Un sondage de l'UNPF révèle le profond mal-être de nombreux pharmaciens d'officines

Sud Radio

30/11/2023

Avec Christophe Le Gall, Président de l’UNPF (union nationale des pharmacies de France)

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##LA_VIE_EN_VRAI-2023-11-30##

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00:00 La vie en vrai à 6h38, celle des pharmaciens qui ont un coup de blouse

00:04 parce qu'il y a un sondage de l'Union Nationale des Pharmacies de France

00:07 qui révèle un certain mal-être de beaucoup de pharmaciens.

00:12 Nous sommes avec Christophe Le Gall, le président justement de l'Union Nationale des Pharmacies de France.

00:17 Bonjour.

00:17 - Oui bonjour, Patrick Fréjus.

00:19 - Bon, quel est le problème alors aujourd'hui ?

00:21 - En fait on se retrouve, merci de nous donner la parole,

00:25 parce que c'est vrai qu'aujourd'hui on se retrouve dans une équation compliquée

00:28 avec les pénuries de médicaments, les pénuries de personnel, la désertification médicale

00:33 et on se retrouve aujourd'hui devant des pharmaciens qui ont une incertitude économique

00:37 aujourd'hui de plus en plus grande.

00:39 Donc il y a un vrai ras-le-bol aujourd'hui des pharmaciens face à l'incertitude économique

00:45 puisqu'on est sur un milieu où les pharmacies sont sur un milieu économique mixte,

00:49 l'économie libérale et l'économie réglementaire.

00:52 Vous savez bien que nos rémunérations sont liées aux négociations avec l'État

00:56 et cette économie mixte a fait qu'aujourd'hui il y a beaucoup de pharmacies qui sont en danger.

01:01 - Qui sont en danger... parce que ça ne rapporte pas suffisamment ? C'est ça ?

01:07 - Non, non, non, non, je ne comprends plus tout.

01:10 - Parce que vous avez l'image des pharmaciens de plutôt avoir une vie confortable, de bien gagner votre vie ?

01:19 - Aujourd'hui la vie du pharmacien c'est une vie d'investissement économique sur du long terme,

01:25 c'est aujourd'hui un enjeu économique qui est de plus en plus compliqué,

01:29 trouver du personnel c'est devenu de plus en plus compliqué,

01:33 avoir des médicaments, il y a des pénuries de médicaments qui sont très importantes aujourd'hui,

01:38 donc ça complexifie complètement.

01:39 En fait l'image qu'on a aujourd'hui de la pharmacie d'il y a 20 ans ou 30 ans,

01:43 ce n'est plus celle qui se vit aujourd'hui.

01:45 - Vous...

01:47 - Il y a un down-out important des pharmaciens.

01:49 Après la fatigue du Covid, il y a aujourd'hui une difficulté

01:53 et puis il y a des pharmacies qui ne vont pas être reprises.

01:55 On va passer sur la barre des 20 000 pharmacies,

01:57 chose qui n'était jamais arrivée.

01:59 On a perdu 4000 pharmacies en quelques années.

02:01 - Oui, parce qu'avant c'est vrai qu'il y avait cet investissement,

02:05 cet achat d'une officine, d'une pharmacie,

02:07 et puis l'espoir de bien la revendre quand vous partiez à la retraite

02:13 et donc d'avoir de bonnes conditions.

02:17 Aujourd'hui il n'y a plus de garantie,

02:19 mis à part celles qui sont très bien installées dans les coeurs des villes etc,

02:22 mais pour les autres c'est plus complexe, c'est ça ?

02:25 - Au niveau rural, c'est aujourd'hui très compliqué de revendre sa pharmacie,

02:29 on va se retrouver avec des pharmacies qui vont fermer

02:31 et qu'on va trouver des repreneurs à la mise en retraite des pharmaciens.

02:34 Dans votre village, Saint-Gaultier, à la Ménitré,

02:39 dans tous les villages de France, il y aura des pharmacies qui vont fermer.

02:42 - Oui, oui.

02:43 Quelles seraient les solutions pour essayer de pallier à tous ces problèmes ?

