- 27/12/2023
Débat avec Maître Jérôme Goudard et Rudy Manna, porte-parole national du syndicat de police Alliance
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00:00 Il est 9h32 sur Sud Radio et on ouvre le grand débat du matin à Marseille entre guerre des gangs et trafic de drogue.
00:06 48 personnes ont été abattues depuis janvier, soit 14 de plus qu'en 2022. L'année 2023 est un record.
00:13 Comment intervenir efficacement ? La question qu'on vous pose ce matin, homicide record à Marseille.
00:18 Faites-vous confiance en l'État pour lutter efficacement contre les trafics de drogue ?
00:22 Pour nous éclairer sur ce sujet, notre premier invité est Maître Jérôme Goudard.
00:27 Et Rudy Mana, porte-parole national du syndicat de Police Alliance. Bonjour messieurs et bienvenue.
00:32 Bonjour. Bonjour à vous deux et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:37 Ce chiffre record déjà d'homicide lié au trafic de drogue donc à Marseille après une année qui avait déjà été record en 2022.
00:45 Rudy Mana, déjà pour tenter de comprendre ce qui se passe, à quoi c'est dû en priorité selon vous ?
00:51 Est-ce que c'est une concurrence accrue aujourd'hui entre les gangs ou est-ce que c'est la conséquence de la lutte qui déstabiliserait peut-être les dealers, les trafics ?
01:01 Écoutez, c'est le mix un peu de tout ça. Vous savez, les policiers, ils luttent avec courage, dévouement et détermination pour casser ces réseaux de trafic de stup.
01:11 Il est évident que quand on arrive à fermer, je crois que la préfète de police a dit qu'on allait fermer 70.
01:17 Vous savez, ces mecs-là, ils n'ont pas envie de perdre les milliers d'euros qu'ils engrangent tous les jours.
01:22 Donc, qu'est-ce qu'ils font ? Ils essayent de trouver un autre point de vente pour ne pas perdre l'argent qu'ils récupéraient sur le point de vente qu'ils avaient.
01:30 Donc, ça, c'est une première chose.
01:31 Et la deuxième chose, il faut se dire les choses, ça ramène tellement d'argent qu'ils essayent de terroriser les autres réseaux pour être un peu les seuls dans la place à gagner le maximum d'argent.
01:42 C'est un peu un jeu de guerre.
01:44 C'est un jeu de chaises musicales.
01:46 Ils essayent de déglinguer l'autre, de détrousser l'autre, de le pousser hors de son territoire pour récupérer le sien et ramener encore un petit peu plus d'argent.
01:57 Vous savez, le nerf de la guerre dans tout ça, c'est l'argent.
02:00 Forcément, Maître Jérôme Goudard, ceux qui se retrouvent aujourd'hui derrière les barreaux en lien avec ces trafics de drogue, c'est quoi ?
02:07 Ce sont des gros poissons ou encore aujourd'hui, des petites frappes ?
02:12 La grande majorité, ce sont les personnes qui sont en bas et au milieu de l'échelle.
02:18 En bas et au milieu de l'échelle, j'écoute avec attention Monsieur du syndicat Rudi Manar.
02:26 La vraie difficulté, il y a plusieurs difficultés, c'est multifactoriel si vous voulez.
02:32 Le gros problème, c'est l'approvisionnement.
02:35 On pourra engendrer toutes les actions possibles, inimaginables dans les quartiers.
02:42 Dès lors qu'on ne se sera pas attaqué au problème d'approvisionnement, qui est un problème qui est beaucoup plus global que dans ces territoires précis,
02:52 je pense qu'on aura quand même des difficultés à endiguer ce phénomène.
02:57 Avec ces homicides qui se multiplient, Rudi Manar avec un dernier.
03:02 Le dernier en date, c'était dans la nuit de lundi à mardi.
03:06 Cette fois-ci, vous me confirmez ou pas, c'est plutôt un chef de gang qui a trouvé la mort dans cette fusillade ?
03:14 Ça a été un ancien chef de gang de la cité La Castellane, une cité extrêmement connue en Marseille puisqu'elle a vu naître Zinedine Zidane.
03:22 C'est la cité du 15e arrondissement de Marseille.
03:25 C'est une cité qui est un haut lieu du point de vente de trafic de stupéfiants tout simplement parce qu'il se trouve à côté d'une sortie d'autoroute.
