- 03/04/2023
"Gérald Darmanin fait beaucoup de mal à la République et à la démocratie en tenant ce genre de propos. Être en campagne pour Matignon ne justifie pas toutes les outrances" souligne Manuel Bompard, député (LFI) et coordinateur de la France insoumise.
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00:00 – Et notre invité politique ce matin c'est Manuel Bompard,
00:02 coordinateur de la France Insoumise, député des Bouches-du-Rhône.
00:04 Bonjour. – Bonjour.
00:05 – Alors nous sommes ensemble pendant 20 minutes pour une interview
00:07 en partenariat avec la presse quotidienne régionale
00:10 qui est représentée aujourd'hui par Fabrice Vesser-Redon.
00:12 Bonjour. – Bonjour.
00:13 – Rédacteur en chef au groupe Ebra des journaux de l'Est de la France.
00:17 – Bonjour Manuel. – Bonjour.
00:18 – Manuel Bompard, on va commencer par évoquer l'élection législative partielle
00:21 en Ariège avec, eh bien, cet échec pour la Nupes,
00:26 la victoire de la candidate dissidente socialiste Martine Frauger
00:29 contre la députée sortante insoumise Bénédicte Taurine
00:32 qui a été soutenue par la Nupes.
00:34 Comment vous expliquez cette défaite ?
00:37 – C'est une défaite effectivement.
00:39 Alors d'abord ce n'était pas une candidate dissidente socialiste
00:41 puisqu'elle n'avait été exclue du Parti Socialiste,
00:43 elle n'en était pas membre.
00:45 Bénédicte Taurine est arrivée en tête du premier tour
00:48 de manière assez large dimanche dernier.
00:52 Et là, manifestement, se sont regroupées autour de cette candidature dissidente
00:57 les voix des macronistes, les voix de la droite, les voix de l'extrême droite.
01:00 D'ailleurs j'observe que ceux qui saluent aujourd'hui l'élection de Madame Frauger
01:06 vont même de M. Dussopt jusqu'à M. Odule
01:09 qui est porte-parole du Rassemblement National.
01:12 Donc voilà, je pense qu'il y a eu une forme de coalition de circonstances
01:14 pour essayer de battre la candidate de la Nupes et je le regrette.
01:17 – C'est la faute aux divisions du Parti Socialiste
01:19 car Martine Frauger est quand même soutenue par des cadres du PS,
01:23 Annie Hidalgo, Carole Delga, le numéro 2 du PS, Nicolas Maillard-Rossignol.
01:27 – Ah ben clairement, on ne peut pas dire que l'ensemble du Parti Socialiste
01:30 a été en soutien de la candidature de Bénédicte Taurine, ça c'est une évidence.
01:33 Moi je rappelle qu'avant, à gauche, il y avait une sorte de tradition
01:37 qui était que quand il y avait deux candidats de gauche au second tour,
01:41 on évitait de laisser la liberté aux électeurs de droite et d'extrême droite
01:44 d'arbitrer entre les deux candidats de gauche au second tour.
01:47 Et je regrette que ça n'ait pas été le cas cette fois-ci.
01:50 Et effectivement, je pense que le Parti Socialiste doit dire clairement
01:53 quelle est son orientation.
01:55 Soit le Parti Socialiste est en faveur de la Nupes, ce que je souhaite
01:57 puisque je suis attaché à cette alliance,
02:00 soit le Parti Socialiste ne le souhaite pas,
02:03 mais vous ne pouvez pas avoir dans la même organisation politique
02:06 deux orientations comme ça qui se confrontent.
02:08 – Ça décharge, le premier secrétaire du Parti Socialiste
02:11 a été particulièrement réglo avec vous.
02:14 – Je ne conteste pas, bien évidemment, Olivier Faure a tenu la parole des socialistes
02:22 puisque la parole des socialistes c'était qu'il y a un accord de la Nupes
02:25 et que c'est cet accord de la Nupes qui s'appliquait.
02:27 – Il a tenu la parole mais il ne tient pas les socialistes.
02:29 – Ben, manifestement, mais je ne vais pas lui en faire le reproche.
02:32 Mais ce que je veux dire, et ce qu'il faut que tout le monde comprenne,
02:35 c'est que je peux comprendre qu'il y a des socialistes
02:37 qui s'interrogent sur l'accord de la Nupes.
02:39 Mais je voudrais quand même rappeler que l'année dernière,
02:42 il n'y aurait pas eu le groupe socialiste à l'Assemblée Nationale
02:44 s'il n'y avait pas eu l'accord de la Nupes.
