Avec le retournement du marché du travail, les cadres ne sont plus les maîtres du jeu. Leurs prétentions salariales devront l'intégrer. La détérioration générale du climat de l'emploi, couplée à la multiplication des destructions de postes liées à la flambée des défaillances, marque ce renversement de tendance. Finalement, avec des pertes nettes d'emplois dans le secteur privé, le 3ème trimestre a marqué la fin de deux années euphoriques post-Covid. La remontée du taux de chômage est enclenchée et les cadres n'échapperont pas à cette nouvelle donne. Deux indicateurs vont dans ce sens. Côté volumétrie, le nombre d'offres d'emploi publiées sur le site de l'Apec a reculé de 13% au 3ème trimestre par rapport à la même période de 2022 et est passé sous son niveau de 2021. Exceptée la santé et l'action sociale, toutes les familles de métiers sont concernées, y compris les plus recruteuses comme la fonction « informatique » ou « commercial-marketing ». Pour les métiers des « ressources humaines », son reflux exprime le tassement général des besoins des entreprises en compétences « cadres ». [...]
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00:09 Avec le retournement du marché du travail, les cadres ne sont plus les maîtres du jeu.
00:14 Leurs prétentions salariales devront l'intégrer.
00:17 La détérioration générale du climat de l'emploi,
00:19 couplée à la multiplication des destructions de postes liées à la flambée des défaillances,
00:24 sont les marqueurs de ce renversement de tendance.
00:27 Finalement, avec des pertes nettes d'emploi dans le secteur privé,
00:31 le troisième trimestre a marqué la fin de deux années euphoriques post-Covid.
00:35 La remontée du taux de chômage est enclenchée et les cadres n'échapperont pas à cette nouvelle donne.
00:42 Deux indicateurs vont dans ce sens.
00:44 Côté volumétrie, le nombre d'offres d'emploi publiées sur le site de la PEC a reculé de 13% au troisième trimestre
00:51 par rapport à la même période de 2022 et est passé sous son niveau de 2021.
00:56 Excepté la santé et l'action sociale, toutes les familles de métiers sont concernées,
01:00 y compris les plus recruteuses, comme la fonction informatique ou commerciale marketing.
01:06 Pour les métiers des ressources humaines,
01:08 son reflux exprime le tassement général des besoins des entreprises en compétences cadres.
01:13 Les prochains mois iront dans le même sens.
01:15 La part des entreprises projetant de recruter au moins un cadre au cours des trois prochains mois diminue
01:21 et seuls 8% envisagent de diffuser au moins une offre d'emploi avant la fin de l'année.
01:26 Ce tarissement des offres survient au moment où la réforme des retraites va contraindre les collaborateurs à rester plus longtemps en poste.
01:33 Bref, les opportunités de mobilité externe comme interne vont se réduire.
01:38 Or, il s'agit de la voie royale pour être augmentée.
01:41 74% des cadres ayant changé d'entreprise sans connaître une période de chômage ont connu une augmentation salariale en 2022.
01:49 72% de ce promis en interne contre seulement 55% pour ceux qui n'ont pas bougé.
01:55 Après une année de transition en 2023, 2024 s'annonce beaucoup moins favorable sur ce terrain-là.
02:01 La mécanique même de la formation des rémunérations des cadres devient un handicap.
02:05 D'abord, pour beaucoup, une part conséquente de leur rémunération est variable.
02:09 Primes sur objectifs, commissions sur le chiffre d'affaires, etc.
02:13 Or, les perspectives de hausse sur cette partie s'assombrisent avec la dégradation de la conjoncture.
02:18 Tout comme celle liée au résultat de l'entreprise.
02:21 Ensuite, le pouvoir d'achat des salaires des cadres a particulièrement été attaqué par l'inflation.
02:26 L'accélération des prix en 2022 a en effet déformé l'échelle salariale.
02:31 En euro constant, seuls les salaires en bas de la distribution se sont presque maintenus en raison de la revalorisation du SMIC à hauteur de la hausse des prix.
02:39 Les autres ont baissé et de plus en plus fortement que l'on s'élève dans la distribution.
02:45 En cause, le profil de progression des cotisations sociales qui rend particulièrement onéreux les revalorisations des hauts salaires.
02:52 Pour contourner ce problème, les employeurs ont notamment joué sur les primes Macron, totalement défiscalisées et exonérées des cotisations sociales.
03:01 Un nombre croissant de cadres en bénéficie et le montant moyen versé s'est envolé entre 2021 et 2022.
03:07 Hors de pas leur nature, ces primes n'ont pas vocation à être pérennes.
03:10 Déjà, leurs avantages vont être reniés à partir du 1er janvier 2024, à quoi s'ajoute la fin de leurs exonérations d'impôts sur le revenu.
03:18 Autrement dit, pour un même effort de l'employeur, le salarié touchera beaucoup moins.
03:22 Enfin, les cadres ont plus qu'habituellement bénéficié de revalorisations collectives avec le retour d'une inflation forte.
03:29 Cette parenthèse va maintenant se refermer.
03:32 La pression est donc mise tout à zimut sur les rémunérations des cadres.
03:34 Ils avaient jusqu'à maintenant des poches de résistance, notamment les services à forte valeur ajouté, activités informatiques, juridiques et comptables, banques, assurances, etc.
03:44 Là où se concentrent beaucoup d'emplois cadres.
03:47 Mais là aussi, les perspectives d'activité, de création de postes se dégradent rapidement.
03:53 Assèchement des offres d'emploi, mobilité réduite, pression sur les salaires, parties variables comprimées, primes Macron moins intéressantes…
04:00 Les cadres risquent de déchanter en 2024.
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