03:32 Donc les consommateurs, c'est beaucoup plus facile pour eux de venir et de prendre immédiatement l'autoroute pour partir.
03:37 Effectivement, l'individu qui a été abattu est un ancien chef de gang.
03:42 C'est un individu qui tenait cette fameuse tourcade à la cité La Castellane, qui rapportait entre 60 et 70 000 euros par jour.
03:49 Il avait été condamné pour ça il y a quelques années.
03:52 Il a fait huit ans de prison, me semble-t-il.
03:55 Et depuis qu'il est sorti, il était hors des radars.
03:57 Et il semblerait qu'il n'ait pas été hors des radars pour tout le monde puisqu'il a été pris pour cible hier.
04:02 Et il faut le dire, exécuté.
04:04 Il a été littéralement exécuté par des individus à coups de Kalashnikov, comme on a l'habitude de le voir à Marseille.
04:10 Ils lui ont laissé aucune chance.
04:12 Il était sorti de prison, je crois, il y a trois mois ou quelque chose comme ça.
04:17 Parmi les solutions mises en place par le gouvernement, on a eu pas mal d'annonces.
04:25 On a eu notamment cette CRS 8 qui s'est installée du côté de Marseille.
04:29 On a eu cette mise en place des amendes forfaitaires délictuelles.
04:34 Pas mal de mesures annoncées, mises en place.
04:37 Pour quel bilan ?
04:39 De ce que j'ai cru comprendre, la grande majorité des amendes n'est pas réglée.
04:43 Ça c'est le premier point. CRS 8, c'est pas leur métier d'origine.
04:48 On leur demande de faire du maintien de l'ordre.
04:50 Le maintien de l'ordre c'est une chose.
04:52 Le travail d'investigation, un travail de longue haleine qui prend du temps.
04:56 C'est évidemment une autre mission qui est dévolue au service de police judiciaire.
05:02 Mais là on est véritablement dans de la politique, dans de la communication.
05:08 Est-ce que la réforme de la police, voulue depuis deux ans et qui est en train de se mettre en oeuvre, va favoriser les choses ?
05:17 Je suis pas certain que face à des multinationales de ce type-là, parce qu'on parle vraiment de multinationales,
05:23 avec des personnes qui ont des rôles bien dédiés, avec des moyens financiers qui sont colossaux,
05:31 je suis pas certain que le CRS 8 soit en mesure d'endiguer le phénomène loin de là.
05:37 Et je pense qu'on est d'ailleurs, nous, auxiliaires de justice, et pas que, que ce soit les magistrats, les avocats, mais également la police.
05:45 C'est un d'ailleurs des sujets sur lesquels on se rejoint à mon sens, je sais pas ce qu'en pensent Rudy et madame,
05:50 mais je crois que ça fait plutôt l'unanimité sur le fait que le travail d'investigation de la police judiciaire,
05:56 le fait de décentraliser et de diluer cette activité dans un cadre de maintien de l'ordre,
06:03 ça risque d'être compliqué face à des organisations qui sont de plus en plus organisées.
06:08 Rudy Mana, la police comme la justice sont puissantes à elles seules finalement pour endiguer le phénomène ?
06:15 Alors vous savez, je vais pas vous dire qu'on est impuissants, parce que franchement ça lancerait un très mauvais message à tous ces gens qui vivent dans les cités,
06:21 qui subissent ce trafic de stups, que ces personnes ne s'inquiètent pas, on va continuer à y aller, on va continuer à taper ces trafics de stups.
06:28 À rentrer dans les quartiers ? Ou pas ?
06:30 Bien sûr qu'on y rentre et tous les jours on interpelle des petits trafiquants, le maître le disait,
06:35 on interpelle le bas d'échelle et le moyen d'échelle, c'est la PG qui essaye d'interpeller de temps en temps un mec en haut du réseau,
06:46 mais c'est loin d'être évident parce que souvent ils sont dans des pays étrangers,
06:49 enfin moi ce que je veux pas c'est qu'on messege que la police va continuer à travailler,
06:52 on dit souvent qu'on vit d'océan à la petite cuillère, franchement oui, on vit d'océan à la petite cuillère,
06:57 parce que le trafic de stups en France c'est un océan,
07:00 et il y a des flics qui rentrent dans les cités avec leur petite cuillère et tous les jours ils essayent de vider un bout de seau,
07:05 mais vous avez bien compris que ça suffit pas.
07:07 Moi ce que je crois aussi aujourd'hui, vraiment, parce que ça fait dix ans qu'on l'a perdu,
07:11 c'est recréer un dialogue avec ces jeunes, parce que je vous assure qu'il n'y a plus de dialogue du tout avec ces minots de cités,
07:19 les seuls qui rentrent dans ces cités...
07:21 Qu'est-ce que ça te permettrait de changer la situation, de reprendre le dialogue, l'échange avec ces jeunes ?
07:27 Le dialogue déjà c'est de leur expliquer tous les méfaits du trafic de stups,
07:32 et vous savez il y a des gens qu'on n'entend jamais pour parler de stupéfiants, ce sont les médecins.
07:36 En fait les médecins on les entend jamais, et moi j'aimerais entendre des médecins qui disent que le stupéfiant avant 21 ans c'est une catastrophe pour les gamins,
07:45 parce que c'est eux qui vont le dire, c'est eux qui ont la bonne parole là-dessus,
07:49 et j'ai envie de voir des politiques aller dans des collèges,
07:51 j'ai envie de voir des médecins, des magistrats, des policiers, des associations de quartier qui sont légitimes et qui ont pignon sur rue,
07:59 et j'ai envie qu'on aille avec des professeurs ou des directeurs d'établissement,
08:02 parler à ces gamins-là, bien sûr que ce n'est pas la solution finale,
08:05 bien sûr qu'on n'arrivera pas à sortir 100% de ces gamins,
08:08 mais si au moins on en sort 20 ou 30% en leur expliquant que c'est vraiment de la merde le cannabis,
08:13 et que rentrer dans les trafics de stup, ça ne donne que deux issues, c'est soit la prison, soit le cimetière,
08:19 et bien peut-être que quelques-uns réagiraient dans le bon sens du terme,
08:22 tout ça on ne le fait plus depuis que la police de proximité n'existe plus,
08:26 donc il faudrait le recréer d'une autre manière pour passer des bons messages.
08:30 Maître Jérôme Goudart.
08:31 Plus de 25% de chômage à Marseille, plus de 25% de chômage à Marseille,
08:36 le dialogue, monsieur a parfaitement raison, je pense que, encore une fois le problème...
08:40 Sous-entendu c'est que la pauvreté engendre...
08:43 Je vous dis c'est multifactoriel, il est bien évident que lorsque vous êtes dans des quartiers,
08:47 que vous avez une opportunité professionnelle qui est moindre que dans d'autres régions,
08:52 ou dans d'autres catégories sociales, forcément...
08:54 Vous avez le choix entre un SMIC et puis faire beaucoup plus d'argent sur un trafic.
08:58 Comme le disait monsieur, on est sur certains points de vie, c'est entre 50 et 80 000 euros par jour,
09:03 je veux dire il y a un moment donné, vous ne pouvez plus comparer, on est sur une autre planète,
09:08 forcément quand vous avez ce système-là, conjugué au fait qu'on est dans une ville qui est très particulière,
09:14 de par sa situation géographique, de par les différentes...
09:19 les antécédents de corruption que cette ville a pu vivre,
09:22 on est sur une ville très particulière et il faut pouvoir analyser la situation de manière beaucoup plus globale que cela.
09:29 Encore une fois, c'est un peu le serpent qui se mord la queue,
09:34 à savoir, si on ne règle pas le problème avec des coopérations judiciaires qui tiennent la route,
09:40 la France et le Maroc ne se parlent quasiment plus.
09:45 Le Rif, c'est la région du monde où vous avez la plus grande production de cannabis.
09:51 Dubaï, c'est un endroit où vous avez effectivement une sorte de base de repli pour un certain nombre de personnes.
09:57 Dubaï, on nous parle d'un magistrat de liaison français à Dubaï,
10:01 on l'attend, il devra arriver dans les jours.
10:04 - On va y revenir là-dessus dans un instant, mais d'abord, juste sur le gouvernement,
10:08 qui cible finalement ? C'est de plus en plus les consommateurs.
10:12 On le voit avec les amendes forfaiteurs délictuelles,
10:14 on le voit avec la question qui a été lancée, le débat sur l'inscription de la consommation de drogue aux casiers judiciaires.
10:20 - Ça y était déjà.
10:22 - C'est pas acté complètement.
10:24 - Ça y était déjà, mais en fait, si vous voulez, moi j'ai l'impression qu'on n'est plus dans une politique du chiffre.
10:28 On est dans une politique du chiffre et de dire "voyez, ça baisse".
10:32 On verbalise, il y a des personnes qui sont condamnées, et c'est une politique du chiffre.
10:37 Mais, je veux dire, encore une fois, si on ne s'attaque pas à l'origine du problème,
10:40 on en reparlera encore dans dix ans, je veux dire, ça sera l'éternel recommencement de cette histoire qui ne finira pas.
10:47 Et le problème, il vient d'une véritable coopération européenne que vous n'avez pas dans les enquêtes.
10:53 Alors, vous l'avez très très a posteriori dans certains cas précis,
10:56 mais en règle générale, dans les dossiers d'importation, les coopérations européennes,
11:00 et je pense que monsieur est très au fait de cela, vous ne l'avez pas.
11:04 Et deuxièmement, c'est les coopérations judiciaires.
11:06 Alors, il faut un plan européen, mais un vrai plan européen anti-drogue.
11:10 Un peu ce qu'on avait pu avoir à l'époque en 2015 en matière de terrorisme,
11:15 ça avait plutôt correctement fonctionné, mais en matière de drogue, c'est vrai,
11:19 on a l'impression peut-être que le problème est un petit peu moindre.
11:22 Et puis, une coopération judiciaire avec d'autres pays hors Union européenne,
11:26 notamment le Maroc.
11:28 - C'est toute la question, effectivement, et on va revenir sur ce point-là,
11:31 la question de la coopération et le nerf de la guerre.
11:33 S'attaquer aux fournisseurs, bien sûr, étrangers, qui sont parfois des Marseillais,
11:37 qui sont partis aussi à l'étranger, on y revient dans un instant.
11:40 Vous restez avec nous, maître Jérôme Goudard et Rudi Manna.
11:42 A tout de suite sur Sud Radio.
11:44 - Le Grand Matin Sud Radio, 7h10h, Benjamin Gleize, Marie Linero.
11:49 - Bonne matinée sur Sud Radio, il est 9h46 et on continue le débat autour du record de mort à Marseille.
11:54 Cette année, 48 personnes ont été abattues sur fond de concurrence entre vendeurs et de stupéfiants.
11:59 Depuis janvier, comment intervenir efficacement ?
12:02 Et on retrouve nos deux invités, maître Jérôme Goudard et Rudi Manna,
12:06 porte-parole national du syndicat de police Allianz.
12:09 - Et oui, on parlait à l'instant de la question de la coopération internationale,
12:13 puisque c'est sans doute là que tout se joue, c'est ce que vous nous disiez,
12:16 maître Jérôme Goudard, Rudi Manna, sur cette question de la coopération internationale.
12:20 Au niveau de la police, comment ça se passe ? Est-ce qu'elle est suffisamment développée ou pas ?
12:25 - Vous savez, je vais vous raconter une anecdote.
12:28 Il y a quelques semaines, on est parti en délégation avec Allianz au Parlement européen
12:32 et on a discuté de la coopération déjà européenne pour les polices.
12:37 Déjà, je vous assure, c'est super compliqué.
12:40 En fait, quand vous faites une chasse d'un pays à un autre,
12:43 la France ne veut pas que vous rentriez dans son territoire, parce que vous comprenez,
12:46 chaque État veut garder ses prérogatives en matière de sécurité,
12:49 ce qui est tout à fait légitime.
12:51 Mais je crois qu'on est dans l'Europe aujourd'hui.
12:53 Donc si on n'est pas capable de s'entendre entre Européens,
12:55 vous imaginez comme c'est compliqué d'avoir des relations avec le Maroc,
12:58 où je suis d'accord avec maître Goudard, où effectivement, tout vient du Maroc.
13:02 Enfin, pas tout, mais une énorme partie vient du Maroc.
13:04 - Et bien d'où la drogue en gros qui arrive à Marseille ?
13:07 Elle transite par où, Rudi Manna ?
13:10 - Par l'Espagne, Maroc, Espagne, et ensuite ça arrive à Marseille.
13:14 Mais le problème, c'est qu'on n'a effectivement plus du tout de relation avec le Maroc.
13:18 Donc c'est très difficile aussi d'être en coopération avec ces pays-là.
13:23 Donc en fait, on reçoit dans la gueule cet afflux de stupéfiants qui nous arrêtent,
13:27 et nous on nous demande ce fameux océan, et nous on nous demande après
13:31 de l'écopéer avec des petits seaux, des petites cuillères.
