réflexion
45:27 qui vous a amené
45:29 à construire cette thématique ?
45:31 Et dans cette réflexion,
45:33 qu'est-ce qui a guidé justement
45:35 la construction de cette stratégie ?
45:37 Je m'explique.
45:39 Où est-ce que vous avez vu des bonnes idées ?
45:41 Où est-ce que vous avez vu des pièges à éviter
45:43 également, pour
45:45 implémenter cette idée
45:47 de mobilité et de logistique ?
45:49 - Eh bien, c'est tout un travail
45:51 en amont qu'il faut faire et comprendre déjà
45:53 dans quel univers on évolue. Il faut
45:55 comprendre que depuis très longtemps,
45:57 depuis l'après-guerre, on a quand même une évolution
45:59 du marché. On regarde les zones géographiques
46:01 ou les secteurs, alors que le monde
46:03 a beaucoup changé. Il y a une harmonisation des comportements
46:05 au niveau mondial. Pour les gens,
46:07 il y a une classe moyenne qui fait 40-50%
46:09 de la population mondiale qui va aller à 60-70%
46:11 en terme et dans des zones
46:13 qui sont complètement différentes, donc la consommation change.
46:15 Les biens de production, les échanges
46:17 vont aussi changer. Et il faut
46:19 comprendre aussi quels sont les invariants physiques
46:21 dans ce nouvel monde. On parle beaucoup de la tech,
46:23 etc. Mais quand on regarde le premier
46:25 point-corps thématique qu'on avait développé
46:27 avec l'eau et les déchets, c'est le reflet de ce que nous sommes
46:29 en tant qu'êtres humains. On devient riche,
46:31 on consomme de l'eau, de la matière, etc.
46:33 Et quand on devient riche, et qu'une autre personne
46:35 devient riche, ou une zone riche, ou une autre zone riche,
46:37 la prochaine chose qui se passe, c'est qu'on échange.
46:39 Donc c'est le
46:41 biais du développement économique,
46:43 c'est l'échange. L'échange en bougeant
46:45 les géants, on bouge les gens, et on bouge
46:47 les biens. C'est la même histoire. C'est le mouvement perpétuel,
46:49 mais dans une révolution
46:51 des acteurs connexions, des choses
46:53 qui vont changer. Donc ça veut dire remettre en place
46:55 les entreprises dans cette chaîne de valeur,
46:57 des choses qui bougent. Et donc
46:59 cette chaîne de valeur, on a identifié à peu près 8 poches
47:01 qui se divisent,
47:03 4 poches pour
47:05 les entreprises
47:07 qui vont créer les choses qui bougent,
47:09 les voitures, les trains, les avions, etc., les équipementiers,
47:11 etc. Et puis l'autre poche
47:13 qui vont utiliser ces choses qui bougent.
47:15 Donc c'est toujours se déplacer
47:17 soit les biens vers les gens, ou les gens
47:19 vers les biens. On l'a vu pendant le Covid, quand on arrête
47:21 tout, on va tout débloquer.
47:23 Et la consommation a changé, aujourd'hui,
47:25 plutôt que d'aller dans les boutiques,
47:27 et de perdre du temps,
47:29 et de faire plusieurs boutiques, etc., ça ne va pas.
47:31 On va peut-être prendre un téléphone,
47:33 acheter notre pantalon, et après
47:35 il y a énormément de fric. - Mais il y aura toujours quelque chose qui bouge ?
47:37 - Toujours. Il y a l'information qui entre en direct,
47:39 mais le mouvement
47:41 a complètement changé. Il y a beaucoup de pression
47:43 dans le monde, et des choses qui vont y changer. Donc on a
47:45 fait un gros travail en amont. On va
47:47 en identifier à peu près 1500 valeurs dans le monde,
47:49 qui représentent 15 trilliards.
47:51 Grosso modo, il faut se dire, à peu près 15 à
47:53 20% du GDP de l'économie mondiale
47:55 est lié aux choses qui bougent.
47:57 - D'accord. Le mouvement crée 15 à 20%
47:59 de la richesse mondiale.
48:01 - Voilà. Et puis ça a évolué continuellement
48:03 en termes de volume, de croissance des volumes,
48:05 et puis en croissance aussi de développement économique.
48:07 Donc ce n'est pas qu'une histoire de révolution
48:09 électrique, qui n'est que 5 à 10%
48:11 de l'histoire. 84%
48:13 de l'histoire, ce sont ces choses réelles qui bougent,
48:15 ce sont des mouvements physiques,
48:17 de biens et de personnes.
48:19 - Ce n'est pas un fonds... C'est Global Mobility
48:21 and Logistics Funds. Ce n'est pas
48:23 un fonds comme Mobilité du Futur
48:25 véhicule électrique.
