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  • 31/05/2023
Anne Fulda reçoit Véronique Reille-Soult pour son livre «L’ultime pouvoir, la vérité sur l’impact des réseaux sociaux» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 - Bonjour Véronique Riesult. - Bonjour.
00:03 - Alors vous êtes connue depuis quelques temps parce que vous intervenez sur différents médias.
00:08 Vous êtes une experte en stratégie de réputation, de communication, de crise et surtout une spécialiste de l'opinion.
00:15 Vous venez justement de publier "L'ultime pouvoir, la vérité sur l'impact des réseaux sociaux", un livre qui est publié aux éditions du CERN.
00:22 L'ultime pouvoir est celui de l'opinion, il s'agit d'un pouvoir ignoré, voire méprisé.
00:27 En effet, l'opinion publique est rarement considérée comme un pouvoir à part entière, elle est presque toujours caricaturée ou tournée en dérision.
00:33 Ce sont les premières phrases de votre livre et on a envie de vous dire, pourtant, on a l'impression qu'avec l'arrivée des réseaux sociaux, c'est exactement le contraire.
00:40 L'opinion publique est magnifiée, ce n'est pas le cas ?
00:42 - Alors l'opinion publique s'exprime, l'opinion publique essaye de donner son avis, de participer au débat,
00:48 mais elle n'est pas forcément écoutée par les élites ou en tout cas elle est souvent caricaturée.
00:52 Donc c'est pour ça que je disais que ça n'est pas forcément pris avec la réalité de ce que veut dire être un cinquième pouvoir,
00:59 ou en tout cas un pouvoir à part entière qui pourrait s'apparenter au cinquième pouvoir.
01:02 - Oui, parce qu'elle a un pouvoir potentiel absolument gigantesque, cette opinion.
01:07 Alors, ce qui est très intéressant, c'est que votre livre est un livre qui est pédagogique,
01:12 qui, pour ceux qui n'y connaissent pas grand-chose, vous explique comment fonctionnent les réseaux, quels sont les réseaux.
01:17 Alors, vous avez une position qui est assez intéressante par rapport à d'autres,
01:21 parce que vous faites évidemment le constat que les réseaux sociaux, ce qu'il y a de pire et ce qu'il y a de meilleur.
01:25 Le pire, on le dit souvent, c'est les propos haineux, c'est les injures, le cyberharcèlement, les théories du complot.
01:33 Alors vous, votre position, c'est de dire, finalement, face à cela, ce n'est pas la contrainte et la sanction qu'il faut utiliser, mais l'intelligence collective.
01:42 Oui, forcément, quand vous avez des dérives, le premier réflexe, c'est de se dire, on va censurer, on va cadrer, on va encadrer.
01:48 Mais quand on regarde les volumes qui sont conséquents, c'est pour ça qu'au début du livre, j'essaye d'expliquer la réalité du volume que ça représente.
01:54 D'abord, on ne pourra plus l'arrêter, donc c'est là.
01:57 Et ensuite, quand vous demandez à quelqu'un de se taire, généralement, il va partir ailleurs, il va le dire ailleurs.
02:01 Et donc, ça ne résout pas fondamentalement le problème.
02:04 Et puis surtout, je pense que la réalité, c'est qu'il faut donner des moyens pour faire en sorte que, on va dire, le bon sens, ça peut sembler étonnant.
02:10 Mais oui, il y a une forme de bon sens quand même dans l'opinion publique, puisse faire en sorte que ce soit régulé.
02:15 Donc pour ça, il faut donner les moyens. On ne peut pas imaginer que les gens, tous seuls, arriveront à le faire.
02:19 Et les moyens, ça passe par deux, trois éléments. Mais on va dire, le maître mot serait sans doute la transparence.
02:24 Oui, parce que vous donnez quelques pistes pour donner ce que vous appelez une puissance positive à ce cinquième pouvoir.
02:31 Alors, il y a la transparence, mais il y en a d'autres.
02:33 Alors, la première, c'est effectivement la transparence sur les algorithmes, parce que personne ne les connaît.
02:37 Alors, beaucoup me disent, c'est utopique, les entreprises, les plateformes ne vont pas partager leurs secrets de fabrication.