02:47 - Aujourd'hui il y a déjà la condition des étudiants en pharmacie

02:50 qui ont manifesté, qui ont fait une grève le 21 novembre,

02:54 qui montraient des conditions qui n'étaient pas excellentes.

02:56 Donc ça fait qu'aujourd'hui il y a de moins en moins d'étudiants en pharmacie

03:00 pour prendre la relève, donc ça il faut donner un coup de pouce aux étudiants.

03:03 Et puis il faut aussi revaloriser aujourd'hui les rémunérations des honoraires des pharmacies

03:08 pour que à toutes ces problématiques de personnel, de médicaments,

03:11 ça ne se joue pas à un problème économique.

03:13 On investit aujourd'hui sur 8, 10 ou 12 ans

03:16 et les règles du jeu changent continuellement

03:18 et il y a une dégradation aujourd'hui des rémunérations.

03:20 On veut juste aujourd'hui que nos honoraires soient mettés sur l'inflation

03:24 et qu'on ne perd pas tous les ans une rémunération

03:26 qui permet de payer sa pharmacie sur 8, 10 ou 12 ans.

03:29 - Comment se calculent les honoraires d'ailleurs, Christophe Legal,

03:32 dans une pharmacie, sur un médicament ? Quel est le pourcentage ?

03:37 - Aujourd'hui les honoraires représentent 80% de la rémunération du pharmacien.

03:41 On est passé d'un système où on était sur la vente des médicaments,

03:44 une rémunération sur la vente des médicaments,

03:47 à 100%, à seulement 20% sur la vente des médicaments

03:50 et à 80% sur les honoraires.

03:52 Donc il faut que ces honoraires soient revalorisés en fonction de l'inflation

03:56 et c'est ce que demandent aujourd'hui les syndicats

03:57 pour qu'on a très belle négociation,

03:59 on ait une revalorisation qui permette aux pharmacies

04:01 d'aller au bout de leur activité.

04:04 On est les sentinelles de la santé aujourd'hui.

04:06 Aujourd'hui, dès que les gens ont besoin de santé,

04:09 ils poussent à bord d'une pharmacie,

04:11 il y a plus de 20 000 pharmacies,

04:12 on va passer par des 20 000 pharmacies,

04:15 on va encore augmenter la dé-réartification médicale.

04:18 Donc là, il y a vraiment quelque chose d'important à jouer

04:20 parce que les pharmaciens sont la plupart du temps

04:23 en milieu rural ou bien dans des situations difficiles

04:25 et se retrouvent proches du burn-out

04:27 et un burn-out, ce n'est pas seulement un coup de moins bien.

04:30 C'est vraiment une maladie aujourd'hui.

04:32 Il faut faire très attention.

04:34 - C'est le con, un pharmacien malade.

04:37 - Oui, on est des êtres humains.

04:40 Les pharmaciens en rural font des gardes toutes les 5 semaines.

04:43 C'est-à-dire qu'après une nuit de garde,

04:45 ils se retrouvent le lendemain matin à gérer leur officine.

04:47 Ce sont des situations qui ne sont pas simples.

04:49 On ne dit pas qu'on est plus malheureux,

04:51 on dit juste qu'il faut faire attention

04:53 parce qu'on a eu un rôle pendant le Covid qui était essentiel

04:55 et le réseau pharmaceutique

04:57 qui est si bien réparti en France

04:59 ne doit pas aujourd'hui disparaître

05:01 comme il risque de le faire dans les années qui viennent.

05:04 - Merci en tout cas de nous avoir alertés

05:08 parce que ce n'est pas si commun.

05:10 On sait que vous êtes le cœur de cette santé de proximité,

05:15 de la médecine de proximité.

05:17 L'image est en train de changer,

05:21 la réalité surtout, comme vous nous l'avez décrit ce matin.

05:23 Merci Christophe Le Gall,

05:25 président de l'Union Nationale des Pharmacies de France.

05:27 Il est 6h44, dans un instant les titres.

05:29 #OnEnParle

05:31 et un commissariat du futur, vous allez tout savoir.

05:33 Dans c'est bon à savoir, dans une dizaine de minutes.

05:35 dixaines de minutes.

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