- il y a 4 semaines
Comprendre le mal-être des managers, c’est aussi prévenir celui des équipes.
Matthieu Séguin notre animateur du podcast et Directeur Scientifique donne la parole à deux spécialistes pour parler de la santé mentale chez les managers :
- Anne-Véronique Herter – Consultante en prévention des risques psychosociaux et autrice engagée, elle décrypte les mécanismes de souffrance silencieuse chez les managers.
- Gaël Chatelain-Berry – Conférencier, chroniqueur et fervent défenseur du management bienveillant, il partage ses clés concrètes pour prendre soin des managers.
🎙️ Un podcast d'Havas Life Paris disponible dès maintenant sur toutes les plateformes !
Matthieu Séguin notre animateur du podcast et Directeur Scientifique donne la parole à deux spécialistes pour parler de la santé mentale chez les managers :
- Anne-Véronique Herter – Consultante en prévention des risques psychosociaux et autrice engagée, elle décrypte les mécanismes de souffrance silencieuse chez les managers.
- Gaël Chatelain-Berry – Conférencier, chroniqueur et fervent défenseur du management bienveillant, il partage ses clés concrètes pour prendre soin des managers.
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ÉducationTranscription
00:00Bonjour à toutes et tous et bienvenue dans Mind the Scope, le podcast sur la santé mentale au travail réalisé par Avas Life Paris en collaboration avec Pros & Pixels.
00:15Alors dans ce deuxième épisode, nous allons aborder le thème de la santé mentale des managers avec deux intervenants que je vais m'empresser de présenter.
00:24Anne-Véronique Herter, bonjour.
00:26Bonjour.
00:26Tu es consultante en prévention des risques psychosociaux et qualité de vie au travail chez Technologia et tu es auteure de plusieurs ouvrages dont Le cri du corps, un récit autobiographique sur les mécanismes du harcèlement moral au travail,
00:37ou encore Oser le courage managérial, un livre qui donne les clés pour aborder le management avec conviction, force et sérénité.
00:43Très bien dit, bonjour.
00:45Bonjour et bienvenue.
00:46Gaëlle Chatelain-Berry, bonjour.
00:48Tu es ancien manager d'entreprise, fonction que tu as exercée pendant plus de 20 ans,
00:51et tu es aujourd'hui conférencier, chroniqueur, podcaster et créateur du concept du management bienveillant,
00:57et également auteur de nombreux ouvrages sur le monde du travail avec des thématiques diverses telles que le bien-être ou le management.
01:03Je ne peux rien te cacher.
01:04J'ai tout dit.
01:06Bienvenue et merci à tous les deux d'avoir accepté cette invitation pour parler donc de la santé mentale des managers.
01:12Je vais démarrer en donnant quelques chiffres parce que c'est un peu ma fonction première,
01:17et donc je suis un petit peu obligé d'en passer par là.
01:20On a 50% des Français qui estiment aujourd'hui que la fonction managériale est plus difficile aujourd'hui qu'elle ne l'était auparavant.
01:27Et on a un cadre sur cinq qui ne souhaite pas devenir manager aujourd'hui,
01:30même 27%, donc près d'un sur trois, des 35-49 ans,
01:34ce qui constitue pourtant la tranche d'âge la plus susceptible d'occuper des fonctions managériales.
01:40Alors qu'est-ce que tout cela veut dire selon vous aujourd'hui sur le rôle du manager
01:44et qu'est-ce que le rôle du manager en 2025,
01:48est-ce qu'il est si différent comme le disent les chiffres de ce qu'il était avant ?
01:52Et qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui finalement la santé mentale des managers peut être mise à l'épreuve ?
01:56Moi je trouve que tes deux chiffres sont des très bonnes nouvelles.
02:00Mais vraiment parce que plein de gens ne veuillent pas devenir manager,
02:04heureusement, moi je fais partie d'une génération, tu es beaucoup plus jeune que moi, ça se voit physiquement,
02:09mais je fais partie d'une génération où si tu ne devenais pas manager, tu étais un loser.
02:12C'était un aboutissement dans une carrière de devenir manager.
02:16Ce qui fait qu'il y a plein de gens qui sont devenus managers alors qu'ils n'en avaient ni l'appétence ni les compétences.
02:21Aujourd'hui on peut faire de très belles carrières en exploitant un talent ou une compétence sans forcément devenir manager.
02:26Donc ça c'est la première bonne nouvelle.
02:28La deuxième bonne nouvelle c'est plus compliqué.
02:31Bah ouais, il ne suffit pas d'avoir un titre, de s'enfermer dans son bureau et de gueuler quand ça ne va pas.
02:35Il faut s'adapter à chaque personne dans son équipe.
02:38Donc oui c'est beaucoup plus complexe parce que maintenant on réalise, oh surprise, depuis que le chômage de masse a disparu en France,
02:45notamment pour les jeunes générations, qu'un manager c'est un facteur de fidélisation absolument clé.
02:50Donc si entre deux managers il y a une des deux équipes où il y a un turnover de ouf,
02:55la seule variate d'ajustement c'est le manager.
02:57Donc oui c'est plus compliqué et heureusement peut-être que c'est ça qui va enfin améliorer le bien-être des salariés dans les entreprises.
03:03Je partage avec aussi une réalité dans les enquêtes ou dans les audits que je peux réaliser en entreprise.
03:11Effectivement il y a une vraie tendance à ne plus vouloir être manager.
03:16Également parce qu'il y a beaucoup plus d'alertes et ils ne savent pas forcément comment réagir par rapport à des alertes,
03:22qu'elles soient justifiées ou pas, mais ils ont perdu leur place.
03:25Et ce que dit Gaël est tout à fait juste, en fait il ne suffit pas de vouloir être manager pour l'être.
03:30On voit quelquefois dans les objectifs d'évolution, qu'est-ce que tu veux faire dans cinq ans ?
03:34Ben être manager mais ce n'est pas ça la vie, c'est d'autres éléments qui peuvent définir des objectifs pour l'avenir.
03:44Donc ils sont perdus et ils ne sont pas forcément très heureux en l'étant et sans l'être également
03:50parce qu'on perd aussi des personnes qui pourraient être très bons managers et qui du coup ne veulent plus l'être.
03:54Ok, parce que pour vous ce qui change c'est la prise un peu de conscience des gens,
03:59enfin peut-être des futurs potentiels managers,
04:02ou c'est le rôle en lui-même qui a changé et qui fait que c'est aujourd'hui devenu tellement complexe
04:06ou l'attente est devenue tellement forte que finalement les gens ne veulent pas forcément s'engager dans cette voie-là ?
04:12Je crois qu'on revient à quelque chose qui a toujours été le cas.
04:15On a vécu, là je vais faire l'historien sociologique à Deval.
04:20C'est très bien.
04:20Non mais depuis les années 80, il y a eu ce qu'on appelle la financiarisation de l'économie,
04:24c'est-à-dire que les entreprises étaient évaluées selon la performance purement économique.
04:28Quand tu reviens au premier théoricien du capitalisme, Adam Smith, 18e siècle,
04:32lui c'était écrit dans les richesses des nations,
04:35il faut qu'un chef d'atelier prenne soin de la santé de ses ouvriers
04:39et s'occupe de l'éducation des enfants de ses ouvriers,
04:42parce que ce sont ses enfants, y compris logement, l'éducation,
04:45enfin les entreprises avaient compris que si on voulait les meilleurs, il fallait les chouchouter.
04:48Sauf qu'en France, on a eu un petit truc qui s'appelle mondialement le choc pétrolier,
04:54chômage de masse qui a duré pendant 30 ans,
04:56et les salariés sont devenus une variate d'ajustement.
04:59Moi, je fais partie de cette génération qui a connu cette célèbre phrase,
05:03dis donc si t'es pas content, il y en a 10 qui veulent ton boulot.
05:05Maintenant, je vois de plus en plus de managers qui entendent de la part de leurs équipes,
05:09dis donc tu me reparles encore une fois comme ça, il y en a 10 qui veulent me recruter.
05:12Ça change un peu les paradigmes, ça change le rapport de force, mais tant mieux.
05:18On avait juste oublié en France qu'une entreprise sans salarié, ça n'existe pas.
05:23Et la place d'ailleurs du manager, le sens de son travail a complètement changé.
05:27D'ailleurs, le sens, c'est un vrai sujet aujourd'hui.
05:30Depuis 3, 4, 5 ans, les personnes se demandent vraiment ce qu'ils veulent faire de leur vie,
05:34et autant avant on disait le travail c'est la santé.
05:37Aujourd'hui, on ne le dit plus.
05:39On ne rien fait, on la conserver.
05:40Oui, exactement.
05:41Et on ne le dit plus, et le management ne sait plus donner du sens à sa vie,
05:46et on recherche du sens dans son travail, donc les données ont changé.
05:51Et même par rapport à la fonction même, c'est-à-dire que l'évolution qu'on a pu avoir,
05:56surtout depuis la crise Covid-19, avec tout ce qui est aussi télétravail,
05:59donc il y a un management un peu différent,
06:01avec le management un peu plus hybride ou un peu plus transversal aujourd'hui,
06:05qui se développe, avec aussi les révolutions numériques,
06:08avec l'intelligence artificielle, qui ne rentre pas encore peut-être dans les pratiques,
06:11dans le management, mais qui en tout cas, du coup, arrive dans les pratiques au travail.
06:16Est-ce que ça aussi, pour vous, ça participe à une évolution du rôle du manager,
06:21qui fait que du coup, c'est un peu complexe aujourd'hui de s'y retrouver ?
06:25Oui et non, parce que quand on parle par exemple du management à distance,
06:28il y a toujours du management à distance.
06:29Les directeurs commerciaux qui ont des commerciaux sur le terrain,
06:32ça existait déjà à l'époque. Bien sûr, il y a une accélération,
06:36mais je crois surtout que c'est la pression mise par les équipes qui dit
06:39« mais moi, je refuse de travailler avec un manager qui me gueule dessus ».
06:43Dans mon ancienne vie, où j'étais dans des grands groupes médias,
06:45il m'est arrivé d'avoir des patrons qui gueulaient sur tout le monde,
06:49et on se taisait, parce qu'on savait très bien que trouver un boulot dans les années 90,
06:54ce n'était pas facile.
06:55Maintenant, c'est moins le cas.
06:56En fait, le métier de manager a évolué parce que son rôle en tant qu'acteur
07:03de la fidélisation des salariés, maintenant, c'est une évidence,
07:06alors qu'avant, absolument pas.
07:07On appliquait une même politique de ressources humaines à tout le monde,
07:11et puis, ça se passait bien.
07:13Mais à contrario, les managers sympathiques, c'est une catastrophe,
07:16parce qu'on ne veut plus des managers qui nous crient dessus,
07:19c'est une bonne chose,
07:20mais celui qui n'ose pas demander,
07:22et qui devient le sympa, celui qui papote à la machine à café,
07:26qui tutoie tout le monde, qui propose des after-work,
07:28mais qui n'ose pas prendre une décision,
07:30qui n'ose pas arbitrer, qui n'ose pas dire non.
07:32C'est une catastrophe.
07:33Parce qu'à ce moment-là, les équipes, elles n'ont plus de cadre,
07:37et elles n'ont plus d'épaules sur lesquelles elles peuvent s'appuyer,
07:39et elles n'ont plus l'impression d'être portées,
07:41et elles perdent confiance.
07:43Et justement, est-ce que ce n'est pas aujourd'hui ça,
07:45la complexité d'être un manager ?
07:47C'est qu'on est dans un rôle très paradoxal,
07:48puisqu'on nous demande à la fois finalement de répondre aux attentes de la direction
07:52sur de l'efficience, sur de la performance, etc.
07:55Et puis en même temps, il faut qu'on réponde aux besoins aussi ascendants de son équipe,
08:00en termes d'empathie, en termes de bienveillance,
08:04en termes...
08:05Il faut être dans un rôle où on est à la fois proche de son équipe,
08:08et en même temps être suffisamment haut
08:11pour donner des directives qui sont claires,
08:13et parfois peut-être un peu dures.
08:15En fait, le manager, on dit souvent qu'il est entre le marteau et l'enclume, c'est vrai.
08:19Il a la pression de sa hiérarchie,
08:21et la pression de son équipe qui veut qu'il soit le plus sympathique possible.
08:25Mais ce n'est pas incompatible,
08:27et dans ma carrière, j'ai eu parfois à faire la chose la plus terrible pour un manager
08:30de licencier des gens.
08:32On peut licencier quelqu'un sans pour autant être une ordure infâme.
08:36J'ai connu des managers qui, quand ils voulaient licencier quelqu'un,
08:38appelaient leur des RH en disant
08:39« Je ne veux plus le voir, tu me le convoques, tu me le vires »,
08:42sans même prendre le temps d'expliquer à la personne.
08:43Je pense qu'il y a moyen de rendre compatible tout ça
08:48si on prend conscience que les gens sont importants.
08:51En fait, comme je le disais tout à l'heure,
08:53une entreprise sans salarié n'existe pas.
08:55Mais est-ce qu'il n'y a pas du coup aussi une problématique aujourd'hui
08:57quand on a besoin et qu'on a envie d'évoluer au sein d'une entreprise,
09:01c'est qu'on est un peu obligé de passer par cette case de manager,
09:04mais si finalement elle ne fit pas forcément avec qui on est
09:06et avec notre manière de fonctionner ?
09:09Alors voilà, justement là, par rapport à ça, un exemple qu'on peut prendre,
09:12c'est celui de la fonction publique, où pour pouvoir changer de catégorie,
09:16on doit passer par la case encadrement, encadrant.
09:20Donc ça, c'est un choix non-choix.
09:24Donc ce qui peut être un petit peu compliqué,
09:25parce qu'on peut être des experts formidables,
09:29de très grands opérationnels, et sans pour autant avoir la fibre managériale,
09:32parce que je ne sais pas ce qu'en pense Gaël, ou ce que tu pourrais en penser,
09:35mais ça pourrait être une question un peu philosophique,
09:38est-ce qu'on peut vraiment apprendre à devenir manager,
09:41ou est-ce qu'il faut avoir quand même quelque chose en soi,
09:43de l'ordre de l'écoute, de l'empathie, de l'envie d'accompagner les autres,
09:49et ce n'est pas forcément la première qualité de chacun ?
09:52C'est ça qui est très rassurant, il y a de plus en plus de jeunes générations
09:55qui ne veulent pas devenir manager,
09:57mais il faut changer les paradigmes.
09:58Alors tu parlais de la fonction publique,
10:00là en gros on devient manager à l'ancienneté,
10:02je schématise à peine,
10:03et s'il y a un directeur commercial ou une directrice commerciale
10:06qui doit être choisie, on va choisir le meilleur vendeur ou la meilleure vendeuse,
10:09ce qui est une aberration,
10:10parce que si ça se trouve le meilleur vendeur sera une quiche internationale
10:12en termes de management.
10:14Mais la pression elle va venir des gens qui ne veulent plus devenir manager,
10:17ça ne veut pas dire que le métier de manager n'est pas un beau métier,
10:20ça veut dire qu'il y a des personnes qui admettent
10:21je peux réussir une vie professionnelle sans pour autant devenir manager,
10:24ce qui est la meilleure chose qui puisse exister.
10:27Je ne veux pas dire de bêtises,
10:28il me semble que le pourcentage moyen de nombre de managers dans une structure
10:30c'est autour de 14-15%.
10:32S'il n'y a que 20% des jeunes qui veulent devenir manager,
10:35on est bien, on est parfait.
10:38Maintenant il y a quand même aussi autre chose,
10:40c'est que,
10:42et ça peut-être que je suis déformée par mon métier,
10:43par rapport à cette vision-là,
10:45mais c'est vrai qu'on a beaucoup de salariés,
10:49de collaborateurs,
10:50qui ne veulent pas devenir manager,
10:52parce qu'ils ne veulent pas avoir les emmerdes qu'ils vont avec,
10:53parce qu'ils ont super peur d'avoir des alertes harcèlement,
10:56s'ils demandent quelque chose,
10:59s'ils refusent des vacances,
11:00et ils ont l'impression de ne pas être assez capés,
11:02de ne pas être assez formés,
11:03de ne pas avoir les épaules,
11:04ou que c'est beaucoup trop de...
11:05Oh merde, pardon du terme,
11:06mais c'est vraiment ça,
11:07pour prendre cette fonction-là.
11:09Donc c'est aussi l'épuisement,
11:11avant que ça arrive,
11:12et puis cette vision,
11:14où on sait que le code du travail,
11:15il a énormément évolué en disant,
11:17il y a beaucoup plus de choses,
11:18et c'est tant mieux,
11:18parce qu'on protège mieux les individus,
11:22quels qu'ils soient,
11:23mais à côté de ça,
11:24il faudrait que les organisations,
11:26et les directions,
11:27et les dirigeants suivent là-dessus,
11:28pour bien former les gens,
11:29et bien les accompagner,
11:30quand il y a des soucis.
11:32Et c'est intéressant,
11:32sur ce besoin de formation que tu évoquais là,
11:35on a effectivement dans un autre baromètre,
11:3730% des managers qui déclarent en France,
11:39ne pas avoir reçu de formation sur le management,
11:41avant de prendre leur poste.
11:43C'est en dessous de la réalité.
11:44C'est peut-être probablement en dessous de la réalité.
11:46Pour celles et ceux des auditeurs
11:49qui ont fait une grande école de commerce,
11:51fut intense,
11:51ça s'appelait des écoles de management.
11:53Donc il se trouve que c'est ce que j'ai fait
11:54comme type de formation,
11:56une des meilleures écoles de management de France,
11:58sur un cursus de 3 ans,
11:59c'était au siècle dernier.
12:01J'ai eu 3 heures de management.
12:03Je me suis dit,
12:04qu'à cela ne tienne,
12:04je vais vérifier si ça a évolué.
12:06Que nenni !
12:07Ça n'a pas changé,
12:08mais on ne peut pas blâmer les grandes écoles,
12:09parce qu'elles doivent former des gens
12:11qui ne vont pas devenir manager tout de suite,
12:12mais qui vont devenir des opérationnels,
12:14et éventuellement devenir manager après.
12:17Mais la réalité,
12:18c'est qu'on devient manager
12:19parce qu'on est le meilleur commercial,
12:20et puis on voit bien comment ça se passe.
12:22Alors ça évolue,
12:23malgré tout,
12:23dans les grandes structures,
12:25ça évolue.
12:26Mais oui,
12:27il est temps de former les managers.
12:28Mais les entreprises en prennent
12:29de plus en plus conscience.
12:30Honnêtement,
12:30là-dessus,
12:31je suis plutôt optimiste.
12:32C'est long,
12:33c'est lent,
12:34et il va falloir que les vieux comme moi
12:35partent à la retraite,
12:37mais ça évolue petit à petit quand même.
12:38Et puis il y a plusieurs vitesses,
12:40les grandes entreprises et les petites
12:41ne sont forcément pas à la même enseigne.
12:43Et puis la formation et formation.
12:45Deux jours de communication
12:48ou de posture managériale
12:50versus un cursus sur l'année
12:52pour les juniors,
12:54les seniors,
12:55etc.
12:56et avoir quelque chose
12:57qui va sur le fond
12:59par rapport au secteur d'activité,
13:01à l'évolution.
13:02Travailler aussi sur des sujets
13:04d'aujourd'hui,
13:05sur la diversité culturelle,
13:07puisqu'on est quand même
13:08de plus en plus ouvert
13:09sur le monde.
13:10Donc il faut aussi
13:11que les managers s'ouvrent au monde
13:13pour pouvoir savoir
13:14avec qui ils travaillent,
13:15quels sont les leviers de motivation,
13:17comment on parle à telle personne
13:18ou à tel autre
13:19selon son origine,
13:21selon sa culture.
13:22Enfin,
13:22il y a tellement de choses à faire.
13:24C'est là aussi
13:24où on se rend compte
13:25que peut-être tout le monde
13:26ne peut pas devenir manager
13:27parce que ça demande
13:28une capacité d'adaptation
13:29qui est assez énorme
13:31pour pouvoir répondre.
13:33Je trouve que techniquement,
13:34tout le monde
13:34peut devenir manager.
13:35Objectivement.
13:36La première source
13:37de démotivation
13:38des salariés en France,
13:39c'est le fait que leurs managers
13:40ne leur disent pas
13:40bonjour le matin.
13:42Je pense que n'importe quel
13:44neuneu
13:44est capable de comprendre
13:46que dire bonjour
13:47à mes collaborateurs
13:48et collaborateurs le matin,
13:49c'est important.
13:50Ne pas gueuler sur quelqu'un,
13:51c'est important.
13:53Tout le monde ne peut pas
13:54devenir un génie
13:55du management.
13:56Mais en fait,
13:57je fais toujours cette comparaison.
13:58Est-ce que tu sais jouer
13:59du piano ou pas ?
14:01Tu sais en jouer ou pas, toi ?
14:02J'y suis.
14:02Ok.
14:03Je vous mets dans une salle,
14:04je vous mets devant un piano,
14:05je vous garantis qu'en une heure,
14:06les deux,
14:07vous jouerez la lettre réalise.
14:08Si ça se trouve,
14:09il y en a un de vous deux
14:09qui est un génie
14:10qui s'ignore et qui va le jouer
14:11mais tel Mozart
14:12parce que vous allez vous révéler.
14:13Mais les deux,
14:14vous saurez jouer
14:15la lettre réalise
14:15même si c'est avec deux doigts,
14:17même si c'est maladroit,
14:17mais vous y arriverez.
14:18Le management,
14:19c'est pareil.
14:19Moi, quand on me dit
14:20les managers sont mauvais,
14:22on n'y peut rien,
14:23ce n'est pas vrai.
14:24Ça s'apprend à minima
14:25avec du respect,
14:26de l'écoute,
14:27de la disponibilité.
14:29Ensuite,
14:30est-ce qu'on sera
14:30un grand manager ou pas ?
14:32Il ne faut pas confondre
14:32manager et leader.
14:33Quand on me parle
14:34de management
14:35et on me dit
14:35Steve Jobs
14:37était un exemple
14:37de leader extraordinaire,
14:39ce mec était une ordure
14:40en termes de management.
14:42Absolue.
14:43Donc,
14:43je suis persuadé
14:44que Paul Michandu,
14:46expert comptable,
14:46c'est un meilleur manager
14:47que Steve Jobs.
14:48Bref,
14:49tout ça sont des qualités humaines.
14:51Oui,
14:51et ça dépend aussi
14:52de l'environnement.
14:52Si tu nous enfermes
14:53tous les deux dans une salle
14:54avec un piano
14:54et que tu nous demandes
14:55de jouer la lettre à Élise,
14:56peut-être que dans une heure
14:57on ne pourra pas
14:58parce qu'il y aura
14:58quelqu'un qui jouera
14:59du tambour à côté de nous
15:00ou qui nous cliera dans les oreilles
15:01et on n'y arrivera jamais.
15:04Et tout ça,
15:04ça je n'en doute pas,
15:05mais tout ça pour dire
15:05que l'environnement,
15:07la direction,
15:08l'exemplarité,
15:09tout ce qui va être
15:11autour de ce manager
15:12pour le porter,
15:13l'accompagner,
15:13oui,
15:14si l'environnement
15:14il est bon,
15:15si on a un piano
15:16avec des touches
15:16qui font du son,
15:17on va pouvoir le faire.
15:18Mais encore faut-il
15:19avoir les outils pour...
15:19Concernant ce qu'on appelle
15:20du coup la posture managériale,
15:22c'est-à-dire peut-être
15:23l'image qu'on essaie
15:24de renvoyer,
15:25est-ce que ça pour vous
15:26ça reste une problématique
15:28dans le rôle du manager ?
15:31On parle souvent
15:32de ce qu'on appelle
15:32le rôle modèle,
15:33c'est-à-dire que le manager
15:35doit être celui qui
15:36finalement n'a pas de défaut,
15:38il doit avoir réponse à tout,
15:39il doit répondre,
15:40en tout cas dans l'imaginaire collectif
15:42et nous quand on a cherché
15:43un petit peu
15:44des informations sur le sujet,
15:46c'est un peu ce qui ressort,
15:47c'est-à-dire que
15:47en tout cas c'est ce qui est attendu
15:48dans l'imaginaire collectif
15:50des gens d'un manager,
15:51c'est quelque part
15:51d'avoir des solutions
15:52à toutes les problématiques,
15:55voilà un peu
15:55de ne pas avoir le droit
15:57finalement de ne pas savoir.
15:59En quoi,
16:00dans quelle mesure
16:01pour vous
16:01ça reste une problématique
16:03profonde ?
16:03Moi je dis toujours
16:04au manager
16:04soyez qui vous êtes
16:05et surtout soyez transparent
16:06avec vos équipes.
16:08En tant que manager,
16:09j'ai le droit de ne pas savoir
16:10si un collaborateur
16:11ou une collaboratrice
16:12pose une question,
16:12j'ai le droit de lui dire
16:13je ne sais pas.
16:13Par contre,
16:14là où je n'ai pas le droit
16:14ce que je n'ai pas le droit
16:16de faire,
16:16c'est de lui dire
16:17je ne sais pas,
16:18point.
16:19Je ne sais pas
16:19mais je vais essayer
16:19de me renseigner
16:20et je te donne une réponse
16:21dans 24 heures.
16:23Bref,
16:23on a le droit d'être faillible
16:24et je pense que
16:25la libération de la parole
16:26c'est la clé absolue.
16:27Il y a un exercice
16:27tout simple que j'ai créé
16:28il y a quelques années
16:29pour les managers,
16:30je leur demande
16:30de se réunir dans une salle
16:31avec leur équipe
16:34et ils briefent l'équipe
16:35et eux se barrent après.
16:36Pendant une heure,
16:37l'équipe doit remplir
16:38un tableau avec deux colonnes.
16:39Une colonne,
16:40qu'est-ce que vous trouvez
16:41que je fais bien ?
16:42Deuxième colonne,
16:42qu'est-ce que vous trouvez
16:43que je pourrais faire mieux ?
16:44Mais il y a une règle absolue,
16:45c'est chaque item
16:46doit être validé
16:46à l'unanimité.
16:48Ça crée des débats
16:49dans les équipes.
16:50Non mais j'ai assisté
16:51une boîte du CAC 40
16:52où il y avait
16:53le directeur financier
16:54qui disait
16:54moi ce que j'adore
16:54chez le président,
16:55on peut le voir quand on veut.
16:56La DRH qui a été arrivée
16:57il y a quatre mois
16:58mais qui devient lévide
16:59en disant
16:59tu te fous de moi
17:00ou quoi ?
17:00On ne peut jamais le voir.
17:02Et en fait,
17:02ils se sont aperçus
17:03que leur grille de lecture
17:04n'était pas la même
17:05parce qu'elle n'avait pas eu
17:05l'information
17:06que le président
17:07tous les mercredis matin,
17:08tous les jeudis matin
17:09réservait une heure et demie
17:10pour son comex.
17:12Et en fait,
17:12cet exercice-là,
17:13d'avoir le courage
17:14en tant que manager
17:14de dire qu'est-ce que vous voulez
17:15que je fasse de différent ?
17:17Je peux te garantir
17:18que dans 99% des cas,
17:19déjà les équipes vont dire
17:20ça serait bien
17:21que tu arrêtes de nous saouler
17:21avec tes emails
17:22à 22h le vendredi
17:23et que ça soit suivi des faits
17:25mais d'être ouvert.
17:26Encore une fois,
17:27les équipes,
17:27elles ne demandent
17:28qu'une seule chose,
17:28c'est de vivre bien
17:29avec son manager,
17:30d'être à l'aise quotidiennement
17:31et quand tu es un manager
17:33et que tu as l'honnêteté intellectuelle
17:34de dire
17:34je sais que je ne suis pas parfait,
17:36personne ne l'est,
17:37je sais que je ne suis pas omniscient,
17:39dites-moi
17:40comment je pourrais être
17:41la meilleure version de manager.
17:42Et avoir cette humilité-là,
17:43je pense que ça fait gagner du temps.
17:46Et tu as dit le mot que j'adore
17:47et qui est vraiment essentiel pour moi,
17:48c'est l'humilité.
17:49Quand on est manager,
17:50il faut être humble
17:50et plus on monte
17:51dans la hiérarchie
17:53de l'organisation,
17:55l'humilité,
17:55elle est essentielle.
17:56Effectivement,
17:57reconnaître ce qu'on sait
17:58et ce qu'on ne sait pas,
17:59savoir se tromper,
18:00le droit de dire
18:01que oui,
18:01je vous ai emmené là,
18:03c'était une erreur
18:03pour pouvoir aussi
18:05accompagner les autres.
18:06Et ce qui me fait frémir un peu,
18:07c'est toujours des termes
18:07que j'emploie,
18:08mais la posture managériale
18:10où finalement,
18:11on a l'impression
18:11qu'il y a un seul modèle
18:14et vraiment pas.
18:16Chacun,
18:17on peut avoir notre style
18:18et surtout,
18:18il ne faut absolument pas
18:19rentrer dans un modèle
18:22qui serait le bon,
18:23sinon ce serait facile,
18:24on fait signer une feuille
18:25et puis voilà.
18:26En revanche,
18:27ce qui est important,
18:28c'est de garder
18:28cette transparence,
18:29non pas légale,
18:30l'humilité
18:31et le courage
18:33de savoir dire non
18:34ou je ne peux pas
18:35ou je ne sais pas
18:36et de continuer derrière
18:37pour voir comment améliorer
18:38les choses.
18:38Mais attention aussi
18:39au syndrome du super-héros,
18:41ils ne sont pas là
18:42pour tout savoir,
18:43pour tout accompagner,
18:44pour tout faire.
18:44c'est comme ça qu'on court
18:46à la catastrophe
18:46au niveau de la santé justement.
18:48bien sûr.
18:48Et justement,
18:49pour rebondir sur tout ce qui est santé,
18:52est-ce que finalement,
18:52il y a aussi un tabou
18:54autour de la souffrance psychique
18:56spécifique aux managers
18:57par rapport à leur rôle justement
18:58et par rapport à ce truc
19:00de dire voilà,
19:00c'est un super-héros,
19:01peut-être qu'eux aussi
19:02se mettent dans une posture
19:03où ils n'osent pas forcément
19:05en parler
19:05parce que justement,
19:06ils n'ont pas le droit
19:07de ne pas être bien.
19:09Dans quelle mesure finalement
19:10aussi le rôle de manager
19:11nous enferme un peu
19:12dans cette solitude ?
19:13Je crois qu'il y a 41%
19:14des managers
19:15qui sont isolés
19:16dans leur rôle,
19:17pareil,
19:17résultat d'un baromètre
19:18en France.
19:20Je pense que ça a augmenté.
19:21C'est possible,
19:22c'était il y a trois ans.
19:22Alors, je ne sais pas,
19:23je ne sais pas moi,
19:24dans ce que tu pourrais en dire,
19:26Gaëlle,
19:27mais moi dans mon travail
19:28concrètement,
19:31plus on va dans le management
19:32et plus les personnes
19:33vont dire non,
19:34non mais moi,
19:34je ne peux pas m'arrêter,
19:35je ne peux pas laisser mes équipes
19:36et puis on va croire
19:37que je suis fragile
19:38et puis on va croire
19:38que je ne suis pas fait
19:39pour ce poste
19:40et s'il y a un conflit
19:41dans mon équipe,
19:41il ne faut pas que j'en parle
19:42parce qu'on va croire
19:43que je suis nul.
19:44Donc, toutes ces idées-là
19:45qui sont absolument catastrophiques
19:46pour la santé du manager
19:48et pour le collectif
19:49parce que forcément,
19:50ça fait des dégâts.
19:51Donc oui,
19:52je pense qu'effectivement,
19:53chez les managers,
19:54il y a un grand danger
19:56de ne pas avoir cette humilité
20:00de dire là c'est trop.
20:01Et quand on va dans le détail,
20:02il y a une surreprésentation
20:03du mal
20:04par rapport aux femmes manageuses
20:06chez les managers
20:08qui vont avoir nettement
20:10moins de mal
20:10à aller voir leurs collègues
20:13pour dire
20:13je ne sais pas faire ça.
20:14Comment est-ce que tu gérerais ça ?
20:16Et je le vois
20:16à mon petit niveau,
20:18mes livres sont lui
20:19à 80% par des femmes,
20:20mon podcast,
20:21mon audience,
20:22c'est 70% de femmes
20:23parce que c'est bien connu,
20:23un homme de plus de 45 ans
20:25manager sait.
20:26Par définition,
20:27il sait.
20:29Et il va considérer
20:29que s'il ne sait pas,
20:30c'est effectivement
20:31une faiblesse.
20:33Mais sur la santé mentale,
20:34qu'on soit manager
20:35ou pas manager,
20:35c'est un tabou en France.
20:37C'est un tabou
20:37qui est absolument gigantesque.
20:39Ça commence à évoluer,
20:40mais tu n'as pas le droit
20:41d'être faible en entreprise.
20:42Mais même quand tu es
20:43un jeune collaborateur,
20:45une jeune collaboratrice,
20:45mais on parle même
20:46de burn-out chez les étudiants.
20:48Ou la notion de faiblesse.
20:50Enfin, à un moment,
20:51moi j'avais adoré
20:52ce que m'avait dit
20:53Patrick Lelay à l'époque.
20:54J'ai eu la chance
20:55de travailler avec lui
20:55quand il était PDG de TF1.
20:57Il m'avait dit deux choses.
20:59C'est un,
20:59la première chose,
21:00c'est qu'on ne sauve pas
21:00de vie chez TF1
21:01donc on va arrêter
21:02de se prendre au sérieux.
21:03Donc il n'y a aucun problème
21:04chez TF1
21:05qui justifie qu'on gueule.
21:06Ce qui était déjà pas mal.
21:08Et la deuxième chose
21:09qu'il m'avait dit,
21:09c'est Gaël,
21:10en tant que manager,
21:11tu as le droit
21:12de faire la gueule
21:12une fois par an.
21:13Mais ce jour-là,
21:14tu restes chez toi.
21:15Et c'est vrai
21:16que c'est une pression
21:17pour les managers
21:17et que je me suis toujours mis.
21:19Mes problèmes persos,
21:21je ne les amenais pas
21:21vis-à-vis de mon équipe
21:22et je considérais
21:23que sourire,
21:24quel que soit le sujet,
21:25quelle que soit la situation,
21:27c'était de ma responsabilité
21:28de manager.
21:29C'est vrai que c'est
21:29tellement plus agréable
21:30de travailler avec quelqu'un
21:31qui est souriant
21:32quel que soit le sujet
21:33puisqu'une équipe
21:33ressemble toujours
21:34à son manager.
21:34Donc s'il y a des managers
21:35ou des manageuses
21:36qui nous écoutent,
21:37vous voulez des équipes
21:38qui tirent la tronche
21:39et qui sont dépressives,
21:40tirez la tronche
21:40et soyez dépressif.
21:41Si vous voulez des équipes stressées,
21:43soyez stressés.
21:44Si à contrario,
21:44vous voulez des équipes
21:45créatives, impliquées,
21:46motivées,
21:47soyez ça.
21:48C'est renverser le rôle modèle
21:50mais de manière plus positive.
21:52C'est essayer de véhiculer
21:52un truc positif.
21:53Et puis c'est tellement agréable
21:54de pouvoir être soi-même
21:55et de se dire
21:56fondamentalement,
21:58rares sont les métiers
21:59dans lesquels
22:00on sauve des vies.
22:01Mais tu sais, petite anecdote,
22:02je donnais une conférence
22:04dans un énorme CHU
22:05de plus de 20 ou 30 000 personnes.
22:08Et je dis,
22:10mais pendant ma conférence,
22:11je dis,
22:11on ne sauve pas de vies
22:12et je dis ça
22:12à un professeur
22:13en chirurgie neuronale.
22:15Et je dis,
22:16je ne peux pas dire ça.
22:17Il fait,
22:17ah mais si,
22:17moi je le dis à mes équipes.
22:19Je dis,
22:19mais vous plaisantez ou quoi ?
22:21Il fait, non, non.
22:21On sauve des vies
22:22quand on est au bloc.
22:23Par contre, en dehors,
22:24il est hors de question
22:25qu'on se demande de respect,
22:26qu'on soit stressé.
22:27On est stressé
22:28au taquet au bloc.
22:29Par contre,
22:29dès qu'on sort,
22:30et le type,
22:31c'est un des premiers
22:31qui a engagé
22:32des coachs sportifs
22:33sur ses deniers personnels
22:35pour que les équipes
22:36puissent se défouler
22:37après les opérations
22:38et qui a pris conscience de ça.
22:39C'est que ses équipes,
22:41eh bien oui,
22:41on est sérieux
22:41quand on est dans le bloc,
22:43mais en dehors,
22:43on doit se marrer.
22:44Ça doit être léger.
22:45Ça doit être sympa.
22:46Oui,
22:46il y avait une question aussi
22:47sur le fait d'être manager
22:50et de jouer quelque part un rôle.
22:52Puisque,
22:52comme on disait,
22:53finalement,
22:53normalement,
22:54il devrait y avoir
22:54autant de managers
22:55qu'il y a de personnes.
22:56Mais les gens ont tendance,
22:58je pense,
22:58quand ils veulent rentrer
22:59dans ce rôle de manager
23:00à vouloir rentrer
23:01dans un espèce de moule préfet
23:02et pas forcément
23:03finalement faire exprimer
23:06leur personnalité
23:06en tant que manager.
23:09En quoi ça,
23:09c'est un problème ?
23:10Déjà,
23:10est-ce que c'est une réalité
23:11par rapport à vos expériences ?
23:13Déjà là-dessus,
23:15il y a quelque chose
23:16que je voudrais,
23:16moi,
23:17rectifier dans mon vécu
23:19ou dans ma vision.
23:20C'est que je suis assez pour
23:22que le manager
23:23imagine qu'il met un costard
23:25quand il est manager.
23:26Parce qu'on s'en prend plein la gueule.
23:28En tant que manager,
23:29souvent.
23:30Et de se dire,
23:30c'est pas moi.
23:31Si par exemple,
23:31j'ai un collègue
23:33qui vient me voir,
23:33moi, manager,
23:34et qui râle parce que,
23:35je ne sais pas,
23:36il n'a pas un bon salaire
23:38ou il n'a pas réussi
23:38à faire je ne sais pas quoi.
23:40S'il s'en prend à moi,
23:42ce n'est pas moi,
23:43Anne-Véronique,
23:43c'est moi le manager.
23:44Et il faut savoir aussi
23:45se préserver,
23:47de se mettre en distance,
23:48c'est-à-dire bien écouter
23:48ce qui est demandé
23:49et écouter attentivement,
23:51comprendre,
23:52mais pas tout prendre pour soi.
23:53Ce n'est pas sa personne
23:54qui est mise en cause
23:56ou peut-être si j'ai moi
23:57fait des choses mal.
23:59Mais en revanche,
24:00il faut comprendre
24:00comme le médecin
24:01met sa blouse quelque part
24:03qu'on est manager,
24:04on a aussi un rôle à jouer.
24:06Et avec sa personnalité,
24:08en étant vrai,
24:09comprendre que
24:10on ne sauve pas le monde
24:12et ce n'est pas nous,
24:13notre caractère propre
24:14qui est forcément mis à mal,
24:16mais une situation organisationnelle,
24:18stratégique,
24:19opérationnelle,
24:20autre.
24:21En fait,
24:21c'est avec l'expérience,
24:23donc j'ai été manager 20 ans,
24:24plus on vieillit,
24:26plus on se dit
24:26mais qu'est-ce que j'en ai à foutre
24:27de jouer un rôle ?
24:28Mais vraiment.
24:29Et par contre,
24:31en libérant la parole,
24:32il se trouve qu'il peut m'arriver
24:34d'avoir des mots un peu verts
24:35quand j'étais manager.
24:37Et comme je dis à mes équipes,
24:39vous pouvez absolument tout me dire.
24:40Moi, ce que je veux,
24:41c'est que vous soyez à l'aise
24:42avec moi dans votre façon de parler.
24:43Vous pouvez tout me dire
24:43tant que c'est dit poliment.
24:45Une fois,
24:45il y a une collaboratrice
24:46qui nous voit en me disant
24:46écoute Gaël,
24:47parfois dans les réunions,
24:48tu utilises des gros mots
24:49et moi, ça me gêne.
24:49C'était dans le service public.
24:51Donc, c'était plus poli.
24:53Ça dépendait du ministère de la Culture.
24:55Oui.
24:58Et j'ai prêté attention
24:59à ce qu'elle dit
25:00et quand j'étais en réunion,
25:01ça ne me coûtait rien
25:02de virer ces gros mots
25:04de temps en temps.
25:05Il faut savoir
25:05être à l'écoute de ses équipes
25:07et fondamentalement,
25:07je trouve que c'est ça
25:08qui est fabuleux
25:08dans le rôle de manager.
25:09C'est d'être un peu caméléon,
25:11de s'adapter aux gens,
25:12mais in fine,
25:13de garder sa personnalité propre.
25:15Un des postes
25:17où je me suis fait virer,
25:18c'est parce que j'ai refusé
25:19de faire un acte
25:20qui n'était pas éthique
25:21à la demande d'un de mes patrons.
25:23Je suis resté moi-même.
25:24Il n'y a rien de pire
25:25quand j'entends
25:25des jeunes managers
25:26qui me disent
25:26« Ah oui, moi,
25:27j'aimerais bien être bienveillant,
25:28mais ce n'est pas bienveillant
25:28au-dessus de moi. »
25:30Mais tu aurais été rasé
25:31à la sortie de la guerre, en fait.
25:33C'est rien ne t'empêche
25:34de dire « Non, je refuse. »
25:35Ma première mission
25:36en tant que manager,
25:37c'est de protéger mes équipes.
25:38Ce n'est pas toujours simple.
25:39C'est le marteau et l'enclume.
25:40Ce n'est pas toujours simple,
25:41mais personne ne dit
25:42que manager, c'est simple.
25:44C'est vrai.
25:45Oui, puis c'est ça.
25:46C'est protéger ses équipes
25:47et puis aussi être en accord
25:49avec ses propres valeurs,
25:50sa propre éthique,
25:51si tant est qu'on en est.
25:53Si on veut trouver du sens
25:54dans ce métier de manager,
25:56il faut impérativement
25:56être en phase avec qui on est.
25:58Si on sait trop dur.
25:59Si on veut que ça fonctionne, oui.
26:01Ça fait partie
26:02dans les facteurs de risque
26:04organisationnels.
26:05Il y a l'un des facteurs
26:07qui est le fait d'être
26:09en adéquation avec les valeurs,
26:10le sens au travail, l'éthique.
26:11Et à mon sens,
26:12c'est ce qui est le plus important.
26:14Si je travaille
26:15pour une organisation
26:17qui est à l'opposé de mes valeurs,
26:18même si ce n'est pas
26:19une organisation hors la loi,
26:21je vais aller très mal
26:22et il ne faut pas que je reste.
26:23Il faut que je m'en aille.
26:24Parce que ces valeurs,
26:25c'est vraiment notre ADN,
26:26c'est vraiment notre cœur
26:27et on ne peut pas renier
26:28qui on est.
26:29Donc là-dessus,
26:29il faut absolument être vrai.
26:31Donc c'est au-delà même,
26:32c'est-à-dire que
26:32les problématiques liées
26:34à la santé mentale
26:35chez les managers,
26:36au-delà de ce qui est la charge,
26:37etc.,
26:37il y a aussi finalement
26:38ce qu'on représente
26:41auprès de nos équipes,
26:43etc.
26:44Donc c'est vraiment un tout aussi.
26:45Arrêtez de penser
26:46qu'on est essentiel
26:47en tant que manager.
26:47Je vais te donner un exemple.
26:49C'est un peu plus de 70%
26:50des managers
26:51qui consultent leurs emails
26:52pendant leurs vacances.
26:53Il y a des études
26:54très intéressantes
26:54qui ont été faites là-dessus
26:55où les managers vont dire
26:57oui, mais c'est au cas
26:58où il y a une urgence.
26:59Juste regarde.
27:00Non mais la boîte,
27:01elle peut se passer de toi en fait.
27:03Et c'est très compliqué
27:04d'admettre que oui,
27:05la boîte peut se passer de moi.
27:06Et il y a des entreprises,
27:08ces Daimler,
27:08ils font ça depuis des années maintenant.
27:10Si tu es manager,
27:11tu t'appelles Guntar,
27:12tu pars en vacances.
27:14Et t'écris à Guntar,
27:14toi tu ne sais pas
27:15que Guntar est en vacances.
27:16Et tu vas recevoir
27:16le mail suivant,
27:18Guntar est en vacances
27:19du temps au temps.
27:21Nous venons d'effacer
27:21votre email.
27:22En cas d'urgence,
27:23vous pouvez l'envoyer
27:24à M. Schmitt
27:24qui gère tous les dossiers
27:26de Guntar.
27:26Ça a plein d'avantages.
27:27Un, le service client,
27:28il est maintenu.
27:29Guntar, il a zéro stress
27:31pendant ses vacances.
27:31Il ne va pas culpabiliser
27:32de ne pas se connecter.
27:33Et troisième avantage,
27:34je pense que tous les auditeurs
27:35et les auditrices
27:36ont connu ça.
27:37Le côté,
27:38la petite boule au ventre
27:39le jour d'avant
27:39de revenir de vacances
27:40où on sait qu'on va avoir
27:41500-600 mails
27:42et on fait toutes et tous
27:43la même chose
27:44depuis des années.
27:45On va passer une journée
27:46à tous les dire
27:46et en fin de journée,
27:47on va se dire
27:47le seul qui était utile
27:49c'est celui que j'ai reçu ce matin.
27:51Et on aurait pu tout effacer.
27:52Mais on continue à le faire.
27:54C'est ça qui est ouf.
27:56Et donc le manager,
27:57c'est le premier responsable
27:58de son bien-être.
27:59Et si on veut avoir
28:00des équipes qui vont bien,
28:01il faut déjà se poser la question
28:02de qu'est-ce qui me fait du mal.
28:04Et l'hyper-connexion
28:05est quelque chose
28:06qui est terrible,
28:07mais terrible.
28:08Moi, j'ai parlé d'un temps
28:09que les moins de 20 ans
28:09ne connaissent pas.
28:11J'ai connu l'arrivée du mail
28:11quand je suis arrivé chez TF1.
28:13Quand il y avait un mail
28:14qui arrivait dans la journée,
28:15j'en parlais à mes potes le soir.
28:17Je pense que,
28:19à contrario,
28:19c'est si toi,
28:20si tu as une journée
28:21sans email,
28:22tu en parles à tes potes le soir
28:23où tu te dis
28:23tiens, je suis peut-être viré.
28:25Mais il faut revenir
28:26à ces paradigmes de déconnexion
28:28et de se dire
28:28ouais,
28:29on n'est pas fondamentaux
28:31dans nos structures
28:31et savoir prendre de la distance,
28:33mais ne serait-ce que le soir,
28:35ne serait-ce que le week-end.
28:36Essaye,
28:37enfin voilà,
28:37il y a un exercice tout bas,
28:38tu essaies de te rappeler
28:39la dernière journée
28:40où tu n'as pas pensé
28:40à ton job
28:41du matin jusqu'au soir.
28:42Pas une seule fois.
28:44Bien souvent,
28:45les gens,
28:45dans mes conférences,
28:46je dis,
28:47je déclare le regard bovin.
28:49Les gens sont perdus,
28:51ils ne se rappellent pas
28:52de cette dernière journée
28:52parce qu'on n'en a plus.
28:54Alors que c'était le cas avant.
28:56C'est peut-être là aussi.
28:57Bien sûr que c'était le cas avant.
28:58C'était totalement le cas.
28:59Quand je partais en vacances,
29:00en début de carrière,
29:01il n'y avait pas d'email,
29:02pas d'ordinateur portable.
29:03Oui, ce temps a existé.
29:05Je l'ai connu aussi.
29:06Oui, mais c'est les jeunes,
29:07ils ne peuvent pas connaître ça.
29:09Et quand on racontait
29:09nos vacances à nos collègues
29:11et collaborateurs,
29:12collaboratrices,
29:12on dit,
29:12ben ouais,
29:14j'ai pensé au boulot
29:14les trois premiers jours
29:16et au bout de trois jours,
29:16j'ai déconnecté.
29:17C'est-à-dire qu'on utilisait
29:18déjà le mot déconnexion
29:19alors qu'on n'avait aucun
29:20moyen d'être connecté.
29:22Et quand les mails sont arrivés,
29:23moi je disais à mes équipes,
29:25vous ne m'envoyez aucun mail,
29:26je ne crie aucun mail.
29:28S'il y a une urgence,
29:28vous m'appelez.
29:30Je peux te dire
29:30qu'un collaborateur,
29:31une collaboratrice,
29:31avant d'appeler son boss
29:32alors qu'il sait qu'il est
29:33en maillot de bain
29:34sur une plage aux Maldives,
29:35il faut vraiment
29:36que ça soit une urgence.
29:37Je n'ai jamais été dérangé
29:39en vacances,
29:40pas une seule fois.
29:41Parce que t'as eu la bonne posture.
29:41Parce qu'à contrario,
29:43si t'as un manager
29:43qui te dit,
29:44bon je suis en vacances
29:45mais vous pouvez me déranger,
29:47ça veut dire qu'on va montrer
29:48l'exemple inverse
29:49en disant,
29:49comme je suis quelqu'un d'important,
29:51je peux être dérangé
29:51à tout moment
29:52et donc les collaborateurs
29:53vont se dire,
29:54si je veux devenir
29:54quelqu'un d'important,
29:55il faut que je dise pareil,
29:56vous pouvez me déranger
29:57à tout moment.
29:58Et c'est la cata,
29:58l'exemplarité aussi,
30:00elle est là-dessus.
30:00Mais c'est toujours ce que je dis,
30:01c'est un escalier,
30:01ça c'est toi toujours par le haut.
30:02C'est ça, exactement.
30:04Oui, ce qu'on disait tout à l'heure,
30:04on s'enferme finalement
30:05dans un truc où
30:06on ouvre la porte
30:08à quelque chose de très vicieux
30:09et au final,
30:10on a du mal à la refermer
30:11parce qu'une fois
30:11que ça a été fait une fois,
30:13c'est compliqué de dire
30:14que ce n'est plus possible après.
30:15Oui, mais il ne faut pas le faire.
30:16Il ne faut pas le faire
30:17dès le départ.
30:19Et puis on peut s'améliorer,
30:20pour ceux qui le font aujourd'hui,
30:22ils peuvent arrêter
30:23de le faire demain.
30:24Oui, et puis ça peut se faire
30:25au sein de chaque équipe.
30:26Quand j'entends des gens dire
30:26dans mon entreprise,
30:27ce n'est pas possible,
30:28je dis, mais tu es manager,
30:29tu as une équipe,
30:30fais-le dans ton équipe.
30:31Pourquoi ton équipe,
30:32tu ne dis pas,
30:32tu déconnectes totalement le week-end.
30:34Toute personne qui m'envoie
30:35un email le week-end
30:36se prend une charge
30:37le lundi matin.
30:38Mais il y a des boîtes
30:39qui l'ont automatisé.
30:39Michelin, par exemple,
30:40si tu envoies trois emails,
30:42et ça, ça date d'avant la pandémie,
30:44trois emails en dehors
30:44des horaires de travail,
30:45tu reçois un email automatique
30:47de la DRH,
30:48t'alertant,
30:49vous êtes connecté trois fois
30:50en dehors des horaires de travail,
30:51ce n'est pas bien.
30:52Si tu recommences,
30:52tu es convoqué par la DRH
30:54et ton supérieur à chier
30:54pour dire c'est quoi le problème.
30:56Donc, il y a plein de moyens.
30:58À un moment, il faut le décider.
31:00Et ces problématiques-là,
31:01elles sont,
31:01je me écarte un petit peu,
31:03mais elles sont propres
31:04à la France
31:05ou est-ce que
31:06le discours que tu as là,
31:07j'ai l'impression,
31:08je ne sais pas,
31:09j'ai peut-être des préjugés
31:10ou quoi,
31:10mais j'ai l'impression
31:10que sur les pays nordiques,
31:12il y a des choses
31:12qui sont davantage mises en place
31:15pour justement veiller.
31:16En France,
31:16on cumule l'hyper-connexion
31:18avec l'hyper-présenteïsme.
31:19C'est-à-dire qu'on évalue
31:20l'implication d'un salarié
31:22au temps qu'il va passer au taf.
31:25Toi, tu travailles
31:25dans le milieu de la communication,
31:27si un jour tu pars à 16h,
31:28tu vas forcément
31:29entendre cette célèbre phrase
31:30« Bon, tu prends ton après-midi ! »
31:32Et c'est effrayant.
31:34Alors qu'en Suède,
31:35c'est la règle des 3-8,
31:36c'est 8h pour le boulot,
31:378h pour le dodo,
31:388h pour ta vie perso.
31:41À 16h en Suède,
31:4216h30,
31:42il n'y a plus personne
31:43dans les bureaux.
31:43Plus personne.
31:44Mais même quand tu vas
31:45en Angleterre,
31:46même aux Etats-Unis,
31:46qui n'a quand même pas
31:47la réputation d'être
31:48la plus humaniste
31:48et la plus sociale
31:49des sociétés.
31:51Moi, je travaillais à l'époque
31:51avec ESPN,
31:52le patron d'ISPN
31:54à 17h30,
31:54il était plus joignable
31:55en heure locale.
31:56Il dit « Mais moi,
31:56je vais chercher mes enfants
31:57à l'école. »
31:58Qu'est-ce que tu crois ?
31:59Alors bien sûr,
32:00t'entends qu'il y a
32:00des coups de bourre,
32:01mais en France,
32:01on a un rapport au temps
32:02qui est destructeur.
32:04Et c'est pour ça
32:04qu'on est numéro 2
32:05mondial du burn-out.
32:06Il n'y a que le Japon
32:07qui nous bat.
32:08C'est quand même effrayant.
32:09Et quand on voit
32:10des organisations,
32:11justement,
32:12des entreprises internationales,
32:14pour le coup,
32:15j'ai réalisé pas mal
32:16d'audits ou d'enquêtes
32:17sur des entreprises
32:18de ce type-là,
32:19en France,
32:20qui essayent de faire
32:21des modifications
32:22d'organisation
32:23des changements
32:24au niveau européen,
32:25par exemple,
32:26ça se passe bien
32:26dans le nord de l'Europe,
32:28dans le sud, etc.
32:29En France,
32:29c'est la catastrophe absolue.
32:31Et les patrons
32:32portugais,
32:33espagnols,
32:34allemands,
32:34comprennent pas
32:35mais qu'est-ce que c'est
32:36que ce pays ?
32:36Qu'est-ce qu'ils font ?
32:38Avec un foutoir incroyable
32:41au niveau de la France,
32:42parce que c'est effectivement
32:43ce que disait Gaël,
32:46le présentéisme
32:49qui compte avant tout
32:49et une gestion,
32:51un manque de connaissance
32:53et de confiance
32:54dans son propre travail.
32:55On n'est pas obligé
32:56d'être là
32:58sur des horaires
32:59trop longs
32:59et on travaille
33:01pas du tout
33:01de la même façon.
33:02Et ce qui est très important
33:03aujourd'hui,
33:03quand on est vraiment
33:04dans une ère
33:04de travail nomade,
33:06hybride,
33:06où on peut travailler
33:07en plus avec plein
33:07de pays différents,
33:08c'est de comprendre
33:09comment réagissent les autres
33:10pour en prendre aussi
33:12le meilleur
33:12et j'espère que la France
33:13va évoluer là-dessus
33:14et laisser un peu plus
33:15de liberté aux salariés.
33:16Mais on part de loin ?
33:17Bah oui.
33:17Je ne nommerai pas ce média
33:19mais c'est un très grand journal
33:21national papier
33:22où le rédac chef
33:24interdit
33:25interdit à ses journalistes
33:26de faire du télétravail
33:27et
33:28je n'en revenais pas
33:31quand j'ai appris ça.
33:31J'ai dit
33:32mais si tu dois rendre
33:32un article le jeudi
33:33qu'est-ce que ton rédac
33:34on a
33:34quoi que ce soit à faire
33:36que ce soit écrit chez toi
33:38sur une plage
33:38ou à la rédac
33:39non non
33:39mais parce qu'ils pensent
33:40qu'on ne va pas travailler
33:40et là
33:42tu n'as rien d'autre à faire
33:43que d'avoir les bras
33:44qui tombent
33:45et te dire ok
33:45il reste du travail
33:47ou alors il faut attendre
33:48vraiment que la génération
33:49d'avant
33:49donc ma génération
33:50part à la retraite.
33:52Et vous sauriez expliquer
33:52pourquoi c'est si
33:54autant culturellement
33:55ancré comme ça
33:56dans la culture française
33:57d'avoir ce
33:58voilà
33:58Il y a une explication
33:59sociologique
34:00c'est la création
34:03du statut cadre
34:04en fait
34:06avant la guerre
34:06la deuxième
34:07j'étais pas né
34:09fais pas de blague
34:10fais pas de blague pourrie
34:11non non mais oui
34:11mais je sais
34:12j'ai bien vu dans ton regard
34:13t'es dit
34:13t'es si vieux que ça
34:14en fait avant la guerre
34:17les chefs d'atelier
34:17ils partaient à la même heure
34:19que les ouvriers
34:20puis est arrivée la création
34:21de la sécurité sociale
34:22après la deuxième guerre mondiale
34:24et le statut cadre
34:25les encadrants
34:26sont devenus cadres
34:28avec des avantages sociaux
34:29supplémentaires
34:29et en fait
34:31il y a eu un truc
34:32un effet psychologique
34:32qui fait que
34:33ceux qui avaient le statut cadre
34:34se sentient obligés
34:35de montrer que
34:36pour justifier ces avantages
34:38moi j'allais rester plus longtemps
34:39bah oui
34:39j'ai plus de responsabilités
34:40donc je reste plus longtemps
34:42et certains sociologues
34:43expliquent ça comme ça
34:44est-ce que c'est la seule explication
34:45je n'en sais rien
34:46mais en tout cas
34:47quand on compare
34:47à nos voisins belges
34:48par exemple
34:48où il n'y a pas de statut cadre
34:49de toute façon
34:50le statut cadre
34:50est une exception mondiale
34:52il n'y a que nous qui avons ça
34:53ça montre bien
34:53donc ça me semble
34:55une explication
34:56plutôt plausible
34:58j'ai pas mis eux
34:59c'était parfait
35:00mais c'est hyper intéressant
35:02c'est vrai
35:02j'avais pas du tout
35:04ce prisme là
35:04de se dire
35:05qu'on avait une exception
35:06culturelle française
35:07à ce niveau là
35:09qui ferait qu'effectivement
35:10on ait à toutes ces problématiques
35:11qui en découlent
35:13et donc effectivement
35:13des problèmes après
35:14de santé mentale
35:15et tu disais
35:15on est deuxième
35:16dans le monde
35:17après le Japon
35:18même la Corée du Sud
35:19en termes de burn-out
35:20et puis il y a peut-être aussi
35:22le fait qu'on a été
35:23le pays européen
35:23qui a connu un chômage de masse
35:25le plus longtemps
35:26de tous les pays européens
35:27à partir du moment
35:28où on te fait bien comprendre
35:30qu'il y en a plein
35:31qui voudraient ton boulot
35:31et que t'es une variable
35:33d'ajustement
35:33mais en claquant des doigts
35:34t'es viré
35:35tu te dis inconsciemment
35:37si je montre
35:38que je travaille encore plus
35:39que les autres
35:39peut-être que c'est pas moi
35:40qui va être viré
35:41mais le voisin
35:42donc il y a ces effets
35:43cumulés à mon avis
35:44qui font que le présentéisme
35:45à la française
35:45est une spécificité
35:46quand même assez
35:47terrifiante
35:48ok
35:49mais les jeunes poussent
35:51justement
35:52si j'ai le temps
35:53de raconter une anecdote
35:54qui me fait rire
35:54c'est un mépote
35:56et patron
35:56d'un des grands cabinets
35:58de conseil à la défense
35:59et à un moment
36:00il reçoit un coup de fil
36:01à 17h30
36:02d'un de ses clients
36:03en disant
36:03voilà il nous faudrait
36:04ce dossier
36:04pour aujourd'hui
36:06vendredi 17h30
36:08pas un dossier urgent
36:10mais lui il se dit
36:10le client est roi
36:11donc il réunit
36:12une équipe de consultants
36:13autour de lui
36:13à 18h
36:14il dit bon bah les amis
36:14désolé mais votre week-end
36:16va commencer à 18h
36:17et là il y a un gamin
36:1824-25 ans
36:20qui était là depuis
36:21un ou deux ans
36:21qui dit
36:21excuse moi Paul
36:23mais moi ça va pas être possible
36:24parce que le vendredi
36:25à 18h30
36:25j'ai foot
36:26et mon pote me dit
36:27mais au début
36:27je croyais qu'il plaisantait
36:28super tavade
36:30il fait non non
36:31mais je plaisante pas
36:32j'ai foot
36:32à 18h30
36:33le vendredi
36:34à mon pote de lui dire
36:34mais tu sais que c'est pas bon
36:35pour ta carrière
36:36je dis ouais
36:36très bien mais moi j'ai foot
36:38et non seulement
36:39il y allait faire son foot
36:40mais il a démissionné
36:40le mardi suivant
36:41parce qu'il sait
36:43qu'il peut retrouver un boulot
36:44donc la pression
36:45elle est complètement à l'inverse
36:46et les entreprises
36:47qui ont de moins en moins
36:48de problèmes pour recruter
36:49sont les boîtes
36:50qui comprennent
36:50que le bien-être des gens
36:52c'est important
36:52que l'avenir
36:54à 10 ou 15 ans
36:55alors je vais peut-être
36:56faire tomber des DRH
36:57et des dirigeants
36:58de leur fauteuil
36:58mais c'est la semaine
36:59de 4 jours à 32 heures
37:00et on n'y coupera pas
37:01on n'y coupera pas
37:02ça a déjà démarré
37:03en Angleterre
37:04et puis ça a démarré
37:05en France
37:05il y a même des boîtes
37:06du BTP en France
37:07qui testent la semaine
37:08de 4 jours
37:09sur les chantiers
37:10donc autant dire
37:11que pour recruter
37:12des plaquistes
37:13ou des menuisiers
37:15ou des plombiers
37:15bizarrement
37:16ils ont moins de problèmes
37:17pour recruter
37:17étrange
37:19effectivement
37:21quand on s'intéresse
37:24vraiment à tout ce qui est
37:25signaux d'alerte
37:25etc
37:26on a 62% des managers
37:28qui ressentent une forme
37:29d'épuisement
37:29professionnel
37:30donc burn-out
37:3164% des managers
37:32qui déclarent vivre
37:33un niveau de stress
37:33très important
37:34donc finalement
37:36vous par rapport
37:36à votre expérience
37:37peut-être plus toi
37:38par rapport à tout ce que
37:39tu as pu faire
37:40sur tous les baromètres
37:40etc
37:41est-ce qu'il y a des signes
37:42qui sont vraiment propres
37:43des signes avant-coureurs
37:44d'une déstabilisation
37:46ou d'une affectation
37:48de sa santé mentale
37:48chez les managers
37:49en particulier
37:50ou
37:50alors
37:51bonne nouvelle
37:52les managers
37:52sont des humains
37:53comme les autres
37:54donc en fait
37:54ça va être les mêmes signes
37:55pour tout le monde
37:56et
37:58il faut faire attention
37:59à une chose également
38:00le burn-out
38:01quand on fait un burn-out
38:03il est fait
38:03donc 100%
38:04des personnes
38:05qui font un burn-out
38:06sont dans le déni
38:07juste avant
38:07oui d'accord
38:08parce que si on se dit
38:10oulala
38:10je commence à être fatiguée
38:11je commence à plus dormir
38:12la nuit
38:13je commence à travailler
38:14trop tôt le matin
38:15trop tard le soir
38:15mes résultats sont moins bons
38:17je pleure beaucoup
38:18je m'engueule avec mes collègues
38:20ça va pas du tout
38:22et si on se disait
38:23à ce moment-là
38:23il faut que je lève le pied
38:24on éviterait des burn-outs
38:26non non
38:26à ce moment-là
38:26on se dit
38:27il faut que je travaille plus
38:28et c'est là où on tombe
38:29et 100% des personnes
38:31qui font un burn-out
38:32sont dans le déni
38:33parce qu'ils refusent
38:34de le voir
38:34parce qu'on l'a dit
38:35tout à l'heure
38:36je veux pas être faible
38:37cette fameuse phrase
38:38que j'ai tellement entendue
38:39c'est dur
38:39mais je suis fort
38:40j'y arriverai
38:41alors ça me rend folle
38:42parce que juste avant
38:43de tomber
38:43on est debout
38:44donc ça c'est très clair
38:45et les signes
38:47déjà ça s'installe
38:48sur un temps
38:49avancé
38:52si quelqu'un dit
38:52oui moi la semaine dernière
38:53j'ai fait un burn-out
38:54non la semaine dernière
38:55t'étais peut-être crevé
38:56fatigué, épuisé
38:57on est ok
38:58on juge pas
38:59mais c'est pas un burn-out
39:00et pour les signes
39:01parce que c'est ça ta question
39:02et c'est ça qui est important
39:03c'est tout changement
39:04tout changement notable
39:06pas sur deux jours
39:07ou trois jours
39:08parce que là aussi
39:09bonne nouvelle
39:09on est des humains
39:10donc on a le droit
39:11d'avoir une mauvaise semaine
39:12dans sa vie privée
39:13on a le droit
39:14d'avoir mal dormi
39:15ces derniers temps
39:16de pas avoir
39:17enfin des jours sans
39:18ça existe
39:18on n'est pas des machines
39:20donc ça c'est normal
39:21mais si sur le temps
39:22on s'aperçoit
39:22que la personne
39:23commence à
39:24s'isoler
39:24pour moi c'est le premier sujet
39:26c'est l'isolement
39:27l'isolement social
39:28parce que quand on s'entend pas
39:30avec quelqu'un
39:30par exemple
39:31si on s'engueule tous les deux
39:32je vais pas prendre un café avec toi
39:33pas tout de suite en tout cas
39:34va falloir qu'on se réconcilie
39:36pareil avec le travail
39:37si je suis pas bien dans mon travail
39:38et ben je vais éviter de venir
39:40je vais pas mettre la caméra
39:41quand je serai en visio
39:42je vais être moins dans les
39:43je serai plus distante
39:44ensuite il peut y avoir
39:45du cynisme
39:46de la fatigue
39:47de la versatilité
39:49il y a plein de choses
39:50physiquement aussi
39:51on peut avoir des signes
39:52physiques
39:53moi quand j'ai fait un burn-out
39:55où j'étais malade deux ans
39:56mes signes de burn-out
39:58ça a été une prise de poids
39:59de 35 kilos en un an
40:00du bruxisme
40:02les dents qui tombent
40:03enfin les petits bouts de dents qui tombent
40:04c'est hyper glam
40:05des réactions cutanées
40:07des crises de larmes
40:09ça peut être des problèmes de dos
40:13des problèmes de tout
40:15en fait le corps
40:16vraiment on parle
40:17énormément
40:18mais en fait
40:19on n'est pas obligé de cocher
40:20toutes les cases
40:21ce qui est important
40:22c'est de se dire
40:22attention
40:23mon collègue là
40:24je le connais bien
40:25il a changé
40:26donc essayer de comprendre
40:27pourquoi il a changé
40:28est-ce que c'est un problème perso
40:29est-ce que c'est un problème
40:30en lien avec le travail
40:31et si c'est en lien avec le travail
40:33ou si c'est perso
40:34de toute façon en tout cas
40:35être là pour l'accompagner
40:35ok
40:36maintenant mes conférences
40:37j'aime bien déprimer les gens
40:38en leur posant une question toute bête
40:39que je vais te poser
40:40ah super
40:41j'adorerais te déprimer
40:42on va te déprimer
40:43dis donc
40:43est-ce qu'il t'arrive le matin
40:45quand ton réveil sonne
40:46d'être un peu fatigué
40:47oui
40:49est-ce que tu snooze
40:51ah oui
40:51alors j'adore
40:52je le prépare même en amont
40:54je mets 10 réveils toutes les 3 nuits
40:56en fait quand je pose cette question
40:57donc Siméline
40:58tu as plusieurs centaines de personnes
40:59ils ont toujours la même réaction
41:01un de dire
41:02qui est fatigué le matin
41:03quasiment tout le monde lève la main
41:04et ça les fait marrer
41:05bah c'est un des premiers signes
41:06avant coureur du burn-out
41:07ce n'est pas normal
41:09d'être fatigué le matin
41:10et est-ce que tu veux
41:11la recette absolue
41:14pour avoir une patate
41:16tous les matins
41:17dormir plus
41:18ah wow
41:19il fallait y penser
41:21et à chaque fois que je dis ça
41:22je fais rigoler
41:23tout le monde
41:24dans les conférences
41:24mais je leur dis
41:25utilisez la technologie
41:26à votre avantage
41:27et là je leur pose la question
41:28est-ce qu'il y en a qui regardent
41:29l'amour est dans le pré
41:30il y en a quelques-uns
41:32quelques-unes
41:32qui osent dire
41:33alors que quand tu regardes
41:34les audiences
41:35tu sais très bien
41:36qu'il y en a plus
41:36et c'est le lundi soir
41:38et ça commence
41:39à 21h
41:4021h15
41:41si tu regardes
41:42le petit magazine en plus
41:43ça finit à 23h30
41:44minuit
41:45alors moi je veux bien
41:45que ça soit hyper important
41:47d'attendre 23h30
41:48pour savoir si Marcel
41:49a pécho Magali
41:49mais si tu fais un replay
41:51le lendemain
41:52et au lieu de commencer
41:52à 21h15
41:53tu le commences à 20h
41:54bah tu gagnes
41:55cette heure de sommeil
41:56qui peut-être
41:56va te changer la vie
41:57et la première fois
41:58où j'ai dit cette idée
41:58dans une conférence
41:59je te jure que c'est vrai
42:00il y a une personne
42:01au milieu de l'assemblée
42:02toute rouge
42:03qui se lève
42:04et qui hurle
42:05oui mais si on fait ça
42:06on parle de quoi
42:07la machine à café
42:07le mardi matin
42:08c'est-à-dire qu'à un moment
42:10il faut quand même
42:11prendre conscience
42:11que notre santé
42:12ça doit passer
42:13au-dessus de tout
42:14donc ok
42:15tout le monde
42:15fait un replay
42:17vous en parlez
42:17le mercredi matin
42:18mais sa première pensée
42:20ça n'a pas été
42:21tiens c'est pas con
42:22je pourrais dormir
42:22une heure de plus
42:23le mardi matin
42:24peut-être qu'avoir
42:25ma semaine
42:25où je suis plus en forme
42:26non
42:27sa première pensée
42:28ça a été
42:28mais de quoi je parle
42:30à la machine à café
42:31donc voilà
42:32il faut vraiment
42:32si vous êtes fatigué
42:33le matin
42:33c'est pas un détail
42:35c'est pas du tout
42:36du tout
42:36du tout un détail
42:37il faut que chaque signe
42:39compte finalement
42:40et chaque changement
42:41du comportement
42:42quel qu'il soit
42:43finalement
42:44est déjà une alerte
42:45mais on est acteur
42:46de sa santé
42:47et ça c'est très important
42:49aussi parce que
42:49quand on se sent pas bien
42:50on peut aussi se victimiser
42:52disant
42:53oui mais c'est parce que
42:53j'ai trop de travail
42:54c'est parce que ceci
42:55cela
42:55il y a des personnes
42:56qui font des burn-out
42:57qui sont auto-entrepreneurs
42:58qui travaillent seuls
42:59qui sont freelance
43:00ils les font tout seuls
43:01comme des grands
43:02donc il faut savoir
43:03se remettre en cause
43:04oui je sais
43:05je sais que tu as fait
43:06Gaël
43:07j'ai suivi
43:07tu te mets de l'auto-pression
43:09mais nous c'est pas grave
43:12et en fait on peut tomber
43:12dans les mêmes travers
43:13et c'est génial d'ailleurs
43:14ce que tu dis Gaël
43:15parce qu'on est là
43:16à parler de tout ça
43:17mais en fait
43:18on est pareil que tout le monde
43:19ça peut nous arriver aussi
43:20à nous
43:21à ceci près qu'on n'a pas de manager
43:22alors que c'est ça que j'adore
43:23je considère qu'un manager
43:24qui a un burn-out dans son équipe
43:25a fait une faute professionnelle
43:27c'est impossible
43:28impossible d'avoir un burn-out
43:30dans son équipe
43:30quand on est manager
43:31si on prête attention
43:33si on voit qu'il y a un collaborateur
43:34une collaboratrice
43:34qui reste jusqu'à 22h tous les soirs
43:36ça peut être une période
43:37et dans vos métiers
43:38il y a des périodes de charrette
43:40on dit encore charrette ou pas ?
43:41ou c'est un truc de vieux ?
43:42moi en tout cas oui
43:42je dis charrette
43:43mais j'ai juste hommage
43:44non mais là on est entouré de jeunes
43:46c'est pour ça
43:47on dit pas jeunes
43:48ah oui non non
43:49mais ça c'est un truc de vieux encore
43:50ça peut être
43:52sur une période d'une semaine ou deux
43:53ça peut arriver
43:53mais quand c'est systématique
43:54c'est le rôle du manager
43:56de dire non
43:56mais tu ne travailles pas
43:58jusqu'à 22h
43:58tu ne fais pas des emails le soir
43:59tu ne fais pas des emails le week-end
44:01c'est quoi le problème ?
44:02et ça peut être un problème de surcharge
44:04mais là non pas temporaire
44:05mais structurel
44:06auquel cas il faut que le manager agisse
44:08pour ne pas sacrifier cette personne
44:09et c'est ça
44:10où le rôle de manager
44:11oui il est compliqué
44:12parce qu'on a rajouté
44:13cette donnée de santé mentale
44:15mais c'est génial
44:16enfin si tu aimes
44:17ça c'est quelque chose
44:18que je dis souvent au manager
44:19tu ne peux pas être manager
44:20si tu n'aimes pas les gens
44:21fondamentalement
44:22et quand tu aimes les gens
44:23tu vois quand ils ne vont pas bien
44:25quand tu leur demandes le matin
44:26bonjour est-ce que ça va ?
44:28tu vois dans les yeux
44:29les gens qui ne vont pas bien
44:29et c'est ton rôle de t'en occuper
44:31et alors pour rebondir là-dessus
44:33justement
44:33c'est le rôle du manager
44:35c'est le rôle de l'organisation
44:36d'assurer la santé-sécurité
44:38de chaque salarié
44:41chaque collègue
44:41mais pour le manager
44:42c'est un petit défaut aussi
44:44qu'on peut avoir
44:45quand on est manager
44:45moi je donne un exemple
44:46j'ai trois personnes dans mon équipe
44:48et j'ai un nouveau dossier
44:49qui arrive
44:49et je me dis zut
44:50il arrive quand même
44:51on est tous un peu chargés
44:52je vais le proposer à Marcel
44:54et Marcel il va gueuler
44:55il va me faire
44:56oh RALPOL
44:57j'en ai douze qui m'attendent
44:58je ne peux pas faire celui-là
44:59ça va être négociation
45:00je suis épuisée d'avance
45:01je ne vais pas voir Marcel
45:02après il y a Micheline
45:04je vais lui proposer
45:06je vais lui dire
45:06écoute est-ce que tu peux le prendre
45:07il faut le rendre dans 5 jours
45:09ah bah je ne sais pas
45:10parce que j'ai beaucoup de choses
45:12je veux bien le prendre
45:13mais tu l'auras dans 3 semaines
45:15mais gentil
45:16mais ça va être tout mou
45:17donc non
45:17et puis j'ai l'autre là
45:18la petite Géraldine
45:20on va dire
45:20ou Gérald
45:21si c'est un homme
45:21qui va faire
45:22ah mais moi je prends
45:23mais je peux te prendre
45:24ne t'inquiète pas
45:24compte sur moi
45:25je suis là pour toi
45:26oui mais toi tu as 15 dossiers
45:27les autres en ont 8
45:28ouais mais c'est pas grave
45:29tu peux compter sur moi
45:30je vais le faire
45:31mais c'est lui qui va faire
45:32un burn-out
45:32ou elle
45:32sauf que le manager
45:33il s'est dit
45:34je vais prendre 3 plombes
45:35pour convaincre Marcel
45:36Micheline ça va être impossible
45:38je vais aller directement
45:39vers cette personne là
45:40et le problème
45:41c'est que c'est cette personne
45:42qui va faire un épuisement
45:43donc il est responsable
45:45tout en sachant
45:45que le premier rôle du manager
45:46s'il a conscience de ça
45:47c'est la personne
45:48qui lui demande un délai
45:49de dire non c'est pas possible
45:50et dans nos métiers
45:52enfin c'est plus mon métier
45:53mais dans les métiers des médias
45:54le nombre de briefs
45:55qu'on reçoit
45:56où on sait très bien
45:56que l'annonceur
45:59alors qu'on sait très bien
46:00que le budget
46:00il sera voté dans 10 jours
46:01et pourtant
46:02on se met la pression
46:04et c'est un vrai cercle vicieux
46:07tout ça
46:07oui c'est pas au collègue
46:08il faut dire non
46:09c'est à la demande du client
46:10ou alors
46:11de dire ok
46:12moi je veux bien faire ça
46:13mais qu'est-ce que je fais plus tard
46:14moi je veux bien dire
46:16oui ok je vais faire ça
46:17mais du coup
46:17qu'est-ce que je mets de côté
46:18ça on a le droit de le dire
46:19c'est des arbitrages
46:20c'est des arbitrages
46:21donc il faut avoir du sens
46:23et il faut aussi
46:24assumer de dire qu'on peut pas
46:26et sur les signes
46:28que tu évoquais tout à l'heure
46:28enfin que vous évoquiez
46:29que vous évoquiez tous les deux
46:30par rapport aux signes
46:31avant-coureurs
46:32est-ce que c'est si facile
46:35que ça
46:35parce que tu dis
46:35c'est une faute professionnelle
46:36quand t'es manager
46:37de faire un burn-out
46:38mais est-ce que aussi
46:39je pense que quand t'es pris
46:40un peu dans le truc
46:41de ne pas voir quelqu'un
46:42dans l'équipe qui fait un burn-out
46:43non de ne pas le voir toi-même
46:44finalement est-ce que tu le vois
46:46toi tu te sens un peu
46:48du coup
46:48moi j'ai arrêté avant d'exploser
46:50honnêtement
46:50c'est que c'est possible finalement
46:52de voir soi-même les signes
46:54ça aurait été quand même couillon
46:55d'en faire un
46:55mais malgré tout
46:56je me suis mis
46:57comme tu le disais très bien
46:58je me suis mis
46:59dans tous les trucs de danger
47:00parce que tu sais
47:01c'est le bon vieux principe
47:02quand ça va pas
47:02dans ta vie perso
47:03tu te noies dans le travail
47:04pour te sentir vivant
47:05tu vois l'ironie de la phrase
47:06quand même
47:06et à un moment
47:08j'ai dit bon ok
47:08faut que j'arrête tout
47:09et je suis parti
47:10faire le chemin de Compostelle
47:10pendant un mois
47:11histoire de me remettre à zéro
47:12mais parce que j'ai le luxe
47:14d'être indépendant
47:14de pouvoir le faire
47:15je connais ces signes avant-coureurs
47:17mais c'est pour ça
47:18que c'est important
47:18la formation
47:19former les managers
47:20à reconnaître les signes avant-coureurs
47:21chez eux en premier
47:22comment est-ce qu'un manager
47:24qui travaille H24
47:257-7
47:25jusqu'à 22h
47:26puisse dire à ses équipes
47:29si lui ne montre pas l'exemple
47:30non non mais déconnecté
47:31oui mais toi tu déconnectes pas
47:33mais c'est ça
47:33c'est hyper important
47:36c'est hyper important
47:37et après les signes
47:39on va pas forcément les voir
47:40en revanche
47:41c'est la responsabilité
47:42du manager
47:42de s'assurer
47:43qu'il est équitable
47:44dans le travail qu'il donne
47:45et qu'il entend aussi
47:46les personnes qui vont dire
47:48là j'y arrive pas
47:48ou même si les signes se voient pas
47:50je suis un peu plus fatigué
47:51ou qu'il y ait un peu plus
47:53de conflits dans son équipe
47:54tout est là quand même
47:56pour identifier
47:56s'il y a une problématique
47:58d'épuisement
47:59ou de mauvais équilibre
48:01dans les dossiers
48:02donc le manager
48:05a cette responsabilité
48:06de voir
48:07et lui-même
48:08ses propres managers
48:09et il y a la communauté manager
48:13c'est pour ça que c'est important
48:13aussi d'avoir des communautés managers
48:15qui s'entraident
48:15et on en revient
48:16à ce qu'on disait tout à l'heure
48:17malheureusement
48:18il y a une surreprésentation
48:19des burn-out
48:19chez les managers hommes
48:21parce que
48:21ben non
48:21ils n'ont pas le droit
48:22d'être faibles
48:22et là on arrive
48:24sur la représentation masculiniste
48:26enfin tous ces trucs là
48:26où si t'es pas superman
48:28t'es un loser
48:28si t'es pas un bonhomme
48:29t'es un bonhomme
48:30tu vas pas tomber
48:31c'est la cata
48:33ok
48:34mais du coup ça rejoint
48:36une autre partie
48:38qui serait plus sur l'accompagnement
48:39on a 16% des managers
48:42qui se déclarent très bien informés
48:45sur les difficultés psychologiques
48:46au travail
48:46et les symptômes
48:47du mal-être professionnel
48:47vous allez peut-être me dire
48:48c'est même encore moins
48:49je sais pas
48:50mais que
48:51voilà en tout cas
48:52on voit qu'il y a
48:52peut-être un manque de connaissance
48:54un manque d'accompagnement
48:55sur tous les éléments
48:57des signes extérieurs
48:58enfin des choses un peu extérieures
48:59propres à l'entreprise
49:00qui pourrait aider justement
49:01les managers
49:02à finalement s'informer
49:03à être plus au fait
49:04de toutes ces problématiques là
49:06donc finalement
49:08en entreprise
49:09quel rôle il peut être
49:10quel rôle l'entreprise
49:11peut jouer justement
49:12dans cette amélioration
49:15de la formation
49:16des managers
49:17sur l'identification des signes
49:18la prévention etc
49:20c'est son premier rôle
49:21il est acteur de prévention
49:22prévention primaire
49:23donc il doit mettre
49:23tout en place
49:24pour que les salariés
49:27soient en santé
49:28en sécurité
49:29c'est la loi
49:29et qu'il y ait des outils
49:31et des acteurs de prévention
49:33et du coup
49:34je voudrais quand même
49:34faire un petit message
49:35pour toutes les personnes
49:37qui pourraient se sentir
49:37en difficulté
49:38en souffrance
49:38en épuisement
49:39même qu'ils soient
49:42managers ou pas
49:43d'en parler à ses collègues
49:45c'est bien
49:45c'est une première chose
49:45mais ça suffit absolument pas
49:47le nombre de fois
49:48où j'ai vu des cas
49:49vraiment difficiles
49:50douloureux
49:50qui étaient connus
49:51des collègues
49:52mais les collègues
49:52n'en parlaient à personne
49:53parce qu'on ne fait confiance
49:54à personne
49:55et résultat
49:56les gens tombaient
49:57vraiment de façon
49:58très douloureuse
49:59il y a des acteurs de prévention
50:00qui sont les référents
50:02les élus
50:03les RH
50:04la médecine du travail
50:05les préventeurs
50:07en tout genre
50:07on trouvera toujours quelqu'un
50:08mais parlez-en aux bonnes personnes
50:10et si vous avez un doute
50:11n'hésitez pas
50:12à le faire
50:13parce que
50:14quand on agit trop tard
50:15quelquefois
50:15c'est assez dramatique
50:17il faut former
50:18former
50:19impérativement
50:20le burn-out
50:21est toujours un sujet
50:22tabou
50:23qui est absolument effrayant
50:24alors qu'avec un peu de formation
50:26mais j'étais allé
50:26j'avais poussé le bouchon
50:27un peu loin
50:28c'est avant la pandémie
50:29où j'avais suggéré
50:30la création d'un permis à points
50:31pour les managers
50:31un burn-out dans ton équipe
50:33moins 6 points
50:34bim
50:34et obligation d'être formé
50:36mais pour faire
50:37à un moment
50:38il va falloir agir
50:38pour que les managers