02:44 Moi, je pense que s'il y a une obligation et une obligation internationale qui dit, vous devez partager vos algorithmes,
02:49 donc vous expliquez à vous, utilisateurs, quels sont les critères selon lesquels on va vous pousser des contenus.
02:54 C'est déjà un premier pas. Et le deuxième, c'est donner des moyens pour pouvoir modérer.
02:58 Donc aujourd'hui, vous pouvez signaler, par exemple, vous voyez un message qui est haineux,
03:01 vous avez l'impression qu'il y a quelqu'un qui est en train d'harceler quelqu'un d'autre ou qui tient les propos déplacés.
03:06 Vous pouvez signaler, mais vous ne savez pas ce que devient ce signalement.
03:09 Donc, de donner les moyens aux internautes, finalement, non seulement de signaler, mais de dire pourquoi ils signalent,
03:14 de suivre ce signalement, de faire en sorte que les choses bougent, de donner des moyens qu'on pourrait imaginer,
03:19 par exemple, avec l'intelligence artificielle et la naissance des images génératives.
03:23 Eh bien, il y a des internautes qui, avec des contre-technologies, seraient en mesure de dire,
03:27 c'est une image fabriquée ou ça, ça n'est pas une image fabriquée, et donc de pouvoir la certifier.
03:32 Vous pouvez imaginer des tas de choses ouvertes à l'intelligence collective, mais il faut avoir des moyens pour ça.
03:37 Oui, alors, on vous l'a dit souvent, mais c'est vrai qu'on serait prêté à croire que c'est quelque chose d'utopique
03:43 dans des réseaux sociaux qui sont plus sous le règne de l'émotion que de l'intelligence, enfin, collective ou pas.
03:50 Oui, ça peut sembler utopique, mais pour moi, ça semble moins utopique que d'imaginer que ce sont les plateformes
03:55 elles-mêmes qui vivent de la réalité de leur audience, qui vont devoir réguler, dépenser de l'argent pour faire en sorte
04:00 que vous ayez moins d'audience, ça semble quand même un peu, là pour le coup, utopique. En tout cas,
04:06 elle est à l'encontre du bon sens. Après, évidemment, ça ne résoudra pas tout, mais si vous donnez les moyens
04:11 aux internautes d'essayer de réguler, ça fonctionne. Il y a eu des tas d'exemples. En fait, il y a des plateformes
04:16 aujourd'hui qui fonctionnent en grande partie sur ce principe-là. Reddit, par exemple, qui est une plateforme
04:20 qui n'est pas très connue en France, mais qui est très connue aux États-Unis et qui fonctionne un peu partout dans le monde.
04:24 Et elle fonctionne sur cette logique. Ce sont les internautes eux-mêmes. Vous prenez Wikipédia,
04:29 quels qu'en soient les dérives, c'est une réalité. Ce sont des internautes qui modèrent et qui choisissent
04:34 la réalité de ce qui peut être mis en ligne ou pas. Donc, en fait, ça peut fonctionner. Mais de nouveau,
04:39 ça ne peut fonctionner que si on vous donne des moyens et si ça s'appuie aussi sur l'intelligence artificielle,
04:43 parce que vu les volumes, il faut quand même que vous ayez des outils.
04:46 Alors bon, je ne peux pas évoquer tous les sujets. En tout cas, c'est passionnant. Vous nous parlez notamment
04:53 d'une pratique oubliée qui est celle de la sérendipité, qui est l'un des points positifs des réseaux sociaux.
05:00 Et c'est ce qui est intéressant dans votre livre, c'est que c'est effectivement pédagogique.
05:04 Et dans le même temps, ça donne un point de vue qui n'est pas que négatif sur ces réseaux sociaux
05:07 qui ont reçu du bon. Donc, je vous conseille vraiment de le lire. Ça s'appelle "L'ultime pouvoir.
05:12 La vérité sur l'impact des réseaux sociaux", c'est paru aux éditions du CERF.
05:17 Merci beaucoup, Véronique Réif-Soud.
05:18 Merci beaucoup.
05:19 [Musique]
05:23 [SILENCE]

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