48:27 C'est une
48:29 petite partie de l'histoire, mais ce n'est pas
48:31 l'histoire centrale de ce fonds.
48:33 - C'est vraiment s'exposer à une nouvelle réalité
48:35 des échanges, qui est en plein
48:37 bouleversement.
48:39 On voit dans ce qu'on appelle reverse logistics,
48:41 quand on va consommer des choses
48:43 qu'on a commandées sur Amazon ou sur des biens
48:45 en ligne, il y a toute une information derrière
48:47 qui va passer et 30% des choses vont revenir
48:49 dans la chaîne de valeur. Donc il y a ça
48:51 qui est important, mais aussi la façon dont on va se déplacer
48:53 nous-mêmes, si on va prendre
48:55 sur Expedia, Booking, Uber pour faire venir les choses,
48:57 aller au travail par ce qu'on appelle
48:59 l'économie du partage sur
49:01 le rail ou les biens de la Serre-en-Province,
49:03 ou si on choisit nous-mêmes d'avoir notre propre
49:05 bien de locomotion, ou si on va
49:07 faire transporter
49:09 des biens à de grandes distances, en grande quantité,
49:11 en petites distances, très local.
49:13 - Ce qui est incroyable, c'est qu'on voit bien
49:15 l'importance du déplacement
49:17 depuis la période de
49:19 la Covid, mais encore avec l'actualité
49:21 récente,
49:23 la route maritime de la mer Rouge
49:25 qui n'est plus employable aujourd'hui
49:27 par un certain nombre de
49:29 transporteurs, est-ce que c'est une situation
49:31 qui va devenir structurelle ou qui va
49:33 durer dans le temps, je n'en sais rien. En tout cas, on voit
49:35 bien que cet aspect
49:37 de déplacement est central
49:39 effectivement dans nos économies et
49:41 peut-être qu'à un moment même, c'était
49:43 tellement évident qu'on ne le voyait plus.
49:45 Et ça revient
49:47 je trouve de manière assez spectaculaire
49:49 sous nos yeux, comme ça, au fur et à mesure
49:51 de l'actualité. Et il faut le dire
49:53 aussi, des chocs et des frictions
49:55 et des tensions géopolitiques
49:57 qui se deviennent
49:59 récurrentes aujourd'hui. - Exactement, c'est pour ça
50:01 que ces fonds thématiques cœur comme le léché qu'on a développé,
50:03 c'est invisible parce que
50:05 ça marche très très bien. Et le jour où ça ne marche plus,
50:07 tout est grippé.
50:09 Et la mobilité à l'eau logistique, c'est aussi important, c'est invisible.
50:11 Ça marche bien parce que c'est déplacer
50:13 les bons trucs au bon endroit, dans les bonnes conditions,
50:15 au bon prix, etc. Et on a vu
50:17 pendant le Covid qu'il y a un problème, tout se grippe.
50:19 Donc quand on regarde l'invisible,
50:21 c'est un variant qui est clé. On s'aperçoit
50:23 que c'est une mine d'entreprises qui sont
50:25 extrêmement
50:27 cratérices de richesse,
50:29 avec du pricing power,
50:31 avec des capacités d'adaptation. Il y aura des segments
50:33 qui vont souffrir, comme on voit dans la voiture électrique.
50:35 On ne sait pas qui va gagner.
50:37 Mais on peut passer
50:39 à travers cette révolution de la voiture électrique. - On peut contourner
50:41 le problème, dites. - Et voilà.
50:43 On achète des équipements entiers. Parce que les voitures électriques,
50:45 il y a plus de torque, ça va abîmer
50:47 les pneus plus rapidement. On peut jouer du Michelin.
50:49 Sur les freins, on peut jouer
50:51 du Brembo. Et s'il y a aussi,
50:53 je ne sais pas, des nouvelles connexions
50:55 entre les voitures, on peut les jouer. Et si ce n'est pas ça, on va peut-être
50:57 plutôt jouer les voitures qui
50:59 sont peut-être à risque. Pourquoi ne pas jouer
51:01 toute l'histoire de la logistique, qui sont les camions.
51:03 On ne peut pas parler des camions
51:05 électriques, mais il y aura une optimisation,
51:07 des allocations de ressources. Et s'il y a des
51:09 frictions sur le
51:11 trading entre les grandes zones géographiques,
51:13 le re-ensuring prend le relais
51:15 et il y a plus de pression
51:17 sur les systèmes à terre. Donc aux Etats-Unis,
51:19 plutôt que de trader avec d'autres grandes zones, on va
51:21 réutiliser le rail, on va se reconnecter,
51:23 des nouvelles zones de logistique,
51:25 des camions pour les dernières vingt,
51:27 pour le last mile logistique et le reverse logistique dans les villes.
51:29 Et ça, ça va
51:31 développer de la croissance et de la
51:33 création de valeur. - Dans la construction
51:35 du portefeuille,
51:37 vous le disiez,
51:39 on a identifié un univers d'environ
51:41 1500 valeurs au départ,
51:43 qui a été réduit à quelques centaines,
51:45 et qui, dans le fond,
51:47 se retrouve à quelques dizaines de valeurs
51:49 aujourd'hui en portefeuille, c'est ça Bertrand ?
51:51 - C'est important de savoir définir son univers pour savoir
51:53 être le mieux positionné dans l'univers,
51:55 et de savoir aussi comment l'univers d'investissement
51:57 évolue. Donc on a identifié à peu près
51:59 1500 valeurs, qui sont
52:01 15 trilliards de marques et cas, c'est petit, c'est pas petit,
52:03 c'est 5 à 6 fois plus gros que
52:05 le fonds qu'on avait initialement.
52:07 Donc c'est une capacité à 10 milliards de dollars
52:09 pour un fonds, c'est pas gadget,
52:11 on a une grosse capacité à investir
52:13 dans les boîtes liquides, et puis on a
52:15 réduit, grosso modo, par zone
52:17 géographique, US, Europe, reste du monde,
52:19 il y a beaucoup dans le reste du monde, c'est énorme,
52:21 tous les fauteurs de croissance sont là,
52:23 on a regardé les CAPI au-dessus d'un milliard,
52:25 on a regardé la liquidité, on a fait des zones d'exclusion pour les entreprises
52:27 qui ne sont pas très bien exposées
52:29 sur les armements, des choses problématiques,
52:31 après on a regardé 20 ans
52:33 de capacité à créer de la valeur,
52:35 et on a réduit 500 entreprises,
52:37 et sur ces 500 entreprises, on a pris
52:39 les 150 milliards dans lesquels on fait un portefeuille
52:41 de près de 30 à 50 valeurs.
52:43 Et bien décorrélés dans
52:45 les 4 poches qu'on a vues,
52:47 soit les constructeurs de choses qui bougent,
52:49 ou soit ceux qui vont les opérer.
52:51 - C'est une stratégie
52:53 qui est censée se comporter
52:55 comment dans le temps, Bertrand ?
52:57 Est-ce que c'est un
52:59 tilt pour un allocataire cyclique,
53:01 très cyclique, ou est-ce
53:03 qu'il y a quand même l'idée qu'on arrive
53:05 à rendre
53:07 le comportement de la stratégie
53:09 un peu acyclique ?
53:11 - Alors c'est intéressant, on avait développé
53:13 initialement notre fonds qui marche bien
53:15 pour l'eau et les déchets, c'est une croissance défensive.
53:17 Là c'est une croissance un petit peu plus agressive.
53:19 Donc en fait les deux se combinent très très bien.
53:21 Donc on est toujours sur le même tigre de risque-rendement
53:23 comme des valeurs tech, mais on a des trucs complètement différents,
53:25 parce que c'est plutôt des industriels
53:27 et des consos et des services.
53:29 Donc complètement l'opposition
53:31 d'une allocation classique.
53:33 Mais ce qu'on voit effectivement, c'est
53:35 ce qui huile l'économie
53:37 classique.
53:39 Quand l'économie est un peu plus stabilisée et que tout repart,
53:41 ça va très très bien se comporter.
53:43 Donc comment jouer un rebond d'économie
53:45 réelle, en dehors de la tech qui a été
53:47 le rebond des dernières, c'était des taux sans risque et de la tech,
53:49 si ça, ça se normalise, ces entreprises
53:51 tech qu'on ne va pas doubler tous les trois ans,
53:53 ça devient un peu plus normalisé,
53:55 on va jouer l'économie réelle et le développement
53:57 des échanges. Comment jouer ça ?
53:59 On ne peut pas jouer dans une allocation classique
54:01 sectorielle. Donc on a créé cet univers
54:03 qui est très efficace et qui a une stabilité
54:05 du cash avec des fondamentaux très bons.
54:07 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, un portefeuille
54:09 comme celui-ci, c'est 22% de retour sur
54:11 actions, ça traite à 14 fois
54:13 les résultats nets, il y a
54:15 2,5% de dividende à 3%,
54:17 il n'y a presque pas de dette du tout, c'est 0,5 fois
54:19 la dette sur les résultats,
54:21 et 6% de free cash flow,
54:23 donc 10 à 15 années de cash flow. Donc on trouve
54:25 des perles magnifiques. Dans un système
54:27 où on était comme dans les déchets il y a 15 ans,
54:29 un gros pricing power du cash,
54:31 de la conversion et une croissance en
54:33 accélération. - Un des enjeux
54:35 de la gestion thématique aussi, c'est de
54:37 bien calibrer la pureté du
54:39 portefeuille, en l'occurrence
54:41 par rapport au thème défini.
54:43 Bertrand, comment vous mesurez
54:45 la pureté du portefeuille
54:47 par rapport à cette thématique de la mobilité
54:49 logistique ? - C'est un des grands points
54:51 différentiants de ce qu'on fait chez Regnat,
54:53 c'est qu'on met d'abord
54:55 le fonds dans une logique
54:57 d'investissement et de pureté
54:59 et de faire des travaux bons pour les investisseurs.
55:01 Donc quand on fait un prospectus comme celui-ci,
55:03 on va définir l'univers de l'investissement. Première chose,
55:05 on a vu que c'est des retours qui sont au-delà
55:07 du Mississauga depuis 20 ans,
55:09 donc ça barre l'économie réelle,
55:11 ça va aller plus vite. Les rapports
55:13 des ingénieurs américains
55:15 voient que le transport et la logistique, ça va aller
55:17 entre 7 et 9% de croissance par an,
55:19 donc 3 fois plus vite que l'économie américaine dans les 5 prochaines
55:21 années. Donc 1, rendement,
55:23 2, pureté, pour être sûr
55:25 que 90%
55:27 des activités sont tirées par la mobilité
55:29 et la logistique. Donc chaque
55:31 entreprise sont décomposées
55:33 par des chiffres d'affaires.
55:35 C'est ce qui tire le portefeuille.
55:37 C'est pour ça qu'il y a eu
55:39 beaucoup de smart mobility,
55:41 électricité, mais quand on regarde tous ces macro
55:43 chipmakers, c'est que 20% qui est la mobilité,
55:45 donc le fonds va tirer par quelque chose qui est plus
55:47 techie et quand ça s'enverser, on n'aura pas
55:49 la dynamique. Et le troisième point,
55:51 c'est l'EG, en intégration pour des raisons
55:53 fondamentales régulatoires. Et puis
55:55 un quatrième point qu'on a mis en place mais qui n'est pas
55:57 dans la régulation, c'est quand même un fonds
55:59 qui permet l'accès
56:01 aux biens essentiels pour les gens
56:03 et l'accès au développement essentiel pour les entreprises.
56:05 Et ça c'est un point hyper
56:07 important, cette capacité à avoir une liberté
56:09 de développement
56:11 mais qui est mappée sur un autre article.
56:13 - Il y avait avec l'eau et les déchets
56:15 le besoin primaire,
56:17 le besoin indispensable
56:19 pour commencer à créer
56:21 du développement économique et là, on a
56:23 le deuxième étage, c'est ça ?
56:25 Avec la mobilité qui est
56:27 au cœur des échanges et au cœur justement
56:29 du développement économique mondial.
56:31 - Exactement. Et dans le budget d'un ménage, c'est des choses incompressibles.
56:33 C'est-à-dire que, on prend un ménage
56:35 moyen dans un pays européen, par exemple,
56:37 20 à 25%
56:39 des dépenses sont liées directement ou
56:41 indirectement à bouger les choses. Soit
56:43 pour aller travailler, soit pour aller en vacances,
56:45 le taxi ou la partie qui est dans la consommation.
56:47 3% c'est l'eau et les déchets,
56:49 après 15% l'énergie,
56:51 30% votre loyer
56:53 ou votre maison et le reste, c'est résiduel
56:55 avec la consommation. Donc on ne peut pas compresser ces choses.
56:57 Et comment se protéger sur le fait qu'on
56:59 est un avancé nistre ?
57:01 On peut être exposé à ce type de valeurs
57:03 qui nous protègent.
57:05 - Ça peut être un poste de dépense, ça peut être
57:07 aussi un poste d'investissement
57:09 pour couvrir
57:11 effectivement le coût de ces dépenses.
57:13 Merci beaucoup Bertrand. Merci pour
57:15 venir nous éclairer sur ces gestions
57:17 thématiques, ces grands thèmes d'investissement.
57:19 En l'occurrence, on parlait avec vous du
57:21 fonds Regnan Global Mobility and
57:23 Logistics Fund et vous êtes responsable des
57:25 stratégies d'investissement thématique chez
57:27 J.Ambro. Bertrand Lecour était
57:29 l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.
57:31 [Musique]
57:33 france.tv access
57:38 france.tv access
57:43 [Musique]