Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 ans
Le pays se classe quatrième en termes de nombre de morts par rapport à ses voisins européens. Un mauvais classement lié à plusieurs facteurs.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 ...
00:04 -Certains métiers sont plus dangereux que d'autres.
00:07 Mais dans tous les cas, des accidents surviennent au travail.
00:11 Et ils sont parfois mortels.
00:13 -Le métier de cordiste consiste à faire des travaux en hauteur.
00:17 Nous sommes descendus une équipe de 4 personnes.
00:21 Vincent s'est vu mourir.
00:23 ...
00:25 -Pierrick a été victime d'un grave accident
00:28 sur son lieu de travail.
00:30 Il décèdera après 6 jours de coma.
00:32 ...
00:34 -Derrière moi, c'est le collectif "Stop à la mort au travail"
00:37 qui marche pour ces victimes et réclame des mesures.
00:40 Pourquoi la France bat ses records macabres ?
00:43 C'est ce que je vous raconte en "Witness".
00:45 ...
00:48 -2 à 3 personnes décèdent chaque jour en France au travail.
00:52 Mais ces accidents, souvent évitables,
00:55 ne sont pas le fruit du hasard.
00:57 Claudine, qui tient ce salon de coiffure,
00:59 est la veuve de Pierrick, retrouvée écrasée par sa machine
01:02 il y a 2 ans, sans binôme ni caméra de surveillance.
01:06 ...
01:08 -Ce jour-là, Pierrick devait être en congé.
01:11 C'était entre Noël et le Nouvel An.
01:13 L'accident a eu lieu le 27 décembre 2021.
01:16 Et il a été rappelé par son entreprise.
01:20 Il est parti. C'était une matinée de maintenance.
01:23 Son binôme a dit qu'il ne pouvait pas me parler
01:26 parce qu'il était très choqué.
01:28 Et qu'il est parti, lui, chercher un outil.
01:32 Et qu'il est revenu une demi-heure après.
01:34 C'est lui qui l'a trouvé.
01:36 -Claudine, dite avoir été écartée des enquêtes,
01:39 on lui a communiqué aucune information.
01:42 -Je pense qu'il y a une certaine omerta
01:45 sur les accidents mortels au travail en France.
01:48 Parce qu'on n'en parle pas.
01:50 Mourir au travail en France, ça se fait pas.
01:52 Pourtant, c'est 2 morts par jour.
01:55 -La France est le champion d'Europe des accidents au travail.
01:59 ...
02:02 Et le 4e en termes de morts,
02:04 après Malte, la Lituanie et la Lettonie.
02:07 Nous avons rencontré l'auteur du livre "L'hécatombe invisible",
02:11 qui recense sur ses réseaux les morts au travail
02:14 depuis plus de 5 ans.
02:16 -En France, c'est compliqué.
02:17 On considère les accidents du travail comme un fait divers.
02:21 -Si la loi avait été appliquée, l'accident ne serait pas survenu.
02:25 Dans beaucoup de cas, les employeurs sont condamnés.
02:28 On a de moins en moins d'inspecteurs du travail.
02:30 Aujourd'hui, c'est un inspecteur du travail pour plus de 10 000 salariés.
02:34 Mais le rôle des inspecteurs est central.
02:37 Aujourd'hui, il y a des difficultés liées à des suppressions de postes
02:40 et à des difficultés de recrutement.
02:42 -Le BTP est un des secteurs les plus accidentogènes.
02:46 Nous avons suivi Rémi, un inspecteur du travail,
02:49 dans sa tournée de contrôle, toujours inopiné.
02:52 ...
02:53 -Vous vous équipez ?
02:55 -Oui, je suis en train de préparer le gilet fluo
02:58 pour bien se faire voir sur les chantiers,
03:00 parce que c'est un risque important.
03:03 Les risques de collision, de heurts entre les engins sur le chantier.
03:06 ...
03:13 Bonjour, messieurs.
03:14 Monsieur Bélois, inspecteur du travail.
03:16 -Enchanté.
03:17 -Bonjour. On est sur quel chantier, ici ?