02:46 Et que quand on fait un accord comme ça, il y a des circonscriptions
02:49 où c'est les socialistes qui sont les candidats de la Nupes
02:52 et puis il y a des circonscriptions où ce n'est pas les socialistes
02:53 qui sont les candidats de la Nupes.
02:55 Et si les endroits où ce n'est pas les socialistes
02:57 qui sont les candidats de la Nupes, finalement,
02:59 il y a d'autres socialistes qui se présentent quand même,
03:01 eh ben, en tout cas, il n'y a plus d'accord de la Nupes du tout.
03:03 Donc, il me semble qu'Olivier Faure a tenu, de ce point de vue-là,
03:07 le cadre de la Nupes et qu'il avait raison de le faire.
03:09 – Alors, en tout cas, Martine Frauger veut siéger
03:11 dans ce groupe socialiste à l'Assemblée qui fait partie de l'intergroupe Nupes.
03:15 Elle serait légitime à siéger dans ce groupe ?
03:17 – Ah ben, je crois d'abord que les socialistes ont déjà répondu à cette question.
03:20 Enfin, si j'ai bien lu le communiqué qui a été publié hier
03:23 par la direction du Parti Socialiste,
03:25 ils disent que malheureusement on a perdu un député de la Nupes.
03:28 Donc, j'entends par là que la députée qui vient d'être élue
03:31 ne sera pas membre d'un des groupes de la Nupes.
03:33 – Vous leur laissez régler leurs problèmes de famille entre eux ?
03:35 – Je les laisse régler, mais il me paraît évident
03:37 qu'une candidate dont l'élection est saluée, comme ça a été le cas,
03:41 et je le disais tout à l'heure, de M. Dussopt à M. Odulle,
03:44 n'a pas sa place dans un des groupes de la Nupes.
03:47 – Pour les soutiens de Martine Frauger, c'est une victoire, je cite,
03:49 de la gauche républicaine face à une gauche dominée par la France insoumise.
03:52 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
03:53 – Je ne suis pas sûr que M. Julien Odulle soit de la gauche républicaine.
03:56 Il est le porte-parole du Rassemblement National.
03:58 – Non mais, Carole Delga, Bernard Cazeneuve défendent cette gauche républicaine.
04:01 – Mais tout ça n'a pas de sens, la Nupes est bien évidemment républicaine,
04:07 donc tout ça n'a pas de sens.
04:09 La réalité de ce qui s'est produit en Ariège,
04:11 et qu'on aurait tort de vouloir généraliser d'ailleurs ailleurs,
04:14 c'est que la candidate dissidente a été le réceptacle de tous les battus du premier tour,
04:20 de la candidate macroniste du premier tour,
04:22 qui je le rappelle quand même a fait 10% des voix,
04:24 c'est un enseignement qui est très important d'un point de vue national,
04:27 jusqu'au candidat du Rassemblement National qui a été éliminé au premier tour.
04:30 Et la candidate dissidente a servi de réceptacle à l'ensemble de ces battus du premier tour.
04:37 Si Mme Delga ou M. Cazeneuve considèrent que c'est un enseignement pour la suite
04:41 d'être élue au deuxième tour face à la Nupes avec le soutien de la droite et de l'extrême droite,
04:45 je les laisse à ses approximations ou je les laisse à ses considérations.
04:49 – Est-ce que cette défaite en législative partielle,
04:50 c'est pas aussi un échec de la stratégie de la France insoumise
04:53 dans cette mobilisation contre la réforme des retraites ?
04:55 Une stratégie avec du bruit, de l'obstruction, parfois même de l'outrance verbale ?
04:59 – Non mais bon, si vous voulez, vous pouvez retenir si vous le souhaitez,
05:03 juste ce qui s'est passé hier dans une circonscription particulière à l'Ariège.
05:07 Mais moi je peux vous parler de l'élection législative partielle
05:09 qui a eu lieu en Charente au mois de janvier,
05:11 où nous avons gagné un député de plus, René Pilateau,
05:13 alors qu'il avait perdu au mois de juin.
05:15 Je peux vous parler d'autres élections législatives partielles
05:17 qui ont eu lieu hier soir chez les Français de l'étranger,
05:20 par exemple du candidat Karim Benchek qui a fait 42% des voix au premier tour.
05:25 Donc voilà, il ne faut pas tirer des enseignements d'une situation particulière
05:30 avec un second tour tout à fait particulier,
05:32 parce qu'encore une fois il opposait une candidature de la NUPES
05:34 et une candidature dissidente.
05:36 – Mais en tout cas, est-ce que vous êtes prêt à revoir la stratégie de la NUPES ?
05:38 Les socialistes écologistes veulent tout remettre à plat.
05:40 Même Jean-Luc Mélenchon hier disait qu'il était prêt à un acte II de la NUPES.
05:44 – Non mais ce n'est pas tout remettre à plat,
05:45 mais c'est de se poser la question de comment on prolonge,
05:48 comment on approfondit encore cette stratégie de la NUPES
05:51 qui encore une fois a démontré ses résultats.
05:55 Il n'y aurait pas eu 151 députés à l'Assemblée nationale de la NUPES
05:58 s'il n'y avait pas eu cet accord.
05:59 Donc la question ensuite c'est comment on avance,
06:01 comment on franchit une nouvelle étape dans cet accord.
06:04 Et ça moi j'y suis favorable, mais je ne suis pas favorable depuis aujourd'hui.
06:07 Il y a un mois de ça j'ai envoyé un courrier aux socialistes, aux écologistes,
06:10 aux communistes en faisant un certain nombre de propositions
06:12 pour faire en sorte que la NUPES franchisse une nouvelle étape.
06:14 Donc oui il faut le faire et il faut qu'on en discute le plus rapidement possible.
06:18 – Manuel Bompard, on va parler du maintien de l'ordre et des violences
06:21 qu'on connaît actuellement autour de certaines manifestations.
06:24 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, hier dans le journal du dimanche
06:27 estime que l'extrême gauche et notamment la France insoumise
06:30 fait je cite "du terrorisme intellectuel" en critiquant la police
06:34 plutôt que les casseurs. Que lui répondez-vous ?
06:37 – Bon d'abord dans votre question, la France insoumise n'est pas d'extrême gauche,
06:39 il faut arrêter avec ce cirque.
06:41 L'extrême gauche ça existe en France,
06:43 il y a des partis qui se revendiquent de l'extrême gauche, il faut les respecter.
06:46 Mais la France insoumise n'est pas d'extrême gauche,
06:47 ça c'est la première chose que je veux dire.
06:49 – C'est pas votre gauche ?
06:50 – Je sais pas, c'est pas ma gauche, mais le programme politique que l'on porte
06:54 n'est pas un programme politique d'extrême gauche
06:56 qui a une définition et des partis qui se revendiquent de l'extrême gauche.
07:00 Bon ça c'est la première chose à dire.
07:01 La deuxième chose à dire, c'est que manifestement M. Darmanin est en campagne.
07:05 M. Darmanin veut remplacer Mme Borne à Matignon, tout le monde l'a compris,
07:09 et donc pour essayer de se singulariser, il va dans les outrances
07:15 qui sont tout à fait insupportables, parce que vous savez le terrorisme,
07:18 je crois que tout le monde sait à quoi ça correspond,
07:20 le terrorisme c'est malheureusement des gens qui meurent derrière.
07:23 Donc faut pas raconter n'importe quoi.
07:24 Et le fait d'être en campagne pour essayer d'être Premier ministre
07:27 à la place de Mme Borne ne justifie pas toutes les outrances.
07:31 La France insoumise, elle défend dans cette bataille,
07:35 puisque c'est de ça dont on parle sur les retraites,
07:38 elle défend et elle porte la parole des 70% des Français
07:42 qui sont opposés à cette réforme.
07:44 Et M. Darmanin, plutôt que de diaboliser son opposition,
07:47 devrait essayer d'entendre la parole qui s'exprime dans la rue
07:49 depuis maintenant plusieurs mois, et de lui donner une réponse,
07:53 plutôt que de l'ignorer ou de vouloir passer en force comme il le fait.
07:55 – On a l'impression qu'il est devenu un peu votre meilleur ennemi.
07:58 – Non, c'est pas un bon ennemi, non.
08:00 Moi d'abord, je pense qu'il fait beaucoup de mal, M. Darmanin,
08:05 parce qu'en diabolisant comme ça, d'abord il dédiabolise l'extrême droite,
08:13 alors que je vous rappelle que c'est le même M. Darmanin
08:15 qui disait sur un plateau de télévision à Mme Le Pen qu'elle était trop molle.
08:19 C'est ça M. Darmanin ce qu'il fait.
08:21 Donc non, je pense que M. Darmanin fait beaucoup de mal à la République
08:24 et à la démocratie en tenant ce type de propos.
08:26 – En tout cas, il a annoncé hier la création d'une cellule anti-ZAD
08:29 au ministère de l'Intérieur avec des juristes spécialisés.
08:31 Il promet qu'il n'y aura plus de ZAD en France, c'est plutôt un bon objectif.
08:35 – Mais bon, ça c'est des mots, c'est des phrases, c'est des verbes.
08:38 Avant on avait le droit de faire des ZAD en France,
08:40 enfin qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
08:41 La question qui est posée, quand il y a des gens qui décident
08:44 d'aller sur un lieu pour s'y installer, pour dénoncer,
08:48 on peut essayer de s'attaquer à eux si vous voulez.
08:50 Mais la question qui est posée, c'est de savoir pourquoi ils le font.
08:53 Quand des gens vont manifester contre les bassines
08:56 comme ça a été le cas la semaine dernière,
08:59 on peut, si on veut, effectivement retenir quelques personnes
09:01 qui sont venues avec des intentions violentes.
09:03 Mais on peut aussi essayer de se poser la question de savoir
09:06 pourquoi il y avait des milliers de personnes
09:07 qui sont venues manifester pacifiquement,
09:09 parce qu'ils sont inquiets sur la manière avec laquelle
09:11 on va faire face dans les années et les décennies qui viennent
09:15 à la pénurie d'eau et aux problèmes de l'eau.
09:17 Donc c'est à cette question, c'est aux questions de fond qu'il faut répondre.
09:20 Il faut arrêter en permanence d'essayer de diaboliser,
09:24 de créer des affrontements.
09:26 Non, il faut répondre aux questions de fond qui sont posées.
09:28 Et la question de l'eau, c'est une question centrale.
09:30 Et ça fait des années et des années que nous le disons.
09:32 Je rappelle que Jean-Luc Mélenchon a commencé
09:34 sa campagne présidentielle sur la question de l'eau.
09:36 Donc vaut mieux s'attaquer au fond des choses
09:38 plutôt que d'essayer de s'en prendre comme ça aux gens qui manifestent.
09:40 – Mais est-ce que Jean-Luc Mélenchon ne diabolise pas d'un autre côté la police
09:44 en critiquant l'accent des policiers pendant ces manifestations actuellement ?
09:47 – Pas du tout.
09:48 Enfin, écoutez, depuis quand dans ce pays on ne peut pas dire
09:52 que des policiers qui ne respectent pas la déontologie
09:55 doivent être remis en place et doivent être critiqués ?
09:58 Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
09:59 C'est-à-dire que maintenant, si on dénonce un certain nombre d'actes
10:03 qui sont commis à un dispositif de maintien de l'ordre
10:06 qui est tout à fait excessif et tout à fait… qui ne fonctionne pas.
10:11 Enfin, excusez-moi, mais la responsabilité du ministère de l'Intérieur, c'est quoi ?
10:16 C'est à la fois de permettre qu'il y ait un certain nombre de libertés constitutionnelles
10:19 et que soit garantie la liberté de manifester
10:21 et en même temps de protéger les personnes qui travaillent sous sa responsabilité,
10:23 en l'occurrence dans le cas de Saint-Sauline, les gendarmes.
10:26 Dans ce qui s'est passé la semaine dernière,
10:27 aucun de ces deux objectifs n'a été rempli.
10:29 Donc il y a une doctrine de maintien de l'ordre qu'on a le droit de critiquer,
10:32 qu'on a le droit de remettre en cause et tout ça est documenté.
10:35 Vous avez vu des images.
10:36 Bon, donc on a quand même le droit de dire ça
10:38 sans être immédiatement catalogué comme anti-policier ou anti-flic.
10:43 Il n'y a pas d'anti-flic à la France Insoumise.
10:45 Mais quand les policiers font mal leur travail, on a le droit de le dire.
10:47 Et puis quand ils font bien leur travail, on le dit aussi.
10:49 – Trois morts cette nuit à Marseille.
10:51 – J'ai vu.
10:53 – 14, je crois, depuis le début de l'année sur la ville.
10:56 C'est la politique Gérald Darmanin qui est en cause ?
10:59 – En tout cas, manifestement, M. Darmanin, il est fort pour faire des moulinées de paroles,
11:04 pour venir faire le gros bras sur les plateaux de télévision,
11:07 mais pas pour garantir la sécurité des Françaises et des Français.
11:11 Et ce qui se passe à Marseille, comme dans d'autres villes,
11:14 c'est qu'on a des règlements de compte,
11:16 on a des trafics qui gangrènent et qui pourrissent la vie
11:19 d'un certain nombre de Françaises et de Français.
11:22 Et donc la question qui nous est posée,
11:23 c'est comment on s'attaque sérieusement à ce problème.
11:26 Et de mon point de vue, par exemple, on s'attaque sérieusement à ce problème
11:29 en mettant des moyens dans la police judiciaire,
11:31 en développant les moyens d'enquête.