13:34 C'est ça la vraie difficulté que nous avons aujourd'hui.
13:37 Et effectivement, si on pouvait intervenir en amont,
13:41 ça serait formidable, comme les consommateurs.
13:43 On nous dit effectivement, s'il n'y a pas de consommateurs, il n'y a pas de vendeurs.
13:47 On a du mal à faire payer les ASD aux consommateurs.
13:50 - Combien ? 30% ?
13:52 - 35% environ, vous vous rendez compte ? Il y en a 65%.
13:56 - C'est des sgrouf, quoi, ça !
13:58 - C'est des sgrouf. L'idée, elle serait bonne si on arrivait à faire payer 80-90% des gens.
14:04 Sauf qu'on n'arrive pas à les faire payer.
14:06 Et après, on a même demandé, l'idée saugrenue, l'idée magique est sortie.
14:10 On a demandé aux policiers de prendre un appareil à carte bleue pour faire payer les gens.
14:14 Et puis quoi, une faune de caisse aussi, comme ça on leur rend un liquide ?
14:16 Non, mais les mecs, ils ont des idées, c'est dingue.
14:19 Il y a des trésors publics qui ont la capacité de faire ça, c'est à eux de faire ça.
14:22 Et moi, je suis favorable, parce qu'ils recouvrent 90% ou même 100% des amendes.
14:26 Mais c'est évident que s'il y en a 3 sur 10, ça n'a pas l'effet escompté.
14:30 - Je vais mettre Jérôme Gouden, ça vous fera gérer. - Encore une fois, c'est du chiffre.
14:34 C'est du chiffre. Vous imaginez les moyens que vous monopolisez pour pouvoir
14:38 verbaliser des personnes qui fument sur la voie publique du shit ?
14:42 C'est des moyens que vous pourriez mettre ailleurs.
14:46 Mais on verbalise. Alors effectivement,
14:50 les amendes, je ne connaissais pas précisément le chiffre, je sais qu'en très grande majorité,
14:54 elles ne sont pas payées, mais vous voyez, 30 ou 35% des amendes impayées sont payées.
14:58 C'est rien du tout. Non, le problème, il est... Là, en fait, si vous voulez,
15:02 on fait... on fait un petit... on recolle un petit peu
15:06 les morceaux, mais le vrai problème, le fait de pouvoir
15:10 travailler, faire de la chirurgie précise,
15:14 en se disant "comment on fait pour limiter l'approvisionnement ?" Malheureusement,
15:18 c'est un problème qui est récurrent. Ça veut dire quoi ?
15:22 Que, quelque part, le diplomatique tient un peu le judiciaire en l'État.
15:26 C'est-à-dire ? C'est-à-dire que tant que vous n'aurez pas géré
15:30 cet afflux, tant que vous n'aurez pas géré les relations
15:34 diplomatiques avec certains pays, avec une coopération,
15:38 vous aurez toujours de la drogue. Rudy Mana, j'en parlais tout à l'heure aussi,
15:42 on se rend compte qu'on a certains Marseillais qui pilotent finalement ces trafics
15:46 de drame, mais pas depuis Marseille. Depuis l'étranger, c'est ça ?
15:50 Oui, oui, tout à fait. Vous avez des têtes de réseau
15:54 qui sont à Dubaï, en Algérie, dans les pays du Maghreb
15:58 ou ailleurs, et qui pilotent les réseaux.
16:02 Vous en avez même qui pilotent de la prison ces réseaux-là. Donc, vous imaginez
16:06 les difficultés que nous avons. Vous savez, on parle de Marseille,
16:10 mais malheureusement, le problème s'est agrandi puisqu'on a des villes autour
16:14 de Marseille, pas très loin en tout cas, Avignon, Nîmes, on a vu à Nîmes
16:18 tout ce qui s'est passé l'été dernier, Cavaillon, Nice aujourd'hui, qui est particulièrement
16:22 touché. Pourtant, des efforts considérables sont faits par la mairie de Nice
16:26 également pour aider la police nationale. Mais en fait, c'est partout. Et on se retrouve
16:30 dans une situation où il n'y a pas malheureusement qu'au Marseille, mais le phénomène
16:34 de marseillisation, vous appelez ça pour les règlements de comptes, il a lieu
16:38 partout, Dijon, Valence, etc. C'est ça la vraie difficulté que nous avons
16:42 et j'ai bien peur que ça prenne au fur et à mesure, que ça gangrène toute la France.
16:46 Maître Jérôme Goudaille, réaction à cela ? Et puis, il y a aussi la question
16:50 du blanchiment d'argent, est-ce qu'on peut s'attaquer à ça ou pas ?
16:54 Compliqué, mais on peut s'y attaquer. Alors juste pour rebondir,
16:58 oui, ça se passe partout en France. Moi, je passe
17:02 le plus clair de mon temps dans les trains, dans les voitures, dans les avions.
17:06 J'étais à Nantes il y a quelques semaines, à Douai, à Roubaix, à Bordeaux.
17:10 Le problème, il n'est pas spécialement marseillais.
17:14 Marseille, c'est particulier parce qu'il y a le nombre d'assassinats
17:18 que vous avez mentionnés. Mais ce problème, il est effectivement global
17:22 en France, je veux dire, et dans les campagnes de plus en plus.
17:26 Sur la question du blanchiment d'argent, est-ce que ça peut être une manière aussi
17:30 peut-être de lutter plus efficacement contre ces trafics, selon vous, ou pas ?
17:34 Oui, bien évidemment. L'autorité judiciaire s'y attaque.
17:39 De toute façon, vous avez un certain nombre de sociétés qui blanchissent,
17:43 notamment dans le BTP, qui sont poursuivies. On a des services Girs,
17:48 avec des audiences Girs, en matière de criminalité organisée,
17:52 où vous avez des personnes qui n'ont pas grand-chose à voir directement avec le trafic,
17:56 mais qui sont à la tête d'un certain nombre de sociétés qui ne sont pas en mesure
18:00 de justifier un certain type de revenus. Il y a le problème
18:04 aussi de l'avènement, si vous voulez, des crypto-monnaies.
18:09 Des crypto-monnaies qu'on a du mal à endiguer.
18:13 C'est un phénomène qui est totalement nouveau pour l'autorité judiciaire,
18:16 pour les services de police. Donc il faudra de l'adaptation.
18:20 Bien évidemment, de la formation, de l'adaptation.
18:24 Mais dans nos dossiers, on voit qu'au fur et à mesure, l'autorité essaie
18:28 de s'adapter à cela. Mais c'est un problème, oui.
18:32 Rudy Mana, est-ce que vous savez, vous, comment on blanchit l'argent à Marseille ?
18:37 Par quel biais ? Maître Jérôme Goudard nous parlait notamment du BTP.
18:41 Oui, Maître Goudard l'a dit, c'est souvent le BTP.
18:45 Vous savez, vous avez ces petits commerces de proximité aussi,
18:49 qu'ils ouvrent, ils mettent des fonds à l'intérieur, ils les déclarent.
18:53 C'est super compliqué. En fait, effectivement, s'attaquer au blanchiment d'argent,
18:57 c'est super difficile. Il faut que nous, politiciens, on progresse aussi là-dessus.
19:01 Il faut qu'on s'adapte à ça, que la justice s'adapte à ça. Je crois que le procureur de Marseille,
19:05 qui est vraiment déterminé à ce niveau-là, en a parlé à sa conférence de presse
19:09 il y a quelques jours, il veut s'attaquer à ça. Il va falloir qu'on s'y attaque,
19:13 parce qu'il ne faut pas hésiter à saisir, à saisir systématiquement maintenant
19:17 et en grosse quantité les biens de ces individus. Alors, je sais qu'on est
19:21 dans des cadres légaux, ce n'est pas toujours facile avec les multiples lois françaises,
19:26 parce que vous imaginez bien que ces mecs-là, ils ne prennent pas les commis d'office
19:30 comme avocats. Ils prennent des avocats qui valent 60-70 000 balles,
19:34 ils les payent comme il faut et je peux vous garantir qu'ils sont bien défendus, alors que nous,
19:38 quand on plique, on est mis en difficulté, on prend les avocats qu'on peut.
19:42 - Maitre, si je peux relativiser un petit peu les choses,
19:46 j'étais il y a quelques mois dans un procès à Marseille,
19:50 sur 15 jours, qui ne touchait que le blanchiment de l'association de malfaiteurs
19:54 en matière de trafic de stups. Je puis vous dire que les peines
19:58 qui ont été prononcées pour certains sont extrêmement lourdes.
20:02 Donc la justice n'est pas laxiste en la matière.
20:06 Après, effectivement, c'est compliqué parce qu'il y a des circuits qui sont opaques,
20:10 il y a des circuits un peu occultes, mais la justice n'est absolument pas laxiste
20:14 en matière de blanchiment, surtout quand il s'agit de condamnés.
20:18 - Oui, mais c'est très bien, c'est exactement dans le sens de ce que je disais,
20:22 ce qu'a déclaré le procureur Besson, qui est arrivé à Marseille il y a quelques mois.
20:26 Je pense qu'ils vont être extrêmement durs là-dessus et je pense que c'est une absolue nécessité
20:30 parce que l'attaquer par le prisme de la police qui va péter
20:34 des réseaux de stups dans ces cités, ça ne marchera jamais.
20:38 Effectivement, on va interpeller, on va les embêter pendant
20:42 quelques heures parfois à Marseille, parce qu'à Marseille, c'est une heure après qu'il est reconstitué.
20:46 Mais ça ne sera pas la solution finale. Il faut qu'on l'attaque
20:50 de plein de manières différentes pour essayer de vraiment les mettre en difficulté
20:54 et de les faire vaciller. - Maître Jérôme Goudard, je l'ai les avoir, ça peut se faire
20:58 aussi à l'étranger, avec des Français qui sont
21:02 en dehors des frontières et qui pilotent aussi pour certains ces réseaux ?
21:06 - Oui, si les autorités du pays coopèrent.
21:10 Là, maintenant, c'est de la politique.
21:14 On n'est plus du tout dans le judiciaire,
21:18 c'est de la diplomatie, c'est de la politique, c'est quels accords ?
21:22 Est-ce qu'un magistral liaison va arriver à Dubaï, à Sainte-Lucie ?
21:26 Quand il y sera, qu'est-ce qu'il va y faire ? Est-ce que les autorités
21:30 françaises seront entendues ? Est-ce que la coopération sera effective ? Il suffit
21:34 qu'il y ait un événement comme par exemple le tremblement de terre au Maroc et puis vous vous rendez compte que
21:38 finalement tout fout le camp. Encore une fois, la diplomatie tient le judiciaire
21:42 en l'état. - Donc ça veut dire qu'aujourd'hui, le gouvernement
21:46 a potentiellement des solutions efficaces, entre ses mains,
21:50 mais il n'y va pas vraiment ?
21:54 - Il faudrait déjà repenser la manière dont les services d'investigation
21:58 travaillent en France et peut-être repenser cette réforme de la police
22:02 nationale qui manifestement ne va pas dans le sens des investigations
22:06 de longue haleine, comme c'est le cas en matière de criminalité organisée.
22:10 - Rudy Mana pour conclure sur le sujet ? - Oui, effectivement, cette réforme de la
22:14 politique judiciaire, vous savez, elle a fait hurler les copains de la PJ
22:18 qui sont là-dessus parce que, vous savez, c'est le haut
22:22 de la sphère, les enquêtes PJ. Donc vous ne pouvez pas les résoudre en 48 heures.
22:26 En fait, on a besoin de temps, on a besoin de l'investigation, on a besoin de moyens.
22:30 Donc je pense, très honnêtement, je pense qu'on va probablement accoucher
22:34 d'une souris parce qu'à Marseille, on a vraiment besoin de la PJ.
22:38 Il y a tellement de règlements de comptes, il y a tellement de trafic de stup' important qu'on a vraiment
22:42 besoin de la PJ comme on a besoin des policiers de sécurité publique de terrain et des policiers
22:46 d'investigation dans les sûretés départementales. On a besoin de tout le monde, chacun à leur place.
22:50 - Frédéric Brunyman, à porte-parole nationale du syndicat de Police Alliance, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
22:55 - Merci à vous. - Merci aussi, maître Jérôme Goudard d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
22:59 Bonne journée à tous les deux et merci pour ce débat.
23:03 On avait pris effectivement beaucoup de choses, c'était important aussi de l'avoir, ce débat 9h57
23:07 sur Sud Radio. Dans quelques instants, le meilleur de Sud Radio Média avec
23:11 Valérie Expert et Gilles Gonzeman. - Oui, ce matin, leur thème, c'est les sciences avec leurs deux invités
23:15 et puis ensuite il y a Philippe David. Jusqu'à 13h avec l'émission "Mettez-vous d'accord".
23:19 - Eh bien, on se met d'accord. Très bonne journée à tous sur Sud Radio. On se met d'accord à demain.
23:23 à demain.
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