03:20 -C'est 62 logements.
03:22 -Au-dessus des mines, au-dessus des marronniers.
03:25 -Et vous, vous êtes ?
03:27 -Je suis Franco Falcone, chef de chantier.
03:30 -Voilà.
03:31 Pourquoi il n'y a rien là pour protéger ?
03:34 Pourquoi vous n'avez pas remis une barrière errase, quelque chose ?
03:38 -On va la remettre.
03:39 -Lors de ce contrôle, Rémi aborde tous les aspects du chantier.
03:43 Il recoupera ensuite les informations.
03:45 -Tout le monde est en CDI, là, ou CDD, c'est intérim ?
03:49 -Qui est du CDI ? -Tout le monde.
03:52 -Tout le monde et puis un alternant, là-bas.
03:55 -D'accord. Major ?
03:56 -Major, ouais. -Major.
03:58 -Major, ouais.
03:59 -Toilettes, préfectoire...
04:03 ...
04:05 -J'ai vu des personnes qui se sont fait écraser
04:08 avec des éléments très lourds.
04:10 Ils ont eu les jambes...
04:12 J'ai déjà vu ça.
04:14 Pour parler du mien, j'ai fait une chute de 30 m
04:17 dans une canne à chasseurs.
04:18 Sécurité, je suis concerné.
04:21 -L'inspection du travail est débordée de dossiers
04:24 et manque de présence sur le terrain.
04:26 Mais ce n'est pas la seule raison de ce mauvais classement en Europe.
04:30 -Les sanctions, on pourrait considérer
04:32 que les sanctions sont relativement légères.
04:35 Il y a des amendes pénales, effectivement,
04:38 mais est-ce que c'est assez dissuasif ?
04:40 On pense à une grosse entreprise, le coût d'un mort,
04:43 pénalement, il n'est pas si élevé.
04:45 C'est 10 000 euros maximum par salarié
04:49 concerné par le manquement.
04:51 -La majorité des accidents ne sont pas mortels.
04:54 Les indemnités journalières correspondent à 60 %
04:58 du salaire journalier pour l'arrêt de travail
05:00 après un accident, dans toutes les professions.
05:03 ...
05:05 -Nous sommes venus à Metz pour rencontrer Frédéric,
05:08 un cordiste dont la vie a basculé il y a 12 ans,
05:11 en voyant mourir au travail 2 de ses collègues.
05:14 ...
05:18 -Nous sommes descendus, une équipe de 4 personnes,
05:21 dans ce qu'on appelle un trou d'homme.
05:23 C'est un trou d'une ouverture d'environ 80 cm,
05:27 qui est en partie sommitale du silo.
05:29 Un silo de sucre, un sucre en poudre.
05:31 Nous sommes descendus 40 m sur corde.
05:34 Il reste à peu près 10 m de sucre.
05:36 Une fois qu'on était positionnés sur cette croûte de sucre,
05:39 on a libéré un peu de tension sur corde.
05:42 Ils ont ouvert les trappes alors qu'on était dessus.
05:45 Mes collègues ont été ensevelis en très peu de temps.
05:48 Le sucre, c'est pas de l'eau, c'est très dense.
05:51 Si on a une jambe qui est prise dans le sucre,
05:54 on peut plus la sortir.
05:55 Arthur est parti très vite.
05:57 C'est un trou qui s'ouvre et qui se referme immédiatement.
06:00 Vincent s'est mis un peu plus de temps.
06:02 C'est même lui qui m'a dit de couper ma corde
06:05 parce que j'étais pas pris dedans.
06:07 Je pense que Vincent s'est vu mourir.
06:09 ...
06:15 -12 ans après,
06:16 les séquelles de Frédéric sont encore palpables.
06:19 Il n'a pourtant toujours pas été indemnisé.
06:23 -Il y a des silos.
06:24 Je peux en voir.
06:25 Je suis en position d'évitement.
06:27 Moins j'en vois, mieux je me porte.
06:29 Le sucre en poudre, j'en ai pas chez moi.
06:31 Je vois que ça prend beaucoup de temps.