11:32 – Ça n'a pas été fait, ça n'a pas été fait.
11:34 – Je pense que M. Darmanin veut, parce qu'il est dans une stratégie médiatique,
11:41 donc il veut une politique du chiffre.
11:44 Donc il veut pouvoir dire, on a mis des amendes à des consommateurs de drogue,
11:51 et au moins, vous voyez, on agit.
11:52 Mais ça ne résout pas le problème.
11:55 Si vous voulez résoudre le problème, vous devez aller chercher à infiltrer,
11:59 à pénétrer, à démanteler les réseaux, les réseaux de trafic de drogue,
12:02 les réseaux de trafic d'armes, parce qu'après ça a des conséquences
12:04 très concrètes sur la vie des gens.
12:06 Donc oui, je pense que là aussi, on a un désaccord
12:09 qui est un désaccord radical avec M. Darmanin.
12:11 Les questions de sécurité, elles méritent mieux que de venir faire
12:13 les gros bras sur les plateaux de télévision.
12:15 Elles méritent des résultats qui sont des résultats concrets.
12:18 Et malheureusement, ils ne sont pas là.
12:19 – Manuel Bompard, on va parler de la réforme des retraites
12:21 et de la préparation pour le gouvernement de la suite du quinquennat.
12:24 Elisabeth Borne, la Première ministre, consulte mercredi l'intersadical.
12:28 Est-ce que vous pensez que ces discussions peuvent aboutir à quelque chose ?
12:32 – On va voir.
12:34 L'intersyndical, ça fait depuis plusieurs semaines qu'il demande à être reçu.
12:38 Initialement, Mme Borne leur a dit "je veux bien vous recevoir,
12:41 mais on parlera de tout sauf des retraites", ce qui est quand même lunaire.
12:43 C'est-à-dire que c'est le sujet qui occupe le pays depuis deux mois.
12:46 Il semble maintenant qu'elle accepte l'idée qu'on puisse au moins en parler.
12:49 Moi, je lui dis juste une chose, c'est que si à la fin de ce rendez-vous,
12:52 ça n'aboutit pas sur une décision claire qui est le retrait de ce texte de loi
12:56 ou la décision du président de la République de ne pas le promulguer,
12:59 ça ne résoudra en rien la colère qui s'exprime dans ce pays et qui est toujours aussi forte.
13:03 – Est-ce que ça voudrait dire qu'Emmanuel Macron a gagné le bras de fer ?
13:07 – De quoi ?
13:08 – Si ça n'aboutit à rien.
13:09 – Non, M. Macron a déjà perdu sur la bataille des retraites.
13:13 Il a déjà perdu parce qu'après deux mois, d'ailleurs vous remarquez
13:17 qu'il n'a plus un seul argument sur le fond pour essayer de justifier
13:20 le bien-fondé de sa réforme.
13:21 On ne parle plus du fond de cette réforme.
13:23 Pourquoi ? Parce qu'il a compris que personne n'était convaincu,
13:25 que vous avez 70% des Français qui sont contre, plus de 90% des actifs
13:29 et que ce texte n'a même pas de légitimité parlementaire.
13:32 Donc s'il passe en force…
13:33 – Parlementaire, oui.
13:34 – Oui, parlementaire.
13:35 – Constitutionnel.
13:36 – Le texte n'a pas été voté à l'Assemblée nationale.
13:39 – Le texte est valable.
13:40 – Mais que la Constitution lui donne des outils pour passer en force,
13:44 je ne le conteste pas.
13:45 Mais ce n'est pas pour ça que je considère que c'est légitime.
13:48 Bon, donc M. Macron, de ce point de vue-là, a déjà perdu.
13:52 Maintenant, l'objectif c'est de gagner complètement
13:54 et gagner complètement, c'est obtenir le retrait de cette réforme.
13:57 Et vous le savez, il y a des nouvelles étapes dans la rue.
13:59 Il y a une nouvelle journée de mobilisation jeudi.
14:02 Moi, je souhaite qu'elle soit la plus puissante possible.
14:04 Et je dis aux gens, si on est nombreux, si on défile par millions jeudi,
14:07 on peut obtenir le retrait de cette réforme.
14:09 Et puis je dis aussi aux gens, il faut aller aider ceux qui sont dans la grève.
14:12 Parce qu'il y a un certain nombre de secteurs
14:14 qui sont rentrés dans des mouvements de grève.
14:15 C'est difficile, c'est vrai, ça coûte de l'argent.
14:18 Ce n'est pas facile de faire la grève.
14:19 Mais il y en a qui portent le mouvement de grève depuis maintenant plusieurs semaines.
14:22 Et bien, il faut les aider.
14:23 Donc il faut généraliser la grève jeudi.
14:26 En tout cas, c'est ce que je pense.
14:27 Et si l'intersyndicale reprenait ce mot d'ordre, par exemple,
14:31 d'essayer de généraliser la grève jeudi,
14:33 je pense que ce serait une bonne chose pour la lutte.
14:35 – Et puis mardi, les parlementaires insoumis et communistes
14:37 vont marcher vers l'Elysée.
14:38 L'objectif, c'est de remettre une lettre au président de la République
14:40 et puis aussi de protester contre cette réforme.
14:43 C'est une bonne démarche, cette marche vers l'Elysée ?
14:46 Il n'y a pas un petit symbole révolutionnaire ?
14:48 – Non, mais ça a été proposé d'abord, je veux le dire,
14:50 par les députés communistes qui ont souhaité prendre cette initiative.
14:54 Nous, on s'y joint avec plaisir.
14:57 Et l'objectif, c'est d'aller interpeller celui qui décide vraiment.
15:01 Honnêtement, tout le monde sait que ce n'est pas Mme Borne
15:03 qui décide vraiment sur cette réforme des retraites,
15:05 c'est M. Macron.
15:06 Donc c'est à lui qu'il faut parler.
15:07 Donc on va aller le voir et on va lui demander effectivement,
15:10 maintenant, écouter la parole des Françaises et des Français
15:12 et retirer cette réforme, reculer.
15:14 Il n'y a pas de honte à reculer.
15:16 Et parfois, c'est mieux de reculer quand on n'est pas en capacité
15:19 de faire passer cette réforme dans des bonnes conditions.
15:22 Je rappelle que M. Chirac avait reculé sur le contrat première embauche,
15:25 que M. Juppé avait reculé en 1995, sous la présidence de M. Chirac aussi.
15:31 Il n'y a pas de honte à reculer, ils n'en sont pas morts.
15:33 – Est-ce que vous appelez les Français à participer aussi
15:35 à cette marche vers l'Élysée ?
15:37 – Non, mais je crois que c'est une initiative qui est une initiative parlementaire.
15:40 Après, les gens font ce qu'ils veulent, moi, je n'ai pas le pouvoir
15:43 de leur dire "venez, venez pas".
15:45 Mais l'initiative qui a été proposée par les députés communistes,
15:48 c'est une initiative de parlementaires qui vont devant l'Élysée.
15:51 Maintenant, si des gens viennent, ils viennent et voilà, c'est comme ça.
15:54 – Voilà, vous n'êtes pas hostile à ce que les Français aussi y participent.
15:57 Pourquoi les députés insoumis refusent les entretiens
16:00 que Elisabeth Borne, la Première Ministre, va commencer cette semaine
16:02 avec les partis politiques pour préparer la suite du quinquennat ?
16:05 – Précisément pour la raison qui est dans votre question,
16:08 c'est que l'objectif de ces entretiens, ça a été dit d'ailleurs par M. Macron
16:13 quand il a confié à Mme Borne, c'est d'essayer de trouver une nouvelle majorité,
16:16 d'élargir la majorité pour la suite du quinquennat,
16:19 en essayant de faire comme si la bataille sur les retraites était close.
16:22 Mais elle n'est pas close, l'opposition est toujours aussi forte,
16:25 donc le sujet, ce n'est pas de préparer la suite,
16:27 le sujet, c'est comment on sort du moment dans lequel on est aujourd'hui.
16:30 Bon, premièrement, et deuxièmement, M. Riester a dit que de toute façon,
16:33 il fallait venir parler avec Mme Borne uniquement des sujets sur lesquels on est d'accord.
16:37 Donc moi, je n'ai pas l'intention d'aller parler avec Mme Borne
16:39 des sujets sur lesquels je suis d'accord, parce que je ne suis pas d'accord,
16:41 notamment sur cette réforme des retraites.
16:43 Donc tout ça est une stratégie de communication, ces entretiens,
16:46 et l'ensemble des groupes de la NUPES, j'espère que vous l'avez remarqué,
16:49 n'y participeront pas.
16:50 – Est-ce que vous croyez encore au RIP ?
16:53 – Le référendum d'initiative partagée ?
16:55 – Sur la réforme des retraites.
16:56 – En tout cas, nous, on a déposé, on a donné nos signatures
16:58 pour que cette proposition puisse être examinée par le Conseil constitutionnel.
17:03 Donc, pourquoi pas ?
17:05 Mais aujourd'hui, ça c'est quelque chose de moyen ou de long terme.
17:08 Aujourd'hui, la bataille, c'est une bataille de court terme.
17:11 La bataille de court terme, c'est pour obtenir le retrait de ce texte de loi.
17:14 Et pour obtenir le retrait de ce texte de loi, ça passera pas par le RIP,
17:17 ça passera par l'extension encore de la mobilisation dans la rue ce jeudi,
17:22 dans toutes les initiatives qui vont être prises d'ailleurs d'ici là,
17:24 et par l'extension de la grève.
17:26 C'est simple, si on veut gagner, c'est comme ça qu'il faut faire.
17:28 Donc moi, je veux pas que les gens croient
17:30 qu'ils puissent y avoir une autre possibilité pour gagner
17:32 que celle de se mobiliser.
17:34 C'est très simple, si vous ne vous mobilisez pas,
17:36 à la fin, monsieur Macron, il passera en force.
17:38 Voilà, donc chacun a une part de la responsabilité de cette bataille entre ses mains.
17:43 Il faut se mettre en action, il faut se mettre en mouvement.
17:45 – Emmanuel Bompard, quelques questions sur la fin de vie,
17:47 puisque la Convention citoyenne sur la fin de vie
17:49 remet ses travaux aujourd'hui au Président de la République.
17:51 Une convention citoyenne qui s'est prononcée en faveur de l'euthanasie
17:54 et du suicide assisté, vous attendez une loi sur ce sujet ?
17:57 – Je pense que c'est nécessaire, effectivement.
17:59 D'ailleurs, les députés de la France Insoumise,
18:02 dans leur niche parlementaire, je crois que c'était en 2019 ou en 2020,
18:05 avaient déposé une proposition de loi sur ce sujet à l'époque.
18:08 On n'était pas les seuls, d'autres initiatives ont été prises à l'Assemblée nationale.
18:12 Vous savez, c'est un sujet qui est un sujet par essence
18:14 et par définition assez transpartisan.
18:16 Il y a des gens dans toutes les familles politiques qui défendent cette revendication.
18:21 Donc maintenant, je pense que le débat a suffisamment évolué dans notre pays
18:25 pour qu'on puisse introduire cette disposition dans la loi.
18:29 Bon, nous, on pensait même qu'on pouvait l'introduire dans la Constitution.
18:33 On peut le faire par référendum si on pense que c'est ce qui permet peut-être
18:36 de donner, j'ai envie de dire, une assise populaire la plus large possible à cette proposition.
18:39 – Ce serait une meilleure solution, un référendum sur la fin de vie ?
18:42 – C'est toujours un sujet qui est complexe, mais comme on sait que c'est un sujet
18:45 qui renvoie parfois à des choses philosophiques, à des choses qui sont très intimes,
18:49 je pense que pour que la décision ne soit pas contestée, de ce point de vue-là,
18:53 un référendum pourrait permettre que tout le monde se dise,
18:56 bon, voilà, les Français ont choisi, ont tranché, donc maintenant c'est ça la loi.
18:59 – Sur la méthode, la Convention citoyenne, c'était déjà un bon point ?
19:03 – Souhaité par Emmanuel Macron, je le précise.
19:05 – Mais bon, si vous voulez que je dise du bien d'Emmanuel Macron, c'est ça.
19:10 – Le mot de la Convention citoyenne, c'est vous qui voyez.
19:12 – Non mais bon, les conventions citoyennes, c'est une bonne chose
19:14 si à la fin ce qui est décidé par les conventions citoyennes
19:17 devient effectivement une réalité.
19:19 Donc si à la fin ça permet d'aboutir sur une proposition de loi
19:24 sur la fin de vie et le suicide des cités, très bien,
19:27 mais je rappelle que la dernière fois, il y a eu une autre convention citoyenne
19:30 sur le climat et que les 90% des mesures qui avaient été préconisées
19:36 par cette convention citoyenne n'ont pas été suivies d'effets.
19:38 Donc moi je suis toujours favorable à des dispositifs qui permettent
19:41 de faire de la politique différemment et de permettre aux citoyens
19:44 d'avoir des pouvoirs de décision.
19:46 Mais à la fin, il ne faut pas enterrer ce qu'ils préconisent
19:48 parce que ça ne convient pas au Président de la République.
19:50 Donc pour répondre à votre question, je vais dire qu'on en reparle
19:52 dans un an et on verra si ça aboutit effectivement sur un changement de la loi.
19:56 – Alors il y a une autre loi importante qui va être présentée demain
19:58 au Conseil des ministres, c'est la loi de programmation militaire.
20:02 413 milliards d'euros vont être investis pour nos armées d'ici à 2030.
20:06 C'est nécessaire ou c'est un peu excessif ce montant ?
20:09 – D'abord ça démontre que, contrairement à ce qu'on dit sur l'autre sujet
20:12 dont on parlait tout à l'heure sur les retraites,
20:14 quand on veut aller chercher des ressources financières,
20:16 on est en capacité de le faire.
20:18 Donc les arguments qui consistent à dire "on n'a pas d'autre choix
20:22 que de reculer l'âge de départ à la retraite parce que sinon c'est la faillite,
20:26 la ruine", M. Dussopt avait dit ça à l'Assemblée nationale,
20:28 tout le monde doit se rendre compte à ce moment-là
20:31 que ces arguments sont des arguments complètement loufoques.
20:34 Pour le reste, nos armées, notre capacité de défense,
20:38 elle doit avoir des moyens financiers pour qu'on soit en capacité
20:41 de se défendre tout simplement.
20:42 Donc moi sur le principe, je n'ai pas d'objection sur le sujet,
20:45 c'était un engagement qu'on avait pris aussi,
20:47 de faire en sorte que nos armées soient suffisamment équipées
20:50 pour pouvoir nous défendre dans des bonnes conditions.
20:51 – Donc les députés insoumis voteront cette loi de programmation militaire ?
20:54 – Non, je ne suis pas en train de vous dire ça, ça on verra.
20:57 Pour l'instant, vous m'avez posé une question sur le niveau de moyens à louer.
21:01 Ensuite, il y a des débats à l'intérieur.
21:03 Il y a "quelles sont nos priorités ?",
21:05 il y a "quelle est notre doctrine générale ?",
21:07 il y a "qu'est-ce qu'on fait en matière de spatial ?",
21:09 "qu'est-ce qu'on fait en matière de cybersécurité ?".
21:11 Vous voyez, il y a tous ces sujets-là et on va en débattre.
21:14 Moi ce que j'observe, c'est qu'à nouveau,
21:16 vous avez un ministre qui vient faire un certain nombre de déclarations
21:18 dans la presse, alors que sur ce type de sujet,
21:20 si on pouvait avoir d'abord un débat à l'Assemblée nationale,
21:23 je pense que ce serait pas mal.
21:25 – 10 milliards d'euros pour le nouveau porte-avions
21:26 qui va remplacer le Charles de Gaulle, là aussi c'est nécessaire ?
21:29 – Précisément, voilà, vous donnez un exemple de sujet
21:32 sur lequel ce serait bien qu'on puisse en débattre.
21:34 Moi je ne dis pas "non" par principe, mais ça dépend comment ça s'articule
21:39 avec le reste de la doctrine de défense de notre pays.
21:43 Donc je ne voudrais pas que le porte-avions soit un petit peu
21:45 l'arbre qui cache la forêt d'un débat nécessaire
21:48 sur "qu'est-ce qu'on fait de notre politique de défense
21:50 dans les années qui viennent".
21:51 – Dernière question sur l'Ukraine, Manuel Bompard.
21:53 L'Assemblée nationale a reconnu la semaine dernière
21:55 le génocide ukrainien de Lolo Domor dans les années 1930.
21:58 C'est une grande famine orchestrée par Staline
22:00 qui a tué plus d'un million de personnes.
22:01 Les députés insoumis n'ont pas pris part au vote, pourquoi ?
22:04 – D'abord, bien évidemment, Lolo Domor est quelque chose d'ignoble,
22:07 ça c'est une évidence.
22:08 Maintenant, la caractérisation de génocide,
22:11 elle correspond selon l'ONU à un certain nombre de critères
22:14 qui, de notre point de vue, dans ce cas de figure-là, ne sont pas réunis.
22:18 Et je crois qu'il faut faire toujours attention
22:20 quand l'Assemblée nationale veut commencer à écrire l'histoire,
22:23 c'est aux historiens de le faire.
22:25 Il y a trois génocides qui sont reconnus aujourd'hui
22:28 à l'échelle internationale.
22:30 Il y a un certain nombre de critères qui y correspondent.
22:33 Il me semble que le cas de Lolo Domor n'y correspond pas.
22:35 C'est pour ça qu'on n'a pas participé au vote.
22:37 En même temps, on n'a pas voté contre
22:38 parce qu'il est évident que ce qui s'est passé en Ukraine
22:41 à cette époque-là est tout à fait insupportable.
22:44 – Merci beaucoup Manuel Bompard d'avoir été notre invité politique aujourd'hui.
22:48 Merci beaucoup Fabrice Vesserredon
22:50 pour les journaux de l'Est de la France.
22:52 Tout de suite, le Club des Territoires.
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