50:39comprennent que
50:40un
50:40ils peuvent être victimes
50:41de burn-out
50:41en premier
50:42que
50:43ça ne s'attrape pas
50:44comme le covid
50:45ou la grippe
50:45ou une angine
50:46il y a une mécanique
50:48qui amène vers le burn-out
50:49donc ce n'est pas une fatalité
50:50et qu'en France
50:51on soit aussi mauvais
50:52c'est quand même effrayant
50:54alors que
50:55ça passe par de la formation
50:56de l'information
50:57mais malheureusement
50:58je ne sais pas
50:59comment ça se passe
51:00chez Havas
51:01mais
51:01j'ai vu
51:02le nombre de managers
51:04ou de dirigeants
51:04on leur propose une formation
51:05sur un sujet hyper technique
51:07ils disent
51:07non mais je n'ai pas le temps
51:08ou alors ils annulent
51:09le jour d'avant
51:10leur formation
51:10un moment
51:11de rendre ces formations
51:12vraiment
51:12obligatoires
51:13et de dire
51:13non mais tu n'as pas le choix
51:14parce que
51:15tu t'occupes
51:16de la plus belle
51:17et plus grande richesse
51:18de l'entreprise
51:18les gens
51:19et donc si tu ne sais pas
51:21prendre soin des gens
51:21et bien
51:22tu n'as pas ton rôle
51:24de manager à tenir
51:24et peu
51:25très peu
51:26trop peu
51:27d'entreprises
51:28forment leurs managers
51:28et leurs dirigeants
51:29et dirigeantes
51:30au burn-out
51:30j'ai vu des patrons
51:32et des patronnes aussi
51:33de grands groupes
51:34mais qui n'en avaient
51:35mais rien à foutre
51:36mais quand je dis
51:37rien à foutre
51:38c'est
51:38non mais le burn-out
51:39c'est pour les faibles
51:40quand tu pars de là
51:42c'est dur de
51:43non mais il y a du travail
51:45ça fait partie de notre travail
51:46à nous deux
51:46d'essayer d'éduquer
51:48de parler
51:48de faire progresser les choses
51:50donc ça c'est sur le plan
51:52on va dire
51:52de l'entreprise
51:53et après individuellement
51:55si vous aviez
51:55des clés comme ça
51:56à donner aussi
51:57pour les gens
51:58oui alors déjà
51:59toujours cette fameuse
52:01humilité de savoir
52:02se remettre en question
52:03moi si j'avais pas fait
52:04mon burn-out
52:04à 45 ans
52:05je continuerais
52:06exactement les mêmes erreurs
52:07que j'ai toujours faites
52:08depuis que j'ai commencé
52:09dans la pub
52:10dans la com
52:10il y a
52:11il y a longtemps
52:12et j'avais les mêmes travers
52:15où je travaillais plus
52:16où j'avais l'impression
52:17que j'avais besoin
52:18de faire plus
52:19pour être reconnue
52:20que j'avais pas
52:20les diplômes nécessaires
52:21donc il fallait
52:22que je le prouve autrement
52:23j'avais pas confiance en moi
52:24enfin bref
52:25le cliché
52:26le truc super banal
52:27et si j'étais pas tombée
52:29j'aurais continué
52:30et finalement
52:30j'aurais été malheureuse
52:31dans tous mes postes
52:32et c'est en tomber
52:33alors je souhaite à personne
52:34de tomber
52:34mais en revanche
52:35de savoir identifier aussi
52:37ses propres limites
52:38parce qu'on n'est pas tous égaux
52:39par rapport au stress
52:40par rapport aux éléments
52:41qui peuvent
52:42nous rendre la vie difficile
52:44au niveau professionnel
52:45mais identifier
52:46quand ça pêche
52:47et s'il vous plaît
52:48écoutez votre entourage
52:49quand les gens
52:50qui vous connaissent
52:51et qui vous aiment
52:52et qui vous disent
52:53ça va pas en ce moment
52:55faut pas leur dire
52:56mais non t'inquiète
52:56non non
52:57faut les écouter
52:58parce qu'ils sont pas là
52:58pour vous prendre votre place
53:00ils sont dans votre vie
53:00proche
53:02donc ils sont là
53:03parce qu'ils s'inquiètent vraiment
53:04écoutez-les
53:04parce qu'on les écoute
53:05jamais assez
53:06oui c'est ce qu'on disait tout à l'heure
53:07finalement les signes
53:08avant-coureurs
53:08on a peut-être plus de mal
53:09à les voir nous-mêmes
53:10qu'effectivement des gens
53:11qui sont proches de nous
53:12c'est ça
53:13il y a une forme de déni aussi
53:14et puis je pense
53:15qu'il n'y a pas de
53:16c'est pas un on-off
53:17c'est-à-dire que c'est progressif
53:18c'est lent
53:19et donc forcément
53:20on s'habitue un peu
53:21à cette régression
53:23on se dit que c'est normal
53:25probablement
53:25c'est ça
53:25c'est la normalité par exemple
53:27de la fatigue matinale
53:28et s'écouter
53:29et ensuite
53:29si on veut repousser ses limites
53:31de trouver les moyens
53:32de les repousser
53:33sans pour autant se fatiguer
53:34je vais te donner un exemple
53:35très concret
53:36je produis deux fois plus
53:37d'épisodes de podcast
53:39qu'il y a deux ans
53:40mais je suis en semaine
53:41de quatre jours
53:41grâce à l'IA
53:42j'ai gagné un temps
53:44de ouf
53:45donc j'ai pu passer
53:46à quatre épisodes par jour
53:47parce que je gagnais du temps
53:48sur les résumés
53:48sur la publication
53:49sur un certain nombre
53:50d'items
53:50où j'ai gagné tellement de temps
53:52mais je suis en semaine
53:52de quatre jours
53:53et je suis bizarrement
53:54moins fatigué
53:54c'est bizarre
53:55c'est étrange
53:56c'est lien de cause
53:57à l'effet
53:58je crois
53:59très bizarre
53:59très bien
54:00écoutez merci beaucoup
54:01peut-être pour conclure
54:03un dernier tour
54:03si vous aviez
54:04un message
54:05à faire passer
54:06auprès de nos auditeurs
54:07auprès des managers
54:08ou non
54:09peut-être des futurs managers
54:10des gens qui aspirent
54:11peut-être à avoir
54:12cette évolution
54:13ou non
54:13quel serait-il ?
54:15j'aime beaucoup ton regard
54:16c'est vas-y
54:17Châtelain Berry commence
54:18non c'est pour demander
54:19est-ce que tu me dis
54:20aïe
54:21ou est-ce que
54:21comme tu veux
54:22non non mais je peux
54:23commencer
54:23en fait moi il y a
54:24j'ai défini le bien-être
54:25au travail
54:26de façon très simple
54:27il faut finir ses journées
54:28dans le même état physique
54:30et psychologique
54:31que quand on l'a commencé
54:32si jamais vous vous dites pas
54:34c'est le cas
54:35et je parle pas
54:35des gens qui sont
54:36sur les chantiers
54:36bien évidemment
54:37ou physiquement
54:37c'est un petit peu fatigant
54:38je connais pas ton métier
54:39mais en théorie
54:41tu devrais finir
54:42toutes tes journées
54:43dans le même état
54:43physique et psychologique
54:44si c'est pas le cas
54:45c'est qu'il y a un problème
54:45et qu'il faut changer
54:46quelque chose
54:46et non c'est pas normal
54:49que le vendredi
54:51on se dise
54:51c'est super
54:52c'est le week-end
54:52c'est pas normal
54:53que le lundi
54:54on dise
54:55ça va
54:55ouais comme un lundi
54:57bref toutes ces choses là
54:58ça peut changer
54:59on est les premiers acteurs
55:00et actrices
55:00de ce bien-être là
55:02et notre bien-être
55:02c'est notre premier capital
55:04on peut
55:05et je parle là même
55:07au manager
55:08si à un moment
55:08vous êtes épuisé
55:09en tant que manager
55:10peut-être qu'il faut pas
55:10être manager
55:11si ça vous énerve
55:12ça vous stresse
55:13vous dormez pas
55:14à cause de la réunion
55:14de demain
55:15changer de métier
55:16c'est pas une humiliation
55:17de pas être manager
55:18c'est un vrai kiff
55:19je suis indépendant
55:20j'ai été manager
55:21ou dirigeant
55:21pendant 20 ans
55:22je suis saltimbanque
55:23depuis 10 ans
55:24mais c'est trop bien
55:26j'encadre une personne
55:28moi
55:29bah c'est bien
55:31donc voilà
55:32il faut s'écouter
55:33en fait ça
55:33s'écouter
55:34et puis comme tu disais
55:35du coup
55:35être manager
55:36ça doit rester un choix
55:37exactement
55:38une envie
55:38et pas forcément
55:39une obligation
55:39et un passage obligé
55:41pour évoluer
55:42exactement
55:42alors moi
55:44il y a un point
55:45qu'on n'a pas vraiment évoqué
55:46mais que je ressens
55:48dans ce que dit Gaël
55:49c'est aussi
55:49le métier passion
55:50où certains managers
55:52vont être en plus passionnés
55:54et donc vont avoir
55:55encore tout plein
55:55de mauvaises excuses
55:56pour travailler plus
55:57et passer beaucoup
55:59trop de temps
56:00dans leur métier passion
56:02parce que même si
56:02c'est vraiment une chance
56:04formidable
56:04de faire ce qu'on aime
56:05mais c'est essentiel
56:08de savoir aussi
56:08faire autre chose
56:10et ce qu'expliquait Gaël
56:11tout à l'heure aussi
56:12en tant que
56:13personne qui travaille seule
56:15de savoir aussi
56:16enfin seule avec
56:17plein d'autres gens autour
56:17mais de savoir aussi
56:19donner un temps
56:20pour le travail
56:21et un temps pour le reste
56:22c'est vraiment essentiel
56:24donc ça il faut
56:24apprendre
56:26à avoir un cadre
56:27et il ne faut pas plaisanter
56:29en fait avec ce cadre
56:29parce que c'est notre santé
56:31et effectivement aussi
56:33savoir accompagner
56:34si on est manager
56:34et on a des personnes
56:35qu'on sent s'épuiser
56:37sur un métier
56:38alors qu'ils ne devraient pas
56:40peut-être aussi avoir
56:41le courage d'accompagner
56:42cette personne
56:42pour s'assurer
56:43que ce soit le bon métier
56:44qu'ils exercent
56:45parce que moi
56:46ce n'est pas ce que j'ai vécu
56:47quand j'ai fait mon burn-out
56:48je me suis épuisée
56:49sur un métier
56:49qui ne me correspondait pas
56:50et finalement
56:51ça aurait peut-être été bien
56:52que quelqu'un
56:52m'accompagne
56:54vers un autre métier
56:55alors je l'ai trouvé
56:55à un autre moment
56:56et tout va bien
56:57mais plutôt que de ne rien dire
56:59et de laisser la personne
57:00s'épuiser
57:01et s'écrouler
57:02d'avoir ce courage-là aussi
57:04de reconnaître
57:05les personnes
57:05qui font bien
57:08ce qu'ils font
57:08et de reconnaître
57:09les personnes
57:09qui feraient bien
57:10autre chose
57:11on n'apprendra pas
57:12des poissons
57:13à grimper dans les arbres
57:14on ne peut pas terminer mieux
57:17qu'avec cette citation
57:19merci en tout cas
57:20tu peux imaginer
57:21on va dire
57:22mais en gros
57:22on n'est pas prêts
57:23pour faire la même chose
57:24c'est très clair
57:24très clair comme ça
57:25écoutez merci beaucoup
57:27à tous les deux
57:27pour votre intervention
57:28et encore une fois
57:29d'avoir répondu
57:30favorablement
57:31à notre invitation
57:32et prochaine fois
57:34j'espère
57:34et bien prends soin de toi
57:35merci
57:36très belle conclusion
57:37prenez soin de vous
57:38et prenez soin de vous aussi
57:41merci beaucoup
57:42salut
57:42merci
57:43merci
57:45merci
59:53
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