06:34 C'est usant.
06:35 On se sent abandonné.
06:36 Une histoire comme ça devrait être réglée tout de suite.
06:40 Les gens qui travaillent, en général,
06:42 c'est pour gagner des sous.
06:43 C'est pas pour perdre sa vie à essayer de la gagner.
06:46 ...
06:50 -Sur le chemin du retour, Rémy découvre un nouveau chantier.
06:53 -Oui, c'est là.
06:54 ...
07:02 Bonjour.
07:03 Monsieur Bélois, l'inspection du travail.
07:05 ...
07:08 -Vous voyez, c'est même pas plein, le plancher.
07:12 Et puis, on a rien, quoi.
07:14 ...
07:16 En tout cas, je peux pas vous laisser travailler comme ça.
07:19 ...
07:22 En plus, vous le savez.
07:24 -C'est le dépannage.
07:25 -Oui, mais le capot et tout ça, c'est où ?
07:27 -C'est l'autre machine-guide.
07:29 -Et ça, pourquoi il y a pas le capot ?
07:31 -C'est parce que c'est moi qui l'ai retiré.
07:34 -Et pourquoi ?
07:35 -Pour moi, il est coupé plus loin.
07:38 -Ah oui, moi, je comprends leur travail.
07:40 Ce que je comprends pas, c'est pourquoi nous,
07:43 on est pris entre les deux.
07:44 En fait, nous, derrière, il faut se dépêcher
07:47 pour déterreur de s'en sortir.
07:49 Et si on fait vraiment comme on nous demande tout,
07:51 on s'en sort pas.
07:53 On y arrive pas.
07:54 Moi, sur une maison, quand j'ai fini une maison comme celle-ci,
07:57 en gros, il reste 1 500 euros.
07:59 Là, demain, monsieur me demande un toilette.
08:01 Rien qu'avec les 1 500 euros.
08:03 -T'es tranquille. -Ouais, j'allais venir, ouais.
08:05 -Non, mais c'est vrai. -Ouais.
08:07 -Des cadences forcées, un manque de sanctions et de contrôles,
08:11 des travailleurs et/ou des accidents non déclarés.
08:14 Les raisons de cette situation sont sans doute multiples.
08:17 Mais en attendant,
08:18 les victimes et leurs familles ont décidé de s'unir.
08:21 ...
08:23 Aujourd'hui, ils rendent hommage à Pierrick, le mari de Claudine,
08:26 et à toutes les victimes d'accidents au travail.
08:29 Leur collectif s'appelle "Stop à la mort au travail".
08:32 ...
08:34 Ils ont aujourd'hui 200 à participer à cette marche.
08:37 ...
08:39 -C'est une famille.
08:40 -Ca nous donne la force d'avancer.
08:44 -Ouais.
08:45 -Et on y trouve aussi beaucoup de résilience dans ce combat.
08:48 -La force est un objectif.
08:51 ...
08:55 -Ca fait chaud au coeur de savoir comment on est soutenus comme ça.
08:59 Je pensais pas.
09:00 ...
09:03 -Pour Claudine et ses 2 enfants,
09:05 le long processus de la justice se met seulement en route.
09:08 Mais pour faire le deuil de Pierrick,
09:10 ils ont décidé d'installer une plaque commémorative.
09:13 ...
09:16 -Ensemble, maintenant, nous sommes devenus une association
09:19 et nous travaillons à faire évoluer les mentalités face à ce fléau
09:23 qui représente près de 3 morts par jour en France.
09:26 ...
09:30 -Une association qui a pour objet la mise en contact des familles,
09:34 mais aussi l'obtention des moyens pour en finir
09:36 avec cette véritable écale-tombe invisible.
09:39 ...
09:40 -Laurent, 22 ans.
09:41 ...
09:43 Joël, 57 ans.
09:44 ...
09:45 Damien, 36 ans.
09:46 ...
09:49 Lénaïque, 15 ans.
09:50 ...
09:51 Steven, 27 ans.
09:53 ...
09:54 Axel, 18 ans.
09:56 ...
09:57 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations